Enseigner les langues

Transcription

Enseigner les langues
dossier
Enseigner
les langues
vivantes
Comment améliorer
l’apprentissage des langues ?
Quelles compétences doivent
acquérir les élèves ? Comment
évaluer leurs connaissances ?
Document passerelle
“CE2-6e”, cartables
numériques et sites
internet, sketches, livret
de compétences, travail en
réseau d’établissements,
certifications en langues
étrangères, formation
des enseignants, relations
internationales…
Ces outils et modes de
fonctionnement sont
utilisés dans les
établissements par des
enseignants de plus en
plus nombreux à travailler
en “équipe projet” pour
faire évoluer les méthodes
d’apprentissages
des langues.
Entretien avec Catherine Clément,
Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila
Catherine Clément
Catherine Clément est
responsable du pôle langues
étrangères créé depuis 3 ans au
sein du Centre international
d’études pédagogiques (CIEP),
établissement public sous
tutelle du ministère de
l’éducation nationale, de
l’enseignement supérieur et
de la recherche. À ce titre, elle
gère et anime le programme
des assistants étrangers en
impulsant une démarche
qualité, supervise l’organisation de l’Abibac, de l’option
international du baccalauréat,
des échanges poste à poste
d’enseignants… Angliciste de
formation, Catherine Clément
a été chargée des langues
étrangères à la DESCO
et a travaillé de nombreuses
années à l’étranger (Angleterre,
USA, puis au Brésil, Espagne,
Portugal pour le compte
du ministère des affaires
étrangères).
bloc-notes
Jean-François
Fontaine et
Lauro Capdevila
Jean-François Fontaine
et Lauro Capdevila sont
respectivement inspecteurs
pédagogiques d’anglais et
d’espagnol. Ils exercent dans
l’académie de Rennes depuis
une dizaine d’années.
Lauro Capdevila est chargé
de mission langues vivantes
auprès du recteur d’académie.
Jean-François Fontaine est
membre du groupe d’experts
des programmes de lycée.
Au cours de l’année 2006,
avec tous leurs collègues
inspecteurs de langues,
ils ont impulsé le plan
Langues vivantes, auprès
des équipes pédagogiques
des établissements scolaires
de l’académie, rencontrant
plus de 1 200 enseignants et
personnels de direction de
460 établissements.
5
n° 56 - juin 2006
Q
Q
Q
Q
Q
Entretien avec Catherine Clément,
Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila
Pour un apprentissage plus efficace
des langues vivantes
Les langues dès le primaire
Cycle 3-sixième, assurer la continuité
des enseignements en langues
Des établissements du BAPE
de Pontivy-Loudéac
Un travail en réseau
Site d’études ibériques à Brest
De bonnes relations franco-hispaniques
Lycée Henri Avril à Lamballe
Obtenir un diplôme de langue
dossier
Enseigner les langues vivantes
entretien avec Catherine Clément, Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila
Pour un apprentissage
plus efficace des langues vivantes
D.R.
Capacité à “se débrouiller” dans des situations concrètes, apprentissage
dès le primaire, évaluation des compétences, obtention de certifications
étrangères, ouverture internationale… les modes d’apprentissage évoluent depuis
le lancement du plan Langues vivantes dans l’académie. Le point avec
Catherine Clément, Jean-François Fontaine et Lauro Capdevila.
Deux enquêtes internationales d’évaluation en langues réalisées en 1996
et en 2002 ont montré que les élèves
français n’étaient pas bien placés.
Pourquoi ?
Lauro Capdevila : on peut avancer plusieurs
explications. Culturelles tout d’abord. Par
exemple, les pays nordiques ont de meilleurs
résultats parce que les élèves évoluent dans
un environnement linguistique plus favorable que ceux des pays du Sud (France et
Espagne). L’accès aux langues étrangères et
notamment à l’anglais y est plus systématique.
À la télévision, par exemple, les films passent
en version originale. Aux Pays-Bas, on peut
suivre des cursus universitaires en anglais
sans que cela pose problème.
Jean-François Fontaine : la deuxième explication est d’ordre pédagogique : il s’agit du
rapport à l’erreur. En France, les exigences
en matière de correction linguistique créent
tellement d’inhibition qu’elles ne permettent
pas de développer les compétences orales.
Or, la prise de parole dans une langue étrangère nécessite un rapport de confiance entre
le maître et l’élève. Le statut de l’erreur joue
un rôle fondamental dans l’apprentissage.
Dans les enquêtes, on est d’ailleurs frappé
par le nombre de non-réponses des jeunes
Français. Ils préfèrent ne pas répondre plutôt
que de risquer l’erreur. Nos méthodes pédagogiques devraient amener les élèves à
“oser l’erreur”.
L. C.: quelle que soit la discipline scolaire, on
reconnaît les Français par le fait qu’ils ne
répondent que lorsqu’ils sont quasiment
certains d’avoir la bonne réponse. Or, en
langue, ce comportement est extrêmement
néfaste.
Que faut-il modifier dans les méthodes
et l’organisation des langues étrangères pour améliorer le niveau des
élèves français ?
L. C.: nous souhaitons rattraper notre retard.
Et c’est tout à fait possible ! L’Espagne, pays
voisin avec, à peu près, la même tradition que
nous vis-à-vis de l’anglais, a beaucoup progressé et obtient désormais de meilleurs
résultats que la France. Une nouvelle dynamique est lancée dans les établissements
de l’Hexagone pour apprendre aux élèves à
ne plus avoir peur de la langue étrangère et
à accepter leur maladresse.
Dans les textes de référence, il existe un mot
que je trouve remarquable: il faut apprendre
à “se débrouiller”. Ce verbe dit bien les choses:
l’objectif n’est pas de maîtriser d’emblée
tous les paramètres d’une langue mais
d’apprendre à devenir autonome dans des
situations toujours plus complexes.
J.-F. F. : une précision sur le terme “se
débrouiller” pour lever toute ambiguïté: il ne
s’agit pas de laisser les élèves livrés à euxmêmes mais de leur apprendre à se tirer
d’affaire. Je pense aussi qu’il faut exposer
au maximum les élèves aux langues étrangères. C’est d’ailleurs l’intérêt des sections
européennes qui proposent des enseignements de disciplines (histoire-géo, biologie,
mathématiques…) en langues étrangères.
Le professeur de langue est bien l’expert,
celui qui a la charge de construire les connaissances linguistiques et les compétences
langagières, mais il peut être assisté et
soutenu par ces autres dispositifs pédagogiques complémentaires.
Catherine Clément : l’apprentissage d’une
langue étrangère dès le primaire est aussi un
facteur de réussite. Une étude de la Direction
de l’évaluation et de la prospective du ministère
de l’éducation nationale (DEP) l’a démontré:
les élèves de troisième qui ont appris une
langue étrangère dès le primaire sont
meilleurs que ceux qui ont commencé en
sixième. Ces résultats sont très encourageants.
bloc-notes
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“
Les élèves
qui apprennent
une langue
étrangère
dès le
primaire sont
meilleurs.
n° 56 - juin 2006
”
L. C.: d’ailleurs, cette année, pour la première
fois dans l’académie de Rennes, nous avons
des élèves de sixième qui ont tous commencé
l’apprentissage d’une langue étrangère en
primaire. C’est un grand bouleversement et
les résultats sont bons. Un test d’anglais passé
par les élèves de l’académie, montre que les
acquis attendus à la fin du cycle 3 sont tout
à fait remarquables. Nous avons des taux de
75 % de réussite à l’oral. Nous remontons
une pente historique !
J.-F. F. : le plan national Langues vivantes et
sa déclinaison académique (1) introduisent
un changement profond dans les objectifs
assignés à l’apprentissage des langues étrangères : les élèves ne doivent plus seulement
acquérir des savoirs linguistiques et culturels
mais surtout apprendre à les utiliser.
L. C.: cette mutation est déjà en cours. Après
les journées d’information et de réflexion
qui ont permis de réunir 1 200 enseignants
et personnels de direction, ceux-ci ont rédigé
des projets d’établissement en langues
vivantes. 124 sont bouclés et d’autres sont en
cours. Aucun plan d’action n’est imposé d’en
haut, au contraire les projets doivent naître
d’une réflexion locale.
dossier
Enseigner les langues vivantes
Quels sont les principes fondateurs
du cadre commun européen de
référence pour l’apprentissage des
langues ? En quoi répondent-ils aux
difficultés d’apprentissage ?
L.C.: le cadre européen a une longue histoire.
Il a été initié, il y a une trentaine d’années,
par un groupe d’universitaires spécialisés
dans l’enseignement des langues étrangères,
conscients que la future génération devrait
être apte à sortir des frontières nationales
pour étudier et travailler.
C. C.: un des principes fondateurs de ce cadre
est de mettre l’élève dans une situation
d’accomplir une tâche comme écrire un texte,
interroger quelqu’un ou fabriquer quelque
chose.
J.-J. F. : en effet, l’idée majeure est bien de
donner du sens aux activités pédagogiques.
C’est un enseignement centré sur les élèves
et leurs besoins. Par exemple, demander à des
élèves de poser des questions alors qu’ils
disposent déjà des réponses, n’a pas de sens.
Cet exercice ne sert qu’à manipuler une
structure de phrase. Il faut donc mettre la
classe dans une réelle situation de questionnement : certains lisent un texte et d’autres
posent des questions.
C. C. : sur les 25 États membres, une dizaine
a adopté ce cadre européen comme référence pour élaborer les curricula et les programmes scolaires. Je pense que les autres
pays suivront. Chacun travaille à son rythme.
Il faut du temps pour embarquer les enseignants dans cette aventure. En France, nous
avons opéré par étape, d’abord en primaire,
puis au lycée et enfin au collège. Des séminaires de formations nationaux et régionaux
ont été organisés.
Quel mode d’évaluation introduit
ce cadre européen ?
J.-F. F.: avec ce nouveau cadre, on passe d’une
évaluation du déficit à une évaluation des
acquis. C’est un profond changement de
perspective. Jusqu’à présent, on mesurait
l’écart entre la performance de l’élève et le
niveau attendu. Désormais, on ne fixe pas de
niveau attendu mais on vérifie ce que l’élève
sait faire avec une langue. Cette nouvelle
approche permet de désacraliser l’erreur,
de minimiser son statut.
C. C. : le cadre européen entraîne une autre
nouveauté : les certifications. L’idée est de
faire valoir des compétences linguistiques
objectives pour permettre aux jeunes Européens de partir étudier ou travailler à l’étranger. Il ne s’agit pas d’un test mais d’une évaluation qui s’apparente à un diplôme que
l’on pourra conserver. Les certifications
seront élaborées par les partenaires étrangers selon un cahier des charges fourni par
le ministère de l’éducation nationale et
proposées à tous les élèves volontaires en
classe européenne. Elles seront délivrées
par l’autorité académique et certifiées par le
pays étranger.
Cette année, nous avons inauguré la certification en allemand, niveau A2 et B1 (2), en
collaboration avec le KMK (3) et le Goethe
Institut. Les compétences à l’oral sont fortement valorisées.
L. C. : l’académie de Rennes a été précurseur
puisque des certifications en anglais, allemand et en espagnol sont délivrées depuis
2001, dans le cadre du contrat de plan
État-région (CPER). Cette année, 1500 élèves
de terminale de section européenne sont
candidats.
J.-J.F.: par ailleurs, pour le bac 2007, les élèves
de sciences et techniques de gestion (STG)
seront évalués en langues étrangères sur
quatre compétences : compréhension orale
et écrite, expression orale et écrite.
Quel est l’apport du Centre international d’études pédagogiques
(CIEP) à ces réflexions ?
C. C. : parmi nos différentes missions au
CIEP, nous cherchons à accompagner
l’ouverture des établissements sur l’Europe
et l’international par le biais de l’enseignement des langues. L’apprentissage d’une
langue développe en outre l’aptitude à en
apprendre d’autres. Il favorise ainsi le plurilinguisme, élément fondamental de l’identité
européenne. Prenons l’exemple de l’assistant étranger. Pendant longtemps, il a été
“l’objet” du professeur de langue, et ne
travaillait que dans sa classe. Depuis trois ans,
une démarche de qualité a été développée
avec l’inspection générale pour intégrer au
mieux l’assistant et créer une ouverture de
l’établissement à
l’international.
L’idée majeure
“est
de donner
du sens aux
activités
pédagogiques.
(1) Plan académique
langues vivantes
(ci-dessus).
(2) voir la circulaire sur
les langues – BO n° 23
du 8/06/06.
(3) Kultusminister
Konferenz.
”
On a ainsi demandé aux enseignants et aux
équipes de direction d’inscrire le rôle de
l’assistant dans le projet d’établissement.
En fait, l’assistant représente un moyen pour
les jeunes d’apprendre à communiquer et à
rencontrer d’autres européens ou de jeunes
étrangers. Au CIEP, notre spécialité est
vraiment l’ouverture à l’international. Par
exemple, l’Europe a lancé une plateforme
pour favoriser les échanges entre classes
étrangères, le “e-twinning”. En France, elle
est pilotée par le CNDP avec la collaboration du CIEP qui apporte des contenus pédagogiques. Nous avons notamment édité le
“Carnet de route” qui guide les enseignants
dans leur conduite de projets d’échange.
Vous avez aussi créé des sites Internet à destination des enseignants…
C. C. : nous avons lancé deux sites de ressources pédagogiques : Primlangues et
Emilangues. Ils nous ont été commandés
par le ministère de l’éducation nationale
pour accompagner des réformes. Primlangues
est destiné aux professeurs des écoles qui
doivent enseigner une langue étrangère.
Il porte aujourd’hui sur sept langues (anglais,
espagnol, allemand, arabe, russe, italien,
portugais) et accueille 60 000 visiteurs
par mois. Les enseignants peuvent y trouver
des séquences détaillées, mais aussi du
matériel pour construire leurs cours, un
forum pour échanger idées et expériences,
et un volet institutionnel avec les textes de
référence. Un comité de pilotage, réunissant
des représentants du ministère de l’éducation nationale, de l’inspection générale et
des IUFM, a supervisé les contenus.
Le second site, Emilangues, lancé en janvier
2006, est conçu pour les enseignants de
sections européennes ou de langues orientales.
Votre académie nous a d’ailleurs beaucoup
aidés à enrichir ce site
qui reçoit déjà 5000
visites par mois.
Propos recueillis
par Nathalie
Le Garjean et
Camille Sarret
bloc-notes
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n° 56 - juin 2006
dossier
Enseigner les langues vivantes
Les langues dès le primaire
Cycle 3-sixième, assurer la continuité
des enseignements en langues Q Collège La Gautrais à Plouasne
“L
e document passerelle
renseigne les enseignants
de langues vivantes sur la
façon dont l’enseignement
de cette discipline a été mené par leur prédécesseur”, explique Catherine Stefanelli,
conseillère pédagogique départementale en
langues vivantes étrangères dans le Finistère.
“Il reflète une pratique de classe tant sur le
nombre d’items travaillés que sur la méthodologie utilisée. Son efficacité sera maximale
s’il illustre réellement ce qui a été étudié avec
les élèves au cours de l’année”.
Q Le portail Langues
vivantes
http://www.ac-rennes.fr/
pedagogie/portail_lv/accueil.htm
Le plan académique Langues vivantes
permet aux professeurs de langue de
l'académie et aux chefs d’établissement
de réfléchir en commun. Il regroupe sous
un même portail l’ensemble des ressources
documentaires présentant les outils
destinés à tous les collègues enseignant
les langues vivantes et développe le
travail en commun des enseignants.
Les collègues y trouvent aussi bien les
synthèses des réunions de bassin, que
des fiches pratiques les aidant à évoluer
dans leur travail quotidien. Ils utilisent
aussi ce plan pour mettre au point leurs
projets langues vivantes d’établissement
en liaison avec l’équipe de direction.
Les professeurs de l'académie sont invités également à envoyer leurs projets
innovants.
Tous les points du programme de langues
étrangères figurent dans le document passerelle. Pas question cependant de “noircir
toutes les cases”, l’essentiel est de noter
précisément ce qui a été fait. Ainsi, en fin
d’année de CM2, certaines compétences ont
simplement pu être abordées à l’oral et/ou
à l’écrit, tandis que d’autres ont été approfondies majoritairement à l’oral et/ou à l’écrit.
Outil interlangue, il est fondé sur le cadre
européen de référence des langues et
permet donc de distinguer les compétences
d’expression et de compréhension orales,
prioritaires, des compétences d’expression
et de compréhension écrites.
Un document vivant
Ce document concerne la classe dans son
ensemble. Il ne s’agit pas d’une évaluation des
acquis individuels. Un imprimé doit être
complété pour chaque niveau de classe. En
plus d’être un outil qui permet de passer le
relais à l’enseignant qui intervient dans la
classe l’année suivante (c'est-à-dire en CM1,
CM2 et 6e), il est aussi utilisé à des fins d’harmonisation au sein de l’équipe pédagogique.
Diffusé en 2005, ce document a été largement
présenté et commenté lors d’animations
pédagogiques et de réunions interdegrés
par Catherine Stefanelli. Il vient de faire
l’objet d’un bilan visant à mesurer son efficacité. Les conclusions de cette analyse sont
rassemblées dans un rapport mis en ligne
sur le site de l’inspection académique
du Finistère, rubrique langues vivantes :
http://www.ac-rennes.fr/ia29/
D.R.
Cartable numérique pour tous
Dans le Finistère, un document “passerelle” est
utilisé par toutes les classes d’anglais, d’espagnol
et d’allemand, du CE2 à la 6e.
R Les 23 élèves de sixième bilangue en cours d'allemand.
Depuis 3 ans, les élèves du collège La Gautrais à Plouasne sont dotés
de cartables numériques. Les professeurs de langue utilisent régulièrement les TICE en classe.
En anglais, un nouveau manuel interactif, très souple d'utilisation,
a fait son entrée cette année au collège. Les nombreux vidéo projecteurs
et écrans numériques permettent une très grande variété des
supports de travail à un moindre coût (documents couleurs, montages
réalisés par les professeurs à l'aide de documents et de fichiers
son…). Ils améliorent aussi la concentration des élèves en cours en
faisant converger tous les regards vers un même point.
Depuis cette année, les professeurs du collège ont créé l'espace
numérique “Coup de Pouce” destiné avant tout à aider les élèves
dans leurs apprentissages quotidiens et à développer leur autonomie.
Les langues sont très bien représentées sur ce site qui propose des
fichiers son pour travailler la prononciation, des exercices de révision ou de remédiation créés par les professeurs du collège à l'aide
de logiciels tels que “Hot Potatoes”, “Quiz Faber” ou “Powerpoint”.
La section d'allemand contribue aussi à développer un site
internet pour faire découvrir l'Allemagne aux non-germanistes :
http://decouverteallemagne.free.fr
Françoise Couëdelo
Première étape dans la construction d’une
continuité des enseignements en langues, le
document passerelle est accompagné sur
25 secteurs de collèges finistériens de
référents communs interdegrés. Ces outils,
adaptés à chaque secteur, dégagent les
compétences linguistiques prioritaires attendues des élèves de fin de CM2.
Nathalie Le Garjean
Françoise Couëdelo
bloc-notes
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n° 56 - juin 2006
dossier
Enseigner les langues vivantes
Des établissements du BAPE de Pontivy-loudéac
Un travail en réseau
Collèges de Guémené sur Scorff, de Pontivy, de Baud, de Rohan, lycées professionnels
de Locminé et de Pontivy, lycée de Pontivy… Trente participants (chefs d’établissement
et enseignants) se sont retrouvés en mai pour mutualiser leurs réflexions et actions sur
la politique des langues. Cette rencontre faisait suite à plusieurs mois de travail dans
les établissements et en réunion de BAPE.
Q Collège Marcel Pagnol à Plouay
D.R.
Apprendre le breton avec des saynètes
R Cours de langues au laboratoire du lycée Joseph Loth à Pontivy.
Des points de convergence
Cette rencontre a mis en évidence des
passages obligés. Un temps de concertation
doit être intégré dans l’emploi du temps.
L’année sera découpée pour travailler sur
deux compétences. Le bulletin trimestriel
va évoluer en introduisant une évaluation
formative. Des supports pédagogiques, autres
que le manuel, seront utilisés et certaines
équipes ont décidé de travailler “sans manuel”.
Les enseignants continueront à réfléchir
ensemble sur les points particuliers : TICE,
livret de compétence, collaboration avec les
assistants… Ils feront travailler les élèves
sur une même compétence en petits
groupes et en s’adaptant à leur niveau.
Printemps de l’Europe, semaine de la presse,
festival du film européen, menus en anglais
ou espagnol ou allemand, jumelage électronique “e-twinning”, rapport de stage avec
une conclusion en anglais… toutes les actions
pédagogiques valorisant les langues vivantes
et la culture internationale seront développées.
Un travail “interlangue”
Les pratiques d’enseignement résultent d’une réflexion menée
dès l’année de formation à l’IUFM sur la nécessité d’échanger entre
enseignants de la même langue ainsi qu’entre collègues des
différentes langues enseignées dans l’établissement. Ce travail de
mutualisation “interlangues” rend l’enseignement du breton et des
autres langues plus attractif et plus efficace au quotidien.
Pascal Tabuteau
Un bilan positif
Le BAPE devient un observatoire intéressant
de pratiques: l’ensemble des établissements
a choisi les niveaux 6e, 5e, 4e et 2nde pour expérimenter des groupes de compétence.
Toutes les équipes de langues vivantes se
sentent concernées par le plan académique
des langues vivantes, une liaison collègeslycées se construit à partir d’expérimentations, de mutualisations d’expériences…
Grâce aux échanges de la réunion mais aussi
aux documents écrits laissés par les collègues,
les équipes ont des pistes de travail et se
sentent plus stimulées.
Anne Bilak
bloc-notes
9
n° 56 - juin 2006
D.R.
P
our la rentrée 2006, des actions
concrètes sont prévues dans tous
les établissements. Au collège
Émile Mazé à Guémené sur Scorff,
la 3e heure de cours sera consacrée aux
groupes de compétences, avec une compétence
étudiée pendant quatre semaines. Au collège
Yves Le Bec à Rohan, un portfolio sera acheté
pour chaque élève et conservé par le professeur. L’élève disposera d’une version
simplifiée. Au collège Mathurin Martin à Baud,
qui travaille dans le même esprit, une progression commune sera élaborée pour les
classes de CM1, CM2 et 6e dans le cadre de
leur opération de liaison école-collège (les
mardis de Baud, qui fêtent leurs 10 ans).
Au collège Charles Langlais à Pontivy,
l’année sera découpée en quatre périodes
pour travailler quatre compétences. Une
évaluation de positionnement et de diagnostic sera effectuée en début d’année.
Au lycée professionnel Louis Armand
à Locminé, deux professeurs se forment
actuellement pour valider leurs compétences
en anglais et pour intervenir dans les champs
professionnels (textile et maintenance).
Au lycée Joseph Loth à Pontivy, toutes
les techniques pédagogiques seront privilégiées, en particulier le travail en laboratoire et l’appui des assistants étrangers.
Le collège Marcel Pagnol à Plouay propose un enseignement en
langue bretonne organisé en deux filières, bilingue et breton
optionnel. L’enseignement est orienté vers une pratique vivante de
la langue. Les bilingues travaillent en relation avec des bretonnants
de naissance et les élèves de la filière optionnelle optimisent l’heure
ou deux d’enseignement hebdomadaire par des activités concrètes
axées sur la vie quotidienne : “faire ses courses à la supérette”,
“présenter une/un ami(e) à ses parents”, “inviter quelqu'un au
restaurant ou dans un bar”, “parler du travail scolaire à ses parents”,
Les activités sont toujours faites en contexte sous forme de
saynètes. Par exemple, en mettant la table et les couverts en classe
(repas avec les parents), en recréant une petite épicerie avec une caisse
enregistreuse, en installant un “coin resto”, en utilisant la crêperie
du collège, en allant dans le centre bourg à Plouay pour faire
chercher le chemin aux élèves… les élèves retiennent bien mieux
les activités ludiques.
R Les élèves apprennent à expliquer comment faire des crêpes
mais aussi à téléphoner à un(e) copain/copine pour lui raconter
sa journée, à demander son chemin avec un plan de ville, à parler
de ses hobbies, à se présenter pour un entretien d'embauche,
à exprimer ses sentiments (colère, amour, tendresse…).
dossier
Enseigner les langues vivantes
Q Le lycée Chateaubriand
à Rennes, site pilote
pour l’allemand
L’Abibac, diplôme “franco-allemand” qui
donne accès de plein droit aux universités allemandes et françaises, est préparé
au lycée Chateaubriand à Rennes depuis
1992. Aujourd’hui, cette section accueille
plus de 130 élèves de la seconde à la
terminale. En plus de l’Abibac, chaque
année plus de 400 élèves et étudiants
choisissent aussi l’allemand comme
première ou deuxième langue vivante. Ces
atouts ont valu au lycée Chateaubriand
à Rennes d’être désigné en 2004 comme
“site pilote pour l’allemand” dans l’académie. À ce titre, le lycée impulse et
participe à des actions d’information et
de promotion auprès des jeunes et des
familles. Il met également à la disposition
des élèves et étudiants germanistes
des informations sur les études et les
carrières qui s’offrent à eux et organise
chaque année au mois de janvier un forum
franco-allemand des études supérieures.
› Contact : www.lyceechateaubriand.fr
Q Une section angloaméricaine au lycée Victor
et Hélène Basch à Rennes
La section anglo-américaine du lycée
Victor et Hélène Basch à Rennesprépare
l’option internationale au baccalauréat
(OIB), en complément des bac ES, L, S. Ce
cursus présente l’avantage du diplôme
français et la caution des autorités britanniques associées à l’examen. Il permet
de suivre une partie de l’enseignement
en anglais, d’enrichir sa culture en littérature et civilisation anglophones, de
participer à des activités culturelles centrées sur la civilisation anglo-américaine,
de préparer éventuellement l’entrée dans
une université anglaise ou américaine,
d’entreprendre en France des études
post-baccalauréat… La section est ouverte
à de jeunes anglophones (au moins 25 %
de l’effectif), qui ont un niveau minimal
en langue française, et à des francophones
originaires principalement de la Bretagne
et issus d’une classe de troisième.
› En savoir plus : http://pharouest.
ac-rennes.fr/e352009U/
Le collège Malifeu à Rennes accueille
des élèves francophones et anglophones de
la 6e à la 3e (http://pharouest.ac-rennes.fr/
e350706C/).
L’école primaire Jean Moulin à Rennes
accueille des élèves anglophones et assure
un enseignement bilingue en cycle 3 (CE2,
CM1 et le CM2), (http://www.ecolepubliquejean-moulin-rennes.ac-rennes.fr/accueil.htm)
Site d’études ibériques à Brest
De bonnes relations
franco-hispaniques
Depuis quatre ans, sur la rive droite de Brest, Plouzané et
Saint-Renan, le site d’études ibériques de l’académie se met en
place. Il concerne aujourd’hui 25 écoles, six collèges et un lycée (1).
U
n réseau de formation cohérent
de l’école primaire à l’enseignement supérieur ouvert sur
la Péninsule ibérique et l’Amérique latine, un accès au bilinguisme françaisespagnol et une meilleure intégration des
jeunes hispanophones… en 4 ans, le pôle
d’étude ibérique est devenu un site de réflexion
et d’action pour le développement qualitatif de l’enseignement de l’espagnol dans
toute l’académie.
La coordination pédagogique est assurée par
Marie-Agnès Maille, dans un esprit de partage
des expériences. Un bureau alloué au site
d’études ibériques accroît les rencontres entre
différents intervenants et développe les liaisons
inter-cycles. Un espace sécurisé sur le web a été
ouvert pour communiquer, partager des
ressources, suivre les projets. Des journées de
formation sont régulièrement organisées.
De nombreuses activités sont proposées :
théâtre à l’école primaire et au collège; cinéma
avec une préparation et une exploitation
pédagogique du Festival du film espagnol ;
réflexion sur le rôle des assistants ; harmonisation des interventions dans les écoles
primaires, les collèges et le lycée ; utilisation
du multimédia en relation avec l’IUFM…
Les structures évoluent : après la création
d’une section expérimentale internationale
en langue espagnole au collège Les Quatre
Moulins (6e) et au lycée Amiral Ronarc’h (2de)
en novembre 2005 en étroite collaboration
avec le ministère de l’Éducation espagnol, trois
sections européennes ouvriront leurs portes
à la rentrée scolaire 2006 aux collèges Keranroux et Saint Pol Roux (4e) et au lycée (2de).
Didier Faccenda
Q Intégration à l’international
Une collaboration
internationale
Les échanges scolaires, notamment avec
l’Espagne et le Pérou se poursuivent et se
développent. Des élèves sont présentés aux
diplômes de compétences linguistiques du
DELE validés par l’Institut Cervantès (premier
niveau à l’issue du collège, intermédiaire ou
supérieur au niveau de la terminale). Les
épreuves sont organisées au lycée Amiral
Ronarc’h. Les relations entre l’académie de
Rennes et la région de Cantabrie, consacrées
par la signature d’un accord de coopération
éducative en octobre 2005, trouvent ainsi
un point d’appui sur le site d’études ibériques
(page ci-contre).
(1) Vingt-cinq écoles primaires proposent de commencer
l’apprentissage de la langue espagnole dès le CE2 ;
six collèges (Keranroux, Quatre Moulins et Saint Pol Roux
à Brest, Kerallan et Kroas Saliou à Plouzané, Kerzouar
à Saint Renan) ; le lycée Amiral Ronarc’h.
bloc-notes
10
n° 56 - juin 2006
Les 30 et 31 mars 2006, le collège Chateaubriand à Saint-Malo, le
lycée professionnel Ker Siam à Dinan et le lycée Coëtlogon à Rennes,
engagés dans le projet pilote RES INTEGRA (du programme Leonardo
da Vinci) ont accueilli des écoles et des institutions partenaires
venues du Royaume-Uni, de Grèce et des Pays Bas pour deux jours
d'échange de pratiques sur le décrochage scolaire.
Ce projet vise à réduire le décrochage scolaire et les sorties sans
qualification dans une vingtaine d'établissements d'enseignement
et de formation répartis dans six pays. L’organisation des classes
relais a été présentée par les établissements bretons. Puis les
équipes du Royaume-Uni ont présenté le programme “Increased
Flexiblity” de Walsall College dans la politique locale et le cadre
national, ainsi que la démarche des “Positive Postcards”. Les
bonnes pratiques sélectionnées prennent en compte trois angles
différents : l'approche intégrée pour coopérer avec des acteurs
extérieurs au système éducatif, l'environnement pédagogique et
les approches didactiques alternatives.
› Contact : DARIC, [email protected]
dossier
Enseigner les langues vivantes
QUn stage inter-
Lycée Henri Avril à Lamballe
Obtenir un diplôme de langue
académique de chinois
Harmoniser
ses pratiques
Le lycée Henri Avril à Lamballe prépare ses élèves les plus motivés
aux certifications étrangères : Cambridge First Certificate, DELE
de l’Institut Cervantes et ZMP de l’Institut Gœthe.
C
e projet s’appuie sur les onze
enseignants de langues vivantes
du lycée qui préparent quinze
élèves en anglais, cinq en espagnol
et cinq en allemand pour cette première
année 2006. Les trois assistants de
langues vivantes assurent aussi un
soutien au travail en autonomie
réalisé par les élèves.
Les professeurs s’enthousiasment
pour ce nouveau volet du projet
d’établissement : ils reconnaissent
unanimement que la préparation au
niveau de compétence linguistique
Q Convention avec la Cantabrie: séminaire
D.R.
sur les sections franco-espagnoles
R Les assistants de langues motivés
D.R.
par leur mission.
Les 10 et 11 avril 2006, dans le cadre de la convention signée
récemment entre l’académie de Rennes et la Cantabrie, une délégation
espagnole a été reçue pour réfléchir sur la création de sections
bilangues franco-espagnoles. Au programme de ces deux journées :
l’utilisation des technologies d’information et de communication,
l’expérience de l’enseignement du Français Langue étrangère (FLE)…
et des découvertes de notre patrimoine culturel (spécialités culinaires
et danses). Les membres de chaque sous-groupe ont échangé des
informations sur leurs systèmes éducatifs respectifs, sur le matériel,
sur les stratégies pédagogiques et les méthodologies. L’académie de
Rennes a présenté les programmes européens existants, Socrates
(Erasmus, Comenius, Arion) et la Consejería de Educación de Cantabrie,
leur modèle éducatif et leur plan de promotion de l'enseignement et
de l'apprentissage des langues étrangères.
Plusieurs propositions d'actions ont été faites, comme des échanges
d'élèves : du côté français, 40 établissements sont intéressés ;
du côté espagnol, les 48 IES (Institutos de Enseñanza Secundaria)
de Cantabrie effectueront un recensement. Des échanges de professeurs aussi, avec pendant les vacances de printemps un échange
sous forme “d’accompagnement” entre collègues. Enfin des informations seront partagées sur une plateforme de travail à distance :
mise en œuvre du cadre européen commun pour les langues et du
portfolio, des bonnes pratiques, des accords sur des programmations communes (histoire-géographie, sciences économiques et
sociales, éducation civique, juridique et sociale).
Nathalie Le Garjean
B2 est une incitation à l’intégration fonctionnelle du portfolio des langues dans les pratiques pédagogiques.
Roland Jaecki
Témoignages des
assistants de langues
Carolyn James
“Je travaille l'expression et la compréhension
orales des élèves avec différents jeux de rôles”.
Víctor M. Díaz Medina
“Ma mission est de mettre les élèves dans
des situations de la vie quotidienne espagnole,
de leur apprendre à écouter et à parler comme
s'ils étaient en Espagne. Le DELE est un
diplôme officiel européen de la langue
espagnole qui atteste une certaine compétence
linguistique de ma langue. C'est un diplôme
qui permet d'ouvrir des portes dans différents secteurs, économiques et culturels,
dans le monde entier”.
Judith Söldner
“Je travaille beaucoup avec des documents
authentiques: des chansons, des extraits de
films et des articles de journaux et de magazines. Cela donne envie aux élèves de parler et
leur permetde connaîtrel'Allemagne d'un point
de vue différent.Et bien sûr, je neleur parle qu'en
allemand. Même si parfois cela leur semble
bien difficile, ils sont toujours motivés”.
bloc-notes
11
n° 56 - juin 2006
Initié par l’académie
de Rennes, avec le soutien actif des services
de formation (DAFPEN),
cinquante professeurs de
chinois de cinq académies
du Grand Ouest ont participé à une formation les
3 et 4 février 2006 au
(1)
lycée Émile Zola à Rennes.
Quelles sont les compétences attendues
en chinois par le nouveau cadre européen commun de référence ? Comment
monter un projet pédagogique ? Maintenir la discipline en classe ? Organiser
un échange avec un pays d’Asie ?
Au cours de ces deux journées, les
enseignants des établissements scolaires
publics et privés et d’associations ont
pu mettre en commun et harmoniser
leurs pratiques, grâce aux témoignages
et conseils de leurs collègues plus expérimentés. “Le chinois est une discipline
encore jeune et, en termes de méthodes, de
contenus pédagogiques et d’objectifs, nous
avons beaucoup à apprendre de l’expérience des autres langues et de la réflexion
pédagogique que certaines d'entre-elles
mènent de longue date”, note Isabelle Pillet,
enseignante de chinoisau lycée Émile Zola
à Rennes depuis de nombreuses années et
chargée de mission d’inspection. Avec sa
collègue Pascale Fontaine, enseignante
d’anglais, elle a notamment proposé des
activités et des supports ciblés sur les jeux
Olympiques de Pékin.
Bien gérer sa classe
Au-delà du travail pédagogique, toutes
les questions de gestion et d’animation
de la classe ont été abordées. “De
nombreux enseignants de chinois sont
jeunes, une partie d'entre eux est sinophone, nous nous devons de les aider,
explique Isabelle Pillet. La psychologie
de l’adolescent occidental peut paraître
très déconcertante. En Chine, le statut
des enseignants leur confère une grande
autorité”. Des conseils sur la bonne
gestion des 5 premières et des 5 dernières
minutes de cours ont été donnés. De
même, avoir un vademecum de l’échange
avec la Chine évitera bien des tracas,
avant, pendant et après le séjour.
Nathalie Le Garjean
(1) J’apprends le chinois