Présentation - Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie
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Présentation - Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie
Rôle du Médecin du Travail et des SST dans la prévention du mésusage des SPA et dans le réseau de soin d’addictologie Dr Anne Jean-Samain Centre Hospitalier Alpes Isère / CHU Grenoble ajeansamain@chu-grenoble Tel: 0476542429 Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Quelques chiffres (France) Monde de l’entreprise - 24 millions de salariés INSEE 2011 - 97 % des entreprises sont des PME-PMI de moins de 50 salariés, dont 84 % ont moins de 10 salariés (3/4 < 5 salariés en Rhones-Alpes) INRS Santé Prévention - 20% des – de 50 ans n’ont pas consulté leur médecin généraliste depuis 1 an ou plus INSEE 2011 - 73% des Français sont « intéressés par un service de prévention et de suivi personnalisé» via leur entreprise, pour : la maîtrise du stress, le dépistage des maladies graves, la prévention des ennuis liés à la consommation du tabac et de l’alcool, la lutte contre l’obésité, voire un accompagnement sportif. Baromètre 2007 du Cercle Santé / Les Cahiers Lamy du CE février 2008 Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Revue de la bibliographie: données attendues…et mauvaises « surprises »… 1) Augmentation des consommations problématiques parmi les salariés : - ↗ des buveurs à risque: + 3% : 2005/2010 Concerne en moyenne 20% des salariés (32% BTP…) - ↗ Diffusion SPA: cannabis, cocaïne et ecstasy dans toutes les professions et catégories sociales depuis 2000. INPES Baromètre santé 2010 2) Sur-consommation des SPA sur les Postes de Sécurité (PS) -1995: sup 40% SPA si PS versus 20% pr les autres n= 2000 salariés de 13 Services MW du Pas de Calais Haguenoer et al - 2004 : résultats OH et cannabis similaires/1995, Subutex Méthadone X8/pop générale CHRU Lille n=1000 Chauffeurs PL - 2001: 10% désistements/tests d’embauche et 11% positifs après! n=313 chauffeurs PL Delzenne et al - 2010: (239 MW): 66% des alcoolodépendants repérés occupent un PS. Centre d’Information Régionale sur les Drogues et les Dépendances (CIRDD) Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Les fonctions des consommations de SPA (Parquet et coll. 2002) -Modes de vie, convivialité (traditions, rites, cultures, plaisirs…) -Recherche de performances (socialisation, stimulant , antifatigue…) -Sauvegarde, évitement (plaisir, antidépresseur, euphorisant…) -Maladie, dépendance (consommation pour éviter le manque) -Etc (cf questionnaire à 100 item « Motivation à Consommer » du Pr Dematteis) Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Déterminants du milieu professionnel susceptibles d’induire ou de renforcer les consommations de SPA [Gladys Lutz, 2012] Journée SNMT du 11/10/13 , recommandations SFA 2013 Typologie des fonctions professionnelles des SPA Importance de l’environnement: à répertorier /Doc unique: EVALUABLE (IPRP questionnaires…etc) 1. Tensions psychiques ( stress surmenage, technique managériales, changt cap entreprise, perte de sens …) 2. Tensions physiques (cadences, mouvements répétitifs, surcharge…) 3. Pratiques culturelles et socialisantes, convivialité (pots, habitudes conviviales de service, démarches commerciales, support communication non verbal 4. Précarité professionnelle statut, rémunération, image de marque du métier, évolution prof, formation, projet entreprise peu clair… 5. Disponibilité et offre des produits liées au milieu professionnel (offre sur lieu w: production, BTP…, métiers de la vente ou contrôle psycho-actifs, métiers de la santé… 6. Pauvreté des liaisons sociales absence reconnaissance,, isolement, relations hiérarchiques de mauvaise qualité, absence ou excès de contrôle, manque de temps pour transmissions, absence de débats professionnels, absence d’évolution professionnelle, désinsertion sociale 4 classes de consommations construites sous l’influence du travail =usages professionnels : 1. Les usages culturels et socialisants (ex: BTP, art et spectacles…) 2. Les conduites dopantes (dopage) 3. Les stratégies individuelles et collectives de défense (verre de fin de journée…) 4. Les usages avec dépendance/codépendance Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Les conduites de dopage Besoin de performance, tenir le rythme, tenir ses objectifs, rester « dans la course », faire face au stress… Près d’un tiers des salariés aurait recours à au moins une SPA en lien avec le W. Lapeyre-Mestre et al, Toulouse 2004: n=2106 - 40% des salariés parisiens Gay et al en 2008: n= 663 - (25% médicaments + 10% tabac + 7,5% alcool, 2% cannabis = 44%) - 10,3% des salariés ont une consommation problématique de SPA CNRS/CHU Bordeaux en 2009: n=3060 - prévalence médicaments psychotropes 9,1%, et 1/3 sont dépendants Bœuf-Cazou et al, Toulouse 2009 n= 1273 Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 ….et les médecins? Profession à haut risque/ stress et Burn out Création du réseau ASRA en Rhône-Alpes en 2012 1) les généralistes comportements/ 12 derniers mois Laure et al 2003 n=202 19 % ont pris des produits « pour lutter contre le stress » dont 11 % des benzodiazépines, 24 % des produits pour « se booster », 1/3 fume du tabac et 20 % a expérimenté le cannabis. 44 % ont pris des produits pour « tenir le coup » au cours de leurs études 2) Les anesthésistes réanimateurs - Beaujouan et al 2005 n= 3476= 38% de la spécialité 23 % fumeurs quotidiens, 11 % étaient abuseurs ou dépendants à au moins une SPA: - l'alcool : 59,0 % - les tranquillisants et les hypnotiques: 41 % - le cannabis: 6,3 %, les opiacés: 5,3 %, les stimulants:1,9 %. Perception négative de leurs conditions de travail > autres anesthésistes Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Comment repérer les salariés les plus « à risque »? 1) Par secteur d’activité ou par métier? Arts et spectacles, restauration hébergement, BTP… Inpes Attention terrain glissant… 2) Par « profil » socio-professionnel? Oui : sur-risque pour les travailleurs précaires Homme 20-29 ans intérimaire qui vit seul: toutes SPA CHU St Etienne Orset et al Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 La précarité a un nom: les intérimaires (source INSEE 2011) • Concerne : 2,1 millions de personnes qui ont signé 16,8 millions de contrats de mission. • durée moyenne des missions: 1,8 semaine. • En moyenne, les intérimaires sont en mission 2,6 mois dans l’année. • Un intérimaire sur deux a été en mission moins de 1,6 mois dans l’année. • 576 100 intérimaires en équivalents-emplois à temps plein en 2011, (+ 9,3 % / 2010) La hausse de l’intérim a été soutenue dans le secteur de l’industrie (+ 13,9 % en 2011, après + 31,4 % en 2010) et dans la construction (+ 9,1 %, après + 3,4 % en 2010) mais plus contenue dans le tertiaire (+ 3,9 %, après + 12,9 % en 2010). Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Positionnement du médecin du travail face aux SPA Difficultés: Retard réglementaire/ évolution rapide des pratiques (cas du cannabis…), manque de consensus au sein d’un même service sur les CAT, solitude du médecin du travail face à ses décisions, voire « injonctions contradictoires » sociétales: cohérence des attentes sur la fonction?...APTITUDE/PRIORITE EMPLOI… D’où la nécessité d’homogénéiser les pratiques: RECOS/HAS 1) Repérage: Modalités 2) CAT qui en découle: > Postes « ordinaires »: Conseil minimal, accompagnement/climat de confiance, orientation vers le soin > Poste de sécurité: Aptitude= levier spécifique pour un changement de comportement Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Dépistage et gestion du mésusage de substances psychoactives (SPA) susceptibles de générer des troubles du comportement en milieu professionnel: Recommandations (Recos/HAS) R1. Evaluation des connaissances et des pratiques prof, et si besoin formation R2. Repérage des usages, des conséquences et prévention des facteurs professionnels susceptibles d’être impliqués (clinique) R3. Recherche des déterminants collectifs qui interagissent avec des comportements individuels (Conditions de W, habitudes u rituels…) Démarche de prévention primaire et secondaire sur les mésusages professionnels SPA R4. Interrogation régulière sur l’ensemble des SPA. R5. Utilisation de questionnaires validés ; repérage clinique et entretien individuel précédant toujours les autres formes de dépistage R8. Evaluation protocolisée possible par un(e) infirmier(e) en santé au travail préalablement formé(e) (cf réforme de la Med Trav/pluridisciplinarité) R9. Le caractère licite ou illicite de la substance consommée ne doit pas guider l’évaluation R.11. Prise en compte du niveau de risque induit en milieu du travail pour la décision d’aptitude, prise en toute indépendance, Maintien au poste privilégié Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Côté médecins du travail et leurs équipes pluridisciplinaires (IPRP, IDE, Assistante Technique Double approche santé/travail 1) Collective: Sensibilisation, outils, aide rédaction procédures… - Prévention des risques prof susceptibles d’interagir sur les consommations des SPA (mission de conseil) Problème: service inter: 50 à 250 TPE…nécessité de W à mutualiser les moyens…) - Information/ formation (R26) art. L464-3 (R20) 2) Individuelle - Repérage (questionnaires validés) (R2 à R6) - Evaluation des consommations (R7 à R9) - Accompagnement/ Orientation (R7 et s.) - Appréciation de l’aptitude et des restriction art. L4624-1 (R11 et R23) Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, SFMT, Pr Sophie Fantoni Quinton CHRU Lille/CRDP Université Lille2 Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Démarche en SST au niveau individuel 1- Évaluer les usages = poser la question des consommations de SPA et en écouter les modalités et le sens pour le sujet ! (R4) Décrire et analyser les usages et leurs caractéristiques dans leurs relations avec le travail = clinique du travail + des sujets 2- Agir en conséquence sur les facteurs des fonctions professionnelles et auprès des sujets •Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, •Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Le repérage d’une situation à risque (d’après les recommandations de la SFA/SFMT 2013) • Doit engendrer une action de celui qui la repère • Légitimée par la fonction de celui qui repère, et par le cadre dans lequel il agit: Sanitaire, réglementaire, sécuritaire NB: il existe en marge un cadre relationnel: l’acteur du repérage parle en temps qu’individu indépendamment de son statut Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Repérage/Prévention modalités et acteurs SFA 3013 Les SST peuvent intervenir à tous les niveaux: rôle de conseiller de l’entreprise 1) Cadre sanitaire: MW, IDE, AS, psychologue du W…: Modalités: Questionnaires (AUDIT..) +intervention brève Ces formations devraient être intégrées au cursus de formation initiale et continue Objectif: sensibilisation et impact sur les comportements (efficacité prouvée, préconisée par la MILDT) 2) Cadre réglementaire: employeur ou ses représentants Modalités: communication claire: ne rien laisser passer, culture d’entreprise… RI/ noté dans contrat d’embauche, rappels infos régulière (journal interne etc…) Objectif: faire respecter Code du travail, et RI (si existant) Médecin du travail: avis d’aptitude (éviter altération santé travailleurs du fait du travail) article L 46-223 du Code du travail Attention: le respect du RI n’incombe pas au médecin du travail 3) Cadre sécuritaire: ensemble des acteurs de l’entreprise y compris intérimaire, client, intervenants extérieur, Objectif: être capable de repérer une mise en danger de l’individu et/ou de celle des autres >Informer la hiérarchie >Le cas échéant : droit d’alerte ou droit de retrait (danger grave et imminent) 4) Cadre « relationnel: concerne « tout le monde » dans le contexte des relations professionnelles Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 SST: Stratégie de repérage Dr THOMAS-DESESSARTS, SFMT 11 octobre 2013 peut reposer sur 4 éléments : • La consommation déclarée • Les questionnaires • Les signes cliniques d’alerte • Le dépistage biologique Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Stratégie: la consommation déclarée Il s’agit d’une étape fondamentale qui permettra de : • Recenser les SPA consommées • Caractériser les comportements de consommation, leurs modalités et les facteurs de vulnérabilité R4: « Il est recommandé d’interroger régulièrement le salarié sur l’ensemble des substances, y compris les médicaments psychotropes, face à la fréquence des polyconsommations. Dès lors qu’une consommation de SPA est identifiée, il faut envisager la possibilité de consommations associées (avis d’expert). Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Stratégie: les signes cliniques d’alerte « Plus le repérage est précoce, moins les signes cliniques spécifiques d’une SPA seront présents, moins il sera aisé de les rattacher à une consommation C’est la juxtaposition de plusieurs symptômes qui doit alerter le clinicien et faire rechercher l’usage d’une SPA L’examen clinique vise surtout à rechercher des complications L’entretien doit repérer les troubles anxieux, dépressifs, psychotiques ou les troubles de la personnalité » Dr THOMAS-DESESSARTS, Médecin du travail Yvelines Santé Travail Journées de la SFMT • 11 octobre 2013 Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Stratégie: Les questionnaires R5 Il est recommandé d’utiliser des questionnaires validés en santé au travail; le repérage clinique et l’entretien individuel qui l’accompagne doivent toujours précéder les autres formes de dépistage (avis d’expert). R6 Les questionnaires “AUDIT” et “FACE” sont recommandés dans une approche de repérage précoce du mésusage d’alcool (grade B). ex: OH: AUDIT et FACE…. Cannabis: CAST …etc Rôle des infirmières du W, qui doivent être formées en addictologie Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Repérage: Cadre sanitaire (SST) 1) Mésusage (à risque/nocif): intervention brève/risques encourus +/- orientation si besoin (nécessité w en réseau) 2) Dépendance: orientation accompagnement PEC spécialisée: MT, psy, addictologue + Évaluation par le Médecin du Travail de mise en place d’une surveillance médicale dans le cadre d’un soutien complémentaire à la PEC spécialisée NB: la démarche est identique quel que soit la SPA, licite ou non, idem pour le mésusage de médicaments psycho-actifs Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Repérage: cadre réglementaire • Fonction du médecin du travail: Appliquer le code du travail • La décision d ’aptitude doit toujours être proportionnelle au risque encouru • Objectif: protéger la santé et la sécurité du salarié et de son entourage dans le cadre du travail mais aussi: favoriser le maintien dans l’emploi ou l’insertion professionnelle … Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Repérage: cadre sécuritaire Selon le niveau de dangerosité pour le salarié ou son entourage: - aptitude avec aménagement de poste - Aptitude avec restriction - avis d’inaptitude temporaire (orientation du salarié vers soins spécialisés + AM) - Recommandation SFA: « en cas de mésusage, le médecin du travail doit analyser si celui-ci a entrainé un risque professionnel »…ou pas… Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Place du dépistage biologique Dans le cadre et respect de la réglementation……(code du Travail) Arrêté du 11 juin 2013: déterminant la liste des tests, recueils et TTT de signaux biologiques qui ne constituent pas un examen de biologie médicale, les catégories de personnes pouvant les réaliser et les conditions de réalisation de certains tests , recueils et traitements de signaux biologiques Rappel: Un dépistage positif ne renseigne pas sur l’importance de la conduite addictive Positionnement Comité consultatif national d’éthique Journée SFMT 11 octobre 2013, INRS > Avis n° 114 (mai 2011) > Dépistage médical de l’usage de produits illicites et de l’alcool > Postes ou Fonctions de sûreté et de sécurité > Postes de travail où « une défaillance humaine, ou même un simple défaut de vigilance peut entraîner des conséquences graves pour soimême ou pour autrui » Inscription au règlement intérieur et sur les contrats de travail Privilégier Tests Urinaires ++/salivaires Attention Faux positifs: 11 à 16% Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Quelle pertinence pour des Dosages sanguins? hormis les marqueurs biologiques sanguins (indirects + BH+ CDT) pour les cas de mésusage ou dépendance à l’alcool, Le dosage sanguin n’a pas sa place en matière de prévention en médecine du travail Concernant les 2 stupéfiants quantitativement les plus répandus en milieu professionnel: Cannabis: aucune relation entre effet (sur la conduite automobile) et concentration de THC dans le sang. Pascal KINTZ CocaÏne : La concentration plasmatique des métabolites est mal corrélée aux effets psychotropes et dépend de la voie d'administration « La présence d’un stupéfiant et de ses métabolites correspond à une consommation récente. L’urine est le milieu de choix pour rechercher la consommation de SPA. La présence d’un composé dans la salive permet de conclure à la présence dans le sang. L’analyse segmentaire des cheveux devrait permettre d’établir un calendrier rétrospectif de consommation » SFA 2013 Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Enquête transversale « Place du médecin du travail de service inter-entreprises dans le parcours d’un salarié souffrant d’addiction : limites actuelles et perspectives » DESC Dr Jean-Samain, 2012 • Objectifs Préciser le rôle actuel, et potentiel, du médecin du travail dans le parcours des salariés addictifs: Evaluer l’impact d’une démarche collective (information/ sensibilisation) sur la prise de décision d’une démarche de soins. • Matériel et méthode Enquête transversale à visée descriptive Recueil de données via un auto- questionnaire Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 LE TRAVAIL 1) Profession Hommes (n= 119) Femmes (n= 34) cadre cadre 3% 6% 1% 3% 31% 9% étudiant mère au foyer 30% ouvrier 57% 60% ouvrière prof intermédiaire prof intermédiaire NC • 23% :poste de sécurité Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 2) Statut professionnel actuel Hommes Femmes retraité 6% retraité 4% NC 6% RSA 6% RSA 9% CDI 29% CDI 35% arrêt maladie 14% arrêt maladie 9% AAH 9% invalide 17% chômage 15% AAH 5% W précaire 3% invalide 14% Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 chômage 12% W précaire 7% Lien direct de l’addiction avec le travail Hommes 53% 47% 45% Femmes 37% 18% 0% oui non Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 autre réponse Lien addiction avec le travail suite (détail) 30% 25% 20% 15% 10% Hommes Femmes 5% 0% • pas de différence significative entre les hommes et les femmes sur les réponses aux items « conflits et harcèlement » et « chômage » (respectivement p > 0,7 et p > 0,3 au test du Chi2). Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Impact si réalisation de « tests » / postes à risque (+VL) (n=153) 67% 59% Hommes Femmes 29% 24% 21% 6% oui non Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 NC Impact si réalisation de « tests » / postes à risque (+VL), détail Hommes 35% 35% Femmes 32% 24% accélération décision soin modif comportement uniquement en période de dépistage Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Opinions pour de telles pratiques 70% 60% 50% 40% Hommes 30% Femmes 20% 10% 0% c'est normal pas normal sans opinion NB: 3/119 hommes ont répondu normal et pas normal (total 102%) Ambivalence ou erreur?... Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 NC Sondage… (n=153) • 84% des hommes et 82% des femmes sont favorables aux contrôles d'alcool/drogues au volant…… • Pourtant… des comportements au volant…. ( résultats proches si comparaison par SPA) Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Conduites catastrophiques!... (n=153) Conduite sous l’emprise du produit 47% Hommes 44% Femmes 24% 17% 12% 15% 17% 12% 3% souvent (1 à plurihebdo) mensuel rarement (1 à 2/an) 8% jamais Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 NC Rappel/accidentologie En France OFDT 2011 > 20% des AT en lien avec les SPA (alcool) et jusqu’à 30% des AT mortels NB: AVP mortels/2 depuis 10 ans, Mais nombre absolu en lien avec OH stagne (30%) Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Et au travail?...(n=153) • C’est Pire!!! • Consommation régulière (sem/mois) ↗ 18% pour les femmes: 74% ↗ 6% pour les hommes: 70% NB: Pas de différence significative si classification par SPA: OH=76% /polydépendants= 65% (p>0,1) Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 GESTION DES TROUBLES COMPORTEMENTAUX AIGUS ET/OU COGNITIFS Cf R.24. suite… Protocole d’organisation des secours établi par l’employeur prévoyant : . De ne pas laisser le salarié seul . De toujours solliciter un avis médical . Pas de raccompagnement sans autorisation médicale préalable . Etablir un rapport écrit sur les faits et les modalités de gestion de l’évènement ; . Prévoir des modalités de gestion de la post-crise par l’encadrement ainsi que la sollicitation du médecin du travail Ref: Jeannin J.P., Vallette J.F, et al Gérer le risque alcool au travail. Edition Chronique Sociale : Lyon 2003, 391p Dr Colette Budan-SSTRN-Nantes Pour le Dr Antoine Gerard C.H.Emile ROUX 43000 Le PUY en Velay [email protected] Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Au total Le médecin du travail est un acteur clef dans le dispositif de prévention et dans le repérage de SPA 1) Au niveau collectif: rôle de conseil et d’accompagnement auprès de l’employeur pour initier une politique claire et structurée vis-à-vis des SPA Ex: aide à la rédaction du RI, Etablissement de protocoles (CAT/ procédures d’urgences, procédures CAT managers etc… »boites à outils » Accompagnement au changement : sensibilisation/formation de la hiérarchie pour développer une culture commune de santé sécurité au travail, et qui doit concerner TOUT le personnel. (ex: pots sans alcool, exemplarité de l’encadrement, pas d’entorse au RI etc…) 2) Au niveau individuel: repérage, et PEC si besoin, orientation vers spécialiste, accompagnement du salarié. IL doit veiller au maintient de la sécurité de chaque salarié sur son poste, ainsi que celle de son entourage Le médecin du travail est une « sentinelle », qui doit pouvoir dire STOP si risque de mise en danger du salarié ou de son entourage professionnel Le « NON » est aussi un acte thérapeutique Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Cas Cliniques • Caractéristiques: • Patients connus (consultations hebdomadaires ou tous les 15j) et actuellement pris en charge • Tous sont en activité professionnelle maintenue et de longue durée (sauf le cas 5, inactif au départ, dont l’évolution favorable et l’adhésion à la PEC va permettre une reprise du W) • Tous peuvent être considérés comme aptes, sous réserve du maintien de ce suivi avec alliance thérapeutique Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Cas clinique 1: Méthadone Mr A… 36 ans: suivi depuis 2009 Centre Méthadone du CHU : actuellement substitué à 150 mg/jour • ATCD: VHC + TTTBithérapie Interféron + Ribavirine en 2000 (CHU, HGE) • Cirrhose mixte alcoolique et post virale hépatite C • Chirurgie de l’œil droit opéré à 5 reprises en raison d’un explosif • • • • • Consommations: Héroïne de 18 à 30 ans sniffée et injectée. 6g/jour. (Puis Topalgic prescrit par MT) Alcool: 2l/j bières fortes+ Cocaïne: stop depuis 1 an environ Méthadone pendant 1 an en Russie de 23 à 24 ans. (Essai Subutex pendant 3 semaines, stop car mal toléré, relais Méthadone au centre Hauquelin) HDM: Dit être réfugié politique. Russe arrivé en France en 2006. 1 fils né d’une union en Russie. Vit en couple, marié 1 autre enfant. (Dit à sa femme que TTT MTD est en lien avec son hépatite C). A toujours était réticent à évoquer sa biographie Patient au début sthénique parfois agressif dans un contexte anxieux, de prises d’alcool (bière forte 2à 2,5l/J) et de cocaïne. Suivi émaillé de nombreuses surconsommations et de difficultés à honorer ses RDV. TRAVAIL Niveau BEP. A travaillé dans une décharge comme éboueur, puis manutentionnaire. Actuellement stabilisé: stop alcool et autres toxiques, inséré socialement, honore tous ses RDV, W dans un garage comme préparateur en voiture en CDI depuis 11 ans. APTE Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Cas Clinique 2: Méthadone + cocaïne Mr B… 33 ans, TTT Méthadone depuis 2009 actuellement substitué à 60 mg/jour ATCD: chirurgicaux : Fracture clavicule (broche) à l’âge de 16 ans. Hernie inguinale droite enfant Sérologies négatives. HDM: Adressé au Centre par l’AREPI L’Etape (association régionale pour la Réinsertion), en 2011. Sous main de justice. Suivi par le SPIP pendant 2 ans. Arrêt du suivi début février 2014. 3 incarcérations pour trafic stupéfiants (au total 36 mois). Consommations: Cannabis de 16 à 18 ans, dit que cela le rendait parano. Ecstasy, LSD et cocaïne à l’âge de 18 ans Puis héroïne sniffée jamais injectée. Rechute en 2010 (Méthadone trop baissée) Pas d’alcool. Tabac 20 cigarettes/j A longtemps consommé héroïne le WE à titre festif: stop récent (1 an) Actuellement: Conso cocaïne « festive » le we toujours active Travail: Niveau BEP. Cariste en CDI Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Cas clinique 3: Méthadone Mr C…. 52 ans TTT Méthadone depuis 2001( récemment: délégation prescription MT) ATCD: RAS Consommations: Début des consommations à l’âge de 28 ans. Haschich et héroïne sniffée 1g5/J jamais injectée puis Dicodin 10 cps/J. Cocaïne très occasionnellement. Echec de sevrage antérieur. Pas d’autre dépendance à un produit hormis un peu de tabac (5 cigarettes par jour). HDM: Marié, un enfant Incarcéré une fois pour détention et usage de drogue. Epouse pas informée de son traitement ni son médecin traitant. Travail: Bac techno. en CDI comme prestataire en contrôle radioprotection dans le nucléaire. (déplacement professionnels nécessitant aménagements RDV). Patient compliant et bien intégré socialement. APTE Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Cas clinique 5: Co-doliprane+cannabis Mr E…. 51 ans ATCD: accident domestique 2009: Amputation P1 pouce G 2009 (disqueuse) HCV + guérie (contrôle fin 2013) Consommations: Cannabis depuis l’âge de 15 ans : actuellement 8 à 10 joints/j Héroïne IV de 1982 à 1994, puis bascule sur Co-doliprane: 25 cp/j HDM: Marié 3 enfants. A perdu sa mère à 15 ans, début des consos Travail: Electricien, a toujours W jusqu’en 2009: inapte/accident: perte pince polici-digitale Projet actuel: conducteur Bus, formation (ne veut pas rester inactif) CAT: double sevrage Opiacés + cannabis Actuellement: TSO efficace, a réduit +++ cannabis (1 joint/j) Patient compliant et motivé: il a un OBJECTIF, sait qu’il va avoir des contrôles au W… Dr Jean-Samain CHAI/CHU Grenoble, Société de Médecine du Travail Dauphiné Savoie 14 novembre 2014 Je vous remercie pour votre attention Des questions?