la mort subite du nourrisson - Collège National des Sages
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la mort subite du nourrisson - Collège National des Sages
TROISIEME PARTIE Sage-femme et santé de l’enfant : quelle contribution ? B- La mort inexpliquée du nourrisson Terminologie En 2008, le terme médical français est MSIN pour mort subite inexpliquée du nourrisson, et en 2009, MIN pour mort inattendue du nourrisson. Définition La mort subite ou inexpliquée du nourrisson est définie comme le décès subit et inattendu d’un nourrisson de moins d’un an, en parfaite santé et dont la mort demeure inexplicable après investigations approfondies. Dans 90 % des cas, le décès survient chez le nourrisson entre 2 et 4 mois avec un sex-ratio garçon/fille de 1,6. C’est un diagnostic d’exclusion qui répond à des critères stricts : absence de signes ou d’explication après investigation du lieu du décès et après autopsie selon un protocole 1 précis. Données épidémiologiques La mort subite inexpliquée du nourrisson reste une cause importante de décès du nourrisson après la période périnatale. On recense 250 à 300 cas par an en France, soit 0,5 à 0,7 pour 1000 nourrissons. Si on ignore la ou les causes de la mort subite du nourrisson on en connaît les facteurs de risque. Tableau 1 : Evolution de l’incidence de la MSN en France Nombre de décès par MSN en France enfant de moins d'un an Sexe masculin 1464 943 521 1991 1291 828 Sexe féminin Total 1133 880 463 717 416 569 311 1992 1993 1994 538 339 199 451 281 170 360 217143 156 91 247 1995 1996 1997 2005 1 Beckwith [1] a proposé en 2003 une classification en 3 catégories pour les recherches et les statistiques avec exclusion des décès dans la période périnatale immédiate. 1 En France l’incidence de la mort subite du nourrisson a diminué de 83 % de 1991 à 2005, et est passée de 1,9 p. 1000 à environ 0,6 p. 1000 naissances vivantes suite à l’application des recommandations de prévention dont la principale est le couchage du bébé sur le dos. Facteurs favorisants, facteurs de risques Si les étiologies restent mal connues, les recherches mettent en évidence : - une origine respiratoire par déficience des différents sites respiratoires tels les barorécepteurs périphériques, chémorécepteurs centraux, centres de contrôle cérébraux, voies aériennes supérieures et inférieures. - une origine vagale par excès d’acétylcholine stimulant excessivement le nerf vague à l’origine de bradycardie mortelle - une anomalie des neurones sérotoninergiques - plus récemment, les études sur le déficit en MCAD (cf 2eme partie C) attribuent 20% des MSN à cette maladie métabolique. Parmi les facteurs de risque, retenons : Facteurs pré - et périnataux Tabagisme et/ou consommation d’opiacés chez la mère Petit poids de naissance Prématurité Environnementaux Position de couchage sur le ventre ou le côté Tabagisme passif et exposition in utero au tabagisme maternel Partage du lit ou co-sleeping Hyperthermie, chambre surchauffée Lit et literie inadaptés Période hivernale Depuis la recommandation de couchage des nourrissons sur le dos, des études récentes soulignent le risque du tabagisme maternel, proportionnel à la quantité de cigarettes inhalées. Cet effet dose persiste après ajustement d’autres variables comme l’âge de la mère, la parité, le niveau socio-économique, la position pendant le sommeil et le type d’allaitement. Le bénéfice de l’arrêt du tabac a été mis en évidence par l’étude de WISBORG montrant que le risque de mort-nés et de décès de nourrissons chez les mères fumeuses ayant arrêté de fumer au cours du 1er trimestre était comparable à celui des femmes non fumeuses. Les vaccinations ne seraient pas en cause, tandis que l’usage de la tétine pendant le sommeil serait un facteur de protection. Prise en charge des parents et/ou de la famille Elle débute dès l’accueil de l’enfant. L’anamnèse du décès, la justification des examens, le recueil de l’autorisation pour l’autopsie, puis la transmission des résultats de ces examens en sont les premières étapes. Ces entretiens menés si possible par le même médecin permettent de recueillir les éléments du dossier médical, de connaître la famille, la fratrie, d’aider et conseiller les parents pour les formalités administratives, mais surtout d’entendre leur ressenti (culpabilité, détresse, chagrin) de leur proposer un suivi psychologique si nécessaire, d’indiquer les coordonnées d’associations de parents. 2 Les relations établies ouvrent aux familles la possibilité de solliciter ultérieurement des conseils pour un projet de grossesse. S’il n’y a pas de facteur de risque particulier pour l’enfant à naître,lorsque le décès est survenu en l’absence d’antécédent familial, de pathologie malformative, d’anomalie préalable du développement psychomoteur et staturopondéral, de cause organique identifiée, il n’y a pas lieu de prévoir d’examens complémentaires si la grossesse et la naissance se déroulent normalement. Quelles recommandations donner aux mères et/ou aux parents ? Les premières recommandations furent émises par l’American Academy of Pediatrics (AAP) en 2005 [14], et par le Ministère de la Santé du Royaume Uni en 2005. Il n’existe pas de recommandations officielles françaises émises par la HAS ou le Ministère de la Santé français. Ne pas fumer pendant la grossesse. Le tabagisme actif et passif pendant la grossesse ressort de presque toutes les études épidémiologiques comme un facteur de risque important. Références bibliographiques - J. BLOCH, P. DENIS, D. JEZIEWSKI-SERRA Les morts inattendues des nourrissons de moins de 2 ans. Enquête nationale. Institut de Veille Sanitaire 2007-2009 - M. DESURMONT, C. SCHEPENS Liens entre la mort subite du nourrisson et l’exposition in utero au tabagisme Journal de Gynecologie Obstetrique et Biologie de la Reproduction Volume 34, Hors série n°1, 2005, 3S223-3S229. - M. DELCROIX La grossesse et le tabac Edition Que sais-je ? 1ère édition 2001, mai, 127p. - J. GASSIER, C. SAINT SAUVEUR DE Le guide de la puéricultrice. Prendre soin de l’enfant de la naissance à l’adolescence. 3e édition Edition Masson 2007 800p - Croix-rouge française Le guide qui protège les enfants et les nourrissons Nouvelle édition. Edisanté 2009 401p. 3