Position du Réseau BASE sur le nouveau registre des représentants
Transcription
Position du Réseau BASE sur le nouveau registre des représentants
BUSINESS, AFFAIRES PUBLIQUES, STRATÉGIE ET ÉTHIQUE Position du Réseau BASE sur le nouveau registre des représentants d'intérêts à l'Assemblée nationale Au préalable, BASE salue l'avancée que constitue l'établissement de ce nouveau registre, qui s'inspire largement des dispositions du registre commun entre le Parlement européen et la Commission européenne. Avec ces règles de transparence et d’éthique d’inspiration européenne, l’Assemblée Nationale prend acte du fait que la loi est le fruit d’un processus de construction dans lequel s’expriment de nombreux intérêts et que ces derniers doivent pouvoir s'exprimer dans un cadre bien défini et de la manière la plus équitable possible. Toutefois, afin d'éviter de reproduire les écueils du précédent registre et de s'assurer de la réussite de ce nouveau dispositif, au bénéfice des pouvoirs publics et des acteurs de la société civile, BASE souhaite émettre quelques réserves et demandes d'amélioration quant aux modalités de ce nouveau registre : 1. Périmètre des informations budgétaires demandées BASE s'interroge sur le périmètre d'informations demandées. Il y a tout d'abord un problème d'homogénéité. S'agissant des cabinets, il est requis la mention des coûts liés aux activités directes de représentation d’intérêt auprès du Parlement (Assemblée et Sénat), tandis que seule la mention de l'Assemblée figure pour les entreprises privés. Il y a ensuite une nécessaire pédagogie qui devra accompagner ces informations. En effet, il est possible que les coûts spécifiquement dédiés aux activités de représentation d’intérêts auprès de l'Assemblée soient relativement faibles. Il ne faudrait pas que les modiques sommes déclarées soient le cas échéant interprétées comme une volonté de dissimuler la réalité des budgets engagés. En outre, il est probablement rare que les structures concernées disposent d'une comptabilité distinguant les coûts des activités de représentation entre les diverses institutions ciblées. Dès lors, les chiffres mentionnés seront probablement approximatifs. 2. Accroître l'incitation "positive" à s'inscrire sur le registre Si le registre ne peut donner aucun droit, il confèrera néanmoins certains avantages aux représentants d'intérêts qui feront la démarche de s'y inscrire (badge d'accès, mention dans les rapports, alertes, possibilité de publications de documents). Ces avantages s'ils ne sont pas anodins, risquent toutefois de se révéler insuffisamment incitatifs. Ainsi, le système d'alerte mail existe d'ores-et-déjà pour tout citoyen et le système "ELOI" mis en place récemment a renforcé les possibilités de veille législative, sans compter les sites qui retraitent l'information en open data offerte par l'Assemblée. En outre, l'identification des représentants d'intérêts "vertueux" dans le cadre des rapports, si elle est selon nous bienvenue, pourrait être toutefois perçue comme négative par certains groupes d'intérêt, préférant la discrétion. BASE - BUSINESS, AFFAIRES PUBLIQUES, STRATÉGIE ET ÉTHIQUE Association loi 1901 www.reseaubase.fr C'est pourquoi, BASE demande que l'inscription sur le registre soit réellement incitative afin d'être un gage de pluralisme renforcé dans le cadre des auditions réalisées par les différentes instances de l'Assemblée. Ainsi, chaque rapporteur devrait être tenu d'envisager l'audition des représentants d'intérêts inscrits sur le registre et relevant du secteur d'activité dont il a à traiter. Le cas échéant, le parlementaire devrait motiver dans son rapport l'absence d'audition de tel ou tel représentants d'intérêts. Inversement, chaque représentant d'intérêt accrédité devrait pouvoir demander à être auditionné en étant informé en amont de tous les groupes de travail et audition parlementaires. Il ne s'agit pas de rendre le registre véritablement opposable, mais d'en accroître l'utilité pour les parlementaires dont la majorité d'entre eux ignorait l'existence même du précédent registre. Cette recommandation rejoint la préoccupation principale de BASE à savoir de garantir un accès équitable des représentants d'intérêt aux « acteurs normatifs ». Elle se fonde également sur le constat d'une trop faible diversité des panels d'auditions, comme a pu l'attester l'étude menée par Transparency France et Regards Citoyens en 20111. 3. Périmètre des représentants d'intérêts concernés et maturité du registre A l'instar du registre européen, le registre de l'Assemblée nationale concernera l'ensemble des représentants d'intérêt, qu'ils émanent du secteur privé, public, associatif. Cette exhaustivité est bienvenue. BASE souhaite toutefois souligner que, si on peut comprendre que les collectivités locales en tant que telles ne soient pas soumises à ce registre, il n'en est pas de même des nombreuses associations qui les représentent tant à l'échelle nationale que européenne (associations de maires, de départements, de régions, d'intercommunalité ou de syndicats intercommunaux....). Ces associations sont listées comme devant s'enregistrer au registre européen et il conviendrait de veiller à ce qu'il en soit de même pour le registre de l'Assemblée nationale. BASE souhaite par ailleurs attirer l'attention de la délégation sur les représentants d'intérêt sur la maturité de ce registre. Le précédent registre avait atteint péniblement la centaine d'inscrits, bilan très faible et en partie le résultat d'une volonté d'afficher un registre "équilibré" entre acteurs privés, publics, associatifs... Faute d'acteurs associatifs jouant suffisamment le jeu, l'enregistrement d'acteurs privés a été volontairement limité. Il convient donc : - d'éviter qu'un registre parcellaire, composé uniquement d'une catégorie d'acteurs, soit "jeté" en pâture aux médias qui en tireront des conclusions erronées et qui dégraderont l'image des représentants inscrits, pourtant vertueux dans leur démarche; - d'éviter de répéter l'erreur du registre précédent, objet d'un "name and shame" permanent pour la poignée de représentants d'intérêts volontairement inscrits (de la part d'une certaine presse voire de l'Assemblée nationale elle-même dans le cas des laboratoires pharmaceutiques) et décourageant ainsi les nouvelles inscriptions. BASE suggère donc que la publication du registre soit conditionnée à l'atteinte d'un nombre d'inscrits suffisant (a minima le nombre d'inscrits atteint par le registre précédent) dans chacune des catégories d'acteurs concernées ou que leur budget ne soit pas publié la première année. 1 http://www.regardscitoyens.org/transparence-france/etude-lobbying/ BASE - BUSINESS, AFFAIRES PUBLIQUES, STRATÉGIE ET ÉTHIQUE Association loi 1901 www.reseaubase.fr