JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006
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JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006
JOURNÉES AFVAC -ELEVEURS 6/12/2006 BORDEAUX Protection du chaton : du colostrum au vaccin Dr Vre Gilles CHAPPUIS* Résumé du texte de la conférence : parution avec l'accord des organisteurs de la journée par Ch Pochez Introduction Le transfert passif de l’immunité maternelle aux chatons est un phénomène immunologique majeur, pour la survie des chatons, de leur naissance au sevrage naturel. Contrairement à l’espèce humaine, cette immunité maternelle (pour 90%) est transmise après la naissance lors de l’ingestion du colostrum. Immunité transplacentaire La structure du placenta ne permet qu’à une très faible quantité d’immunoglobulines IgG (5 à 10%) d’être transférée au fœtus. Ceci entraîne une pleine réceptivité et sensibilité aux germes infectieux du chaton, au moment de la naissance. Par contre, le système immunitaire du chaton, même s’il n’est pas totalement « mature » est tout à fait capable de réagir aux agressions extérieures, même si ses réponses sont moins rapides et moins intenses qu’après l’âge de 5-6 mois. Immunité transferée par le colostrum et par le lait 90% des anticorps maternels proviennent de l’ingestion du colostrum ( essentiellement composée d'IgG provenant du liquide circulant maternel) dans les premières heures de la vie après les premières tétées. Le colostrum contient aussi des inhibiteurs de la trypsine, des facteurs anti-microbiens tels que le lysozyme, la lactoferrine et la lactoperoxydase. Il est aussi très riche en lipides et vitamines liposolubles (vitamine A), en protéines (caséine, albumine), sels minéraux et glucides. Tous ces composants sont d’une grande importance nutritionnelle pour le nouveau-né. Le lait produit après la consommation du colostrum est, par contre, très faiblement chargé en immunoglobulines (IgG). les IGg présents dans le lait sont synthétisées au niveau des glandes mammaires . Les immunoglobulines du colostrum sont très rapidement absorbées par les cellules l’intestin. En 36 heures, leur taux est au maximum dans la circulation générale du chaton. La colonisation bactérienne de l’intestin détruira ultérieurement les immunoglobulines ingérées et ne permettra donc plus un transfert dans la circulation. Les immunoglobulines du lait assureront une immunité « lactogène» locale et limitée à une partie de l’appareil digestif. Les immunoglobulines circulantes d’origine colostrale spécifiques des maladies infectieuses du chat , sont pour le chaton un « rempart » contre ces maladies, Cependant, la mère transmet tous ses anticorps « bons » ou « mauvais », qui pourront être à l’origine de problèmes immunologiques chez le chaton. Immunité spécifique anti-infectieuse procurée par le colostrum A la suite de la prise de colostrum, le titre en anticorps chez les chats d’une même portée est, en moyenne, égal au titre des anticorps de la mère, 36 heures après la naissance. Cependant ceci est a mettre en corrélation avec la quantité de colostrum absorbée. On observe aussi, d’une portée par rapport à d’autres, des différences provenant de la mère elle même. Si l’on examine taux d' anticorps chez les chatons, on constate une diminution progressive du taux jusqu'a arriver a Zéro vers 14 semaines. Ceci est du a la croissance des chatons. Les anticorps passifs d'origine maternelle sont surtout protecteurs contre les infections générales pour lesquelles une virémie est nécessaire à l'évolution clinique des maladies. Si des anticorps passifs sont présents dans la circulation générale ceux-ci neutralisent le virus infectant. Ils auront permis aux chatons de surmonter les premiers écueils de l'existence. Puis à l'âge de 8 à 14 semaines, les chatons deviennent progressivement sensibles à toutes les maladies. Si ces chatons sont élevés en milieu "à risque" ils pourront être infectés. Afin d'éviter ce risque, leur immunisation par la vaccination pourra alors être pratiquée. Vaccination et anticorps d'origine maternelle Les anticorps passifs colostraux qui s'opposaient à l'infection naturelle s'opposent aussi à l'immunisation par la vaccination. Les antigènes vaccinaux sont immédiatement en contact avec les anticorps passifs. Ils sont captés et éliminés. L'immunité active ne peut se développer. Il faudra attendre la disparition de ces anticorps pour que l'acte vaccinal soit suivi de succès. Le problème est de connaître le statut immunologique de chaque chaton avant de pratiquer, en primo-vaccination, une vaccination immunisante...Il est théoriquement possible d'effectuer un titrage d'anticorps pour chaque spécificité antigénique. Pratiquement, cela est impossible (coût et délais). La qualité "intrinsèque" des vaccins utilisés doit être aussi évaluée dans leur capacité à immuniser avant même que le chaton, élevé en milieu contaminé, puisse être infecté par l'agent infectieux pathogène. Nous avons pu montrer que des vaccins "replicatifs" pouvaient atteindre cet objectif . L'obstacle majeur dans l'établissement du calendrier de vaccination résulte de l'extrême diversité des statuts immunologiques des chatons mais aussi du statut environnemental de l'élevage (état sanitaire, vaccination régulière des reproducteurs, quarantaine des nouveaux arrivants...). Le calendrier de vaccination propose en général une primovaccination en 2 injections à 3 ou 4 semaines d'intervalle à partir de l'âge de 7 à 8 semaines. On peut vérifier individuellement cette efficacité par le titrage des anticorps post-vaccinaux. Le respect des modalités de vaccination indiqués par les producteurs de vaccins et leur adaptation éventuelle par le vétérinaire praticien aux données épidémiologiques du moment sont un gage de succès pour le maintien d'un bon état sanitaire des élevages et des chats individuels. Conclusion: La période néonatale est une phase toujours critique de la vie animale. Le chaton est particulièrement concerné au plan immunitaire car il naît avec un système immunitaire sensiblement immature. Il acquiert, grâce à sa mère, et après absorption du colostrum, cette immunité passive si utile à le protéger des agents pathogènes susceptibles de contaminer son environnement. Mais cette protection n'est que transitoire puisqu'elle commence à disparaître au moment du sevrage naturel, entre 6 et 8 semaines d'âge. Le relais de cette protection passive peut alors être assuré par la vaccination contre les maladies virales majeures. Mais l'immunisation par la vaccination doit se pratiquer dans le respect des consignes indiquées par les notices d'emploi des vaccins et être adaptée aux situations épidémiologiques particulières des élevages ou des individus. Pour en savoir plus: SCOTT, F.W., CSIZA, C.K., GILLESPIE, J.H: Maternally derived immunity to feline panleucopenia, J.Amer.vet.med.Ass. ,156, 439-453 (1970c) BRUN, A., CHAPPUIS, G.E., PRECAUSTA, P., TERRE, J: Immunisation des chats contre la Panleucopénie et la Rage, Rev. Med. Vet. 1976, 127, 1575-1580 BRUN, A., CHAPPUIS, G.E., PRECAUSTA, P., TERRE, J.: Immunisation against panleucopenia: early development of immunity, Comp. Imm. 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