William Burroughs surpris en possession du Chant du vieux
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William Burroughs surpris en possession du Chant du vieux
William Burroughs surpris en possession du Chant du vieux marin de Samuel Taylor Coleridge JOHNY BROWN DAN JEMMETT création 21 SEPTEMBRE AU 8 OCTOBRE texte d’après William Burroughs Caught in Possession of the Rime of the Ancient Mariner de Johny Brown traduction Marie Paule Ramo mise en scène Dan Jemmett assisté de Céline Gaudier scénographie Denis Tisseraud assisté de Jeanne-Lucie Schmutz lumières Arnaud Jung vidéo Bruno Deville costumes Sylvie Martin-Hyszka avec Carine Barbey, Denis Lavant, Pascal Oyong-Oly… (distribution en cours) De Shakespeare à Middleton, de Shake, version très personnelle de La Nuit des rois, à Dog Face d’après The Changeling et Femmes gare aux femmes, Dan Jemmett ne nous a certes pas habitués à un théâtre tranquillement rationnel. Si aujourd’hui, il décide de s’éloigner des auteurs élisabéthains et de leurs extravagances, c’est pour explorer d’autres formes d’origine plus récente, et toujours franchement allumées. Il s’agit là d’une étrange rencontre imaginée par Johny Brown, DJ, musicien, rocker : celle de Samuel Coleridge et de William Burroughs. Le premier se trouve attaché au mât d’un navire sur lequel le second voyage (dans tous les sens du terme) avec quelques amis pas vraiment nets : le peintre Jean-Michel Basquiat, le guitariste punk Johnny Thunders, la féministe Kathy Acker. Sont également de la partie : la Mort, et la Vie dans la Mort. D’où le titre de la pièce : William Burroughs surpris en possession du Chant du vieux marin de Samuel Taylor Coleridge. Dans la vision de Johny Brown, bien des choses rapprochent les deux poètes, et d’abord un goût affirmé pour les paradis et les enfers artificiels. Burroughs ne s’en est jamais caché, au contraire. Il en a fait le thème de son œuvre. Coleridge vivait en un autre temps, moins “libéré”. Or, explique Dan Jemmett, il était un adepte de l’opium, qu’il consommait sous forme de laudanum : « Un médicament alors recommandé pour calmer les douleurs. Les tranquillisants d’aujourd’hui étaient inconnus. Mais enfin, il est l’un des premiers à avoir osé en parler. Pour cette raison, il a traîné une perpétuelle culpabilité et son existence a été une torture. « Tout part d’un poème de Coleridge, Le Chant du vieux marin, dans lequel il est question d’un navire suivi tout au long de sa route par un albatros. Un jour, sans aucune raison, le vieux marin tire et l’abat. À partir de là, ses compagnons meurent l’un après l’autre. De plus en plus seul, et jusqu’à la plus extrême solitude, il poursuit son chemin. Quant à Burroughs qui par ailleurs se disait guidé par Coleridge quand tout allait mal, il a tué sa femme un jour dans un bar, en voulant jouer à Guillaume Tell. Il lui a mis un verre sur la tête, a tiré, a raté le verre. Il a écrit : “Je me vois affreusement contraint de conclure que je ne serais jamais devenu écrivain si ce n’était pour la mort de Joan…” Lui non plus ne s’est jamais pardonné. « Je suis tombé sur cette pièce, à un moment où je cherchais à oublier mon obsession de la littérature élisabéthaine. J’ai éprouvé un choc profond. « J’avoue me sentir généralement en grande difficulté devant le théâtre contemporain. Seulement, je connais Johny Brown, nous avons travaillé ensemble à plusieurs reprises. J’ai été immédiatement emballé par la manière dont il a organisé le dialogue des deux langages, celui de Coleridge, celui de Burroughs. » On peut faire confiance à Dan Jemmett, entraîné par Denis Lavant (Burroughs), pour à son tour “organiser” le choc des deux univers flamboyants : « J’ai le sentiment qu’avec son côté déjanté et son impeccable précision, il va apporter au personnage de l’authenticité, une innocence, une forme de tendresse. » Johny Brown Né en 1961 à Newcastle, il vit à Londres, participe au groupe rock The Band of Holy Joly, avec lequel il a enregistré plusieurs albums pendant les années 80-90, et tourné principalement en Europe, en Russie, aux États-Unis. Il est également programmateur et présentateur de radio, auteur dramatique pour le groupe itinérant Underground Utopia, qui en 2002 crée à Glasgow, William Burroughs caught in possession of the Rime of the Ancient Mariner. À plusieurs reprises il a collaboré avec Dan Jemmett, notamment sur Quartet de Heiner Müller. William Burroughs Né en février 1914 dans le Missouri, il grandit à Chicago, puis s’en va à New York où il rencontre Allen Ginsberg, Jack Kerouac. La beat generation est là, pour qui contestation et drogue ne font qu’un. Ce qui amène Burroughs à voyager, surtout en Amérique latine, et à Tanger où il écrit Le Festin nu, son œuvre maîtresse. Toujours “accro”, il meurt à 83 ans d’une crise cardiaque. Dan Jemmett Né en 1967 à Londres. Son père, marionnettiste, a tenu une grande place dans sa vie, y compris professionnelle. Après avoir suivi son exemple et essayé les marionnettes, avec la troupe Primitive Science dont il est cofondateur, il joue Brecht entre autres, et fait connaître Heiner Müller. À Londres, au Young Vic, il met en scène un Ubu de Jarry, repris en 2000 en version française à Paris. En 2002, aux Abbesses, Shake d’après Shakespeare et La Nuit des rois, (prix de la révélation du Syndicat national de la Critique) font découvrir son talent pour plonger sans bouée dans les plus folles extravagances élisabéthaines. Talent confirmé, toujours aux Abbesses, avec deux adpatations de Middleton : en 2003 Dog Face, en 2004 Femmes gare aux femmes.