EntretienDr Sylvie Gross Don du sang

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EntretienDr Sylvie Gross Don du sang
Don, du sang, don de plasma : questions d’actualité
Les patients actifs dans l’association IRIS se mobilisent toute l’année pour encourager le don de sang et
de plasma et pour remercier les donneurs qui leur donnent accès aux médicaments dérivés du sang,
souvent vitaux pour eux. Les JMDS sont de ce point de vue un moment symbolique, et l’occasion aussi
de poser quelques questions d’actualité à l’EFS. Entretien avec le Dr Sylvie Gross, directrice médicale de
l’EFS.
L’un des tourments des patients réside dans la sécurité et la continuité de l’approvisionnement. Or, on
constate que la veille des vacances, accentuée cette année par l’Euro de foot, est chaque année un
moment de tension. Qu’en est-il de la sécurité virale dans ce contexte ?
Notre job quotidien, c’est de maintenir le niveau de sécurité optimal et même, de toujours l’améliorer. En
ce qui concerne la sécurité virale, les niveaux de risques sont extrêmement bas : selon Santé Publique
France (SPF, ex InVS), en 2011-13, le risque est de 1 sur 3 450 000 pour le virus du sida. (Quand on a
commencé le dépistage en 1990, il était de 3 sur 10 000.) Par ailleurs, le risque est de 1 sur 14 000 000
pour le virus de l’hépatite C et 1 sur 4 000 000 pour le virus de l’hépatite B. Ces énormes progrès sont dus
aux tests pratiqués, au dépistage et à la sélection des donneurs.
Par ailleurs, de nouveaux risques infectieux apparaissent comme Ebola, Zika, … Comment l’EFS les gèret-il ?
Pour gérer ces risques, nous conduisons une veille épidémiologique la plus fine possible, au niveau
mondial, notamment grâce au Centre for Disease Control and prevention (CDC –Etats-Unis-), à l’European
CDC et à l’Organisation Mondiale de la Santé qui tiennent à jour toutes les zones épidémiques et nous
tiennent en alerte sur les menaces d’épidémies. Au niveau français, on se voit une fois par semaine avec
notre tutelle, au ministère de la Santé.
Prenons un exemple récent. Il y a sur l’ile de la Réunion des foyers de dengue. On a la chance d’avoir un
système de surveillance SPF qui dispose d’un maillage très fin dans chaque région, et d’un observatoire
dans chaque ARS ? Ils publient un bulletin épidémique et l’on sait le nombre de cas, la tendance à la hausse
ou à la baisse, et l’on classe les régions en zone épidémiques (La Réunion est actuellement en phase 2,
c’est-à-dire sous surveillance, ce qui signifie que nous mettons en quarantaine des concentrés de globules
rouges pendant 72 donneurs.
Nous tenons à jour une liste des pays des à risques en fonction de chaque virus ou parasite (west nile,
paludisme, maladie de Chagas, …) et cette liste évolue dans le temps. Et avec elles les ajournements de
dons : 4 mois par exemple pour le paludisme). C’est un gros travail, qui nécessite une approche constante
et fine des zones épidémiques qui peuvent être mobiles.
Il y a aussi l’ouverture, à partir du 10 juillet, du don de sang et de plasma aux hommes ayant des
relations sexuelles avec des hommes (HSH) …
C’est une très bonne chose que nous ayons des mesures appropriées, ce que demandait d’ailleurs la cour
européenne de justice,
Le principe de proportionnalité devait être respecté : transformer l’ajournement définitif en un
ajournement plus court, le plus court restant à définir.
12 mois d’ajournement pour les HSH est une saine mesure, l’INVS a calculé le risque, on ne modifie
quasiment pas le risque résiduel (1/3 500 000). Nous nous sommes aussi appuyés sur la dizaine d’autres
pays qui le pratiquent (dont l’Australie qui a un recul de plus de 10 ans ; les britanniques qui ont
commencé en 2010). Le recul montre qu’il n’y a pas de sur-risque pour les malades.
Cette mesure d’ajournement était mal perçue, mal comprise, voire contournée, car jugée discriminatoire,
ce qui nous amenait un risque résiduel certain.
Et pour le don de plasma ?
Pour ce qui concerne la production de plasma sécurisé, on va pouvoir aussi avoir des dons venant
d’hommes ayant des relations sexuelles avec un homme, à condition que le donneur ait un partenaire
stable depuis 4 mois.
Le plasma frais congelé en France basée sur du plasma sécurisé par quarantaine, une spécificité française.
Nous prélevons le plasma au jour J, nous le testons, nous congelons à -30°. Puis nous attendons deux mois,
le donneur revient, et si tous les tests sont encore négatifs, nous libérons le lot. Les deux mois de
quarantaine couvrent la fenêtre silencieuse (variable selon les virus, mais en moyenne d’une quinzaine de
jours).