Le gLobe céLeste de schissLeR : enjeux d`histoiRe des

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Le gLobe céLeste de schissLeR : enjeux d`histoiRe des
METALS
Samuel Gessner*
Centro Interuniversitário de História das Ciências e da Tecnologia (CIUHCT–FCUL/FCTUNL)
Lisbonne, Portugal
[email protected]
Ana Maria Mesquita e Carmo
Laboratório de Conservação e Restauro
José de Figueiredo (IMC)
Lisbonne, Portugal
[email protected]
*Auteur à qui doit être envoyée
la correspondance
Mots clés : globe métallique, XVIe siècle, Christoph Schissler, Augsbourg,
XRF, CT scan, vis, cuivre doré
Résumé
Le musée du Palácio Nacional de Sintra
conserve un globe céleste daté de 1575. Avec
sa surface métallique, richement gravée, il
provient de l’atelier d’un célèbre fabricant
de l’époque : Christoph Schissler le Vieux. Ce
travail présente les résultats d’analyse de la
structure et de la composition du globe en
utilisant la radiographie, la tomographie axiale et la spectrométrie de fluorescence X. L’étude vise à établir, du point de vue historique,
les caractéristiques des ouvrages de Schissler
ainsi que les conditions pour la conservation
préventive. Il est montré que le globe est
de composition entièrement métallique. La
structure interne, de type armillaire, révèle
un système de construction techniquement
sophistiqué peu commun pour les globes de
l’époque. Sa structure s’avère résistante et en
bon état. Ainsi, seules des mesures normales
pour ce type de matériaux seront nécessaires
pour sa conservation.
Abstract
The Museum of the National Palace of Sintra
holds a celestial globe, with a richly engraved
metallic surface, that dates from 1575, and is
from the workshop of Christoph Schissler the
Elder, a famous instrument maker of the time.
This work presents the results of an analysis of the globe’s structure and composition
obtained by radiography, axial tomography,
and X-ray fluorescence. The study seeks to establish both the characteristics of Schissler’s
works from a historical perspective and the
conditions for preventive conservation. The
globe is shown to be composed entirely of
metal. The internal armillary structure results
from a technically sophisticated assemblage
system uncommon used for globes at the
time. Its structure is resistant and in good
Le globe céleste
de Schissler : enjeux
d’histoire des sciences
et de préservation
du patrimoine
Contextes historiques et objectifs
Christoph Schissler le Vieux (env.1531–1608) était un fabricant renommé
d’instruments mathématiques et astronomiques, de mécanismes et
d’automates.1 Son atelier livrait des ouvrages notamment aux princes
intéressés par les mathématiques appliquées et l’astronomie comme
l’empereur Rudolphe II (Vienne et Prague) ou le prince électeur Auguste
de Saxe (Dresde). Encore après la mort du maître fabricant, Mattias Medici
acquérait, lors de son voyage en Allemagne, de nombreux instruments signés
Schissler pour sa collection en Toscane.2 L’atelier de Schissler se trouvait
à Augsbourg, à cette époque un important centre d’artisans spécialisés
dans le travail du métal, notamment des armuriers, qui jouissaient d’une
réputation au-delà des pays germaniques.3 Dès le milieu du XVIème
siècle, les globes célestes et terrestres, souvent produits en paires,
faisaient partie de l’équipement courant des cabinets érudits de nobles
et de la bourgeoisie cultivée. Au-delà de leur usage cosmographique ils
contribuaient au prestige du propriétaire, par leur élaboration précieuse
et en mettant en valeur ses connaissances. Néanmoins, le globe céleste
de Schissler, de 42 cm de diamètre, est un des rares globes métalliques
de grande dimension du XVIème siècle (Figure 1). 4 Il faisait autrefois
partie des collections royales du Portugal et se trouve actuellement au
musée du Palácio Nacional de Sintra (PNS) près de Lisbonne (Numéro
d’inventaire 3457).5
Un document contemporain du globe nous fournit des renseignements
détaillés au sujet de la fabrication d’un globe à surface métallique à
Augsbourg. À savoir, Tycho Brahe (1546–1601) décrit dans son livre
Astronomiae instauratae mechanica (Wandsbek 1598) un globe céleste
d’environ 150 cm de diamètre qu’il y a fait fabriquer aux alentours de
1570. Le résultat ne satisfaisait pas l’astronome, car on lui aurait fourni
une structure dont la sphéricité n’était pas suffisamment exacte. Un premier
défi était donc de confronter la structure du grand globe de Schissler à
celle de ce globe construit à Augsbourg pendant les mêmes années, connue
grâce à sa description par Tycho Brahe (1598, 54–55). Ce dernier indique
que son globe avait une structure interne en bois, source des problèmes
de sphéricité. Si le globe de Schissler était de la même constitution, il
devrait subir des mesures de conservation appropriées. Le deuxième défi
était d’identifier la composition des alliages métalliques employés et les
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METALS
Le globe céleste
de Schissler : enjeux
d’histoire des sciences
et de préservation
du patrimoine
condition. Therefore, only standard measures
for this type of material are required for its
conservation.
détails de sa construction afin de pouvoir mieux connaître les techniques
de fabrication maîtrisées à l’atelier de Schissler.
Resumen
Spectrométrie de fluorescence X :
méthode et résultats
El Museo del Palacio Nacional de Sintra alberga un globo celeste con una superficie
metálica ricamente decorada con grabados,
que data de 1575 y proviene del taller de
Christoph Schissler el Viejo, un famoso constructor de la época. Este trabajo presenta los
resultados de un análisis de la estructura y
composición del globo obtenidas a partir de
radiografía, tomografía axial y fluorescencia
de rayos X. El estudio pretende establecer al
mismo tiempo las características de las obras
de Schissler desde una perspectiva histórica, y
las condiciones para su conservación preventiva. Se muestra que el globo está compuesto
totalmente de metal. La estructura interna, de
tipo armilar, resulta de un sistema de construcción técnicamente muy sofisticado poco
común para fabricar globos en aquella época.
Su estructura es resistente y está en buen estado. Por lo tanto, para su conservación solo
es necesario emplear las medidas estándares
para este tipo de material.
Figure 1
Globe céleste fait à Augsbourg, 1575, par
Christoph Schissler le Vieux (env. 1531–1608),
un des plus importants fabricants
d’instruments mathématiques en métal.
Diamètre 42 cm, Palácio Nacional de Sintra,
Portugal, Inv. 3457. (Photo IMC/Cláudio
Marques)
Le globe n’étant pourvu d’aucune ouverture, sa structure interne demeurait
mystérieuse. Extérieurement, le globe se présente comme une sphère
relativement intacte, composée de douze segments égaux de métal jaune,
en forme de quartier, cloués chacun par 14 rivets en métal oxydé noir sur
un support interne. Un seul de ces segments, celui correspondant au signe
zodiacal Pisces, semble être fixé au moyen de vis à tête creuse au lieu de
clous. Seules deux courtes épines métalliques en métal foncé dépassent
de la sphère, constituant un axe de rotation. Un anneau méridien numéroté
par poinçons et pourvu d’une échelle graduée, leur est attaché par des
bracelets vissés sur une des faces. La surface sphérique est gravée au
burin avec les cercles célestes, les symboles des signes du zodiaque tout
le long de l’écliptique et des centaines d’étoiles distribuées sur 50 figures
de constellations exécutées très artistiquement. On y trouve également
gravées deux cartouches avec des inscriptions et deux blasons. 6 Une
troisième cartouche contient une échelle de magnitude des étoiles, de la
première à la sixième, selon la convention d’Hipparque, avec le symbole
correspondant à chaque magnitude, numérotée de 1 à 6. Les symboles des
magnitudes 3e, 4e et 5e, ne se différencient que par la taille et la proportion
des rayons, ce qui rend leur distinction impossible sur la partie restante du
globe. Y avait-il, à l’origine, une coloration (argent, émail, peinture) pour
les différencier ? Voici encore une question que l’analyse visait à résoudre
et, comme nous verrons ci-dessous, qui a reçu une réponse négative.
La spectrométrie de fluorescence X (XRF) est largement employée dans
l’étude scientifique d’œuvres d’art, car l’absence de prélèvements lui confère
un caractère totalement non destructif, essentiel quand l’intégrité de l’objet
à étudier est une priorité. Cette technique permettra la détermination de
la composition des alliages des différents éléments du globe. L’appareil
utilisé est un instrument portable (EIS Sarl – modèle XRS38) contenant
un tube à rayons X à anode de tungstène et un détecteur semi-conducteur
(SDD, Silicium Drift Detector) avec refroidissement par effet Peltier,
montés sur un même support selon un angle d’environ 45°, étudié de
façon à maximiser le rendement du détecteur. D’un côté et de l’autre de
la fenêtre de sortie de la radiation du tube à rayons X, deux lasers ont été
placés, perpendiculairement l’un à l’autre, pour indiquer avec précision
le point d’excitation. Le logiciel d’acquisition installé dans l’ordinateur
MCA 8000A fonctionne sous Windows.
Après un examen à la loupe binoculaire, nous avons effectué une soixantaine
d’analyses sur des points situés dans des zones dorées de la surface des douze
segments et sur des zones du globe très usées où la dorure a disparu, par
exemple sur l’anneau méridien à 41° et 43° sud ou près des signes zodiacaux
Capricornus et Aquarius, à côté de l’équateur. Les analyses réalisées ont
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également ciblé la zone où se trouvent des étoiles de différentes magnitudes.
Les pointes de l’axe nord, les pans de structure interne apparaissant aux
pôles écliptiques ou encore les vis et les rivets de quelques quartiers,
ont aussi fait l’objet de mesures (Figure 2). Pour servir de référence en
vue d’une analyse quantitative, on a aussi analysé, le même jour et sous
des conditions identiques, deux étalons de laiton avec une faible teneur
en zinc qui ont, respectivement, des teneurs en cuivre et en zinc de (Cu
93.38% ; Zn 6.30%) et de (Cu 84.53% ; Zn 3.22%) [numéros de série
C1112 du US Department of Commerce et BCS nº 183/3 du Bureau of
Analysed Samples, Ltd, appartenant les deux à l’Instituto Tecnológico e
Nuclear de Lisboa (ITN)].
Les spectres ont été obtenus en utilisant un voltage de 30 kV et une intensité
de courant de 0,3 mA pendant 300 s. Une comparaison exhaustive des
spectres acquis avec le spectromètre de fluorescence X nous a permis
de conclure que l’essentiel du globe n’était pas constitué d’un alliage de
cuivre et de zinc (laiton) mais de cuivre doré. Outre l’identification du
cuivre (Cu), la forte teneur en or (Au) et la présence de mercure (Hg)
nous indique que le globe a été doré selon la méthode traditionnelle avec
un amalgame (Figure 3).
Figure 2
Photographie du globe avec indication de
points clés analysés par spectrométrie de
fluorescence X (XRF)
Figure 3
Spectre XRF de la surface d’un segment Aquarius identifié comme du cuivre doré avec présence de mercure (Cu, Au, Hg). Ordonnées : comptage. Abscisses : énergie (keV)
Les analyses des zones choisies pour leur usure et l’absence de dorure ont
confirmé la composition du globe comme étant de cuivre (Figure 4). Pour
l’analyse quantitative, un traitement informatique de ces résultats et leur
comparaison avec les alliages-étalons en utilisant le programme PyMCA de
l’European Synchrotron Radiation Facility (ESRF) a été réalisé à l’Université
de Évora. La surface sphérique du globe et l’anneau méridien ont une teneur
en cuivre d’environ 97% et une très faible teneur en zinc et plomb.
Les analyses réalisées sur plusieurs points de l’axe nord, sur les pans de
structure interne apparaissant aux pôles écliptiques, des vis et des rivets
ont permis d’identifier leur alliage comme étant du laiton (Figure 5). Le
3
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Figure 4
Spectre XRF d’une zone au dorage très usé Capricornus λ = 291º, identifiée comme du cuivre (Cu environ
97%). Ordonnées : comptage. Abscisses : énergie (keV)
Figure 5
Spectre XRF de l’axe au pôle nord identifié comme un alliage de cuivre et de zinc (laiton) (Cu, Zn). Ordonnées : comptage. Abscisses : énergie (keV)
même traitement informatique a fourni des teneurs en cuivre entre 72 et
75% et en zinc entre 28 et 25%.
Les résultats concernant les points de l’intérieur du globe n’ont pas été
concluants, sans doute à cause de la difficulté de les cibler.
L’analyse des étoiles de différentes magnitudes ne nous a pas fourni de
différences de composition. Elle n’atteste donc pas la présence d’alliages
différents ou de polychromies qui auraient servi à différencier les étoiles
de différentes magnitudes (voir supra).
Radiographie plane: méthode et résultats
Étant donné l’âge et l´absence d’information concernant la construction
du globe et pour éviter de forcer le matériau, on a exclu la possibilité
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d’un démontage. Les clous visibles aux bords de chaque quartier sont
manifestement fixés sur un support, mais lequel ? L’épaisseur du recouvrement
métallique peut être estimée à environ 1 mm, il fallait donc s’assurer de
disposer de rayons X d’énergie suffisante pour pénétrer l’objet. Nous avons
donc eu recours à un système radiographique (DigitalDiagnost conçu par
Philips à usage médical) qui dispose d’un détecteur numérique d’une aire
de 43 × 43 cm.7 Cette aire n’était pas suffisante pour reproduire l’ensemble
de la pièce, mais l’image, au format DICOM, était suffisamment large pour
révéler les éléments structurels constitutifs du globe et leur articulation.
Pour s’assurer de la possibilité d’une interprétation tridimensionnelle, lors
de la prise des clichés, l’axe de rotation nord-sud du globe a été aligné
selon trois axes x, y et z, perpendiculaires les uns aux autres. Les images
ont été obtenues en utilisant des rayons X d’un voltage de 125 kV et une
dose de 100 mAs.
La radiographie révèle que les segments extérieurs sont rivés sur un
faisceau de 12 nervures qui relient deux calottes présentes à chacun des
pôles de l’écliptique (Figure 6). Les nervures sont formées de rubans
métalliques à section rectangulaire d’environ 20 mm de large et peut-être
2 mm d’épaisseur. Les deux calottes sont tenues à distance par une tige
centrale, à section circulaire, passant diamétralement par le centre du
globe. La fente blanche visible au milieu de chaque nervure s’interprète
facilement comme l’espacement minimal aux joints des segments extérieurs.
Des paires de taches noires apparaissent à l’endroit où les clous fixent les
segments sur la structure interne. Les clous semblent avoir des têtes et
des pieds aplatis et donc fonctionner comme rivets. Un anneau complet
passe perpendiculairement aux 12 nervures, lié à eux par des vis, faisant
le tour exactement au niveau de l’écliptique du globe.
Au fond de la cavité on peut distinguer une vis à tête fendue, isolée et
détachée de sa place originale (Figure 6). Elle est à l’origine du bruit qui
s’entend lorsque le globe change de position. Son emplacement original
est visible sur la radiographie: dans la calotte polaire sud où chacune des
douze nervures est vissée au moyen de deux vis de même type (Figure 7).
Ce système de fixation se répète au pôle nord de l’écliptique.
Tomographie axiale: méthode et résultats
Figure 6
Radiographie plane (125 kV, ca. 100 mAs):
image du globe selon l’axe x, mettant en
évidence les nervures de la structure interne
joignant la calotte du pôle écliptique nord –
partiellement visible en marge supérieure
Figure 7
Détail de l’image selon l’axe z du globe
produite par radiographie plane (125 kV,
ca. 100 mAs) où l’on distingue le système
de fixation des nervures sur une des deux
calottes aux pôles écliptiques
Finalement, une tomographie axiale (CT scan) devait permettre de confirmer
la structure tridimensionnelle déduite des radiographies. L’appareil de
tomographie multi-tranche utilisé est du type SOMATOM Sensation 16,
produit par Siemens et installé à l’Instituto Português de Oncologia de Lisboa
(IPO). Le globe a été scanné en alignant l’axe structurel perpendiculairement
aux tranches de radiographie et ensuite en position asymétrique. L’appareillage
a permis de créer une visualisation 3D du globe à partir de la deuxième
configuration (Figure 8). La visualisation produit quelques distorsions qui
ne correspondent pas à la réalité : ainsi, l’anneau du méridien parfaitement
circulaire est représenté comme un ovale et la tige qui relie les deux calottes
n’apparaît pas rectiligne. Néanmoins, l’image permet de confirmer tout
5
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ce qui a été déduit des images bidimensionnelles. La tige centrale est de
section circulaire et a environ 10 mm de diamètre. On peut établir que l’axe
de rotation du globe qui suspend son corps dans l’anneau du méridien, ne
traverse pas le volume mais n’est formé que par deux épines assises dans
la nervure passant entre Pisces et Aries, et entre Virgo et Libra.
Conclusion
Au moyen de ces analyses nous avons établi que le grand globe de Schissler
est de composition entièrement métallique, peu commune pour les globes de
l’époque et se distingue donc du globe décrit par Tycho Brahe. Sa structure
s’avère résistante et en bon état. Ainsi, seules des mesures normales pour
ce type de matériaux seront nécessaires pour sa conservation. Le récit
de Tycho Brahe (1598) sur l’acquisition d’un globe à Augsbourg rend
compte du souci de l’astronome par rapport à la parfaite sphéricité d’un
instrument destiné à servir aux calculs graphiques en cosmographie ou
en astronomie. La construction de Schissler sort des chemins battus afin
de garantir une structure plus durable et moins sujette à des variations
géométriques sous l’influence des conditions ambiantes.8
Figure 8
CT scan: Visualisation 3D produisant une
image légèrement déformée de la structure
du globe
Le globe de Schissler se distingue nettement des autres globes de métal
connus du XVIe siècle (voir note 4). Alors que ceux-là se composent de
deux demi-sphères creuses renforcées par une armature simple à l’intérieur,
Schissler a élaboré un montage complexe et de grande précision qui
incorpore des éléments assemblés par des vis. Stabilisée par les nervures
internes, la surface sphérique se compose de douze segments, à l’image
des segments qui recouvrent traditionnellement les globes imprimés, en
particulier celui de Vopel qui servait de modèle à Schissler (voir note
6). Dans le contexte de l’artisanat des armuriers à Augsbourg, le recours
aux vis pour assembler des pièces métalliques avait acquis une certaine
tradition (Treue 1962). Schissler lui-même utilisait parfois de grandes
vis, généralement pour fixations temporaires (comme pour l’alidade du
Quadratum Geometricum), pour fixer des pinnules ou le support d’un
instrument. Dans le cas du globe, les vis deviennent, avec les rivets, le
système principal d’assemblage pour construire l’instrument. Il semble
impossible de juger si cette utilisation de vis devait rendre possible le
démontage temporaire.
Ainsi, cette étude a permis de répondre aux questions posées du point
de vue de la technique des matériaux et de l’histoire des instruments
scientifiques, ainsi que de la conservation du patrimoine. La précision
d’exécution et la beauté des détails faisaient la réputation des instruments
mathématiques de Schissler. Le grand globe céleste du Palácio Nacional
de Sintra ne fait que confirmer l’admirable maîtrise de son atelier.
Remerciements
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont soutenus et qui
ont collaboré lors de la réalisation de ce travail, notamment les Dr. Inês
Ferro (PNS), Dr. Marta Lourenço et Prof. Cândido Marciano da Silva
6
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(CIUHCT), Dr. José Carlos Marques et Dr. José Manuel Afonso, Paulo
Dias, Ana Isabel Ferreira (IPO), Prof. José Mirão (Université d’Évora),
Prof. Fátima Araújo (ITN) et Dr. François Guély.
Notes
1
Sur Schissler voir surtout Bobinger (1954), Wunderlich (1977). Ne pas confondre avec
son fils, maître horloger, Hans Christoph Schissler (av. 1561–ap. 1625).
2
Sur Mattias Medici (1613–1667) voir Brunelli (2009).
3
Sur le développement de l’artisanat à Augsbourg voir Seelig (1995) et plus particulièrement
sur les fabricants de compendia astronomiques et instruments mathématiques voir Bobinger
(1966). Sur les armuriers et leur usage de vis et d’écrous, voir Treue (1962).
4
5
On ne sait pas depuis quand il faisait partie de ces collections. Au moment de l’abolition
de la monarchie (1910), il se trouvait exposé sur un comptoir dans la bibliothèque
particulière de l’avant-dernier roi, Dom Carlos duc de Bragança (1863–1908), au Palácio
das Necessidades. Voir les déclarations de Alberto Girard, en 1913, conservées à l’Archive
du Palácio Nacional da Ajuda (APNA).
6
7
À notre connaissance il n’en existe actuellement que trois autres de dimension comparable,
le plus grand étant à Cassel, probablement commencé par Jost Bürgi ou Eberhard Baldewein
en 1585 ou 1592 et achevé en 1693; 72 cm, cuivre, argent, Astronomisch-Physikalisches
Kabinett, Museumslandschaft Hessen Kassel (Inv. A 1) (von Mackensen 1988, 135).
Un deuxième, d’un fabricant inconnu, daté de 1502, se trouve au Musée National de
la Renaissance, Château d’Ecouen (Inv. Cl. 3218), diamètre 70 cm, cuivre rouge doré
(Chapiro 1989, 118–121). Le plus ancien d’entre eux est attribué à Hans Dorn, daté de
1480, conservé au Collegium Maius, Muzeum Universytetu Jagiellońskiego, Cracovie
(Inv. 4039, 37/V), diamètre 40 cm, cuivre doré. Il existe encore des globes célestes plus
petits signés Schissler, ce sont des globes de table : l’un par le père, 20 cm, (son pendant
terrestre se trouve au National Maritime Museum, Inv. GLB0021) et l’autre par son fils.
Aujourd’hui les deux se trouvent dans des collections privées (Dekker 2000, 206).
Le globe a été pour la première fois décrit par Estácio dos Reis (1990). La source utilisée
par Schissler pour les constellations, leurs noms et les noms des étoiles a été déterminée
par Gessner (2010) comme étant le globe céleste imprimé de Caspar Vopel, daté de 1536
(le seul exemplaire connu de ce globe de 29 cm est au Kölnisches Stadtmuseum, Cologne,
Inv. 1984–448).
L’équipement ainsi que le personnel d’opération a été gracieusement mis à disposition
durant toute la journée du dimanche 22 mars 2009 par l’Instituto Português de Oncologia
de Lisboa (IPO).
8
Voir également, au sujet de la sphéricité et de la durabilité, la lettre de Johannes Mayr
(Maior), professeur au Lycée municipal d’Augsbourg, adressée à Tycho Brahe et datée
2 août 1576 (Dreyer 1924, 36).
Références
Bobinger, M. 1954. Christoph Schissler der Ältere und der Jüngere, Schwäbische
Geschichtsquellen und Forschungen, vol. 5. Augsbourg, Bâle: Verlag die Brigg.
BOBINGER, M. 1966. Alt-Augsburger Kompaßmacher. Sonnen-, Mond- und
Sternuhrmacher, Bd. 16 Abhandlungen zur Geschichte der Stadt Augsburg, Schriftenreihe
des Stadtarchivs, Augsburg, Hans Rösler Verlag.
Brahe, T. 1598. Astronomiae instauratae mechanica. Wandsbek (Hambourg): Propria
authoris typographia opera Philipp von Ohr.
Brunelli, G. 2009. Medici, Mattias de’. In Dizionario biografico degli Italiani, 73,
142A–144A . Rome: Istituto della Enciclopedia Italiana.
Chapiro, A., Ch. Meslin-Perrier, A.J. Turner et H. Oursel.
1989. Catalogue de l’horlogerie et des instruments de précision du début du XVIe au
milieu du XVIIe siècle. Musée National de la Renaissance Château d’Ecouen. Paris:
Édition RMN.
7
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et de préservation
du patrimoine
Dekker, E. 2000. Globes in Renaissance Europe. In The History of Cartography, Volume
3. Cartography in the European Renaissance, ed. David Woodward ,135–173. Chicago:
University of Chicago Press.
Dreyer, J.L.E., éd. 1924. Tychonis Brahe Dani opera omnia. 7, Copenhague:
Gyldendalske Boghandel, Nordisk Forlag.
Estácio dos Reis, A. 1990. The oldest existing globe in Portugal. Der Globusfreund.
Wissenschaftliche Zeitschrift für Globen- und Instrumentenkunde, 38, 57–65.
Gessner, S. 2010. The Vopelius – Schissler connection: transmission of knowledge
for the design of celestial globes in the 16th century. In [SIS] Bulletin of the Scientific
Instrument Society 104: 32–42.
Seelig, L. 1995. Silver and gold: courtly splendour from Augsburg, tr. E. Clegg, photogr.
Wolf-Christian von der Mulbe. Munique: Prestel-Verlag.
Treue, W. 1962. Die Kulturgeschichte der Schraube. 2e éd. amplifiée par R. Kellermann.
Munique: Bruckmann.
Von Mackensen, L., H. von Bertele et J.H. Leopold. 1988. Die erste
Sternwarte Europas mit ihren Instrumenten und Uhren. 400 Jahre Jost Bürgi in Kassel.
3e éd. Munique: Collwey Verlag.
Wunderlich, H. 1977. Kursächsische Feldmesskunst, artilleristische Richtverfahren und
Ballistik im 16. und 17. Jahrhundert. Beiträge zur Geschichte der praktischen Mathematik, der
Physik und des Artilleriewesens in der Renaissance unter Zugrundelegung von Instrumenten,
Karten, Hand- und Druckschriften des Staatlichen Mathematisch-Physikalischen Salons in
Dresden. Berlin: VEB Deutscher Verlag der Wissenschaften.
Documents d’archives
APNA –Archive du Palácio Nacional da Ajuda, DGFP – Direcção Geral da Fazenda Pública
(fond). Entregas efectuadas à Família Real Portuguesa e respectivos processos, Vol I.,
Relação n.º 5, f. 246 et suivants.
8

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