Capitalisation de l`expérience sahélienne en matière de biocarburant
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Capitalisation de l`expérience sahélienne en matière de biocarburant
COMITE PERMANENT INTER-ETAT DE LUTTE CONTRE LA SECHERESSE AU SAHEL PERMANENT INTERSTATE COMMITEE FOR DROUGHT CONTROL IN THE SAHEL SECRETARIAT EXECUTIF PROGRAMME REGIONAL DE PROMOTION DES ENERGIES DOMESTIQUES ET ALTERNATIVES AU SAHEL (PREDAS) CAPITALISATION DE L’EXPERIENCE SAHELIENNE : RAPPORT DU SENEGAL EN MATIERE DE BIOCARBURANT Octobre 2007 Alassane NGOM 1 0. 1. 2. 2.1 2.2 3. 3.1 3.2 3.3 4. 5. 6. INTRODUCTION :............................................................................................................ 3 DEFINITION DES BIOCARBURANTS : ........................................................................ 3 POTENTIEL DE DEVELOPPEMENT DES BIOCARBURANTS AU SENEGAL : ..... 6 Atouts : ........................................................................................................................... 6 Contraintes : ................................................................................................................... 7 EXPERIENCE DE LA PROMOTION DES BIOCARBURANTS AU SENEGAL ......... 7 Stratégie et Politique : .................................................................................................... 7 Projets et programmes : .................................................................................................. 8 Autres initiatives : ........................................................................................................ 12 EXPERTISE EN MATIERE DE BIOCARBURANT AU SENEGAL : ..................... 1413 PERSPECTIVES POUR UN PROJET PILOTE AU SENEGAL : ............................. 1514 CONCLUSION : .......................................................................................................... 1514 2 0. INTRODUCTION : La dépendance énergétique combinée à l’instabilité des marchés mondiaux d’hydrocarbures rendent de plus en plus vulnérables les pays non producteurs de pétrole. Les pays africains et plus particulièrement les économies des pays sahéliens subissent grandement et de plein fouet ces dysfonctionnements qui se traduisent par une détérioration croissante des conditions de vie des populations. Dans la recherche des alternatives viables, les biocarburants font l’objet d’une attention grandissante compte tenu des potentialités qu’ils recèlent. En effet les enjeux pour le développement des biocarburants sont : - la protection de l’environnement grâce à la réduction des gaz à effet de serre ; l’indépendance énergétique grâce à la réduction des factures pétrolières; la promotion de nouveaux marchés pour l’agriculture pour un développement rural effectif. L’Etat du Sénégal consacre plus de 40 % du revenu de ses exportations pour assurer l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. Les importations des produits pétroliers ont augmenté de 24% en volume et de plus de 78% en valeur financière entre 2000 et 2005. La facture pétrolière est passée en effet de 184 milliards de FCFA en 2000 à 257 milliards en 2004 puis à 327 milliards en 2005. Elle pourrait atteindre près de 400 milliards de F CFA en 2006 La promotion des biocarburants comme substitut aux produits pétroliers est une option majeure que le Gouvernement a prise pour réduire la dépendance énergétique du pays. 1. DEFINITION DES BIOCARBURANTS : Le Biocarburant est un combustible liquide ou gazeux utilisé pour le transport et produit à partir de biomasse. C’est un carburant d'origine agricole réparti en deux principales filières : le bioéthanol et le biodiésel. le bioéthanol, destiné aux moteurs essence ; le biodiesel, connu encore sous la marque Diester, destiné aux moteurs diesel. Dans certains cas, l’huile pure peut être utilisée pour faire fonctionner certains moteurs. - LE BIOETHANOL peut être fabriqué avec des céréales et des produits agricoles sucrés (canne à sucre, betterave etc.). De manière générale 3 c’est le sucre contenu dans l’amidon des céréales et dans certains produits agricoles qui est transformé en alcool par des levures (fermentation) et l’alcool obtenu est concentré puis déshydraté pour obtenir le bioéthanol. Figure 1: Fabrication du bioéthanol Le produit obtenu peut être utilisé mélangé à de l’essence ou quasiment pur. Le mélange direct à l’essence se fait à des taux variables suivant les pays et leurs options. A hauteur de 5% en France, le mélange peut atteindre 10 (Etats-Unis) à 25% (Brésil). Le bioéthanol peut aussi être utilisé quasiment à l’état pur comme l'E85 composé à 85 % de bioéthanol et à 15 % d'essences SP95. Dans ce cas il faut des moteurs adaptés (injection, plastiques et joints utilisés). Au Brésil, aux USA et en Suède, on recourt à des voitures très écologiques, dites "flexibles", qui peuvent consommer également de l'essence ou du gasole, équipées de ce type de moteur. Il existe une autre possibilité qui consiste à fabriquer l’ETBE (mélange produit pétrolier 53% et bioéthanol 47% ayant comme nom éther-éthyltertio-butylique) destiné à être incorporé à l’essence jusqu’à 15%. 4 Figure 2: Fabrication de l'ETBE La fabrication de bioéthanol donne des sous-produits utilisables. Si le bioéthanol est produit à partir de céréales, les coproduits de fermentation sont concentrés pour obtenir du tourteau riche en protéines et utilisable comme produit d’alimentation du bétail. Le bio diesel ou diester est obtenu par transestérification des huiles végétales comme le colza ou le tournesol, le jatropha etc. La transestérification est une réaction chimique réalisée en présence de catalyseur qui consiste à remplacer le glycérol (tri alcool) des chaînes grasses par un mono alcool - aujourd'hui le méthanol, ultérieurement, peut-être l'éthanol : Il y a deux modalités d'incorporation de ce biodiesel dans votre gazole : - une incorporation au taux maximum de 5 % à 10 %, incorporation banalisée car ne nécessitant pas une transformation du moteur. - une incorporation au taux optimum de 30% nécessitant une transformation des moteurs C'est une solution très efficace pour réduire la pollution urbaine très commode pour les flottes captives de véhicules diesel (bus, poids lourds, véhicules légers ...) appartenant à des collectivités territoriales ou des entreprises qui ont obligatoirement dans ce cas leurs propres cuves de carburant. Mais le Diester n'est pas seulement un biocarburant performant qui protége l'environnement! le Diester est aussi très recherché par l'industrie pour la fabrication de solvants non toxiques et biodégradable. ; par 5 exemple il a contribué au nettoyage final des côtes souillées par la catastrophe de l'Erika et ensuite au pompage du fuel resté dans les cuves de l'épave. Sa fabrication donne aussi des sous-produits comme : - les tourteaux riches en protéine et utilisables en élevage ; - la glycérine utilisée dans l’industrie cosmétique et pharmaceutique. 2. POTENTIEL DE DEVELOPPEMENT DES BIOCARBURANTS AU SENEGAL : 2.1 Atouts : Le Sénégal recèle des atouts certains pour le développement des biocarburants dont les plus déterminants sont : - - 1 Volonté politique de développer les biocarburants ; Disponibilité de terres et de main d’œuvre pour la culture de plantes énergétiques surtout à l’échelle familiale ; Longue tradition de culture de rente (arachide, canne à sucre, etc.) ; Existence d’une sucrerie (CSS) qui produit annuellement 35.000 tonnes de mélasse transformables en éthanol ; Plantation d’anacardier produisant en moyenne 15.000 tonnes de noix par an, ce qui correspond à un potentiel de production de 2000 litres d’éthanol par an1 ; adaptation de certaines espèces de plantes énergétiques telles que le jatropha aux conditions climatiques du pays ; expérience des populations dans la petite transformation des produits (savon, huile, tourteau, fertilisant organique, etc.) ; déconcentration et expérience du service des Eaux et Forêts dans la production de plants et l’encadrement des producteurs ; expérience des institutions de recherche (ISRA, UCAD, IRD) dans la sélection variétale ; disponibilité des bailleurs de fonds et possibilité de financement par le MDP ; Existence de petites et moyennes entreprises dans la fabrication d’équipements de transformation tels que les presses ; Existence d’un dispositif de gestion et de distribution des hydrocarbures : une raffinerie, un réseau de distribution organisé et un organe de régulation du secteur ; Rapport noix-pomme = ¼ ; 1 tonne de pomme donne 30 litres d’éthanol 6 2.2 Contraintes : - tenure foncière pas adaptée à la culture à grande échelle ; persistance de la sécheresse et du manque d’eau dans certaines zones ; inexpérience des producteurs dans la culture des plantes énergétiques ; manque de visibilité sur le marché des biocarburants ; manque d’harmonisation dans la stratégie à mettre en œuvre pour le développement des biocarburants ; risque de compétition entre cultures vivrières et biocarburants ; 3. EXPERIENCE DE LA PROMOTION DES BIOCARBURANTS AU SENEGAL 3.1 Stratégie et Politique : Au Sénégal, la volonté politique pour la promotion des biocarburants s’est manifestée à travers l’engagement du Président de la République qui a initié, en juillet 2006, une réunion des Pays Africains Non Producteurs de Pétrole à Dakar ayant abouti à la création de l’Association des Pays Africains Non Producteurs de Pétrole (APANPP). Le plan d’action adopté par l’APANPP envisage le développement de l’utilisation des biocarburants par la mise en place de stratégies communes combinant : la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire adapté, l’application de mesures incitatives et des mécanismes de financement. Au niveau national, la volonté s’est traduite par la création d’un département ministériel spécifiquement chargé de la promotion des biocarburants. Dans le cadre de l’application du plan d’action de l’APANPP, un atelier a été organisé en juillet 2006 par le Ministère de l’Energie. C’est ainsi qu’il a été retenu une série de mesures à prendre pour la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire favorable à la promotion des biocarburants. Ces mesures concernent notamment : - la définition et l’élaboration de normes spécifiques applicables ; la détermination des taux de mélange et d’incorporation dans les carburants ; l’harmonisation du prix du biocarburant par rapport aux prix des hydrocarbures ; 7 - l’éligibilité du biocarburant dans le Code des Investissements et le financement des projets biocarburants à partir du mécanisme MDP. Dans son plan Retour vers l’agriculture (plan REVA), le gouvernement du Sénégal accorde une place déterminante au développement du biocarburant. La stratégie de développement des biocarburants dans ce plan vise : - la valorisation de la production agricole ; l’accroissement des revenus et des conditions de vie des paysans ; l’atténuation de la facture pétrolière du pays ; la réduction des gaz à effet de serre. 3.2 Projets et programmes : Projet de plantation, d’extraction et d’utilisation de l’huile de pourghère par ATI : Sur financement du réseau 2000, ce projet a été mis en œuvre entre 1999 et 2000 au niveau des arrondissements de Fimela (région de Fatick) et de Pout (région de Thiès) où il a été procédé à la plantation de plus de 12.000 boutures de jatropha curcas par les groupements féminins. A titre expérimental, une presse manuelle a été mise au point par des artisans locaux pour l’extraction de l’huile. Avant la fructification des plantations, des essais ont été réalisés à partir de graines collectées sur les plantations sauvages. Le produit obtenu a été utilisée comme carburant pour le fonctionnement de deux moulins à mil et d’un véhicule témoin. A la suite du programme, les plantations n’ont pas fait l’objet d’un bon suivi et la production de graine a été compromise, ce qui a occasionné une rupture dans l’approvisionnement en matière première. Cependant l’expertise a été développée, notamment en ce qui concerne la mise au point d’équipement de transformation. En effet une presse plus performante a été conçue par l’artisan qui a bénéficié d’une formation aux Etats-Unis. (Source : Mme Ndiaye ex ATI- Tel : 868 69 94) Expérience de plantation et d’utilisation de pourghère par le PROGEDE : Au niveau de la zone d’intervention du volet offre à Tambacounda, le PROGEDE a procédé depuis 2003 à la mise en place d’une plantation de jatropha curcas sur une superficie de 25 ha en vue de tester les possibilités de production de biodiesel à partir de l’huile de jatropha. Les résultats fort encourageants des premières réalisations ont encouragé une généralisation de l’initiative sur l’ensemble des parcelles maraîchères et des vergers sous forme de plantations de haies vives. Une longueur totale de 60 km 8 actuellement en phase de production a été réalisée dans l’ensemble des vergers et parcelles maraîchères encadrés par le PROGEDE. Une extension sur 100 ha a été réalisée en 2007 avec un taux de reprise très satisfaisant. Dans le souci de valoriser ces plantations, le projet en collaboration avec la Banque Mondiale et une firme norvégienne (Green Trac) a travaillé sur la conception d’un véhicule multiservice qui pourrait utiliser le biodiesel comme carburant pour son fonctionnement. Celui-ci doit en particulier servir : - au transport des personnes et des produits issus des aménagements, - à la production d’électricité pour les villages dépourvus de systèmes d’éclairage ; - à la fourniture de carburant pour le système de pompage d’eau à une profondeur de 8 à 20 m pour l’irrigation des cultures ; - à la consommation domestique. Par ailleurs ces véhicules pourraient contribuer à alléger les travaux des femmes, car équipés de systèmes de broyage des céréales et aussi à la mécanisation agricole. Ces véhicules fonctionnement à l’image de plateformes multifonctionnelles utilisant du biocarburant. Cette innovation à la base a été primée pour un montant de US$150.000 (Cent cinquante mille dollars US) lors de la tenue du ‘’Development Market Place’’, organisé par la Banque Mondiale du 08 au 09 Mai 2006. Ce prix permettra au projet d’acquérir cinq prototypes de ces véhicules qui seront destinés aux villages encadrés par le Volet Offre du projet. En plus, le PROGEDE en rapport avec des artisans nationaux a mis au point un prototype de réchaud à base d’huile de Jatropha. Les tests sur la combustion ont été menés avec des résultats très prometteurs pour la substitution de ce combustible au gaz butane pour les ménages. Il reste à faire des tests au niveau laboratoire pour déterminer les performances énergétiques comparativement aux autres sources d’énergie. En outre, l’huile de Jatropha n’est pas encore disponible à grande échelle. Programme spécial de production des biocarburants du plan REVA : Dans le cadre du Plan REVA, le Ministère de l’Agriculture a fixé comme objectif la plantation de 1000 ha dans au moins 100 communautés rurales soit 100 000 ha. Le pourghère produisant en moyenne 1 à 5 tonnes de graines à l’hectare avec un rendement en huile de 34%, on peut attendre potentiellement de ce programme une production de 170 000 tonnes d’huile biodiesel par an. Il s’agit encore d’objectifs dont la réalisation n’a pas encore été effective. Sur la base d’un prix CAF de la tonne de gasoil importé, évalué en fin avril à 613,45 $US, l’Etat pourrait, sur la base des résultats attendus de ce 9 programme, faire une économie en devises de l’ordre de 104,30 millions de dollars US soit environ 52 milliards de F CFA par an. Sur le plan environnemental l’utilisation du biodiesel permet d’éviter l’émission de 2,5 tonnes équivalant CO2 par rapport au gasoil remplacé (source : Etudes ADEM/DIREM en France -2002). Ainsi, le gain environnemental tiré de la substitution de 170 000 tonnes de gasoil est de 425 000 tonnes de CO2 annuellement. Au taux de 10$ Us la tonne sur le marché du carbone, les ressources financières pouvant être tirées du Mécanisme du développement propre (MDP) est de 4 250 000 $ US. Ce programme ambitieux reste à être développé notamment en étudiant sa faisabilité technique, économique et financière ainsi que les modalités de mise en œuvre. Programme éthanol de La CSS : La Compagnie Sucrière Sénégalaise va démarrer la production d’éthanol à partir de sa distillerie dont le montage au sein de l’usine est en phase de finalisation. La distillerie, agréée au Code des investissements, d’une capacité de 10 000 tonnes/an va démarrer la production au mois de juillet 2007. L’utilisation de l’essence bio obtenue à partir de l’éthanol, sera réservée aux véhicules de transport et le taux de mélange ne devrait pas excéder 10% pour éviter des modifications sur les moteurs. Le mélange se fera au niveau de la SAR pour que le carburant obtenu soit assimilable au Super 91 (indice d’octane 91). La consommation nationale en essence super pour 2006 étant évaluée à 70 000 tonnes, la quantité d’éthanol que pourra utiliser la SAR dans le processus de mélange sans porter préjudice aux moteurs est d’environ 7 000 tonnes/an. Le projet va également induire une production d’alcool industriel (25 000 hl) et d’engrais pour un chiffre d’affaires respectif de 1,3 milliards de F CFA et 250 millions de F CFA. Sur la base d’un prix CAF de la tonne d’essence super importée, évalué en fin avril à 712,73 $ US, la production d’éthanol de la CSS et son utilisation sous forme de mélange à 10% dans les moteurs va donc contribuer à la réduction de la facture pétrolière à hauteur de 5 millions de $ US soit 2,5 milliards de F CFA. Au titre des aspects environnementaux, l’évitement de gaz à effet de serre est estimé à 18 900 t eq CO2 par rapport à l’essence remplacée ( sur la base 10 de 2,7 t eq CO2 par tonne d’éthanol - source : Etudes ADEM/DIREM en France -2002). Au taux de 10$ US ( source : Direction de l’EnvironnementSénégal) la tonne sur le marché du carbone, les ressources financières pouvant être tirées du Mécanisme du développement propre (MDP) est de 189 000 $ US. Programme bio diesel de la SODEFITEX : Initié par le Ministère de l’Agriculture, ce programme est confié à la SODEFITEX qui mène des expériences dans ce domaine depuis deux ans. Une première phase de recherche développement sur les variétés de tournesol et sur les rendements de coton a été achevée. Pour le tournesol la Recherche/Développement a permis d’évaluer les teneurs en huile (43 à 49 %) de ces différentes variétés ainsi que les rendement (1,2 tonnes/ha). S’agissant du coton, les résultats de la Recherche/Développement ont montré que pour 100 kg on peut obtenir 9 à 12 kg d’huile végétale. Pour la production moyenne annuelle d’oléagineux, l’objectif visé, à partir de 2008, est de 10 000 tonnes de tournesol et 10 000 tonnes de graines de coton Le biodiesel sera obtenu à partir de ces spéculations par trituration en zone de production en partenariat avec la SENEOR. Ainsi, il est attendu une production de biodiesel à partir d’une unité d’une capacité annuelle de 5 000 t de biodiesel. Sur la base d’un prix CAF de la tonne de gasoil importé, évalué en fin avril 2007 à 613,45 $ US, les économies en devises que pourraient procurer le programme de la SODEFITEX est de l’ordre de 3 millions de dollars US soit environ 1,5 milliard de F CFA par an. Le gain environnemental tiré de la substitution de 5 000 tonnes de gasoil par le biodiesel produit est de 12 500 tonnes de CO2 annuellement. Au taux de 10 $ Us la tonne sur le marché du carbone, les ressources financières pouvant être tirées du Mécanisme du développement propre est de 125 000 $ US. Production d’électricité à partir du biodiesel : Le Gouvernement du Sénégal est entrain d’examiner avec un privé la construction d’une centrale de 60 MW devant fonctionner au biodiesel avec en amont un important programme de plantation de jatropha sur 400.000 à 500.000 hectares. Ce projet, qui fera l’objet d’une étude de faisabilité devrait permettre la création de près de 200.000 emplois dans le secteur agricole et éventuellement l’exportation d’une partie du biodiesel qui sera produit. 11 Culture de Pourghère par Bioking : La société néerlandaise Bioking qui dispose de toute la technologie nécessaire à la production de bio fuel sollicite auprès de l’Etat l’affectation de 15 000 ha de terres destinés à la culture à grande échelle de pourghère. Ce projet a pour objectif immédiat la production de 24 000 litres de bio diesel par jour, créant 25 emplois permanents pour atteindre en vitesse de croisière 100 000 litres par jour avec 3 000 emplois, obtenue à partir de la trituration des graines de pourghère ou d’autres espèces pouvant produire de l’huile carburant destinée au machinisme agricole ou au transport. 3.3 Autres initiatives : Etudes de faisabilité réalisées par le PROGEDE Dans le cadre de la recherche d’énergie de substitution au bois, le PROGEDE a conduit en 2002 des tests d’acceptabilité du gel fuel (éthanol gélifié) auprès des ménages ainsi qu’une étude sur les possibilités de production locale. Il est ressorti de cette dernière que l’accent doit être mis sur la valorisation de la mélasse produite par la CSS dont les trois quarts sont actuellement destinés à l’exportation. L’étude s’est intéressée à d’autres spéculations (anacarde par exemple) à partir desquelles on peut produire de l’éthanol. Les disponibilités de ces matières premières sont dispersées et faibles pour une exploitation à grande échelle. Capitalisation de l’expérience Brésilienne : Le PROGEDE a financé en novembre 2005 la participation d’experts du Ministère de l’Energie et des Mines au voyage d’étude au Brésil sur les biocarburants organisé par la Banque Mondiale. Ce voyage a permis aux experts du ministère de l’énergie et à ceux d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest de s’enquérir de l’expérience brésilienne dans le domaine de la production et l’utilisation de l’éthanol obtenu à partir de la canne à sucre. L’UEMOA ayant participé à ce voyage d’études, a introduit auprès du Gouvernement du Brésil un projet d’Accord de partenariat pour le développement d’un marché régional d’éthanol destiné à terme à l’exportation. La signature de cet Accord pourrait être profitable pour le Sénégal au regard de potentialités en matières premières et de sa position géographique Contribution à l’étude régionale sur le développement de la filière Ethanol/gel fuel comme énergie de cuisson dans l’espace « UEMOA » 12 Le Programme Régional Biomasse Energie de l’UEMOA a commandité une étude régionale portant sur le développement de la filière Ethanol/gel fuel comme énergie de cuisson dans l’espace « UEMOA. Cette étude qui a fait l’objet d’une restitution sous forme d’atelier régional au mois de septembre 2006 à Dakar, a renseigné pour chaque pays, sur les potentialités en matières premières, les projets identifiés assortis de leur faisabilité et d’un programme d’investissement. Les recommandations tirées de cet atelier sont entre autres : - Prendre les dispositions pour mener une étude complémentaire spécifique sur le développement des biocarburants dans l’espace UEMOA ; - Aider les Etats membres à mettre en place un cadre institutionnel favorable au développement des biocarburants ; - Créer un Fonds régional pour la promotion de la filière Ethanol/Biocarburant en association avec les institutions financières de développement sous régionales et internationales ; - Harmoniser les spécifications des biocarburants au niveau de l´espace UEMOA; - Mettre à disposition des Etats membres les caractéristiques des biocarburants distribués dans la sous région ; - Définir les normes de consommation avec des pourcentages différenciés et progressifs ; - Encourager l´émergence d´une agriculture industrielle avec des pôles de convergence dans l´espace communautaire ; - Commanditer une étude complémentaire qui approfondira l´analyse économique, financière et agronomique assortie d´un plan d´actions détaillé ; - Appuyer la mise en place d’une association des acteurs privés qui auront en charge entre autres, la vulgarisation et la promotion des biocarburants dans l’espace UEMOA. Suivi des prix du marché extérieur Dans le contexte actuel de renchérissement du prix du pétrole et des opportunités de substitution à partir de l’éthanol et des oléagineux, le Ministère du Commerce a mis en place un dispositif de suivi des prix des différentes formes de carburant sur le marché extérieur. Il ressort de cette observation que tous les prix des produits pouvant être utilisés comme substitut aux produits pétroliers sont en hausse sur le marché international. Atelier national sur les Hydrocarbures Un atelier national sur le sous-secteur des hydrocarbures a été tenu à Saly Portudal du 31 Mai au 03 Juin 2006. D’importantes mesures ont été adoptées à cette occasion pour la promotion des biocarburants au Sénégal ainsi que 13 des recommandations pour la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire favorable. Les principales recommandations de cet atelier en ce qui concerne les biocarburants sont : - La mise en place d’un cadre pour la promotion du biocarburant avec tous les acteurs publics et privés ; La définition et l’élaboration de normes spécifiques applicables La détermination des taux de mélange et d’incorporation dans les hydrocarbures L’articulation du prix du biocarburant par rapport aux prix des hydrocarbures L’adaptation du régime fiscal L’appui pour le financement des projets biocarburants à partir des crédits carbone Le développement de la coopération internationale avec le soutien de l’Etat La définition d’un échéancier de développement du biocarburant 4. EXPERTISE EN MATIERE DE BIOCARBURANT AU SENEGAL : STRUCTURE NOM ET DOMAINE DE PRENOM COMPETENCE PROGEDE Youssou Production de plantes Direction Energie Direction Eaux et Forêts LO Ibrahima NIANG Alassane NGOM Momar Mbaye BA Rokhéya DIOP Louis SECK Ismaila LO Mamadou KANOUTE Ibrahima NDAYE CONTACT [email protected] Transformation/Utilisation [email protected] DOMAINE D’EXPERTISE Expert forestier Analyse de filière [email protected] Techniques de Production de plantes Communication, Promotion Techniques de Transformation Planification Tel : 221776440901 Expert énergéticien Expert forestier, agro-économiste Agronome Tel : 221775139281 Communication Tel : 221776475619 Techniques de transformation Techniques de production plantes Tel : 2215524917 Energie renouvelable Energie renouvelable Energie renouvelable Expert forestier Tel : 221775653142 Tel : 221775731370 14 Ansoumana BODIAN Amsatou NIANG VINCENT Techniques de production plantes Suivi des filières Tel : 221776346830 Expert forestier Suivi des marchés [email protected] Economiste Bachir DIOP Abdoulaye DIA Magaye NDIAYE Gestion des projets [email protected] Agro-économiste Economiste Direction Environnement ENDA ENERGIE Ministère de l’Industrie West Africa BioEnergie ASER Massamba NDOUR Sékou SARR Fatou THIAM Amadou TALL Cheikh WADE Suivi environnemental [email protected] n- [email protected] www.bioging.nl [email protected] Analyse de filière [email protected] Environnementali ste Energéticien Transformation industrielle Financement des projets [email protected] Planificateur tallasinvestment@hotmail. com [email protected] Financier TSE Afrique Serigne AMAR Carmello SAGNA [email protected] Financier Ministère du Commerce SODEFITEX Afrique Agro Bio Energie CNH Techniques de production (tourne sol) Techniques de transformation Techniques de transformation et d’utilisation Techniques de plantation Techniques de mélange et de mise en marché Expert forestier Energéticien Energéticien 5. PERSPECTIVES POUR UN PROJET PILOTE AU SENEGAL : Plusieurs initiatives ont été notées au Sénégal en matière de biocarburant. En terme d’idée de projet, la construction d’une centrale à biocarburant citée plus haut nous parait la plus originale. Il s’agit de construire une centrale qui va fonctionner avec du biodiesel obtenu par l’exploitation de l’huile de jatropha à partir de 160.000 ha de plantation. Le projet pilote du Sénégal, compte tenu de son niveau d’avancement actuel est le projet de construction d’une distillerie pour la production d’éthanol porté par la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS). 6. CONCLUSION : Dans les orientations pour mieux maîtriser sa facture pétrolière galopante compte tenu de la conjoncture internationale, le Sénégal mise sur le développement des biocarburants. C’est dans ce sens que des initiatives ont 15 été prises par les plus hautes autorités en vue de définir des orientations stratégiques pour le développement des biocarburants. Au plan politiques, des options fortes ont été prises dont : - la création d’un département ministériel chargé des biocarburants, l’intégration des biocarburants dans la nouvelle stratégie de développement agricole notamment le plan REVA ; l’adoption de mesures pour mettre en place un environnement institutionnel favorable etc. Outre ces orientations stratégiques qui nécessitent un exercice d’harmonisation pour arriver à une plus grande efficacité, des actions concrètes ont été menées sur le terrain telles que : - la plantation et un début de transformation du jatropha ; la fabrication d’une distillerie d’éthanol la recherche développement sur le coton, le tourne sol et le ricin etc. Le Sénégal recèle d’atouts d’ordre agronomique, climatique techniques et institutionnels certains pour le développement des biocarburants malgré quelques contraintes liées à la tenure foncière et aux aléas climatiques. De toutes ces expériences, la fabrication de la distillerie pour la production d’éthanol est la plus évoluée en ce sens que la production doit démarrer cette année. 16