Présentation - Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie

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Présentation - Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie
Rôle du Médecin du Travail et des SST
dans la prévention du mésusage des SPA
et dans le réseau de soin d’addictologie
Dr Anne Jean-Samain
Centre Hospitalier Alpes Isère / CHU Grenoble
ajeansamain@chu-grenoble
Tel: 0476542429
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Quelques chiffres (France)
Monde de l’entreprise
- 24 millions de salariés INSEE 2011
- 97 % des entreprises sont des PME-PMI de moins de 50 salariés,
dont 84 % ont moins de 10 salariés (3/4 < 5 salariés en Rhones-Alpes) INRS
Santé Prévention
- 20% des – de 50 ans n’ont pas consulté leur médecin généraliste depuis
1 an ou plus INSEE 2011
- 73% des Français sont « intéressés par un service de prévention et de
suivi personnalisé» via leur entreprise, pour : la maîtrise du stress, le
dépistage des maladies graves, la prévention des ennuis liés à la
consommation du tabac et de l’alcool, la lutte contre l’obésité, voire un
accompagnement sportif. Baromètre 2007 du Cercle Santé / Les Cahiers Lamy du CE février 2008
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Revue de la bibliographie:
données attendues…et mauvaises « surprises »…
1) Augmentation des consommations problématiques parmi
les salariés :
- ↗ des buveurs à risque: + 3% : 2005/2010
Concerne en moyenne 20% des salariés (32% BTP…)
- ↗ Diffusion SPA: cannabis, cocaïne et ecstasy dans toutes les professions et
catégories sociales depuis 2000. INPES Baromètre santé 2010
2) Sur-consommation des SPA sur les Postes de Sécurité (PS)
-1995: sup 40% SPA si PS versus 20% pr les autres n= 2000 salariés de 13
Services MW du Pas de Calais Haguenoer et al
- 2004 : résultats OH et cannabis similaires/1995,
Subutex Méthadone X8/pop générale CHRU Lille n=1000 Chauffeurs PL
- 2001: 10% désistements/tests d’embauche et 11% positifs après! n=313
chauffeurs PL Delzenne et al
- 2010: (239 MW): 66% des alcoolodépendants repérés occupent un PS.
Centre d’Information Régionale sur les Drogues et les Dépendances (CIRDD)
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail
Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Les fonctions des consommations de SPA
(Parquet et coll. 2002)
-Modes de vie, convivialité (traditions, rites, cultures, plaisirs…)
-Recherche de performances (socialisation, stimulant , antifatigue…)
-Sauvegarde, évitement (plaisir, antidépresseur, euphorisant…)
-Maladie, dépendance (consommation pour éviter le manque)
-Etc (cf questionnaire à 100 item « Motivation à Consommer » du Pr Dematteis)
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Déterminants du milieu professionnel susceptibles
d’induire ou de renforcer les consommations de SPA
[Gladys Lutz, 2012] Journée SNMT du 11/10/13 , recommandations SFA 2013
Typologie des fonctions professionnelles des SPA
Importance de l’environnement: à répertorier /Doc unique: EVALUABLE (IPRP questionnaires…etc)
1. Tensions psychiques ( stress surmenage, technique managériales, changt cap entreprise, perte de sens …)
2. Tensions physiques (cadences, mouvements répétitifs, surcharge…)
3. Pratiques culturelles et socialisantes, convivialité (pots, habitudes conviviales de service,
démarches commerciales, support communication non verbal
4. Précarité professionnelle statut, rémunération, image de marque du métier, évolution prof, formation,
projet entreprise peu clair…
5. Disponibilité et offre des produits liées au milieu professionnel (offre sur lieu
w:
production, BTP…, métiers de la vente ou contrôle psycho-actifs, métiers de la santé…
6. Pauvreté des liaisons sociales absence reconnaissance,, isolement, relations hiérarchiques
de
mauvaise qualité, absence ou excès de contrôle, manque de temps pour transmissions, absence de débats
professionnels, absence d’évolution professionnelle, désinsertion sociale
4 classes de consommations construites sous l’influence du travail
=usages professionnels :
1. Les usages culturels et socialisants (ex: BTP, art et spectacles…)
2. Les conduites dopantes (dopage)
3. Les stratégies individuelles et collectives de défense (verre de fin de journée…)
4. Les usages avec dépendance/codépendance
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Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Les conduites de dopage
Besoin de performance, tenir le rythme, tenir ses objectifs,
rester « dans la course », faire face au stress…
Près d’un tiers des salariés aurait recours à au moins
une SPA en lien avec le W. Lapeyre-Mestre et al, Toulouse 2004: n=2106
- 40% des salariés parisiens Gay et al en 2008: n= 663
-
(25% médicaments + 10% tabac + 7,5% alcool, 2% cannabis = 44%)
- 10,3% des salariés ont une consommation
problématique de SPA CNRS/CHU Bordeaux en 2009: n=3060
- prévalence médicaments psychotropes 9,1%,
et 1/3 sont dépendants Bœuf-Cazou et al, Toulouse 2009 n= 1273
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….et les médecins?
Profession à haut risque/ stress et Burn out
Création du réseau ASRA en Rhône-Alpes en 2012
1) les généralistes comportements/ 12 derniers mois
Laure et al 2003 n=202
19 % ont pris des produits « pour lutter contre le stress » dont 11 % des benzodiazépines,
24 % des produits pour « se booster »,
1/3 fume du tabac et 20 % a expérimenté le cannabis.
44 % ont pris des produits pour « tenir le coup » au cours de leurs études
2) Les anesthésistes réanimateurs
-
Beaujouan et al 2005 n= 3476= 38% de la spécialité
23 % fumeurs quotidiens,
11 % étaient abuseurs ou dépendants à au moins une SPA:
- l'alcool : 59,0 %
- les tranquillisants et les hypnotiques: 41 %
- le cannabis: 6,3 %, les opiacés: 5,3 %, les stimulants:1,9 %.
Perception négative de leurs conditions de travail > autres anesthésistes
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Comment repérer les salariés
les plus « à risque »?
1) Par secteur d’activité ou par métier?
Arts et spectacles, restauration hébergement, BTP… Inpes
Attention terrain glissant…
2) Par « profil » socio-professionnel?
Oui : sur-risque pour les travailleurs précaires
Homme 20-29 ans intérimaire qui vit seul: toutes SPA
CHU St Etienne Orset et al
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La précarité a un nom: les intérimaires
(source INSEE 2011)
• Concerne : 2,1 millions de personnes
qui ont signé 16,8 millions de contrats de mission.
• durée moyenne des missions: 1,8 semaine.
• En moyenne, les intérimaires sont en mission
2,6 mois dans l’année.
• Un intérimaire sur deux a été en mission
moins de 1,6 mois dans l’année.
• 576 100 intérimaires en équivalents-emplois à temps plein en 2011,
(+ 9,3 % / 2010) La hausse de l’intérim a été soutenue dans le secteur
de l’industrie (+ 13,9 % en 2011, après + 31,4 % en 2010) et dans la
construction (+ 9,1 %, après + 3,4 % en 2010) mais plus contenue dans
le tertiaire (+ 3,9 %, après + 12,9 % en 2010).
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Positionnement du médecin du travail face aux
SPA
Difficultés: Retard réglementaire/ évolution rapide des pratiques
(cas du cannabis…), manque de consensus au sein d’un même
service sur les CAT, solitude du médecin du travail face à ses
décisions, voire « injonctions contradictoires » sociétales:
cohérence des attentes sur la fonction?...APTITUDE/PRIORITE EMPLOI…
D’où la nécessité d’homogénéiser les pratiques: RECOS/HAS
1) Repérage: Modalités
2) CAT qui en découle:
> Postes « ordinaires »: Conseil minimal, accompagnement/climat de
confiance, orientation vers le soin
> Poste de sécurité: Aptitude= levier spécifique pour un changement de
comportement
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Dépistage et gestion du mésusage de substances psychoactives
(SPA) susceptibles de générer des troubles du comportement en
milieu professionnel: Recommandations (Recos/HAS)
R1. Evaluation des connaissances et des pratiques prof, et si besoin formation
R2. Repérage des usages, des conséquences et prévention
des facteurs professionnels susceptibles d’être impliqués (clinique)
R3. Recherche des déterminants collectifs qui interagissent
avec des comportements individuels (Conditions de W, habitudes u rituels…)
Démarche de prévention primaire et secondaire sur les mésusages professionnels SPA
R4. Interrogation régulière sur l’ensemble des SPA.
R5. Utilisation de questionnaires validés ; repérage clinique et entretien individuel
précédant toujours les autres formes de dépistage
R8. Evaluation protocolisée possible par un(e) infirmier(e) en santé au travail
préalablement formé(e) (cf réforme de la Med Trav/pluridisciplinarité)
R9. Le caractère licite ou illicite de la substance consommée ne doit pas guider
l’évaluation
R.11. Prise en compte du niveau de risque induit en milieu du travail pour la décision
d’aptitude, prise en toute indépendance, Maintien au poste privilégié
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Côté médecins du travail et leurs équipes
pluridisciplinaires (IPRP, IDE, Assistante Technique
Double approche santé/travail
1) Collective: Sensibilisation, outils, aide rédaction procédures…
- Prévention des risques prof susceptibles d’interagir sur les consommations
des SPA (mission de conseil)
Problème: service inter: 50 à 250 TPE…nécessité de W à mutualiser les moyens…)
- Information/ formation (R26) art. L464-3 (R20)
2) Individuelle
- Repérage (questionnaires validés) (R2 à R6)
- Evaluation des consommations (R7 à R9)
- Accompagnement/ Orientation (R7 et s.)
- Appréciation de l’aptitude et des restriction art. L4624-1 (R11 et R23)
Dr Jean-Samain
CHAI/CHU Grenoble,
SFMT, Pr Sophie Fantoni Quinton CHRU Lille/CRDP
Université Lille2
Société de Médecine du Travail Dauphiné
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Démarche en SST
au niveau individuel
1- Évaluer les usages
= poser la question des consommations de SPA
et en écouter les modalités et
le sens pour le sujet ! (R4)
Décrire et analyser les usages et leurs caractéristiques dans leurs relations
avec le travail = clinique du travail + des sujets
2- Agir en conséquence sur les facteurs des
fonctions professionnelles et auprès des
sujets
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Le repérage d’une situation à risque
(d’après les recommandations de la SFA/SFMT 2013)
• Doit engendrer une action de celui qui la repère
• Légitimée par la fonction de celui qui repère, et par
le cadre dans lequel il agit:
Sanitaire, réglementaire, sécuritaire
NB: il existe en marge un cadre relationnel: l’acteur du repérage
parle en temps qu’individu indépendamment de son statut
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Repérage/Prévention
modalités et acteurs
SFA 3013
Les SST peuvent intervenir à tous les niveaux: rôle de conseiller de l’entreprise
1) Cadre sanitaire: MW, IDE, AS, psychologue du W…:
Modalités: Questionnaires (AUDIT..) +intervention brève
Ces formations devraient être intégrées au cursus de formation initiale et continue
Objectif: sensibilisation et impact sur les comportements (efficacité prouvée, préconisée par la MILDT)
2) Cadre réglementaire: employeur ou ses représentants
Modalités: communication claire: ne rien laisser passer, culture d’entreprise…
RI/ noté dans contrat d’embauche, rappels infos régulière (journal interne etc…)
Objectif: faire respecter Code du travail, et RI (si existant)
Médecin du travail: avis d’aptitude (éviter altération santé travailleurs du fait du travail) article L 46-223 du Code du travail
Attention: le respect du RI n’incombe pas au médecin du travail
3) Cadre sécuritaire: ensemble des acteurs de l’entreprise y compris intérimaire, client, intervenants
extérieur,
Objectif: être capable de repérer une mise en danger de l’individu et/ou de celle des autres
>Informer la hiérarchie
>Le cas échéant : droit d’alerte ou droit de retrait (danger grave et imminent)
4) Cadre « relationnel: concerne « tout le monde » dans le contexte des relations professionnelles
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SST: Stratégie de repérage
Dr THOMAS-DESESSARTS, SFMT 11 octobre 2013
peut reposer sur 4 éléments :
• La consommation déclarée
• Les questionnaires
• Les signes cliniques d’alerte
• Le dépistage biologique
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Stratégie: la consommation
déclarée
Il s’agit d’une étape fondamentale qui
permettra de :
• Recenser les SPA consommées
• Caractériser les comportements de
consommation, leurs modalités et les facteurs
de vulnérabilité
R4: «
Il est recommandé d’interroger régulièrement le salarié sur l’ensemble des substances, y
compris les médicaments psychotropes, face à la fréquence des polyconsommations. Dès lors qu’une
consommation de SPA est identifiée, il faut envisager la possibilité de consommations associées (avis
d’expert).
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Stratégie: les signes cliniques
d’alerte
« Plus le repérage est précoce, moins les signes cliniques
spécifiques d’une SPA seront présents, moins il sera aisé de
les rattacher à une consommation
C’est la juxtaposition de plusieurs symptômes qui doit alerter le
clinicien et faire rechercher l’usage d’une SPA
L’examen clinique vise surtout à rechercher des complications
L’entretien doit repérer les troubles anxieux, dépressifs,
psychotiques ou les troubles de la personnalité »
Dr THOMAS-DESESSARTS, Médecin du travail Yvelines Santé Travail
Journées de la SFMT • 11 octobre 2013
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Stratégie: Les questionnaires
R5 Il est recommandé d’utiliser des questionnaires validés en santé au
travail; le repérage
clinique et l’entretien individuel qui l’accompagne doivent toujours précéder
les autres
formes de dépistage (avis d’expert).
R6 Les questionnaires “AUDIT” et “FACE” sont recommandés dans une
approche de repérage précoce du mésusage d’alcool (grade B).
ex: OH: AUDIT et FACE….
Cannabis: CAST
…etc
Rôle des infirmières du W, qui doivent être formées en addictologie
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Repérage:
Cadre sanitaire (SST)
1) Mésusage (à risque/nocif): intervention
brève/risques encourus +/- orientation si besoin
(nécessité w en réseau)
2) Dépendance: orientation accompagnement PEC
spécialisée: MT, psy, addictologue
+ Évaluation par le Médecin du Travail de mise en place d’une
surveillance médicale dans le cadre d’un soutien
complémentaire à la PEC spécialisée
NB: la démarche est identique quel que soit la SPA, licite ou non,
idem pour le mésusage de médicaments psycho-actifs
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Société de Médecine du Travail Dauphiné
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Repérage:
cadre réglementaire
• Fonction du médecin du travail: Appliquer le code du
travail
• La décision d ’aptitude doit toujours être
proportionnelle au risque encouru
• Objectif: protéger la santé et la sécurité du salarié et
de son entourage dans le cadre du travail
mais aussi: favoriser le maintien dans l’emploi ou
l’insertion professionnelle …
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Repérage:
cadre sécuritaire
Selon le niveau de dangerosité pour le salarié ou son
entourage:
- aptitude avec aménagement de poste
- Aptitude avec restriction
- avis d’inaptitude temporaire (orientation du salarié
vers soins spécialisés + AM)
- Recommandation SFA: « en cas de mésusage, le
médecin du travail doit analyser si celui-ci a entrainé
un risque professionnel »…ou pas…
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Place du dépistage biologique
Dans le cadre et respect de la réglementation……(code du Travail)
Arrêté du 11 juin 2013: déterminant la liste des tests, recueils et TTT de signaux biologiques qui ne constituent pas
un examen de biologie médicale, les catégories de personnes pouvant les réaliser et les conditions de réalisation de
certains tests , recueils et traitements de signaux biologiques
Rappel: Un dépistage positif ne renseigne pas sur
l’importance de la conduite addictive
Positionnement Comité consultatif national d’éthique Journée SFMT 11 octobre 2013, INRS
> Avis n° 114 (mai 2011)
> Dépistage médical de l’usage de produits illicites et de l’alcool
> Postes ou Fonctions de sûreté et de sécurité
> Postes de travail où « une défaillance humaine, ou même un simple
défaut de vigilance peut entraîner des conséquences graves pour soimême ou pour autrui »
Inscription au règlement intérieur et sur les contrats de travail
Privilégier Tests Urinaires ++/salivaires
Attention Faux positifs: 11 à 16%
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Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Quelle pertinence pour des Dosages sanguins?
hormis les marqueurs biologiques sanguins (indirects + BH+
CDT) pour les cas de mésusage ou dépendance à l’alcool, Le
dosage sanguin n’a pas sa place en matière de prévention
en médecine du travail
Concernant les 2 stupéfiants quantitativement les plus répandus en milieu
professionnel:
Cannabis: aucune relation entre effet (sur la conduite automobile) et
concentration de THC dans le sang. Pascal KINTZ
CocaÏne : La concentration plasmatique des métabolites est mal corrélée aux
effets psychotropes et dépend de la voie d'administration
« La présence d’un stupéfiant et de ses métabolites correspond à une consommation récente.
L’urine est le milieu de choix pour rechercher la consommation de SPA. La présence d’un
composé dans la salive permet de conclure à la présence dans le sang. L’analyse
segmentaire des cheveux devrait permettre d’établir un calendrier rétrospectif de
consommation » SFA 2013
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du
Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Enquête transversale
« Place du médecin du travail de service inter-entreprises dans le parcours d’un salarié souffrant d’addiction : limites actuelles et
perspectives » DESC Dr Jean-Samain, 2012
• Objectifs
Préciser le rôle actuel, et potentiel, du médecin du travail dans le parcours
des salariés addictifs:
Evaluer l’impact d’une démarche collective (information/ sensibilisation) sur
la prise de décision d’une démarche de soins.
• Matériel et méthode
Enquête transversale à visée descriptive
Recueil de données via un auto- questionnaire
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Société de Médecine du Travail Dauphiné
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LE TRAVAIL
1) Profession
Hommes (n= 119)
Femmes (n= 34)
cadre
cadre
3% 6% 1%
3%
31%
9%
étudiant
mère au foyer
30%
ouvrier
57%
60%
ouvrière
prof
intermédiaire
prof
intermédiaire
NC
• 23% :poste de sécurité
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Savoie 14 novembre 2014
2) Statut professionnel actuel
Hommes
Femmes
retraité
6%
retraité
4%
NC
6%
RSA
6%
RSA
9%
CDI
29%
CDI
35%
arrêt
maladie
14%
arrêt
maladie
9%
AAH
9%
invalide
17%
chômage
15%
AAH
5%
W
précaire
3%
invalide
14%
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chômage
12%
W
précaire
7%
Lien direct de l’addiction avec le travail
Hommes
53%
47%
45%
Femmes
37%
18%
0%
oui
non
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autre réponse
Lien addiction avec le travail suite (détail)
30%
25%
20%
15%
10%
Hommes
Femmes
5%
0%
•
pas de différence significative entre les hommes et les femmes sur les réponses
aux items « conflits et harcèlement » et « chômage » (respectivement p > 0,7 et
p > 0,3 au test du Chi2).
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Impact si réalisation de « tests » / postes à risque (+VL)
(n=153)
67%
59%
Hommes
Femmes
29%
24%
21%
6%
oui
non
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de
Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
NC
Impact si réalisation de « tests » / postes à
risque (+VL), détail
Hommes
35%
35%
Femmes
32%
24%
accélération décision soin
modif comportement uniquement
en période de dépistage
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
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Savoie 14 novembre 2014
Opinions pour de telles pratiques
70%
60%
50%
40%
Hommes
30%
Femmes
20%
10%
0%
c'est normal
pas normal
sans opinion
NB: 3/119 hommes ont répondu normal et pas normal (total 102%)
Ambivalence ou erreur?...
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NC
Sondage… (n=153)
• 84% des hommes et 82% des femmes sont
favorables aux contrôles d'alcool/drogues au
volant……
• Pourtant…
des comportements au volant….
( résultats proches si comparaison par SPA)
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Savoie 14 novembre 2014
Conduites catastrophiques!... (n=153)
Conduite sous l’emprise du produit
47%
Hommes
44%
Femmes
24%
17%
12%
15% 17%
12%
3%
souvent (1 à
plurihebdo)
mensuel
rarement (1 à
2/an)
8%
jamais
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
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Savoie 14 novembre 2014
NC
Rappel/accidentologie
En France
OFDT 2011
> 20% des AT en lien avec les SPA (alcool)
et jusqu’à 30% des AT mortels
NB: AVP mortels/2 depuis 10 ans,
Mais nombre absolu en lien avec OH stagne
(30%)
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
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Savoie 14 novembre 2014
Et au travail?...(n=153)
• C’est Pire!!!
• Consommation régulière (sem/mois)
↗ 18% pour les femmes: 74%
↗ 6% pour les hommes: 70%
NB: Pas de différence significative si classification par SPA: OH=76% /polydépendants= 65% (p>0,1)
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné
Savoie 14 novembre 2014
GESTION DES TROUBLES COMPORTEMENTAUX
AIGUS ET/OU COGNITIFS
Cf R.24. suite…
Protocole d’organisation des secours établi par
l’employeur prévoyant :
. De ne pas laisser le salarié seul
. De toujours solliciter un avis médical
. Pas de raccompagnement sans autorisation médicale
préalable
. Etablir un rapport écrit sur les faits et les modalités de
gestion de l’évènement ;
. Prévoir des modalités de gestion de la post-crise par
l’encadrement ainsi que la sollicitation du médecin du travail
Ref: Jeannin J.P., Vallette J.F, et al Gérer le risque alcool au travail. Edition Chronique Sociale : Lyon 2003, 391p
Dr Colette Budan-SSTRN-Nantes Pour le Dr Antoine Gerard C.H.Emile ROUX 43000 Le PUY en Velay [email protected]
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné
Savoie 14 novembre 2014
Au total
Le médecin du travail est un acteur clef dans le dispositif de prévention et dans
le repérage de SPA
1) Au niveau collectif: rôle de conseil et d’accompagnement auprès de
l’employeur pour initier une politique claire et structurée vis-à-vis des SPA
Ex: aide à la rédaction du RI, Etablissement de protocoles (CAT/ procédures
d’urgences, procédures CAT managers etc… »boites à outils »
Accompagnement au changement : sensibilisation/formation de la hiérarchie
pour développer une culture commune de santé sécurité au travail, et qui
doit concerner TOUT le personnel. (ex: pots sans alcool, exemplarité de
l’encadrement, pas d’entorse au RI etc…)
2) Au niveau individuel: repérage, et PEC si besoin, orientation vers spécialiste,
accompagnement du salarié. IL doit veiller au maintient de la sécurité de
chaque salarié sur son poste, ainsi que celle de son entourage
Le médecin du travail est une « sentinelle », qui doit pouvoir dire STOP si risque
de mise en danger du salarié ou de son entourage professionnel
Le « NON » est aussi un acte thérapeutique
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Cas Cliniques
• Caractéristiques:
• Patients connus (consultations hebdomadaires
ou tous les 15j) et actuellement pris en
charge
• Tous sont en activité professionnelle
maintenue et de longue durée (sauf le cas 5, inactif au
départ, dont l’évolution favorable et l’adhésion à la PEC va permettre une
reprise du W)
• Tous peuvent être considérés comme aptes,
sous réserve du maintien de ce suivi avec
alliance thérapeutique
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Société de Médecine du Travail Dauphiné
Savoie 14 novembre 2014
Cas clinique 1: Méthadone
Mr A… 36 ans: suivi depuis 2009 Centre Méthadone du CHU : actuellement substitué à 150 mg/jour
• ATCD: VHC + TTTBithérapie Interféron + Ribavirine en 2000 (CHU, HGE)
• Cirrhose mixte alcoolique et post virale hépatite C
• Chirurgie de l’œil droit opéré à 5 reprises en raison d’un explosif
•
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Consommations:
Héroïne de 18 à 30 ans sniffée et injectée. 6g/jour. (Puis Topalgic prescrit par MT)
Alcool: 2l/j bières fortes+ Cocaïne: stop depuis 1 an environ
Méthadone pendant 1 an en Russie de 23 à 24 ans.
(Essai Subutex pendant 3 semaines, stop car mal toléré, relais Méthadone au centre Hauquelin)
HDM: Dit être réfugié politique. Russe arrivé en France en 2006. 1 fils né d’une union en Russie. Vit en
couple, marié 1 autre enfant. (Dit à sa femme que TTT MTD est en lien avec son hépatite C).
A toujours était réticent à évoquer sa biographie
Patient au début sthénique parfois agressif dans un contexte anxieux, de prises d’alcool (bière forte 2à
2,5l/J) et de cocaïne. Suivi émaillé de nombreuses surconsommations et de difficultés à honorer ses
RDV.
TRAVAIL Niveau BEP. A travaillé dans une décharge comme éboueur, puis manutentionnaire.
Actuellement stabilisé: stop alcool et autres toxiques, inséré socialement, honore tous ses RDV,
W dans un garage comme préparateur en voiture en CDI depuis 11 ans. APTE
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail
Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Cas Clinique 2: Méthadone + cocaïne
Mr B… 33 ans, TTT Méthadone depuis 2009 actuellement substitué à 60 mg/jour
ATCD: chirurgicaux :
Fracture clavicule (broche) à l’âge de 16 ans.
Hernie inguinale droite enfant
Sérologies négatives.
HDM: Adressé au Centre par l’AREPI L’Etape (association régionale pour la
Réinsertion), en 2011.
Sous main de justice. Suivi par le SPIP pendant 2 ans. Arrêt du suivi début février 2014.
3 incarcérations pour trafic stupéfiants (au total 36 mois).
Consommations:
Cannabis de 16 à 18 ans, dit que cela le rendait parano.
Ecstasy, LSD et cocaïne à l’âge de 18 ans
Puis héroïne sniffée jamais injectée. Rechute en 2010 (Méthadone trop baissée)
Pas d’alcool.
Tabac 20 cigarettes/j
A longtemps consommé héroïne le WE à titre festif: stop récent (1 an)
Actuellement: Conso cocaïne « festive » le we toujours active
Travail: Niveau BEP. Cariste en CDI
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
Cas clinique 3: Méthadone
Mr C…. 52 ans TTT Méthadone depuis 2001( récemment: délégation prescription
MT)
ATCD: RAS
Consommations:
Début des consommations à l’âge de 28 ans.
Haschich et héroïne sniffée 1g5/J jamais injectée puis Dicodin 10 cps/J.
Cocaïne très occasionnellement.
Echec de sevrage antérieur.
Pas d’autre dépendance à un produit hormis un peu de tabac (5 cigarettes par jour).
HDM: Marié, un enfant
Incarcéré une fois pour détention et usage de drogue.
Epouse pas informée de son traitement ni son médecin traitant.
Travail: Bac techno. en CDI comme prestataire en contrôle radioprotection dans
le nucléaire.
(déplacement professionnels nécessitant aménagements RDV).
Patient compliant et bien intégré socialement.
APTE
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné
Savoie 14 novembre 2014
Cas clinique 5: Co-doliprane+cannabis
Mr E…. 51 ans
ATCD: accident domestique 2009: Amputation P1 pouce G 2009 (disqueuse)
HCV + guérie (contrôle fin 2013)
Consommations:
Cannabis depuis l’âge de 15 ans : actuellement 8 à 10 joints/j
Héroïne IV de 1982 à 1994, puis bascule sur Co-doliprane: 25 cp/j
HDM: Marié 3 enfants. A perdu sa mère à 15 ans, début des consos
Travail: Electricien, a toujours W jusqu’en 2009: inapte/accident: perte pince
polici-digitale
Projet actuel: conducteur Bus, formation (ne veut pas rester inactif)
CAT: double sevrage Opiacés + cannabis
Actuellement: TSO efficace, a réduit +++ cannabis (1 joint/j)
Patient compliant et motivé: il a un OBJECTIF, sait qu’il va avoir des contrôles
au W…
Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble,
Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014
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