Sélection TV du 24 au 30 janvier 2015 La dame de Shanghai Plus

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Sélection TV du 24 au 30 janvier 2015 La dame de Shanghai Plus
Sélection TV du 24 au 30 janvier 2015
La dame de Shanghai
Film long-métrage d'Orson Welles (USA, 1947)
Le 24.1.2015 à 08h30 sur
Durée: 85 minutes
Michael O'Hara, un marin irlandais, vole au secours d'une
jeune femme, Elsa Bannister, agressée par une bande de
voyous. Il la raccompagne en calèche. Elle lui propose de
l'embaucher sur son yacht, mais il refuse. Le lendemain,
Arthur Bannister, le mari d'Elsa, un avocat célèbre et infirme,
déambule sur les quais à la recherche de Michael et insiste
pour l'engager le temps d'une croisière. Le jeune homme
cède. Il embarque sur le yacht des Bannister et devient bientôt
l'amant d'Elsa. Leur liaison ne suscite que l'indifférence
bienveillante du mari et l'amusement de Grisby, son associé.
Un jour, celui-ci fait une offre à Michael. Contre 5000 dollars, le
marin devra simuler le meurtre de Grisby. L'avocat,
officiellement mort, prendra la poudre d'escampette avec sa prime d'assurance vie...
«Il est évident qu'on sentait venir le danger. Moi pas.» Ainsi commence l'un des polars les plus troublants de
l'histoire du cinéma, aussi célébré aujourd'hui qu'il avait été honni à sa sortie. On lui reprochait alors tout et
n'importe quoi : l'intrigue, prétendument incompréhensible. Et les cheveux courts et blonds de Rita Hayworth !
Génial et inspiré, Welles fait pourtant de son épouse de l'époque un top érotique - qu'elle soit étendue sur des
rochers, presque nue au soleil, ou qu'elle accueille les visiteurs du yacht de son mari, vêtue d'une casquette
d'amiral et veste assortie…
Comme à son habitude, Welles filme en très gros plan des visages et, à l'arrière-plan, des espaces infinis que ces
visages semblent encombrer. C'est que les êtres humains, pour lui, restent des estropiés. Certains le sont au
sens propre, comme l'avocat milliardaire, et d'autres - les plus beaux -, comme Rita, le sont au figuré, ourdissant
sans cesse des complots dans lesquels ils se piègent eux-mêmes.
Conçu comme un cauchemar parfois grotesque (le procès truqué où l'avocat finit par s'interroger lui-même afin de
mieux enfoncer celui qu'il est censé défendre), le film se justifie et s'explique par la célèbre séquence des miroirs.
Scène superbe où les méchants ne font que s'autodétruire, en fait, dès lors qu'ils essaient de s'entre-tuer...
(Télérama)
Plus jamais les camps !
L'autre message de l'opéra « Brundibár »
Documentaire de Douglas Wolfsperger (Allemagne, 2014)
Le 25.1.2015 à 17h35 sur
Durée: 55 minutes
Comment sensibiliser à l’horreur de la Shoah des enfants et des ados qui estiment qu’on leur en a déjà trop et/ou
mal parlé? Comme ce début d’année 2015 l’a brutalement rappelé, la question ne se pose pas qu’en Allemagne,
et l’intérêt de ce beau film s’en trouve redoublé. Douglas Wolfsperger y suit un projet éducatif et théâtral initié par
la Schaubühne, l’une des grandes scènes berlinoises. Sous la direction d’Uta Plate, de très jeunes gens en
difficulté (psychologique, économique, familiale, etc.) y ont constitué une troupe, les Zwiefachen (« doubles »), et
monté un spectacle à partir de Brundibár, opéra composé par Hans Krása en 1938. Déporté dans le camp-ghetto
de Terezin, Hans Krása y adapta son œuvre aux moyens disponibles, et la fit jouer plus de cinquante fois aux
enfants, les arrachant ainsi, l’espace de quelques heures, à leur terrible quotidien.
Krása et presque tous les jeunes chanteurs furent assassinés à Auschwitz. Greta Klingsberg, l’une des
rares rescapées, accompagne les Zwiefachen à Terezin, leur raconte avec simplicité ce qu’y fut sa
(sur)vie, et se lie avec eux d’une amitié qui a autant à voir avec le présent qu’avec le passé. Filmée avec
délicatesse, enrichie de saisissantes images d’archives (issues pour la plupart d’un film de propagande nazi),
cette exploration collective d’une mémoire toujours brûlante aurait mérité d’être montrée dans sa version originale
de 88 minutes. (Télérama)
Histoire vivante
Jusqu'au dernier. La destruction des Juifs d'Europe. La solution finale 5/8 Les disparus 6/8
Films documentaires de William Karel, Blanche Finger (France, 2014)
Le 25.1.2015 à 20h40 sur
Durée: 104 minutes
Comment la Shoah a-t-elle pu être pensée, mise en place et exécutée? Question à
laquelle répondent les spécialistes les plus réputés à travers le monde. Septante ans
après la libération du camp d'Auschwitz, cette série retrace l'histoire du génocide le plus
effroyable de tous les temps, sur la base des dernières recherches. (RTS)
Match Point
Film long-métrage de Woody Allen (USA, 2005)
Le 25.1.2015 à 20h45 sur
Durée: 120 minutes
Jeune professeur de tennis issu d'un milieu modeste, Chris Wilton, qui vient de quitter la compétition,
parvient à se faire embaucher dans un club cossu des beaux quartiers de Londres. Le séduisant jeune
homme ne tarde pas à sympathiser avec Tom Hewett, un de ses élèves, un fils de bonne famille, qui
l'invite chez ses parents et lui présente sa soeur Chloe, ainsi que sa fiancée, une jeune comédienne
américaine, Nola Rice. Alors même que son idylle naissante avec Chloe lui permet d'envisager
l'ascension sociale dont il rêvait, Chris est irrésistiblement attiré par Nola. Après son mariage, Chris se
lance dans une liaison avec Nola, que la famille Hewett apprécie peu...
A la beauté de Chris se mêle une inquiétante veulerie. Ex-tennisman devenu professeur dans un quartier huppé
de Londres, il se fait aimer par une fille de la haute. Le voilà au bord du but qu'il s'était fixé : la réussite sociale. Or
il tombe raide dingue de Nola, une déclassée, comme lui, dans cette Angleterre snob.
C'est un conte comme Woody les aime, brutal, féroce, qui dissimule sa noirceur sous une élégance tranchante.
On songe à Crimes et délits, son chef-d'oeuvre cynique. Les deux films ont en commun une réflexion sur la
présence du mal, tapi en chacun de nous, et sur la lutte perdue d'avance pour lui échapper. Transposés chez les
Anglais classieux, les chers et insupportables personnages bobos new-yorkais de Woody sont encore plus
impitoyables. C'est que les monstres européens ont la cruauté et l'indifférence séculaires, orfèvres en
manipulations et en blessures assassines. A leur contact, Woody retrouve une verve un peu tarie. Les décors
redeviennent pertinents et non utilitaires.
Les mouvements de caméra ne sont plus seulement fonctionnels, ils sont élégants. Si rien n'est comique, tout est
vif, insolent, secrètement pervers, d'un amoralisme tranquille. Woody constate gaiement que sexe et pouvoir
mènent le monde et que le châtiment ne suit pas forcément le crime. Comme en témoigne la pirouette finale, qui
clôt en beauté ce monument de cynisme malin et de jubilation. (Télérama)
Princesse Mononoké
Film d'animation de Hayao Miyazaki (Mononoke Hime, Japon, 1997)
Le 25.1.2015 à 20h50 sur
Durée: 130 minutes
Chevauchées fantastiques, combats acharnés, pluies de flèches, têtes qui sautent, animaux qui parlent :
c’est le ton de ce dessin animé plein de bruit et de fureur, d’une merveilleuse ambition. Une fresque de
plus de deux heures qui mêle l’histoire du Japon médiéval à la féerie des légendes ancestrales. Un pari
gagné!
Il y a du Shakespeare dans ce récit, où le réalisme cru côtoie l’irrationnel. Celui du Songe d’une nuit d’été. Celui
de Macbeth, aussi, pour la violence des sentiments. Avec ses amples mouvements de foule, ses ruptures de ton,
ses visions fulgurantes - Mononoké, la « princesse des démons », chevauchant tel un elfe en furie un loup géant
sous la pluie -, la mise en scène est éblouissante. Sur une superbe musique de Joe Hisaishi, musicien attitré du
cinéaste Kitano, Miyazaki orchestre d’étranges moments où l’invention graphique fait naître une poésie sauvage.
Le Mal sort d’un sanglier sous la forme d’une myriade de vers lumineux. De petits esprits pacifiques aux corps
translucides défilent soudain dans les arbres en dodelinant. (Télérama)
Les petites fugues
Film long-métrage d'Yves Yersin (Suisse, 1979)
Le 25.1.2015 à 22h30 sur
Durée: 135 minutes
Pipe, valet de ferme depuis trente ans, décide de s'acheter
un vélomoteur. Ses appréciables allocations d'assurance
vieillesse lui permettent désormais de penser aux
vacances. Après l'avoir admiré, choyé, bichonné, il
apprend, grâce aux conseils avisés de Luigi, un employé
saisonnier, les premiers rudiments de la conduite. Dès
lors, Pipe part à la découverte du vaste monde. Il gravit des
sommets et s'émerveille devant la beauté des paysages
alpins. Malheureusement, Pipe provoque un accident et se
voit retirer son vélomoteur. Devenu dépressif, il ne soigne
son mal qu'en recourant à un autre objet magique, un
appareil photo qu'il a gagné lors d'un concours...
C'est l'histoire d'une émancipation. Après quarante ans de
labeur, les bottes dans le fumier, un ouvrier agricole s'achète une mobylette. Très vite, « Pipe » ne se contente
plus des balades du dimanche : ce qu'il appelle son « vélo » lui permet d'échapper à l'ennui et aux tensions de la
ferme, au gré d'escapades buissonnières dans les forêts et les montagnes du canton de Vaud. Fureur de son
patron, un paysan à l'ancienne qui résiste aux pressions de la modernité...
Trente-cinq ans après, le charme des Petites Fugues (quel titre délicieux...) reste intact. Il doit beaucoup à la
performance de Michel Robin, à l'étonnante présence comique qui évoque autant le burlesque de Tati que le
physique hors norme de Michel Simon. L'apprentissage de la conduite par Pipe, sa virée très alcoolisée, lors une
course de motocross, sont irrésistibles. Le film est tout aussi réussi dans ses moments plus contemplatifs : Yves
Yersin, brillant documentariste de formation, filme alors le quotidien de la ferme dans un style naturaliste ou
s'autorise, au contraire, de belles parenthèses poétiques. Quand Pipe parvient enfin à dompter son « vélo », la
caméra décolle du bitume pour prendre de la hauteur. Comme un envol vers la liberté... (Télérama)
Les forbans de la nuit
Film long-métrage de Jules Dassin (GB, 1950)
Le 26.1.2015 à 00h15 sur
Durée: 95 minutes
Londres. Harry Fabian, un petit truand paranoïaque et mégalomane, plus ambitieux qu'intelligent, exerce
les fonctions de rabatteur pour le compte de Phil Nosseross, patron du Silver Fox, une boîte de nuit du
quartier de Soho, à Londres. Dans l'espoir de faire rapidement fortune, il décide d'organiser des combats
de lutte gréco-romaine truqués. Un vieux lutteur, le Grand Gregorius, et la femme de son patron, qui tous
deux poursuivent leur propre chimère, l'aident à trouver des fonds. Mais Harry s'attaque au monopole de
Kristo. Et celui-ci, qui se trouve être le père de Gregorius, n'entend pas que quelqu'un d'autre le
concurrence sur ce terrain...
Harry Fabian (Richard Widmark, magistral) appartient à ce petit peuple d'escrocs dérisoires qui se débattent dans
l'univers du film noir. Toujours en quête d'un ailleurs radieux et confus, de la combine parfaite pour y parvenir.
Des projets, Harry, rabatteur dans un night-club londonien, en change comme d'oeillets à sa boutonnière, et fait le
désespoir de son amante Mary, à laquelle Gene Tierney prête sa grâce aérienne. Cette fois, l'éternel perdant
tente de « voler » le business des spectacles de lutte à la pègre locale. Très mauvaise idée, mais formidable sujet
de cinéma, qui donne lieu à des scènes de combat d'une âpre beauté (avec un authentique champion de lutte
gréco-romaine, Stanislaus Zbyszko), enchevêtrement de corps dans un clair-obscur presque abstrait.
De la pénombre des arrière-salles aux ténèbres huileuses des pavés de la ville, c'est un film sans lumière. Un
décor qui semble se fermer lentement, comme un piège étouffant. Une faune souterraine, entraîneuses,
trafiquants et mendiants, hante ce dédale nocturne de plus en plus hostile. Si Jules Dassin, avec cette tragédie
des bas-fonds, complète un cycle noir entamé avec Les Démons de la liberté (1947) et La Cité sans voiles
(1948), il parle aussi d'exil et de traque : victime du maccarthysme, contraint de quitter les Etats-Unis, le cinéaste
tourne ici pour la première fois en Europe. La fuite éperdue de Harry, trahi, harcelé, pourchassé dans toute la
ville, évoque la chasse aux sorcières qui sévissait alors à Hollywood. (Télérama)
Laci Bacsi
Le doc.ch
Film documentaire de Elena Hazanov et Claudio Recupero (Suisse, 2012)
Le 26.1.2015 à 00h45 sur
Durée: 66 minutes
Lazslo Somogyi Singer est un Juif hongrois
qui a échappé à la Shoah et survécu au
Stalinisme. Le temps d'une année scolaire, six
élèves du Collège Sismondi (Genève) se
rendent chez lui, en Hongrie, sur les traces de
sa jeunesse…
Laci Bacsi (Oncle Bacsi) ? C’est lui, Lazslo
Somogyi Singer, Juif hongrois, né en 1929, qui a
survécut à la Shoah et au Stalinisme.
Un groupe de six jeunes l'ont rencontré
régulièrement, le temps d'une année scolaire. Au
fil de cette année singulière, ils se sont aussi
rendus en Hongrie, sur les traces de sa jeunesse.
Dans le même temps, Elena Hazanov et Claudio
Recupero, co-réalisateurs du film, ont porté leur
regard sur cette rencontre étonnante entre deux générations et leurs réalités respectives.
Film hors du commun de sa conception à son contenu, Laci Bacsi rend compte avec tendresse et acuité de la
difficulté de recueillir la parole d’un témoin mais aussi de la nécessité absolue de le faire… pendant qu’il en est
encore temps. (RTS)
Fiche pédagogique e-media
Jason Bourne : l'héritage
Film long-métrage de Tony Gilroy (USA, 2012)
Le 26.1.2015 à 20h40 sur
Durée: 135 minutes
Du programme Treadstone, dont Jason Bourne était le cobaye, est né
«Outcome». Aaron Cross est l'un des agents de ce groupe, qui a pour
objectif non seulement de former des tueurs, mais surtout des hommes
capables d'assurer des missions à haut risque. Mais désormais le destin
de ces agents est compromis : Jason Bourne, en dévoilant une partie de
cette organisation, les a condamnés à une liquidation brutale. Ils seront
effacés à jamais afin que le fondateur du programme, le colonel Byer,
puisse poursuivre ses activités machiavéliques sans être dérangé. Le
premier agent à éliminer est Aaron Cross : il réussit à s'enfuir et fait
équipe avec le docteur Marta Shearing, une généticienne...
Sans Matt Damon, qui n'a pas voulu reprendre le personnage, ces nouvelles
aventures du héros sans identité réactivent le thriller d'espionnage dans la
tradition des romans de Robert Ludlum, l'inventeur de Bourne. Une division non
officielle de la CIA a utilisé des hommes amnésiques pour en faire des agents
d'un genre nouveau. L'expérience est devenue compromettante, les agents sont
supprimés. L'un d'eux résiste. Il s'appelle Aaron Cross, et il a toutes les qualités
de Bourne : il ne sait pas d'où il vient, mais il sait s'échapper de partout.
Le scénario se révèle plus qu'un prétexte à des scènes d'action très réussies.
Cette exploration assez sérieuse d'un univers de nouvelle guerre technologique
éclaire des zones d'ombre du monde militaire d'aujourd'hui, où l'on projette de « fabriquer » des soldats plus
résistants, car génétiquement modifiés. Une vision de la défense armée post-11 Septembre et post-Irak, qui
apporte une hypothèse sur l'histoire effacée de l'agent inconnu, Aaron Cross. Scénariste de la saga Bourne
depuis ses débuts, Tony Gilroy a pour ce personnage aussi athlétique que refermé sur lui-même une fascination
réelle, une affection aussi. Il réussit à le rendre proche de nous tout en faisant de lui un symbole de l'affirmation
de soi, de la liberté. (Télérama)
Histoire vivante
Jusqu'au dernier. La destruction des Juifs d'Europe. Autopsie d’un meurtre 7/8 La diaspora des cendres 8/8
Films documentaires de William Karel, Blanche Finger (France, 2014)
Le 26.1.2015 à 20h40 sur
Durée: 104 minutes
Suite et fin de cette série qui retrace l'histoire de la Shoah,
sur la base des travaux historiques les plus récents. Dans
cette dernière partie, les spécialistes américains, européens et
israéliens se penchent sur la période de l'immédiat après-guerre à
nos jours... à l'heure où un nouveau danger apparaît, celui de la
banalisation des termes qui pourrait faire oublier l'horreur absolue.
(RTS)
The Limits of Control
Film long-métrage de Jim Jarmusch (USA/Japon, 2009)
Le 26.1.2015 à 22h35 sur
Durée: 120 minutes
Un homme, appelé Solitaire, adepte du tai-chi-chuan,
se voit confier une étrange mission dans un aéroport
par deux hommes énigmatiques. Des clés et une boîte
d'allumettes lui sont aussi données. A Madrid, où il
atterrit, il s'installe dans un appartement pour
quelques jours. Son rythme de vie est bien organisé. Il
se rend quotidiennement au musée Reina Sofia pour y
admirer une seule oeuvre, chaque jour différente.
Solitaire transmet différents objets à ses contacts :
des diamants, une guitare et une carte. Alors que cet
homme reste concentré sur son travail, il rencontre
dans un café Violon et de retour à son appartement,
une femme nue l'attend...
Jim Jarmusch dit avoir rêvé son film comme le remake du
Samouraï, de Melville, par Marguerite Duras... Avec son héros mutique en route à travers l'Espagne pour
accomplir une mission insaisissable, The Limits of control est sans doute le film le plus « free style » de
Jarmusch. Et, en même temps, le plus abstrait. Les conversations d'Isaach de Bankolé avec ses informateurs
portent sur la musique, le cinéma, la science, et sur le (non-)sens de la vie. Les temps de déplacement comptent
presque plus que les scènes dialoguées. Le MacGuffin tient dans une petite boîte d'allumettes : un message que
le héros s'empresse d'avaler après l'avoir lu.
Le fier refus de l'efficacité amène aussi Jarmusch à faire défiler comme si de rien n'était quelques têtes d'affiche :
Gael García Bernal, Bill Murray, Tilda Swinton... La vraie vedette est cette Espagne (Madrid, Séville, Almería)
changée en pays fantôme, propice à la métaphysique. Invitation à se perdre en conjectures, le film est un
agencement de signes mystérieux. Et un manifeste pour la liberté de les interpréter chacun à sa guise. Le tour de
vis final consiste à inscrire cette « cause » dans l'intrigue même : l'homme à abattre est partisan d'un réel objectif,
qui voudrait contrôler la subjectivité de l'art et de nos pensées !
Ce genre de pirouette conceptuelle et le plaisir de retrouver la patte de Jarmusch, désuétude comprise, ne
compensent pas toujours l'impression que le cinéaste est désorienté par cette absence de contraintes tant
désirée. Dans son échappée solitaire, il fait un peu songer à son héros sans sourire, s'interdisant tout sentiment
et tout plaisir le temps de sa mission, et commandant dans chaque café où il s'arrête deux expressos dans deux
tasses séparées. Comme un code de plus, mais peut-être aussi comme un hommage rituel à quelqu'un qui n'est
plus là. (Télérama)
Une séquence de ce film est à analyser dans le document ci-dessous :
Fiche pédagogique e-media
A bon entendeur
La vie en self-service ? Consommateurs, au travail !
Le 27.1.2015 à 20h10 sur
Durée: 50 minutes
Aujourd’hui, la tendance est au « self » : on fait son « self-checkin » à l’aéroport, son « self-scanning » au supermarché, son «
self-banking » sur internet… De nombreux consommateurs
apprécient le gain de temps et d’autonomie offert par ces
nouvelles technologies, mais c’est aussi tout bénéfice pour les
entreprises ! Elles mettent le consommateur au travail, sans lui
reverser en général un centime des économies ainsi réalisées.
Au contraire, on se met à facturer au client des services autrefois
gratuits comme les opérations au guichet, parce qu’elles nécessitent
la présence d’un employé. ABE passe au scanner plusieurs
domaines de l’économie « self-service », en donnant la parole à des
consommateurs séduits ou réticents et décrypte les stratégies marketing très élaborées mises en place par les
entreprises pour transformer leurs clients en travailleurs bénévoles.
Jusqu’où peut aller cette évolution ? Reportage dans un salon de coiffure « self », où la cliente est priée de faire
elle-même son shampoing et son brushing. Et contre-exemple avec l’accueil des passagers de première classe à
l’aéroport. Car demain, le vrai luxe sera peut-être d’avoir encore droit à un humain en face de soi ! (RTS)
Guerre de l'ombre au Sahara
Film documentaire d'Eric Nadler, Bob Coen (France, 2013)
Le 27.1.2015 à 22h45 sur
Durée: 50 minutes
Sur les pas de la France, les Etats-Unis s'efforcent d'asseoir leur pouvoir sur le continent africain. Après
le drame du 11 septembre 2001, Washington met un pied au Sahara dans le cadre officiel de sa lutte
contre le terrorisme. Mais d'autres batailles se cachent derrière ce combat : la zone saharienne abrite les plus
grandes réserves pétrolières d'Afrique, de l'uranium, du fer et de l'or. Parallèlement, la France renforce sa
présence militaire sur le territoire. Derrière ces opérations se joue le contrôle des ressources africaines.
(Télérama)
Couleur de peau : miel
Film d'animation de Jung et Laurent Boileau (France/Belgique, 2012)
Le 28.1.2015 à 00h00 sur
Durée: 75 minutes
Alors qu'il n'a pas 5 ans, Jung arrive en Europe et débute une nouvelle vie au sein d'une famille belge. Cet
enfant coréen découvre ses parents adoptifs, lui qui sait fort peu de choses de son propre passé. Ses
soeurs, son frère et lui font peu à peu connaissance. Tout le monde est joyeux de l'accueillir et le
considère très vite comme un membre à part entière de la famille. Les années passent et Jung grandit.
Malgré l'amour de ceux qui l'entourent, mille et une questions l'obsèdent. A quel point est-il un membre
de ce foyer ? Quel lien entretenir avec ses origines ?...
Jung, auteur de bandes dessinées, fait partie de ces 200 000 Coréens adoptés dans le monde entier depuis la fin
de la guerre de Corée. Son histoire, chronique acide d'une vie déplacée, il l'avait déjà racontée dans un long
roman graphique. Couleur de peau : miel n'en est pas l'adaptation fidèle, mais la réinvention formelle, entre prises
de vues réelles et animation. Allers-retours entre le passé — un petit garçon greffé à une fratrie de quatre
enfants, quelque part dans la campagne belge — et le présent : images documentaires du « vrai » Jung,
aujourd'hui quadragénaire, en pèlerinage dans une Corée natale désormais étrangère.
Le dessin, mélange harmonieux de 2D et de 3D, éclairé de couleurs chaudes, convient parfaitement à la texture
du souvenir et du rêve. Champs de blé frémissants, rondeur des visages enfantins, silhouette gracile, fantasmée,
d'une maman biologique. La mère, les mères sont au coeur de ce voyage introspectif : l'énigme cruciale de leur
amour, qu'il se perde dans un abandon ou commence avec une adoption. Par petites touches quotidiennes, Jung
raconte aussi son rapport ambivalent à son pays d'origine, du rejet total à la curiosité lancinante. A son éternelle
quête d'identité, seule la douceur cuivrée des images apporte un apaisement. (Télérama)
L’oreille des kids
Comment nettoie-t-on des eaux usées?
Le 28.1.2015 à 14h00 sur
Durée: 12 minutes
Lorsqu'on se lave les mains, qu'on se douche, ou que nous allons aux toilettes, nous salissons de l'eau
qui est rejetée dans les égouts. Qu'advient-il de cette eau que nous appelons eau usée? Où va-t-elle? Estelle rejetée dans les lacs et rivières telles quelles ou est-elle nettoyée? Et si elle est nettoyée, comment procéder
pour nettoyer de l'eau? Julie, qui remplace Chris dans cet épisode d'ODK, va répondre avec l'aide de Damien du
ChimiScope de l'UNIGE à toutes ces questions et ensemble, ils te font une démonstration ébouriffante de
nettoyage d'eau dans le vaiss'ODK! (RTS)
Soins intensifs : la survie à tout prix ? Intolérance au
gluten : et si on s'était trompé de coupable ?
36,9°
Le 28.1.2015 à 20h10 sur
Durée: 105 minutes
Immersion hors du commun dans le monde des soins intensifs. Dans ce lieu à part et mal connu, la
survie soulève de nombreuses questions qu’il faudra bien empoigner un jour. Et qui sont ces soignants
qui tiennent des vies entre leurs mains ? Depuis quelques années, des dizaines de milliers de personnes
ont banni le gluten de leur alimentation. Elles l’accusent d’être à l’origine de tous leurs maux : fatigue,
problèmes de transit, etc. Mais est-ce bien le gluten qui est en cause ?
Soins intensifs : la survie à tout prix ?
« Le service des soins intensifs, c’est un monde à part. On y
est un peu en vase clos. On est au sous-sol de l'hôpital. On
ne nous connaît pas bien et on ne sait pas bien ce que font
les gens », affirme Jérôme Pugin, chef du service des soins
intensifs des HUG (Hôpitaux universitaires de Genève) où a
été tourné ce reportage captivant. Dans ce lieu de combat
acharné contre des affections graves, les patients peuvent
arriver directement des urgences, ou sortir de salle
d’opération, au rythme des accidents de la route, de la vie ou
de la maladie.
Grâce à cette immersion proposée par Isabelle Moncada et
Jochen Bechler, nous découvrons comment travaillent les
soignants. Ces derniers doivent maîtriser des outils technologiques particulièrement complexes et supporter un
stress et une charge émotionnelle très importants. Confrontés à la mort, à la souffrance, à l’angoisse des patients
et de leurs proches, ils sont aussi souvent interpellés par des questions éthiques et philosophiques. Avec les
progrès des soins intensifs, on est capable de supplanter quasi tous les organes hormis le cerveau, pendant très
longtemps. Comment savoir dès lors ce qui est le mieux pour un patient quand il n’est pas en état de donner son
avis ?
Intolérance au gluten : et si on s'était trompé de coupable ?
Toujours plus de personnes se disent intolérantes ou allergiques au gluten. Et les régimes et aliments « gluten
free » font fureur. Pourtant, seule 2% de la population est réellement allergique au gluten. Comment comprendre
dès lors cette aversion ? L’industrie alimentaire n’aurait-elle pas abusé en transformant et en augmentant le
gluten des blés modernes ? Ou faut-il chercher le coupable ailleurs encore, peut-être dans les sucres du blé et
d’autres aliments ? Regards croisés sur le thème à travers les explications de spécialistes et des témoignages.
Un reportage de Maria Pia Mascaro et Dominique Gabrielli (RTS)
Le voyage de Chihiro
Film d'animation de Hayao Miyazaki (Japon, 2001)
Le 28.1.2015 à 20h50 sur
Durée: 120 minutes
La petite Chihiro accompagne ses parents dans une promenade sylvestre qui doit les conduire vers leur
nouvelle maison en banlieue. Mais, alors qu'elle prend un raccourci à travers un tunnel peu emprunté, la
petite famille se retrouve soudain en territoire inconnu. Le temps de retrouver leur chemin, ils font une
halte dans un gigantesque restaurant en plein air, totalement déserté. Affamés, les parents de Chihiro
commencent à goûter les plats proposés dans les diverses échoppes, ce que la jeune fille, intimidée par
le lieu, se refuse à faire. Hypnotisés par les plats succulents, ses parents s'empiffrent à une vitesse
inquiétante avant de se changer, sous les yeux d'une Chihiro horrifiée, en énormes cochons...
Chihiro est une Alice dont le pays des merveilles serait une ville fantôme livrée aux ombres. Miyazaki plonge une
fillette de 10 ans dans une fantasmagorie effervescente qui commence comme un cauchemar - les parents de
Chihiro sont changés en porcs - et se poursuit comme un rêve débordant d'épreuves et de sortilèges. Pour
sauver sa peau, il n'y a qu'une issue : travailler à l'établissement de bains.
Au-delà de cette limite, le récit devient aléatoire, car, au coeur des thermes où les divinités se refont une santé, le
moindre événement déclenche une cascade de bifurcations narratives, qui sont tout l'art de Miyazaki : la panique
quand se pointe un « extraputride », monstrueux magma de gadoue nauséabonde, ou lors de l'envol d'un
masque de vieillard ricanant...
Miyazaki prend le risque de tous les télescopages, du grotesque de cartoon au surnaturel féerique (un train filant
dans la nuit sur une mer étale laisse, dans la mémoire, une trace indélébile). Le bestiaire d'animaux « humanisés
» et d'humains « animalisés » qui peuple le film renvoie à la familiarité du cinéaste, depuis l'enfance, avec
l'univers des dieux et des esprits. Et puis il y a ces présences obsédantes, tel le « Sans-Visage », spectre errant
au masque blanc figé de kabuki, atteint d'une intense mélancolie. Miyazaki arrive à réinventer le merveilleux de
l'enfance dans un univers inédit. (Télérama)
A Dangerous Method
Film long-métrage de David Cronenberg (GB/Allemagne/Canada, 2011)
Le 28.1.2015 à 20h50 sur
Durée: 100 minutes
Jeune psychiatre au Burghölzi de Zurich, Carl Gustav Jung prend en charge une jeune Russe hystérique,
Sabina Spielrein. Il choisit d'expérimenter sur elle les méthodes et les théories prônées par son maître,
Sigmund Freud. Compréhension et douceur réussissent mieux que les électrochocs et, peu à peu, Sabina
renaît à la vie. Tandis que l'état de santé de Sabina s'améliore, Jung se sent de plus en plus attiré par elle,
alors même que sa femme attend un enfant. Il se confie à Freud. Sur ses instances, il accepte de prendre
en cure un collègue, Otto Gross, dont l'influence va être décisive. Jung et Sabina deviennent amants.
Sabina, elle, veut devenir pyschanalyste...
D'un côté Sigmund Freud (Viggo Mortensen). De l'autre, son disciple
Carl Gustav Jung (Michael Fassbender). Entre eux, Sabina Spielrein
(Keira Knightley), la patiente qui devient leur égale... David Cronenberg
les filme avec une sagesse visuelle sûrement décevante pour ses fans
qui ne l'aiment qu'ouvertement pervers et torturé. L'alternance de
pauses et d'ellipses rend le film étrange. Mais passionnant par les failles
qu'il laisse deviner chez le cinéaste. Et les constantes dans son oeuvre
qu'il fait apparaître. Freud et Jung ressemblent comme des frères aux
jumeaux incarnés par Jeremy Irons dans Faux-Semblants. Et Michael
Fassbender se métamorphose en sadomasochiste exactement comme
Jeff Goldblum se transformait en insecte dans La Mouche... La douleur
de ce film apparemment étale vient de sa mélancolie. Du constat amer
que le cinéaste distille de scène en scène : non, décidément, la «
dangereuse méthode » ne parvient pas à soulager durablement ceux
qu'elle prétend aider. On ressent sa déception devant tous ces messagers aux promesses non tenues.
(Télérama)
Fiche pédagogique e-media
Le château ambulant
Film d'animation de Hayao Miyazaki (Japon, 2004)
Le 28.1.2015 à 22h50 sur
Durée: 115 minutes
Sophie, une orpheline de 18 ans, travaille dur dans la boutique de chapelier que lui a laissée son père. Un
jour, en ville, elle croise Hauru, un magicien très séduisant mais faible de caractère. Une sorcière, se
méprenant sur leurs sentiments, change Sophie en une vieille femme de 90 ans. Désespérée, Sophie erre
dans la campagne quand elle aperçoit un étrange château qui se déplace sur d'immenses pattes. Elle y
entre pour solliciter une place de servante et se rend compte que cette demeure est précisément celle
d'Hauru, qui ne la reconnaît pas. Peu à peu, la «vieille dame» va transformer cette austère demeure...
Grinçant, soufflant, cahotant, le château ambulant est un géant aux allures de poulet subclaquant, une
machinerie infernale, délire de rouages et de coursives. Cet engin magique est, à proprement parler, le moteur du
dessin animé : un excitant principe de mouvement, un puissant véhicule narratif. Grotesque et grandiose, il
s'ouvre à volonté sur des lieux différents : des rues paisibles, des mondes oniriques... Un dispositif qui permet à
Hayao Miyazaki de construire, à partir de ce centre, un récit en étoile d'une extraordinaire richesse. Une
demoiselle, Sophie, modiste modeste, croise dans la rue Hauru, dandy magicien vêtu comme une pop star des
années 70. C'est le début d'une étrange aventure...Dans ce conte, Miyazaki glisse son propre univers, à
profusion. Le royaume d'opérette où se situe l'action, sorte de pâtisserie autrichienne irréelle, rappelle la ville de
Kiki la petite sorcière. Les machines volantes évoquent tour à tour Porco rosso et Le Château dans le ciel. Et les
ectoplasmes noirs qui servent une terrible « sorcière des landes » paraissent échappés de la faune mythologique
du Voyage de Chihiro. Le film semble ainsi concentrer toute l'oeuvre du maître japonais, parade somptueuse de
ses créatures chimériques et ambiguës, de ses fantasmes d'apesanteur et d'univers parallèles, de ses hantises...
Débordant de trouvailles ébouriffantes, entre l'esthétique rétrofuturiste des machines et la limpidité des paysages,
le voyage est pourtant, au-delà de ces références, profondément, merveilleusement singulier. (Télérama)
Temps présent
E.I. Naissance d’un Etat terroriste
Un reportage de Jérôme Frittel et Stéphane Villeneuve
Le 29.1.2015 à 20h10 sur
Durée: 60 minutes
On n’avait jamais entendu parler de ce mouvement il y a
encore un an. Aujourd’hui, le groupe Etat islamique règne sur
un territoire grand comme 8 fois la Suisse, où vivent 10
millions d’habitants. Doté d’une fortune comparable à celle
d’un Etat africain, il attire des combattants du monde entier,
notamment des Suisses. Comment s’explique l’ascension
fulgurante de cette « multinationale » devenue numéro 1 de la
terreur ? D’où vient l’argent ? Le groupe Etat islamique peutil encore étendre son territoire ? Enquête sur la naissance et
le modèle économique de cette organisation.
Pour Temps Présent, les journalistes Jérôme Fritel et Stéphane Villeneuve ont passé un mois en Irak et en
Turquie, aux frontières du territoire contrôlé par le groupe Etat islamique (EI). Leur objectif : enquêter sur le
modèle économique et la naissance d’une organisation, dont la fulgurante ascension bouleverse tous les enjeux
géopolitiques de la région.
Pour la première fois, des journalistes occidentaux se sont rendus à 60 km au sud de Bagdad, dans une
région nommée Jurf al-Sakhr, reprise à l’organisation EI en automne dernier après de féroces combats.
L’équipe y découvre des campagnes défigurées, et des populations fuyant une guerre de religion
provoquant un nettoyage ethnique à grande échelle.
L’équipe a également tourné à Zoumar, au nord de l’Irak, une ville contrôlée plusieurs mois par le groupe
EI, avant d’être reprise par les Peshmergas. On y voit un autre visage de la guerre : une cité dévastée, des
maisons piégées...
Grâce aux témoignages de ceux qui l’on vécue, ce reportage raconte aussi la prise de Mossoul. Comment la
2ème ville d’Irak a-t-elle pu tomber aussi vite ? De quelles complicités les djihadistes ont-ils bénéficié pour
effectuer ce véritable «casse du siècle » ? Le groupe EI a mis la main sur plus de 600 millions de francs de cash
qui dormaient dans les banques. Il s’est emparé des puits de pétrole, des réserves de gaz naturel, de phosphate,
de blé et d’orge, s’offrant une assise quasi étatique.
Au « poste frontière » de Maktab Khalid, non loin de Kirkouk, l’équipe rencontre des travailleurs qui franchissent
chaque jour la ligne qui sépare le territoire des djihadistes du monde. Tous y travaillent, de gré ou de force, et ils
racontent comment fonctionne de l’intérieur cet état auto-proclamé.
Les responsables actuels et passé du gouvernement irakien, ministre de l’agriculture, gouverneur de la banque
centrale, gouverneur de Mossoul, expliquent comment les djihadistes de l’EI dépècent l’Irak d’une partie de ses
recettes. Par l’intermédiaire des banques situées sur son territoire, l’organisation accède également aux réseaux
bancaires internationaux, et pose un problème inédit en matière de lutte contre l’argent du terrorisme.
Cette enquête montre que derrière ses succès militaires et sa puissance de feu, l’EI s’apparente à une
vaste entreprise commerciale. Fonctionnant comme un cartel du crime, il se nourrit du racket des
populations et de contrebande, notamment de pétrole.
Dernière étape du reportage : Gaziantep, en Turquie, à la frontière avec la Syrie, où se sont établis recruteurs de
djihadistes et contrebandiers. Achat d’armes, de faux papiers et de véhicules ont fait de cette frontière le royaume
des trafics. Un trafiquant d’armes raconte le fonctionnement de « ce business de guerre » et comment la Turquie
ferme les yeux.
Enfin, plusieurs experts, dont Hubert Védrine, ancien ministre français des affaires étrangères, analysent les
conséquences du développement de cette nouvelle entité terroriste et expliquent comment la lutte contre cette
organisation s’annonce extrêmement difficile.
À l’image d’un portrait non autorisé, cette enquête révèle, pour la première fois, le visage complet de l’«
EI »: plus qu’une simple organisation djihadiste, pas encore celui d’un état. Question de temps ? (RTS)
Les enfants de la nuit
Film documentaire de François Lévy-Kuentz (France, 2014)
Le 29.1.2015 à 23h20 sur
Durée: 55 minutes
Les «Enfants de la nuit» sont les enfants des survivants des camps de déportation. Tous âgés
aujourd'hui de 50 à 60 ans, ils se sont pour la plupart construits comme des «enfants de déportés». Cette
génération, qui n'avait jusqu'ici jamais pris la parole pour elle-même, fut pourtant celle de tous les
cauchemars, témoin d'une volonté de vivre, mais porteuse de drames difficiles à partager. Ce
documentaire se penche sur le parcours de ces personnes, contraintes de se construire une vie à partir d'une
enfance traumatisée, alors que l'on commémore les 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.
(Télérama)
Drancy 1941-1944
Film documentaire de Philippe Saada (France, 2012)
Le 30.1.2015 à 00h15 sur
Durée: 70 minutes
Aux portes de Paris, la ville de Drancy, en Seine-Saint-Denis, est devenue le symbole de la déportation
des juifs de France. La Cité de la Muette fut le lieu de transit des juifs arrêtés en France et déportés
ensuite vers les camps de la mort. Pour plusieurs dizaines de milliers de personnes, ce fut l'antichambre
de l'extermination, gardée par des gendarmes français et soutenue par le régime de Vichy. Ce
documentaire tente de raconter l'histoire du camp à l'aide des dernières découvertes d'archives, menées
par le Mémorial de la Shoah et grâce aux recherches d'historiens dont Michel Laffitte, spécialiste de
Drancy.
Conçue au début des années 1930 par l'architecte Marcel Lods, qui en fit le premier grand ensemble de France,
et redevenue lieu d'habitation à bon marché à la fin des années 1940, la cité de la Muette aura été pendant trois
ans une antichambre de l'enfer. De 1941 à 1944, cette vaste architecture en U, située à proximité de Paris
comme des gares du Bourget et de Bobigny, a été transformée en camp d'internement et de transit, véritable «
plateforme logistique du crime » qui vit passer près de quatre-vingt mille Juifs, dont la plupart moururent à
Auschwitz-Birkenau.
En 1996, le cinéaste Arnaud des Pallières lui a consacré son premier film, l'impressionnant Drancy Avenir, qu'on
peut toujours trouver chez Arte Vidéo. L'ambition de Drancy 1941-1944 est beaucoup moins frappante, mais plus
pédagogique. Inspiré par un récent ouvrage d'Annette Wieviorka et Michel Laffitte (coauteur du documentaire) (1)
, il retrace l'histoire du camp français avec autant de clarté que de rigueur, en s'appuyant sur des souvenirs de
survivants. Leurs témoignages et les interventions d'excellents historiens de la période (au nombre desquels Tal
Bruttmann et Annette Wieviorka) font le prix de ce documentaire, qui n'est jamais meilleur que lorsqu'il laisse la
parole s'épanouir. Dommage que sa réalisation manque à ce point d'inspiration, comme son commentaire, écrit
pour le papier et lu d'une voix morne. Ce qui aurait pu être un excellent documentaire n'est, au final, qu'un solide
cours d'histoire. (Télérama)
L'architecture climatique
Film documentaire d'Ariane Riecker (Allemagne, 2014)
Le 30.1.2015 à 22h25 sur
Durée: 55 minutes
Le niveau des mers monte, les océans se réchauffent, les tempêtes et les précipitations deviennent plus
violentes, les sécheresses plus fréquentes. Comment se protéger des aléas du climat ? A Hongkong,
l'Américain Ted Givens a imaginé une maison qui s'enfonce dans le sol en cas de danger. Le Néerlandais Koen
Oldhuis construit des maisons, des stades, des mosquées et des terrains de golf flottants partout dans le monde.
Il espère ainsi sauver Venise et les Maldives des eaux. En plus de dessiner des maisons autonomes en énergie,
zéro émissions et entièrement recyclables, le professeur Werner Sobek cherche à concevoir des bâtiments
intelligents sur le modèle du corps humain. Son objectif : imaginer une architecture qui ne nuirait pas à la planète
et à ses ressources. (Télérama)

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