RENCONTRE SUR LE FILM EL BOLA de Achero Mañas Le

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RENCONTRE SUR LE FILM EL BOLA de Achero Mañas Le
RENCONTRE SUR LE FILM
EL BOLA de Achero Mañas
Le mercredi 13 janvier 2010, l’association Collège au Cinéma 37 a accueilli Nicolas Lasnibat,
réalisateur de films, critique de cinéma et scénariste de télévision au Chili, diplômé de la FEMIS, pour
parler du film El Bola d’Achero Mañas programmé pour les élèves de 4ème/3ème au deuxième trimestre
2009/2010.
Le cinéma espagnol a eu le soutien de Franco et ce dernier a permis aux réalisateurs de gauche de
faire les films. Achero Mañas est réalisateur de deux ou trois films qui ne sont pas tellement connus en
France. Le cinéma espagnol n’est en général pas très bien distribué en France.
El Bola est un film du cinéma social, ce qui est rare en Espagne. Il est important de préciser aux élèves
que c’est un film de fiction.
Il a eu un grand succès en Espagne et a reçu quatre Goyas (Meilleur film, Meilleur premier film,
Meilleur scénario original, Meilleur espoir masculin) et le prix « Découverte européenne de l’année »
2001 au European Film Awards.
Cette histoire pourrait être racontée dans n’importe quel autre pays des vingt dernières années. Dans
le film, la seule indication du lieu est la station de métro de Madrid quand Pablo/El Bola et Alfredo
quittent les cours.
Le point fort du film, pour Nicolas Lasnibat, n’est pas la mise en scène, mais le scénario : chez les très
grands metteurs en scène, en effet, chaque plan a une signification. Ici, la mise en scène est plutôt
« classique », presque « utilitaire », influencée certainement par la télévision, où il est important de
« couvrir » l’action avec plusieurs caméras (un plan d’ensemble et des plans rapprochés, et un rythme
général travaillé au montage).
C’est pour cette raison que Nicolas Lasnibat choisit d’organiser son exposé autour de la structure
dramatique du film, donc du scénario :
Il n’y a pas de mise en scène forte ; le point le plus fort de ce film se trouve dans la force du scénario.
Un scénario est une histoire, il y a une structure dramatique du film.
El Bola repose sur une mise en scène très classique fonctionnant avec le scénario suivant :
Climax
Moment clé du
film
Présentation
Moment clé du
film
Fin/Résolution
Il est important de définir l’élément perturbateur, le moteur du film, qui est dans El Bola Alfredo. Le
premier moment clé du film est lorsque El Bola/Pablo suit Alfredo dans la rue.
Il y a un jeu de miroir entre les personnages et entre les séquences tout au long du film :
- Les deux pères sont très différents
- Différence des deux appartements
- Les métiers : ils ont tous les deux un atelier (Quincaillerie, tatoueur)
- Histoire d’éclairage : l’appartement de El Bola est sombre alors que celui d’Alfredo est très éclairé
- Les dîners
- Les frères : le frère d’El Bola/Pablo est mort alors que le frère d’Alfredo vit pleinement
- Les dialogues : chez El Bola/Pablo, il y a un silence hypocrite où il y a beaucoup de choses à
cacher alors que chez Alfredo, ils sont très ouverts, ne se cachent rien.
- La mort : mort du frère de El Bola/Pablo / mort du parrain d’Alfredo
A travers un visionnage rapide du film, les enseignants présents ont pu voir l’évolution du père d’El
Bola/Pablo. Tout au long du film, les enfants franchissent des grillages, des grilles, des barrières
comme pour franchir l’interdit, s’évader.
Séquence d’ouverture :
Dans la première séquence, les enfants franchissent un grillage et arrivent sur les rails de chemin de fer.
Ils jouent avec la mort, sujet évoqué tout au long du film. El Bola/Pablo est un personnage mort-né
essayant de vivre.
Au cinéma, les trains sont partout. Dans ce film, les trains peuvent faire penser à la vie qui est sur des
rails. Le réalisateur change sa façon de filmer lorsqu’il change de point de vue : on passe d’une caméra
fixe sur le train à une caméra à l’épaule pour suivre les enfants sur les rails, c’est un changement
complètement justifié.
Dans la séquence du jeu avec la bouteille, le réalisateur va montrer les enfants puis le train plusieurs
fois de plus en plus vite pour faire monter la pression. A ce moment-là, le spectateur ne sait pas qui est
El Bola/Pablo mais le réalisateur fait deux gros plans sur lui.
Après avoir rejoint son père à la quincaillerie, El Bola/Pablo passe devant un immeuble où il y a un
emménagement. Le père regarde son fils puis lève la tête sur ce que son fils regarde et se rend compte
qu’il va y avoir un changement de vie.
Au dîner, le spectateur voit le père de dos dans l’ombre et la mère dans la lumière.
L’arrivée d’Alfredo dans la classe est filmée du point de vue d’El Bola/Pablo avec des champs
contrechamps.
Dans la cour de récré, un travelling est fait sur El Bola/Pablo pour marquer le lien avec Alfredo.
Quand El Bola/Pablo suit Alfredo dans la rue, c’est le premier moment clé du film.
Nicolas Lasnibat suggère aux enseignants d’étudier avec leurs élèves la progression du père à travers
le film.
Dans la deuxième séquence se passant à la quincaillerie, une phrase prononcée par une cliente en dit
long : « A l’âge de Pablito, on n’a pas d’ennuis. » provoque un échange de regards entre le père et El
Bola/Pablo et attire l’attention du spectateur (l’effet provoqué n’étant réellement efficace qu’à la
deuxième vision du film) et le regard entre le père et El Bola/Pablo également.
Dans la rue, quand El Bola/Pablo refuse la caresse du père devant un ami de ce dernier,
l’avertissement de son père est un premier signe.
La porte d’entrée de l’appartement d’El Bola/Pablo est très importante car elle change de couleur à la
fin du film et paraît rouge.
Quand Sebas rend visite à El Bola/Pablo pour lui proposer de sortir, la voix du père est « off » mais
apporte au spectateur une nouvelle information qui l’amène progressivement à percevoir la tension
entre le père et le fils.
Le spectateur découvre le père d’Alfredo à 23 minutes du film alors que le film ne dure que 1 h 28 !
Encore une grille passée lorsque Alfredo part rendre visite à son parrain, Félix (25 minutes). Après qu’il
a passé la grille, Alfredo essaye de convaincre El Bola/Pablo de venir avec lui mais ce dernier refuse.
Ensuite, il y a un travelling avant sur El Bola/Pablo, il a quelque chose dans la tête, il décide de
prendre des risques et rejoint Alfredo. Quand le spectateur voit le père arriver à l’école pour chercher
El Bola/Pablo, il se doute qu’il va avoir des problèmes.
Après le retour de l’hôpital, le spectateur est témoin pour la première fois que le père frappe son fils.
Plus le spectateur voit le père violent, plus la famille d’Alfredo va réagir. Lorsque El Bola/Pablo, seul
face au miroir de la salle de bains, insulte son père et que ce dernier l’entend, quand le spectateur voit
le pied du père et ensuite le fondu au noir, il comprend toute de suite que son père va le frapper et il
n’a pas besoin de plus d’explication. > C’est le CLIMAX.
On arrive au troisième acte et tout se centre sur le père d’Alfredo, il a tout compris après la confession
de son fils car El Bola/Pablo est absent de l’école depuis une semaine et que ses amis lui ont avoué
qu’il se faisait taper par son père.
Jeu de miroir :
Le père d’Alfredo, ange gardien, fait un tatouage à son fils, une marque indélébile et le père d’El
Bola/Pablo va lui laisser une marque à vie.
Scène du repas :
La mère
Ces deux caméras vont
bouger
El Bola/Pablo
Le père
Après cette scène, le film est entre les mains du père « ange gardien », le père d’Alfredo.
Tout au long du film, la musique est assez fonctionnelle par rapport à ce que le spectateur ressent mais
c’est une musique efficace.
Extrait du film de François Truffaut Les 400 Coups :
La scène où Antoine Doinel se trouve chez la psychologue peut être étudiée en parallèle avec celle d’El
Bola/Pablo au commissariat à la fin du film.
Les scènes à la fête foraine dans les deux films peuvent aussi être comparées avec les élèves.
Dominique Roy, présidente de l’association Collège au Cinéma 37, remercie Nicolas Lasnibat pour sa
venue à Tours et pour son analyse du film El Bola.
Compte rendu réalisé par Claire Tupin
et relu par Antoine Macarez
Un extrait du film sur youtube :
http://www.youtube.com/watch.v=8XIIeBSeFPA
et la bande annonce :
http://www.youtube.com/watch?v=1DE-K5NTw04&feature=related

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