La présence haïtienne au Prix Casa 2016. Sang et espoirs de Gary

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La présence haïtienne au Prix Casa 2016. Sang et espoirs de Gary
La présence haïtienne au Prix Casa 2016. Sang et espoirs de Gary
Victor
Par Pedro de la Hoz
Traduit par Alain de Cullant
Número 02, 2016
Quand Arnold Antonin, un des plus notables cinéastes caribéens, a projeté entre nous
son film Le Président a-t-il le SIDA ?, il n'a pas hésité à attribuer en grande partie la
fluidité narrative du film à un ami écrivain : Gary Victor. « C'est un créateur imaginatif
et un profond connaisseur des réalités humaines, c’est pour cette raison que je l’ai
convié à partager le script d'un film qui vise à démanteler le mythe d'une personnalité
populaire ».
Le romancier s’est révélé peu de temps après, Gary Victor a obtenu le Prix Casa de las
Américas 2012 dans la catégorie « Littérature en Langue Français ou Créole » avec Le
sang et la mer. En 2014, il était présent à la Foire Internationale du Livre de La Havane
pour présenter son roman et maintenant il revient comme membre du jury du concours
dans lequel il a été lauréat. Et il a dit « Je sens aussi Cuba comme un peu mienne ».
Gary Victor a été agréablement surpris par la critique de son roman en espagnole,
traduit par Lourdes Arencibia et mis en circulation par le Fond Éditorial Casa de la
Américas. L’écrivaine cubaine Laura Ruiz, de la ville de Matanzas, révèle le point
d'appui qui subvertit l’apparent contenu mélodramatique de la narration : « Hérodienne
rêve de son prince charmant, issu de la tradition européenne, qui, sur ces rivages
antillais, devient un prince blanc, une transmutation des couleurs cruelle dans son
essence. Le roman d'amour se métamorphose jusqu'à toucher les limites du drame social
haïtien. (…) Elle l'aime. Il l’utilise (...) Il ne semble pas qu’il y ait passé une seule
journée depuis que les propriétaires de la plantation prennent, violent, possèdent, avec
toute leur fureur et leur arrogance, les esclaves noires. C'est la façon de Gary Victor de
montrer que l’esclavage et sa longue chaîne d’horreurs n’est pas un phénomène du
passé. C'est le moyen de mettre la loupe sur les séquelles, sur leurs empreintes dans le
présent du pays ».
À l'autre bout de la géographie cubaine, à Holguín, le poète, narrateur et traducteur
Manuel García Verdecia observe : « Le conflit de l’œuvre est très fréquent dans les
lettres, celui de la jeune fille pauvre qui est « séduite et abandonnée » par un jeune
riche. Cependant cela a été dûment remis dans le contexte des temps modernes et
enrichit en détails subtils comme afin de gagner de nouveaux intérêts. (…) Ce roman
sincère et beau nous parle des réalités terribles et douloureuses. Il nous laisse avec un
arrière-goût de mortification pour tant d'injustice et d'abus et il nous dit qu'il y a encore
beaucoup à faire sur nos terres pour le bien définitif de l'homme ».
Gary Victor est l'une des personnalités intellectuelles les plus actives et influentes à
Haïti. Agronome de profession, il a développé une carrière dans le journalisme par
vocation, dans laquelle domine la critique sociale et l'incitation au débat sur le destin de
son pays. Il a tissé une ample trame narrative qui comprend des titres tels que La Piste
des sortilèges (1996), À l'angle des rues parallèles (2000) ou Les Cloches de la
Brésilienne (2006).
Mais où il a peut-être le mieux attiré l'attention des lecteurs est dans une zone qu'il a été
appelé « les roman de suspens vaudou », à partir des arguments de l'intrigue policière et
les événements liés à la croyance populaire profondément enracinée dans son pays. Son
ouvrage le plus récent est Cures et châtiments (2013).
Sa relation avec le cinéma ne s'arrête pas avec le film susmentionné d'Antonin. Pour le
même réalisateur, il écrit le scénario de Les amours d'un Zombie (2009), une parodie
mordante sur le cinéma d’horreur étasunien.
Sur le Prix Casa de las Américas, il a dit : « Quand je l'ai reçu, j'ai été très heureux.
C'est un prix prestigieux et un pont pour l'intégration de nos cultures. Je connais
plusieurs écrivains de mon pays qui rêvent de ce Prix ».
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