Prévention ADD

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Prévention ADD
Prévention des ADD - N4
Prévention de l'accident de
décompression
Sommaire
1.Les composantes de l'accident de décompression.................................................................................2
(a)Rappels sur la loi de Henry .............................................................................................................2
(b) .. et la composition de l'air..............................................................................................................2
(c)La conséquence en plongée..............................................................................................................2
(d)Dynamique de l'azote durant une plongée.......................................................................................3
2.Les bulles sont là...................................................................................................................................5
(a)Dans la circulation sanguine (intra-vasculaire)................................................................................5
(b)Dans les tissus ou les liquides interstitiels.......................................................................................5
(c)Le cas particulier du foramen ovale.................................................................................................6
3.Symptômes............................................................................................................................................7
(a)Délai d'apparition des symptômes....................................................................................................8
4.Que faire en cas d'accident déclaré ?.....................................................................................................8
5.Minimiser les risques............................................................................................................................9
6.Et le guide de palanquée dans tout ça ?...............................................................................................10
7.Annexes...............................................................................................................................................11
(a)Réaction plaquettaire......................................................................................................................11
(b)bibliographie..................................................................................................................................12
Jérôme Sivignon
08/02/2011
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1. Les composantes de l'accident de décompression
(a) Rappels sur la loi de Henry ...
À température constante et à saturation, la concentration de gaz
dissous dans un liquide est proportionnelle à la pression partielle
qu'exerce ce gaz sur le liquide.
La concentration maximale d'un gaz en solution, en équilibre avec une
atmosphère contenant ce gaz, est proportionnelle à la pression
partielle de ce gaz en ce point.
Les gaz sont tous solubles dans un liquide mais en proportion très différentes selon les gaz.
Le corps humain est composé de 2/3 d'eau et est donc particulièrement soumis à cette loi.
A saturation, les échanges gazeux avec le liquide peuvent être considérés comme nuls.
→ La pression qu'exerce un gaz dissout dans un liquide s'appelle TENSION
(b)
.. et la composition de l'air
Gaz
21 % d'Oxygène (O2)
Utilisation par le corps humain
Consommé par l'organisme.
Très peu soluble dans le sang (moins de 2 %) Transporté vers nos
organes principalement sous forme combiné à l'hémoglobine
78 % d'Azote (N)
Non utilisé par l 'organisme, se trouve donc uniquement sous forme
dissoute dans l'organisme. Très soluble dans le sang.
1 % de gaz rares (dont
CO2)
Non utilisés par l'organisme. Seul le CO2 a un effet toxique sur
l'organisme (à l'origine de l'hypercapnie = essoufflement)
(c) La conséquence en plongée
En plongée, la conséquence de la loi de HENRY fait que l'azote présent dans l'air que nous respirons
se dissous en partie dans le corps (particulièrement le sang). La quantité d'azote dissoute est d'autant
plus importante que la pression à laquelle nous le respirons en plongée est forte.
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(d) Dynamique de l'azote durant une plongée
Les différents états de saturation de l'azote dans le corps correspondent à la différence entre TENSION (azote dissout dans le corps) et la pression
(partielle) de l'azote respiré, illustration :
Azote respiré Azote dissout
+
+
SATURATION
++
+
SOUS-SATURATION
+++
Azote respiré
+
Azote dissout
++
SUR-SATURATION
++
+++
SUR-SATURATION
++
+++ +++
SOUS-SATURATION
L'azote se dissout dans le sang à la descente, c'est la phase de saturation.
SATURATION
L'azote dissout dans le corps est éliminé à l'état gazeux en ressortant par la respiration, c'est la phase de désaturation.
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Si la différence entre la pression partielle d'azote respiré et la quantité d'azote dissout dans l'organisme
est trop importante (au delà du SEUIL de sur-saturation, S=TN2/Pabs) à la remontée alors l'azote n'a
pas le temps d'être éliminé par la respiration. C'est ce qu'on appelle la sur-saturation critique. Dans
ce cas il y a risque de dégazage anarchique → l'azote redevient à l'état gazeux n'importe où dans
l'organisme.
Azote respiré
+
Azote dissout
+++
SUR-SATURATION CRITIQUE
+++ +++
SATURATION
C'est l'origine de l'accident de décompression (ADD)
Etat
Description
Sous-saturation
L'azote dissout dans le sang est moins important que la pression partielle d'azote
respirée.
L'azote est en train de se dissoudre dans le sang
Saturation
L'azote est totalement dissout dans le sang.
Il n'y a pas d'échange gazeux entre le sang et l'air
Sur-saturation
L'azote dissout dans le sang est plus important que la pression partielle d'azote
respirée
L'azote est entrain de sortir du sang par la respiration.
Sur-saturation critique
L'azote dissout dans le sang est bien plus (trop) important que la pression partielle
d'azote respirée.
L'azote n'a pas le temps d'être éliminé par la respiration.
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2. Les bulles sont là
Même lors d'une plongée avec un profil normal sans être en sursaturation critique, des bulles
apparaissent dans la circulation sanguine, leur petit nombre et leur taille fait qu'elles ne sont pas
dangereuses pour l'organisme et sont éliminées par la respiration pulmonaire. Ces bulles sont appelées
« bulles silencieuses ».
En revanche une fois le seuil de sur-saturation critique atteint , et si rien n'est fait pour annuler le
processus d'apparition des bulles dans l'organisme rapidement (… 3 minutes), les bulles se développent
et s'accumulent de plus en plus dans le sang, et se regroupent entrent elles, LES PREMIERS
SYMPTOMES DE L'ADD APPARAISSENT, et à ce stade la mise en œuvre des secours est déjà
vitale.
(a) Dans la circulation sanguine (intra-vasculaire)
Le bulles présentes dans la circulation sanguine, veines ou artères ralentissent la circulation sanguine
et perturbent les échanges gazeux, et vont jusqu'à bloquer la circulation lorsque la bulle atteint la taille
de l'artère / la veine (cette bulle est appelée manchon).
Ces bulles apparaissent indifféremment dans la petite ou la grande circulation
Lorsque les bulles sont présentes dans les artères, elles sont à l'origine des lésions cérébrales, des
atteintes médullaires (moelle épinière) et de l'oreille interne.
Lorsque les bulles sont présentes dans les veines elles sont principalement à l'origine des accidents
médullaires.
En présence de bulles dans le sang, l'organisme essaie de se protéger car se croit en présence de lésion
tissulaire et réagi par le processus de « réaction plaquettaire » (cf. annexe a)
(b) Dans les tissus ou les liquides interstitiels
Les tissus du corps humain contiennent du liquide et donc des bulles peuvent apparaitre aussi hors du
circuit sanguin, dans les tissus, et ainsi :
•
comprimer des vaisseaux sanguins
•
comprimer des nerfs
•
détériorer des tendons
le corps comportent beaucoup d'espaces (interstices) qui contiennent du liquide, comme l'oreille
interne, les articulations. Ces liquides sont aussi soumis à la loi de Henry et donc là encore terrain des
accidents de décompression :
•
lésion des articulations (bends)
•
lésion de la moelle épinière
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(c) Le cas particulier du foramen ovale
En temps normale le foramen ovale est bouché et il n'y a pas de communication entre le cœur gauche
et le cœur droit. En revanche en cas de lésion de celui-ci (valsalva à la remonté, toux violente, effort
qui augmente la pression sanguine), les bulles silencieuses qui auraient du être éliminées par la
respiration peuvent passer du cœur droit au cœur gauche et ainsi causer encore un accident de
décompression.
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3. Symptômes
Type
ATTEINTES
NEUROLOGIQUES
ATTEINTES
PULMONAIRES
Localisation des bulles
Cerveau
•
•
•
•
•
•
Confusion ou perte de mémoire
Maux de tête
Troubles de la vision
Fatigue extrême
Convulsions, étourdissements, vertiges, nausées, vomissements et perte connaissance
Hémiplégie, monoplégie, paraplégie
Moelle épinière
•
•
•
•
Sensations anormales telles que brûlures, picotements, dans la partie basse de la poitrine et du dos
paraplégie, hémiplégie, tétraplégie
Coliques abdominales ou douleur dans la poitrine
Impossibilité d'uriner
Nerfs périphériques
• Incontinence ou impossibilité d'uriner
• Sensations anormales, telles que engourdissements, sensations de brûlure, picotements et
fourmillements (paresthésies)
• Faiblesse musculaire ou tics
Poumons
• Douleurs profondes et brûlures dans la poitrine
• La douleur est aggravée par la respiration
• Essoufflement , toux sèche permanente
ATTEINTE OREILLE Oreille interne
•
Nausées, vomissements, perte de l'équilibre, perte de l'audition, bourdonnements.
Peau
• Signes subjectifs (puces )
• Démangeaisons habituellement autour des oreilles, du visage, du cou, des bras et du torse
• Sensation d’insectes minuscules rampant sur la peau
• Éruptions (moutons)
• Marbrures de la peau habituellement autour des épaules, du thorax et de l'abdomen
• Gonflement de la peau, accompagné de minuscules dépressions cutanées ressemblant à des
cicatrices
La plupart des grosses
articulations
(coudes, épaules, hanches,
poignets, genoux, chevilles)
• Douleur locale profonde, d’intensité allant de légère à insoutenable
• Si elle est provoquée par l'altitude, la douleur peut survenir immédiatement ou plusieurs heures plus
tard.
ATTEINTES
CUTANEES
ATTEINTES
ARTICULAIRES
(BENDS)
Symptômes et conséquences
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(a) Délai d'apparition des symptômes
Les ¾ des symptômes liés à un accident de décompression apparaissent dans l'heure qui suit l'accident.
Mais il est possible que cela prenne 24 heures !
Délai d'apparition des symptômes
Taux des ADD
Dans les 10 minute
50 % à 55 %
Dans l'heure
20 % à 30 %
Jusqu'à 24 h
20 % à 25 %
4. Que faire en cas d'accident déclaré ?
La vitesse d'intervention est essentielle en cas d'accident déclaré. Évidemment pas de ré-immersion …
les chances de guérisons sont d'autant plus grandes que l'intervention est rapide.
Souvenez vous que les plongeurs refusent souvent l'éventualité d'être victime d'un accident de
décompression et que ceci est à l'origine de retard dans le traitement associé à l'ADD. Ne négligez
aucun signe, même mineur.
La fameuse séquence PROTEGER / ALERTER / SECOURIR doit être appliquée et si possible en
parallèle. Si vous êtes tout seul il faut faire cela d'ans l'ordre.
PROTEGER la victime pour éviter le sur-accident en sécurisant l'endroit où se trouve le plongeur et
le protéger du froid / de la pluie.
ALERTER les secours par les moyens à disposition sur le site / le bateau : GSM (112 ou 15)/ VHF
(canal 16). Pensez aussi à prévenir les palanquées en immersion afin de mettre fin à la plongée
notamment sur un bateau si des manœuvres s'avèrent nécessaires.
N'omettez aucune information en votre possession.
SECOURIR la victime en lui administrant de l'oxygène, faisant boire de l'eau ou du jus de fruit et lui
proposant de l'aspirine, pourquoi ? :
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Oxygène à 15 l / min en
inhalation ou insufflation
Faciliter l'élimination de l'azote dissous en augmentant la pression
partielle de l'oxygène dans le sang et en abaissant la Pression
partielle de N2 respirée à 0, ce qui augmente la déssaturation.
Compenser la perte d'apport d'oxygène aux tissus si la respiration
est insuffisante ou que des bulles limitent la circulation, tout
particulièrement pour les cellules nerveuses qui sont très sensibles
à l'absence d'oxygène.
Il ne faut jamais interrompre l'apport d'O2 pur, tant que les secours
n'ont pas pris le relai.
C'est de loin l'action la plus importante à faire face à un ADD
Ré-hydratation de la victime
Permet d'augmenter le volume sanguin et faciliter ainsi la désaturation
Proposer de l'aspirine (500 mg)
L'aspirine fluidifie le sang et peut ainsi éviter l'apparition de
manchons et diminue l'agrégation plaquettaire.
ATTENTION, seul un médecin peut administrer de l'aspirine, c'est
donc à l'accidenté de décider de prendre ce médicament ou non.
Certains médecins ne préconisent plus la prise d'aspirine car en
cas de lésion cela peut accélérer l'hémorragie associée.
Une fois ces action faites, restez présents vers l'accidenté afin de le rassurer et le calmer. Pensez à
laisser l'ordinateur de plongée de la victime avec elle. Il pourra être analysé pour optimiser le
traitement de l'accidenté.
5. Minimiser les risques
•
Respecter les procédures de décompression :
◦ Vitesse de remontée adaptée
◦ Respecter la profondeur des paliers
◦ Eviter les plongées avec paliers surtout lors des plongées successives
◦ Maximiser les intervalles de surface
◦ Effectuez un palier de sécurité (à faire dans de bonnes conditions)
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•
Eviter les facteurs favorisants
◦ plongez en bonne condition physique et en forme
◦ Soyez détendu, le stress augmente les risques
◦ Faites le moins possible d'effort physique avant, pendant et après une plongée
◦ Protégez vous du froid
◦ Evitez les médicaments, le tabac, l'alcool
•
Evitez les profils à risque
◦ Plongées yo-yo
◦ intervalle de surface court
◦ profils inversés (simple ou successive)
•
Evitez les comportements à risque
◦ valsalva à la remontée
◦ apnée après la plongée
◦ monter en altitude après la plongée (attendre au moins 12 h)
◦ 2 plongées par jour maximum
6. Et le guide de palanquée dans tout ça ?
•
Soyez attentif à vos plongeurs avant la plongée et profitez de votre briefing et prise de
connaissance de votre palanquée afin de connaître l'état de santé et de fatigue des plongeurs
dont vous avez la responsabilité
•
Insistez systématiquement sur l'importance du respect des paliers et des vitesses de remontées,
appliquez les et faites les appliquer systématiquement.
•
Adaptez le profil de plongée à la forme et les envies de vos plongeurs et donc planifiez vos
plongées
•
Soyez attentif après la plongée aux membres de votre palanquée et ayez le courage de déclarer
un ADD et de traiter le plongeur en conséquence en cas de suspicion, même minime.
•
Encouragez les plongeurs à s'hydrater avant et après la plongée
•
Ne faites pas l'apologie des plongées profondes mais plutôt des plongées dans la courbe
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7. Annexes
(a) Réaction plaquettaire
L'organisme confond la bulle d'air présente dans le sang avec une lésion et va donc fabriquer un caillot
de sang comme pour boucher une lésion :
1. Adhésion plaquettaire, les plaquettes
présentes dans le sang s'agglutinent autour de
la bulle
2. Libération plaquettaire, les plaquettes se
collent les unes aux autres
3. Agrégation plaquettaire, les plaquettes se
soudent entres elles grâce à des filaments
(fibrine), le sang est coagulé autour de la
bulle
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(b) bibliographie
http://www.volodalen.com/13physiologie/oxygene2.htm
http://www.ednes.com/gaz/index.php?option=com_content&task=view&id=33&Itemid=58
http://www.donnersonsang.com/
http://www.teksperience.com
http://www.wikidive.com
http://concarneau.plongee.free.fr
http://asor.free.fr/theorie/niveau_4
.. et « Plongée plaisir N4 » bien sûr
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