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Molière (1622-1673). Oeuvres complètes de Jean-Baptiste Poquelin de Molière [avec la Vie de Molière, par Voltaire]. Nouvelle édition. (1874.).
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384
SCENE XI.
SCAPIN, GÉRONTE.
SCAPIN,
faisant semblantde nepas voir Géronte.
O ciel ! ô disgrâce imprévue ! ô misérable père !
Pauvre Géronte, que feras-tu ?
à part.
GERONTE,
Que dit-il là de moi, avec ce visageaffligé?
SCAPIN.
personne qui puisse me dire où est le
N'y a-t-il
Géronte?
gneur
GERONTE.
Qu'y a-t-il, Scapin ?
courant sur le théâtre, sans vouloir entendre ni
SCAPIN,
voir Géronte.
Où pourrai-je le rencontrer pour lui dire cette infortune?
courant après Scapin.
GERONTE,
Qu'est-ce que c'est donc?
SCAPIN.
En vain je cours de tous côtés pour le pouvoir
trouver.
GERONTE.
Me voici.
SCAPIN.
Il faut qu'il soit caché dans quelque endroit qu'on
ne puisse point deviner.
arrêtant Scapin.
GERONTE,
Holà. Es-tu aveugle, que tu ne me vois pas ?
SCAPIN.
Ah ! monsieur, il n'y a pas moyen de vous rencontrer.
GÉRONTE.
Il y a une heure que je suis devant toi. Qu'est-ce
que c'est donc qu'il y a ?
SCAPIN.
Monsieur...
GÉRONTE.
Quoi ?
SCAPIN.
Monsieurvotre fils...
GÉRONTE.
Hé bien ? monfils...
SCAPIN.
Est tombé dans une disgrace la plus
étrange du
monde.
GÉRONTE.
Et quelle ?
SCAPIN.
Je l'ai trouvé tantôt tout triste de je ne sais
quoi
que vous lui avez dit, où vous m'avez mêlé assezmal
à propos; et cherchant à dissiper cette
nous
nous sommesalles promener sur le tristesse, entre
port. Là,
autres plusieurs choses, nous avons arrêté
nos yeux
sur une galère turque assez bien
Un
équipee.
jeune
Turc de bonne mine nous a invités
d'y entrer, et
présenté
la
main.
Nous
avons
y
passé, il nous
anous
faita mille civilités, nous a donné
la collation, où
nous avons mangé des fruits les
plus excellents qui
voir
puissent
bon
vin
que nous avons trouse le meilleur duet budu
vé
monde.
GÉRONTE.
a-t-il
de si affligeantà tout cela?
Qu'y
SCAPIN.
Attendez, monsieur, nous
voici.
que
nous mangions, il a fait mettrey la galèrePendant
en
et
mer;
se voyant éloigné du port, il m'a fait mettre dans un
esquif, et m'envoie vous dire que, si vous ne lui envoyez par moi tout à l'heure cinq cents écus, il va vous
emmener votre fils en Alger.
GERONTE.
Comment diantre ! cinq cents écus !
SCAPIN.
Oui, monsieur , et, de plus, il ne m'adonne pour
cela que deux heures.
GERONTE.
Ah ! le pendard de Turc ! m'assassiner de la
façon,
SCAPIN.
C'est à vous, monsieur, d'aviser promptement aux
moyens de sauver des fers un fils que vous aimez avec
tant de tendresse.
GÉRONTE.
diable
allait-il
faire dans celte gaière?
Que
SCAPIN.
Il ne songeait pas à ce qui est arrivé.
GERONTE.
va-t'en
vite dire à ce Turc que
Va-t'en, Scapin,
je vais envoyer la justice après lui.
SCAPIN.
La justice en pleine mer ! vous vous moquez des
gens.
GÉRONTE.
Que diable allait-il faire dans celte galère ?
SCAPIN.
Une méchante destinée conduit quelquefois les
personnes.
GÉRONTE.
Il faut, Scapin, il faut que tu fassesici l'action d'un
serviteur fidèle.
SCAPIN.
Quoi, monsieur?
GÉRONTE.
Que tu ailles dire à ce Turc qu'il me renvoie mon
fils, et que tu le mettes à sa place, jusqu'à ce que j'aie
amassé la somme qu'il me demande.
SCAPIN.
Hé ! monsieur, songez-vousà ce que vous dites ? et
vous figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens, que
d'aller recevoir un misérable comme moi à la place
de votre fils?
GÉRONTE.
Que diable allait-il faire dans cette galère?
SCAPIN.
Il ne devinait pas ce malheur. Songez, mon
sieur, qu'il ne m'a donné que deux heures.
GÉRONTE.
Tu dis qu'il demande...
SCAPIN.
Cinq cents écus.
GÉRONTEE.
cents
écus!
N'a-t-il point de conscience?
Cinq
SCAPIN.
Vraiment oui, de la conscienceà un Turc!
GÉRONTE.
ce
Sait-il bien que c'est que cinq cents écus?
SCAPIN.
il
sait
Oui, monsieur,
que c'est mille cinq cents
livres.
GERONTE.
le
Croit-il,
traître, que mille
cents livres se
trouvent dans le pas d'un cheval ?cinq
SCAPIN.
Ce sont des gens qui n'entendent point raison :
GÉRONTE.
Mais que diable allait-il faire dans cette galère?
SCAPIN.
II est vrai; mais quoi ! on ne prévoyait pas le»
choses. De grâce, monsieur, dépêchez.
GÉRONTE.
Tiens, voilà la clef de mon armoire.
SCAPIN.
Bon.
GERONTE.
Tu l'ouvriras.
SCAPIN.
Fort bien.
GÉRONTE.
Tu trouveras une grosse clef du côté gauche, qui
est celle de mon grenier.
SCAPIN.
Oui.
GÉRONTE.
Tu iras prendre toutes les bardes qui sont dans
cette grande manne, et tu les vendras aux fripiers,
pour aller racheter mon fils.
SCAPIN
, en lui rendant la clef.
Eh ! monsieur, rêvez-vous ? Je n'aurais
pas cent
francs de tout ce que vous dites; et, de plus,
von»
savezle peu de temps qu'on m'a donné.
385 —
GERONTE.
allait-il
faire dans cette galère ?
Maisque diable
SCAPIN.
Oh! que de paroles perdues ! Laissez là celte galère, et songezque le temps presse, et que vous courez risque de perdre votre fils. Hélas ! mon pauvre
maître, peut-être que je ne te verrai de ma vie, et
qu'à l'heure que je parle on t'emmène esclave en
Alger! Mais le ciel me sera témoin que j'ai fait pour
loi tout ce que j'ai pu, et que, si tu manques à être
racheté, il ne faut accuser que le peu d'amitié d'un
père.
GERONTE.
Attends, Scapin, je m'en vais quérir cette somme.
SCAPIN.
Dépêchez donc vite, monsieur ; je tremble que
l'heure ne sonne.
GERONTE.
N'est-ce pas quatre cents écus que tu dis?
SCAPIN.
Non, cinq cents écus !
GERONTE.
Cinq cents écus!
SCAPIN.
Oui.
GERONTE.
Que diable allait-il faire dans cette galère?
SCAPIN.
Vousavez raison : mais hâtez-vous.
GERONTE.
avait-il
d'autre
M'y
point
promenade?
SCAPIN.
Cela est vrai : mais faites promptement.
GERONTE.
Ah' maudite galère!
à part.
SCAPIN,
Cette galère lui tient au coeur.
GERONTE.
Tiens, Scapin, je ne me souvenaispas que je viens
justementde recevoir cette somme en or; et je ne
croyais pas qu'elle dût m'être si tôt ravie, [tirant sa,
bourse de sa poche, et la présentant à Scapin) Tiens
va-t'en racheter mon fils.
tendantla main.
SCAPIN,
Oui, monsieur.
retenant sa boursequ'il fait semblantde vouCÉRONTE,
loir donnerà Scapin.
Mais dis à ce Turc que c'est un scélérat.
tendantencorela main.
SCAPIN,
Oui.
GERONTE,
recommençantla mêmeaction.
Un infâme.
tendant toujoursla main.
SCAPIN,
Oui.
de même.
GERONTE,
Un homme sans foi, un voleur.
SCAPIN.
Laissez-moifaire.
de même.
GERONTE,
Qu'il me tire cinq cents écus contre toute sorte de
droit.
SCAPIN.
Oui.
de même.
GERONTE,
Queje ne les lui donne ni à la mort, ni à la vie.
SCAPIN.
Fort bien.
de même.
GERONTE,
Et que, si jamais
je l'attrape, je saurai me venger
de lui.
SCAPIN.
Oui.
, remettant sa bourse dans sa pocheet s'en
CIRONTE,
allant.
Va, va vite requérir mon fils.
SCAPIN
, courant aprit Gèrontz.
Holà, monsieur.
GERONTE.
Quoi?
SCAPIN;
Où est donc cet argent?
GÉRONTE.
Ne te l'ai-je pas donné?
SCAPIN.
vousl'avez
remis dans votre poche.
Non, vraiment,
GÉRONTE.
Ah ! c'est la douleur qui me trouble l'esprit.
SCAPIN.
Je le vois bien.
GÉRONTE.
dans cette galère? Ah!
Que diable allait-il faireTurc!
à tous les diables.
maudite galère ! traître de
seul.
SCAPIN,
Il ne peut digérer les cinq cents écus que je lui arrache; mais il n'est pas quitte envers moi ; et je veux
qu'il me paie en une autre monnaie l'imposture qu'il
m'a faite auprès de son fils.
SCENE XII.
OCTAVE, LÉANDRE, SCAPIN.
OCTAVE.
Hé bien! Scapin, as-tu réussi pour moi dans ton
entreprise?
LÉANDRE.
As-tu fait quelque chose pour tirer mon amour de
la peine où il est?
à Octave.
SCAPIN,
Voilàdeuxcents pistoles que j'ai tirées de votre père
OCTAVE.
Ah! que tu me donnes de joie!
SCAPIN,
à Léandre.
Pour vous, je n'ai pu faire rien.
LÉANDRE
, voulants'en aller.
Il faut donc que j'aille mourir ; et je n'ai que faire
de vivre, si Zerbinette m'est ôtée.
SCAPIN.
Holà!holà ! tout doucement. Comme diantre vous
liiez vite)
LÉANDRE
, se retournant.
Que veux-tu que je devienne?
SCAPIN.
Allez, j'ai votre affaireici.
LÈANDRE.
Ah ! tu me redonnesla vie.
SCAPIN.
Mais à condition que vous me permettrez, à moi,
une petite vengeance contre votre père, pour le tous
qu'il m'a fait.
LÉANDRE.
Tout ce que tu voudras.
SCAPIN.
Vous me le promettez devant témoin?
LÉANDRE.
Oui.
SCAPIN.
Tenez, voilà cinq cents écus.
LÉANDRE.
Allons-enpromptement acheter celle que j'adore.
ACTE.
FIN DUSECOND
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