Homophobie : définir pour mieux comprendre.

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Homophobie : définir pour mieux comprendre.
Homophobie : définir pour mieux comprendre. Témoignages Thaïs Miranda, 20 ans Travail de diplôme de maturité sur le thème de l’homophobie Quand on m’a contactée pour faire ce témoignage, je me suis demandé de quoi j’allais parler, si j’allais parler de ma famille, de mes amis. Ensuite, je me suis aperçue que ça faisait partie d’un tout. Quand j’ai subi des insultes homophobes, j’avais onze ans. J’étais au cycle. Je n’ai pas pu me confier tout de suite à mes parents parce que j’avais très peur. C’était assez effrayant. C’était des insultes du genre gouine, tapette, pédale. La pire, c’était homme sans queue. Elle m’a fortement marquée. Elle m’a suivie tout le cycle. En changeant d’établissement, en allant à l’Ecole de culture générale 1, j’ai pensé que ça allait changer. Un autre lieu, un autre établissement… mais pas du tout. C’est à l’ECG que j’ai rencontré ma première copine. Au départ, c’était des regards, des messes basses. Les gens se posaient des questions. Les ragots ont commencé. Et tout s’est enchaîné, les insultes ont commencé à se préciser. Avec ma copine, on n’avait pas fait notre coming-­‐out, donc on se cachait. Et cela faisait monter les insultes, les rumeurs. Le pire moment, c’est quand ma mère l’a découvert. C’était un coming-­‐out forcé puisqu’elle l’a découvert en lisant des sms sur mon natel. Ça a été très difficile parce que je n’étais pas du tout prête à l’assumer à cause de toutes ces remarques : « De toute façon, t’es qu’un monstre, t’es qu’une salope de lesbienne ». J’avais peur que mes parents disent la même chose et confirment ces insultes. Et, malheureusement, ça a été le cas ! Surtout quand mon père l’a appris. Il l’a appris en entendant une conversation entre ma mère et ma sœur. Ça a été le début de la fin. Ça a été très difficile parce qu’il a menacé de s’en prendre physiquement à ma copine de l’époque. Il y a une sorte de paranoïa qui s’est installée, il y avait un périmètre de sécurité autour de la maison. Il ne fallait pas qu’elle vienne. Son prénom commençait à être tabou à la maison. Le thème de l’homosexualité était tabou. Tout était tabou. C’est vrai que je me sentais rejetée et à l’école et à la maison, et c’était difficile. À l’école, on m’a demandé de sortir des vestiaires de gym uniquement féminins parce qu’elles avaient peur que je les regarde ou, comme on dit, que je les « mate ». Au cycle, on me crachait dessus ou je devais rentrer en courant de l’école pour ne pas croiser certaines personnes. Et, heureusement, ça se termine plutôt pas mal. Récemment, ma mère a compris qu’elle allait me perdre si elle restait sur ses positions. Elle est venue vers moi et elle m’a dit qu’elle n’avait pas eu l’occasion de parler à sa mère quand elle était jeune. Elle ne voulait pas que ça fasse la même chose avec moi, qu’on perde le contact. Là, ça a été un soulagement ! Après l’ECG, je suis allée au collège. Les insultes me passaient alors dessus. J’avais trouvé le bouclier, le soutien, et c’était ma mère ! Mes amis m’ont acceptée tout 1
En Suisse, l'École de culture générale (ECG) est une école post-­‐obligatoire du degré secondaire II qui permet l'obtention du Diplôme de culture générale. de suite, mais il me fallait absolument qu’elle soit là. Je dédie donc ce témoignage aux personnes qui m’ont soutenue : ma mère, surtout, mes amis qui sont là et ma compagne.