Séminaire dirigé par Mathilde Girard et Alain Brossat

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Séminaire dirigé par Mathilde Girard et Alain Brossat
Séminaire
dirigé par Mathilde Girard et Alain Brossat
"La communauté : expérience-limite de la pensée politique"
le jeudi 28 janvier de 17h à 20h
à la MSH Paris Nord
Maison des Sciences de l'Homme Paris Nord
4 rue de la Croix Faron - 93210 Saint Denis la Plaine
tel : 01 55 93 93 00 - fax : 01 55 93 93 01
Programme de la séance
Suite à la projection du film de Shohei IMAMURA, "La Balade de Narayama", Alain Brossat
interviendra sous l'intitulé : "Le paradigme de Narayama : la communauté contre la communauté"
Date des prochaines séances
4/02, 11/03, 8/04, 27/05
Le concept de communauté nous conduit aux origines de la pensée politique, puisqu’il est au
cœur de l’élaboration du projet républicain de Platon, et qu’il est ensuite envisagé dans l’horizon
démocratique chez Aristote. Mais il nous engage aussi à observer la naissance de ce que Rancière
appelle « la politique des philosophes ». D’une certaine manière, la communauté est victime du
redressement symbolique opéré par la philosophie dans ses rêveries politiques. Elle est le rêve de
la philosophie, exaucée sous les traits d’une aristocratie communiste chez Platon, et sous
l’équilibre démocratique d’un partage de l’égalité chez Aristote.
On voit ainsi se constituer des pensées du gouvernement, des gouvernements possibles, à partir
d’une articulation positive du juste et de l’injuste, de l’utile et du nuisible, du beau et du laid.
Et d’emblée, la communauté intervient à la jonction de l’éthique et du politique ; pour « faire
communauté » pour la politique, il faut pouvoir être amis, d’une amitié singulière, stable et
régulatrice. Et l’analyse des textes nous permettra de mettre en évidence comment l’éthique de la
communauté préside à la forme de gouvernement qu’elle se verra attribuer.
Au-delà, nous tenterons de montrer comment la communauté a circulé suivant des généalogies
différentes, qui contribuent aujourd’hui à constituer une acception très polyvoque de ce concept.
Très simplement, la communauté est-elle au cœur de la politique, son matériau constitutif,
intrinsèque ; ou est-elle le nom de ce qui va au-delà de la politique, vers l’éthique, la
métaphysique, ou l’ontologie ? Ou d’une autre manière : la communauté existe-t-elle au sein de
la société, ou se distingue-t-elle par un écart, une élection qui l’isole, ou un excès qui l’interdit ?
Derrière ces questions, on perçoit l’articulation entre une pensée politique qui tient à rester fidèle
à l’écart philosophique, sa hauteur conceptuelle, et une pensée politique de la communauté qui
tire aussi ses leçons de l’histoire, du champ des expériences, des pratiques et des conduites.
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Ainsi, quand pour certains la question de la communauté s’est vue considérablement attaquée par
l’épreuve des guerres du XXe siècle et par les désastres totalitaires du nazisme et du
communisme, pour d’autres la fonction de la communauté survit politiquement à tous les états
d’exception. On verra ainsi s’opposer, assez subtilement, les positions de Nancy, J. Rancière,
Badiou, Derrida, Brossat – héritiers et lecteurs de Platon, Aristote, Rousseau, Hobbes, C. Schmitt,
Nietzsche, Hegel, Bataille et Blanchot. Et s’il est nécessaire de mettre en avant des noms, des
«familles » philosophiques, c’est sans doute parce que la communauté, comme l’a subtilement
montré Derrida, sollicite le philosophe sur sa propre capacité à faire communauté – ses amitiés,
ses inimitiés, la reconnaissance de ses fils, de ses amants, et de ses femmes. Le philosophe peut-il
prétendre à gouverner sous les traits du gardien de la cité sans penser l’engagement de sa
personne dans l’expérience de la communauté ? Et depuis quelle autorité, quelle autorisation ?
Car il ne saurait y avoir de pensée de la communauté sans réflexion sur la souveraineté, sur le jeu
de la souveraineté et de la multiplicité, du commun. En somme, si la communauté nous déplace
vers les catégories du multiple, de la multitude, du peuple ou du prolétariat, elle est indissociable
de la figure du souverain qui en est l’auteur dans l’instant même où il l’autorise. Ce souverain, le
premier, est le philosophe. Première figure de l’ami, première figure de l’ennemi.
Pour des renseignements supplémentaires
[email protected]
Pour se rendre à la MSH Paris Nord
4 rue de la Croix Faron, Plaine
Saint Denis, 93210 Saint-Denis
Plan sur http://www.mshparisnord.org/acces.htm
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