Ci-dit/Ci-dite : la citation au féminin. La part féminine de la
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Ci-dit/Ci-dite : la citation au féminin. La part féminine de la
Ci-dit/Ci-dite : la citation au féminin. La part féminine de la linguistique. Juan Manuel Lopez Muñoz [email protected] Depuis les années 70, notamment à la suite des travaux de Robin Lakoff, de Mary R. Key et de Anne M. Houdebine, beaucoup de chercheurs ont analysé le rapport entre les rôles sexuels et la langue, en concluant que non seulement les parlers peuvent être sexués et la langue sexiste, mais certaines pratiques discursives sont plutôt fréquentes chez les femmes et d’autres chez les hommes, du fait d’impositions éducatives et socioculturelles. Partant de ces constatations, mon travail se pose la question de savoir si le paramètre sexuel engendrerait également une façon différente de penser la linguistique. La pratique de la recherche linguistique serait-elle influencée par le rapport de force entre les sexes ? Les données statistiques recueillies sur l’abondante production scientifique du groupe Ci-dit confirment que la part de contribution des femmes linguistes face à celle des hommes y est nettement supérieure. Comment peut-on expliquer qu’un si grand nombre de femmes se sentent concernées par ces études ? La reproduction des discours est-elle une affaire de femmes ? Se reconnaissent-elles mieux que les hommes dans ces problématiques que l’on peut considérer périphériques ou « marginales » en ce sens qu’elles accordent une place privilégiée à la voix et à la subjectivité (toutes deux exclues de la linguistique traditionnelle, structurale et chomskyenne) et cernent notamment l’articulation entre langue et pratiques sociales ? Est-ce que nous, les hommes qui nous intéressons au DR, assumons dans ces recherches un rôle féminin ? Ma communication consistera, pour l’essentiel, en une présentation des données recueillies après un travail de terrain, en partie introspectif, sur le fonctionnement du groupe ci-dit. J’examinerai la production du groupe (colloques, séminaires, publications) en essayant de repérer un possible patron différentiel des sexes au moment d’aborder le discours rapporté comme objet linguistique et comme pratique consubstantielle à l’écriture scientifique. AEBISHER V. & C. FOREL (dir.) 1983, Parlers masculins, parlers féminins?, Lausanne-Paris, Delachaux-Niestlé. AEBISHER V. 1985, Les femmes et le langage, Paris, PUF. DECROSSE, A. 1978, « Intuition féminine ou intuition linguistique », Langage et société, 6, 100-103 DECROSSE, A. 1979 « Le féminin de l’identité : un nouveau champ scientifique », Langage et société, 7, 86-91 FERNANDEZ J. (dir.) 1998, Parler femme en Europe, Paris, l’Harmattan HOUDEBINE A.-M. 1977, « Les femmes et la langue », Tel Quel 74, Paris, Seuil : 8495 HOUDEBINE A.-M. 1995, « Des femmes dans la langue et les discours », Cahiers des Annales de Normandie 26, Caen : 385-398. KEY R. M. 1974, Male female language, New York, Metuchen, Scarecrow Press. LAKOFF, R. 193 “Language and woman’s place”, Language in Society, 2/1, 45-80