9. Les registres d`essais cliniques

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9. Les registres d`essais cliniques
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Les registres d’essais cliniques
Les registres d’essais thérapeutiques sont des bases de données qui enregistrent les
essais thérapeutiques planifiés, en cours de réalisation ou terminés, possédant une
caractéristique commune comme la maladie, la discipline médicale, la classe pharmacologique, l’origine du financement, etc.
L’intérêt des registres en méta-analyse est primordial, bien qu’actuellement leur
faible généralisation laisse de coté de nombreux domaines. Ils représentent une des
voies permettant de limiter, surtout à l’avenir, l’existence d’un biais de publication.
9.1. Les types de registres
Les registres d’essais 18 se répartissent entre trois principaux types.
A) Registre de références bibliographiques
Ce type de registre contient seulement des références bibliographiques et s’apparente
donc aux bases de données bibliographiques comme Medline, Embase, etc. En fait,
il s’agit de bases bibliographiques spécialisées dans un domaine médical et dans un
type de publication (compte rendu d’essais thérapeutiques). Par définition, ce type
de registre est rétrospectif et ne concerne que les essais publiés.
B) Registre de résumés standardisés
Les registres de résumés standardisés contiennent des descriptifs des principales caractéristiques et des principaux résultats des essais. L’information disponible est plus
riche que pour le premier type et devrait être suffisante pour la réalisation d’une
méta-analyse. La structure de données permet d’enregistrer des essais terminés ou
non. Pour les essais venant de débuter, ou en cours de réalisation, seule la description du protocole figurera dans le résumé. En cas de non publication conventionnelle d’un essai terminé, ce type de registre représente un des rares moyens pouvant
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Il existe une ambiguïté terminologique sur le mot registre qui est parfois utilisé (surtout l’anglais
’’register ’’) pour désigner la collection d’essais créée spécialement pour une méta-analyse.
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Les registres d’essais cliniques
permettre de retrouver l’existence de l’essai et même ses résultats, s’ils ont pu être
enregistrés.
C) Registre de données individuelles
Le registre de données individuelles regroupe les fichiers d’analyses des essais thérapeutiques. De ce fait, il est forcément rétrospectif mais il peut être couplé à un
registre regroupant des résumés du protocole des essais en cours. Il autorise la réalisation de méta-analyse sur données individuelles, directement à partir des données
du registre.
9.2. Origines
A) Registre institutionnel
Les organismes finançant de nombreux projets de recherche clinique tiennent à
jour la liste des projets qu’ils ont financés. De telles bases de données existent par
exemple au niveau des National Institutes of Health (NIH Inventory of Clinical Trials
and Studies).
De nombreux pays développés se sont dotés de dispositions législatives imposant
une déclaration préalable des essais devant se dérouler sur leur territoire. Cette obligation de déclaration rend propice la création d’un registre d’essais. A notre connaissance un seul pays, l’Espagne, autorise la consultation de cette base de données.
Ailleurs, en particulier en France, ces informations sont communiquées aux autorités administratives sous le sceau du secret industriel et la loi n’autorise pas leur
divulgation.
B) Initiative spécifique
Certains registres ont été créés principalement pour répondre aux problèmes de la
synthèse des données actuelles de la science et des méta-analyses. Leurs données
sont obtenues en interrogeant périodiquement les personnes susceptibles de réaliser des essais ou de participer à des essais. Des notifications spontanées sont aussi
obtenues après publicité auprès des acteurs de la discipline. The International Committee on Thrombosis and Haemostasis Registry of Clinical Trials est un exemple
de registre fonctionnant sur ce principe.
Les intérêts d’un registre
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C) Association de malades ou de consommateurs
Plusieurs registres d’essais, dans le cadre de l’infection par le VIH, ont été créés à
l’initiative d’associations de malades, principalement au USA, dans le but de faciliter l’accession des patients aux soins. En effet, participer à un essai représente pour
ces personnes le moyen d’avoir accès le plus rapidement possible à de nouveaux
traitements potentiellement bénéfiques et aussi de pouvoir être traités gratuitement.
Ces registres se basent sur la déclaration volontaire de la part des investigateurs
et recherchent leurs informations auprès des organismes finançant des essais. De
par leur objectif, ces registres n’enregistrent que les essais en cours et ne couvrent
le plus souvent qu’une zône géographique limitée. De plus, leur existence est précaire, car dépendant de financement privé ou lié à une donation (par exemple le
Southern California HIV treatment directory). Leur apport en méta-analyse reste limité. Cependant, ils peuvent permettre de prendre contact avec les promoteurs et les
investigateurs des essais en cours, pour leur demander leurs résultats quand l’essai
sera terminé et la publication sous presse. Ils peuvent être aussi des points de départ
pour la planification de méta-analyse prospective. Une liste de ces registres peut être
trouvée dans la référence [99].
9.3. Les intérêts d’un registre
A) Limiter les efforts de recherche
Un registre d’essais présente plusieurs avantages par rapport au moyen traditionnel
de recherche bibliographique. Premièrement, la base ne contient que des comptes
rendus d’essais et le résultat d’une recherche ne sera donc pas « pollué » par des
articles sans rapport avec des essais thérapeutiques. Deuxièmement, un registre devrait être plus complet qu’une seule base bibliographique, supprimant la nécessité
d’interroger de multiples sources afin d’être le plus exhaustif possible. Cela provient
du fait que l’exhaustivité fait partie intégrante des objectifs d’un registre.
B) Retrouver les essais non publiés
Si les registres prospectifs étaient solidement implantés dans le processus d’évaluation des traitements, ils représenteraient certainement le meilleur moyen pour
identifier des essais non publiés. Néanmoins, l’efficacité de ce moyen dépend étroitement de la régularité de déclaration de tout nouvel essai au registre. En dehors de
contrainte réglementaire (qui devrait être internationale), seule la constitution d’un
réseau de correspondants (investigateurs, personnes en contact avec la mise en place
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d’un essai) peut permettre de récupérer l’information concernant l’existence d’essais dont les promoteurs n’ont pas eu de démarche volontaire de déclaration à un
registre.
9.4. Les moyens de diffusion de l’information
Les registres doivent être publics et faciles d’accès à toute personne recherchant
les essais thérapeutiques d’un domaine. L’interrogation directe des responsables du
registre par courrier ou téléphone représente le moyen de base de consultation de
l’information. La diffusion de l’information peut se faire aussi en publiant périodiquement le contenu du registre dans une revue ou sous la forme d’un livre. L’accès
direct, télématique (Minitel ou Internet) offre les avantages de la souplesse et l’obtention des informations à jour en temps réel. Le réseau Internet donne l’opportunité
actuellement d’une diffusion télématique simple et accessible au plus grand nombre.
Le CD-ROM représente aussi un moyen utilisable pour la diffusion des registres,
mais, étant donné son coût, ce médium est réservé à des registres qui offrent des
services complémentaires comme le regroupement des essais du registre en métaanalyse (par exemple la Cochrane Database of Systematic Reviews de la Collaboration Cochrane).
9.5. Liste des registres
Un travail important de recensement des registres d’essais existant en 1990 a été effectué par Philippa Easterbrook et a été publié en 1992 dans Statistics in Medecine
[110]. Vingt quatre registres existants et 6 en cours de mise en place ont été localisés.
Depuis 1992, un grand nombre de registres s’est par exemple développé dans le domaine de l’infection par VIH. La multiplication des registres dans un même domaine
fait courir le risque d’une réduction de leur efficacité. En effet, même si les promoteurs d’un essai souhaitent déclarer à un registre leur essai, ils ne pourront pas le
déclarer à l’ensemble des registres existants. Ce phénomène entraînera une dilution
de l’information et diminuera d’autant les performances d’une recherche conduite
sur un registre. Une certaine coordination entre les responsables de registres s’avère
donc indispensable.
La liste qui suit, seulement indicative, ne se veut pas exhaustive.
– ENCLCC Cancer Clinical Trials Registry
Françoise Bonichon
Service de Biostatistique - Fondation Bergonié
93
180, rue de Saint Genès
F-33000 Bordeaux
France
tél. : +33 56 92 43 00
– International Committee on Thrombosis and Haemostasis Registry of
Clinical Trials
Nadine Bossard, Jean-Pierre Boissel
Service de Pharmacologie Clinique - BP 3041
69394 Lyon cedex 03
France
tél. : +33 72 11 52 31
– National Institutes of Health Inventory of Clinical Trials and Studies
John H. Ferguson
Office of Medical Applications of Research - National Institutes of Health
7550 Wisconsin Avenue, Room 618
Bethesda MD 20892
tél. : +1 301 496 1143
– Oxford Database of Perinatal Trials
Jini Hetherington
UK Cochrane Center
Summertown Pavilion - Midle way
Oxford OX2 6LG
England
tél. : +44 865 516 300
– Spanish Database of Clinical Trials
Fernando Garcia Alonso.
Evaluation de Medicamentos - Mijirsterio de Savidad y Consumo
Paseo Prado 18-20
Madrid 28014
Spain
tél. : +34 1 420 2068
– International Registry of Clinical Trials of HIV Therapies and Vaccines
Susan M. Kurucz
Canadian HIV Trials Network
200-1033 Davie Street
Vancouver BC V6E 1M7
Canada
tél. : +1 604 631 5327