programmation - Gestion et Finances Publiques
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programmation - Gestion et Finances Publiques
informatique Des outils au service de la LOLF : ARPEGE et OPUS, applications du ministère de la Culture et de la Communication Les nouveaux principes de gestion des finances publiques introduits par la LOLF exigent la construction d’outils de pilotage adaptés, capables de répondre aux enjeux majeurs de transparence et de maîtrise de la dépense publique. Marie-Christine LABOURDETTE En effet, la liberté nouvelle donnée aux responsables de BOP, qui se décline essentiellement à travers le principe de fongibilité, implique en retour une responsabilisation accrue sur l’engagement par rapport aux objectifs nationaux et leur déclinaison régionale, et l’obligation de rendre des comptes sur les résultats de l’activité des services. Administrateur de la ville de Paris DRAC Bourgogne Secrétaire générale de l’Académie de France à Rome à la Villa Médicis En septembre 2003, directrice régionale des Affaires culturelles de Bourgogne Le ministère de la Culture et de la Communication, sur la base des expérimentations menées dans plusieurs DRAC en 2004 et 2005, a conçu et mis en place deux applications web de gestion budgétaire (ARPEGE – Application Relative à la Programmation, à la Gestion et à l’Exécution des BOP) et de pilotage du contrôle de gestion (OPUS – Outil de Pilotage à l’Usage des Services). Un outil de programmation et de suivi de l’exécution des BOP : ARPEGE programmation Le logiciel ARPEGE est issu de l’analyse du croisement de plusieurs facteurs, tant conjoncturels que réglementaires. La tension en matière de trésorerie vécue par le ministère depuis plusieurs années est due en partie à une vision insuffisante de ses engagements pluriannuels et de leurs conséquences en termes de trésorerie, tant au niveau de chaque acteur que de façon transversale. La faculté de disposer d’un outil prospectif de ses engagements financiers est désormais un enjeu majeur pour le ministère de la Culture et de la Communication. Claire CHATON-AUBEY Attachée principale, adjointe à la directrice, secrétaire générale de la DRAC de Bourgogne Coordonnatrice de l’architecture budgétaire des BOP de la DRAC La LOLF nous donne les outils juridiques d’anticipation et de gestion de la pluriannualité, au moyen de la double budgétisation en AE et CP, de l’identification des dépenses obligatoires et de l’analyse de la soutenabilité budgétaire. Mais ce nouveau cadre réglementaire, déjà perçu par les acteurs de terrain comme très innovant et relativement complexe, doit s’accompagner à la fois d’une conduite managériale du changement de la part des équipes de direction et de la mise à disposition d’outils informatiques qui en facilitent la compréhension et la mise en œuvre. Elle est construite à la fois comme un logiciel de programmation et de suivi d’exécution, en particulier pour ce qui concerne les opérations d’investissement et les subventions, qui représentent à elles seules plus de 70 % des crédits gérés par une direction régionale des Affaires culturelles comme celle de la Bourgogne. Le niveau du suivi est très fin, puisque pour les titres 5 et 6, il peut aller jusqu’au stade de l’opération. Les différentes étapes du processus de construction et de validation de la programmation sont facilitées par la possibilité d’effectuer des simulations et la mise en place d’alertes en cas de dépassement des crédits notifiés et, ce qui est fondamental, des crédits réellement mis à disposition. Or, précisément, les outils informatiques existants, qu’il s’agisse d’ACCORD-LOLF, de NDL-LOLF ou d’INDIA-LOLF, sont des instruments transitoires dans la perspective de la mise en place de CHORUS après 2008. Ils ne sont pas adaptés aux besoins des RBOP, notamment en matière de programmation, de suivi des mécanismes de fongibilité et de gestion de la trésorerie. C’est dans le but de maîtriser ces enjeux fondamentaux qu’ARPEGE a été conçu par le ministère de la Culture et de la Communication, en association avec le ministère de la Justice, comme un outil commun aux échelons central et déconcentré, permettant une homogénéisation des pratiques de gestion, une consolidation nationale des données et un partage de l’information pour l’exercice du dialogue de gestion. L’application permet de maîtriser la mise en œuvre de la fongibilité, notamment asymétrique. Elle prévoit dans certains cas, en particulier celui des transferts de crédits entre fonctionnement et investissement, la mise en œuvre de mécanismes de validation par le RPROG et la Direction de l’Administration générale ; elle assure les transferts de crédits associés aux mouvements de fongibilité ; enfin, elle en assure la traçabilité par des restitutions adaptées. L’application ARPEGE est conçue pour donner aux RPROG et aux RBOP la capacité de suivre la programmation et l’exécution des BOP selon la double nomenclature par nature de dépenses et par destination. 546 86e année - nº 7 - juillet 2006 informatique Autre enjeu fondamental, le pilotage de la trésorerie en AE et CP est assuré par la constitution d’échéanciers de consommation infra et pluriannuels. Ces documents permettent l’anticipation des besoins en crédits de paiement et des reports de charges générés par les engagements antérieurs et en cours. Ils constituent le support du dialogue de gestion avec le RPROG, la Direction de l’Administration générale, le préfet de région et le contrôleur financier régional. Régulièrement mis à jour, ils alimentent les comptes rendus trimestriels d’exécution prévus par les arrêtés de délégation de signature pour la compétence d’ordonnateur secondaire. impact budgétaire par programme, la troisième, secrétaire générale, assure la coordination générale de l’architecture budgétaire. Cette équipe constitue l’interface avec les services pour le travail sur la performance et l’exécution de la gestion. L’organigramme fonctionnel de la direction régionale a été refondu en ce sens. Au niveau fonctionnel, la nouvelle architecture budgétaire et le regroupement au niveau du BOP, nouveau seuil de fongibilité, d’actions, qui jusqu’alors, étaient traitées de façon sectorielle, impliquent que la transversalité devienne une « culture » indispensable à la gestion budgétaire, alors même qu’elle était jusqu’à présent étrangère aux mentalités et aux pratiques antérieures. Des coordonnateurs financiers, qui conservent leur implantation au sein des services sectoriels de manière à conserver leurs capacités d’expertise dans leurs domaines de compétences, ont pour mission de vérifier la cohérence de la programmation avec les dotations et d’assurer le suivi de consommation à l’intérieur de chaque BOP. Les fonctionnalités d’ARPEGE permettent également d’assurer un suivi analytique simple des dépenses par le renseignement de cinq axes portant, entre autres, sur le rattachement de l’opération aux objectifs des PAP, aux priorités nationales et aux dispositifs propres au ministère de la Culture. Un instrument de pilotage du contrôle de gestion : OPUS Sur la base des principes de la LOLF, la procédure de gestion budgétaire mise en place intègre les fonctionnalités d’ARPEGE. Le démarrage de la gestion en mode LOLF depuis le 1er janvier a fait apparaître la nécessité impérieuse de développer la compétence des acteurs, en particulier sur la fonction comptable, et d’organiser la fonction contrôle de gestion afin que les acquis de la LOLF soient consolidés. p i l o t a g e Le suivi analytique proposé par ARPEGE est cependant insuffisant pour assurer la production et l’analyse des indicateurs associés aux objectifs définis, tant au niveau national (PAP, DNO) que régional (PASER, CPER, volets stratégiques des BOP déconcentrés). La mesure de la performance, inscrite dans la LOLF, nécessite la mise à disposition auprès des services d’un outil spécifique et plus complet qui se traduit par l’application OPUS (Outil de Pilotage à l’Usage des Services). En effet, l’introduction de la comptabilité patrimoniale, inscrite dans le bilan d’ouverture de l’Etat, et le passage d’une comptabilité de caisse à une comptabilité d’exercice font appel à des notions jusqu’alors méconnues des agents, qui n’en avaient pas l’utilité. Tout l’enjeu des formations « métier » sur la comptabilité budgétaire et générale, qui ont déjà été dispensées, mais qui devront être complétées et approfondies, est donc de donner aux acteurs une vision plus claire de la situation patrimoniale de l’Etat et des charges qui pèsent sur son budget. Issu lui aussi d’un diagnostic partagé entre les services centraux et déconcentrés du ministère et construit à partir de l’expérience des « tableaux de bord des DRAC », OPUS a vocation à faciliter la collecte et l’analyse des indicateurs suivis par le ministère. De même, l’obligation de respecter une nomenclature matricielle par nature et par destination est tout à fait nouvelle. L’axe « par nature » implique une imputation extrêmement fine de la dépense, très en amont de la procédure et au minimum au stade de la programmation, ce qui limite de fait la liberté donnée aux RBOP dans l’exercice de la fongibilité. Là aussi, l’organisation de sessions de perfectionnement à la nomenclature permettrait d’en acquérir une meilleure maîtrise. Ses fonctionnalités sont orientées vers la réalisation de ces objectifs ; un module de collecte, point unique d’entrée de chaque donnée, permet l’uniformisation de la saisie et facilite les consolidations nationales, et un module d’analyse en accès partagé rend accessibles, pour les différentes entités du ministère, les tableaux de bord et représentations graphiques associées. L’application reste cependant souple et paramétrable, dans la mesure où elle permet à chaque entité la création de ses propres tableaux de bord en tant qu’outils d’aide à la décision. L’organisation de la fonction contrôle de gestion, développée dans l’administration centrale du ministère de la Culture depuis plusieurs années, est donc essentielle dans les services déconcentrés. Le contrôle de gestion se construit dans les DRAC, dont plus des trois quarts y consacrent tout ou partie d’un ETP. Après la phase de sensibilisation des agents et un premier travail sur les indicateurs en 2005, le recrutement récent d’un contrôleur de gestion à la DRAC de Bourgogne va permettre de consolider la production des outils d’évaluation participant de l’aide à la décision. Des outils au service d’une nouvelle culture de gestion par la performance c u l t u r e Le bilan du premier trimestre de gestion en mode LOLF fait apparaître des avancées et des points de vigilance. Tous s’inscrivent dans une démarche progressive, dont la prochaine étape pourrait être la déconcentration de la gestion de la masse salariale et des plafonds d’emplois. Une autonomisation des services déconcentrés dans ce domaine suppose au préalable l’accélération de la déconcentration des actes de gestion du personnel, la mise à disposition et la formation de gestionnaires de personnel et la construction d’outils performants d’anticipation des évolutions de la masse salariale. Aussi adaptés qu’ils soient aux exigences de la LOLF, les outils informatiques ne peuvent, à eux seuls, être garants de l’appropriation et de l’enracinement de cette nouvelle culture de gestion au sein du ministère. Le succès de la gestion par la performance implique, pour les services déconcentrés, de se doter des atouts nécessaires à la conduite du changement et de repérer les points de vigilance. Une forte implication de l’ensemble de l’équipe du service déconcentré en est le garant. L’automatisation et la fiabilisation du calcul des coûts complets trouveront ensuite tout leur sens dans le cadre de la LOLF. Sur le plan stratégique, l’impact de fait sur le management de la direction régionale s’est traduit par un renforcement de la cohésion de l’équipe de direction au moyen de la désignation, dès le mois de mai 2005, d’une équipe de pilotage stratégique et budgétaire composée de trois adjoints placés auprès de la directrice régionale. Ils l’assistent dans la conduite de changement : deux d’entre eux sont chargés de l’élaboration des stratégies et de leur Ces évolutions, qui s’inscrivent dans une volonté forte de la part du ministère de conduire les réformes, devront se poursuivre à un rythme adapté, permettant à chacun des acteurs de s’approprier les enjeux et d’en consolider les étapes. 쏋 547 86e année - nº 7 - juillet 2006