« Femmes et emploi »

Transcription

« Femmes et emploi »
CERGORS-Observatoire des discriminations
Directeur
Jean-françois Amadieu
Professeur à l’Université Paris I
Panthéon Sorbonne
http://cergors.univ-paris1.fr/
« Femmes et emploi »
Sondage CERGORS-Observatoire des Discriminations
Réalisé par la SOFRES du 20 au 29 novembre 2003 auprès d’un échantillon
représentatif de 1360 salariés et anciens salariés.
Pourquoi les femmes se heurtent-elles à un véritable « plafond de verre »dans leur
déroulement de carrière ? Comment s’explique la discrimination persistante dont souffrent les
femmes au travail ? En quoi les femmes sont-elles enfermées dans une obligation de séduire
pour réussir ? Quelle est la situation du harcèlement sexuel au travail ? C’est à ces questions
que le sondage apporte des éléments de réponse.
1 « Les femmes obtiennent moins parce qu’elles demandent
moins » … et demandent moins parce qu’elles ont moins.
On sait que les femmes perçoivent des salaires inférieurs, ont des carrières limitées et
bénéficient moins que les hommes de formations professionnelles. Une des explications est
que les femmes peut-être par timidité ou parce qu’elles savent cette démarche vaine ne
demandent rien. Les femmes pratiqueraient une sorte d’auto limitation.
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Les femmes formulent moins de demandes que les hommes :
15% des hommes ayant un travail ont demandé une promotion dans l’année écoulée et
seulement 7% des femmes l’ont fait
23% des hommes ayant un travail ont demandé une augmentation de salaires et seulement
13% des femmes l’ont fait
29% des hommes ayant un travail ont demandé une formation et 24% des femmes
Pour motiver le fait de ne rien demander les femmes mettent en avant le fait que
demander ne sert à rien.
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25% des femmes qui ne demandent rien le font parce que ça ne sert à rien, c’est inutile, alors
qu’il n’y a que 19% d’hommes qui avancent cette explication.
Elles considèrent qu’il vaut mieux changer d’emploi pour obtenir quelque chose :
7% des femmes pensent qu’il vaut mieux changer de travail plutôt que de demander quelque
chose alors que 3% seulement des hommes le disent. On le comprend quand on constate
que les femmes sont 4% a justifier leur non demande par un statut précaire (cdd, intérim)(1%
des hommes).
La crainte d’un refus concerne 6% des femmes au travail mais seulement 4% des hommes.
La timidité 4% des femmes et seulement 2% des hommes
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Les hommes qui n’ont rien demandé le font parce qu’ils ont déjà obtenu quelque chose ou
l’obtiennent automatiquement (16%) alors que les femmes ne sont que 9% dans ce cas.
2 Les femmes ont-elles les mêmes chances que les hommes ?
La perception de l’inégalité des chances au travail par les salariés français est
particulièrement instructive.
« Une femme a-t-elle les mêmes chances à poste équivalent ? »
A les mêmes
chances d'
être
embauchée
A les mêmes
chances d'
avoir une
promotion
N'
a pas les mêmes
chances
45
39
50
•
Les femmes se perçoivent comme très défavorisées, mais les hommes sont également
lucides.
60% des femmes pensent ne pas avoir les mêmes chances au travail qu’un homme alors que
seuls 40% des hommes le déclarent.
Seules 35% des femmes pensent qu’une femme à les mêmes chances qu’un homme d’être
embauchée sur le même poste. Les hommes sont 53% à déclarer que les femmes auraient de
chances identiques.
Au sujet des promotions, le constat dressé par les hommes et les femmes est sans appel : 32% des
femmes et 47% des hommes pensent que les chances des femmes sont égales à celles des hommes.
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Les salariés les plus jeunes perçoivent la situation comme beaucoup plus égalitaire
que les interviewés plus âgés (39% des –de 35 ans pensent que les femmes n’ont pas les
mêmes chances au travail alors que les +de 35 ans sont 54% à le dire). 56% des retraités
pensent que les femmes n’ont pas les m^mes chances.
Il semble que les anciens parlent d’expérience tandis que les plus jeunes feraient montre de quelques
illusions sur le fonctionnement du marché du travail. A moins que les évolutions récentes, des progrès
de l’égalité hommes/femmes amènent les jeunes salariés à formuler un jugement moins sévère.
3 Physique, charme et avances sexuelles au travail
L’impact de l’apparence physique et du charme dans la vie professionnelle est
confirmé sans ambiguïté par le sondage. Au-delà de cet impératif de séduction physique, on
trouve aussi confirmation de l’ampleur des phénomènes de harcèlement sexuel. Mais ce qui
est nouveau c’est de disposer de résultats sur le lien qui existe aux yeux des salariés entre les
avances voire les abus sexuels et le déroulement de la vie professionnelle. Les résultats
obtenus sont d’autant plus frappants que les formulations retenues pour les questions étaient
très fortes : il « faut avoir des atouts physiques », une femme « ne pourra jamais réussir sans
charme », une femme « doit céder à des avances sexuelles pour évoluer dans sa carrière ».
Nos questions étaient particulièrement explicites. Il s’agissait d’aller au-delà d’une approche
floue du harcèlement en distinguant les sollicitations de nature sexuelles et ce qui relève de
l’abus sexuel.
Les atouts physiques au travail
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56% des femmes et 44% des hommes pensent que les atouts physiques sont nécessaires
aujourd’hui. Les femmes, déjà conscientes des inégalités Hommes/femmes, sont aussi plus
lucides sur l’impact de l’apparence physique.
Les salariés âgés pensent davantage que les jeunes que les femmes ont besoin d’atouts
physiques. 57% des plus de 50 ans le pensent contre 40% des 15-24 ans. 60% des retraités
le disent.
Du charme pour réussir ?
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1 femme sur 4 pense que sans charme une femme ne pourra jamais réussir tandis
que20% des hommes le pensent.
31% des +de 65 ans sont convaincus que le charme est décisif alors que seulement 17% des –de 35
ans le déclarent.
Les avances sexuelles au travail
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Pour 44% des hommes et 39% des femmes les femmes sont la plupart du temps
confrontées à des avances sexuelles. On peut se demander ici si l’image des femmes au
travail par les hommes n’est pas exagérément « sexué » ou machiste ; à moins que les
femmes ne déclarent pas totalement les sollicitations dont elles sont l’objet.
Au-delà des avances !
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Pour 9% des hommes et 7% des femmes, les femmes doivent céder à des avances
sexuelles pour évoluer dans leur carrière.
13% des plus de 65 ans le pensent alors que les – de 35ans ne sont que 4% à le déclarer.
4 Progresser ou plafonner ?
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62% des interviewés ayant un travail ont l’espoir de progresser mais 35 % d’entre eux
craignent de plafonner.
Les femmes ayant un emploi craignent de plafonner plus que les hommes (37% contre 33%)
et ont moins d’espoir de progresser (59% des femmes et 65% des hommes ont l’espoir de
progresser).