Tirez le meilleur parti des états financiers de votre ferme
Transcription
Tirez le meilleur parti des états financiers de votre ferme
Tirez le meilleur parti des états financiers de votre ferme Si vous avez déposé récemment un jeu d’états financiers à votre banque, vous vous êtes peut-être demandé en quoi il était utile à votre banquier. Dans ce rapport spécial, nous avons demandé à trois directeurs de comptes, secteur agricole, RBC Banque Royale, de nous le dévoiler : Quels sont les chiffres qui retiennent le plus leur attention ? Pourquoi importent-ils ? Et de quelle façon les résultats du dernier exercice peuvent-ils guider la planification de l’exercice courant ? De nombreux exploitants agricoles considèrent les états financiers, avouons-le, comme des documents à produire et à oublier. Beaucoup reçoivent les états financiers de leur expert-comptable et en remettent un exemplaire à leur banquier. Point final ! C’est compréhensible : les producteurs doivent exploiter leur entreprise, et l’analyse financière n’est pas particulièrement amusante. Néanmoins, selon Nicole Clément, le temps consacré aux états financiers peut être extrêmement rentable. « J’ai un client qui établit des projections pour son entreprise tous les ans, et qui les compare, en fin d’année, aux résultats réels, déclare Mme Clément, directrice de comptes, secteur agricole, RBC Banque Royale, à Embrun, en Ontario. Si les résultats réels sont inférieurs aux projections, il en connaît les raisons. Cette activité est très fructueuse, et je crois que la planification et l’évaluation que ce client effectue chaque année sont la clé de son succès. » À RBC, les états financiers de la clientèle sont habituellement examinés une fois l’an, dans le cadre du processus de révision du crédit. L’examen vise à comprendre la capacité de remboursement du client et à dégager toute variation à ce titre au cours de la dernière année. Lorsqu’elle reçoit les états financiers d’un client, Mme Clément commence par calculer le ratio de couverture de la dette (RCD) du client. Pour ce faire, elle divise le revenu net d’exploitation de l’exercice ou BAIIDA (bénéfice avant intérêts, impôts et dotations aux amortissements) par le total des dettes. « Ce ratio montre le revenu résiduel qui est disponible pour la couverture des paiements », explique Mme Clément, dont la clientèle se compose principalement de producteurs de produits laitiers ou de cultures commerciales. « En règle générale, le RCD devrait au moins s’élever à 1,2. » Un tel ratio indique qu’il y a un peu de jeu si, l’exercice suivant, le revenu est inférieur ou les dépenses sont supérieures aux prévisions du producteur. Comprendre le fonds de roulement Le ratio de liquidité générale mesure la capacité de l’entreprise à honorer ses obligations à court terme. Il correspond au quotient de l’actif à court terme (liquidités, créances et stocks) par le passif à court terme (sommes à payer au cours des 12 prochains mois). En soustrayant le passif à court terme de l’actif à court terme, on obtient le fonds de roulement de la ferme. Lorsque Sharon Bucsis examine les états financiers de ses clients, elle s’attarde sur l’état des flux de trésorerie. Elle compare le fonds de roulement aux débours annuels de l’exploitation agricole. « Je recherche un ratio supérieur à 35 % », précise Mme Bucsis, directrice de comptes, secteur agricole, RBC Banque Royale, à Regina, en Saskatchewan, dont la clientèle est principalement constituée de producteurs de céréales. « Autrement dit, le fonds de roulement est alors suffisant pour couvrir le coût annuel décaissé. Mais si le fonds de roulement diminue, il en va de même de la capacité de remboursement. » Mme Bucsis recherche d’autres éléments qui lui indiquent si la situation financière de la ferme s’améliore, se détériore ou est stable. Les dépenses augmentent-elles en pourcentage du revenu ? Y a-t-il des variations importantes des débiteurs ou des créditeurs ? Des retraits importants ou inhabituels ont-ils été effectués par les actionnaires ou y a-t-il de nouvelles dettes ? Suite... Les états financiers forment donc une bonne partie des renseignements que votre banquier utilise pour évaluer la santé financière de votre ferme. Les données sur la production sont aussi cruciales. Après tout, le remboursement de la dette provient uniquement du revenu produit par une entreprise productive et profitable. « Sur le plan de la production, comment les rendements de culture du client se comparent-ils aux moyennes de l’assurance récolte dans la région ?, ajoute Mme Bucsis. Le client dispose-t-il d’un système d’information de gestion et de données internes sur le coût de production ? En ce qui a trait à la gestion du risque, le client participe-t-il à l’assurance récolte et à Agri-stabilité ? Établit-il à l’avance le prix d’une partie de ses cultures et paie-t-il à l’avance certains de ses intrants ? » L’importance de la stabilité Certains types d’éléments d’information financière sont plus ou moins révélateurs, selon le secteur agricole auquel participe le producteur. En ce qui concerne les producteurs de cultures commerciales, par exemple, le ratio de liquidité générale est considéré comme particulièrement utile pour évaluer la capacité de l’entreprise à surmonter la volatilité à court terme du prix des denrées. À Shubenacadie, en Nouvelle-Écosse, Andrew Poehl compte 85 % de producteurs de produits laitiers au sein de sa clientèle. Lorsqu’il reçoit les états financiers de ces producteurs, le directeur de comptes, secteur agricole, RBC, porte son attention sur le BAIIDA. « Dans une entreprise soumise à la gestion de l’offre, nous recherchons un BAIIDA stable d’une année à l’autre, affirme M. Poehl. Le revenu est généralement stable, sauf s’il y a une expansion ; donc, si le bénéfice varie, les frais de production varient aussi. » que le revenu, il y a peut-être lieu de s’inquiéter, car il en résulte une compression des marges. Ensuite, M. Poehl cherche à savoir si le profil des dettes de la ferme a changé par rapport à l’exercice précédent. Il a pour principe directeur que la dette portant intérêts de la ferme, soit l’emprunt contracté auprès d’une institution financière par opposition au prêt d’un actionnaire, ne doit pas excéder huit fois le BAIIDA. Par nature, l’être humain est optimiste quant à l’avenir. Il est tentant de croire que la prochaine année sera bien meilleure que la dernière. L’utilité des états financiers, selon M. Poehl, tient à ce qu’ils indiquent ce qui est réalisable plutôt que ce qui est possible. En ce sens, les états financiers du dernier exercice jettent un éclairage précieux sur le plan d’affaires de l’exercice courant. « C’est notre meilleur outil pour savoir ce dont l’entreprise est capable, conclut M. Poehl. Le producteur connaît mieux son entreprise que quiconque. S’il établit une projection réaliste fondée sur les résultats des exercices précédents, nous avons la conviction que ça fonctionnera. » « L’expérience démontre que les associés d’une exploitation agricole qui ne visent pas des objectifs communs sont un indicateur fiable de problèmes futurs. Dans le cadre de la révision annuelle, prenez le temps de réfléchir à l’évolution de votre entreprise et à vos objectifs personnels ainsi qu’à ceux de vos associés. Déterminez ce que vous voulez réaliser, de quelle façon vous allez y arriver et rédigez votre plan. » – David Kohl, économiste agricole renommé et associé, RBC Peu importe le secteur agricole, il convient d’observer, dans l’état des résultats, toute variation du coût des intrants agricoles par rapport aux exercices précédents. Si le coût des intrants augmente plus vite ® Marques déposées de la Banque Royale du Canada. RBC et Banque Royale sont des marques déposées de la Banque Royale du Canada. 33399 (05/2011)