gilles barbier
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gilles barbier
gilles barbier Still Man, 2013 Présenté pour l’occasion dos aux serres du Jardin des Plantes, Still Man donne à voir un homme en résine de facture hyperréaliste, assis sur un rocher, comme en retrait du monde et plongé dans ses pensées. Le clin d’œil au Penseur de Rodin (1902) est pourtant vite dissipé : contrairement à ce qui se passe dans la serre et dans le Jardin, c’est ici la Nature qui s’impose au Penseur, en le recouvrant d’une végétation luxuriante et anarchique. Le végétal puise à l’humain, leurs vies sont désormais indissociables. Le corps de l’homme, pris dans sa méditation, se métamorphose en une forme hybride qui invite le spectateur à passer d’une temporalité à l’autre. Le rythme effréné de la vie quotidienne est peu à peu ralenti par celui de la croissance végétale que l’artiste désigne aussi comme le « temps du compost » ou « de la mémoire longue ». De fait, ce recouvrement, saisi comme dans un arrêt sur image, pourrait aussi évoquer le processus de préservation naturelle qui, par l’enfouissement, permet la constitution de fossiles. Depuis 1994, Gilles Barbier témoigne un goût prononcé pour la copie et la miniature, notamment dans ses productions de clones ou de pions. Cette pratique lui permet en effet d’explorer des comportements, de petits scénarii dans lesquels il met en scène son propre corps. A la suite d’œuvres telles que Clone femelle (1999) ou L’ivrogne (1999-2000), Still Man s’inscrit donc à son tour dans ce « jeu sérieux » de la création, qui matérialise l’un des possibles de l’expérience humaine. Benjamin Garnier-Jacquinot, Nadiia Kovalchuk et Maud Leclair Elèves de l’Ecole du Louvre Ce changement de temporalité, ce ralentissement perceptible dans l’œuvre, rencontre un écho dans le processus même de création. Gilles Barbier procède en effet à un moulage de son propre corps, ce qui l’oblige à s’inscrire lui-même dans un temps long, celui de la pose. S’il rejette l’idée d’une pratique performative, il n’en souligne pas moins l’aspect physique de cette technique qui nécessite une endurance certaine. Une fois l’œuvre coulée en résine et peinte de façon illusionniste, elle se voit adjoindre divers éléments comme des plantes en plastique. Le mélange opéré entre l’hyperréalisme du moulage et la fantaisie de ces incrustations semble ainsi investir avec humour le décalage linguistique qui existe entre le genre anglais du still life et son équivalent français étonnamment contradictoire : la nature-morte. Depuis 2010, les étudiants de l’école du Louvre participent à une opération originale de médiation, en lien avec le plus large public. Cet exercice pédagogique de terrain, est également l’opportunité pour l’Ecole de réaffirmer son implication dans l’étude et la diffusion de l’art contemporain. Retrouvez toutes les notices rédigées par les étudiants à cette occasion sur www.fiac.com