Quand la délicatesse rencontre la curiosité

Transcription

Quand la délicatesse rencontre la curiosité
PORTRAIT CABINET DU MOIS
CABINET DU MOIS PORTRAIT
DR VERPEAUX,
LIMOGES (87)
Quand la délicatesse
rencontre la curiosité
À 10 ans de la retraite, notre praticien du mois, le Dr Pierre Verpeaux,
nous ouvre les portes de son cabinet, à Limoges, une ville où il fait bon travailler.
Il revient sur ses débuts difficiles et sur une profession qu’il appréhende
avec curiosité, douceur et déontologie. Rencontre.
© LianeM / Istockphoto
N
ous sommes à Bordeaux dans les années quatrevingt, le jeune Pierre se cherche une carrière,
tenté par la santé dans la marine nationale,
il se lance en médecine : « Comme de nombreux dentistes, je suis venu à la dentisterie par des chemins
détournés, reconnaît le Dr Pierre Verpeaux. Je voulais faire
médecine et la première année était commune. J’ai réussi à
avoir ma place en dentaire, mais je m’inquiétais : si l’aspect
intellectuel ne me posait aucune appréhension, l’aspect manuel
en revanche m’effrayait ! » En parallèle de ses études en
dentaire, son histoire familiale l’incite à s’investir dans le
soin des personnes handicapées. En fin de troisième année,
il est repéré pour devenir moniteur et passe un mois d’été
à travailler durement pour passer l’examen. Ses années fac
se sont révélées être des années très sérieuses, malgré son
jeune âge (le jeune Pierre ayant eu son bac à 16 ans), rien
ne le détourne de son objectif : « Entre la fac et mon travail
au centre, j’avais peur de m’éparpiller. Je suis resté très concentré
sur mes études. » Il en sort diplômé en 1980, avec comme
sujet de thèse, un thème original et loin des compilations
de bibliographie, en lien avec ses centres d’intérêt et son
implication : « Efficacité d’un produit fluoré (Fluocaril, en
gel) » : « Je travaillais dans un centre d’enfants sourds et muets
dont certains étaient internes, explique le Dr Verpeaux, les
conditions étaient idéales pour mener une étude, tous ayant
la même alimentation et la même hygiène bucco-dentaire, les
résultats ne risquaient pas de biais trop forts. Nous avions
créé trois groupes : le groupe témoin, un groupe auquel on
administrait un bain de bouche et un groupe qui utilisait un
gel, avec des points dépistage à trois moments. L’étude a illustré
que le gel avait, comme le bain de bouche, une efficacité sur
la progression carieuse. »
Limoges,
une commune
du centre
de la France
de 140 000
habitants.
Une mise en pratique militaire de la théorie
Les obligations militaires appellent le Dr Verpeaux qui
passe un nouvel examen à l’école des officiers de réserve
de Libourne, il devient aspirant : « Encore une fois, la mer
REPÈRES
1980
Diplôme de
chirurgien-dentiste,
à Bordeaux
28 indépendentaire 121 I Octobre 2014
1981
Installation
à Bugeat, plateau
de Millevaches
1988
Installation
à Limoges
2002
Entrée au Conseil
de l’Ordre
2010
Conférencier
pour l’Afpad
indépendentaire 121 I Octobre 2014 29
PORTRAIT CABINET DU MOIS
Une salle d’attente flambant neuve avec un aquarium qui apaise
et fait parler les patients.
FICHE SIGNALÉTIQUE
é le 30 novembre 1957.
N
Diplôme de docteur en chirurgie dentaire
délivré le 23 février 1981 à Bordeaux.
Formation en hypno-sophrologie
(cercle de Lariboisière, Dr Cherchève) 1991.
Ostéopathie crânienne (Ch. de France) 1991.
Occlusodontie (IBD Paris) 1993.
Orthodontie (CETO Nantes) 1994 / 1996.
Implantologie (IUI Paris, Drs Bert et Missika ) 1996 / 1997.
Parodontie (Dr Charon) 2000.
Microbiologie parodontale (Dr Bonner) 2001
Anatomie (SAPO clinique, Pr Gaudy) 2003.
Dentisterie prophylactique (Dr Darmon) 2003.
Implantologie (SAPO implants Paris) 2004.
Parodontologie (AUP Paris) 2005.
Analyse pré-implantaire (Dr Armand) 2005.
Prophylaxie (Dr Blique) 2006.
Implantologie avançée (FIAP Tarbes) 2007.
Congrès international implantologie Paris 2007.
Greffes osseuses Paris 2008.
Radio protection (AFPA Brive) 2008.
Endodontie (UJCD Limoges) 2009.
Chirurgie implantaire avançée (IFCIA Dr Antoun Paris) 2009.
Urgences et réanimation (Labophare Brive) 2009.
Sédation consciente par voie veineuse (EFAAD Gaillard, Dr André) 2009.
Chirurgie implantaire avancée (Zimmer, Pr Gauga, Tours) 2009.
Sédédation consciente et meopa (SYFAC, Dr Choukroun, Paris) 2010.
Correspondant de la revue Parents de 1980 à 1988.
Récipendiaire du « trophée molaire » en 1988.
Formateur AFPAD depuis 2010.
Membre du comité éditorial de « l’indépendentaire » depuis 2010.
30 indépendentaire 121 I Octobre 2014
Stéphanie, recrutée en 1998 est assistante à mi-temps.
Points forts : souplesse, empathie et pratique de l’anglais.
m’appelait, je pouvais partir sur un bateau, mais je n’ai pas
suivi cet appel, soucieux de commencer rapidement ma vie
professionnelle. » Il travaille comme dentiste-aspirant à
Bordeaux puis Arcachon : « Je travaillais dans un cabinet
dans une infirmerie de camp où je ne faisais que des soins et
des extractions, toute la journée. Une sacrée mise en pratique
de l’enseignement universitaire ! ». Après 16 mois de service,
notre praticien du mois est dégagé de ses obligations
militaires et se rapproche du praticien avec lequel il
travaillait dans l’institut des enfants sourds muets. « J’allais
l’assister dès que j’avais du temps disponible, j’allais le voir à
la moindre occasion… » Totalement en confiance auprès
de ce senior qui partageait son engagement auprès des
jeunes handicapés, il accepte sa proposition de reprendre
son cabinet.
Des débuts douloureux et houleux
Alors jeune marié, il reprend sans s’en douter un cabinet
au bord du gouffre qui allait à vau-l’eau. Ce n’était pas les
patients qui appelaient quand le téléphone sonnait, mais
les huissiers. « Cette personne avait le bras long, et malgré ma
bonne foi et la preuve évidente de malveillance de la part du
senior, le procès a duré 10 ans avec de multiples et éprouvants
rebondissements. » Malheureusement, la confiance que
Pierre Verpeaux accorde sans questionnement à son aîné
s’avérera une erreur « de jeunesse », de celles qui coûtent
cher, aussi bien moralement que financièrement : « Je suis
tombé sur ce que l’on ne peut que définir par le mot d’escroc,
connu comme le loup blanc dans toute la profession mais
pas de moi, alors jeune et certainement un peu naïf. En plus
des démarches juridiques assez lourdes que cette mauvaise
rencontre m’a coûté, cela m’a valu un blâme du Conseil de
l’ordre ! C’était le comble. J’ai fait appel au Conseil national.
À 25 ans seulement, c’est une expérience assez violente de se
retrouver seul à face à un tribunal… le blâme a heureussement été levé, mais le traumatisme est longtemps resté ! Cette
rencontre a gâché ma vie professionnelle pendant les 10 ans
qui ont suivi. » Pour mettre cette histoire derrière lui,
PORTRAIT CABINET DU MOIS
DR VERPEAUX,
LIMOGES (87)
notre praticien du mois décide de quitter la région. Par
l’entremise d’un prothésiste il part de Bordeaux (dont
on disait déjà qu’elle était saturée, il y a 30 ans !) pour
s’installer sur le célèbre plateau de Millevaches dans le
Limousin.
C’est dans la ville de Bugeat, connue par la présence de
son Centre d’entraînement sportif national initié par
Alain Mimoun, que le Dr Verpeaux s’installe, fin 1981.
Une petite ville de 1 000 habitants à la météo austère.
« Je suis arrivé et l’on me connaissait déjà là-bas ! J’avais
soigné un militaire pendant mon service qui était originaire
de Bugeat, cela m’a introduit plus facilement dans cette communauté. Le climat n’est pas très clément et l’on se retrouve
très isolé l’hiver, on me disait souvent : “Vous ne chassez
pas, vous ne pêchez pas, vous ne faites pas la cueillette des
champignons… mais qu’allez-vous faire ici ?” »
Le temps de la reconstruction
La ville de Haute-Corrèze où s’installe le Dr Verpeaux
se situe à une heure de Limoges et presque autant de
Tulle, il doit donc renoncer à travailler à la fac, mais tente
un C.E.S à Clermont-Ferrand, malgré les difficultés de
transport… « Après mon diplôme, j’avais tout dans la tête
et rien dans les mains ! C’est une expression galvaudée, mais
tellement vraie : quand on obtient son diplôme l’on obtient
simplement un droit d’exercer. Je n’avais jamais taillé une
couronne en sortant de la fac. »
Une nouvelle opportunité professionnelle pour développer son activité, lui permet de reprendre le cabinet d’un
jeune praticien à Limoges partant travailler dans une
mutuelle. « Je suis resté un temps à cheval entre les deux cabinets pour finalement m’installer à Limoges, explique le Dr
Verpeaux. J’ai cherché à revendre le cabinet de Bugeat sans
succès, car son isolement décourageait les praticiens susceptibles de le racheter. J’ai donc du m’en séparer, pour me consacrer à temps plein au cabinet de Limoges. » Pour mettre
un coup de pied dans la fourmilière, et pour soutenir les
nombreux autres jeunes praticiens abusés comme il l’a été
par des confrères peu scrupuleux, le Dr Verpeaux postule
au Conseil de l’ordre et découvre un univers très politique
où il peut néanmoins apporter sa pierre à l’édifice. En
parallèle, notre praticien du mois continue à travailler
dans un centre de handicapés moteurs et physiques dont
certains grabataires, un véritable sacerdoce pour Pierre :
« Quand ils le pouvaient, les patients venaient au cabinet,
parfois je devais aller les soigner au centre, à genoux au pied
des lits… c’était de la dentisterie vétérinaire au sens positif
du terme. Ils sentaient instinctivement que je venais pour les
soulager et j’ai pu soigner des patients pourtant réfractaires
habituellement aux soins. C’est une très grande gratification
pour moi. »
32 indépendentaire 121 I Octobre 2014
« Après mon diplôme j’avais
tout dans la tête… mais rien
dans les mains ! »
Le temps des formations
et de la transmission
Le Dr Verpeaux
s’appuie sur un
plateau technique
très complet, et
travaille à l’aide
d’un microscope
opératoire Zeiss.
Pour compenser l’impossibilité de poursuivre dans
l’enseignement, mais en gardant le goût de la transmission
et de la vulgarisation, le Dr Verpeaux commence à Bugeat
une collaboration avec la revue grand public Parents :
« J’ai besoin de multiplier les contacts en dehors de l’exercice paradoxalement assez solitaire du cabinet dentaire. J’ai
tissé des liens avec des confrères, des parents intéressés par la
santé bucco-dentaire de leurs enfants… ». Les soins sous
hypnose retiennent l’attention de notre praticien du mois
qui enchaîne émissions radio et télé pour faire connaître
cette méthode et dédramatiser les soins dentaires. Il est
aujourd’hui conférencier pour l’Afpad.
En 1988, le Dr Pierre Verpeaux arrive à Limoges, un
véritable soulagement sur le plan géographique, un gain
en mobilité pour se former tous azimuts : « Limoges a
rendu mes déplacements plus faciles, à moi les formations ! J’ai
essayé dans toutes les directions, sans forcément de titre universitaire. Le laser m’intéressait, mais aussi l’hypnose, l’ostéopathie crânienne, l’occlusodontie, l’orthodontie (le CETO),
PORTRAIT
CABINET
DU MOIS
PORTRAIT CABINET
DU MOIS
CABINET DU MOIS PORTRAIT
Stéphanie (à
gauche) et Sylvie,
complémentarité
et confiance…
Sylvie (au fauteuil)
est la mémoire du
cabinet…
Elle assiste Pierre
pour le travail à
quatre mains,
c’est son
« deuxième
ordinateur»…
Pour une
organisation
optimale, une
secrétaire serait
la bienvenue !
j’ai aussi “fait” Bert et Missika, Charon, Bonner, Darmon,
Blique, l’implantologie (SAPO), la sédation consciente
(Meopa)… la liste est loin d’être exhaustive ! » Après une
participation à la formation des assistantes (CNQAOS),
leDr Verpeaux découvre l’anesthésie diploïque, ce qui
lui permet de redécouvrir l›enseigement en formant les
praticiens au sein de l’Afpad : « J’ai découvert un champ
tout à fait nouveau. La vocation de l’association est d’améliorer la pratique de l’anesthésie dentaire. Il n’existe pas une
seule et unique technique universelle, néanmoins les anesthésies diploïques s’avèrent particulièrement performantes.
L’anesthésie est un domaine très utilisé mais mal connu et
finalement mal utilisé ! »
La construction
À Limoges le cabinet qu’il loue est situé dans un immeuble non loin du centre-ville, malgré ses aspects positifs
quelques paramètres rendent le rachat impossible : « Le
cabinet était installé à un carrefour, des difficultés de stationnement se posaient pour les patients, précise le Dr Verpeaux.
Il était au premier étage, sans ascenseur, ce qui n’était pas
compatible avec la réception des patients à mobilité réduite,
mais le cabinet était spacieux, même s’il ne pouvait pas être
réaménagé à mon goût. J’ai laissé les choses en l’état, vu que
c’était une simple location, et j’ai décliné la proposition de
rachat du propriétaire, un confrère dentiste. Et je me suis
mis en quête d’autre chose… » Le Dr Verpeaux a la chance
de trouver un local qui lui convient à 300 mètres à vol
d’oiseau dans un immeuble qui allait se construire. « Je
me suis directement mis en relation avec le promoteur avant
que le bâtiment ne sorte du sol, pour acheter un plateau nu à
aménager à ma façon. » Avec son épouse, notre praticien
du mois monte une SCI et se porte acquéreur de 104 m2.
indépendentaire
121 I Octobre
3434
independentaire
31 Janvier
2013 2014
magasin de naturopathie de ma femme. » La complicité
des deux assistantes permet à Pierre de se concentrer sur
son travail : « Elles s’arrangent toutes les deux pour assurer
la permanence au cabinet, se réjouit le Dr Verpeaux. Sylvie
est un ordinateur à elle toute seule, elle connaît tout des
patients : leurs habitudes, leur disponibilité, leurs attentes.
Stéphanie se révèle fine psychologue, elle sait être disponible
et très à l’écoute des patients. » Sylvie gère les commandes
et les relations avec les fournisseurs et laboratoires de
prothèses, elle s’est investie dans le domaine implanto et
l’accastillage, cela la rend moins disponible pour le travail
au fauteuil. Question organisation, Sylvie ne travaille
ni le mercredi après-midi, ni le samedi matin, le jeudi
après-midi et elles sont présentes toutes les deux pour la
chirurgie implantaire et prennent le temps d’échanger les
informations nécessaires à la bonne marche du cabinet
(commandes, rangement…). « Elles sont à la fois adorables
et fidèles. Je ne surveille ni leurs absences ni leur présence,
je suis en totale confiance. Elles ont un salaire raisonnable,
mais nous sommes d’accord pour dire qu’elles mériteraient
plus : mais j’ai beaucoup d’investissement pour le cabinet,
si notre chiffre d’affaires est plus que correct, les bénéfices en
revanche sont ridicules ! »
« L’anesthésie est un domaine
très utilisé mais mal connu
et finalement mal utilisé »
INFOS
4à5
semaines
de congés en été
du 14 juillet
au 15 août
et 4 semaines
éparpillées
dans l’année
Ouvert du lundi
matin au samedi
midi
Dernier RDV
à 18 h
2013 :
1100
patients vus
2800 RDV
1 575 h
travaillées
Désireux de ne pas se confiner dans de petits espaces,
il crée deux salles de soins de 30 m2 chacune, « en vue
d’une collaboration future », séparées par une salle de
stérilisation. Le Dr Verpeaux ne s’associera finalement
pas, tenté par le développement de l’implantologie après
une formation auprès du Dr Guy Huret (Euroteknika),
les deux salles lui devenaient nécessaires et le cabinet s’est
révélé trop petit. « J’ai eu un collaborateur pendant un
temps, se souvient-il. C’était le fils d’un artisan que mon
épouse connaissait et qui avait effectué son stage de troisième
au cabinet. Il a fini par faire dentaire à Bordeaux et à me
dédier sa thèse, la boucle était bouclée ! »
Précieuses assistantes
Le Dr Pierre Verpeaux travaille ses 10 premières années seul sans être assisté puis il rencontre Sylvie en
janvier 1993 grâce à un représentant de Zizine. Elle est
toujours à ses côtés, absente seulement pendant ses trois
congés maternité. C’est lors de l’un d’entre eux qu’il recrute Stéphanie alors étudiante en fac d’anglais : « Elle
a intégré notre cabinet limougeaud en 1998, pendant le
congé de Sylvie, je l’ai formée pour qu’elle ait une qualification sachant que je ne pourrai la garder au retour de Sylvie.
Finalement nous avons trouvé un arrangement qui lui permet
de rester au cabinet et d’avoir un complément d’activité :
elle travaille à mi-temps au cabinet et à mi-temps dans le
indépendentaire
121 I Octobre
2014 2013
35 35
independentaire
31 I Janvier
PORTRAIT CABINET DU MOIS
CABINET DU MOIS PORTRAIT
Ci-contre : La salle
de soins est très
spacieuse, 30 m2,
pour un confort de
travail au quotidien.
Ci-contre :
Pierre Verpeaux
avec ses 35 années
d’expérience
a acquis la sérénité
et la confiance qui
lui manquaient à
ses débuts.
Trop de patients
Travaillant avec un microscope opératoire, notre praticien du mois a besoin d’une assistante au fauteuil en
permanence, mais le téléphone qui sonne ou tout autre
impondérable peuvent éloigner l’assistante du travail à
quatre mains : « Si je pouvais, j’embaucherais une secrétaire
pour être assisté au fauteuil sans être interrompu… Nous
sommes confrontés à ce type de difficultés. » Comme à l’afflux
de patients et à la gestion de l’agenda. Notre praticien du
mois a dû mettre le holà face au nombre de patients reçu
quotidiennement qui devenait de plus en plus important,
avec des rendez-vous trop courts, tant est si bien qu’aujourd’hui, pour un premier rendez-vous, un nouveau
patient devra s’armer de patience : deux mois minimum
avant de pouvoir être reçu. « C’est long, mais j’ai tous les
jours des créneaux disponibles pour les urgences ! J’en suis à
la troisième génération de patients, des liens se créent avec
des patients fidèles, avec lesquels j’apprécie de discuter. En
35 ans de pratique, je n’ai mis que deux fois des patients
à la porte du cabinet, et la deuxième fois c’était il y a deux
jours, toujours pour des raisons d’hygiène ! »
« … il faut noter les premiers
mots prononcés par les
patients, et les écouter,
en pleine conscience
avant de passer au fauteuil
pour regarder »
Des difficultés à facturer
EN CHIFFRE
Implant : 800 €
le 1er puis 700 €
le(s) suivant(s)
CCM
sur base titane
ou céramocéramique
(pas d’armature
méta) : 550 €
CA 2013 :
270 000 €
36 indépendentaire 121 I Octobre 2014
des patients demande beaucoup de soins, et s’il en a le
temps notre praticien du mois propose de faire un premier soin, pour démarrer la relation thérapeutique. « Je
ne fais que proposer, je n’impose jamais rien. Je leur fais un
état des lieux, puis ils choisissent “à la carte”, je n’impose
pas de menu ! » Les années et l’expérience aidant, le Dr
Verpeaux s’aperçoit qu’il devient de plus en plus confiant
en sa compétence et ses patients le confortent dans cette
conviction. « Ils me demandent souvent mon avis, et je le
donne bien naturellement ! J’essaie d’intervenir a minima
en première intention, la solution la plus lourde sera toujours
celle du dernier recours. » Le Dr Pierre Verpeaux commence toujours par le besoin exprimé par le patient en
premier. « Je travaille par secteur et donne un premier devis
approximatif. Je sais que je serai correct. Lorsque je propose
des réhabilitations, j’essaie de ne pas passer à côté d’une solution, que je la pratique ou non. Le patient quitte alors le
cabinet avec les différentes informations et devis délivrés et
prend le temps de la réflexion. C’est très rare que nous ayons
des refus ou des patients qui disparaissent dans la nature.
Certains patients ne viennent que pour l’implantologie, pour
un deuxième avis pour comparer les tarifs… Je ne pousse rien,
je transmets l’information, sans insister. » Une douceur et
une sagesse que savent apprécier les patients !
Notre praticien du mois se considère comme un omnipraticien engagé dans une mission de santé publique
auprès de ses patients, qu’il a érigée en principe fondateur.
Il le reconnaît dans un sourire « J’ai beaucoup de facilité à
ne pas facturer mes honoraires ! » La qualité demande du
temps, et le plateau technique du cabinet est très équipé
(deux lasers et un microscope opératoire), une reprise
radiculaire lui demande facilement une heure au fauteuil.
« Il m’arrive de demander entre 50 et 150 € d’honoraires
pour un retraitement, mais c’est loin d’être systématique. » De
même pour les soins chez les patients handicapés, ils sont
souvent gratuits : « C’est ma façon à moi de participer ! ».
Aujourd’hui le dilemme du Dr Verpeaux se trouve dans
l’investissement, à l’heure où les fauteuils auraient besoin
d’être renouvelés, mais où l’âge de la retraite approche
doucement, il se demande quelle est la bonne stratégie et
se laisse, pour l’heure, le temps de la réflexion.
Un premier contact chaleureux
Les nouveaux patients qui appellent font la connaissance de Sylvie, avec laquelle le contact est facile : « Je
lui reproche parfois de passer trop de temps au téléphone,
mais c’est une façon pour elle de parfaitement cerner les
attentes des patients. » Lors de la rencontre avec le praticien, c’est au bureau que Pierre va leur demander la
raison de leur venue : « C’est un conseil classique, mais il
est précieux : il faut noter les premiers mots prononcés par les
patients, et les écouter, en pleine conscience avant de passer au
fauteuil pour regarder. » Si l’état de santé bucco-dentaire
indépendentaire
indépendentaire
121 I 121
Octobre
I Octobre
2014 2014
37 37