section du parti socialiste de chateau-chinon
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SECTION DU PARTI SOCIALISTE DE CHATEAU-CHINON Etats généraux 2014 – Contribution La question qui nous est posée aujourd’hui dans le cadre de ces états généraux est « Qu’est-ce qu’être socialiste en France au XXIème siècle ? ». Il nous semble que les fondamentaux du socialisme sont parfaitement connus et que les éléments essentiels de réponse à cette question ont déjà été formulés dans la déclaration de principe du PS adoptée en 2008. A tel point que cet exercice d’Etats généraux peut sembler superflu… Par conséquent parmi les 12 thématiques proposées, la section du PS de Château-Chinon a choisi de réfléchir à celle qui lui semble la plus fondamentale et qui est un préalable à la mise en œuvre de tout projet socialiste : thématique n°12 « Europe et souveraineté ». Jean Jaures avait déjà compris que la démocratie était le terreau du socialisme, par conséquent, pas de socialisme possible sans une démocratie aboutie (Jaures disait « le socialisme, c’est la démocratie jusqu’au bout »), pas de socialisme possible sans souveraineté du peuple. La question qui se pose à nous aujourd’hui est bien celle là : si l’on considère que la démocratie est selon l’expression consacrée par Abraham Lincoln « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple », sommes nous encore en démocratie ? Qui détient réellement le pouvoir ? Qui détient la souveraineté ? Est-ce le peuple ? Est-ce les institutions européennes ? Est-ce le système financier ? Est-ce une élite politico-économique qui constitue une oligarchie ? Echaudé par la crise de 1929 due à une sphère économique et financière qui avait pris trop de pouvoir et sur la base du programme du Conseil National de la Résistance, l’Etat a repris un maximum de pouvoirs à partir de 1944 et pendant les 30 années qui suivirent. Cette période qu’on a appelée « Les 30 glorieuses », où la puissance publique jouait un rôle prépondérant dans l’organisation de l’économie a été synonyme de réussite car elle a permis une création et une redistribution de richesses inégalée. Cette période était aussi celle de l’émergence du « rêve européen », c'est-à-dire un idéal de paix et de coopération entre pays d’Europe. Or depuis 1973, l’idéologie néolibérale est venue tout bouleverser, et nous avons abandonné un grand nombre d’instruments de souveraineté, ceux qui permettent au pouvoir politique de dompter le pouvoir économique. En les abandonnant, nous avons au contraire soumis le pouvoir politique à la domination du pouvoir économique et à la seule loi du marché : - Abandon de la souveraineté monétaire (la BCE est hors de contrôle politique, elle a interdiction de créer de la monnaie « gratuite » pour les Etats et ceux-ci ont obligation d’aller emprunter sur les marchés financiers) - Abandon du contrôle de circulation des capitaux (évasion fiscale facilitée) Abandon de toute mesure protectionniste (le tarif extérieur commun créé par l’Union Européenne qui devrait nous protéger contre la concurrence déloyale des pays à bas niveau de salaire n’est plus utilisé) En 1983 nous avons fait le choix du maintien dans le système monétaire européen, donc d’une monnaie forte et de la lutte contre l’inflation. Dès lors il devenait impossible d’effectuer des dévaluations monétaires pour gagner en compétitivité et la seule variable d’ajustement devenait la dévaluation interne, à savoir la baisse du coût du travail. Ceci a été confirmé lors de la création de l’Euro, car nous l’avons fait aux mêmes conditions (celles de l’Allemagne). Nous avons donc choisi la construction européenne au détriment de l’industrie et de l’emploi. Ce choix a été très difficile et François Mitterrand a beaucoup hésité. Il partait d’une bonne intention, celle d’apporter une pierre supplémentaire à l’édifice européen, en attendant de pouvoir poser les pierres d’une Europe politique et sociale. Malheureusement, avec 30 ans de recul on peut estimer aujourd’hui que nous nous sommes trompés. Sans nous en rendre compte, nous avons abandonné les outils qui permettaient de conduire véritablement un projet socialiste. Parce que nous sommes socialistes, nous sommes internationalistes, par conséquent abandonner de la souveraineté nationale au profit d’instances supranationales ne nous gêne pas sur le principe. Mais le problème est que cette souveraineté que nous avons perdue, nous ne l’avons pas retrouvée dans des institutions démocratiques européennes. Nous l’avons purement et simplement abandonnée. Le résultat est là : l’Union Européenne est plus libérale que jamais, l’espace européen est le plus libéral du monde, la coopération a laissé place à la compétition de tous contre tous, l’idéal de paix a laissé la place à une guerre économique à outrance qui dresse à nouveau les peuples d’Europe les uns contre les autres, l’idéal de solidarité a laissé la place au retour des égoïsmes nationaux, cet espace qui est théoriquement la première puissance économique mondiale est un nain politique, diplomatique et militaire qui ne pèse pas sur la scène internationale. Le budget de l’UE est ridiculement faible, ne permettant pas l’existence d’une Europe politique, pire il empêche les transferts de richesse indispensables à l’existence d’une monnaie unique, remettant en cause à terme l’existence même de celle-ci. L’Europe tel qu’elle est ne correspond absolument pas à l’idéal que nous, socialistes français, nous en faisons. C’est dur à admettre, mais peut-être sommes-nous les seuls à vouloir vraiment d’une Europe fédérale, véritable puissance politique qui pèse sur la marche du monde. Manifestement la plupart de nos partenaires semblent se contenter d’une Europe « super-marché » dans laquelle les peuples n’ont plus grand-chose à dire. Pour répondre à la question posée en début de débat, nous pensons que nous ne sommes plus vraiment en démocratie, nous sommes dans une espèce de société « post-démocratique » où une oligarchie politico-économique a pris le pouvoir, incarnée par la commission européenne. La meilleure illustration de cette situation est l’approbation du TCE en 2007, après que le peuple français l’ait rejeté par référendum en 2005. François Mitterrand disait en 1971 au congrès d’Epinay qu’être socialiste c’est être en rupture avec le capitalisme. Nous pensons qu’en 2014, être socialiste c’est être en rupture avec le libéralisme. Lionel Jospin disait quand il était 1er ministre, qu’être socialiste c’est dire « oui à l’économie de marché, mais non à la société de marché », nous le partageons pleinement. La question qui se pose à nous aujourd’hui est « Est-ce possible de mener un projet socialiste en France dans une Europe libérale plus soumise au pouvoir de l’argent qu’au pouvoir des peuples ? ». Nous en doutons fortement. Il y a donc urgence à rénover notre démocratie, tant sur le plan national qu’Européen et à faire en sorte qu’Europe soit synonyme de souveraineté populaire. Il en va de la survie de notre démocratie et de la sauvegarde de la paix en Europe.