Masque fontaine
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Masque fontaine
Masque fontaine – Henri Navarre HENRI NAVARRE (1885-1971) Elevé dans une famille d’architectes et de décorateurs, Henri Navarre est attiré très jeune par toutes les formes d’expressions artistiques. Il commence par apprendre la sculpture en 1903 et suit des cours d’arts appliqués, puis débute l’apprentissage de l’orfèvrerie et des médailles. De 1906 à 1911, en véritable artisan complet, il travaille dans des ateliers de sculpture décorative, de ciselure, de gravure, pratique la taille de la pierre sur des façades d’immeuble et modèle de grandes figures en terre cuite. En 1912-1913, il édite de nombreuses médailles et plaques de bronze qui illustrent déjà un talent audacieux pour l’époque. Il réalise également de grandes peintures murales. Masque fontaine, Henri Navarre, 1927. Verre moulé, 18 x 10,5 cm - Inv. 81.04.8 UNE GRANDE MAÎTRISE TECHNIQUE A partir de 1932, ses masques sont exécutés avec une technique très particulière. La majorité est en effet issue d’une sculpture dont il réalise un moule, le plus souvent en terre réfractaire, moules eux-mêmes affinés et travaillés minutieusement. La paraison de verre y est versée qu’à demi-refroidie afin d’adhérer parfaitement à la paroi, ce qui permet au démoulage des modulations. Il emprunte alors ce procédé à celui de l’estampage des monnaies (sa première vocation), où l’impression se fait en moulant le support sur le relief. Autre particularité inventive de l’artiste : il emploie le verre pyrex qui dispose d’une fusibilité * courte en raison des fondants importants qui le composent, et qui requiert un travail rapide, maîtrisé. La dextérité et le talent de H. Navarre lui permettent d’exceller dans ce travail d‘une matière à la limite extrême de sa plasticité. Cela procure aux résultats des effets divers selon la température, renforcés par des techniques de gravure au sable ou à l’acide sur certaines parties des masques, augmentant encore la variété des résultats de ces épidermes aux patines nuancées, plus ou moins rugueuses. UN PIONNIER DE LA SCULPTURE DU VERRE Il est considéré dès cette époque comme un artiste pionnier de la sculpture du verre. Les années 1950-1960 sont marquées par de nombreuses commandes pour plusieurs établissements à Paris et en région. Ces recherches, quêtes passionnées de la matière, ainsi que ses travaux et créations ont permis une voie nouvelle et innovante pour la sculpture de verre. Piste que les artistes du monde du verre artistique des années 1980 emprunteront et déploieront dès lors, certains comme S. Libensky et J. Brychtova pour l’école tchèque, reconnaissant l’ascendance de H. Navarre. UN FONDS NAVARRE IMPORTANT À CHARTRES Le musée possède un fonds Henri Navarre très important, constitué entre 1971 et 1977. En effet, en 1971 il émit le souhait de donner "sa collection de verreries et sculptures de verre en vue de réaliser une section de verrerie permanente au musée de Chartres". Cette volonté s’explique par son attachement au patrimoine religieux et à la notoriété de la cathédrale et de ses verrières. La vocation de la ville lui semblait être à juste titre, celle du verre et du vitrail. * Fusibilité : capacité à passer de l'état solide à l'état liquide sous l'action de la chaleur, soit sa capacité à se liquéfier.