Roland DEBBASCH - Gestion et Finances Publiques
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Roland DEBBASCH - Gestion et Finances Publiques
articulation des acteurs préparation et la conduite des programmes La de l’enseignement scolaire L a mission interministérielle enseignement scolaire comprend six programmes dont cinq relèvent du ministère de l’Education nationale (enseignement scolaire public du premier degré, enseiRoland DEBBASCH gnement scolaire public du second degré, vie de l’élève, Ancien élève de l’ENA et agrégé des facultés de droit, enseignement privé du premier et du second degrés, a été recteur des académies de Nancy-Metz et Lille. Il est aujourd’hui directeur général soutien de la politique de l’Education nationale) et un du de l’Enseignement scolaire ministère de l’Agriculture (enseignement technique agriau ministère de l’Education nationale cole). La gestion des programmes de la mission enseignement scolaire a d’abord fait l’objet d’expérimentations conduites depuis 2004 par le ministère de l’Education nationale. Les enjeux étaient de définir le rôle et les responsabilités de chaque acteur, d’assurer le passage d’une gestion par les moyens à un pilotage par la masse salariale avec un plafond d’emploi annuel, de tester la préfiguration des budgets opérationnels de programmes (BOP), la globalisation des moyens et le principe de fongibilité asymétrique et, enfin, de concevoir et mettre en œuvre les nouveaux outils de pilotage. Le bilan tiré de cette phase d’expérimentation est très positif car elle a permis de mettre en place des fondations sur lesquelles s’est construite la démarche en 2006. La première année d’application de la LOLF impliquant de mettre en œuvre toutes ses dimensions (volets budgétaire, performance, GRH), la démarche 2006 a été initiée avec les services déconcentrés dès le mois de septembre 2005 par le lancement des deux principaux chantiers – préparation budgétaire et préparation du dialogue stratégique – qui, pour ce premier exercice, ont été menés en parallèle. La conduite du chantier budgétaire globalisé de chacun des BOP centraux et académiques, afin de communiquer aux recteurs d’académie les socles de chaque budget opérationnel de programme académique (BOPA) dont ils ont la responsabilité. Cette démarche a été conduite en parallèle par les académies pour chaque BOPA. Celles-ci ont transmis à l’administration centrale leurs projets de socle à partir desquels s’est instauré un dialogue entre le responsable de programme, chaque responsable de BOP et la Direction des affaires financières. Les échanges ont permis d’ajuster les socles des dotations avant le calibrage définitif des dotations initiales 2006. Calculées après prise en compte des mesures définitives du PLF 2006, celles-ci ont fait l’objet d’une notification à chaque académie après l’obtention du visa du contrôleur financier sur la programmation budgétaire initiale 2006. c o n d u i t e La préparation budgétaire des BOP s’est organisée à partir des éléments de cadrage et du calendrier prévu par une circulaire ministérielle diffusée au mois d’août 2005 et en fonction de ceux du projet de loi de finances 2006 alors en cours de discussion au Parlement. L’évolution des discussions parlementaires sur les volumes de mise en réserve de crédits et les propositions de transfert de crédits entre programmes de la mission enseignement scolaire a posé au responsable de programmes et aux responsables de BOP quelques problèmes de programmation puisque, au début du mois de décembre, ils n’avaient pas encore une bonne visibilité des moyens réellement mis à leur disposition alors qu’il est prévu que la programmation budgétaire des BOP soit soumise au visa du contrôleur financier au plus tard le 15 décembre. Ces BOP initiaux ne donnaient cependant pas aux recteurs d’académie une vision complète du budget annuel et des marges de manœuvre qu’ils peuvent dégager pour mettre en œuvre, le cas échéant, la fongibilité asymétrique. Les expérimentations menées en 2005 ont montré cette difficulté. Elle est directement liée à la gestion en année scolaire d’un certain nombre de moyens. Cela demande que des ajustements de BOPA interviennent jusqu’au mois d’octobre pour prendre en compte l’impact, académie par académie, de certaines mesures dites de rentrée scolaire (par exemple : les stagiaires enseignants entrant dans chaque académie) qui ne peuvent être anticipées dès le mois de janvier et qui représentent un poids non négligeable sur le volume du titre 2. A ce stade, cette contrainte ne permet pas d’anticiper dans de bonnes conditions les opérations de fongibilité asymétrique. La soutenabilité du budget étant vérifiée de manière trop tardive, les demandes de fongibilité ne sont plus compatibles avec le calendrier de fin de gestion. Concrètement, la préparation budgétaire des premiers BOP académiques s’est organisée autour de nouvelles procédures de dialogue de gestion entre les directions de l’administration centrale et les équipes de direction des services académiques au cours du dernier trimestre 2005 afin de permettre la construction des premiers socles de budget en format LOLF. Pour parvenir à déterminer les enveloppes de moyens en équivalent temps plein travaillé (ETPT), en crédits de titre 2 et hors titre 2 mis à la disposition de chaque responsable de BOP, la première phase des opérations a consisté à collecter auprès de chaque direction les moyens entrant désormais dans le périmètre 500 86e année - nº 7 - juillet 2006 articulation des acteurs Un protocole de gestion – reconnaissance par tous de la nécessité d’anticipation (capacité encore à affiner) qui demande notamment une transparence et une certaine stabilité des « règles du jeu » comme des objectifs. p r o t o c o l e S’est ainsi confirmé que, par son volet performance en particulier, la logique inhérente à la LOLF constitue un levier puissant pour la conduite des évolutions dans l’institution scolaire. La pénétration de la culture du résultat, au moins au niveau des responsables opérationnels, est déjà sensible. Un protocole de gestion est venu formaliser les relations entre les acteurs de l’administration centrale (direction de programmes/ DAF/DRH) et ceux des services déconcentrés. Il précise également les outils – nouveaux pour bon nombre d’entre eux – sur lesquels repose le pilotage de chaque programme dans toutes ses dimensions (budgétaire, performance, GRH) et les conditions dans lesquelles s’organise le dialogue stratégique et de gestion avec les recteurs d’académie. La démarche engagée est évidemment à parfaire ; la consolider implique à la fois de la poursuivre sur des bases déjà partagées, de prolonger l’exercice jusqu’aux responsables des unités d’enseignement et de perfectionner les outils nécessaires à la construction et au suivi des informations pertinentes. L’évolution en cours de nos systèmes d’information devrait y aider de façon déterminante. Mais c’est surtout l’usage de ces informations aux fins d’un pilotage « éclairé » qui sera décisif pour les responsables opérationnels et a fortiori pour le responsable de programmes que la réorganisation en cours de l’administration centrale devrait aider à mieux prendre en compte les objectifs de la LOLF. En outre, le travail engagé avec le ministère de l’Agriculture en vue d’un partage des objectifs et des indicateurs visant à élever le niveau de qualification des élèves doit être poursuivi. La conduite du chantier « performance » performance Le séminaire de rentrée réunissant l’ensemble des cadres académiques – recteurs et inspecteurs d’académie - directeurs des services départementaux de l’Education nationale – a permis de faire le point sur les objectifs retenus pour chacun des programmes, centrés sur la maîtrise des connaissances et compétences par tous les élèves, sur l’élévation générale du niveau de qualification et sur l’insertion professionnelle, avec la préoccupation d’une meilleure utilisation possible des moyens alloués par la Nation pour ce faire. Ces objectifs engagent chacun des responsables et acteurs du système, à tous les niveaux de réalisation. La gestion des ressources humaines ressources Le dialogue stratégique engagé implique que des mesures d’accompagnement permettent à chaque académie d’être en meilleure capacité d’atteindre les objectifs qui auront été fixés conjointement par rapport aux indicateurs du projet annuel de performance. A cette fin, chaque académie fait connaître au responsable de programme et à la direction des ressources humaines grâce au programme prévisionnel de gestion des ressources humaines les évolutions de schéma d’emploi : les transformations (requalification d’emplois au sein de chaque programme), les mouvements souhaités entre programmes et la politique qu’elle entend conduire sur les trois années à venir (politique de recrutement, de promotion interne, de politique indemnitaire...). Cette démarche est construite pour garantir la bonne articulation des politiques nationale et locale en termes de GRH, de gestion des emplois et de conséquences sur le recrutement. Elle implique bien entendu un important travail de concertation. Dès que la touche finale a été mise aux projets annuels de performance transmis au Parlement, les académies ont été invitées à formaliser leur contribution à la construction de la performance nationale à travers deux types de propositions coordonnées : – les valeurs académiques des indicateurs nationaux leur ayant été communiquées, il leur a été demandé de se projeter à court et moyen terme en définissant leurs prévisions d’évolution et les cibles qu’elles estimaient pouvoir atteindre pour 2010 (année cible retenue au niveau national) ; – en accompagnement, les académies ont eu à élaborer pour chaque programme des plans d’action ayant pour objet de montrer comment l’académie, compte tenu de ses caractéristiques, conçoit et organise son action pour appliquer la politique nationale et atteindre les performances recherchées. Le mot dialogue est sans doute celui qui revient le plus souvent au moment d’évoquer l’un des enjeux majeurs de la LOLF qui est de faire passer l’Etat d’une culture de moyens à une culture de résultats. Le dialogue s’impose naturellement lorsque l’on veut, au sein d’une grande institution comme l’Education nationale, présente sur tout le territoire national et en charge de l’avenir de 12,5 millions d’élèves, convaincre, mobiliser des équipes tant en administration centrale qu’au niveau des responsables des services académiques. Sur la base de ces prévisions et des plans d’action – éléments les plus stratégiques du volet « Performance » – se sont déroulées au cours du premier semestre 2006 une série de « réunions stratégiques » entre le responsable de programme et chacune des académies. Ces rencontres, auxquelles ont été associées les directions de l’administration centrale, ont eu pour but de préciser et de partager les différents éléments constitutifs de la performance dans chacune des académies : des éléments du diagnostic à la détermination, pour les indicateurs associés aux objectifs des programmes, des cibles propres à chaque académie en passant par les plans d’action permettant ces évolutions. Quelques premiers enseignements peuvent être tirés de ces échanges : – intérêt des acteurs pour le pilotage des programmes sous responsabilité déconcentrée et adhésion des responsables concernés ; – pertinence des objectifs retenus et – en première analyse – de la plupart des indicateurs associés même si l’agrégation des résultats académiques est délicate ; Le dialogue repose sur des bases objectives et appelle la confiance. Les différentes étapes qui viennent d’être évoquées, le travail de concertation engagé afin de partager les éléments d’analyse ont sans doute permis de renforcer cette confiance mutuelle entre les acteurs du système éducatif. C’est assurément un gage d’efficacité et de progrès. Mais le plus difficile reste à faire : atteindre les objectifs assignés au système scolaire, tout en justifiant mieux de la bonne utilisation des moyens mis à son service. 쏋 501 86e année - nº 7 - juillet 2006