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6 AGEFI Luxembourg Septembre 2013 Economie/Banque «L’onshorisation» en pratique: une séquence en trois étapes Par Gilles STURBOIS, directeur ATOZ L a transparence imposée aujourd’hui par certaines évolutions réglementaires étrangères impacte déjà massivement l’industrie de la banque privée à Luxembourg. Il s’agit d’une tendance irréversible qui nécessite une évolution significative du «business model» de cette industrie, longtemps fondé sur la discrétion. Du fait de ce changement, les banques privées luxembourgeoises devront faire évoluer leur offre de services et corrélativement aligner leur «outil de production» sur celui de leurs concurrentes européennes. Cela implique pour elles de se doter d’un système d’informations adapté pour gérer l’ensemble des problématiques commerciales, juridiques et fiscales découlant de cette nouvelle transparence. Au préalable de cette transformation, une revue du fonds de commerce de ces établissements s’impose comme un préalable indispensable. Nous vous proposons ci-après un guide pratique de l’onshorisation telle que nous l’anticipons. Celle-ci passe (i) par la régularisation massive des avoirs des clients encore à ce jour non déclarés. Nous nous concentrerons en particulier sur la récente cellule de régularisation française. (ii) Nous listerons les évolutions nécessaires des systèmes de reportings des banques. (iii) Enfin, nous nous livrerons à une réflexion générale sur les opérations de structuration patrimoniale encore envisageables pour la place luxembourgeoise. A. La régularisation des actifs: l’exemple français La première démarche à opérer pour une banque privée est à notre sens d’organiser la revue complète de son fonds de commerce, et ce, afin d’identifier de manière certaine les clients disposant d’actifs offshores. Pour des clients non déclarants et identifiés comme tels, la banque devra se poser la question de sa volonté de perpétuer une relation commerciale avec un client dont elle sait de manière certaine qu’il n’est pas à jour de ses obligations fiscales. En effet, de nombreux pays européens et non européens se dotent aujourd’hui d’un arsenal réglementaire répressif en matière de lutte contre la fraude fiscale. Par ce biais, certaines administrations étrangères pourront à terme incriminer les dirigeants des banques ayant permis à leurs clients de dissimuler des actifs à des fins fiscales. La France est un bon exemple de ce phénomène avec l’adoption prochaine d’un «projet de loi relatif à la lutte contre la fraude fiscale». Ce projet incorpore une notion de fraude fiscale en bande organisée. Un tel dispositif devrait permettre à l’administration fiscale française de poursuivre l’ensemble des L intervenants ayant participé à la dissimulation d’actifs, incluant les banquiers et les conseils des clients indélicats. Les risques pénaux et fiscaux encourus dans ce cadre appellent aujourd’hui les banques de la place à profiter de l’opportunité de la cellule de régularisation ouverte par la circulaire du 21 juin dernier en sensibilisant leurs clients résidents français à ce dispositif. Si cette cellule ne constitue pas une amnistie fiscale(1), les sanctions les plus lourdes peuvent être limitées(2) dans de nombreux cas. Si la précédente cellule dite de «dégrisement» n’a pas eu le succès escompté par l’administration française (3500 dossiers traités au total en 2009 et 2010), la nouvelle mouture semble attirer de nombreux candidats selon nos informations. En effet, déjà 1100 candidats ont été annoncés par l’administration fiscale française après la parution de la circulaire. Les conseils fiscaux français semblent également constater une explosion des demandes de régularisation, en particulier de la part de clients disposant d’avoirs dans des banques suisses. Il nous semble essentiel pour les établissements luxembourgeois de prendre rapidement le train en marche. L’administration fiscale française a encore peu de ressources pour gérer ce processus et il n’est pas impossible qu’un goulot d’étranglement se crée du fait de l’afflux des demandes. Or, plus vite la cellule aura été approchée et plus vite la régularisation pourra être effectuée et les actifs, devenus «onshores», pourront être gérés / structurés par les banquiers conseils. Le facteur temps est d’autant plus important que la France met en place des dispositifs de plus en plus répressifs en matière de fraude fiscale et que rien n’indique une inversion de cette tendance. Il est donc stratégique pour les banques de se doter de conseillers expérimentés dans ce domaine très spécifique. Des professionnels ayant déjà connu la précédente cellule et connaissant parfaitement des rouages de l’administration fiscale sont susceptibles de gérer cette problématique au mieux des intérêts des banques et de leurs clients candidats à la régularisation. B. La mise en place de reportings fiscaux La régularisation des actifs suppose également que la banque luxembourgeoise soit également en mesure de fournir à son client un service d’aide à la déclaration équivalent à celui de sa banque domestique. Cela implique en particulier de mettre en place les reportings fiscaux à destination des clients leur permettant d’effectuer leurs déclarations fiscales. Nous avons noté dans notre expérience que ce type de services était souvent stratégique pour conserver des clients régularisés. Les banques incapables de mettre en place de telles solutions prennent un risque non négligeable de voir leurs clients partir à la concurrence ou retourner dans un établissement domestique disposant de cette expertise. Dans un monde idéal, la banque devrait être en mesure de fournir des reportings pour chacun des pays de résidence de sa clientèle. La mise en place concrète de ces reportings constitue donc un enjeu majeur et un chantier dont la complexité ne doit pas être négligée au niveau des banques. Outre les difficultés informatiques que ce chantier suppose, il implique également de maîtriser des problématiques de réglementation étrangère, dans la mesure où les processus de reportings diffèrent dans la plupart des pays européens. A titre d’exemple pratique, une banque disposant de clients français devra être en mesure de produire des documents équivalents à l’IFU (déclaration 2561). On notera en outre que depuis l’année dernière la clientèle française présente une problématique spécifique en matière de reportings laquelle doit également être gérée. La création du prélèvement forfaitaire obligatoire non libératoire devrait amener aujourd’hui les banques localisées hors de France à appliquer ce prélèvement à leurs clients français. A défaut, elles devront a minima fournir à leurs clients les moyens d’effectuer le prélèvement chaque mois où ces derniers perçoivent des revenus financiers. Ce chantier est complexe et doit être géré à relativement brève échéance, sachant que des projets équivalents devraient démarrer à horizon 2015 avec la mise en place d’échanges automatiques d’informations découlant des réglementations FATCA et européennes (Directive sur l’échange d’informations et la coopération administrative). Là également, le temps est un paramètre important et les établissements financiers luxembourgeois devront se mettre rapidement en ordre de bataille pour gérer cette problématique. C. Les opérations de structuration patrimoniale encore envisageables Une fois que ces différents services sont mis en place, se pose, pour les banques disposant de services d’ingénierie fiscale et patrimoniale, la question des opérations de structuration patrimoniales encore envisageables dans ce contexte d’onshorisation. Cette question se décline à notre sens autour de trois notions devenues cardinales dans le nouvel environnement: la transparence fiscale (ou plutôt l’absence de discrétion illicite), les objectifs non fiscaux des opérations, et enfin, la substance des structures mises en place. Les impacts de la transparence en matière de structuration En matière de structuration patrimoniale, le concept d’onshorisation nous renvoie aux notions de transparence et de traçabilité des flux. On se souviendra en effet que les recommandations du GAFI et de l’OCDE mettaient en avant la nécessité de lutter contre les places financières facilitant la discrétion fiscale. Ces principes défendus par ces institutions sont essentiels pour déterminer les schémas patrimoniaux susceptibles de perdurer dans un monde transparent. En conséquence, les ingénieurs, conseillers et banques devraient, en application de ces principes, s’interdire les opérations n’ayant vocation qu’à permettre à des clients de bénéficier d’une discrétion fiscale et en conséquence d’éluder l’impôt dans leur pays de résidence. Les opérations mises en place doivent en outre présenter des objectifs non exclusivement fiscaux Elles pourront en revanche promouvoir et / ou financer des schémas d’optimisation patrimoniale pour autant que le levier fiscal ne constitue pas le seul levier justifiant cette opération. Il convient à cet égard d’insister sur le fait que rien d’interdit de mettre en place d’opérations «optimisantes» dans la plupart des pays membres de l’UE. Ces opérations devront néanmoins obéir à des objectifs juridiques et patrimoniaux forts, nonobstant un éventuel levier fiscal. Les principes mis en place dans les différents dispositifs européens d’abus de droit ou assimilés devraient donner aux ingénieurs patrimoniaux luxembourgeois les conditions de validité nécessaires à la mise en place de leurs montages. Si on se réfère par exemple aux principes édictés par l’abus de droit en France (art. L64 du Livre de Procédure Fiscale), un ingénieur patrimonial ne devrait mettre en place pour des résidents français que des structurations répondant à des objectifs patrimoniaux et juridiques. A titre d’exemple, la mise en place d’une société holding pour un client français reste une opération légitime et rien ne s’oppose dans les droits français communautaire à ce que ces sociétés soient localisées hors du pays de résidence du client. La notion de substance et son importance dans le nouvel environnement Toutefois, les administrations fiscales des pays de résidence des clients de banques luxembourgeoises peuvent toujours considérer que ces sociétés ne sont pas gérées à Luxembourg, dès lors que celles-ci ne présentent pas le niveau de substance requis. En conséquence, il est aujourd’hui essentiel de donner à ces structures un niveau de substance les mettant à l’abri d’éventuelles requalification par des administrations étrangères. On remarquera que ces critères ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre et qu’une analyse approfondie des critères de substance minimum devra être effectuée par des fiscalistes locaux et luxembourgeois. Le Luxembourg dispose aujourd’hui d’une large gamme de sociétés et de véhicules. Chacun de ces véhicules répond à un besoin patrimonial spécifique. Il importe toutefois qu’au préalable de leur mise en place, les promoteurs de ces solutions aient effectué une analyse approfondie à la lumière de ces différents critères pour en apprécier la validité fiscale et sa conformité avec les réglementations étrangères. Conclusion Dans un contexte de transparence, la prise en compte de la fiscalité des clients devient un enjeu majeur pour la place financière à Luxembourg. Cette prise en compte intervient au niveau de l’outil de travail et des systèmes d’informations des banques luxembourgeoises mais également dans la typologie des solutions mises en place. Ces opportunités ne pourront être saisies que par les établissements capables de s’adapter aux nouvelles contraintes et de développer cette expertise, en faisant appel notamment à des conseils externes spécialisés dans l’estate planning et la fiscalité. 1) Les impôts sont dus sans pouvoir bénéficier d’une quelconque atténuation aux termes de la circulaire du 21 juin 2013. 2) C’est le cas notamment de l’amende annuelle pour manquement déclaratif de 5% qui peut être ramenée à 1.5% ou à 3% selon les cas de figure. On rappellera que cette amende est appliquée toutes les années où le titulaire du compte a oublié de déclarer ses comptes à l’étranger et est calculée sur le montant des avoirs. Résultats financiers solides pour BGL BNP Paribas au 30 juin 2013 e 28 août 2013, le Conseil d’administration de la banque a revu les états financiers consolidés au 30 juin 2013(*) de BGL BNP Paribas, établis selon les normes internationales d’informations financières (IFRS). Dans une conjoncture économique toujours difficile en Europe, BGL BNP Paribas a réalisé au premier semestre 2013 un résultat net consolidé part du Groupe d’EUR 211,1 millions, en forte progression par rapport au premier semestre 2012 (EUR 109,2 millions). Le produit net bancaire atteint EUR 737,2 millions au 30 juin 2013 contre EUR 455,7 millions au 30 juin 2012. Hors changement de périmètre lié à l’intégration des activités de leasing et hors éléments exceptionnels, celui-ci est en progression de 6%. Pour mémoire, le premier semestre 2012 avait été marqué par l’augmentation de la participation de la banque de 33,33% à 50% + 1 action dans la holding BNP Paribas Leasing Solutions, qui rassemble les activités de leasing du groupe BNP Paribas ; cette prise de contrôle impliquant une intégration globale dans le périmètre de consolidation de la banque à partir du 31 mars 2012. Le premier semestre 2013 est caractérisé par deux faits majeurs: - Une contribution en hausse des activités commerciales malgré un premier impact au 30 juin 2013 lié au changement annoncé de réglementation en matière d’échange automatique d’informations sur les paiements d’intérêts en faveur de personnes physiques qui ont leur résidence dans un état membre de l’Union Européenne autre que le Luxembourg. - L’absence d’éléments exceptionnels qui avaient fortement impacté le premier semestre 2012. Il s’agissait en particulier des impacts négatifs liés à la réduction de l’exposition aux dettes souveraines (EUR -56 millions) et à la réévaluation de la dette propre (EUR -17 millions contre EUR -2,6 millions en 2013). Les frais de gestion s’élèvent à EUR 332,9 millions par rapport à EUR 280,7 millions au premier semestre 2012. Hormis l’impact du changement de méthode de consolidation des activités de leasing, les frais de gestion sont en baisse de 6%, dont 4% ou EUR 17,8 millions s’expliquent par le recul des coûts d’investissement liés aux programmes de simplification et d’amélioration de l’efficacité opérationnelle des dispositifs de la banque. recentrage sur la clientèle High Net Worth internationale. Cette stratégie est mise en œuvre à travers une organisation par marchés renforcée autour de trois pôles, à savoir les marchés européens matures, les marchés émergents et le segment Professional Banking (relations avec les professionnels de la gestion). Le coût du risque s’établit à EUR 12,6 millions contre EUR 10 millions au premier semestre 2012. La qualité de l'offre de produits et services a une nouvelle fois été reconnue par le prix Euromoney 2013 «best range in investment products» au Luxembourg. Le résultat hors exploitation s’établit à EUR 13,3 millions contre EUR 11 millions pour le premier semestre 2012. Concernant les activités commerciales, la Banque de Détail et des Entreprises à Luxembourg a enregistré une croissance des encours moyens de crédits de 2,7%, ainsi qu’une augmentation des volumes moyens de dépôts de 8,3%, du fait, en particulier, d’une très bonne collecte auprès de la clientèle des entreprises. Les revenus commerciaux sont en légère progression par rapport au premier semestre 2012. Les actifs sous gestion de la Banque Privée dédiée à la clientèle résidante sont en progression constante. Pendant la période sous revue, le métier s’est concentré sur les opportunités de coopération commerciale avec les autres entités du groupe BNP Paribas présentes au Luxembourg. Ainsi, par exemple, la collaboration avec Cardif Lux Vie a été renforcée. Sur le plan transfrontalier, la collaboration entre BGL BNP Paribas et les entités française et belge du groupe BNP Paribas a permis de développer des offres pour les frontaliers en mettant à profit la complémentarité des partenaires. Du côté français notamment, BGL BNP Paribas et BNP Paribas ont procédé à l’ouverture conjointe de deux agences, l’une à Esch-Belval et l’autre à Audun-le-Tiche, l’objectif étant de servir au mieux les clients frontaliers. Le métier Wealth Management, dans un environnement réglementaire en profonde mutation, réalise une bonne performance commerciale au premier semestre 2013 avec des actifs sous gestion des clients privés européens en hausse de 1%. Par ailleurs, le métier poursuit l'adaptation de son business model avec un Les résultats de l’activité Corporate and Investment Banking sont en recul, notamment en raison de conditions de marché moins favorables. L’activité du Leasing international affiche une baisse des encours, en ligne avec le plan d’adaptation du portefeuille non stratégique. L’impact sur les revenus est cependant limité, du fait d’une politique sélective en termes de rentabilité des opérations. Les branches d’acTABLEAU DE BORD AGEFI Luxembourg 30/08/2013 31/07/2013 tivité «Solutions d’Equipement et de Logistique» et «Solutions bureautiques et informatiques» ont connu un premier semestre 2013 favorable avec le renforcement des accords de partenariat tant avec des partenaires historiques qu’avec des nouveaux acteurs. Le coefficient d’exploitation s’améliore grâce à une bonne maîtrise des coûts. Maintien d’une solvabilité élevée Le ratio de solvabilité de la banque s’élève au 30 juin 2013 à 24% (selon les normes Bâle II), largement audessus du minimum réglementaire requis de 8%. Avec des fonds propres réglementaires s’élevant à EUR 5,9 milliards, BGL BNP Paribas reste la banque la mieux capitalisée au Luxembourg, ce qui lui permet d’accompagner et de soutenir les projets de ses clients. (*) Le rapport semestriel au 30 juin 2013 de BGL BNP Paribas est disponible en langue française sur le site www.bgl.lu DIFF% - = le dollar augmente par rapport à l'euro, (+) = l'ancienne devise augmente par rapport au $ EUR 1= 1,3221 1,3302 -0,61% $ $1= 30,51 30,33 0,61% LUF/BEF $1= 4,93 1,47 0,61% 0,61% FRF DEM Francs français $1= 4,96 1,48 $1= 1,67 1,66 0,61% NLG Gulden (florins) Pétrole brut (coût de production): 1 litre= 0,51 0,50 3,44% EUR West Texas Intermediate (prix en euro par litre) Gaz naturel: 1 m3= 0,0955 0,0916 4,29% EUR Natural gas Henry Hub (prix en euro par m3) Gaz naturel: 1 MWh= 9,2160 8,8365 4,29% EUR Natural gas Henry Hub (prix en euro par MWh) Francs luxembourgeois/belges Deutsche Marks Gaz naturel: 1 MMbtu= 3,5700 3,4440 3,66% $ Or: 1 Kg= 33917 31771 6,76% EUR Natural gas Henry Hub (prix en $ par MMbtu) Fixing $ de Londres après-midi (prix en euro par kg) Fixing $ de Londres (prix en euro par kg) Argent: 1 Kg= 575 482 19,28% EUR Argent: 1 oz= 23,64 19,94 18,56% $ Fixing $ de Londres (prix en $ par once) Ce tableau de bord, une exclusivité d'AGEFI Luxembourg, permet au lecteur: 1° de convertir le dollar dans son ancienne devise; 2° de connaître le coût de production de plusieurs produits pétroliers en euro, à comparer avec le prix au détail. 3° de connaître le prix de l’or et de l’argent en kilo et en euros.