A2 – Mur en pierre taillée équarrie

Transcription

A2 – Mur en pierre taillée équarrie
Arts de bâtir:
A2 – Mur en pierre taillée équarrie
Pays:
Liban
PRÉSENTATION
Emprise Géographique
Définition
Mur en pierre taillée équarrie
- Utilisation d'un outil de percussion (broche
ou percuteur), et/ou de cisaillement (têtu ou
chasse)
- 4, 5, 6 faces - parfois 2 faces - équarries
naturellement
- Lit de pose sans ou avec calage
- Appareil assisé / réglé ou non réglé
- Pose à bain soufflant
Milieu
Dans l’espace MEDA, on constate qu’on utilise la pierre taillée équarrie dans tous les milieux : urbain, rural, en montagne, en plaine et en bord de
mer. Sa présence est généralement courante.
Au Liban, la pierre taillée équarrie (Moqassab) est couramment utilisée partout : en milieu rural, urbain, en plaine, en montagne et en bord de mer.
Illustrations
Vue générale :
Vues de détail :
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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A2 Liban– Mur en pierre taillée équarrie
PRINCIPE CONSTRUCTIF
Fondations
Illustrations
La recherche du « bon sol » est un préalable pour le constructeur.
Si la roche affleure, le mur prend directement appui dessus. Sinon, tous les pays creusent
une fouille en rigole peu profonde (~ 50 cm) et pratiquement jamais supérieure à 1 m. Sa
largeur peut être égale à l’épaisseur du mur en élévation mais elle peut aussi atteindre
jusqu’à 2 fois maximum cette épaisseur. La combinaison de 2 facteurs : largeur de la fouille et
type de matériaux qui la remplissent, sont les deux autres réglages d’adaptation au terrain.
Les matériaux, toujours pierreux, qui garnissent la fouille sont le plus souvent liés au mortier.
Si leur module est petit, la fouille est plus large.
En outre, plusieurs pays signalent la construction à neuf sur des ruines, employées dans ce
cas comme fondation.
Au Liban, soit le mur en pierre taillée équarrie est élevé directement sur le sol rocheux, soit
des tranchées en rigole sont creusées si le sol est meuble. La fondation est remplie avec une
maçonnerie plus grossière en pierre brute hourdée, légèrement plus large que l’épaisseur du
mur et ceci jusqu’à ce que l’on atteigne le niveau du bon sol.
Matériaux constructifs
Nature -Dureté
Pour construire en pierre taillée équarrie, on évite l'emploi de pierres qui se délitent, et on
utilise en priorité les pierres faciles à tailler comme le calcaire, utilisé par les 13 pays étudiés.
Il est en principe semi dur, en moyenne autour de 5 (en l’absence de norme commune sur la
dureté, on a considéré une échelle de 1 à 10 comme suit : craie = 1, marbre = 7 à 8, granite =
10). Après le calcaire dominant, on trouve le basalte (Cévennes en France, vallée du Jourdain
au Proche-Orient) et enfin le grès (Espagne, France, Tunisie).
Au Liban, pour les constructions en pierre taillée équarrie, on utilise le calcaire (dureté
renseignée : 4 à 6), le basalte dans les régions du Akkar, ou le grès dunaire « Ramleh » dans
certaines zones du Littoral. La dureté du calcaire dépend de l'origine du calcaire employé et
de la profondeur de son extraction. Remplissage en terre et tout venant (gravier…) pour les
murs à deux parements liaisonnés.
Principe constructif : Matériaux et modules.
Vue de l’appareillage en pierres équarries
Modules
Tous les modules sont rencontrés. Ainsi, sur l’espace régional, les longueurs des blocs
varient de 12 à 80 cm, leur hauteur d’assise de 8 à 40 et leur profondeur de 15 à 60. De blocs
de moins de 2 litres à des blocs de près de 100 litres l’écart est considérable. Pourtant ces
pierres restent manuportables, ce qui est la caractéristique des murs en moellons (équarris ou
bruts) par opposition aux pierres taillées/dressées 6 faces. On observe la corrélation
suivante : gros module, pierre tendre et peu dense (Israël = 80 x 30 x 40, dureté 3), petit
module, pierre plus dure et plus lourde.
Au Liban, les dimensions des pierres taillées équarries sont comprises : En longueur, entre 20
et 70 cm (variable) ; en hauteur d’assise, entre 24 et 30 cm ; en profondeur, entre 20 et 35
cm.
Hourdage
Mise en œuvre
Les murs en pierres taillées équarries sont toujours hourdés.
Les compositions généralement rencontrées sont : chaux + sable (parfois + gravier ou +
tuileau ou + poudre de pierres broyées), terre + paille, terre seule.
Au Liban, les maçonneries en pierre taillée équarrie sont hourdées au mortier de chaux.
Détail du matériau
Liant - Nature
Les deux liants utilisés pour la mise en œuvre des pierres taillées équarries dans l’ensemble
des pays étudiés sont soit la chaux, soit la terre.
Au Liban, le liant utilisé pour le mortier de hourdage des pierres taillées équarries est la
chaux.
Agrégat - Nature
Les agrégats ajoutés sont le sable, le gravier, le tuileau et la paille grossièrement ou finement
hachée.
Au Liban, les agrégats utilisés pour le mortier de hourdage des pierres équarries sont le
sable, la terre et les graviers. Des cendres et du tuileau sont parfois également ajoutés.
Agrégat - Granulométrie
La granulométrie de ces agrégats varie selon leur nature de 0-3 mm à 0-12 mm.
Au Liban, les agrégats utilisés pour le mortier de hourdage des pierres équarries sont : le
sable, la terre et les graviers. Des cendres et du tuileau sont parfois également ajoutés.
Elément associé : porte et verrou en bois
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Hourdage (Suite)
Illustrations
Dosage
Un volume de mortier contient de 5 % à 50 % de liant (chaux ou terre).
L’usage des mortiers gras (40 % à 50 % de liant dans le mélange) est en relation avec
l’agrégat : si un seul type est employé et qu’il est fin, le dosage en liant augmente.
Exceptionnellement, on ajoute un deuxième, voire un troisième type d’agrégat pour amaigrir
les dosages (20 % à 33 %); dans ce cas, la courbe granulométrique est plus savante et elle
assemble des éléments fins (poudre de pierre, cendres), moyens (sables, tuileau) et gros
(graviers, paille hachée). Cette science de la composition de la charge inerte optimise l’emploi
du liant en en consommant moins.
En construction modeste, les mortiers des fourrures sont souvent moins soignés (moins
dosés, ou la terre remplaçant partie de la chaux) que ceux des parements. Le souci
d’économie semble ici évident.
Au Liban, le dosage renseigné pour le mortier de hourdage des pierres taillées équarries est
d’1 volume de liant pour 3 volumes d’agrégats.
Epaisseur et dimensions
Cette technique constructive conduit à élever des murs minces –25 (exceptionnel) à 45cm, –
et des murs épais –45 à 100– voire 120 cm. Dans le premier cas, les pierres apparentes sur
chaque face du mur sont imbriquées les unes dans les autres (une longue, une courte). Dans
le cas des murs épais, les parements de chaque face sont séparés par un remplissage
(fourrure intermédiaire). Elle est faite, selon les cas, de petits éléments de même nature, de
tout venant minéral (déchets de taille, de carrière, cassons de briques etc…) ou de mortier
seul. Parfois, une boutisse liaisonne plus efficacement les deux parements par endroits.
Il arrive que le mur se démaigrisse dans l’élévation des étages. Ce type de mur traditionnel
permet d’élever des édifices de hauteur significative (16 m et plus). Les épaisseurs
correspondantes varient de 10 % (60 cm pour 6 m de haut) à 50 % (75 cm pour 15 m de
haut). Jusqu’à 4 niveaux, 60 cm suffisent, au-delà on trouve des épaisseurs de 80 à 120 cm.
On ne dépasse pas les 6 niveaux en construction courante.
Les grandes hauteurs sont réservées à l’habitat des milieux urbains.
Au Liban, la technique des murs en pierre taillée équarrie consiste à élever des maçonneries
d’une épaisseur variant de 40 à60 cm pour les murs à simple épaisseur et de 60 à 120 cm
pour les murs à double épaisseur.
Dans le cas du mur à double épaisseur, les deux parements sont liaisonnés par un
remplissage intermédiaire composé d’un mélange de mortier de chaux et d’agrégats plus ou
moins gros. Des moellons sont posés en boutisse pour assurer le liaisonnement de cette
maçonnerie à deux rangs.
La hauteur maximale des constructions en pierre taillée équarrie à un niveau est de 4 m
environ pour les murs simples. La hauteur est variable pour les murs à double épaisseur de
parement de pierre et qui démaigrissent en élévation. Elle dépend du type de plancher
associé.
L’épaisseur d’un mur associé à un plancher en poutrelle métallique avoisine 60 cm, alors
qu’elle atteint facilement 100 cm lorsque le mur est associé à une voûte.
Principe constructif : linteau en bois
Aspect de finition
Quatre solutions pour l'aspect de finition: mur nu brut de construction ou rejointe, mur
simplement badigeonné, mur enduit en totalité et mur enduit et badigeonné.
La décision de l’aspect de finition procède de deux intentions.
L’une d’ordre esthétique qui, selon qu’elle recherche ou non la régularité et de l’homogénéité
du parement, conduira à laisser brut, à peindre ou à enduire. Ici, la qualité de l’appareil peut
convenir, comme elle peut être considérée comme insuffisante.
L’autre intention est d’ordre fonctionnel. Elle cherche à protéger le parement en y rapportant
un enduit. Le dispositif observé aujourd’hui n’est pas nécessairement original, il a pu varier
dans le temps par des campagnes de ravalement liées à l’entretien ou à la mode.
On enduit ce type de mur à la chaux, à la terre ou encore avec terre et chaux mélangées. Les
badigeons sont le plus souvent réalisés à la chaux, parfois colorés. Dans le Maghreb,
l'utilisation de plâtre ou d'argile blanche existe.
Au Liban, l'appareillage offrant une certaine régularité, les maçonneries en pierre taillée
équarrie sont généralement laissées nues. Elles sont uniquement jointoyées.
Les murs extérieurs peuvent recevoir, après avoir été jointoyés, un simple badigeon à la
chaux. Les murs intérieurs sont destinés à être enduits à la terre ou à la chaux puis
badigeonnés à la chaux.
La baie et son encadrement
Elément associé : niche
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Outils
Outre les outils traditionnels du maçon (gabelle avec truelle, marteau, brosse, plomb, chasse, têtu, broche, taloche,…), aucun outil particulier
commun aux utilisateurs de cette technique n’a été signalé.
Au Liban, à part les outils de taille de la pierre (Dabboura, Chaqouf…etc) ou du maçon, aucun outil spécifique n'a été renseigné pour la
construction des murs en pierre taillée équarrie.
Métiers
Dans chaque pays tous les maçons savent construire ce type de mur. Cependant, cette technique est à la frontière entre la spécialité du tailleur de
pierre, qui sait dresser 6 faces, et celle du maçon, qui sait équarrir. Parfois, un premier opérateur taille les blocs en carrière et le maçon les pose.
Au Liban, la réalisation des murs en pierre taillée équarrie est confiée principalement au maçon, assisté par un tailleur de pierre .
Performances Thermique - Acoustique
Pour la construction en pierre taillée équarrie pour laquelle le calcaire est le plus communément utilisé (suivi du basalte, du grès, du granite), les
performances thermiques et acoustiques sont renseignées comme étant bonnes à très bonnes par l’ensemble des pays étudiés.
L’ingéniosité des constructeurs mettant au point des dispositifs de ventilation et faisant varier, en fonction de la nature du matériau utilisé,
l’épaisseur et donc la masse des murs leur donnant ainsi la plus grande inertie possible, a naturellement cherché à obtenir le maximum de confort
thermique pour les habitations, les écarts de température entre les saisons chaude et froide, le jour et la nuit étant souvent très importants en
Méditerranée.
Cette même masse est favorable à la qualité acoustique.
Au Liban, les constructions en pierre taillée équarrie sont jugées satisfaisantes du point de vue des performances thermiques et acoustiques.
Trois facteurs contribuent à ce résultat : la couleur claire réfléchissante de la pierre calcaire (les pierres de nature différentes pouvant être
enduites ou badigeonnées de blanc), l'épaisseur de la maçonnerie et les enduits extérieurs et intérieurs de protection.
Pathologie de vieillissement
Liée au matériau et aux conditions climatiques :
Pour la construction en pierre taillée équarrie, la pathologie est beaucoup liée à celle de la pierre utilisée, plus ou moins poreuse et donc plus ou
moins sensible aux attaques de l'eau et des sels. De manière générale, infiltrations d’eau pluviale et remontées capillaires semblent être les
principales causes des désordres ou des dégradations constatés : altération du mortier de jointoiement, dislocations ponctuelles de la
maçonnerie, alvéolisation dans la zone d'évaporation pour les pierres poreuses. Les autres formes d'humidité qui dégradent les maçonneries sont
peu évoquées par le partenariat, notamment les phénomènes de rejaillissement en pied de mur et de condensation.
De plus, la carence de vérification de l’état des canalisations d’eau, des réseaux d’évacuation des eaux usées, des puits, des citernes sont
signalés comme facteurs aggravants.
Liée à la technique :
Aucune pathologie de vieillissement liée spécifiquement à la technique de construction en pierre taillée équarrie n’a été signalée. En cas de
défaut de boutisse avec poussée de voûte, de plancher ou de toiture, on peut cependant assister à la séparation des deux rangs de moellons.
Au Liban, les pathologies de vieillissement décrites pour les constructions en pierre taillée équarrie sont celles communément observées par les
pays partenaires. Elles sont à la fois liées à la qualité du matériau pierreux employé, le calcaire plus ou moins tendre, ou le grès dunaire souffrant
d’alvéolisation ainsi qu’ à la qualité des mortiers de hourdage et de jointoiement, des couches de protection (badigeon et/ou enduit).
D’autre part, le soin apporté à la mise en œuvre de cette technique est primordial ainsi que le choix des matériaux ainsi, l’alternance de pierres de
dureté différentes accélère les altérations des pierres tendres.
Les effets néfastes de l'eau et l'action nuisible de l'humidité ne sont pas à négliger.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE
Au Liban :
La construction en pierre taillée équarrie s'effectue habituellement pendant les saisons de printemps et d'été, par temps sec.
Le maître maçon "Moallem" est secondé par un apprenti. Ils sont aidés par 2 à 4 ouvriers pouvant d'ailleurs faire partie de la famille du
propriétaire de la maison, dans le cadre d’une entraide “Aouné” si cela se passe dans un petit village.
Un ou plusieurs tailleurs de pierre sont parfois également nécessaires.
L’approvisionnement en eau est prévu à l’avance bien avant le début des travaux.
Les moellons calcaires extraits de la carrière sont amenés sur le chantier. Les blocs trop irréguliers sont rectifiés par le tailleur de pierre.
Les dimensions, agencement des espaces, ouvertures et autres modalités de la construction sont décidées conjointement par le maçon et le
propriétaire.
L’emplacement des murs est marqué en premier au sol par le maçon pour per mettre aux ouvriers de creuser les tranchées de fondation qui
doivent atteindre le "bon sol".
Après avoir vérifié avec son apprenti la profondeur des tranchées, le maçon demande aux ouvriers d'apporter les pierres, les moellons et le
mortier de hourdage nécessaires pour la pose de la première assise de la maçonnerie de fondation.
Ensuite les pierres d’angles de la construction ainsi que l'emplacement des ouvertures sont fixés à l’aide de fil à plomb et au cordeau pour
contrôler l’alignement.
Le travail d'élévation du mur se fait systématiquement.
Le maçon fixe le niveau et positionne les moellons dans le mortier en alignant l’arête supérieure du moellon au cordeau. Un soin particulier est
octroyé à l’alternation des pierres longues et courtes et au croisement des joints.
L’assistant apporte les pierres adéquates et le mortier au maçon. Pour les pierres brutes ou équarries, la face présentée est celle qui offre le plus
de régularité, de planéité et de surface.
Pour les murs à double parement « Qalline », des élements en boutisse sont incorporés à fur et mesure de la construction et du comblement par
les ouvriers du vide entre les deux murs avec des moellons, du gravier, du tout-venant, de la terre et du mortier. Le mur extérieur étant réalisé
avec des pierres équarries et le mur intérieur destiné à être enduit des moellons.
Dans certaines régions du Liban comme la Békaa et le Nord, des poutres en bois sous formes de chaînage horizontal sont incorporées dans le
courant du mur à proximité des angles et au dessus des linteaux des ouvertures.
Les tailleurs de pierre préparent les pierres en fonction des besoins. L’un se charge des pièces particulières (comme celle des jambages, linteaux
et pied droit), l’autre réalise les modules de base pour le courant du mur.
La réussite technique de la construction de ce genre de mur est tributaire de l ‘habileté du maçon, de la qualité et dosage du mortier dechaux,
ainsi que de la qualité de la pierre et des matériaux de remplissage.
Le rejointoiement des joints est effectué après la construction du mur, elle est suivie par l’application d’un enduit de chaux ou d’un enduit de terre
badigeonné à la chaux sur le parement intérieur.
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OUVRAGES ASSOCIÉS
Angles et piliers
Illustrations
Angles : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes
matériaux
De manière générale, aucun traitement spécifique des angles n’a été relevé pour les
constructions en pierre taillée équarrie. On constate le plus souvent que la maçonnerie des
angles est renforcée par la mise en œuvre en chaînage de blocs d’un module supérieur à
celui utilisé pour les murs. Parfois, ils sont un peu plus soigneusement taillés de manière à
obtenir des faces plus régulières pour leur assurer une meilleure assise et une arête vive
pour marquer l’angle droit. Une pierre de même ou d’une autre nature que celle des murs
mais plus dure est quelquefois employée. Ce changement de matériau permet également de
rencontrer une préoccupation esthétique en jouant avec le contraste des couleurs entre la
maçonnerie des murs et des angles. Lorsque les constructions sont protégées par un enduit,
l’angle peut aussi être figuré par une tonalité ou une finition différente de cet enduit. Des
éléments décoratifs (colonnette, pierre sculptée,…) y sont parfois intégrés.
En milieu urbain, il est fréquent que les angles des murs de rez-de-chaussée soient
chanfreinés à 45° ou arrondis de manière à faciliter la circulation dans les ruelles très
étroites.
Au Liban, les angles des constructions en pierre taillée équarrie peuvent être construits soit
comme les murs, soit distingués par un traitement de surface différent: relief de 4 cm environ
par rapport au nu de la façade, changement de texture, de couleur.
Piliers : Traitement possible dans la technique, en utilisant les mêmes
matériaux
La pierre utilisée pour les murs permet généralement la construction de piliers lorsqu’elle est
suffisamment dure pour supporter les charges qu’ils doivent reprendre.
Toutes les variantes sont rencontrées: dans les modules des blocs, dans la section
quadrangulaire ou ronde, en pleine pierre ou parement+fourrure. L'épaisseur d'un pilier est
rarement inférieure à 60 cm.
Au Liban, la technique de la pierre taillée équarrie permet la construction de piliers, pleins ou
creux (remplis alors avec un mélange de mortier et de gravier, comme pour un mur à double
parement). L’utilisation de colonnes classiques monolithes est également renseignée, pour
les arcades et les ouvertures.
La Baie et son encadrement
Linteaux et arcs
Le linteau et l’arc sont partout présents dans l’espace MEDA.
On rencontre plusieurs types de linteaux : 1- Simple, pièce de bois brute ou équarrie,
branches juxtaposées en longueur, pierre monolithe plus ou moins bien taillée, parfois
sculptée. Il franchit la largeur de la baie et s’appuie sur les jambages. 2- Fractionné, arc
appareillé en pierre ou en brique.
Il peut être surmonté d’une décharge en arc (ou exceptionnellement en bâtière) composée de
plusieurs éléments en pierre ou en brique qui reportent les charges supérieures sur les
jambages.
Pratiquement chaque pays exploite trois solutions : le linteau d’une seule pièce (pierre ou
bois), avec ou sans arc de décharge, l’arc en éléments fractionnés, courbe ou plat. Dans de
nombreux cas, les linteaux sont mixtes, en pierre sur la face extérieure du mur, en bois sur sa
face intérieure.
Dans quelques pays comme Chypre, France, Grèce et Portugal, on observe la présence de
linteaux en brique de terre cuite appareillés avec ou sans arc de décharge. La Jordanie et la
Palestine renseignent uniquement la pierre comme matériau utilisé pour les linteaux.
Au Liban, les linteaux sont en pierre, simples ou fractionnés, avec ou sans arc de décharge.
Des poutres ou des troncs de bois (d’essence locales, comme le mûrier) font office de linteau
a l’intérieur de l’épaisseur de l’ouverture dans le mur.
Ouvrages associés : Traitement de l’angle
Encadrement
Linteau
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OUVRAGES ASSOCIÉS (Suite)
La Baie et son encadrement (suite)
Illustrations
Jambages
Les jambages sont le plus souvent montés dans le courant du mur, avec le même matériau et
la même technique. Ils sont parfois constitués d’un ou plusieurs éléments en pierre,
soigneusement taillés avec des arêtes vives, harpés ou non, quelquefois moulurés ou
sculptés, saillants ou non par rapport au nu de la maçonnerie. Organe structurel, le jambage
est parfois constitué de pierre de meilleure dureté, voire d'une pierre d'une autre nature.
Changements de matériau et par conséquent de couleur sont sans doute aussi une
préoccupation d'ordre esthétique.
Un enduit couvrira plus rarement la maçonnerie d’encadrement de la baie pour l’architecture.
Cette disposition ne se rencontre pas lorsque les jambages sont en pierre de taille.
Au Liban, les jambages sont le plus couramment construits comme le courant du mur. Ils
peuvent être aussi réalisés en un ou plusieurs éléments en pierre taillée dressée parfois de
nature différente de celle de la maçonnerie ce qui permet un traitement décoratif de surface
ou simplement un changement de tonalité.
Appuis
Les appuis non saillants sont les plus communément rencontrés.
Cinq pays ont observé et précisé l’illustration d’appuis saillants également.
Au Liban, dans les constructions en pierre taillée équarrie, les appuis sont généralement non
saillants.
Dimensions
La technique de construction en pierre taillée équarrie n’impose aucune contrainte spécifique
de dimensionnement pour les baies.
Le percement se présente le plus souvent sous forme d’un rectangle vertical.
Ses dimensions peuvent varier en largeur de 10 cm minimum à 200 cm maximum et en
hauteur, de 15 cm à 300 cm maximum.
Du trou de ventilation jusqu'à la porte charretière, le rapport largeur/hauteur est de 1/2 à 1/8
jusqu’à parfois 2.
Au Liban, dans les constructions en pierre taillée équarrie, les dimensions des percements
varient de 60 à 120 cm en largeur et de 60 à 120 cm en hauteur pour les murs à simple
épaisseur, le standard étant de 60 cm de largeur pour 120 cm de hauteur. Pour les murs à
double épaisseur (plus courant), les dimensions des percements varient de 60 à 180 cm en
largeur et de 80 à 180 cm en hauteur, le standard étant alors de 80 cm de largeur pour 180
cm de hauteur.
Liaisons mur toiture : acrotères
Eléments associés
Dans l’espace MEDA, l’Algérie, le Portugal et la Turquie décrivent des volumes en
encorbellement accrochés aux façades.
Des balcons, parfois ajouts tardifs, des contreforts, des grillages saillants, des galeries de
circulation au 1er étage des habitations, des dépassements de troncs supports de plancher ou
de toiture, des gargouilles au travers des acrotères sont les principaux éléments associés
cités par les pays partenaires.
Au Liban, hormis les fenêtres géminées, les bacs à fleurs, les gargouilles, des oculus, aucun
élément associé spécifique n’a été signalé pour les constructions en pierre taillée équarrie.
L i a i s o n m u r -toiture
Dans l’espace MEDA, de manière générale, lorsque la toiture est à versants, les murs
gouttereaux en pierre taillée équarrie sont protégés par le dépassement de longueur variable
de la toiture (chevrons, planches en bois supportant le matériau de couverture).
Presque partout, on signale des pierres plates, des moellons ou des briques cuites posés en
encorbellement sur la tête des murs.
Pour les toitures plates, soit le mur se prolonge par un acrotère plus ou moins haut, ajouré ou
non, clôturant ainsi la toiture-terrasse, soit l’enduit de protection de la toiture retombe sur la
partie supérieure des murs extérieurs, soit un système permettant d’éloigner l’eau de pluie des
murs est mis en place.
Au Liban, pour les murs en pierre taillée équarrie, on observe très souvent des corniches
débordantes en pierre moulurée qui cintrent le volume de la construction.
Pathologies et désordres :
bouffement, fissures, transformations …
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USAGE, EVOLUTION ET TRANSFORMATION
Usage
Types de bâtiments
La technique du mur en pierre taillée équarrie est utilisée principalement pour les bâtiments d’habitation et leurs annexes, mais aussi pour les
édifices publics et religieux.
Au Liban, la technique du mur en pierre taillée équarrie est utilisée pour tous les types de bâtiments.
Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu
Cette technique est employée depuis l’Antiquité, voire antérieurement.
A l’exception de la Grèce, elle est pratiquement partout en voie de disparition sinon totalement disparue depuis, selon les pays, 1940, 1950 ou
1960. Elle est cependant encore quelquefois utilisée pour la restauration de certains édifices.
Au Liban, la technique du mur en pierre taillée équarrie a été employée depuis l’Antiquité. Elle a été employée jusqu’au milieu du 20ème siècle
(1940s). L’incorporation des chaînages en poutres en bois a été observée dans les constructions datant de l’époque perse (site de Jbeil).
Raisons de la disparition ou de la modification de la technique
Les motifs évoqués pour sa disparition sont le plus fréquemment, l’apparition de nouveaux matériaux jugés plus performants au niveau de leur
mise en œuvre, un coût élevé de la main d’œuvre qualifiée, qui peu sollicitée, se raréfie entraînant dans ce processus la disparition du savoirfaire, tant du point de vu de la technique de construction que de celui de l’entretien.
Au Liban, les motifs de la disparition de cette technique sont ceux communément évoqués par les pays partenaires.
Evolution / Transformation
Les matériaux
Les moellons équarris sont produits de la même manière (bancs délités et tranchés à la machine) ou les blocs ex traits sont sciés dans le sens du
lit de pose et les parements tranchés à la machine : leur fonction est avant tout décorative. L'aspect est différent car les arêtes des blocs sont
parallèles et droites.
Ils sont remplacés, sur les circuits commerciaux, par les blocs agglomérés coulés (parpaings de ciment, de béton cellulaire, de terre cuite)
Ils sont de modules identiques avec des pièces spécifiques pour les traitements d'angle, linteaux et autres particularismes. Ils sont assemblés sur
un rang de largeur variable avec des raidisseurs en béton armé.
Dans certains cas, pour imiter l’aspect de la technique traditionnelle, on fait aussi appel aux placages.
Au Liban, la pierre calcaire et la pierre Ramleh sont toujours employées mais sous forme de parement. Elle sont, soit directement découpées
mécaniquement à la carrière aux dimensions suivantes : épaisseur, 5 cm et hauteur d’assise, 25-30 cm ; soit récupérées sur d’autres
constructions en ruine et montées avec un chemisage en béton sur leur parement intérieur.
Le mortier traditionnel, mélange de chaux, terre, graviers et tuileau, est remplacé par un mélange de ciment, graviers et sable.
La chaux hydraulique en poudre est courante sur le marché, tandis que la chaux aérienne en roche ou en pâte (chaux grasse) n’est disponible
que sur demande. L’emploi du mortier traditionnel n’est signalé que pour les chantiers de restauration.
Les aspects techniques
Peu d'outillage pour la mise en œuvre. Actuellement, moyens mécaniques supplémentaires pour la manutention, l'approvisionnement (transport,
levage) et le gâchage du mortier par bétonnière. La méthode de pose des matériaux modernes est semblable à la différence près qu'elle se
réalise sur un rang et non deux rangs liaisonnés.
Au Liban, la construction traditionnelle en pierre taillée équarrie est maintenant remplacée par des maçonneries composées soit d’un parement
extérieur en pierre brute de 5 cm d’épaisseur, de blocs creux en ciment de 15 à 20 cm qui seront par la suite recouvert d’un enduit de 2 cm
d’épaisseur, soit de pierres brutes avec un chemisage en béton sur leur parement intérieur.
Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement
- Fiables pour la conservation de structure si les matériaux utilisés sont en mesure de supporter les charges. Les résistances varient selon les
types de matériaux (ciment / terre cuite / béton cellulaire), largeurs, creux ou pleins. Pareil pour la transformation.
- Le coût économique est largement inférieur à la maçonnerie de moellons équarris et bruts.
- Selon les matériaux choisis, on a des différences importantes en ce qui concerne les pouvoirs d'isolation thermique. Pareil avec les largeurs.
Possibilité de mettre en œuvre en même temps l'isolation thermique.
- Au niveau esthétique problème d'épaisseur à respecter : le bâti ancien est supérieur ou égal à 0,60 mm et c'est visible dans les percements
(baies et portes)
Sur le bâti ancien, la technique de remplacement par des blocs modernes ne peut fonctionner que si la maçonnerie est ensuite enduite.
Sur la construction neuve, en particulier l'habitat individuel pavillonnaire, ces techniques de remplacement sont les plus pratiquées.
Au Liban, la technique de remplacement de la construction traditionnelle en pierre taillée équarrie est jugée satisfaisante esthétiquement,
économique mais souffre des problèmes d’humidité et de performances thermiques.
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres.
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