penserlaville - Espace Culture

Transcription

penserlaville - Espace Culture
n°
24
L e j o u r n a l c u l t u r e l d e l ' U n i v e r s i t é d e s S c i e n c e s & Te c h n o l o g i e s d e L i l l e
“La modernité est ce qui reparaît sous tous les étouffements”
Henri MESHONNIC - Modernité, Modernité - 1988
MAI
JUIN
ÉCHOS CITÉ...
Parution d’un nouvel ouvrage
dans la collection “Les Rendez-vous d’Archimède”
Projet étudiant : les médias en question
Image extraite du documentaire vidéo “Architecture et écriture,
2000 RÉFLEXION-DÉBAT
passerelles dans la ville” - détails p18-19
La Souveraineté
Pour une nouvelle culture urbaine
La ville à deux vitesses
PLATEFORME DES ARTISTES
Le Théâtre et la représentation de la guerre
Autour du labyrinthe
DOCUMENTAIRES
Vidéo
PRATIQUES ARTISTIQUES
Danse - Théâtre
À LIRE
Jean-Pierre Luminet
Hans-Georg Gadamer
DOSSIER n° 2 :
PENSER LA VILLE
L A V I L L E : E S PA C E E T L I B E R T É
P O U R U N E N O U V E L L E C U LT U R E U R B A I N E
LA VILLE RENOUVELÉE, UN DÉFI À RELEVER
QUELLE VILLE POUR DEMAIN ?
L E S P O L I T I Q U E S D E L A V I L L E D U C Ô T É D E S H A B I TA N T S
ADIEU BARNES
par Nabil el HAGGAR,
Vice-Président de l’USTL, chargé de la Culture
EDITO
Q
2
uand la constitution d'un État permet la
mise à mort d'un humain, même coupable, la barbarie est alors au sommet de l'État.
Quand la course aux exécutions capitales
dope "la bourse politique", le dégoût et la
révolte submergent alors la politique. Quand
la violence souveraine de la justice est génératrice d'une violence sociale, culturelle et
morale, aucun indicateur n'est alors en mesure
d'en évaluer la portée. Quand la démocratie
est incapable de faire face au mal politique,
la souveraineté est alors un mal à combattre.
La mise à mort d'Odell Barnes, survenue le
premier mars dernier au Texas, est une illustration parfaite de la quadruple "barbarie légitime". Celle
d'avoir ôté la vie à un homme, celle de n’avoir pas voulu
réviser un procès sur lequel le doute pesait lourdement, celle
d'un gouverneur pour qui la vie d'un homme ne fait pas le
poids face aux sondages et enfin la barbarie de la masse,
que l'on nomme “opinion”, qui soutient et encourage des
pratiques d'un autre âge.
Le cas Barnes, il faut plutôt dire l'exécution de Barnes, se
pose à nous et à notre conscience à un moment où le
politique et le bien commun sont à l'ordre du jour des
rendez-vous d'Archimède.
Tout d'abord, la peine de mort, c’est ôter, au nom de la
justice légitime et souveraine, la vie à un humain. Au-delà
de toute considération morale, cette justice met en scène
À part les classiques actes de résistance (par exemple le boycott des
entreprises qui sponsorisent la campagne électorale de G. Bush) et l'établissement d'un hypothétique rapport
de forces, ne faut-il pas inventer de
nouveaux principes et des mécanismes novateurs qui dépoussiéreraient
notre vieille Démocratie.
Cultiver la "Polis" et spiritualiser la politique : ce peut être une voie qui
permettrait de répondre à ce paradoxe qui met face à face majorité
et minorité.
le pouvoir suprême exécutant l'acte irréversible.
Ensuite, la transcendance de la loi à laquelle s'ajoute l'entêtement de
la justice, en Amérique ou ailleurs, conduisent à d'éventuelles erreurs
judiciaires. La vérité est supposée établie. L'irrévocabilité du jugement,
conduisant à des injustices irréparables, est une chose insupportable.
Enfin, le peuple est souverain en démocratie. Que signifie alors la
popularité de la peine de mort ? En effet, aucun dirigeant américain ne
se risquerait à surseoir à l’exécution d'un condamné sachant que 70% des
Américains sont pour la peine de mort !
Cela confirme, sur les plans politique et culturel, les faiblesses des grandes
Démocraties et leurs difficultés à évoluer entre représentation populaire
et progrès de la culture démocratique.
Par conséquent, que devient la Démocratie d'une majorité dans l'erreur
? Quels sont les moyens dont dispose la minorité pour faire évoluer le
positionnement collectif ?
Directeur de la publication :
Directeur de la rédaction :
Rédaction - Réalisation :
Dessins :
Réalisation - Impression :
Jacques DUVEAU
Nabil el HAGGAR
Isabelle KUSTOSZ
Delphine POIRETTE
Edith DELBARGE
Corinne JOUANNIC
Ulrika LOLLIOT
Rémy WALLE
Robert RAPILLY
USTL A3
ISSN : 1254 - 9185
Ont collaboré à ce numéro
Pierre BEHAGUE
Rudolph BKOUCHE
Jean-Paul DELAHAYE
Catherine LEFRANÇOIS
Michel PARREAU
Jean-François REY
PARUTION D’UN NOUVEL OUVRAGE EN MAI
2000
COLLECTION LES RENDEZ-VOUS D’ARCHIMÈDE
“L’ÉCOLE ENTRE UTOPIE ET RÉALITÉ “
Sous la direction de Rudolf BKOUCHE, professeur de mathématiques à l’USTL
et de Jacques DUFRESNE, directeur adjoint de l’EUDIL et membre du Cercle Condorcet de Lille.
L
es premiers débats sur l’Ecole eurent lieu en France vers 1760 après la fermeture des collèges tenus par les
jésuites. Depuis, ils n’ont jamais cessé d’exister, chaque époque essayant d’apporter des réponses quant à la
forme et aux modalités de l’enseignement, quant aux contenus des programmes et à la nature des publics
visés, quant aux missions de l’Ecole et au rôle de l’Etat.
Les idées des pédagogues, les propositions des politiques ne manquent pas et pourtant, depuis quelques
décennies, toutes les réformes de l’Education Nationale laissent un sentiment d’échec et donnent dans l’opinion
publique l’impression de ne pas être à la hauteur des défis à relever.
Le cycle de conférences sur l’Ecole, organisé dans le cadre des "Rendez-vous d’Archimède", a tenté d’éclaircir
ce paradoxe par une série de regards croisés sur la place des transmissions des savoirs, la démocratisation de
l’enseignement, les missions et les finalités de l’Ecole.
ÉCHOS CITÉ
Partie II : DÉMOCRATIE DE L’ENSEIGNEMENt
L’enseignement primaire supérieur de la troisième
République et la démocratisation de l’enseignement
par Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie
Gérer le pluralisme en éducation ?
par Jean Houssaye
Partie III : MISSIONS ET FINALITÉS DE L’ÉCOLe
Les valeurs à l’école
par François Dubet
Citoyenneté et laïcité
par Joël Roman
La laïcité aujourd’hui
par Jean Bauberot
S
OMMA IR
e
Partie I : LA PLACE DES TRANSMISSIONS DES SAVOIRs
La place des savoirs à l’école et leur transmission
par Catherine Kintzler
Enseigner n’est pas une science ; enseigner est un art
par Danièle Sallenave
Sur quelles valeurs communes l’entreprise et l’école
peuvent-elles se retrouver ?
par Bertrand Schwartz
3
S o m m a i r e
3-5
ÉCHOS CITÉ
6-7
RÉFLEXION-DÉBAT
8
PLATEFORME DES ARTISTES
9-16
DOSSIER N°2 : PENSER LA VILLE
17
À LIRE
18-19
DOCUMENTAIRES
20-21
PRATIQUES ARTISTIQUES Les ateliers s’affichent 2000 - 2° partie
22-23
À LIRE
Collection Les Rendez-vous d’Archimède : nouvelle parution
Projet Étudiant : les médias en question
Jean-Pierre Luminet
Architecture et écriture, passerelles dans la ville
Hans-Georg Gadamer
FORUM FNAC à Lille
à l’occasion de la sortie de l’ouvrage
“EMPLOI ET TRAVAIL : REGARDS CROISÉS”
en présence de Jacques DUVEAU,
Jeudi 11 MAI 2000 président de l’USTL,
à 17h30
Nabil el HAGGAR, Vice-président de l’USTL,
EntrŽeLibre
chargé de la Culture et
Jean GADREY, directeur de l’ouvrage et
économiste à l’USTL
Collection “Les Rendez-vous d’Archimède”
EMPLOI ET TRAVAIL regards croisés
SPIRITUALITÉS DU TEMPS PRÉSENT fragments d’une analyse, jalons
pour une recherche
ALTÉRITÉS
entre visible et invisible
ÉCHOS CITÉ
LA MÉDITERRANÉE DES FEMMES
Ces ouvrages sont en vente à l’USTL Culture
et à la FNAC et à votre disposition à la
Bibliothèque Universitaire de l’USTL
QUESTIONS DE DÉVELOPPEMENT
Entrée libre
26 avril et 10 mai
Tarifs préférentiels
Avec le soutien de l’USTL Culture,
du service Vie Sociale de l’Étudiant
et du CROUS de Lille.
Les médias
en question
nouvelles approches et enjeux
étudiants de l’USTL
A.C.C.E.S.
Conférences
Cinéma
représentations et concepts de la nature
LE GÉOGRAPHE ET LES FRONTIÈRES
le s p r o je t s
3 et 4 mai
4
ENVIRONNEMENT
D
Association pour la Culture et le Contact des Étudiants
en Sociologie - Elise Carton, Mathieu Cooren, Philippe Van Assche,
étudiants en sociologie.
Idées à coudre
Association dont le but est de partager et discuter
des informations et des réflexions utiles pour bâtir le
monde dans lequel nous pourrions tous nous épanouir
Jessy Cormont, étudiant en histoire/sociologie à Lille III
Florent Jardoux, I.E.P. prépa.
epuis les années 60,
l’activité de journaliste s’est professionnalisée. Comme dans tout processus
de ce type, elle a cherché à trouver l’indépendance
indispensable à la légitimité sui generis de la construction
de son identité. Cette quête devait aboutir à une distanciation nette avec les organes politiques qui autrefois
bâillonnaient l’exercice du métier. Or, si le cordon ombilical fût officiellement coupé, le bébé semble plus que
jamais présent dans les entrailles du système. Les liens
entre les médias dominants et la politique n’ont pas disparu, bien au contraire, ils y ont simplement changé de
nature et les premiers ont pris une place de choix au
sein d’un réseau de pouvoir qui s’est fortement complexifié. Dans cette configuration réticulaire, les journalistes
les plus populaires jouent le rôle pernicieux de metteur
en scène de la vie publique, rôle clef dans une société
démocratique où le pouvoir passe par des luttes symboliques, celles de "faire voir" ou de "faire croire" à un monde
tel qu’on le perçoit ou qu’on le désire. La grande perversité de cette position de force réside paradoxalement
dans son apparente modestie, celle de n’être
que la simple vitrine de la réalité, celle de l’illusion
d’une réalité telle qu’elle est et non telle que les
rapporteurs la perçoivent. Sous couvert d’analyse
objective, certains journalistes et leurs sous-fifres
paraissent aux yeux du monde distiller des informations neutres de tous points de vue (ils seraient
donc les seuls à posséder ce pouvoir tant recherché dans les sciences, particulièrement dans les
sciences humaines et sociales !). Par un tour de
main incroyable, ils ont réussi à faire croire à une
majeure partie de la population que la réalité des
faits transcende leurs discours, oubliant au passage que dire quelque chose de quelque chose,
c’est déjà dire autre chose et que la façon de
le dire produit déjà du sens. En avoir conscience
est la condition sine qua non de l’objectivité
tant recherchée. Or les journalistes des médias de
grande diffusion ne semblent pas prêts à discuter
de leurs positionnements par rapport à l’information qu’ils divulguent, se satisfaisant de leur statut
de "Mahomet du fait social" qu’ils se sont octroyé.
Sans incriminer tous les journalistes, ni toutes les
formes de journalisme - au contraire - nous voudrions nous interroger sur certaines pratiques. Plus
généralement, nous aimerions porter une analyse
critique sur ce nouveau réseau dirigeant (diri-giste
?) qui, "sans scandale ni trompette", nous livre sa
propre vision du monde devenue, par la force
des choses, celle du plus grand nombre et en
dehors de laquelle il s’impose qu’il n’existe point
de salut. La démocratie, le pouvoir du peuple,
cette quête incessante ne subit-elle pas, à travers
ce système économico-politico-médiatique, une
atteinte d’un nouveau type qui, une fois encore,
nous ferait subrepticement nous tourner vers
l’obscure démagogie, cet art de mener le peuple particulièrement en captant sa faveur.
- Faire l’opinion
1
Philippe Van
Assche ,
étudiant en
sociologie à l’université de Lille I
Contacts : A.C.C.E.S. - Salle 027 (bât. SH2)
Tél : 03.20.33.64.02 - permanences :
entre 12h00 et 14h00 le mardi et le jeudi.
Idées à coudre
Tél : 03.20.91.27.08 (Jessy).
CINÉMA
Il y sera discuté l’hypothèse de Patrick Champagne selon
laquelle : "ce qui existe en réalité ce n’est pas l’opinion
publique ni même l’opinion mesurée par les sondages
d’opinion mais en fait un espace social dominé par un
ensemble d’agents".
Jeudi 4 mai 2000 (lieu à préciser)
Vidéoconférence sous forme de dialogue avec le public
par Jean-Pierre Di Gacomo, psychologue en psychologie
sociale à l’université de Lille III. A partir d’un documentaire
vidéo canadien sur la guerre du Golfe intitulé "Vendre une
guerre".
5
Mercredi 26 avril 2000 - Cinéma Le Kino (Lille 3)
18h30 Pas vu pas pris de Pierre Karles
20h30 The big one de Michaël Moore
Mercredi 10 mai 2000 - Cinéma Le Méliès (V. d’Ascq)
Roger et moi de Michaël Moore
Projections suivies d’un débat avec la salle.
CONFÉRENCES
Mercredi 3 mai 2000, 18h30
Amphi Archimède, bât. M1, Cité Scientifique
Conférence-débat avec Patrick Champagne, sociologue
à l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales et Eric
Massé, sociologue, chercheur au CADIS et maître de conférence à Paris III.
- La manipulation médiatique des émotions
Afin de divulguer des outils adaptés pour une
analyse de cette question préoccupante et
de faire prendre conscience du pouvoir pernicieux des médias dominants, nous avons organisé plusieurs
rendez vous
dont la liste,
encore indicative, est livrée
ci-dessous.
ÉCHOS CITÉ
Cette situation, dans le contexte des réseaux de
connivence dont nous avons parlé, induit insidieusement des mécanismes d’autocensure. Ces derniers contribuent à construire des interprétations
univoques des réalités sociales complexes qui nous entourent à travers, entre
autres, des
catégories de classement homogènes
et exhaustives. Ils
fabriquent ainsi,
selon un cercle
herméneutique relativement inébranlable, des schèmes
de perception souvent simplificateurs
où viendront s’imbriquer sans peine des
analyses de discours
politiques, de faits
sociaux, de mesures
économiques, devenues objectives à
l’intérieur de structures mentales, alors partagées par le plus grand
nombre. N’y a-t-il pas alors un véritable risque de
manipulation ?
- Les nouveaux chiens de garde
2
(Lieu et date à préciser)
Conférence de Serge Halimi, journaliste au Monde diplomatique suivi d’un débat avec la salle.
"Les médias français se proclament "contre-pouvoir". Mais
la presse écrite et audiovisuelle est dominée par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivence. Alors, dans un périmètre idéologique minuscule,
se multiplient les informations oubliées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices,
les services réciproques. Un petit groupe de journalistes
omniprésents (et dont le pouvoir est conforté par la loi du
silence) impose sa définition de l’information-marchandise
à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte
du chômage. Ces appariteurs de l’ordre sont les nouveaux
chiens de garde de notre système économique."
1 - Titre du livre de Patrick Champagne, “Faire l’opinion. Le nouveau
jeu politique”. Éd. de minuit, Le sens commun 1990, d’où est issue la
citation.
2 - Titre du livre de Serge Halimi, “Les nouveaux chiens de garde”. Éd.
Liber-raison d’agir, 1997, d’où est issue la citation (page de garde).
RENDEZ-VOUS D’ARCHIMÈDE
CYCLE
LE POLITIQUE :
ENJEUX PARTAGÉS
Cité Scientifique, Bât M1, Amphi Archimède
EntrŽeLibre
LA SOUVERAINETÉ
RÉFLEXION-DÉBAT
Mardi 2
MAI
2000 à 18h30
AVEC Blandine BARRET-KRIEGEL, professeur des Universités, professeur de philosophie politique
et morale - Université de Paris X Nanterre, auteur de “L’Etat et les Esclaves”, éd. Payot, 1989.
Conférence animée par Nabil el HAGGAR, vice-président de l’USTL.
"La souveraineté articule une triple
conception de l'État : l'indépendance
extérieure, la consistance intérieure, la
transcendance de la loi" (...) "Absolu,
le pouvoir souverain est toujours limité.
Faute de quoi, aux yeux des plus
statolâtres, la souveraineté serait une
seigneurie" (...)
6
Eugène Delacroix : La liberté guidant le peuple (1830)
"La toute puissance de l'État est donc intentionnelle, elle concerne le droit et la constitution
d'un pouvoir soumis au droit. Plus durable que telle ou telle limite de la souveraineté est la
limitation même de l'État par la loi et pour commencer par les droits individuels"1.
Cette conférence nous permettra de situer les limites des pouvoirs souverains dans le débat
sur la Démocratie aujourd'hui, ses acquis et ses faiblesses, d'une part, et dans un contexte
mondial globalisant d'autre part.
1
Extrait de “L’Etat et les Esclaves”.
RENDEZ-VOUS D’ARCHIMÈDE
CYCLE
PENSER LA VILLE
Cité Scientifique, Bât M1, Amphi Archimède
EntrŽeLibre
POUR UNE NOUVELLE CULTURE URBAINE :
LES EXPÉRIMENTATIONS CONTEMPORAINES
MAI
2000 à 18h30
AVEC Antoine BAILLY, professeur à l’Université de Genève, président du comité suisse de
l’Union Géographique Internationale, auteur de “Voyage en géographie”, éd Anthropos,
1999 et Jean-Yves BOULIN, chargé de Recherche au CNRS, Institut de Recherche et
d’information socio-économique - Travail et société, Université Paris-Dauphine.
Table ronde animée par Didier PARIS, responsable du DESS “Ville et Projets”, directeur de l’UFR de
géographie, Université des Sciences et Technologies de Lille.
Des lieux et des cultures : une nouvelle culture urbaine émerge ces récentes années dans les villes
occidentales, en particulier dans les espaces publics réappropriés par les citadins.
Comment s’y déroulent les interactions sociales, par quels groupes sont-elles menées, quels lieux
privilégient-elles, peut-on influencer ces formes d’urbanité ? Autant de questions à aborder pour
comprendre comment les nouvelles représentations de la ville contribuent à des pratiques urbaines
renouvelées et à l’émergence des valeurs de la société contemporaine.
RÉFLEXION-DÉBAT
Mardi 9
LA VILLE À DEUX VITESSES :
LA POLITIQUE DE LA VILLE EN QUESTION
Mercredi 24
MAI
2000 à 18h30
AVEC Jean-Pierre SUEUR, Maire d’Orléans, auteur de “Demain la Ville”, documentation française,
1998 et Dominique DUPREZ (IFRESI), auteur de “Genèse des inadaptations : le cas des restructurations
urbaines”, CTNERHI, 1986 et de “Le mal des banlieues ? Sentiments d’insécurité et crise identitaire”,
L’Harmattan, 1992.
Table ronde animée par François-Xavier ROUSSEL, directeur d’études à la SCET Nord Pas-de-Calais, Société Centrale
pour l’Équipement du Territoire.
Ceux qui s’intéressent à la ville n’auront pas manqué, s’ils sont de notre région, d’entendre parler depuis quelques
années de la "ville renouvelée", s’ils suivent l’actualité nationale sur la ville, de lire et d’entendre depuis deux
ans le terme de renouvellement urbain. L’axe fort d’une politique sur la ville devient, pour une bonne part, le
renouvellement urbain.
Est-ce une construction théorique, une nouvelle mode, une nouvelle école, une politique vraiment nouvelle ?
7
ECHANGES ET DISCUSSIONS
PLATEFORME DES ARTISTES
autour des points forts
de la programmation de nos partenaires culturels
Bâtiment des Thèses (face à la B.U.)
Cité Scientifique - Villeneuve d’ascq
Autour du labyrinthe
par Jean-Michel RABEUX, metteur en scène,
8
écrivain en résidence à la Rose des Vents
Jeudi 18
MAI
2000 de 18h30 à 20h00
P
arfois, je fais des spectacles dont la
matière première n’est pas le texte
mais le plateau lui-même. Je compose
des situations à partir d’un thème, je
les agence entre elles comme l’auteur
agence les mots sur sa feuille de papier.
Le plateau devient notre feuille de
brouillon, avec ratures, surajouts, pannes d’inspiration et découvertes bouleversantes. Cette fois, le thème de
départ, l’histoire, le conte, le rêve, le
mythe, le spectacle donc, c’est
LE LABYRINTHE.
Leparthéâtre
et la représentation de la guerre
Yannick MANCEL, conseiller littéraire et artistique au Théâtre du Nord
Jeudi 25
L
MAI
2000 de 18h30 à 20h00
a guerre hante l’histoire du théâtre depuis ses origines. Des Perses
d’Eschyle ou de Lysistrata d’Aristophane à des auteurs d’aujourd’hui
comme Genet, Vinaver ou Bond, en passant par Shakespeare, Corneille
ou Brecht, la guerre irrigue la fiction des oeuvres dramatiques à travers
les âges. Figure du conflit dialectique ou du destin tragique, elle défie
les limites de la représentation et se trouve au coeur de la polémique
contemporaine sur l’éventuelle irreprésentabilité de l’horreur et de la
barbarie.
“La modernité est ce qui reparaît sous tous les étouffements”
Henri MESCHONNIC - Modernité, Modernité - 1988
n°
24
DOSSIER
n° 2 :
MAI
JUIN
2000
PENSER LA VILLE
”L’air de la ville rend libre” : le
vieil adage médiéval résonne aujourd’hui
de manière provocatrice. Pour beaucoup,
la ville est devenue symbole d’aliénation.
Quant à son air, il connote désormais l’idée
de pollution… Les vertus de la ville ne semblent plus susciter que le doute.
LA VILLE
espace et liberté
par Alain CAMBIER
de la ville-œuvre à la
ville zone
L
a commune
médiévale était
pourtant une villeœuvre, fière de son
autonomie administrative et économique,
jalouse de ses innovations sociales, soucieuse du bien commun. Les corporations
faisaient office de système d’intégration et
permettaient d’éviter
l’exclusion sociale 1.
L’assemblée des bourgeois en parlement
manifestait son avancée politique qui se
traduisait par son sens
de la coopération,
des obligations contractuelles et la réciprocité des devoirs et
des droits.
L’esthétisation de la
vie quotidienne était
Les images de ce dossier sont extraites du documentaire vidéo
rendue possible grâce
“Architecture et écriture, passerelles dans la ville” - détails p 18-19
à des investissements improductifs qui entretenaient, par exemple, le sens de la fête collective.
Dans les régions du Nord, le beffroi – de Bergfrid :
qui garde la paix – symbolisait l’insolence de ces villes prospères et libres, alors que les campagnes subissaient le
joug du servage. Mais aujourd’hui la ville-œuvre a fait place à la ville-zone. Le mur d’enceinte - dont la signification
se retrouve dans les étymologies de "polis", de "urbs" ou de "town" - qui marquait le clivage entre la ville et la
campagne, a disparu.
...
La zone désigne désormais un tissu réticulaire où les banlieues semblent expier leur mise au ban de la société, à
mille lieues de l’esprit d’urbanité, confondant licence et liberté.
Remerciements à Alain CAMBIER, Antoine BAILLY, François-Xavier ROUSSEL, Philippe LOUGUET et Dominique DUPREZ qui ont participé
à l’élaboration de ce dossier.
la ville condition de la cité
...
De conurbations en rurbanisations, nous
n’avons plus affaire qu’à des agglomérations
étranges sans dedans et sans dehors, qui ne
sont ni la ville, ni la campagne. Tour à tour
Minotaure ou Sphinx, la ville ne semble plus être
qu’un monstre hybride dont le labyrinthe est luimême le lieu de l’énigme. Dans la mégapole
dérélictionnelle, nous semblons ramenés à l’errance originaire. Ainsi, la ville semble dénaturée
dans son principe. Mais n’est-il pas présomptueux de présupposer une essence de la ville
?
le non-lieu
de la ville
Certes, la ville
n’est pas encore
la cité : "Les maisons font la ville
mais les citoyens font la cité" écrivait Rousseau 2, en reprenant Bodin
3
. Pourtant la ville a toujours d’abord
été la condition fondamentale de
l’émancipation de l’homme. Toute
ville est fondée sur un principe
d’u-topie, au sens étymologique
du terme, c’est-à-dire de négation
du lieu. La ville est le résultat
d’une disjonction fondatrice entre l’espace et le
sol. L’originalité paradoxale
de la ville est d’établir un
espace de vivre-ensemble,
indépendamment du lieu.
La révolution Clisthénienne
avait ainsi défini, à Athènes,
un nouvel espace circulaire et homogène, autour d’un centre commun :
l’Agora, qui avait permis de développer la démocratie. Toute ville repose
sur un principe de soustraction de
l’homme au despotisme du terroir, déterminé par le sang
et le sol. L’arrachement au lieu marque ainsi la fin du
déterminisme du lignage clanique, condition essentielle
de l'assimilation du citadin au sein de la ville. La ville
émancipe l’homme par son pouvoir d’il-location ou de
dislocation du lieu. En Occident, la ville fut essentiellement un rassemblement de personnes étrangères au lieu.
La ville arrache l’homme à
la soumission au topos pour
l’installer dans un espace de liberté. En permettant
le rassemblement des hommes, les villes sont la condition matérielle nécessaire pour créer un espace d’apparence où les hommes ne sont reconnus dans leur
identité que dans la mesure où ils s’exposent au milieu
des autres, à travers leurs actes et leurs paroles. Les
constructions qui caractérisent la ville constituent un
entre-deux qui, à la fois, nous relient les uns aux autres
tout en nous séparant, pour nous permettre de nous
distinguer. A l’opposé du clan fusionnel qui nous
empêche de nous différencier, la ville offre la possibilité de vivre au milieu d’une pluralité d’individus autonomes. Comme l’a souligné Hannah Arendt, "la fondation des villes, qui en tant que cités sont demeurées
exemplaires pour l’organisation politique occidentale,
est bien par conséquent la condition la plus importante de la puissance" 4. Il faut que les hommes vivent
suffisamment près les uns des autres pour qu’ils ressentent la puissance de la vie collective qui augmente
leurs possibilités d’action. Parce qu’en ville les individus
entre eux constituent un espace d’apparence, ils se
rendent plus puissants qu’ils ne le sont naturellement.
A Rome, les cives – les citoyens - étaient eux-mêmes
la condition de la civitas, qui ne faisait alors que refléter leur relation de mutualité et dont la structure croisée en cardo et decumanus pouvait être reproductible à l’infini.
les limites de la ville abstraite
Le principe de soustraction au local s’est traduit dans
la construction des villes par la conquête de cet élément volumétrique nouveau qu’est la verticalité. De
la tour de Babel aux gratte-ciel de Manhattan, la
ville s’émancipe des pesanteurs de la surface pour
s’édifier en altitude. La ville cosmique de Xénakis 5
serait l’expression ultime de cette prétention à vouloir
monter à l’assaut du ciel. Mais le risque de cette
fuite en avant dans l’u-topie est de faire croire que
nous pourrions nous épanouir dans un univers abstrait,
peuplé d’hommes sans qualité.
Les villes à la Descartes 6 comme Le Richelieu - aux
confins de la Touraine et du Poitou - témoignent des
excès de la géométrisation à outrance de notre environnement urbain. La ville est réduite à n’être que
l’incarnation d’une Idée : à défaut d’être idéale, elle
n’est qu’idéelle. Comme la ville d’Amoraute avec
Thomas More, la ville n’est plus d’abord qu’un projet
qui naît dans l’esprit d’un homme ou de quelques
hommes. Les villes qui ne sont que le fruit de l’entendement abstrait poussent à son paroxysme le déracinement de l’homme et chacun n’est plus renvoyé
qu’à sa grégaire solitude. Urbanistes et architectes
technocratiques ont oublié alors que l’espace n’est
pas un milieu dans lequel on se trouve, mais plutôt un
moyen pour s’orienter. Dès lors, la ville abstraite peut
effectivement devenir source d’aliénation, parce
qu’elle escamote notre être-au-monde.
les hétérotopies
de la ville
La ville offre la possibilité de se distancier visà-vis des rythmes de la nature qui régissent
les êtres. A la campagne, le temps reste
soumis aux cycles de l’espace cosmique. A l’inverse, l’espace urbain devient plutôt l’expression d’une temporalité inédite : celle de l’historicité de l’homme. L’irruption de la temporalité humaine est ainsi la raison profonde de
cette contestation du lieu si caractéristique de
la ville. Les emplacements urbains constituent
un espace symbolique surchargé des significations que suscitent les soubresauts de l’existence humaine. La ville rend sensible à l’homme
qu’il est l’acteur du sens de son existence.
C’est dans le rejet de l’adhésion têtue au lieu
que peut surgir la conscience de l’historicité de
l’existence humaine. Parce qu’elle aménage
notre être-au-monde, la ville articule notre temporalité privée sur l’histoire publique. Elle libère
parce qu’elle nous ouvre à un temps spécifiquement humain. C’est pourquoi, la ville peut
légitimement revendiquer son droit de cité.
1 - Hegel, Principes de la philosophie du droit, § 252.
2 - Rousseau, Du contrat social, I, 6, note.
3 - Bodin , Les six livres de la République, I, 6.
4 - Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, V.
5 - Iannis Xenakis, Musique et architecture.
6 - Descartes, Discours de la méthode, deuxième partie.
7 - Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, IV.
8 - Michel Foucault, Des espaces autres, in Dits et écrits, IV.
Hannah Arendt : Condition de l’homme moderne, IV, V
Éd. Pocket, 1992
Jean Bodin : Les six livres de la République, I, 6
Éd. Confluences, 1999
Michel Butor :L’emploi du temps - Éd. Minuit, 1995
René Descartes : Discours de la méthode, II
Éd. Hatier, 1999
Michel Foucault : Des espaces autres, in Dits et écrits, IV
Éd. Gallimard, 1994
Georg Wilhelm Friedrich Hegel : Principes de la philosophie
du droit, III - Éd. Flammarion, 1999
Henri Lefebvre : Le droit à la ville
Thomas More : Utopia - Éd. Ellipses, 1998
Lewis Mumford : La Cité à travers l’histoire - Éd. Seuil, 1972
Jean-Jacques Rousseau : Du contrat social, I, 6
Éd. Hatier, 1999
Jean-Pierre Vernant: Espace et organisation politique en
Grèce ancienne, in Mythe et pensée chez les Grecs
Éd. La Découverte, 1996
Iannis Xénakis : Musique et architecture - Éd. Séguier, 1996
Max Weber : La Ville, extrait in Économie et Société
Éd. Aubier, 1994
bibliographie
Car si la ville rompt avec la
dictature du local, si elle est bien un artefact, elle ne
s’édifie légitimement que pour nous ouvrir un monde
où nous pouvons nous retrouver ensemble, sans nous
confondre. En ce sens, l’Urbs est bien Orbs. La ville est
"cette demeure non-mortelle des hommes mortels" 7
qui doit leur permettre de faire dépendre le sens de
l’existence humaine d’une histoire individuelle et collective, plutôt que des lois despotiques de la nature.
Les villes humaines ne sont plus alors celles qui abolissent totalement les lieux, mais celles qui leur font exprimer notre historicité. Ainsi un lien critique s’instaure
entre le citadin et le lieu. Foucault opposait les hétérotopies aux utopies 8 : il désignait par cette expression
des lieux réels, mais qui ont pour fonction de représenter d’autres lieux. L’hétérotopie est un emplacement
critique puisqu’elle invite sans cesse au déplacement
symbolique. Or, les hétérotopies des villes opèrent un
hiatus entre le lieu et l’espace où vient se glisser
l’expérience de la temporalité. Les hétérotopies nous
dépaysent nécessairement parce qu’elles projettent
sur l’espace urbain l’historicité de l’homme : la bibliothèque, le musée, ou les monuments témoignent de
notre historicité culturelle, de notre longue durée ;
le cinéma et le théâtre nous arrachent au rythme
du temps institué pour nous faire croiser des destins
anachroniques ; le jardin public met en scène ironiquement le temps des saisons ; le cimetière, l’église
et l’hôpital aiguisent notre conscience existentielle ;
quant à la rue, elle apparaît non seulement comme
un espace de circulation, mais aussi de manifestation
où peut se jouer l’histoire "kaïrétique" de luttes politiques décisives ; enfin la place publique n’est pas que
le carrefour de l’échange marchand, mais aussi le
creuset où se forge le jugement critique de l’opinion
publique. Ainsi, l’espace de la ville est taraudé par le
temps historique.
un espace historicisé
pour une nouvelle
CULTURE URBAINE
par Antoine Bailly
Du local
au global
C
omme l'écrit M. Serres,
“notre relation avec le
monde a changé. Avant elle
était locale-locale ; maintenant elle est localeglobale”. La globalisation nous fait découvrir
une autre citoyenneté, une nouvelle culture :
celle d'un Monde que l'on peut voir à travers
les images satellites, d'un monde de la vitesse
et du déplacement.
Par contraste, le local se résume souvent au
moi, à l'individualité, d'où la difficulté de maintenir comme valeurs culturelles des citoyennetés locales. Globalisation et fragmentation sont
des termes d'une dialectique nouvelle entre le
général et le particulier. On ne peut plus se
contenter d'une vision localiste car le monde
est partout présent, pas plus qu'on ne peut, sous
prétexte de globalisme, simplifier aveuglement
notre conception du monde. La citoyenneté
ne peut plus être exclusivement celle de l'Etat
Nation. D'ailleurs l'Etat providence s'essouffle et
souvent c'est le libre-échange dans le cadre du
libéralisme économique qui sert de référence à
la politique des Etats. Mais, au même moment,
émergent des demandes pour de nouvelles
valeurs fondées sur des idéologies identitaires,
puisant souvent leur inspiration dans l'histoire
des peuples. Le temps des architectures locales
apparaît corrélativement à la mise en place
du système-monde. On évoque de nouveaux
systèmes de citoyenneté fondés sur des avantages locaux et une nouvelle gouvernance à
l'échelle locale.
S'agit-il d'un modèle transitoire ou d'une prise de conscience durable ? La question des cultures locales et des
enjeux géopolitiques qui en résultent est au centre de
débats au sein de nombreux pays et de nombreuses
métropoles.
PENSER LA VILLE
Rendez-vous d’Archimède
Mardi 9 Mai : Pour une nouvelle Culture Urbaine,
les expérimentations contemporaines
avec Antoine Bailly, Jean-Yves Boulin et Didier Paris
Mardi 23 Mai
La Ville à deux vitesses
avec Jean-Pierre Sueur, Dominique Duprez
et François-Xavier Roussel
Une mobilité
généralisée
Aujourd'hui la mobilité s'est généralisée, mobilité des hommes, des
informations, des biens et des services. D'où l'idée
de mondialisation qui s'oppose à l'ancrage territorial
; d'où aussi le concept de citoyenneté fluide, lié à
la résidence et non à la naissance. Mais, dans ce
monde en mouvement, la réalité de la résidence ne
disparaît pas : les cadres de vie sont plus évolutifs dans
des localisations changeantes où l'homme acquiert
de nouvelles connaissances. Dans chaque ville, le
migrant va redécouvrir un passé, une mémoire collective. La conscience par la découverte du lieu va
se substituer à la conscience du lieu, générant de
nouvelles formes de citoyennetés.
Ainsi va le changement des valeurs et des découpages du monde. Quel type de culture privilégier et
selon quelles cohérences ? La régulation évolutive du
monde illustre la substitution des systèmes de référence
et les changements institutionnels. De l'Etat naturel
à l'Etat Nation, aux Communautés supra-nationales,
au système-monde, aux nouveaux régionalismes et
aux nouvelles régions métropolitaines, l'architecture du
monde s'est profondément modifiée. La ville devient
le creuset de nouvelles cultures ; aux politiques locales
de les appuyer.
Des politiques culturelles locales
Un volet particulièrement important dans les politiques
urbaines concerne ses aspects sociaux et culturels,
souvent mis au deuxième plan derrière des logiques
économiques et budgétaires. Dans des sociétés urbaines où le rôle de la famille s'estompe, et où l'appartenance communautaire est remplacée par des réseaux
fonctionnels, les politiques sociales et culturelle jouent
un rôle majeur dans la lutte contre l'exclusion et la
valorisation des identités locales.
Pour favoriser la coopération sociale et culturelle au
niveau des quartiers, la gestion peut-être faite par le
bas (au niveau du quartier) ou par le haut (au niveau
métropolitain) : valorisation locale pour l'intégration au
niveau du quartier, valorisation du métropolitain pour
créer une qualité de vie et une image urbaine positive
dans un ensemble cohérent. Il s'agit dans chaque
cas de prendre en compte la dimension territoriale
des politiques, d'intégrer l'ensemble des acteurs à des
échelles géographiques différentes et de prévoir les
politiques en termes d'équité et de durabilité. Au lieu
d'une gestion verticale descendant des élus et de
l'administration vers les citadins, les politiques sociales
et culturelles peuvent être assises sur la vitalité du local
et associer la société civile à l'action publique. Dans
cette perspective, ces politiques locales jouent un rôle
moteur sur le dynamisme social et l'intégration des
citadins dans le corps urbain.
LA VILLE RENOUVELÉE
un défi à relever
C
eux qui s’intéressent à la ville n’auront pas manqué, s’ils sont de notre région, d’entendre parler
depuis quelques années de la "ville renouvelée", s’ils suivent l’actualité nationale sur la ville,
de lire et d’entendre depuis deux ans le terme de
renouvellement urbain. L’axe fort d’une politique sur la
ville devient, pour une bonne part, le renouvellement
urbain.
Est-ce une construction théorique, une nouvelle mode, une nouvelle école, une politique vraiment
nouvelle ?
En fait, rien vraiment de tout cela si on prend la peine
d’en rappeler l’origine, d’en rappeler l’argumentaire
de départ puisque cet argumentaire est local, qu’il a
été défini à partir du cas de la métropole lilloise.
L’idée de la ville renouvelée se fonde sur
une observation fine et approfondie des processus
d’évolution de nos villes, des leçons aussi qu’il devenait possible de tirer d’une quinzaine d’années de
"politiques de la ville". Les constats étaient les suivants
: la situation de certains quartiers, en fait de véritables
"morceaux de ville" si on s’intéressait au secteur de
Roubaix, - situation économique, sociale et urbaine
- est durablement très dure et les contrastes avec le
reste de la métropole s’aggravent, d’autre part, cette
aggravation se produit alors même que les efforts
publics pour y remédier ont été importants. Tout se
passe comme si nous étions dans une sorte de coursepoursuite dans laquelle la spirale de la déqualification,
de la dégradation et du marquage était plus fort
que les processus de requalification et de traitement.
Cette évolution n’est plus tolérable. Il ne suffit plus de
changer les pansements, il faut penser le changement.
Et le changement, c’est de vouloir conduire une
véritable entreprise de transformation, économique,
sociale et urbaine, c’est de débloquer les territoires
qui ne se renouvellent plus, qui se renouvellent mal : il
faut faire "la ville renouvelée", il faut faire un effort net,
rapide, efficace pour renouveler ce qui est obsolète,
ce que les gens refusent, ce qui n’est plus adapté
et parallèlement, et ce n’est pas le moindre, il faut
renouveler nos pratiques, nos logiques, nos manières
de faire trop tournées vers l’extension urbaine, vers des
politiques sectorielles, verticales, centralisées.
Cet argumentaire qui colle bien à la réalité
des villes du Nord a trouvé force écho dans beaucoup
de villes de notre pays. En effet, bien des évolutions
: gestion économe des ressources, désindustrialisation
laissant des friches en tissu urbain, marquage très fort
de l’image négative de certains territoires, demande
et donc marché de plus en plus sélectif en terme de
qualité urbaine... et sociale, enseignements de certaines actions menées qui ont pu conférer à l’acharnement thérapeutique changent la donne. L’intérêt pour
s’occuper du tissu urbain existant, du tissu urbain qui
a quelques difficultés à se renouveler (et on en trouve
dans beaucoup de villes) s’accroît ; le renouvellement
urbain devient un point de passage majeur de toute
politique sur la ville et il faut s’en réjouir !
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Faire et
surtout réussir la ville renouvelée, c’est être exigeant.
par François-Xavier Roussel
Si tous les champs de betterave sont semblables, les villes existantes et notamment les
morceaux de ville qui ne fonctionnent plus ou
qui fonctionnent mal sont tous différents, ont
chacun une part importante de particularités
et ont besoin d’un traitement adapté, ajusté.
En outre, il s’agit souvent de rattraper rapidement, à la vitesse de notre époque, un niveau
de qualité, d’équipement, de service urbain,
d’image, de recréer un marché qui s’est évanoui, d’anticiper sur un marché, il s’agit donc
de mener à bien et fortement un investissement
public recréant un processus de création de
valeur, recréant un marché, une dynamique
positive. Un tel effort a besoin de s’inscrire
dans une politique d’ensemble à l’échelle de
l’agglomération et de bénéficier des solidarités
des échelles supérieures.
Tout ceci suppose quelques fortes conditions de
réussite :
- Qu’existe enfin un vrai pouvoir d’agglomération aux compétences larges, en charge de
tout le champ d’une politique pour la ville (l’Etat
gardant ses compétences régaliennes) et cela
suppose (le plus tôt sera le mieux) une autorité
d’agglomération élue au suffrage universel. La
deuxième phase de la décentralisation n’a que
trop tardé !
- Qu’aux échelles locales, on mette en oeuvre et
on pratique aux différentes échelles, sous la responsabilité des élus et avec l’appui de l’Etat et
des autres acteurs de la ville, une vraie logique
de projets (pensés, affichés, débattus, suivis,évalués), où
la transversalité, la globalité, l’interface, la synergie seront
une grille d’entrée indispensable.
- Qu’on révise fortement notre cadre institutionnel, législatif, financier au regard des enjeux urbains de notre
temps, cadre dépassé. Quelques pas vont dans ce
sens (lois récentes : Voynet, Chevénement, solidarité
et renouvellement urbain) : ces pas sont encore bien
timides.... et comme plus globalement, pour la réforme
de l’Etat, il faudra encore plus d’un coup de boutoir pour
que la marche se fasse au bon rythme !
PENSER LA VILLE
Illustrations
Mardi 26 Avril : Ciné dej
Des cinéastes dans la ville
Mercredi 3 Mai : Documentaires vidéo
Architecture et Écriture
QUELLE VILLE
pour demain ?
par Philippe Louguet
L
a mutation qu'a entraînée le développement de la grande distribution en périphérie
des villes, ainsi que les migrations quotidiennes
habitat-travail, ont opéré un changement dans
la structure même des tissus urbains. Le modèle
centre-périphérie est désormais en tension
constante avec le système multipolaire.
Les villes traditionnelles tendent à redéfinir leur rôle au sein de ce processus, en spécialisant leur système commercial en miroir de
celui des grandes surfaces.
Il est clair que l'évaluation du phénomène
urbain ne peut plus désormais se contenter des
limites administratives d'une ville, ces limites ne
sont plus signifiantes, du fait du phénomène de
dilatation urbaine.
Le concept de ville multipolaire évoque
bien un tel dépassement : la ville serait constituée des lieux de condensation de l'activité,
qu'il s'agisse des centres des villes anciennes
ou des centres émergents, voire des zones de
résidence ; les déplacements de pôles à pôles
constitueraient désormais la structure de la ville.
Mais la continuité de la structure en
réseau exclurait la continuité spatiale : l'espace
apparemment continu de la métropole masquerait la superposition de deux systèmes: l'un
multipolaire, l'autre indéfini, ou plutôt défini
négativement : ce qui ne constitue pas de
pôle. En caricaturant, on peut penser que ceux
que l'on nomme aujourd'hui les exclus ne communiquent pas avec la ville multipolaire, n'occu
LES POLITIQUES DE LA VILLE
du côté des habitants
L
es politiques de la ville occupent une place particulière au sein des politiques publiques. Elles ont
connu des transformations depuis 1981 : politique
de développement social des quartiers (DSQ), puis
politique de développement social urbain (DSU) et,
depuis le XIe plan, les contrats d’agglomération.
Ces politiques ne sont jamais devenues un
“objet scientifique” : “Les raisons conjoncturelles sont
multiples... mais il existe aussi une cause structurelle
qui tient à la nature même de la politique de la ville.
Tout se passe comme si depuis dix ans, le véritable
objet de la politique de la ville demeurait caché et
indicible” 1. La difficulté essentielle tient au fait que
cette politique se situe à l’interface de catégories
d’appréhension (l’urbain, le social, l’éducatif, etc.) et
de logiques sectorielles (traitement social du chômage, traitement économique, etc.). Appréhender les
liens entre les politiques catégorielles et les politiques
de la Ville constitue un objet complexe qui nécessite
sans doute de renouveler les catégories cognitives
usuelles. Mais ici notre propos sera plus modeste. Il
s’agit de saisir l’appréhension et la compréhension
que les usagers potentiels (les habitants de ces quartiers) ont des politiques de la ville à partir d’une
enquête réalisée avec l’INSEE en 1995 sur 10 quartiers
des politiques de la ville en France. On se limite ici aux
trois villes du Nord-Pas-de-Calais retenues dans cette
enquête.
Si l’on s’en tient au niveau strict de l’action
publique locale menée dans le cadre des politiques
Villes-Etat-Région du Xe plan, force est de constater
que les populations n’en ont que des représentations
floues ou limitées. Une première lecture globale des
réponses aux questions relatives aux politiques de la
ville permet de mettre en lumière des divergences
entre les sites en terme :
- de connaissance des actions menées : un peu plus
de 40% des habitants de Lille-Sud en connaissent contre 33 % des habitants de Lens et 22 % des habitants
de Liévin. Notons que les deux sous-quartiers de LilleSud ne se différencient pas sur ce point.
- d’appréciation de l’effet des actions menées. Sur
les différents sites, les politiques publiques sont perçues
comme ayant des effets positifs, avec une différence
notable sur Lille-Sud : 11 % des personnes interrogées
considèrent que les actions génèrent un sentiment
plus fort de sécurité contre 1 % à Lens.
De manière plus précise si l’on veut cerner
la nature des actions connues, on peut dire que les
actions les plus citées sont celles qui sont physiquement repérables : les actions de réhabilitation (à Lens
et à Liévin), mais aussi d’implantation d’équipements
de proximité (Lille-Sud Nouveau et Ancien).
La réhabilitation des logements et des immeubles a été l'ossature des politiques de développement
social des quartiers. C'est à Lille-Sud Nouveau que
le plus grand nombre d'habitants déclare avoir bénéficié d'une action de ce type (54 %). C'est dans les
secteurs où l'habitat individuel domine que les per-
par Dominique DUPREZ
La réhabilitation et ses perceptions
Lille-Sud
ancien
Lille-Sud Lens
nouveau
Liévin
Votre immeuble a-t-il connu
des travaux de réhabilitation
oui
non
non réponse
ensemble
27
72
1
100
54
46
0
100
36
63
1
100
35
64
1
100
Si oui, quelles en ont été les
conséquences ? Cela a amélioré votre cadre de vie ?
oui
non
ne sait pas-sans rép
ensemble
66
26
8
100
58
41
1
100
54
43
3
100
76
16
8
100
Source : Insee-Enquête Conditions de vie 1994 - Extension quartiers
sonnes interrogées sont le plus satisfaites (LilleSud Ancien et Liévin). Dans le premier cas, il
s'agit essentiellement de petits propriétaires qui
ont pu bénéficier d'aides publiques, dans l'autre
cas, il s'agit de la réhabilitation des cités minières.
Mais globalement, au-delà des actions
physiquement repérables, lorsqu’elles existent,
on peut parler d’une invisibilité des politiques de
développement social. Le site de Liévin apparaît sur ce plan exemplaire : seuls 22 % des gens
sont capables de citer une action et, parmi
eux, 48 % citent l'amélioration de l'habitat alors
que la question excluait ce domaine. L'enquête
qualitative a confirmé ce constat.
À Lens, les réhabilitations semblent occuper le centre des
préoccupations des personnes interviewées, les autres
actions, sauf les services (notamment les actions d’aide
aux devoirs) sont peu mentionnées. A Lille-Sud, on observe aussi une tendance lourde : ce sont les équipements
de proximité et les équipements publics qui sont le plus
souvent cités, à savoir l’implantation d’une nouvelle mairie annexe et d'une poste dans l'axe commercial du vieux
quartier. Il est significatif de noter une large satisfaction
même des personnes pour lesquelles le déménagement
de la mairie représente un éloignement : la qualité des
bâtiments contribue à l'amélioration de l'image du quartier.
L'action publique ne peut-être réduite aux politiques de la ville. Les habitants de ces quartiers sont souvent présentés comme massivement assistés, la précarité
de bon nombre d'entre eux pourrait l'expliquer. Mais ce
n'est pas parce qu'une idée est banale qu'elle est juste.
En réalité, 23 % des habitants de Lens-Liévin et 16 % de
ceux de Lille-Sud avaient rencontré un travailleur social
au cours de l'année écoulée.
Ils sont à peine plus nombreux à avoir fait une
demande d'aide sociale : 25 % à Lens-Liévin, 17
% à Lille-Sud. Ce sont dans plus d'un tiers des cas
les mairies et les centres communaux d'action sociale (CCAS) qui
ont servi de relais d'information.
Ce constat est à rapprocher des représentations de
l'aide sociale : si 95 % des habitants des quartiers de l'enquête
(Nord-Pas-de-Calais) sont, concernant l'aide sociale, d'accord
avec la proposition "c'est bien,
il faut aider les pauvres", ils sont
près de 50 % à considérer que
"c'est gênant de faire appel à
l'aide sociale".
Derrière ce constat statistique se cache une réalité que
l'on imagine pas toujours :
beaucoup de gens ont des
réticences à demander des
secours même lorsqu'ils se
retrouvent face à des difficultés quasi insurmontables.
Les jeunes se distinguent parfois de leurs aînés par les
systèmes de débrouillardise
dans lesquels ils sont impliqués. C'est une des contradictions de ces quartiers
: beaucoup de jeunes ont
compris que les élus sont
sensibles à la violence
urbaine. Elle est aujourd'hui
régulièrement utilisée d'une
manière instrumentale, alors
que d'autres générations ont
perdu le fil des rapports clientélistes aux notables, système
Dessin : Nicolas Chachignot
qui a géré pendant de longues décennies les rapports
entre les classes populaires et les édiles.
1 - D. Béhard, P. Estèbe, “Recherche urbaine et politique de la ville.
Entre énonciation et dénonciation”, Les annales de la recherche
urbaine, n° 64, 1994, p. 39.
Alain CAMBIER
professeur de chaire supérieure en philosophie, Lycée Châtelet de Douai
Antoine BAILLY
professeur à l’Université de Genève, président du comité suisse de l’Union Géographique Internationale
François-Xavier ROUSSEL
géographe, directeur d’études à la SCET Nord Pas-de-Calais, Société Centrale pour l’Équipement du Territoire
Philippe LOUGUET
enseignant à l’École d’Architecture de Lille-Régions Nord,
responsable de l’équipe de recherche “Architecture, Ville et Histoire”, architecte DPLG, urbaniste
Dominique DUPREZ
bibliographie
chargé de recherche CNRS Ifrési - Clersé, Institut de Sociologie de l’USTL
Antoine Bailly : Voyage en Géographie
Éd. Anthropos Economica, 1999
Dominique Duprez
Genèse des inadaptations : le cas des restructurations urbaines - CTNERHI, 1986
Dominique Duprez, Michel Kokoreff
Les mondes de la drogue,
Éd. Odile Jacob, 2000
Dominique Duprez, Hedli Mahieddine
Le mal des banlieues ?
Sentiment d’insécurité et crise identitaire
L’Harmattan, col. Logiques sociales, 1992
Collectif : En marge de la ville, au cœur
de la société : ces quartiers dont on parle
Éd. de l’aube, 1997
Jean-Pierre Sueur : Rapport "Demain la Ville"
Documentation Française, 1998
LES POÈTES ET L’UNIVERS
de Jean-Pierre LUMINET
le cherche-midi éditeur, Paris, 1996
par Rudolf Bkouche,
professeur de mathémathiques à l’USTL
Q
mes des deux sortes, poèmes didactiques et poèmes des rêveurs du monde.
Mais la distinction est-elle aussi claire ?
Je reviens au texte de Poe, texte de
magister et texte de rêveur ; mais cela
ne rappelle-t-il pas la part de rêve sans
laquelle il n'y a pas de magister ? N'estce pas Bachelard qui écrivait que l'on
ne peut enseigner que ce que l'on a
d'abord rêver ?
C'est que le rêve permet les métaphores audacieuses des poètes visionnaires. On peut y voir, et c'est encore
une métaphore audacieuse, les liens qui
unissent le dit du monde du poète et
le discours sur le monde du savant. On
peut alors comprendre comment le Big
Bang, indépendamment des théories qui
le fondent, rejoint les doctrines cosmogoniques, moins comme la vérité d'un
monde qui échappe autant au savant
qu'au poète, que comme une façon de
mêler naissance du monde et naissance
de l'homme. La science y est ici poésie
au sens premier du terme, c'est-à-dire
création.
Douze chapitres marquent une
progression dans l'appréhension du lien
qui unit l'homme et le cosmos ; dans cette
progression le poète Luminet n'est pas
absent qui consacre le dernier chapitre
au "sentiment cosmique" et achève cette
anthologie par un magnifique poème
de Jean Orizet dont la première phrase
résume ce lien intime entre l'homme et le
cosmos que partagent autant le poète
que le savant :
"Chaque homme est une étoile où s'enflamme le fossile de l'univers".
À LIRE
ui a dit l'antagonisme entre
science et poésie ? Luminet luimême, comme il l'explique dans
la préface de son anthologie, avant de
découvrir la richesse d'une poésie "non
égotiste" selon lui, qui s'efforce de dire
le monde.
Ainsi Luminet, poète et astronome, qui prenait soin de séparer ces deux
formes du dire que sont la science et
la poésie, le dit du monde et le dit du
moi, découvre et nous invite à découvrir
comment ces deux formes peuvent se
rapprocher. La poésie sait aussi dire le
monde ; il faudrait y ajouter l'émotion
scientifique qui ne relève pas seulement
de l'émotion intellectuelle. L'auteur n'en
parle pas mais il me semble essentiel, pour
comprendre ce que l'on pourrait appeler les affinités électives de la science et
de la poésie, de parler de cette émotion
scientifique dans toutes ses dimensions,
lesquelles ne sont pas seulement intellectuelles.
C'est aussi parce que l'auteur sait
trouver dans ce que l'on a appelé, souvent avec quelques mépris, la poésie
didactique, les signes "de l'intégration
des connaissances scientifiques dans la
culture à une époque donnée" que l'on
peut comprendre comment le savant et
le poète savent se rencontrer par delà
le classique discours sur les deux cultures, ce discours qui marque le "désastreux morcellement de l'esprit occidental
entre science et technologie d'une part,
arts littéraires et plastiques d'autre part".
Mais c'est avec les "rêveurs du
monde", ceux "qui inventent le monde"
et peuvent ainsi "rejoindre la quête du
savant", voire "l'anticiper de façon surprenante" que Luminet nous fait voir, au
sens fort du terme, cette liaison entre
science et poésie. Et l'auteur nous renvoie au splendide Eureka d'Edgard Poe,
ce maître es liaison entre la science et
la poésie.
Luminet propose alors des poè-
17
ARCHITECTURE
ET
ÉCRITURE
dans le cadre du cycle “Penser la ville”
Mercredi 3
MAI
de 12 H 30 à 19 H 00
MACC, boulevard Langevin - Cité Scientifique - Villeneuve d’Ascq
ENTRƒE LIBRE
Production : Maison des Écrivains - Paris, École d’Architecture - La Villette
12 h 30
LA MÉMOIRE DES BANLIEUES
de Paul Chemetov et Didier Deaninckx (1998, 45’)
Conception : Hélène Bleskine. Réalisation : François
Pain. Ina, Ecole d'architecture de Paris-la-Villette
(UP6), Maison des écrivains. Participation : Ministère
de la culture (DA).
DOCUMENTAIRES
En prélude à la rencontre, Didier Deaninckx lit une de ses nouvelles où il raconte la mise en scène de la
destruction des barres d’une cité HLM de banlieue : les habitants sont invités à applaudir au spectacle.
L’architecte Paul Chemetov, ému par le récit, accuse confrères et politiques de vouloir normaliser les banlieues
au nom de la modernité et de l’élimination de l’immigration. "L’amour de la ville ne peut se construire sur la
haine des banlieues", déclare Chemetov. L’écriture militante de Deaninckx et l’architecture urbaine et sociale
de Chemetov ont en commun d’entrer en résistance contre la disparition de la mémoire de la banlieue.
13 h 30
Comment
poser la question
de l'altérité dans une ville
en perte de sens commun ?
Comment la Grèce ancienne a-t-elle répondu à cette question ? Comment
l'architecte réagit-il face aux espaces de plus en plus fragmentés de la ville.
L'engagement civique de l'architecte Henri Gaudin et de l'historien Jean-Pierre
Vernant nous rappelle que la ville et la démocratie sont des biens communs à
partager. Gaudin réalise des espaces publics bien articulés entre les constructions
des périphéries. Questionnant la relation de l'habitation au voisinage, il invente la
notion de seuil, image spatiale qui renvoie à l'idée d'hospitalité.
ESPACES COMMUNS
ET HOSPITALITÉ
de Henri Gaudin
et Jean-Pierre Vernant
(1998, 58’)
Conception : Hélène Bleskine.
Réalisation : François Pain. Ina,
Ecole d'architecture de Paris La
Villette (UP6), Maison des écrivains. Participation : Ministère de
la culture (DA).
14H30 LA SINGULARITÉ
de Christian de Portzamparc et Philippe Sollers (1998, 63’)
Conception : Hélène Bleskine. Réalisation : François Pain.
Production : Ina, Ecole d'architecture de Paris La Villette (UP6),
Maison des écrivains. Participation : Ministère de la culture (DA).
L'architecte Christian de Portzamparc et l'écrivain Philippe Sollers, complices depuis leur formation commune (freudisme,
marxisme, structuralisme), opposent au monde contemporain anesthésié par le savoir relationnel et obsédé par la
structure des choses, pensée complexe et singulière de la ville, apparentée à la vision sensible des poètes.
Portzamparc définit "l'âge 3" de la ville contemporaine comme un travail de couture à réaliser sur les décombres d'un
espace urbain rassemblement de l'héritage de la ville classique et de la ville moderne. "Il faut se faire voyant", renchérit
Sollers et inviter l'architecture à une "porosité réciproque" avec la peinture ou la poésie.
PASSERELLES DANS LA VILLE
15 h 30
LE PAS DU PROMENEUR
de Antoine Grumbach
et Jean-Christophe Bailly (1998, 44’)
Conception : Hélène Bleskine.
Réalisation : François Pain.
Production : Ina, Ecole d'architecture de
Paris La Villette (UP6), Maison des écrivains.
Participation : Ministère de la culture (DA).
16 h 30
RADICALITÉ ET MODERNITÉ
de Jean Nouvel
et Jean Baudrillard (1998, 54’)
Conception : Hélène Bleskine.
Réalisation : François Pain.
Production : Ina, Ecole d'architecture
de Paris La Villette (UP6), Maison des
écrivains.
Participation : Ministère de la culture
(DA).
17 h 30
Le sociologue Jean Baudrillard oppose le principe consensuel de
la mondialisation à "l'indifférence radicale" de l'écriture, sorte de
résistance à un monde où tout est programmé. L'architecte Jean
Nouvel a choisi, lui aussi de bousculer la convention, arrachant
des espaces de liberté créatrice aux différentes contraintes et
censures qui bornent son travail.
Comment résister au nouvel ordre mondial qui désintègre la
citoyenneté ? Comment lutter contre le dessaisissement de
toute réalité ? Comment accorder une valeur au réel quand
tout s'annule par le jeu uniformisé de l'information ? Comment
l'architecte peut-il agir sur la transformation d'un monde où
l'esthétisation générale de tous les comportements et de toutes
les structures l'a emporté ?
AU PLUS PRÈS DU MÉTIER de Henri Ciriani et Olivier Rolin (1998, 54’)
Conception : Hélène Bleskine. Réalisation : François
Pain. Production : INA, Ecole d’Architecture de Paris
La Villette (UP6), Maison des écrivains.
Participation : Ministère de la Culture (DA).
L’architecte péruvien Henri Ciriani et l’écrivain
voyageur Olivier Rolin dialoguent sur ce qui constitue le fondement de leur métier et la manière
de le pratiquer : l’invention sensuelle d’un nouvel
usage des mots pour l’écrivain, le plaisir et l’enthousiasme de la construction pour l’architecte.
L’un et l’autre dressent l’inventaire d’un vocabulaire qui témoigne au plus près des qualités parfois
identiques de leur travail. Pour Rolin : la recherche
de mots exacts pour dire la réalité des choses,
la transmission obstinée d’une émotion ou d’une
idée, la mise en ordre du chaos… Pour Ciriani : la
réalité du contexte, l’humilité sociale privilégiant
l’espace collectif, la transmission d’une
DOCUMENTAIRES
"Collectionneurs" érudits des villes, l'écrivain Jean-Christophe Bailly et l'architecte
Antoine Grumbach aiment se promener
dans des lieux qu'ils ne connaissent pas,
pour tenter d'identifier peu à peu les
éléments qui les composent. Conscients
que ces lieux ont une histoire et une
mémoire, leurs interventions respectives dans "ce livre déjà écrit" en restituent la trace avec charme et
poésie. Bailly utilise comme matériau narratif les couches de mémoire matérielle que la ville accumule.
Grumbach conçoit son travail comme une activité modeste de reprisage du tissu urbain, où chaque
intervention nécessite une négociation avec le contexte existant. Ces artistes pratiquent un art de la
mémoire collective où ils questionnent avec chaleur la manière de vivre ensemble.
19
PRATIQUES ARTISTIQUES
LES ATELIERS S’AFFICHENT 2000
L’ATELIER DANSE
encadré par Philippe CANCEL
Les élèves de l’atelier Danse présenteront une chorégraphie,
fruit du travail mené au cours de cette saison. Pièce à
plusieurs facettes, parfois abstraites, parfois plus concrètes
mais toujours inspirée d’une notion universelle ; l’échange.
La présence d’un musicien en direct guidera et influencera les rapports entre les danseurs. Mélange d’improvisation et de rigueur technique, les danseurs se lanceront dans
une présentation - performance de leur travail.
20
THÉÂTRE - L’ATELIER INITIATION
encadré par Paul LAURENT
“L’histoire des ours panda racontée par un saxophoniste
qui a une petite amie à Francfort” de Matéi VISNIEC
Adaptation pour douze acteurs d’un tête à tête étrange où l’amour et
la mort, dans la fantaisie la plus débridée, se mettent à valser jusqu’au
vertige.
En echo : petits commentaires acerbes sur la passion amoureuse avec
de “La déploration” d’Eugène DURIF.
des extraits
2° PARTIE : DANSE ET THÉÂTRE
Jeudi 4
MAI
2000 à 20 H 30
MACC, boulevard Langevin - Cité Scientifique - Villeneuve d’Ascq
Ent r Že Libr e
encadré par Paul LAURENT
Création “Je suis là pour çà”
I
PRATIQUES ARTISTIQUES
THÉÂTRE - L’ATELIER RECHERCHE
l s’agit d’un travail de recherche théâtrale autour des notions d’écart et de norme inspiré
par la lecture d’un texte bouleversant : “Vingt séminaires pour un fantôme” de Claude
MAILLARD (Frénésie Editions, Paris, 1990).
“Ces quelques portraits que Claude MAILLARD arrache à la réalité deviennent la trace
douloureuse de l’univers mental d’une France en pleine mutation sociologique et psychologique...
... Tous ces êtres qui livrent ainsi leurs plus profondes angoisses vivent devant nous une
Passion de la parole empêchée”.
Yannis KOKKOS
21
En echo : quelques textes d’Emma SANTOS, écrivain, qui a passé de longues années en hôpital
psychiatrique.
RAPPEL 1° PARTIE : JAZZ & CHANT
Jeudi 27
AVRIL
2000 à 20 H 30
MACC, boulevard Langevin - Cité Scientifique - Villeneuve d’Ascq
Ent r Že Libr e
HOMMAGE À HANS-GEORG GADAMER
POUR SON CENTIÈME ANNIVERSAIRE
par Klaus SCHINDLER,
durant plusieurs années élève de Gadamer et membre de son cercle intime,
actuellement directeur du Goethe-Institut de Lille
À LIRE
L
e 11 février 2000, Hans-Georg
Gadamer a célébré, en même
temps que le millénaire, son centième anniversaire, un événement
marquant le siècle, et pas seulement
pour lui : depuis la parution, en 1960,
de Vérité et méthode, il a empreint
de son nom l'histoire de la philosophie, un domaine où, bien avant
cette date déjà, il jouissait d'une grande renommée comme personnalité
brillante de la pensée dialectique,
disciple de Heidegger et spécialiste
éminent de la philosophie grecque.
(Rappelons qu'il a soutenu à tout juste
22 ans sa thèse de doctorat, à 28
ans, sa thèse d'habilitation et que,
dans l'intervalle, il a obtenu avec la
note maximale un diplôme d'Etat en
latin et en grec, entre autres pour
en imposer à Heidegger, son maître
en philosophie). Mais avec Vérité et
méthode, son oeuvre majeure qu'il
publia à l'âge de 60 ans, c'est-à-dire
très tard, même pour un spécialiste
des sciences humaines, Gadamer qui,
à la suprise générale, fut amené en
1948/49 à succéder à Karl Jaspers
à la chaire de philosophie de l'université de Heidelberg, apparaît comme
un philosophe indépendant et marquant du XXe siècle. Par la suite, à
l'époque sans doute la plus riche de
sa vie, il entraîne dans son sillage
des esprits éminents de toutes les
disciplines, des centres herméneutiques voient le jour dans d'autres universités et la force d'attraction de
sa pensée est internationale. On le
constate aisément au vu des listes
de participants à ses séminaires très
prisés.
Cette "herméneutique universelle" fondée par Gadamer et qui, quarante
ans plus tard, se réfère toujours à
son nom, quelle est-elle et que signifie-t-elle ? Comment peut-on, pour
reprendre un titre de Gadamer, refonder la raison à l'ère de la science,
asseoir et traiter la philosophie avec
la même rigueur et avec le même
souci d'exactitude propre aux sciences ? (Le père de Gadamer était
un scientifique rigoureux dans tous les
sens du terme).
Face à Jürgen Habermas - lui aussi disciple au sens large de Gadamer -, qui
tente de dépasser l'herméneutique,
les traits essentiels de l'herméneutique
gadamérienne éclairent sans doute
au mieux une controverse qui trouva
son expression la plus dense dans
le volume collectif Hermeneutik und
Ideologiekritik (Frankfurt, 1971). En
réponse à Habermas, Gadamer soutient que l'herméneutique peut très
bien être universelle quant à sa revendication, c'est-à-dire - au travers du
médium du langage - qu'elle englobe l'ensemble du savoir, de la tradition (et ceci incluant aussi les sciences physiques et naturelles, dont le
savoir à visée méthodique doit être
intégré, par un processus de transposition, dans la compréhension langagière du monde de la vie). Si donc
l'herméneutique thématise le savoir et
la tradition, bien évidemment aussi de
façon méthodique (vérité et méthode ne s'excluent pas mutuellement !),
une telle réflexion sur un ensemble est
en même temps un processus infini
; ce qu'on atteint ainsi grâce à la
réflexion, ne peut jamais être tout.
"La conscience de l'histoire de l'efficience est forcément plus tre que
Conscience" (Hul).
Il a été permis à Gadamer de voir
que la sociologie, la discipline apparemment victorieuse, n'a finalement
pas détrôné la philosophie, pas plus
qu'elle n'en a été l'héritière - un paisible triomphe qui continue à garantir
l'actualité de la pensée gadamérienne, qui parvient même, contre toute
attente, à faire sortir son champ d'action de l'enracinement dans la seule
tradition de pensée spécifiquement
germano-européenne pour l'élargir
Ainsi Gadamer, dans le monde entier
et à un âge avancé (professeur émérite depuis 1968 déjà !), continue-t-il
à "apprendre en enseignant, à enseigner en apprenant" (Philosophische
Lehrjahre, p.198). A l'occasion de son
centième anniversaire, ses élèves
et ses admirateurs (et qui, dans le
domaine académique n'est pas du
nombre ?) tiennent à lui exprimer
leur reconnaissance et à lui souhaiter
de tout coeur, pour les années à
venir, une vie pleine et riche à tous
points de vue !
Traduction : Marie-Lys Wilwerth,
Martine Bloch, Robert Kremer
(Goethe-Institut Paris)
À LIRE
On ne peut se libérer de ce "particularisme universel", de ce cercle non
vicieux, par aucun a priori (que ce
soit celui des conditions de constitution de la réflexion, celui de l'idée
de l'émancipation avec la prise en
compte de contextes "objectifs", à
partir desquels seulement les actes
sociaux peuvent être compris, etc.)
; "l'ingénieur social" lui-même se voit
replacé dans le rôle d'un partenaire
du dialogue social, dans le contexte
global de ce qui est plausible et
évident ; aucun chemin ne mène
hors du processus de l'automédiation,
de l'autoréflexivité de l'esprit, mais
tous les chemins finissent par y mener.
"L'horizon du présent ne peut donc
absolument pas se former sans le
passé. Il n'y a pas plus d'horizons
historiques qu'on puisse conquérir. La
compréhension consiste bien plutôt
dans le processus de fusion de ces
horizons qu'on prétend isoler les uns
des autres" (Vérité et méthode, Seuil
1976 (et 1996), p. 147).
à la sphère anglophone dominée
jusqu'alors par la philosophie analytique du langage. Avec l'apparition
aux Etats-Unis de la New Science
Philosophy (et en particulier depuis la
parution, en 1962, de La structure des
révolutions scientifiques de Thomas S.
Kuhn - 1ère édition française, 1983)
- mais pas uniquement à travers elle
- la philosophie de Gadamer devint,
dans les années soixante-dix "actuelle" également aux Etats-Unis, et on se
disputait outre-atlantique la présence de Gadamer dans les congrès et
pour des conférences. Il intervenait
en anglais, une langue dont, à 70
ans environ, il avait habilement complété les rudiments acquis durant
sa jeunesse (les langues standard
d'un érudit étaient en effet, à l'époque, le latin, le grec et le français),
pour la maîtriser à la perfection.
"C'était comme une deuxième jeunesse", constatait-t-il à ce propos
dans Philosophische Lehrjahre (1977,
p. 198).
23
Agenda
Jeudi
27 avr
20h30
Mardi
2 mai
18h30
La souveraineté
Merc
3 mai
12h30
DOCUMENTAIRES : “Architecture et écriture, passerelles dans la
MACC
Jeudi
4 mai
20h30
LES ATELIERS S’AFFICHENT 2000 : Théâtre-Danse
MACC
Mardi
9 mai
18h30
Pour une nouvelle culture urbaine : les expérimentations contemporaines avec Antoine BAILLY et Jean-Yves BOULIN
Jeudi
11 mai
17h30
Jeudi
18 mai
Merc
MACC
LES ATELIERS S’AFFICHENT 2000 : Chant-Jazz
ENTRÉE LIBRE
Amphi Archimède - M1
ENTRÉE LIBRE
avec Blandine BARRET-KRIEGEL
ville”
ENTRÉE LIBRE
ENTRÉE LIBRE
Amphi Archimède - M1
ENTRÉE LIBRE
MAI
Forum FNAC
FNAC de Lille
ENTRÉE LIBRE
JUIN
18h30
Autour du labyrinthe
Bât des Thèses
ENTRÉE LIBRE
24 mai
18h30
La ville à deux vitesses : la politique de la ville
en question avec Jean-Pierre SUEUR ET Dominique DUPREZ
Jeudi
25 mai
18h30
Le théâtre et la représentation de la guerre
avec Yannick MANCEL
Bât des Thèses
ENTRÉE LIBRE
Jeudi
15 juin
11h-18h
Train des écrivains
Accueil Mairie de Lille
ENTRÉE LIBRE
Merc
21 juin
Fête de la musique
Cité Scientifique
ENTRÉE LIBRE
Parution de l’ouvrage “EMPLOI ET TRAVAIL : REGARDS CROISÉS”
avec Jean-Michel RABEUX
Prestation des Ateliers de Pratiques Artistiques
Amphi Archimède - M1
ENTRÉE LIBRE
Ustl Culture
* Pour ces spectacles, il est nécessaire de retirer préalablement vos
entrées libres à l’USTL-Culture (disponibles un mois avant les manifestations), le nombre de places étant limité.
Nabil el HAGGAR
Vice-Président de l’USTL
chargé de la Culture
Isabelle KUSTOSZ
Directrice - USTL Culture
USTL Culture - Cité Scientifique - Espace Culture
59 655 Villeneuve d’Ascq
du lundi au jeudi de 9h00 à 19h00
et le vendredi de 9h00 à 13h00 sans interruption
Tél : 03 20 43 69 09 - Fax : 03 20 43 69 59
www.univ-lille1.fr [email protected]
Corinne JOUANNIC
Administration-Comptabilité
Delphine POIRETTE
Communication
Edith DELBARGE
Editions-Communication
Michèle DUTHILLEUX
Logistique-Organisation
Freddy ALLIOTTE - Philippine LEROY
Johanne WAQUET - Karine WILLAME
Stéphane LHERMITTE - Ulrika LOLLIOT
Anthony RABELLE - Mourad SEBBAT
2000