Politique monétaire non conventionnelle des pays
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Politique monétaire non conventionnelle des pays
« Politique monétaire non conventionnelle des pays développés : un univers conceptuel différent » Jean-Claude Trichet, ancien Président de la Banque centrale européenne, « Cercle Convictions » du 4 avril 2013 L’analyse de la politique monétaire des banques centrales et ses répercussions sur l’économie réelle et les marchés financiers constitue la pierre angulaire de la stratégie d’allocation d’actifs de Conviction AM. Pour mieux percevoir encore les stratégies des grandes banques centrales à l’heure où elles sont toutes à la manœuvre pour soutenir l’économie de leurs pays respectifs, le Cercle Convictions a reçu, le 4 avril dernier, Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE). Il a consacré son intervention aux «Politiques monétaires non conventionnelles des banques centrales des pays développés». Pour Jean-Claude Trichet, on constate depuis la crise financière de 2007 un vecteur commun à ces banques centrales : un accroissement spectaculaire de la taille de leur bilan. Ainsi l’augmentation du bilan de la BCE et de la Banque du Japon représente 10 à 13% du PIB de la zone euro et de l’archipel nippon, alors que ce chiffre oscille de 15% à 20% pour la Réserve Fédérale et la Banque d’Angleterre. financiers tandis que la BCE concentre une part importante de ses interventions à la liquidité et la solvabilité des banques qui au sein de la zone euro assurent 80% des besoins de financement de l’économie par le crédit. Jean-Claude Trichet ancien Président de la Banque centrale européenne (Photo : Sciences Po) La BCE applique le principe de séparation entre la politique Les modalités d’interventions non monétaire conventionnelle et non conventionnelles des banques centrales conventionnelle sont diverses en fonction des contraintes qui pèsent sur elles et des spécificités du financement de l’économie réelle qui leur sont propres. A cet égard Jean-Claude Trichet cite deux exemples. La Fed injecte des liquidités via des rachats de bons du Trésor ou de titres de créances négociables car le financement de l’économie passe à 80% par les marchés Jean-Claude Trichet estime que l’univers conceptuel des banques centrales dans leurs stratégies de politique monétaire non conventionnelles se décompose en deux approches distinctes : celle de la BCE et celle des autres banques centrales. La BCE a privilégié depuis le début de la crise financière de 2007 le principe de séparation entre l’activation de la politique monétaire standard et la politique monétaire non conventionnelle. Selon ce principe, la BCE pilote ses taux directeurs pour assurer la stabilité des prix, ancrer les anticipations d’inflation dans l’objectif cible légèrement inférieur à 2% ou éviter les anticipations de déflation. La politique monétaire non conventionnelle est pour sa part motivée par un mauvais fonctionnement des marchés qui entrave la transmission de la politique monétaire traditionnelle. La BCE a lancé ces premières mesures dès le 9 août 2007 au début de la crise des subprimes lorsque le marché interbancaire s’est retrouvé totalement asséché. Ce jour-là la banque centrale a fourni des liquidités à 24 heures aux banques sans limitation de montant mais avec mobilisation de collatéraux. En une journée les banques ont sollicité 95 milliards d’euros. Depuis, la durée des allocations de liquidités a été allongée progressivement, avec des opérations de refinancement hebdomadaires, à trois mois et à six mois. Elle a même atteint jusqu’à 3 ans lors du lancement des deux opérations de refinancement à long terme (LTRO) de décembre 2011 et février 2012. Pour Jean-Claude Trichet la mise en œuvre de mesures de politique monétaire non conventionnelles doit être dosée avec minutie à la mesure du dysfonctionnement dans la transmission de la politique monétaire. Il ne faut pas se montrer trop parcimonieux mais ne pas à l’inverse inonder de liquidités, ce qui poserait des problèmes lors de l’arrêt de ces mesures. Et surtout il faut faire en sorte que le temps accordé aux bénéficiaires de la liquidité ne soit pas gaspillé. Tous les acteurs de la sphère économique, banques, non-banques, doivent poursuivre leur assainissement. Les Etats doivent continuer le redressement de leurs finances publiques et affirmer par là-même la crédibilité de leurs signatures et de leurs politiques budgétaires. Et ces principes valent aussi bien pour la zone euro, qu’aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon. Pour la Fed les mesures non conventionnelles prennent le relais des taux directeurs à zéro Mais le tronc commun s’arrête là. En effet, la conception dominante dans la conduite des mesures de politique monétaire non conventionnelles n’est pas celle de la BCE mais celle des autres grandes banques centrales, à commencer par la Fed. Là, il ne s’agit plus du principe de séparation entre les mesures standard et non-standard. On ramène d’abord les taux directeurs de la banque centrale à zéro ou proche de zéro. S’il n’y a plus de marge de manœuvre pour une baisse des taux directeurs, les mesures non conventionnelles prennent le relais. Ces deux approches sont étroitement liées, et elles impliquent que pour prendre une décision de hausse des taux directeurs, il faut être sorti des mesures non conventionnelles. Pour Jean-Claude Trichet, cet univers est plus contraint alors que celui de la BCE est plus souple et permet de moduler les deux approches Convictions AM 15 bis rue de Marignan 75008 Paris sans impacter la politique monétaire conventionnelle. Philippe Delienne, Président de Convictions AM et Jean-Claude Trichet, ancien Président de la Banque centrale européenne Sur un point bien précis, l’impossibilité pour la BCE de racheter des titres d’emprunts d’Etat sur le marché, JeanClaude Trichet s’inscrit en faux. Il a rappelé qu’en mai 2010 et juillet-août 2011, à des périodes de pic de la crise de la dette souveraine européenne, la BCE avait bel et bien acquis de la dette souveraine sur le marché secondaire. Il a de plus indiqué que la crédibilité de la BCE lui avait permis de mettre en place le programme OMT en septembre 2012 en annonçant le rachat pour un montant illimité de titres d’Etat à court terme dès qu’un pays aurait fait appel au Mécanisme européen de solidarité (MES) en respectant des conditionnalités d’ajustement budgétaire et économique. Jean-Claude Trichet est de plus convaincu que la BCE peut se mobiliser à tout moment pour éviter un risque catastrophique tel que la sortie d’un pays de la zone euro ou une crise systémique. de la crise d’adaptation structurelle des pays avancés, Jean-Claude Trichet relève six raisons essentielles à cette situation : le non-respect du Pacte de stabilité et de croissance par l’Allemagne, la France et l’Italie ; la faiblesse de la surveillance des indicateurs de compétitivité, des conséquences des déficits de la balance des paiements courants, des déséquilibres internes et externes. A cela s’ajoutent l’absence d’Union bancaire et de mécanisme de gestion de la crise, le coup de frein aux programmes de réformes structurelles, le manque de finalisation du marché unique dans les services en particulier. Sur tous ces points, les diagnostics ont été faits. Ils ont conduit les dirigeants européens à prendre des décisions, mais sur les réformes structurelles on en est encore au stade des résolutions. Jean-Claude Trichet plaide pour un processus de décision plus rapide et plus audacieux. A terme la zone euro regroupera 25 pays. Il faut donc mener à bien l’instauration de la gouvernance économique et budgétaire de la zone euro. Dominique Mariette Conseillère de Philippe Delienne Retrouvez la vidéo de l’intervention de Jean-Claude Trichet sur notre site Internet : www.convictions-am.com Concernant la crise de la dette souveraine en zone euro, qui est devenue l’épicentre Tél : +33 (0) 1 70 37 39 50 www.convictions-am.com • [email protected] Agrément AMF : GP08000033 • 494 909 906 RCS PARIS B Le présent document est fourni à titre d’information et ne présente aucun caractère contractuel. Les informations contenues dans ce document sont remises uniquement à titre d’information et ne sauraient constituer une information contractuelle ou légale. Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures.