Fractures de fatigue
Transcription
Fractures de fatigue
Fractures de fatigue 1. Définition Ce sont des fractures qui surviennent sans traumatismes importants, sur un os sain, chez un sujet en bonne santé, qui pratique une activité physique. Il faut faire la différence avec les fractures qui surviennent sur un os lésé (tumeur, infection). Elles résultent d’une activité physique intensive, avec des contraintes répétées, qui entrainent des modifications et remodelages osseux. On retrouve … On aura le plus souvent une localisation sur les MI, mais également MS dans certaines activités (lanceurs => micro-traumatiques) ; fractures liées à des mouvements spécifiques ; fractures liées à des mécanismes comme dans la gymnastique (avec facteur morphologique prédisposant) Ces fractures surviennent presque exclusivement chez l’adulte jeune, pratiquant une activité intense, ou quelqu'un qui se met à avoir une activité régulière alors que ce n’était pas le cas. 2. Facteurs favorisants Entrainement physique intense Pratique subite chez un sportif non habitué Reprise d’une activité trop intense après un arrêt suite à une autre pathologie Lors d’un stage Surmenage psychique (activité extra + sportive…) Changement brusque d’activité ; changement de terrain Troubles statiques des MI (au niveau du pied => pied creux ; pied d’appel dans la course à pied car c’est celui qui est le plus sollicité ; le chaussage…) Certains traitements (corticoïdes pris quelques années avant) Alimentation et hydratation (carence en vitamine D…) Facteurs hormonaux (surtout chez la femme, avec notamment des aménorrhées qui entrainent une mauvaise qualité de l’os Anorexie => joue sur la laxité 3. Symptomatologie Quelque soit la localisation, c’est une douleur d’apparition progressive la plupart du temps, qui survient 15 jours après une modification d’entrainement. Comme dans la périostite, c’est une douleur purement mécanique qui apparait à l’effort, et disparait au repos. Peu intense au début, et augmente progressivement, entrainant la diminution jusqu’à l’arrêt de l’activité. Très fréquemment, on aura une boiterie liée à la douleur. Dans quelques cas beaucoup plus rare, douleurs brutales sur les métatarses. 4. Examen clinique Selon la localisation, il peut être très pauvre au début (voire même inexplorable à la palpation). Dans les zones palpables, on retrouve une douleur exquise à la palpation, parfois une légère tuméfaction, parfois même un petit hématome. Douleur à la contraction des muscles qui se trouvent autour du foyer de fracture. On peut être alerté par des douleurs déclenchées par les US++ 5. Examens complémentaires La radiographie : l’intérêt est de montrer d’éventuels zones de fissures ; rester vigilant de la radio qui ne montre rien ! On dit que classiquement la radio est négative dans 50% des cas. On a toujours un retard de l’image radiologique par rapport à la clinique. Dans la 1ère semaine, on a possibilité de voir une fissure de la corticale (« cheveu »). Secondairement, dans les 2 semaines qui suivent, on a apparition d’une apposition périostée de part et d’autre du foyer de fracture. Plus tard, ostéocondensation avec apparition plus nette du foyer de fracture, renflement fusiforme de la corticale correspondant à la réparation de l’os. Os courts : on ne voit rien les 15 premiers jours ; au-delà on peut voir apparaitre une bande d’ostéocondensation perpendiculaire aux travées osseuses. Autres examens : scintigraphie (examen très précoce, dans les jours qui suivent la douleur, on va avoir des signes très nettes avec apparition de remodelage osseux au niveau du foyer de fracture / mais la scintigraphie est peu spécifique) ; IRM (assez précoce, un peu moins que la scintigraphie / beaucoup plus spécifique) ; scanner (il peut avoir un intérêt en 2e intention, après la scintigraphie pour faire apparaitre les traits de fracture, par contre il y a un retard d’apparition au scanner par rapport à la clinique) Echographie : beaucoup d’intérêt, mais fonction de la localisation. Elle permet de voir des signes secondaires. 6. Diagnostic différentiel Périostite Syndrome des loges Algodystrophie localisée Pathologies de type tumoral, avec cette notion de douleur inflammatoire nocturne Tendinopathies d’insertion Infections de type ostéomyélite… 7. Evolution Si tardif => évolution vers fracture vraie, voire pseudarthrose. Prévention : adaptation de l’entrainement (se méfier des périodes de reprises, des stages => augmentation importante de l’activité ; périodes de fatigue, de stress, d’examens scolaires…) Il faut lutter contre les problèmes favorisants : chaussage, terrain,… Favoriser les étirements s’il y a rétractions au niveau des chaines. Se méfier des douleurs qui trainent… 8. Traitement Repos, jusqu’à plus de douleur à l’appui Eviter toujours l’immobilisation => entraine enraidissement, amyotrophie, voire algo Prévention+++ Chez les sportifs de haut niveau => essayer de compenser au maximum pour éviter d’avoir un arrêt trop long La reprise d’activité est progressive : en fonction de la disparition de la douleur On va retrouver un niveau identique seulement au bout de 3 mois Chirurgie : fracture déplacée du métatarse ; au niveau du col fémoral ; os naviculaire. 9. Localisations les plus fréquentes Tibia : partie sup en regard du plateau tibial, au niveau de la métaphyse, surtout chez le jeune sportif ; au niveau inf 5 à 10 cm au dessus de la malléole interne, chez les jeunes coureurs o Traitement : de 4 à 6 semaines de décharge (la moitié du temps normal de consolidation) Fibula : juste au-dessus de la malléole externe, fréquemment chez les gens qui ont une activité de sauts, et les gens qui débutent une activité de course. Col fémoral : fracture retrouvée essentiellement chez les coureurs de longue distance, chez l’adulte jeune ; il faut interroger sur la quantité d’entrainement. Douleur mécanique, qui peut être inguinale profonde, dans la fesse, voire projeter au genou. Elle entraine une boiterie, et des douleurs à la mobilisation passive de la hanche. Métatarses : c’est l’une des fractures de fatigue les plus anciennes ; elles sont assez fréquentes, et touchent essentiellement les 3 rayons médians. La palpation est douloureuse++. o Traitement : décharge totale puis partielle, guérison en 3-4 semaines Calcanéum : chez les sauteurs ; elles peuvent être bilatérales. Talalgie ++ à la compression de part et d’autre de l’os (pincement). Les radios n’apportent pas grand-chose. o Traitement : décharge complète avec repos de 4 semaines Os naviculaire : notamment chez les sauteurs, et activités de type sprint. Fractures de bassin : notamment branches ischio-pubiennes => chez les coureurs de longue distance, mais diagnostic difficile, les examens cliniques n’apportent pas beaucoup d’intérêt. Spondylolyse : principalement chez les danseurs, gymnastes, judokas.