3ieme FRANCAIS (1) ( PDF

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3ieme FRANCAIS (1) ( PDF
Brevet blanc (mai 2012)
Epreuve de français - Première partie (1h30)
La scène se passe vers 1930. La narratrice, 13 ans, est scolarisée dans une institution fréquentée
par de riches étrangères. Un soir, l’une d’elles, Margaret, s’échappe de l’institution pour retrouver
un jeune homme. Le gardien la voit sans la reconnaître…
Le lendemain, toute la maison bruissait de rumeurs et de chuchotements. Au petit
déjeuner, Mme M. nous avisa simplement que l’une d’entre nous avait commis un acte
grave en sortant clandestinement de la pension de nuit. Et qu’elle serait sanctionnée.
Dans la matinée, elle me fit appeler dans son bureau. J’arrivai, intimidée par le décor
de velours et de capiton, les effluves d’un parfum sucré, les ongles de Mme M., très longs
et recourbés en griffes.
Elle décrivit en quatre points la situation.
Un : Margaret était la coupable.
Deux : si son père, un magnat de Pittsburgh1, apprenait l’incident, la réputation de
l’institution était perdue aux Etats-Unis.
Trois : impossible de passer l’éponge. Le gardien avait parlé. Tout le monde était au
courant.
Quatre : il fallait donc trouver une fausse coupable dont la mauvaise conduite serait
sans retentissement sur l’institution.
D’abord, je n’ai pas compris. Puis, quand elle m’a dit : « Ta mère me doit bien ça… »,
l’angoisse m’a saisie. J’ai supplié :
- Pas moi, s’il vous plaît, pas moi…
- Soit, a dit Mme M., ta pension n’est pas payée depuis trois mois. Si tu refuses de
me rendre le service que je te demande, tu seras renvoyée. Assieds-toi. Tu as
cinq minutes pour réfléchir.
Elle a feint de se plonger dans ses papiers. Et j’ai connu un moment de désespoir
absolu. Le premier de ma vie consciente. Un moment de haine pure, aussi, envers cette
femme altière et ses manigances.
J’ai cédé, naturellement. Que faire d’autre ? Mon inconduite a été officiellement
stigmatisée2 et sanctionnée par un séjour solitaire d’un mois dans un chalet où l’on
m’apportait devoirs et repas. Margaret a été informée qu’on l’avait à l’œil.
Après un mois, quand j’ai réintégré ma chambre et ma classe, mon cœur était
devenu comme du vieux cuir. Il l’est resté. J’avais découvert le chantage. Surtout, j’avais
pris la mesure de ma faiblesse et celle de ma mère. En face du magnat de Pittsburgh et de
Mme M., nous ne pesions rien : on pouvait nous marcher sur la figure.
Je ne savais pas ce qu’était un rapport de forces, mais j’ai appris, en cette occasion
particulière, et pour la vie, que les faibles se font toujours écraser.
Ne jamais écraser : ce pourrait être une devise.
Ne jamais se laisser écraser : une résolution.
Françoise Giroud, Leçons particulières, Ed. Fayard, 1990.
Magnat de Pittsburgh : Puissant capitaliste (définition du Robert) résidant dans la ville américaine
de Pittsburgh.
2 Stigmatisée : blâmée et condamnée.
1
QUESTIONS SUR LE TEXTE (15 points)
Toutes vos réponses seront rédigées et justifiées.
I.
Mme M. (6 points)
1. a. La narratrice ne précise qu’un élément du portrait physique de Mme M., lequel ? (0,5 pt)
b. A quoi ou à qui Mme M. se trouve-t-elle ainsi assimilée ? (0,5 pt)
2. Observez les lignes 8 à 14.
a. Quelle particularité présente leur disposition dans la page ? (0,5 pt)
b. Que marquent les chiffres qui se trouvent en début de ligne ? (0,5 pt)
c. En quoi cette disposition et cet emploi de chiffres sont-ils révélateurs du ton employé par
M. ? (1 pt)
d. Pourquoi Mme M. choisit-elle de trouver une « fausse coupable » ? (1 pt)
Mme
3. Ligne 18-19 : « Si tu refuses de me rendre le service que je te demande, tu seras renvoyée. »
Donnez la nature et la fonction précise de la proposition subordonnée « Si tu refuses de me rendre
le service » (1 pt).
4. Lignes 29-30 : « En face du magnat de Pittsburgh et de Mme M., nous ne pesions rien : on pouvait
nous marcher sur la figure. »
a. Remplacez les deux points par une conjonction de coordination ou de subordination qui
explicite la relation logique sous-entendue. (0,5 pt)
b. Nommez cette relation logique. (0,5)
II.
La narratrice (9 points)
5. a. Appuyez-vous sur le texte pour dire quelle est la situation sociale de la narratrice. (1 pt)
b. Pourquoi est-elle alors la « fausse coupable » désignée ? (1pt)
c. Comment est formé le mot « inconduite » (l.24) ? Déduisez-en son sens. (1 pt)
6. La narratrice parle de « chantage » à la ligne 28. Expliquez ce mot, en fonction du contexte (1 pt)
7. A la ligne 15, la narratrice opère une modification du système verbal précédemment utilisé.
a. Quel temps utilise-t-elle à la ligne 15 (en dehors du dialogue) ? (0,5 pt)
b. Quel temps verbaux dominants utilisait-elle jusque-là ? (0,5 pt)
c. Quelle est l’impression produite par ce changement de temps ? (0,5 pt)
8. Relisez, lignes 21 à 23, les trois dernières phrases du paragraphe (à partir de « Et j’ai connu… »).
a. Quelle est la particularité de construction des deux dernières phrases ? (0,5 pt)
b. Quel est l’effet produit ? (0,5 pt)
9. « mon cœur était devenu comme du vieux cuir » (l. 27-28).
a. Nommez la figure de style employée ici. (0,5 pt)
b. Expliquez-la. (1 pt)
10. Relisez les lignes 31 à 34. Françoise Giroud a intitulé son récit Leçons particulières. Dites quel
est, ici, le sens du mot « leçon ». (1 pt)
REECRITURE (4 pts) :
Dans les lignes 15 à 20 (de « D’abord » à « pour réfléchir »), vous remplacerez « je » par « nous »
en imaginant qu’il s’agit de la narratrice et de sa sœur. Vous effectuerez tous les changements
nécessaires.
DICTEE (sur 6 points) :
Consignes à l’attention des collègues chargés de la dictée
lors de l’épreuve du Brevet Blanc de Français
-
Lire une première fois intégralement le texte de la dictée, en faisant les liaisons qui
s’imposent.
Dicter les phrases une par une, par portions, en articulant nettement et en précisant
chaque signe de ponctuation (mais pas les majuscules) et les alinéas éventuels.
Relire chaque phrase dictée, avec la ponctuation.
A la fin de la dictée, faire écrire le nom de l’auteur et de l’œuvre dont la dictée a été tirée (à
faire figurer au tableau).
Relire intégralement la dictée avec sa ponctuation.
Accorder cinq minutes pleines de relecture aux élèves.
Merci par avance de votre collaboration !
Les collègues de Français de Troisième.
 Pour les collègues en charge d’élèves bénéficiant d’un PAI dyslexie, merci de
distribuer à chacun d’eux la dictée à trous jointe, avant de dicter le texte comme pour
les autres élèves.
 Ecrire au tableau la source du texte.
 Avant la dictée, écrire au tableau : « Mme M. », « bachot » (en expliquant que c’est
un nom familier donné au baccalauréat) et « péronnelles » (terme péjoratif désignant
une jeune fille sotte et bavarde).
 Pendant la dictée, ne pas oublier de signaler que « treize » doit être écrit en toutes
lettres ; indiquer le changement de paragraphe et donc l’alinéa après « histoire de
l’art. »
DICTEE :
J’avais treize ans peut-être lorsqu’une directrice de pension m’administra une
leçon inoubliable. Mme M., œil vert, ongles laqués, de la prestance, dirigeait une
institution essentiellement fréquentée par des étrangères qui venaient achever leurs
études par une année de français et quelques leçons de musique ou d’histoire de
l’art.
Au milieu de ces péronnelles, quelques adolescentes françaises recevaient
l’enseignement régulier qui était censé les conduire au bachot.
Françoise Giroud, Leçons particulières (1990)
Epreuve de français - Seconde partie (1h30)
 Les candidats devront rendre le sujet avec leur copie.
REDACTION (15 points)
Mme M. convoque la directrice adjointe de la pension pour l’informer de la décision
qu’elle vient de prendre. Elles sont en désaccord. Rédigez leur dialogue argumentatif, sous
deux formes différentes au choix :
-
Un dialogue intégré au sein d’un récit et donc encadré d’interventions narratives.
-
Un dialogue théâtral utilisant les ressources du théâtre, en particulier les
didascalies.
Vous signalerez votre choix en tête de votre rédaction (dialogue narratif ou dialogue
théâtral).
Il sera tenu compte, dans l’évaluation, de la correction de la langue, de l’orthographe
ainsi que de la présentation (alinéas et paragraphes).

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