Recommandations lors du couchage du nourrisson
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Recommandations lors du couchage du nourrisson
Fiche Fiche à paraître Voyager avec un enfant é n u a e v u o n Soins au Recommandations lors du couchage du nourrisson Mélissa Brocharda(Infirmière puéricultrice), Estelle Billardb(Infirmière puéricultrice), Sara Monfortc,* (Infirmière puéricultrice) a Réanimation, soins intensifs et pédiatrie néonatale, hôpital Robert-Debré, AP-HP, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris, France b Service pédiatrie et néonatalogie, centre hospitalier de Châteauroux, 216, avenue de Verdun, 36000 Châteauroux, France c Réanimation et pédiatrie néonatale, maternité Port-Royal, 123, boulevard de Port-Royal, 75014 Paris, France *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Monfort). L’arrivée d’un enfant est un bouleversement dans la vie d’un couple. Les nouveaux parents peuvent se sentir démunis face à cette nouvelle responsabilité. La question du couchage est une question fréquente, et le rôle de l’infirmière puéricultrice y est déterminant. 37 ØLa mort inattendue du nourrisson (MIN) correspond à « la mort survenant brutalement chez un nourrisson alors que rien, dans ses antécédents connus, ne pouvait le laisser prévoir » [1]. Elle se produit pendant le sommeil des enfants âgés de 0 à 2 ans. ØActuellement, en France, elle est responsable de 250 à 450 décès par an [2]. Par conséquent, elle constitue une des principales causes de mortalité du nourrisson. La MIN regroupe les morts expliquées, liées à une cause naturelle ou violente, et les décès restant inexpliqués malgré les examens complémentaires post mortem. Ce sont ces derniers que l’on nomme “mort subite du nourrisson” (MSN). ØLe processus responsable de la MIN n’est pas clairement identifié. Différents événements physiopathologiques peuvent s’enchaîner (spasmes laryngés, apnées, asphyxies, troubles du rythme cardiaque, convulsions, etc.) et s’associer à certains facteurs de risques conduisant à l’arrêt cardiorespiratoire. ØCes facteurs sont de trois ordres : • individuels : elle demande une surveillance accrue lors des six premiers mois de la vie, a une prédominance masculine, et accentue son risque en cas de prématurité ou d’hypotrophie néonatale) ; • familiaux : précarité socio-économique, antécédent dans la fratrie, pathologies familiales) ; • environnementaux : comme le portage inadapté, le © Kzenon - Fotolia.com Mort inattendue du nourrisson : mécanisme et facteurs de risque L’allaitement maternel est l’un des facteurs protecteurs contre la mort inattendue du nourrisson. cosleeping, le tabagisme ante- et postnatal ou le mode de couchage en décubitus ventral et latéral, avec, à noter, un pic en période hivernal. ØChez le nourrisson, la maturation des grandes fonctions étant incomplètes durant les premiers mois de vie, la vulnérabilité est plus grande : 90 % des décès se produisent avant l’âge de 6 mois, avec un pic entre 2 et 4 mois [3]. ØBénéfique pour la santé du nourrisson, l’allaitement maternel et la couverture vaccinale représentent des facteurs protecteurs. De plus, des études récentes ont démontré que les nourrissons ayant une tétine auraient un risque moindre de MIN [4]. Cahiers de la puéricultrice ● Octobre 2015 ● n° 290 © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés http://dx.doi.org/10.1016/j.cahpu.2015.08.008 ❯❯❯ © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 22/10/2015 par MORINAY MYRIAM (726365) Fiche é n u a e v u o n Soins au 388 ØLa MIN constitue un enjeu de santé publique depuis la circulaire ministérielle du 14 mars 1986 [5]. Ainsi, il incombe à chaque professionnel de santé de la petite enfance d’assurer la prévention de la MIN auprès des parents et de leurs pairs. ØSelon l’enquête nationale 2007-2009 de l’Institut de veille sanitaire (InVS) [3], les modalités de couchage et les facteurs de risque jouent un rôle considérable dans le nombre de décès des MIN. La prévention consiste donc à transmettre et véhiculer les recommandations en vigueur, que ce soit au sein des services de maternité, de néonatalogie, de pédiatrie ou de protection maternelle et infantile (PMI), sans oublier les lieux d’accueil des jeunes enfants. Ces recommandations en vigueur sont celles, inchangées, émises par la campagne de prévention de 1992. ØL’association Naître et Vivre, en accord avec la Société française de pédiatrie (SFP) insiste sur trois points concernant le couchage, dans ses recommandations : • une position de couchage adaptée pour le sommeil (sauf prescription médicale, toujours installer le nourrisson sur le dos) ; • une literie minutieusement choisie (matelas ferme, absence de peluches, d’oreillers, de tours de lit, d’objets mous ou imposants dans le lit, installer l’enfant dans une gigoteuse) ; © Rui Vale de Sousa – Fotolia.com Réglementation et rôle du soignant Sauf prescription médicale, le nourrisson doit toujours être installé sur le dos. • un environnement direct assaini (température de la chambre entre 18 et 20°C, possibilité de partage de la chambre parentale, mais durant les premiers mois, lutte contre le tabagisme passif avant et après la grossesse). ØEn dépit des controverses de l’opinion publique, la modification des habitudes de couchage a fait ses preuves : une chute du taux de MIN dès 1993 a été constatée, chute estimée à 75 % en 2010 [2]. La France demeure malgré tout parmi les mauvais élèves de l’Union européenne (UE). Pour en savoir plus Références [1] HAS. Prise en charge en cas de mort inattendue du nourrisson (moins de deux ans). http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_533467/fr/prise-encharge-en-cas-de-mort-inattendue-du-nourrisson-moins-de-2-ans [2] Association Naître et Vivre. Statistiques des MIN en France : enquête InVS (2007-2009). http://naitre-et-vivre.org/enquete-de-linvs-sur-les-min/ [3] Bloch J, Denis P, Jezewski-Serra D. Les morts inattendues du nourrisson de moins de 2 ans – Enquête nationale 2007-2009. http://www.invs.sante.fr/ publications/2011/morts_nourrissons/morts_inattendues_nourrissons.pdf [4] InVS. Morts inattendues du nourrisson. Bull Epidemiol Hebd. 2008;3-4. http://www.invs.sante.fr/beh/2008/03_04/beh_03_04_2008.pdf [5] Circulaire n° DGS/225/2B du 14 mars 1986 relative à la prise en charge, par les établissements d’hospitalisation publics, des problèmes posés par la mort subite du nourrisson. http://portail-web.aphp.fr/daj/public/index/print/ id_fiche/3374 • Briand-Huchet E. Mort inattendue du nourrisson : accueil, bilan, accompagnement et prévention. [Cours]. Paris: École de puériculture de la FHSM; 2014. • Coll. La mort inattendue du nourrisson. Cahiers de la puéricultrice. 2015;289:11-24. • De Ajuriaguerra M, Lefevre-Ledoux S, Missonnier L. La mort subite du nourrisson. In: Chevallier B, Gassier J, Saint-Sauveur C, Guises E. Le guide de la puéricultrice. Issy-les-Moulineaux: Elsevier Masson; 2010. p. 706-9. • Inpes. Parents, enfants, les premiers ajustements. Fiche action n°15. Mai 2010. http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1310-3o.pdf • Réseau Périnatalité. Périnatalité en France. http://www.perinat-france.org • Société française de médecine d’urgence. http://www.sfmu.org Déclaration d’intérêts. Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d’intérêts en relation avec cet article. Cahiers de la puéricultrice ● Octobre 2015 ● n° 290 ❯❯❯ © 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 22/10/2015 par MORINAY MYRIAM (726365)