ARGUMENTATION Prémisse : la volonté est un acte volontaire. La

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ARGUMENTATION Prémisse : la volonté est un acte volontaire. La
HACKER Françoise
Licence LB1 – sciences de l’Education
2013/2014
UE Epistémologie et philosophie de la formation
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ARGUMENTATION
Prémisse : la volonté est un acte volontaire. La puissance est une force de caractère.
= Comment la puissance pourrait-elle être acte volontaire ? = Si la volonté n'est pas une
affaire de puissance d'où vient la force qu'elle déploie dans l'acte?
Introduction : une volonté qui ne pourrait pas agir ne serait pas une volonté. Bien
qu'inconsciente, la volonté obéit à une force déterminée et dirigée vers des buts précis (durer,
prospérer, évoluer, s'améliorer, atteindre un certain équilibre, s'adapter le mieux possible au
milieu). Cette volonté a évolué d'espèce en espèce, se complexifiant à mesure que le vivant se
complexifie pour devenir volonté humaine.
Le sentiment de pouvoir est un critère de la volonté: le vouloir ne peut se suffire à lui-même,
c’est donc dans l’action, en tant que réalisation du vouloir, ou dans le sentiment de pouvoir,
qui anticipe l’action, que la volonté trouve ses critères d’authenticité.
Thèse : La volonté, force de l’esprit, existe sans la puissance
a) Argument 1 : La volonté gouverne l’esprit. Elle désigne le plus souvent, la faculté
d’exercer le libre choix d’accomplir des actes volontaires. On peut en effet, choisir de faire ou
ne pas faire. Elle est aussi une force psychique et morale : c’est l’action de l’esprit.
Ainsi Nietzsche introduit sa conception de la volonté dans le texte « par-delà bien et mal »
qui parle de la volonté de l’esprit, de l’esprit comme volonté : d’une part, l’esprit n’est qu’un
instrument, la volonté le gouverne, et d’autre part, il n’y a pas de volonté de connaître, il n’y a
pas d’amour de la connaissance. Pour lui, la volonté localiserait la vie dans l’espace des
valeurs : avoir la vie est ce par quoi il y a des valeurs.
Nietzsche : philosophe allemand né en 1844 en Prusse. Il semble que sa pensée se soit
développée en opposition aux premières influences qui avaient marqué sa jeunesse. Au
rationalisme et à la logique de Hegel, il opposera une philosophie anti conceptualiste et
pragmatiste. (petite encyclopédie philosophique – Isabelle Mourral – Louis Millet – 2ème
édition 1995)
b) Argument 2 : dans l’esprit, aucune volonté n’est absolue donc libre. L’homme ne se croit
libre que parce qu’il ignore les causes qui le déterminent à agir. La volonté est une
construction de l’esprit mais c’est peut-être une illusion due à l’ignorance des causes de nos
actes.
D’ailleurs, Spinoza déclare dans son œuvre majeure « l’Ethique » que nulle volonté n’est
absolue, autrement dit libre. L’homme ne possède pas une faculté absolue de vouloir ou de ne
pas vouloir. Pour lui, la volonté est un concept abstrait universel et ce qui la rend réelle c’est
l’acte qui l’accompagne.
Spinoza : philosophe hollandais. L’Ethique montre, sans son ensemble, la dépendance de
toutes choses à Dieu, Dieu. Dieu est l’unique substance. (petite encyclopédie philosophique –
Isabelle Mourral – Louis Millet – 2ème édition 1995)
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c) Argument 3 : la volonté est une faculté de l’esprit humain. Qu’est- ce qui dépend plus de
notre volonté ? Il semble que ce soit nos pensées, nos désirs, nos sentiments mais non, ce sont
nos actes, bien que nous ne comprenions nullement comme nous les accomplissons. Nous
pouvons contraindre nos membres, quand nous pouvons fixer nos pensées.
D’ailleurs, la volonté s’impose en tant que concept majeur dans l’œuvre de Kant et plus
principalement dans sa Métaphysique des mœurs. Il n’y a de morale qu’une volonté bonne,
celle qui veut le bien. Il ne s’agit pas d’une intention mais d’une volonté ferme qui aboutit
presque toujours à l’action. Tout le reste : l’intelligence, l’esprit critique, la persévérance, le
courage, la décision, peut être bon ou mauvais selon l’usage qu’en fait la volonté. La volonté
trouve dans la raison les règles de son action.
Kant : philosophe allemand, né en 1724 en Russie. Il a révolutionné la pensée de son temps et
influencé durablement le développement intérieur de la philosophie. Sa philosophie s’appelle
« criticisme ». Pendant vingt ans, Kant qui avait formé au rationalisme de Leibniz et Wolf,
s’es progressivement orienté vers l’empirisme. (petite encyclopédie philosophique – Isabelle
Mourral – Louis Millet – 2ème édition 1995)
d) Argument 4 : de surcroît, la volonté est un élément connu dans notre conscience. Elle est
partout elle-même, dans toute son intégrité, car sa fonction est d’une simplicité extrême : elle
consiste à vouloir et à ne pas vouloir. Elle ne peut jamais être imparfaite : chaque acte de
volonté est tout ce qu’il peut être. Elle est le seul élément permanent et immuable de la
conscience.
Selon Schopenhauer, la volonté et vouloir-vivre désignent l’essence de l’homme. La volonté,
dite aussi « vouloir vivre » ne découle pas du monde, c’est le monde qui découle d’elle, le
monde comme volonté et comme représentation. La volonté est notre essence la plus intime et
les manifestations s’en opèrent sans peine, avec une entière spontanéité.
Schopenhauer : philosophe allemand. Influencé par Platon et par Kant. Son œuvre maîtresse :
le monde comme volonté et comme représentation, qui ne connaîtra le succès qu’après sa
réédition. Penseur dont l’influence fut la plus variée et la plus profonde à la fin du 19ème
siècle et au début du 20ième siècle.
e) Argument 5 : la volonté est un acte volontaire libre. C’est l’union de 2 facultés : une
double détermination qui donne l’acte volontaire et la spontanéité (agir par soi-même).
Toutefois, si la volonté est action, toute action n’est pas nécessairement volontaire. C’est à
partir de la détermination de la volonté, que se construit la notion de responsabilité.
Par exemple, Descartes insiste beaucoup sur cette liberté de la volonté, constitutive du libre
arbitre. Il ne s’agit pas seulement d’un pouvoir localisé de l’esprit, mais d’une disposition
essentielle, métaphysique, de notre être ; à chaque fois c’est le sujet tout entier, de façon
indivisible, qui "veut", qui "choisit" ou qui "décide".
Descartes : philosophe français. A voulu ouvrir une nouvelle route en philosophie. Son
discours de la méthode est le premier grand texte philosophique écrit en langue française. Du
discours de la méthode a été extraite la célèbre phrase de Descartes « cogito ergo sum » (je
pense, donc je suis). (petite encyclopédie philosophique – Isabelle Mourral – Louis Millet –
2ème édition 1995)
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Antithèse : La puissance est un acte qui s’associe à la volonté, selon les circonstances
a) Argument 1 : La volonté tire sa force dans les qualités intérieures de l’homme
C’est ainsi que Platon distingue en l’homme trois parties : le désir, le cœur et la raison. Le
désir, ensemble des appétits charnels et sensibles, préside aux fonctions de nutrition et de
reproduction, et réside dans la partie inférieure du tronc, au-dessous du diaphragme ; le cœur,
comme son nom l'indique, a pour siège la partie supérieure du tronc ; c'est l'instinct noble et
généreux, mais incapable de se donner par lui-même une direction ; au-dessus, dans la tête,
siège la raison, la raison qui peut connaître la vérité, diriger vers elle le cœur et ses forces
actives, et maitriser par-là les passions inférieures. Dans son poétique langage, Platon a
comparé l'homme a un attelage, composé d'un cocher, symbole de la raison, d'un cheval
généreux et docile, image du cœur, et d'un autre cheval fougueux et indompté, image des
appétits et des passions.
Platon : philosophe grec. Il fonde la 1ère université philosophique (l’Académie).La mort de
Socrate marqua profondément Platon. Son génie s’exprime dans les œuvres immortelles que
sont les dialogues, où entre en scène un Socrate de plus en plus éloigné du personnage qui
avait vécu. (petite encyclopédie philosophique – Isabelle Mourral – Louis Millet – 2ème
édition 1995)
b) Argument 2 : la puissance de la volonté c’est le pouvoir de vouloir. Elle est une force
intérieure, un don individuel qui pousse l’homme à des efforts qui le permettent d’accéder à
une certaine forme d’être.
C’est ainsi que la volonté de puissance est l’un des concepts centraux de la pensée de
Nietzsche, dans la mesure c’est pour lui un instrument de description du monde. La volonté
de puissance est une interprétation de la réalité. Nietzsche dans le texte « par-delà bien et
mal » théorise et problématise la « volonté de puissance », bien que cette expression ne soit
pas mentionnée. La « volonté de puissance » exprime ainsi le processus de la vie, qui
constitue lui-même l’essence de l’être.
c) Argument 3 : toutefois, la puissance revêt un double aspect : le premier celui de la force
physique (acte) et le deuxième le changement, le fait de devenir quelqu’un d’autre (volonté).
Selon Aristote, la puissance est la faculté d’être changé ou mis en mouvement : ce qui n’est
qu’en puissance par opposition à ce qui est en acte, est ce qui n’est pas encore réalisé. Ainsi,
l’acte désigne soit ce qui est en train de s’accomplir, soit ce qui est réalisé. La distinction
entre être en acte et être en puissance peut être mobilisée à divers niveaux. En effet, Aristote
distinguait l’acte premier de l’acte second : l’acte premier est celui d’avoir acquis une
capacité (volonté) et l’acte second la mise en œuvre de cette capacité (acte).
Aristote : philosophe grec, né en 384 avant J.C. Elève de Platon, il fonde sa propre école, le
Lycée, à la mort de son maître. Empiriste, Aristote est, de tous les philosophes païens, celui
qui a saisi le plus purement la condition humaine, établissant ainsi la limite du pouvoir
explicatif de la raison pure. (petite encyclopédie philosophique – Isabelle Mourral – Louis
Millet – 2ème édition 1995)
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Synthèse : La volonté et la puissance sont le moteur de nos actions
La plus grande partie de nos actions conscientes sont commandées pas nos pulsions, nos
passions et nos besoins. Des actions différées, par exemple, laissent un « blanc » – pour ne
pas dire un « temps » – entre la délibération et l’action elle-même
Quand on prend une décision, c’est pour « ou en vue de », il y a toujours un certain rapport
d’intentionnalité qui lie la décision et l’action ensemble.
Ainsi, l’analyse sous le triple aspect délibération-décision-action perd de sa pertinence car ces
3 caractères sont présents ensembles, indistincts et entrelacés. Enfin, les « automatismes
surveillés », quant à eux, constituent encore un cas particulier: l’intention n’est ici que très
implicite, la part de délibération ou de décision n’est donc que très relative.
L’agir, au travers de notre expérience corporelle, fait surgir une autre dimension de l’action:
le pouvoir. « En me projetant moi-même comme sujet de l’action, je m’affirme capable de
cette action. Et du fait que mon corps m’obéit, « le pouvoir ramassé en mon corps oriente mon
projet en direction de l’action, c’est-à-dire en direction de la réalité».
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