cr Antoine Sfeir 16 01 2013 - contrat
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cr Antoine Sfeir 16 01 2013 - contrat
Contrat-‐social Déjeuner du 16 janvier 2013 Intervention d’Antoine Sfeir : « Tour d’horizon sur la situation actuelle ! » Antoine Sfeir, Libanais d’origine, devenu Français a été formé au collège Saint-Joseph de jésuites à Beyrouth. Il est aujourd’hui directeur de la rédaction des Cahiers de l’Orient et membre du centre d’études et de réflexion sur le Moyen Orient. Il assure un rôle de pont entre les deux cultures, occidentale et moyen-orientale. Il participe ainsi au rapprochement des points de vue. Antoine Sfeir se présente comme « républicain » de choix et explique que la France lui a donné la chance d’être « laïc », c’est sa « confession ». La situation au Mali est le premier point évoqué. Des enjeux diplomatiques : lors de son récent voyage en Algérie François Hollande a obtenu des Algériens le feu vert pour l’action « si la communauté internationale » était d’accord. Aujourd’hui la demande d’intervention est générale : de la part du gouvernement malien bien sûr, mais aussi des gouvernants des pays voisins, avec l’approbation de l’ONU. L’Algérie a donc permis le survol de son territoire et fermé sa frontière terrestre. Elle a aussi poussé la Mauritanie à le faire (nb. le déjeuner se tenait la veille de l’attaque du site algérien d’In Amenas). Pour la France l’enjeu est aussi économique avec les mines du Mali et l’uranium du Niger… Aujourd’hui il y a au Sahara plusieurs groupes de combattants : au départ le MNLA laïc des Touaregs, peuple nomade en rébellion depuis longtemps. Ce mouvement a éclaté au profit d’Ansar Dine, rassemblement d’islamistes touaregs armés et payés par le Qatar (peut-être avec les armes achetées à la France !) et les Touaregs laïcs ont été battus. Aussi Aqmi (Al Qaida) et le Mujao, rassemblement de trafiquants. Les armes viennent en grande partie des arsenaux de Libye qui ont été pillés par les ex-mercenaires de Khadafi qui ont rejoint les islamistes… Avec notre intervention, nos « alliés stratégiques » (Saoudiens et Qataris), qui nous trahissent régulièrement, sont maintenant prévenus ! D’ailleurs, le voyage de François Hollande aux Émirats Arabes Unis aurait permis de clarifier la position de la France, attendue par ce pays depuis plus de dix ans ! 1/3 Contrat-‐social Quid de la solution au Mali ? il faudrait un accord de décentralisation (pas d’autonomie) pour les Touaregs, à cheval sur au moins quatre pays (Algérie, Mauritanie, Mali, Niger) Un rappel sur l’Islam Les musulmans sont sunnites à 90 %, chiites à 9 %, et les autres (Oman, Ismaéliens, Druzes, Halevis turcs.) représentent 1 %. Par ailleurs, 15 % des Arabes ne sont pas musulmans : ils sont chrétiens ; la plupart des juifs ont émigré en Israël. Depuis 1978 les chiites ont leur « Vatican » : Téhéran ! Pour être un bon musulman, il faut respecter les cinq piliers de l’Islam (un seul Dieu, Mahomet dernier prophète, les cinq prières, le ramadan, la charité (qui peut aller jusqu’à 10 % du bénéfice de son travail à donner pour le développement de l’Oumma…). Si la doctrine est simple, elle se prête en fait à de nombreuses interprétations. Islamistes, salafistes, djihadistes — Parler des « islamistes » c’est parler des sunnites. D’ailleurs, « islamisme » est un mot nouveau de 1983 ; c’est la doctrine de ceux qui veulent « islamiser » le champ social, politique, économique ; il s’attaque aux institutions de l’État. — Les « salafistes » considèrent que la société doit vivre comme au temps du Prophète : ils s’attaquent à la société ; ils sont rivaux des islamistes mais pas adversaires ! — Les « djihadistes » franchissent le pas de la guerre (djihad voulant dire « effort ») Quelques éléments historiques En 1950 la création de l’État d’Israël a perturbé la région ; puis en 1956 l’intervention de Suez des Français et des Anglais (avec les Israéliens) a aussi constitué une faute politique majeure. Les États-Unis deviennent les alliés des Saoudiens au lieu de choisir le moderne Nasser ! C’est le renouveau de l’islamisme wahhabite… avec ses « enfants perdus » (Kelkal, Mehra) sous l’emprise d’imams saoudiens. 2/3 Contrat-‐social En France nous avons un problème avec nos musulmans : l’intégration rapide des 1re et 2e générations, qui a créé des activités diverses et des petits commerces, a laissé place aujourd’hui à une 3e génération complètement déstabilisée… Ces jeunes n’ont pas de racines car ils n’ont pas été élevés dans la connaissance du pays d’où ils viennent ou de leur religion ; quand ils se remettent à pratiquer celle-ci, c’est sous l’influence de prêcheurs islamistes. Jusqu’en 2005 la France pouvait parler avec tout le monde arabe. En 2005, avec l’assassinat du président Hariri, ami personnel de Jacques Chirac, ce dernier a accusé immédiatement la Syrie d’être responsable sans attendre les résultats de l’enquête : il a choisi un camp. Aujourd’hui, c’est la première fois que nous stoppons les islamistes : le Qatar va devoir réfléchir… Le Qatar ce sont des tribus ; il n’existe pas de société civile ; 150 000 personnes ; pas d’État ; l’ouverture au monde est factice ; ils estiment avoir un devoir de soutien à l’Islam… Une tribu est la cellule première de la société nomade, elle englobe les clans ; un individu doit allégeance au chef de tribu, pas au « pater familias, premier né » comme en occident ; ce chef de tribu est coopté, pas élu ; il doit avoir des convictions et les faire partager. NB : Le coup de génie de Mahomet : « vous ne faites plus allégeance à la tribu mais à Dieu, vous êtes des musulmans » Autres pays Israël : on peut se demander si les Israéliens n’estiment pas qu’il n’y aura pas de paix tant que les États voisins n’auront pas éclaté pour céder la place à une sorte de « puzzle » de communautés « néo-ottoman » Le Maroc ? Le Maroc semble passer entre les gouttes grâce à la souplesse du roi actuel (il a épousé une Berbère du sud et a donc réconcilié le pays). La corruption y est relative car « ce qui est au roi est au peuple ». L’Iran ? Les Perses ont peur du déferlement des hordes islamistes afghanes ou pakistanaises (l’éclatement du Pakistan avec un Baloutchistan indépendant est envisageable). Ils veulent prouver qu’ils peuvent construire la bombe atomique mais ils n’iront pas forcément jusqu’à la 3/3 Contrat-‐social faire réellement, sinon il y aurait une contagion dans toute la région ; c’est pour cela qu’ils vont peut-être tenter de se réconcilier avec les Américains sur le dos des sunnites (!) Les élections de l’année prochaine seront révélatrices. D’ailleurs le « printemps arabe » a commencé avec les rassemblements de Téhéran en 2009. Antoine Sfeir est optimiste pour l’Égypte (Morsi s’est décrédibilisé) mais pessimiste pour la Tunisie ; quant à la Libye on y assiste à un retour aux tribus d’avant Khadafi. L’intervention en Libye a entraîné un chaos permanent, qui n’est pas près de disparaître : le pays revient à ses coutumes tribales. Quant à la Syrie ? les Russes jouent maintenant le rôle de protecteurs des chrétiens du Moyen Orient ; cela permet à la Syrie d’Assad de se maintenir (avec aussi le soutien des Iraniens) contre l’alliance des Turcs, de l’Arabie Saoudite et du Quatar. « L’idéal serait que cela dure le plus longtemps possible » pensent les voisins ! En guise de conclusion : tout commence dans les écoles avec l’enseignement : l’accès à l’enseignement est la première des libertés… pour s’opposer à l’obscurantisme et exercer l’esprit critique (la raison) *** 4/3