demonlover - DeVilDead

Transcription

demonlover - DeVilDead
http://www.devildead.com
DEMONLOVER
Titre original : DEMONLOVER
Année : 2001
Nationalité : France
Acteurs : Connie Nielsen, Chloe Sevigny, Charles Berling, Gina Gershon & Julie Brochen
Réalisateur : Olivier Assayas
Scénario : Olivier Assayas
Musique : Sonic Youth
public LES RIVIÈRES POURPRES et LE PACTE DES
LOUPS, il se décide à écrire un ambitieux thriller,
DEMONLOVER, qu'il tournera un an plus tard, entre le Japon,
la France et le Mexique. Il réunit un casting international,
regroupant des comédiens venant d'horizons variés. Outre le
français Charles Berling, on trouve la danoise Connie Nielsen
(MISSION TO MARS...), ainsi que les américaines Chloë
Sevigny (BOYS DON'T CRY de Kimberly Peirce) et Gina
Gershon (BOUND des frères Wachowski)...
Diane le Monx, cadre supérieure dans une compagnie
financière française, supervise l'achat par celle-ci d'une société
japonaise d'animation TokyoAnimé. Dès lors, deux puissantes
firmes spécialisées dans le dessin animé pour adultes vont
s'affronter pour obtenir les droits d'exploitations de ces
oeuvres : Mangatronics et Demonlover...
Fils du scénariste Jacques Rémy (LES BIJOUTIERS DU
CLAIR DE LUNE de Vadim, LE BOIS DES AMANTS de
Claude Autant-Lara...), Olivier Assayas rentre chez "Les
cahiers du cinéma" aux alentours de 1980, alors que la célèbre
revue était en plein changement de formule et d'équipe. Après
une période politiquement très engagée à gauche et
artistiquement "intransigeante", le journal s'ouvre à des
cinémas plus diversifiés. Le jeune critique se montre attentif au
travail de personnes comme Carpenter ou Cronenberg. De
même, en 1984, il participe à un numéro hors-série des
"Cahiers" dédié au cinéma de Honk Kong. Après divers courtsmétrages, notamment élaborés autour de membres de groupes
rock comme les "Stinky toys" ou "Tuxedo moon", il réalise son
premier long, DÉSORDRE, en 1986. C'est surtout au début
des années 1990 qu'il acquiert la reconnaissance d'une partie
de la critique, lorsqu'une nouvelle génération de cinéastes
français, comme Despleschin ou Pascale Ferran, se
complaisent, avec une réussite variable, dans des chroniques
intimistes.
Assayas se fait alors remarquer avec PARIS S'ÉVEILLE,
UNE NOUVELLE VIE, puis IRMA VEP, dans lequel il tente
de timides appels du pied vers le cinéma "de genre". A la fin
des années 1990, le vent tourne, et il change de registre avec
LES DESTINEES SENTIMENTALES, une adaptation
littéraire en costumes. En 2000, alors que triomphent auprès du
Suite à l'étrange kidnapping d'une de ses collègues, Diane le
Monx est chargée d'un dossier brûlant par les établissement
financiers Volf, dont elle est salariée. Elle doit superviser
l'acquisition des studios japonais TokyoAnimé, spécialisés
dans les dessins animés pour adultes. Diane se rend à Tokyo,
où l'affaire est conclue. Mais, à son retour, Volf est sollicité
par les dirigeants de Demonlover, leader sur le marché de la
pornographie sur Internet, qui veulent acquérir les droits de
diffusion des oeuvres de TokyoAnimé. Ce contrat leur
permettrait en effet d'écraser leur concurrent, Mangatronics.
Mais il semble que Demonlover soit associé à des commerces
illégaux, et notamment à la gestion de sites très violents...
DEMONLOVER se présente avant tout comme un thriller
d'espionnage industriel. S'inscrivant dans les milieux d'affaire
internationaux, l'action s'articule autour d'âpres négociations
ayant pour enjeu le commerce et la circulation d'images à
caractère pornographique, notamment sur internet. Des
sommes d'argent colossales sont en jeu, et les acteurs de ces
tractations, motivés par le seul appât du gain, changent
facilement de camp.
Assayas décrit un monde des affaires d'une rare froideur,
baignant dans un confort trompeur. Les rapports entre les
individus sont complètement faussés par les intérêts financiers,
et cet univers à part exige un tempérament de prédateur pour y
survivre. Toute la première moitié du métrage se consacre à la
description très noire, et non dénuée de clichés, de cet univers,
dans lequel tout se ramène à la seule loi de l'offre et de la
demande. Cela donne néanmoins lieu à un scénario original,
habilement construit, bien que se traînant un peu.
D'autre part, DEMONLOVER s'intéresse à la circulation
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 1 sur 3
des images, à l'économie qu'elles génèrent et à l'imaginaire
qu'elles véhiculent. Maintes références sont alors faites à
VIDEODROME, dans lequel Max Renn (James Woods)
cherchait des programmes de plus en plus violents afin
d'assurer de bonnes audiences à la chaîne du câble qu'il
dirigeait. Entre les dessins animés pornographiques, les jeux
vidéos, les images de violence réelle ou fictive, Assayas se
prête alors à un amalgame embarrassant, consistant à tout
mettre dans un même panier, du snuff movie (de la pure
légende urbaine, donc) aux comics américains.
Le film se permet même un dénouement ridicule,
qu'Assayas explique, dans le commentaire audio, avec un
argument condescendant, déjà trop entendu : les jeunes
spectateurs (forcément idiots !) sont incapables de distinguer la
réalité de la fiction... Trahissant ainsi un mépris souverain pour
le grand public, il affiche en plus une méfiance prononcée pour
toutes formes d'expression à destination populaire (auquel il se
réfère pourtant, dans son cinéma, en citant souvent le feuilleton
cinématographique LES VAMPIRES de Feuillade),
apparemment vouées à transmettre le vice et la violence à
travers le monde. Les thèmes abordés (internet, les jeux
vidéos...), Assayas semble les survoler
de loin, et les utiliser à la seule fin
d'élaborer une morale simplette et
globalisante. Le procédé se teinte, en
plus, d'une hypocrisie déplaisante,
quelques plans "X" extraits de vraies
oeuvres érotiques ayant été insérés
dans le métrage afin de lui donner une
touche sulfureuse supplémentaire.
Pourtant, DEMONLOVER n'est
pas un film qui suscite complètement
le rejet. Certes, son déroulement est
parfois inégal et longuet. Dans sa
dernière demi-heure, il part même
totalement en vrille, dans des
séquences
assez
gratuites.
La
réalisation, se limitant à coller les
personnages à l'aide d'une caméra
constamment
mobile,
devient
rapidement lassante. Ce procédé
présente l'inconvénient de donner un
caractère brouillon à certains passages
(la bagarre dans l'hôtel), mais il
permet aussi d'atteindre par moments
un chaos désespéré, en parfaite harmonie avec le personnage
principal, Diane, lorsque celle-ci est en pleine chute libre.
Assayas a le mérite de ne pas chercher à imiter un modèle
américain, comme le faisait, par exemple, Kassovitz pour LES
RIVIÈRES POURPRES. Il préfère proposer une oeuvre
personnelle, aussi bien dans la forme que dans le fond.
Alternant réussites plastiques et longueurs, moments de poésie
mélancolique et réflexions brouillonnes, DEMONLOVER
irrite, mais intrigue aussi. En compétition dans la sélection
officielle du festival de Cannes, il y reçoit un accueil mitigé.
Avant sa sortie en salles, Assayas décide de faire quelques
changements dans le montage. Les critiques françaises seront
plutôt positives, mais le public ne sera pas au rendez-vous.
Ce DVD français propose l'image dans son format 2.35
d'origine. L'essentiel du métrage a été tourné en Super 35,
mais d'autres standards ont été utilisés comme la DV (les snuff
movies) ou le super 16 (la fuite au Mexique), recadrés en 2.35.
Le film ayant été étalonné en numérique, les éléments
argentiques (super 35 et super 16) ont été scannés, sans passer,
pour le second format, par un gonflage en 35 mm. Or
l'étalonnage numérique n'est pas totalement maîtrisé pour le
moment. Tout cela pour dire qu'il est difficile, pour un tel film,
de faire la part des choses entre les inconvénients de cette
technique et les défauts inhérents à ce DVD.
Quoi qu'il en soit, l'image de ce DVD est globalement très
correcte, bien qu'on signale quelques problèmes, notamment
des noirs ayant tendance à virer à une bouillie verdâtre
fourmillante, et des petites limites dans la définition. Le rendu
du grain dans les plans de nuit ou en 16 mm manque de
naturel, tout comme certaines couleurs vives. Néanmoins
l'ensemble est de qualité correcte, même si on pouvait
s'attendre à un peu mieux pour un film aussi récent.
Le son est proposé dans sa version originale française
(incluant des passages en anglais sous-titrés en français) en
Dolby Digital 5.1 ou 2.0 surround, au choix.
La section Bonus est généreuse. On y trouve d'abord un
commentaire audio d'Olivier Assayas, qui est TRÈS bavard !
C'est bien simple, il n'arrête quasiment pas de parler durant les
deux heures du métrage. Pendant la
première heure et demie, une grande
part de son commentaire va consister
à détailler ce qui se passe à l'écran, ce
qui engendre parfois une impression
de paraphrase, mais aide aussi, par
moment, à attirer l'attention sur
certains détails qui peuvent passer
inaperçus. Lorsque le récit tend à
partir en sucette (dernière demiheure),
Assayas
émet
des
considérations plus générales sur les
idées véhiculées par son film ; il
sombre alors parfois dans une certaine
confusion prétentieuse, abusant de
tournures pédantes et de phrases
interminables, dans lesquelles luimême semble se perdre !
Un long "Making of" est proposé. Il
s'agit essentiellement de montrer
l'équipe au travail au cours du
tournage de plusieurs scènes du film,
avec
quelques
rares
extraits
d'interviews.
Soigné,
cherchant
visiblement à tourner le dos au travail très carré des habituels
"Making of", ce vrai film souffre toutefois d'être un peu
redondant sur la longueur. Un autre film nous montre le groupe
"Sonic Youth" et Jim O'Rourke travailler à l'élaboration de la
bande originale de DEMONLOVER ; là encore, on apprécie un
travail soigné et original, mais on regrette un aspect répétitif et,
en fin de compte, longuet.
Dans un style plus traditionnel, on peut visionner de courtes
interviews d'Assayas, Connie Nielsen, Chloë Sevigny et
Charles Berling. On trouve encore deux bande-annonces et
une version du contenu du site "Hellfire club" un peu plus
longue que dans le film. Enfin, un bonus caché propose une
courte interview de Connie Nielsen.
DEMONLOVER est un film qui partage. Longuet, inégal,
lassant, se livrant à une réflexion très primaire sur les images,
il frappe aussi par sa noirceur, sa forte personnalité et
l'intensité de son interprétation. Le DVD propose une édition
globalement très correcte, avec des bonus, qui, même s'ils ne
sont pas parfaits, ont le mérite de rompre avec le train-train des
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 2 sur 3
cadeaux purement promotionnels habituellement proposés.
Emmanuel Denis
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 3 sur 3