De Oaxaca à Dijon, solidarité contre la répression!
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De Oaxaca à Dijon, solidarité contre la répression!
De Oaxaca à Dijon, solidarité contre la répression! Oaxaca, c'est quoi? Oaxaca est une province du Mexique. Il y a peu de chances que vous la connaissiez, et pourtant! Pendant pr de ès6 mois, celle-ci a été le théâtre de l'un des évènements les plus marquants de l'histoire politique contemporaine: alors que la perspective de bouleversements sociaux de fond nous semble souvent si lointaine, c'est une véritable révolution qu'y a mené la population, de juin à novembre 2006, chassant le gouverneur et sa police, autogérant et réinventant la ville, envers et contre une sévère répression. Tout est parti d'une grève des instituteurs, dont les salaires permettent à peine de survivre dans une province où l'industrie touristique provoque une hausse continue du coût de la vie. Mais quand la police attaque le campement des grévistes sur la place centrale de la ville, c'est toute la population d'Oaxaca qui se soulève et se joint aux grévistes pour repousser la police, puis chasser les représentants du pouvoir qui depuis des années géraient la cité: les administrations sont fermées, les véhicules officiels réquisitionnés, certaines mairies des alentours sont occupées. La population en lutte se regroupe alors au sein de l'Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (APPO) et commence à reprendre en main l'organisation sociale. Pendant plusieurs mois, les habitant-e-s des "colonies" (quartiers populaires de Oaxaca, souvent indigènes) doivent se défendre face aux attaques des milices du gouverneur et de la police (on compte plus d'une vingtaine de morts, tous du côté de la population). Illes dressent des barricades, développent des solidarités, et s'auto-organisent pour assurer le ravitaillement des quartiers, les soins aux blessé-e-s, etc. Dès lors, il ne s'agit plus d'une grève de profs, mais d'un large mouvement populaire, visant à obtenir la démission du gouverneur, mais aussi, au delà, à se réapproprier sa vie et sa ville, en la soustrayant à l'industrie touristique qui vient détruire les communautés. Invisibilité médiatique & silence complice Malgré l'importance de ces évènements, l'intensité du conflit et la violence de la répression, les médias internationaux et notamment français ont observé un silence de marbre des plus accablants, ne laissant rien filtrer de ce qui passait. Avaient-ils peur, comme ce fut le cas en Amérique Latine, que l'information entraîne une certaine contagion? Quoi qu'il en soit, ce silence a contribué à grandement isoler la population de Oaxaca, qui, en proie aux attaques de la police, aux assassinats des paramilitaires et aux exactions de toutes sortes du gouvernement, a à de maintes reprises fait appel à la communauté internationale, des associations des droits de l'homme aux collectifs militants. Informés par les réseaux de médias alternatifs et indépendants comme Indymedia, des centaines de personnes du monde entier se sont cependant mis en route pour le Mexique, afin d'y apporter une solidarité concrète. L'une d'entre elles, Brad Will, activiste américain et journaliste d'Indymedia, est mort d'une balle dans la tête, tué par un paramilitaire sur une barricade à Oaxaca. Partout dans le monde ont eu lieu des manifestations, des actions, des occupations... y compris à Dijon: occupation du consulat du Mexique en septembre 2006; rassemblement devant le consulat et manifestation de rue, mais aussi peinture du consulat à l'huile de vidange en novembre 2006; rassemblement devant le consulat et die-in lors du spectacle de Noël de la Mairie en décembre 2006. À Dijon aussi, la solidarité est réprimée Le 1ier septembre 2006, un premier rassemblement de solidarité avec les peuples de Oaxaca se tient en face du consulat du Mexique de Dijon. Il s'agit alors de visibiliser ce qui se passe là bas, d'exprimer un soutien international avec la population en lutte et de dénoncer la répression exacerbée dont elle est victime, de dire les graves violations des droits humains (détentions arbitraires, enlèvements, tortures, agressions sexuelles, assassinats, féminicide... perpétrés par les forces policières et milices paramilitaires), de s'insurger contre les violations des droits économiques et sociaux (expropriations massives des terres des communautés paysannes, corruption, fraudes électorales). Alors qu'une vingtaine de personnes est rassemblée à l'extérieur du bâtiment avec banderole, distributant des tracts aux passants, une petite délégation entre dans le consulat afin de demander au consul l'envoi à l'ambassade et au gouvernement mexicain d'un fax exprimant les revendications. Pour toute réaction, le consul appelle la police, et s'en prend physiquement à une personne filmant l'évènement. La police arrive peu de temps après, alors que plus personne ne se trouve à l'intérieur, et arrête arbitrairement 6 personnes, soigneusement choisies selon leur couleur de peau. Au terme d'une garde-à-vue de quelques heures, les six interpellé-e-s ressortent avec une convation au tribunal, pour diverses accusations aussi improbables que farfelues. En conséquence, les inculpé-e-s et le comité de soutien organisent un rassemblement devant le tribunal lors du procès, ce 12 juin 2007, afin de ne pas laisser passer cette tentative de criminalisation et d'intimidation. Ils et elles souhaitent par ailleurs continuer à visibiliser les luttes sociales au Mexique, ainsi que la répression terrible qui continue à sévir à Oaxaca depuis le soulèvement de l'an dernier. Plus d'infos & se mobiliser Pour plus d'informations, nous vous recommandons consultation des sites suivants: http://cspcl.ouvaton.org/ Et, en espagnol: http://mexico.indymedia.org/ http://chiapas.indymedia.org/ http://asambleapopulardeoaxaca.com/ Un film sur la mobilisation est visionable ici: http://dailymotion.com/video/xcs8p_romper-el-cercoatenco-part-1 À Dijon, samedi 16 juin prochain à partir de 16h, seront projetés deux documentaires sur les résistances au Chiapas et alentours, suivis d'une conférence débat autour des résistances et de la répression des luttes au Chiapas et à Oaxaca, animé par des militants du CSPCL (Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en luttes) et une des membres de la commission du suivi international des Droits de l'Homme à Oaxaca. À 19h, un apérorepas sera servi, avant de boucler la soirée avec un concert de soutien. Le tout se tiendra à l'Espace autogéré des Tanneries, situé 17, bd de Chicago. Par ailleurs, tout soutien, notamment financier, est le bienvenu. Prenez contact par e-mail, en écrivant à [email protected]. collectif de soutien aux inculpé-e-s