Lucas Belvaux Justin Vogel Paris, le 6 janvier 2017 Cher Monsieur
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Lucas Belvaux Justin Vogel Paris, le 6 janvier 2017 Cher Monsieur
Lucas Belvaux réalisateur de CHEZ NOUS Justin Vogel Maire de Truchtersheim Conseiller Régional chargé de la Délégation aux Identités Territoriales Vice-président de la Commission des Finances Paris, le 6 janvier 2017 Cher Monsieur, Vous m’avez fait part de votre colère suite à la vision du film-annonce de mon film CHEZ NOUS. Vous y avez vu un amalgame entre un parti d’extrême-droite, populiste, et votre région. Sachez qu’en aucun cas ce n’était mon intention. Comme vous l’évoquez dans votre lettre, le propre des partis démagogues est de faire feu de tout bois pour tenter de récupérer toutes les sensibilités possibles. Si le drapeau alsacien apparaît sur la scène de ce meeting, c’est que celui-ci a lieu en Région Grand Est, à Sedan, et qu’on peut y voir aussi un drapeau ardennais (j’espère que les ardennais ne m’en voudront pas). Les drapeaux des autres départements de la Région devaient y figurer aussi. Ce n’est pas ce qui nous a été livré, mais il a fallu faire avec à quelques heures du tournage auquel participaient 250 figurants. J’ai été le premier à déplorer cet incident qui a brouillé en partie le message. Je regrette que vous vous exprimiez en termes aussi virulents sans avoir vu le film, comme l’ont fait les cadres du Front National. Vous me concéderez que, dans ce cas, l’amalgame était possible aussi. Je ne le ferai pas. Je mettrai aussi l’emploi de certains termes assez insultants sur le compte de la colère et de l’émotion. Pour ma part, je ne méprise ni les personnes, ni les opinions, ni les sensibilités. Je vous accorde que je ne suis pas un spécialiste de « la réalité politique alsacienne », mais, si ma mémoire est bonne, il me semble que le Front National y a recueilli 34% des voix aux dernières élections régionales. Ce qui n’est pas rien. En ce qui concerne les langues et cultures régionales, sachez que j’y suis très attaché. Elles constituent non seulement la richesse et le patrimoine d’un pays, mais aussi ceux de l’humanité tout entière. Vouloir les faire taire est le propre des dictatures et des partis totalitaires. Si mes images vous ont blessé, veuillez m'en excuser, mais attendez d’avoir vu le film avant d’en condamner le propos. Je viendrai le présenter à Strasbourg, comme je l’ai fait avec mes films précédents, et c’est avec plaisir que je débattrai de ces questions avec le public alsacien, et avec vous. Recevez, Monsieur, l’expression de mes salutations respectueuses. Lucas Belvaux