PROJET PEDAGOGIQUE MULTI

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PROJET PEDAGOGIQUE MULTI
PROJET PEDAGOGIQUE
MULTI-ACCUEIL D’EGLETONS
Septembre 2014
Fabrice Langer / Hélène Lefèvre
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INTRODUCTION
Ce projet pédagogique fait suite à un long travail de réflexion de la part de l’équipe
du multi-accueil.
Nous nous sommes interrogés sur une meilleure prise en charge de l’enfant
d’un point de vue moteur, psychique, cognitif et affectif.
A l’issue de cette réflexion, la démarche du Dr Emmi PIKLER, fondatrice de l’Institut
Loczy, nous est apparue comme la plus adaptée pour le multi-accueil d’Egletons.
Cette démarche est actuellement appliquée dans un certain nombre de
structures d’accueil petite enfance du Limousin.
I
PRESENTATION DE L’INSTITUT LOCZY
1. La fondatrice
Le Dr Emmi PIKLER est une pédiatre hongroise, qui en 1946, fut chargée de diriger
l’Institut Loczy, situé à Budapest. Cette pouponnière accueillait des enfants, de
quelques semaines à 3 ans, 24 heures sur 24, privés momentanément ou
définitivement de leurs parents. Emmi Pikler met en place un certain nombre de
pratiques qui depuis, sont reconnues et ont été adoptées par d’autres milieux.
Emmi Pikler s’appuyait sur une conception novatrice du bébé qu’elle considérait
comme un être capable d’exprimer ses besoins, de se faire comprendre et
d’interagir avec son entourage. Tout cela si le bébé rencontrait des adultes prêts à
l’écouter et à prêter de l’attention à ses manifestations. Elle considérait le bébé
comme un acteur de son propre développement et un partenaire actif dans les
soins qui lui étaient prodigués par les adultes de son entourage.
Elle s’appuyait également sur des travaux qu’elle avait menés sur le développement
moteur des jeunes enfants. C’est grâce aux OBSERVATIONS d’enfants laissés libres de
leurs mouvements que le Dr Pikler acquit une connaissance très fine et complète du
développement moteur de l’enfant.
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1. La pédagogie
4 principes directeurs guident l’action de chacun au sein de l’institut.
.- valeur de l’activité autonome : développer le goût pour l’activité
autonome est essentiel pour que les enfants deviennent des adultes
« créatifs et responsables », et ce par l’expérimentation des situations. Il
est primordial que l’activité naisse de l’enfant lui-même pour qu’il
l’investisse et se l’approprie. Les enfants sont donc totalement libres de
leurs mouvements, tout en étant en sécurité. L’adulte ne fait que placer
l’enfant dans des situations correspondant à son âge ; il met
également du matériel à sa portée, tout en respectant le rythme de ses
acquisitions motrices et en l’aidant à prendre conscience de ses
accomplissements.
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valeur d’une relation affective privilégiée et importance de la forme
particulière qu’il convient de lui donner dans un cadre institutionnel :
la nécessité d’une relation affective privilégiée et continue avec un
adulte permanent nécessite une grande constance dans les
attitudes éducatives et un engagement du personnel dans une
« relation réelle mais consciemment contrôlée, dans laquelle
l’adulte ne fait pas peser sur l’enfant sa propre affectivité et ses
attentes personnelles ». Les soins sont donc toujours individualisés au
possible, et l’enfant n’est jamais seul : il y a toujours un adulte à
portée de vue ou de voix. (notion de référent).
-
nécessité de favoriser chez l’enfant la prise de conscience de luimême et de son environnement et de partager l’importance de la
verbalisation du vécu : par la « régularité des évènements dans le
temps et la stabilité des situations dans l’espace », mais surtout lors
des soins, on aide l’enfant à découvrir qui il est, ce qu’il fait, quel est
son environnement.
-
Si la base est l’importance d’un bon état de santé, ce dernier résulte
aussi de la bonne application des principes précédents : chaque
enfant bénéficie d’un régime individualisé concernant son
alimentation, son cadre de vie et le déroulement de sa journée. On
privilégie au maximum la vie au grand air.
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II LES ACCUEILS
1. L’inscription
Il s’agit de la première rencontre entre le multi-accueil et la famille. C’est un moment
de présentation de la structure, des modalités d’accueil, d’échange avec les
parents sur les besoins de garde et d’une approche de la prise en charge de cet
enfant.
A l’issue de cette entrevue, un contrat est défini entre le multi-accueil et la famille.
2. L’adaptation
Elle précède l’entrée définitive dans la structure. Elle va ainsi permettre :
-
une séparation progressive entre l’enfant et sa famille
une intégration progressive de l’enfant à son nouveau lieu de vie
un investissement positif de l’équipe éducative par l’enfant et sa
famille
d’entamer le processus de séparation
à la professionnelle référente d’avoir une meilleure connaissance
de l’enfant et de créer un climat de confiance.
Il ne faut pas confondre adaptation et habitude. L’adaptation suppose la capacité
de l’enfant à mettre en place assez de repères pour ne pas être perdu et se sentir en
sécurité. Une adaptation progressive va offrir à l’enfant la possibilité de prendre
appui sur la présence rassurante de ses parents dans ce lieu étranger qu’est le multiaccueil, avec une personne qui lui est étrangère pour faire face à la séparation.
Ce qu’il faut prendre en compte, ce n’est pas la durée et la quantité de rencontres,
mais la qualité des échanges et des liens qui s’établissent entre le parent/ l’enfant/
la professionnelle référente.
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Déroulement de l’adaptation :
La première rencontre a lieu au sein de la salle de vie entre la famille et le
professionnel référent. Le but étant d’approfondir et d’individualiser la prise en
charge de l’enfant. Le déroulement de la période d’adaptation sera proposé à
chaque famille pour permettre une adaptation en douceur et donner à chacun des
points de repère. La période d’adaptation sera propre à chaque individu.
Le professionnel référent : c’est une personne qui prend en charge l’enfant de
l’adaptation à son départ de la structure. Le rôle du professionnel référent est
d’établir une relation et des moments privilégiés (comme le repas, le temps du
change, le moment du coucher et / ou de la sieste) avec chaque enfant, de
satisfaire les besoins de chacun, de respecter son rythme par une observation
quotidienne. Le référent a donc de meilleurs échanges avec les parents, il est celui
qui rassure et qui représente un repère pour les familles.
3. Les séparations
a) La séparation du matin
La séparation est un moment important qui nécessite du temps, autant pour l’enfant
que pour le parent.
L’enfant a besoin de temps pour se «détacher » de son parent et « s’attacher » à son
référent.
Ce moment de séparation du matin est un temps de transmission entre le parent et
le référent, mais aussi où l’enfant est activement impliqué (par le fait de lui dire
bonjour, de lui demander comment il va…). Il est ainsi reconnu comme un individu à
part entière, acteur de ce moment.
b) Les retrouvailles
Le moment des retrouvailles est également un moment de séparation. En effet,
l’enfant qui a passé sa journée dans la structure doit maintenant la quitter et se
séparer des individus qui l’ont entouré. Il doit de nouveau faire des réajustements.
Il s’agit d’un moment transitoire pendant lequel l’enfant peut paraître incontrôlable :
il ne sait plus qui est garant de l’autorité. Chaque adulte compte sur l’intervention de
l’autre. Tant que l’enfant est dans l’enceinte de la structure, il semble pertinent que
le professionnel intervienne si nécessaire.
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III
LA JOURNEE TYPE
Le multi accueil est scindé en deux sections :
-
Une section de tout-petits de 10 semaines à environ 18 mois : une
salle leur est réservée exclusivement afin qu’ils aient des repères leur
permettant d’évoluer dans un environnement sécurisant.
-
Une section de moyens/grands à partir de 18 mois : deux dortoirs
leurs sont réservés en fonction de leur rythme de sommeil, et les
activités ont lieu au sein de la maison de l’enfance.
A son arrivée, l’enfant est accueilli par un professionnel qui lui laisse le temps de
s’approprier les lieux. C’est aussi un moment d’échange entre le parent et le
professionnel.
Quand les enfants paraissent disponibles, des activités leur sont proposées ( le
matin et / ou l’après-midi).
1. Les activités
a) les activités encadrées
Elles ne sont pas obligatoires ; elles sont proposées aux enfants qui en sont capables
pour ne pas les mettre en échec.
Il est important que l’enfant éprouve du PLAISIR au cours des activités auxquelles il
participe.
b) les jeux libres
Il s’agit de moments « sans l’adulte ». Le professionnel observe mais n’intervient que
rarement de façon à ne pas interférer de manière directe dans le jeu.
L’enfant a à sa disposition différents jeux et jouets adaptés à son âge et à ses
compétences.
Il peut ainsi investir librement ces moments de jeux sous le regard bienveillant,
sécurisant et valorisant de l’adulte. Par ces jeux, l’enfant développe son imaginaire,
recrée ce qui l’entoure (temps forts de son quotidien…), développe sa motricité…
c) Le « ne rien faire »
Une journée au multi-accueil est très rythmée (activités, repas, séparations…). Tous
ces temps forts sont des repères pour l’enfant. Cependant, il a aussi besoin de se
poser.
A ces moments de « pause », l’enfant s’isole du groupe et peut ainsi s’évader, se
ressourcer, observer.
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Il est nécessaire que le professionnel repère ces moments et les respecte ; tout en
restant à disposition de l’enfant.
Si ce comportement devient systématique, les professionnels devront s’interroger sur
sa cause.
Les activités étant réalisées pour les enfants, il est important de ne pas oublier : « ce
n’est pas l’enfant qui doit s’adapter à l’adulte mais l’adulte à l’enfant ».
2. Les repas
Le repas doit être un PLAISIR. Pour cela, les deux partenaires (le professionnel et
l’enfant) doivent être à l’aise et l’enfant doit être reconnu et considéré comme un
individu à part entière et sujet participant qui prend part ACTIVEMENT à son
alimentation.
Seul un adulte bien connu peut procurer à l’enfant de la joie pendant le repas,
grâce à leur compréhension mutuelle.
a) Le repas du tout-petit
Dans un premier temps, le tout-petit mange lorsqu’il en exprime le besoin. Les
manifestations diffèrent d’un enfant à un autre. Une bonne connaissance de
l’enfant (référence) permet de repérer ces manifestations et de répondre de
manière adaptée au besoin de l’enfant.
Le biberon est alors donné en fonction du rythme de l’enfant.
b) Le repas des moyens et des grands
Ils mangent à table, de façon collective. Les repas sont servis sous forme de plateaurepas. Les plus grands se servent tout- seuls.
Outre l’apprentissage de l’autonomie et des règles, l’enfant apprend à se servir
selon ses besoins et ses envies. Il a le droit de refuser de manger, mais est invité à
goûter à tous les plats.
Les enfants ont le DROIT de manger avec les doigts car le repas est un temps d’EVEIL
SENSORIEL. La découverte de l’aliment passe aussi par le toucher.
Ces deux tranches d’âge regroupées favorise le développement psychomoteur par
l’imitation. A ce moment, le positionnement de l’adulte doit engendrer chez l’enfant
une relation privilégiée, riche en interactions visuelles et verbales. Le visage de
l’adulte doit donc se trouver au même niveau que celui de l’enfant ou des enfants.
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L’équipe est également vigilante aux questions ou informations données par les
parents concernant l’alimentation de leur enfant.
Un goûter est servi aux environs de 16 heures où il est proposé laitage-fruit-céréales.
Le goûter est aussi un moment de plaisir, il arrive donc que des gâteaux ou des
confiseries soient proposés.
3. Le sommeil
Outre le rythme de ses acquisitions motrices et intellectuelles, l’enfant a des rythmes
physiologiques dont le respect contribue à la qualité de son développement. Le
sommeil est un besoin vital.
Les besoins en sommeil sont variables d’un enfant à un autre. Il est donc important
de bien observer l’enfant pour repérer les signes de fatigue, mais aussi d’échanger
avec les parents. Tout ceci afin de respecter l’alternance veille-sommeil et les
besoins de l’enfant.
Entre chacun de ces moments ( activités, repas, sommeil…), des temps calmes sont
proposés.
IV
LES LIMITES ET INTERDITS
Fixer des limites et des interdits est une façon positive et constructive
d’accompagner l’enfant. Il ne s’agit pas d’une punition. Les limites et interdits
génèrent de la frustration nécessaire à la construction de l’enfant.
Il s’agit de permettre aux enfants de se conformer aux règles et aux obligations
sociales tout en reconnaissant leur dignité et leur individualité. Et ainsi, l’enfant peut
intégrer certaines règles.
Fixer des limites et des interdits à l’enfant de façon adaptée augmente son
sentiment de confiance dans le monde qui l’entoure.
Dans ce cadre, l’adulte doit guider l’enfant et respecter ses besoins, il doit lui donner
le temps nécessaire pour apprendre les règles, il doit prévenir les sources de
problème ou de conflit (espace suffisant pour jouer, jeux en nombre suffisant..) et il
doit adapter ses exigences au stade de développement de l’enfant. Il arrive
cependant parfois que l’enfant ait besoin d’aide pour se contrôler et agir de façon
acceptable sur le plan social.
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V
L’HYGIENE CORPORELLE
Le plaisir que l’enfant prend dans les soins est primordial, cela favorise son désir
d’autonomie. Les soins permettent également la construction de la relation affective
avec l’adulte qui s’occupe de lui et la prise de conscience de son propre corps. Les
temps des soins (repas, change…) sont privilégiés comme des moments
individualisés de rencontre entre enfant et adulte. A partir de ces temps, se tisse une
relation intime et personnelle.
L’enfant est toujours considéré comme un partenaire actif et comprenant. Les soins
sont donnés sans précipitation, avec un souci constant de « faire appel à la
participation » de l’enfant, quel que soit son âge. L’adulte lui parle en expliquant ses
gestes et ses réactions, utilise les gestes spontanés de l’enfant, toujours dans le but
de développer sa « coopération active ».
« L'enfant qui ne sait pas jouer, deviendra
un adulte qui ne saura pas penser. »
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