4ème trimestre 2016 - Un petit monde
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4ème trimestre 2016 - Un petit monde
19.10.2016 Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Un petit monde Le nombre de milliardaires a augmenté d’environ 1200 personnes depuis 2004. Autrement dit, leur nombre a triplé durant cette période. Selon le magazine Forbes, il y avait 1810 milliardaires en dollars en 2016, soit 125% de plus qu’il y a dix ans. Durant la même période, le produit intérieur brut mondial a progressé de 45%, passant de USD 51 billions en 2006 à USD 74 billions estimés en 2016. Cette simple comparaison illustre l’accentuation du déséquilibre dans la répartition de la richesse mondiale. Ne nous méprenons pas. Celui qui travaille plus doit aussi gagner plus. Le système capitaliste ne fonctionne jamais aussi bien que lorsqu’il offre des incitations matérielles à ceux qui s’investissent. Malheureusement, cela ne fonctionne pas partout ni de manière uniforme. Il y a trop de gens qui accomplissent des choses exceptionnelles dans leur lutte quotidienne pour la survie et qui ne reçoivent presque rien en échange. Selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, près de 800 millions de personnes souffraient encore de malnutrition en 2016. C’est certes 15% de moins qu’il y a dix ans, mais encore beaucoup trop. Ce chiffre est surtout en contradiction avec l’augmentation des super-riches. Tout comme la catégorie des «working poor» à laquelle appartiennent par exemple plus de 6% des ménages aux Etats-Unis, en plus des pauvres qui sont vraiment sans emploi. En GrandeBretagne, ils sont même plus de 10%. Eux aussi ne profitent guère d’un surcroît de travail, le système d’incitation échoue clairement dans ce cas. Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Aujourd’hui, les millionnaires qui représentent 0,7% de l’humanité, possèdent près de la moitié de la fortune monRaiffeisen Economic Researchmême diale, 71% de la population mondiale ne possèdent pas un patrimoine de [email protected] 000 dollars US, soit à eux tous une Tél.mondiale. +41 44 226La 74 situation 41 part ridicule de 3% de la fortune n’était guère meilleure autrefois, mais elle n’était pas non plus plus mauvaise. La mondialisation n’est donc pas une réussite en termes de politique de répartition. L’hypothèse selon laquelle seul un petit nombre profite de l’ouverture des marchés est de plus en plus évidente. Il n’est donc guère surprenant que les résistances à la mondialisation et au libreéchange se multiplient, eu égard à de tels chiffres. L’âpre lutte entourant le CETA, le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada, en est la parfaite illustration. Le fait que les fronts politiques se diluent au centre et se renforcent de plus en plus aux extrêmes est également une conséquence évidente de ce sentiment d’injustice. L’écart particulièrement marqué dans la répartition de la fortune dans les économies émergentes devrait en outre éveiller notre attention. La politique traditionnelle du «pain et des jeux» y fonctionne encore assez bien. Tant que la faim est apaisée et que la population dispose d’une télévision en couleur et d’un téléphone portable, voire d’un véhicule, elle se contente volontiers des jeux. Les places d’honneur sont toutefois réservées à de rares élus et la cohue dans les tribunes s’accentue. La politique envers les grands groupes que beaucoup jugent trop complaisante ne devrait pas ignorer les signes des temps, quand les gens se mobilisent contre un accord commercial. Elle risque, à défaut, de perdre définitivement sa majorité, qui pourrait bien revenir au final à des gens tels que Donald Trump. Martin Neff, chef économiste de Raiffeisen Il est évident que tous ne profitent pas pareillement de l’ouverture des marchés. Ce matin, j’entendais aux informations que l’Italie employait plus de 400 000 travailleurs bon marché, des saisonniers affectés aux récoltes, ce que nous connaissons également en Suisse. La situation n’est pas meilleure dans l’industrie italienne. Elle emploie elle aussi illégalement des milliers de saisonniers et il est certain que l’Italie n’est pas une exception et qu’elle est loin de constituer le sommet de l’iceberg. Sous l’angle de la politique de répartition, la mondialisation était jusqu’à présent un jeu à somme plus ou moins nulle. Même McKinsey conclut dans son étude «Poorer than their Parents» que les revenus dans les économies ultra-développées avaient depuis longtemps tendance à croître plus faiblement, voire à reculer. Cette tendance concerne 65% à 70% des ménages de ces pays. A contrario, cela signifie que pas même un tiers de la population a profité de l’ouverture mondiale des marchés. Il paraît difficile de louer cette évolution comme un modèle de réussite. Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Le point de vue du chef économiste de Raiffeisen Un petit monde 19.10.2016 Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Raiffeisen Economic Research [email protected] Tél. +41 44 226 74 41 Mentions légales importantes Ceci n'est pas une offre Les contenus publiés dans le présent document sont mis à disposition uniquement à titre d'information. Par conséquent, ils ne constituent ni une offre au sens juridique du terme, ni une incitation ou une recommandation d'achat ou de vente d'instruments de placement. La présente publication ne constitue ni une annonce de cotation ni un prospectus d'émission au sens des articles 652a et 1156 CO. 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