Dossier pédagogique - Theatre de poche Graslin
Transcription
Dossier pédagogique - Theatre de poche Graslin
Dossier pédagogique SCAPIN d'après LES FOURBERIES DE SCAPIN Toutes les fourberies à lui tout seul ! Hervé Devolder joue Scapin, mais il joue aussi le décor, la mer, le port, le ciel bleu et même la présence des autres… dans un solo malicieux et virevoltant ! Une façon originale de redécouvrir ce joyau du théâtre classique. Considérez la sensation pour un comédien de s'approprier cette gourmandise et d'en savourer chaque seconde en complicité mutine avec le public ! De jouer "la pièce" entière avec son rythme, ses surprises, ses rebondissements ! Un sentiment de totale immersion dans l'art du théâtre avec pour seuls outils la voix et le corps ! On me demande régulièrement : "Mais vous jouez tous les personnages ? – Non, je joue Scapin et seulement Scapin.. Mon personnage s'adresse à des partenaires imaginaires et les paroles prononcées par le seul Scapin suffisent à ce que l'on comprenne la totalité des dialogues". Les "Fourberies" permettent cette gageure. Scapin, personnage central omniprésent noue et dénoue lui même les intrigues un peu comme si, conjointement à l'auteur, il écrivait la pièce au fur et à mesure qu'il la joue. Pas de décor ! Juste un costume de valet du XVIIème siècle et la jubilation de solliciter l'imagination du spectateur jusqu'à ce qu'il reconstitue lui même les éléments manquants et recrée individuellement selon ses propres images les physiques, les costumes, les caractères de Géronte, Octave, Argante ou de la belle Zerbinette… Hervé DEVOLDER L'œuvre originale Les Fourberies de Scapin dans l'œuvre de Molière Les Fourberies de Scapin, créées en 1671, datent de la dernière période de la vie de Molière, qui mourra deux ans plus tard. C'est une comédie pure, une sorte de machine à jouer ou, si l'on veut être plus précis, une célébration du théâtre où Scapin se révèle être un double de Molière. Résumé de la pièce originale En l'absence de leurs pères partis en voyage, Octave, fils d'Argante et Léandre, fils de Géronte, se sont épris l'un de Hyacinte, jeune fille pauvre et de naissance inconnue, le second de la "jeune Égyptienne"Zerbinette. Au retour d'Argante, Octave, dont la passion l'a poussé à épouser Hyacinthe en secret, implore le secours de Scapin, valet de Léandre. Mais cet "habile ouvrier de ressorts et d'intrigues" ne parvient pas à fléchir le vieillard. Argante répète à Géronte la nouvelle qu'il tient d'une indiscrétion de Scapin : Léandre a commis une grave sottise. Aussi le jeune homme, fort mal accueilli par son père, corrige vertement le valet pour sa trahison. Mais il quitte bientôt son ressentiment pour le supplier de lui venir en aide : il lui faut payer une rançon pour racheter Zerbinette menacée d'enlèvement par les Égyptiens. Par de hardis stratagèmes, l'inventif Scapin ne tarde pas à extorquer des fonds aux deux vieillards. Mais Scapin entend encore se venger de Géronte qui l'a desservi auprès de Léandre. Il lui fait croire à un danger pressant, le dissimule dans un sac et lui administre une correction en se faisant passer pour un autre. Géronte découvre la supercherie et lui ferait payer cher ses fourberies si une double reconnaissance ne révélait en Hyacinte la fille perdue de Géronte, et en Zerbinette celle d'Argante. Scapin, feignant une grave blessure due à un accident, arrache le pardon des vieillards. Les inspirations Une mécanique impeccable La pièce est d'une unité remarquable et dotée d'un rythme époustouflant : tout s'enchaîne avec une logique confondante qui trouve sa source dans les stratagèmes que Scapin ne cesse d'inventer pour sauver les amours d'Octave et de Léandre. La pièce défile à toute allure, sans temps mort. Pourtant, s'il est une pièce de Molière construite à partir de sources aussi disparates que simples à identifier, c'est bien les Fourberies de Scapin. Les sources qui ont inspiré Molière La première source est le Phormion de l'auteur latin Térence (~184 - ~159), qui était considéré au dix-septième siècle comme le modèle premier pour la comédie. Phormion est le nom d'un habile parasite social qui aide deux cousins à se trouver des épouses pendant que les pères des deux jeunes gens sont en voyage ; lorsque les pères reviennent, avec d'autres plans matrimoniaux pour leur fils, Phormion réussit à arranger la situation tout en soutirant de l'argent aux vieillards. On le voit, toute l'intrigue de Scapin est là. Mais les emprunts ne s'arrêtent pas là. Lorsque Sylvestre se déguise en spadassin pour menacer Argante, Molière fait un emprunt à l'autre grand auteur romain de comédies, Plaute (~254 - ~184), qui avait imaginé une semblable situation dans son Bacchis. De la Sœur de Rotrou (1609 1650), il vole le jargon des soldats et certains traits du héros de la pièce, le valet Ergaste, se retrouvent chez Scapin. À Cyrano de Bergerac (le vrai ! 1619 - 1655), il emprunte une réplique de son Pédant joué : le célèbre "Que diable allait-il faire dans cette galère ?" Enfin, cette pièce dont l'action se déroule dans une Naples de fantaisie, emprunte sa vitalité et la personnalité de Scapin à la commedia dell'arte. On demeure étonné de la façon avec laquelle Molière a su intégrer ces matériaux dramaturgiques épars pour créer une pièce qui, à chacun de ses moments, porte sa marque. Et depuis la célèbre mise en scène de Jacques Copeau en 1920, on voit à quel point ce qui crée l'unité de la pièce, c'est le théâtre lui-même. Scapin, devant les yeux des spectateurs, noue et dénoue des situations qu'il a luimême inventées. Il est, comme sur le vif, l'auteur de la pièce qui se déroule devant nous. À sa manière, il est l'équivalent de Prospéro dans la Tempête de Shakespeare : un double de l'auteur. Si Molière s'est mis en scène lui-même dans l'Impromptu de Versailles, c'est dans les Fourberies de Scapin, sous le masque de ce valet, qu'il révèle le fonctionnement de son art. A savoir… Les éléments spécifiques pour la bonne compréhension de l'œuvre adaptée Dans son adaptation, Hervé Devolder fait allusion à une tournée théâtrale qui a mal tourné et à laquelle il est le seul "survivant". Lors de son préambule, il raconte les déboires qu'il a vécu et fait allusion à des professions du spectacle. Voici une liste non-exhaustive des quelques termes spécifiques employés : Producteur Personne qui gère la réalisation matérielle et financière d'un projet artistique, assure sa commercialisation et prend en charge les frais et les rémunérations. Tourneur Producteur spécialisé dans l'organisation de spectacles en tournée. Tournée On dit d'un spectacle qu'il est en tournée quand les représentations sont itinérantes de villes en villes. Adaptateur Souvent, les œuvres classiques sont adaptées pour être en meilleure adéquation avec le public actuel et les aléas budgétaires de la production. Les adaptations les plus fréquentes sont des modifications de vocabulaire ancien, raccourcissement du texte et suppression de personnages secondaires. Drelin ! Drelin ! Imitation du son d'une clochette prononcé par le personnage d'Argan dans LE MALADE IMAGINAIRE de Molière. Louis Jouvet Acteur français, metteur en scène et directeur de théâtre, professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, né le 24 décembre 1887 à Crozon (Finistère), mort le 16 août 1951 à Paris. Roméo et Juliette (Romeo and Juliet) Tragédie de William Shakespeare. Écrite vers le début de sa carrière, elle raconte l'histoire de deux jeunes amants dont la mort réconcilie leurs familles ennemies. Cap d'Agde Station balnéaire du sud de la France réputée pour ses plages naturistes.