Schizophrénie et effets d`amorçage sémantique

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Schizophrénie et effets d`amorçage sémantique
NEUROPSYCHOLOGIE
Schizophrénie et effets d’amorçage sémantique
L. LECARDEUR (1, 2), B. GIFFARD (1), F. EUSTACHE (1, 3), S. DOLLFUS (2, 4)
Schizophrenia and semantic priming effects
Introduction. This article is a review of studies using the semantic priming paradigm to assess the functioning of semantic
memory in schizophrenic patients. Context. Semantic priming describes the phenomenon of increasing the speed with
which a string of letters (the target) is recognized as a word (lexical decision task) by presenting to the subject a semantically
related word (the prime) prior to the appearance of the target word. This semantic priming is linked to both automatic and
controlled processes depending on experimental conditions (stimulus onset asynchrony (SOA), percentage of related
words and explicit memory instructions). Automatic process observed with short SOA, low related word percentage and
instructions asking only to process the target, could be linked to the « automatic spreading activation » through the semantic network. Controlled processes involve « semantic matching » (the number of related and unrelated pairs influences
the subjects decision) and « expectancy » (the prime leads the subject to generate an expectancy set of potential target
to the prime). These processes can be observed whatever the SOA for the former and with long SOA for the later, but
both with only high related word percentage and explicit memory instructions. Literature findings. Studies evaluating
semantic priming effects in schizophrenia show conflicting results : schizophrenic patients can present hyperpriming
(semantic priming effect is larger in patients than in controls), hypopriming (semantic priming effect is lower in patients
than in controls) or equal semantic priming effects compared to control subjects. Discussion. These results could be
associated to a global impairment of controlled processes in schizophrenia, essentially to a dysfunction of semantic matching process. On the other hand, efficiency of semantic automatic spreading activation process is controversial. These
discrepancies could be linked to the different experimental conditions used (duration of SOA, proportion of related pairs
and instructions), which influence on the degree of involvement of controlled processes and therefore prevent to really
assess its functioning. In addition, manipulations of the relation between prime and target (semantic distance, type of
semantic relation and strength of semantic relation) seem to influence reaction times. However, the relation between
prime and target (mediated priming) frequently used could not be the most relevant relation to understand the way of
spreading of activation in semantic network in patients with schizophrenia. Finally, patients with formal thought disorders
present particularly high priming effects relative to controls. Conclusion. These abnormal semantic priming effects could
reflect a dysfunction of automatic spreading activation process and consequently an exaggerated diffusion of activation
in the semantic network. In the future, the inclusion of different groups schizophrenic subjects could allow us to determine
whether semantic memory disorders are pathognomonic or specific of a particular group of patients with schizophrenia.
Key words : Neuropsychology ; Schizophrenia ; Semantic memory ; Semantic priming.
(1) Neuropsychologie Cognitive et Neuroanatomie Fonctionnelle de la Mémoire Humaine, EMI 0218 INSERM, Université de Caen, GIP Cyceron, BP 5229, 14074 Caen cedex, France.
(2) Groupe d’Imagerie Neurofonctionnelle, UMR 6194 CNRS, CEA, Universités de Caen et Paris V, GIP Cyceron, BP 5229, 14074 Caen
cedex France.
(3) École Pratique des Hautes Études, UMR 8581 CNRS, Université Paris V, 92774 Boulogne-Billancourt, France.
(4) Centre Esquirol, Centre Hospitalier Universitaire de Caen, 14033 Caen cedex, France.
Travail reçu le 17 juin 2004 et accepté le 22 novembre 2004.
Tirés à part : L. Lecardeur (à l’adresse ci-dessus).
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L. Lecardeur et al.
Résumé. Cet article propose une synthèse des travaux ayant
eu recours à la tâche de décision lexicale avec amorçage
sémantique chez les patients schizophrènes. Les résultats
obtenus à l’aide de ce paradigme sont hétérogènes : les schizophrènes obtiennent des effets d’amorçage sémantique soit
supérieurs, soit inférieurs, soit égaux à ceux des sujets sains.
Ces résultats sont susceptibles de refléter, chez ces patients,
un dysfonctionnement des processus automatiques et/ou
contrôlés sous-tendant l’obtention de ces effets. La littérature
montre que si un dysfonctionnement des processus contrôlés
est largement étayé chez les patients schizophrènes, l’efficience du processus automatique de diffusion de l’activation
reste controversée. Cette absence de consensus quant au
fonctionnement du processus automatique peut être reliée
aux manipulations des variables expérimentales (SOA, proportion de paires de mots reliés, consignes) effectuées par
les auteurs, qui ne permettent pas d’évaluer avec certitude
son efficience. D’autre part, certaines relations sémantiques
privilégiées par les auteurs (amorçage par médiation) ne
semblent pas être les plus pertinentes pour permettre de
comprendre comment se diffuse l’activation sémantique chez
ces patients. Enfin, certains sous-types de patients ont particulièrement été étudiés, rendant ainsi les généralisations à
la population difficiles.
Mots clés : Amorçage sémantique ; Mémoire sémantique ; Neuropsychologie ; Schizophrénie.
INTRODUCTION
Les troubles de la pensée et du langage sont l’expression de la dissociation de la vie psychique, un des principaux critères diagnostiques de la schizophrénie (4). Ces
troubles, rapportés chez certains patients schizophrènes,
sont notamment caractérisés par une perturbation des
associations sémantiques. Les modélisations de la
mémoire sémantique en psychologie cognitive (9, 10) ont
ouvert de nouvelles voies d’exploration de la symptomatologie de la schizophrénie, plus particulièrement de ce
type de perturbations. Afin d’étudier le fonctionnement de
ce système mnésique chez les patients schizophrènes,
une épreuve a notamment été utilisée par les auteurs : le
paradigme d’amorçage sémantique. Après avoir rappelé
le fonctionnement de la mémoire sémantique, nous discuterons les résultats obtenus à l’aide de ce paradigme
chez les patients schizophrènes.
TESTER LA MÉMOIRE SÉMANTIQUE
DANS LA SCHIZOPHRÉNIE
Mémoire sémantique
La mémoire sémantique est un système de mémoire à
long terme qui stocke les concepts et les connaissances
sur le monde et sur soi-même, indépendamment de leur
contexte temporel et spatial d’acquisition. Ces connaissances s’accumulent, se construisent et se réorganisent
tout au long de la vie de chaque individu. Elle est égale76
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ment la mémoire de nos connaissances lexico-sémantiques, représentées schématiquement sous la forme d’un
réseau de nœuds conceptuels reliés entre eux par des
liens (9, 10). L’activation d’un nœud conceptuel du réseau
entraîne une diffusion automatique de cette activation vers
les nœuds qui lui sont liés sémantiquement : c’est le processus automatique de diffusion de l’activation. La quantité d’activation que reçoivent ces nœuds liés est fonction
de leur proximité sémantique avec le nœud initialement
activé : plus la distance augmente et plus la quantité d’activation disponible diminue. Il est possible d’analyser le
fonctionnement de ce système mnésique à l’aide d’une
épreuve implicite de mémoire sémantique : le paradigme
d’amorçage sémantique.
Paradigme d’amorçage sémantique :
une épreuve implicite de mémoire sémantique
Le fonctionnement de la mémoire sémantique est dit
explicite lorsqu’il y a remémoration consciente et volontaire
des informations, comme c’est par exemple le cas quand
on utilise les tâches de fluence littérale ou catégorielle. Bien
que sollicitant des informations sémantiques, ce type
d’épreuve recourt toutefois à des processus autres que
sémantiques (capacités de mémoire de travail, processus
et ressources attentionnelles, fonctions exécutives), rendant difficile la détermination du rôle joué par chacun de
ces mécanismes. En revanche, en induisant la récupération d’informations en mémoire sémantique de manière
implicite, c’est-à-dire de façon non consciente, il est possible de minimiser l’intervention de ces processus non
sémantiques. Le paradigme d’amorçage sémantique est
une des épreuves qui permet d’examiner implicitement les
connaissances et le fonctionnement de la mémoire
sémantique : le sujet n’a pas conscience de se livrer à une
activité mnésique. Quand il effectue ce type d’épreuve, le
sujet voit apparaître, à la suite l’un de l’autre, un mot
amorce qui ne réclame généralement pas de réponse de
sa part, puis un mot cible qui peut, ou non, entretenir une
relation sémantique avec l’amorce. L’effet d’amorçage
sémantique (EAS) correspond à la facilitation obtenue lorsque l’on présente au sujet 2 mots (l’amorce et la cible) possédant un lien sémantique entre eux. L’EAS est calculé en
soustrayant le temps de réponse (TR) obtenu quand
l’amorce et la cible sont reliées sémantiquement au TR rapporté lorsqu’il n’existe aucun lien sémantique entre les
deux mots. Il est possible de mettre en évidence les EAS
à l’aide de la tâche de décision lexicale. Dans cette épreuve
(16), le sujet a pour consigne de décider le plus rapidement
possible si une suite de lettres représente ou non un mot
de la langue française. Associé à une tâche de décision
lexicale, le paradigme d’amorçage sémantique entraîne
l’obtention de résultats variables chez les patients schizophrènes : des hyperamorçages (les EAS des patients
sont supérieurs à ceux des témoins), des hypoamorçages
(les EAS des patients sont inférieurs à ceux des témoins)
ou bien des EAS équivalents à ceux des sujets sains.
D’après la littérature (19), l’obtention de ce type d’EAS
chez les sujets sains est sous-tendue par la mise en œuvre
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du processus automatique de diffusion de l’activation.
Néanmoins, malgré le caractère implicite du paradigme
d’amorçage sémantique, des processus contrôlés peuvent être mis en œuvre stratégiquement par le sujet et
ainsi venir influencer le traitement de l’information en
mémoire sémantique : ce sont les processus d’appariement sémantique et de génération d’attente. Ces mécanismes ne peuvent toutefois pas être considérés comme
explicites car leur mise en place est généralement inconsciente et involontaire de la part du sujet.
Alors qu’un consensus est établi quant à une déficience
des processus contrôlés chez les patients schizophrènes,
le fonctionnement du processus automatique reste sujet
à controverse.
FONCTIONNEMENT DES PROCESSUS CONTRÔLÉS
ET AUTOMATIQUES CHEZ LES PATIENTS
SCHIZOPHRÈNES
Aspects méthodologiques
La manipulation de certains critères expérimentaux
(24) lors de la conception d’un protocole expérimental permet, soit de privilégier l’intervention du processus automatique de diffusion de l’activation tout en circonscrivant
celle des processus contrôlés, soit de permettre la mise
en œuvre des processus contrôlés en supplément du processus automatique.
Temps de présentation
Le temps de présentation du matériel et l’intervalle temporel entre l’amorce et la cible influent sur les TR des
sujets. Ainsi, l’effet d’amorçage obtenu peut être modulé
en manipulant le Stimulus Onset Asynchrony (SOA), délai
entre le début de la présentation du premier et l’apparition
du deuxième stimulus. En cas de SOA de courte durée
(inférieur à 250 ms), les effets d’amorçage sont de nature
automatique. Avec un SOA long (supérieur à 250 ms), il
y a intervention de processus contrôlés en plus des processus automatiques.
Proportion de paires reliées sémantiquement
La proportion de paires de mots reliés sémantiquement
constitue un deuxième critère à prendre en compte. Dans
une tâche de décision lexicale, les EAS augmentent proportionnellement avec l’accroissement de la proportion de
paires reliées sémantiquement. Il est démontré qu’en cas
de SOA court, l’utilisation d’une faible proportion de mots
liés (au plus 20 %) et d’une forte proportion de mots non
liés (environ 80 %) permet l’expression majoritaire d’effets
d’amorçage de nature automatique, les effets de nature
contrôlée intervenant peu ou pas. En revanche, plus la
proportion de paires reliées augmente (50 % et plus) et
plus le sujet risque de se rendre compte du lien existant
entre certains couples amorce/cible, l’entraînant ainsi à
Schizophrénie et effets d’amorçage sémantique
mettre en place des stratégies cognitives pour réaliser la
tâche. Il y aura alors intervention des processus contrôlés
en plus du processus automatique.
Degré d’attention porté à l’amorce
Le degré d’attention porté à l’amorce représente également un critère influençant le TR des sujets. L’intervention de processus contrôlés peut être ainsi minimisée en
demandant au sujet de ne fournir une réponse qu’à la cible
et non à l’amorce. Il n’engage par conséquent qu’un faible
niveau d’attention sur l’amorce. En revanche, la tâche de
double décision lexicale (effectuer la décision lexicale
aussi bien sur l’amorce que sur la cible) et les paradigmes
expérimentaux qui réclament au sujet d’effectuer un traitement sur l’amorce impliquent un effort attentionnel de la
part du sujet et favorisent, par conséquent, l’intervention
des processus contrôlés.
Quand le paradigme d’amorçage sémantique est proposé à des patients schizophrènes, la manipulation de ces
critères méthodologiques permet d’obtenir différents
types d’EAS qui, selon les auteurs, sont censés refléter
l’expression du processus automatique de diffusion de
l’activation avec ou sans intervention des processus contrôlés.
Altération du fonctionnement
des processus contrôlés
chez les patients schizophrènes
Un dysfonctionnement global des processus contrôlés
est souvent avancé (3, 13, 22, 23) pour expliquer les effets
d’hypoamorçage rapportés chez les patients schizophrènes par rapport aux sujets sains. Cependant, la distinction
entre atteinte des processus contrôlés pré et post-lexicaux
est effectuée par certains auteurs.
Dysfonctionnement du processus contrôlé post-lexical
d’appariement sémantique
Le mécanisme d’appariement sémantique est postlexical : il intervient après que le sujet ait eu accès à la
cible. Ce processus affecte la vitesse du processus décisionnel (dire si la cible est un mot ou un non-mot) précédant la réponse elle-même. La mise en jeu de ce processus contrôlé permet au sujet d’évaluer s’il existe ou non
un lien sémantique entre l’amorce et la cible. Le mécanisme d’appariement sémantique est mis en œuvre quelle
que soit la valeur du SOA mais uniquement quand la proportion de mots liés est élevée (19). De nombreux auteurs
estiment qu’une perturbation du mécanisme d’appariement sémantique est à l’origine de la différence de performances d’amorçage rapportée entre les patients schizophrènes et les sujets sains. Ceci se manifeste chez les
patients schizophrènes par des EAS inférieurs à ceux des
sujets sains (3, 23). Dans ces études, toutes les conditions
requises pour impliquer l’intervention du processus
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d’appariement sémantique sont réunies (voir supra). En
revanche, certaines études (20, 29) qui soutiennent la
thèse d’un déficit du mécanisme d’appariement sémantique ne respectent pas la proportion de paires de mots
reliés assurant la mise en œuvre de ce type de processus
contrôlé.
D’autre part, augmenter la proportion de paires de mots
reliés dans la tâche de décision lexicale permet au sujet
de prendre conscience de l’existence de relations sémantiques entre les couples de mots et favorise notamment
la mise en œuvre du processus post-lexical d’appariement
sémantique. Ce renforcement du contexte sémantique
devrait donc profiter aux sujets sains comme aux patients
et entraîner chez eux une diminution des TR pour les paires de mots liés. Or, quand l’augmentation de la proportion
a été effectuée (13, 14, 23), on observe chez les patients
schizophrènes une diminution des EAS par rapport aux
témoins. Ces résultats peuvent refléter une incapacité à
mettre en œuvre le processus post-lexical d’appariement
sémantique et, par conséquent, une négligence des informations contextuelles de la part des patients. Ceci est à
rapprocher des données obtenues chez les patients schizophrènes à l’aide de la méthode des potentiels évoqués
et qui permettent de conclure à une utilisation inefficace
du contexte phrastique (lors de tâches de jugement
sémantique par exemple) par ces patients (28).
Efficience de fonctionnement du processus
contrôlé prélexical de génération d’attente
Le mécanisme contrôlé de génération d’attente est
prélexical : il se produit après que le sujet ait eu accès
à l’amorce mais avant l’accès à la cible (19). Si un sujet
se rend compte qu’un mot amorce a des chances d’être
suivi par un mot cible qui lui est relié sémantiquement,
alors il peut tenter consciemment de deviner quel stimulus va survenir et ainsi générer mentalement un certain
nombre de cibles pour cette amorce. Le sujet serait donc
capable, après avoir traité l’amorce, de concevoir un set
de cibles potentielles reliées avant que la cible ellemême n’apparaisse. Si ce processus intervient et qu’il
y a congruence sémantique entre l’amorce et la cible,
alors une diminution des TR sera observée, la cible correspondant en effet à une des cibles du set précédemment activées par le sujet. En revanche, s’il y a non-congruence sémantique entre l’amorce et la cible, le sujet
générera un set de cibles potentielles non valides qu’il
sera nécessaire de désactiver ou d’inhiber avant d’engager le traitement de la cible exacte, d’où une augmentation du TR. La mise en œuvre de ce mécanisme n’est
permise qu’en cas de SOA long (au moins 400 ms), de
forte proportion de paires de mots reliés (au moins 50 %)
et de consignes imposant au sujet une forte allocation
d’attention à l’amorce.
À la différence du processus d’appariement sémantique, peu d’études utilisant le paradigme d’amorçage
sémantique postulent l’existence d’un dysfonctionnement
spécifique et unique de ce mécanisme pour expliquer les
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résultats obtenus chez les patients schizophrènes. Certains auteurs (21) apportent même des arguments étayant
l’efficience de ce processus.
Ces résultats étayent donc l’existence d’un dysfonctionnement du processus post-lexical d’appariement sémantique, sans réellement remettre en cause l’efficience du
mécanisme prélexical de génération d’attente. Cependant, de nombreux auteurs ont préféré traiter les processus contrôlés comme un tout indissociable. Ceci limite
ainsi tout traitement analytique du fonctionnement de chacun des processus.
Controverse autour de l’intégrité de fonctionnement
du processus automatique dans la schizophrénie
Les modèles de mémoire sémantique (9, 10) suggèrent
que l’activation d’un concept entraîne la diffusion d’une
certaine quantité d’activation vers les autres concepts qui
partagent, avec lui, un lien sémantique : c’est le processus
automatique de diffusion de l’activation. Basé sur le postulat que les nœuds conceptuels sont reliés par des arcs,
l’activation d’un nœud-amorce se diffuse donc automatiquement vers les nœuds sémantiquement reliés, réduisant ainsi le temps requis pour qu’ils atteignent le niveau
d’activation permettant leur reconnaissance.
De nombreux auteurs ont formulé l’hypothèse d’un dysfonctionnement du processus automatique de diffusion de
l’activation chez les patients schizophrènes, notamment
dans la globalité des études (14, 15, 18, 26, 30, 31) rapportant des effets d’hyperamorçage chez les schizophrènes. Selon ces auteurs, cette perturbation du processus
automatique de diffusion de l’activation s’exprimerait soit
par une diffusion anormalement élevée de l’activation
dans le réseau sémantique, soit par un défaut d’inhibition
de la diffusion de l’activation dans le réseau sémantique.
Ces 2 hypothèses, bien qu’en général distinguées par les
auteurs, ne nous semblent pas forcément inconciliables,
puisque nous pouvons penser qu’une levée d’inhibition
pourrait entraîner une hyperdiffusion de l’activation dans
le réseau sémantique. L’attribution de certains effets
d’hyperamorçage à la présence d’un déficit du fonctionnement du processus automatique de diffusion de l’activation est cependant à remettre en question car la proportion de paires de mots reliés (de 50 à 67 %) qu’utilisent
certains auteurs (14, 15, 26, 31) ne leur permet pas de
s’assurer qu’aucun processus contrôlé n’affecte les performances des patients.
L’intégrité du processus automatique de diffusion de
l’activation est également remise en question quand les
patients schizophrènes obtiennent des effets d’amorçage
moins importants que ceux des sujets sains (1, 13, 14, 21).
Cependant, contrairement à ce qui est postulé quand les
patients obtiennent des effets d’hyperamorçage, ce dysfonctionnement n’entraînerait pas une diffusion excessive
de l’activation. Il aurait en effet pour conséquence de
réduire et/ou de ralentir la diffusion automatique de l’activation dans le réseau sémantique. Une partie de ces conclusions est cependant à nuancer car certaines études
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infèrent, de nouveau, un déficit de ce processus automatique, alors que le SOA (1) ou la proportion de paires de
mots reliés (1, 13, 14) utilisés paraissent trop importants
pour impliquer uniquement ce type de processus.
L’efficience du processus automatique de diffusion de
l’activation n’est toutefois pas toujours remise en cause.
Ainsi, les études présentant des EAS des patients schizophrènes équivalents à ceux des sujets sains (7, 8, 20)
et celles qui mettent en évidence une diminution des effets
d’amorçage de ces patients (20, 22, 23) concluent que ce
processus automatique est intact. Ceci est notamment
étayé par les résultats obtenus quand toutes les conditions
expérimentales définies comme favorisant au maximum
l’expression de ce mécanisme sont réunies (20). Cependant cette rigueur n’est pas observée par tous les auteurs :
des SOA trop longs (23), des proportions de paires de
mots sémantiquement reliés trop importantes (8, 22, 23)
et des tâches expérimentales inadaptées (7, 8) ne permettent pas aux auteurs de s’assurer de l’absence
d’influence des processus contrôlés sur les effets obtenus.
Comme nous venons de le voir, il n’existe aujourd’hui
aucun consensus dans la littérature quant à l’intégrité du
processus automatique de diffusion de l’activation chez
les patients schizophrènes. Ceci peut être expliqué par
l’hétérogénéité des paradigmes expérimentaux utilisés
dans les différentes études, rendant les résultats obtenus
difficilement généralisables. Mais surtout, trop peu d’études ont respecté les manipulations expérimentales requises pour circonscrire l’intervention des processus contrôlés et ainsi permettre l’expression majoritaire du
processus automatique de diffusion de l’activation. Les TR
et par conséquent les EAS obtenus ne peuvent donc pas
être considérés comme engendrés purement et uniquement par le fonctionnement du processus automatique de
diffusion de l’activation. La majorité des études citées précédemment ne peuvent donc pas prétendre attester d’un
fonctionnement normal ou anormal de ce processus automatique. Des recherches supplémentaires utilisant la
tâche de décision lexicale avec amorçage sémantique et
respectant les critères définis par Neely (19), mais également d’autres épreuves que nous présenterons dans la
suite de ce texte, devront être envisagées afin de déterminer le fonctionnement de ce processus chez les patients
schizophrènes.
QUELLES RELATIONS SÉMANTIQUES
SONT PERTURBÉES CHEZ LES PATIENTS
SCHIZOPHRÈNES ?
Comme l’évoquait Bleuler (4), les patients schizophrènes ont plutôt tendance à fournir en réponse à un mot, des
associés sémantiquement éloignés. C’est pourquoi,
quand une tâche de décision lexicale avec amorçage
sémantique est élaborée, la distance sémantique, mais
également la force et le type de lien sémantique entre
l’amorce et la cible doivent être maîtrisés pour déterminer
avec précision la façon dont se diffuse l’activation au sein
de l’architecture de la mémoire sémantique des patients
schizophrènes.
Schizophrénie et effets d’amorçage sémantique
Force du lien sémantique
La force du lien sémantique est généralement assimilée
à la force d’association entre les concepts (jambonbeurre), mesurée à l’aide de normes d’associations verbales. Chez le sujet sain, manipuler la force du lien a souvent (mais pas toujours) permis de faire varier les EAS
dans les tâches de décision lexicale (19). Concernant la
schizophrénie, peu d’auteurs (20, 29) ont pris en compte
l’effet potentiel de la variation de la force du lien sémantique entre l’amorce et la cible sur les TR, alors que
d’autres (13, 22) n’indiquent pas si cette variable a été contrôlée. Pourtant, il est établi que des couples de mots fortement reliés entraîneront l’obtention de TR plus faibles
que des couples faiblement liés (19).
Type de relation sémantique
Le type de relation sémantique correspond à l’appartenance catégorielle entre les concepts. Ils peuvent entretenir une relation de coordination, quand les deux concepts sont de même niveau dans le réseau hiérarchique
(pomme-poire), cette relation est aussi appelée horizontale par certains auteurs. La relation verticale caractérise
une relation encore nommée d’attribution : la cible est considérée comme un attribut du concept utilisé comme
amorce (cerise-noyau). Les études dans la maladie
d’Alzheimer (11) ont montré qu’utiliser soit des relations
d’attribution, soit des relations de coordination pouvait permettre de faire varier les EAS : en début de dégradation
sémantique, ces patients obtiennent des effets d’hyperamorçage en condition de coordination par rapport aux
sujets contrôles, alors qu’en condition d’attribution, les
EAS des patients sont équivalents à ceux des sujets sains.
Ces résultats montrent donc que la valeur de l’EAS peut
varier en fonction du degré de dégradation des connaissances sémantiques. Concernant la schizophrénie, divers
types de relations sémantiques entre l’amorce et la cible
ont été utilisés en fonction des objectifs poursuivis : des
relations de coordination (chat-chien ; 29), d’attribution
(chat-griffe ; 20), de typicalité (la relation varie en fonction
de la typicalité de l’exemplaire fourni en tant que cible :
canari est plus typique de oiseau que ne l’est autruche ;
20), des associés de catégories différentes (chênehache ; 21), des verbes et adjectifs antonymes (viderplein ; 22), des synonymes (regarder-observer ; 3) ont été
utilisés. Bien que chacune de ces relations ait prouvé
qu’elle pouvait provoquer, chez les patients, une expression différente d’EAS, les résultats restent difficilement
comparables.
Bleuler (4) avait souligné la difficulté de compréhension
des interlocuteurs engendrée par le grand nombre d’associations inappropriées retrouvées dans le discours de ces
patients. Elles sont constituées aussi bien d’intrusions, de
répétitions que de mots déviants. Il paraît donc tout à fait
pertinent de vouloir définir exhaustivement quels types
d’associations incohérentes sont identifiables pour un
symptôme particulier de la pathologie.
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Distance sémantique
QUELS PATIENTS SCHIZOPHRÈNES ?
La distance sémantique entre les concepts peut être
déterminée par le nombre de caractéristiques partagées
par les concepts, par le nombre de nœuds médiateurs
nécessaires pour relier l’amorce à la cible en mémoire
sémantique ou bien par la fréquence de proposition d’un
mot en réponse à un inducteur dans les tâches d’association verbale (25). Les mots sémantiquement proches sont
reliés directement et partagent en général un grand
nombre de caractéristiques sémantiques (chien-chat). En
revanche, les mots sémantiquement éloignés soit partagent peu de caractéristiques (baignoire-cage), soit sont faiblement associés (chaussure-costume) ou sont séparés
par un ou plusieurs liens médiateurs (craie-[blanc]-noir).
Bleuler (4) rapporte que les patients schizophrènes ont
tendance à fournir plus d’associés indirects (donc éloignés) que d’associés directs aux tests d’associations verbales. Ceci conduit de nombreux auteurs à faire varier la
distance sémantique dans leurs paradigmes expérimentaux afin d’essayer de rendre compte de ces associations
éloignées. Concernant l’étude de l’amorçage sémantique
chez les patients schizophrènes, les auteurs manipulent
souvent uniquement le nombre potentiel de liens médiateurs entre l’amorce et la cible, quand ils souhaitent faire
varier la distance entre les deux stimuli. Certains auteurs
(18, 26) ont ainsi émis l’hypothèse que l’étude des phénomènes d’amorçage par médiation permettrait de rendre
compte, d’une part, de la vitesse de diffusion et d’autre
part, de la distance parcourue par l’activation au sein du
réseau sémantique chez les patients schizophrènes.
L’amorçage par médiation a ainsi permis de mettre en évidence des effets d’hyperamorçage dans la schizophrénie
(18, 26, 31), notamment chez les patients présentant des
troubles du cours de la pensée. Toutefois, bien que ce type
de stimuli soit souvent utilisé, la définition précise du nombre et de la nature même des concepts intervenant en tant
que liens médiateurs reste difficile à déterminer. En effet,
rien ne permet d’affirmer qu’il est obligatoire pour tout individu de passer par blanc pour relier tableau et noir ou que
le passage par tigre est indispensable pour lier crinière et
rayure. Il est donc délicat d’affirmer maîtriser la distance
sémantique entre une amorce et une cible grâce à ce type
de procédure. De plus, le paradigme d’amorçage par
médiation n’a pas toujours permis d’obtenir des EAS chez
le sujet sain (19).
Il semble donc aléatoire de penser déterminer un nombre de médiateurs précis séparant deux nœuds au sein
d’un réseau sémantique et qui soit généralisable à chaque
sujet. L’analyse précise de la façon dont se diffuse l’activation au sein de l’architecture de la mémoire sémantique
chez les patients schizophrènes, en fonction de la distance existant entre une amorce et une cible, reste donc
incomplète. Les efforts effectués par certains chercheurs
(18, 26, 31) pour essayer de caractériser, au sein d’un
paradigme expérimental, les associations indirectes évoquées par Bleuler, ne s’avèrent pas aujourd’hui réellement
satisfaisants. Un autre mode de définition de la distance
sémantique entre les concepts semble donc nécessaire
afin de réellement maîtriser cette variable.
La schizophrénie se caractérise par une hétérogénéité prononcée de profils cognitifs et cliniques des
patients (6). Étant donnée cette variabilité notable de
performances cognitives, l’obtention de résultats significativement fiables réclame l’utilisation de grands
échantillons de sujets. Les résultats des études de petits
échantillons (7, 15) permettent donc difficilement de tirer
des conclusions généralisables à toute la population. En
outre, peu d’analyses a posteriori semblent s’être attachées à analyser par sous-types cliniques les performances des patients. La sélection a parfois été effectuée
a priori lors de la constitution des groupes expérimentaux (7, 15, 20, 22).
Parmi les différents sous-types de patients inclus, une
population a, en particulier, retenu l’attention des
auteurs : les patients présentant des troubles du cours de
la pensée, qui se caractérisent par la perturbation des processus associatifs, la désorganisation de la pensée, les
déraillements et la tangentialité (27). Cette population de
patients schizophrènes serait en effet particulièrement
encline à manifester des effets d’hyperamorçage sémantique (15, 18, 31). Pour certains auteurs (15), une diffusion
automatique excessive de l’activation dans le réseau
sémantique des patients schizophrènes peut se révéler
responsable de l’obtention de ce type d’EAS chez ce
sous-type de patients. Cette supposition est supportée
par les résultats obtenus à l’aide des épreuves d’amorçage par médiation (lion – tigre – rayure) : Moritz et al.
(18) émettent ainsi l’hypothèse que l’hyperamorçage
sémantique par médiation en condition automatique peut
constituer un marqueur des troubles du cours de la pensée. Toutefois, l’inconsistance au cours du temps des
résultats rapportés dans l’étude longitudinale de Gouzolis-Mayfrank et al. (12) montre que l’hyperamorçage
sémantique chez ces patients doit être envisagé comme
un marqueur état caractérisant la phase aiguë de la maladie. Enfin, 2 types distincts d’hyperamorçage peuvent
être différenciés, d’après Blum et al. (5), chez les patients
schizophrènes : un qui implique les processus automatiques et ne se manifestant que chez les patients présentant des troubles du cours de la pensée, un autre qui concernerait les processus contrôlés aussi bien chez les
patients souffrant que chez ceux ne présentant pas de
troubles du cours de la pensée.
Si l’identification d’un sous-type de patients obtenant,
à chaque phase aiguë, des effets d’hyperamorçage peut
se révéler importante, il est fondamental de vérifier si,
en phase stabilisée, ces effets sont présents ou absents.
Cette analyse doit être effectuée aussi bien chez des
patients dont il est attendu qu’ils présentent des hyperamorçages (notamment ceux présentant des troubles
du cours de la pensée), mais aussi chez les autres
patients schizophrènes. En effet, même si la symptomatologie de ces patients ne révèle pas de perturbation des
associations, cela ne signifie pas obligatoirement que
ceux-ci sont épargnés par des troubles de mémoire
sémantique. Il paraît donc utile de tester une population
hétérogène de patients schizophrènes afin de définir s’il
80
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y a, en phase stabilisée, des troubles de mémoire
sémantique, mais aussi si ces troubles sont pathognomoniques ou bien s’ils atteignent un certain sous-type
de patients.
AUTRES ÉPREUVES
Bien que la tâche de décision lexicale ait fait l’objet
d’une utilisation fréquente pour estimer le fonctionnement
des processus automatiques chez les patients schizophrènes, ce n’est pas la seule épreuve appropriée à ce
type d’évaluation.
Des EAS sont obtenus chez les sujets sains aussi
bien dans les épreuves d’amorçage subliminal que dans
des épreuves d’amorçage masqué (19). Ces techniques
permettant de présenter l’amorce au sujet sans que
celui-ci en ait conscience, elles pourraient donc se montrer utiles pour définir le niveau de fonctionnement du
processus automatique de diffusion de l’activation chez
les patients schizophrènes, sans que les processus
contrôlés n’interviennent. Cependant, ce type de tâche
paraît difficilement adaptable à la pathologie schizophrénique, du fait notamment de la difficulté des patients
à saisir l’information qui leur est présentée trop brièvement (13).
Par ailleurs, la tâche de prononciation de mots, au
même titre que la tâche de décision lexicale, permet de
mesurer des EAS. Au cours de la tâche de décision lexicale, quand on s’assure uniquement de la brièveté du
SOA, l’intervention du mécanisme de génération
d’attente semble pouvoir se surajouter à celle du processus automatique de diffusion de l’activation. Il
devient donc difficile de garantir que les EAS anormaux
observés chez les patients schizophrènes résultent d’un
unique trouble du processus automatique. En revanche,
la tâche de prononciation de mots est décrite comme
moins sensible que l’épreuve précédente à l’intervention
de ce type de processus contrôlé quand le SOA est faible
(19). On peut donc penser que l’utilisation de cette tâche
pourrait fournir un aperçu plus précis du fonctionnement
des processus automatiques chez les patients schizophrènes en cas de SOA bref (20, 21). Seulement, il reste
que le SOA n’est pas le seul critère pouvant influencer
l’intervention ou non des processus contrôlés : la proportion de paires de mots reliés et la consigne proposée
peuvent également entrer en jeu. Par ailleurs, étant
donné que la tâche de prononciation de mots ne permet
pas au sujet de mettre en œuvre le processus d’appariement sémantique, il sera difficile d’affirmer quand on
l’utilise, que les EAS anormaux observés chez les
patients sont uniquement le fait d’un trouble du processus automatique, sans que viennent se surajouter des
perturbations du processus contrôlé post-lexical. Par
conséquent, lorsque toutes les conditions expérimentales nécessaires sont respectées (SOA court mais également proportion de paires reliées faible et consigne
adaptée), la tâche de décision lexicale constitue une
épreuve tout à fait pertinente pour évaluer l’efficience
Schizophrénie et effets d’amorçage sémantique
du processus automatique de diffusion de l’activation :
elle permettra de favoriser la mise en œuvre du processus automatique tout en contrôlant qu’aucune intervention des deux processus contrôlés vient expliquer les
effets obtenus.
CONCLUSION
Alors qu’un déficit des processus contrôlés est largement considéré comme impliqué dans l’obtention d’effets
anormaux d’amorçage sémantique chez les patients schizophrènes, l’intégrité de fonctionnement et le rôle du processus automatique de diffusion de l’activation ne sont
pas encore clairement définis. Les variables expérimentales manipulées par les auteurs sont responsables de cet
état de fait car elles n’ont en effet pas réellement permis
d’isoler dans son fonctionnement ce processus automatique. Or, il demeure qu’un dysfonctionnement de ce processus peut être impliqué, au même titre que les processus contrôlés, dans l’expression des EAS des patients
schizophrènes. Afin de circonscrire l’intervention des processus contrôlés et ainsi pouvoir obtenir des renseignements fiables sur le fonctionnement du processus automatique de diffusion de l’activation, une méthodologie plus
stricte devra être employée. Par ailleurs, une manipulation
plus pertinente des relations sémantiques (type de relation, distance) entre l’amorce et la cible doit encore être
envisagée afin de clarifier quel type de dysfonctionnement
sémantique les patients schizophrènes présentent réellement. L’hétérogénéité symptomatologique de la population schizophrénique, souvent reléguée au second plan
par les auteurs, devra être prise en compte dans l’interprétation des résultats. Enfin, l’utilisation d’autres épreuves que la tâche de décision lexicale avec amorçage
sémantique permettra de confirmer l’existence ou
l’absence d’un déficit des processus automatiques. Les
informations ainsi obtenues nous aideront à mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire sémantique et
à saisir le rôle joué par ce fonctionnement dans l’expression des troubles du langage manifestés par ces patients.
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