Chiffres-clé en santé animale

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Chiffres-clé en santé animale
PRODUCTION ANIMALE
Chiffres-clé en santé animale
LA PERFORMANCE PAR LACTATION DES VACHES LAITIÈRES a fortement
augmenté au cours des dernières décennies grâce aux efforts des éleveurs. Parallèlement,
de nombreuses voix déplorent que les maladies liées à la production, comme les mammites
ou les cétoses, augmentent. Cela peut être valable pour l’ensemble de la population,
mais à l’échelle des exploitations individuelles, rien ne permet de le prouver.
Martin
Kaske
Il existe certes une corrélation statistique entre le niveau de la production laitière et le risque de développer diverses maladies. Mais
simultanément, sur de nombreuses exploitations affichant des performances
très élevées, la santé est bonne.
Ces exploitations ont optimisé la
composition de la ration, la technique
d’affouragement, le système de détention, les processus de traite et les mesures de prévention – surtout en matière
de mammites, de maladies des onglons
et de fièvre vitulaire – dans une mesure
telle, que les animaux affichent un excellent statut sanitaire malgré les risques
accrus liés à une production laitière élevée. La détention aujourd’hui prédominante en stabulation libre, axée sur les
principes du «confort de la vache»,
constitue un progrès décisif par rapport
à la détention en stabulation entravée.
D’autres améliorations sont possibles.
Chiffres-clé de la production
L’éleveur fait la différence La
différence entre les exploitations laitières situées en dessous et au-dessus de
la moyenne tient moins à la performance laitière du troupeau qu’aux com-
Tableau: Exemples de chiffres-clé pour la comparaison des troupeaux
Paramètre
Définition
Valeur cible Niveau d’alarme
Efficacité
Rendement par jour de vie Lait produit par jour de vie [kg]
Âge au premier vêlage
Santé de la mamelle
Numération cellulaire
du lait commercialisé
Pourcentage de vaches
avec des maladies
de la mamelle
Fertilité
Intervêlage
> 15
23 – 26 mois
SCC par ml de lait
< 100.000
> 200.000
< 20 %
> 30 %
Holstein: < 395 jours
Fleckvieh, Brune: < 385 jours
< 1.6
> 1.9
Pourcentage de vaches avec nombre de cellules > 250.000
Indice d‘insémination
Génisses / Vaches
Intervalle entre
deux vêlages
Nombre d’inséminations
par animal portant
Taux d’élimination
forcée
Pourcentage de vaches éliminées ou devant l‘être
chaque année en raison de maladies et d’infertilité
Taux de maladie
Pourcentage d’animaux tombant malades durant une lactation
Fièvre vitulaire / parésie
Déplacement de caillette à gauche
Métrite
<5%
Nombre de vaches boiteuses
Veaux
Morts à la naissance
Pertes d’élevage
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pétences du chef d’exploitation. Au vu
de la variance considérable entre les exploitations laitières du point de vue de
la performance du troupeau, de la santé
des animaux et de la fertilité, il est utile
de prendre en considération des indicateurs qui permettent une comparaison
inter-exploitations.
Pourcentage de veaux mort-nés après une durée de gestation de
> 260 jours ou morts au cours des 24 premières heures de vie
Pourcentage de tous les veaux morts durant l‘élevage
< 20 %
> 30 %
<5%
<1%
> 15 %
<5%
> 10 %
>2%
<5%
<2%
> 10 %
>8%
> 15 %
• La performance laitière moyenne du
troupeau n’est pas un indicateur utilisable pour la santé des animaux.
• Les frais vétérinaires – exprimés en
centimes par litre de lait livré – ne
sont également guère appropriés
pour apprécier la santé des animaux.
De nombreuses exploitations investissent considérablement et avec succès dans les mesures de prévention.
Dans ce cas, les frais vétérinaires élevés sont l’expression d’une très
bonne santé des animaux.
• Rendement par jour de vie: la production laitière d’une vache par jour
de vie est beaucoup plus parlante.
Pour les vaches Holstein, dans bon
nombre de pays, 15 kg de lait par jour
de vie sont une condition préalable à
un résultat d’exploitation positif en
tenant compte des coûts complets.
• La qualité du lait est un paramètre
particulièrement important. On peut
l’apprécier sur la base de la numération cellulaire du lait commercialisé
ou de la différence entre la quantité
de lait produite (données du contrôle
laitier) et la quantité livrée.
• Avec les mammites, la fertilité est la
cause d’élimination la plus fréquente.
Elle influence donc grandement la
durée d’utilisation relativement faible
des vaches. Un intervêlage court est
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PRODUCTION ANIMALE
l’affouragement et l’hygiène (niveau
d’alarme), qui appellent à prendre des
mesures.
Définition et nombre minimum
de surcroît économiquement intéressant lorsque les revenus générés par
la vente de veaux sont élevés.
Réformes et remonte Des taux
de réforme élevés (30 – 50 %) sont souvent considérés comme des signaux
d’alarme indiquant une sollicitation excessive des vaches laitières et mis en relation avec une performance à vie insatisfaisante. Ces chiffres doivent toutefois
être considérés avec circonspection:
certaines exploitations qui réussissent
vendent beaucoup de bétail d’élevage
ou opèrent une sélection très sévère.
Malgré des taux de réforme élevés, la
santé des animaux peut ainsi être supérieure à la moyenne.
Cependant, lorsque le taux d’élimination forcée (éliminations pour cause de
maladies et/ou d’accidents) est élevé, il
est extrêmement difficile d’avoir une
production laitière rentable et conforme
aux besoins des animaux. En règle générale, dans ces cas-là, cela est dû à des
maladies liées à la production, c’est-à-
dire corrélées directement ou indirectement à une production laitière élevée.
Note d’état corporel Le relevé
systématique de la note d’état corporel
est un bon instrument pour apprécier la
santé des animaux. Un pourcentage
élevé d’animaux amaigris (BCS < 2.5)
et/ou trop gras (BCS > 4.0) est synonyme
d’erreurs dans la gestion du troupeau ou
de maladies fréquentes (p. ex. paratuberculose).
Des optimisations
s’avèrent nécessaires,
non seulement pour
atteindre des performances élevées par
lactation, mais également pour rallonger la
durée d’utilisation
actuellement restreinte
des vaches.
Photo: agrarfoto.com
Des valeurs cibles? Des études
épidémiologiques ont permis de proposer des valeurs cibles pour la fréquence
de différentes maladies. Pour ce faire,
on est parti de la réflexion que même
sur une exploitation avec une gestion
parfaite, il arrive que des animaux tombent malades de temps à autre. Malgré
une optimisation des mesures préventives, il est impossible d’avoir un taux de
maladie nul. Cela étant, certains taux de
maladie mettent en évidence des déficiences patentes dans la détention,
Graphique: Fréquence des troubles en tant qu’instrument d’analyse
Les valeurs indicatives de ces exploitations signalent le besoin d’un suivi vétérinaire de troupeau ciblé.
Nombre de troupeaux
Moyenne arithmétique
Valeurs
cibles
Les valeurs indicatives de
ces exploitations signalent
le besoin d’un suivi
vétérinaire de troupeau ciblé
Valeurs
d’alarme
Les valeurs indicatives de ces
exploitations signalent la
probabilité élevée de déficits
en matière de protection des
animaux.
Indicateurs mesurés
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Pour que les fréquences relevées soient
comparables, il est nécessaire de définir
les maladies d’une façon unitaire. Ainsi,
une mammite clinique est définie
comme une altération notoire du lait
(pus, flocons de fibrine), pouvant être
accompagnée ou non de troubles de
l’état général (fièvre, diminution de l’ingestion). Beaucoup d’agriculteurs définissent une rétention placentaire
comme un placenta mettant plus de
douze heures à être expulsé, alors que
pour d’autres, un délai de 24 heures est
considéré comme normal.
Le recours à des valeurs cibles n’est
judicieux et applicable que si le troupeau comprend un nombre minimum
d’animaux (plus de 30 vaches environ),
pour que les résultats soient stastiquement valables.
Constatations sans diagnostic
D’un point de vue vétérinaire, le fait
que, de plus en plus fréquemment, on
ne documente que ce que l’on constate
(p. ex. parésie, mammite, boiterie) sans
poser de diagnostic (p. ex. fièvre vitulaire hypocalcémique, mammite septique phlegmoneuse, dermatite digitée)
s’avère problématique. Un pourcentage
accru d’animaux boiteux dans un troupeau doit certes toujours être considéré
comme important du point de vue de la
protection des animaux, mais une réduction de ce pourcentage implique des
mesures stratégiques différentes suivant
les causes (p. ex. cas fréquents de maladies infectieuses comme la dermatite digitée par opposition à un problème de
troupeau avec des boiteries d’origine
non infectieuses causées par une fourbure chronique des onglons).
䡵
Auteur Martin Kaske, Apl. Prof. Dr
med. vet. Vétérinaire spécialisé en
physiologie et production bovine, dipl.
ECBHM; spécialisations: médecine de
troupeau, santé des veaux, physiologie
du métabolisme; Service sanitaire bovin,
Agridea, 8315 Lindau
www.ufarevue.ch
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