La violence1 à l`égard de la femme sénégalaise ou du système

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La violence1 à l`égard de la femme sénégalaise ou du système
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La violence1 à l’égard de la femme sénégalaise ou du système
tentaculaire et de la démission d’un État mort-né2
Samia Mihoub, Ph.D,
Enseignante-chercheure,
Université de Sherbrooke, Québec, Canada
Lorsque la guerre en Afghanistan a éclaté en 2001, le monde a ouvert les yeux sur la
nature du régime Taliban et sur le sort réservé aux femmes afghanes. Le fondamentalisme
Taliban a commis -et continue- les pires atrocités contre les femmes. Malgré l’intervention
occidentale, la présence des forces de l’OTAN et des ONG, les femmes afghanes ne cessent
encore aujourd’hui de vivre sous le joug d’une société patriarcale où les lois tribales s’en
prennent presque toujours à elles seules. Toutefois et malgré le paroxysme et la particularité de
l’exemple afghan, on a tendance à penser- sans doute à cause de la généralisation et des analyses
parfois légères de certains médias- que les femmes soumises, souffrant de polygamie, battues et
privées de libertés, vivent seulement sous les régimes appliquant la Charia, donc dans des pays
comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Afghanistan, etc. Pourtant, sous des régimes libéraux,
théoriquement laïques et démocratiques, des centaines de femmes vivent aussi dans des
conditions fort préoccupantes. Maintenues sous un système de dépendance socioéconomique,
obligées de vivre la polygamie de leurs époux ou de leurs pères sans rechigner, ostracisées en
matière d’enseignement et d’accès aux postes de pouvoir, soumises à une logique patriarcale et
féodale, etc. plusieurs femmes sénégalaises sont ici la preuve qu’il ne suffit pas qu’un État arbore
les emblèmes de la laïcité et du libéralisme pour que les femmes soient épanouies.
Réputé pour être le pays de la Téranga et de la démocratie en Afrique sub-saharienne, le
Sénégal ne cesse aujourd’hui de sombrer dans l’abîme du népotisme, de la corruption et du
manquement aux libertés (atteintes à la liberté d’expression, attaques et emprisonnement de
journalistes, menaces et intimidation d’opposants…). Plus que jamais, le gouvernement de M.
Wade est dénoncé, au moment où la société connaît sa pire crise économique et socio-culturelle.
Contexte mondial de dépression économique, hausse des prix des denrées alimentaires, coûts
exorbitants du logement, chômage, immigration clandestine, crise du système éducatif, etc. ne
sont ici que quelques symptômes du mal-être sénégalais. Dans ces temps de crise, mon attention
se porte sur la femme sénégalaise et sa condition de vie. Non pas parce que je suis moi-même
femme, de surcroît féministe et défenseure des droits de l’Homme, mais parce que dans une
société polygame comme la société sénégalaise, la femme reste de par sa posture et sa condition
de vie, la première victime d’une socio-économie impitoyable et d’un État en faillite.
1
Le concept de violence ne s’entend pas ici seulement dans le sens physique. Il est en fait question de
violence psychologique, morale, socio-économique, etc.
2
Le concept d’État mort-né fait ici allusion à l’échec de l’État Senghorien à réaliser son indépendance par
rapport à la France et à l’incapacité des hommes politiques qui lui ont succédé à moderniser la société. Ce
concept résume à mon sens la faillite et l’incapacité de l’État à rendre service à ses populations et à faire
respecter la loi et ce, depuis sa timide création dans les années 60 (incapacité à éradiquer la pauvreté et
l’analphabétisme, à fournir un réseau fiable d’électricité et d’eau potable aux populations, à moderniser le
système de santé, à moderniser le statut juridique de la femme, à contenir l’explosion natale, incapacité à
contenir la superpuissance des marabouts et leur interférence dans les affaires de l’État, etc.).
2
Ma contribution se concentre sur la condition et les difficultés de la femme sénégalaise.
Celles-ci résultent d’abord d’un système social et économique impitoyable, ensuite de la
démission d’un État qui s’est montré incapable de les protéger. Elles sont aussi la conséquence
d’un discours maraboutique opportuniste et réactionnaire et de la complaisance de certains
intellectuels. On verra également comment ces femmes deviennent elles-mêmes actrices du
système tentaculaire qui les contrôle à travers une attitude tantôt résignée, tantôt inconsciente.
Cet article s’articule donc autour de quatre parties : la première arpente les conditions de vie de
certaines femmes en interrogeant les notions de violence et de dépendance matérielle. Ici, le
phénomène de la violence conjugale est analysé en corrélation avec la violence économique,
psychologique et morale infligée aux femmes à travers un système socioculturel prônant
l’obéissance, la soumission et le modèle de la femme objet. La deuxième s’attarde sur les notions
du paraître et de l’ostentation afin de démontrer la complaisance des femmes et leur rôle dans le
maintien de ce système. La troisième évoque la faillite de l’État sénégalais et son incapacité à
améliorer les conditions juridiques, économiques et sociales de la femme. Enfin, la quatrième
traite des conséquences de la polygamie sur la société sénégalaise toute entière et établit l’échec
cuisant de l’État à contenir la superpuissance des marabouts.
I-Pauvreté et traditions étouffent les femmes
1-De la violence psychologique, morale et socio-économique
Georges Labica nous apprend que toute violence doit être référée au système qui la
produit . La violence que j’évoque ici ne se limite pas à la violence physique. Elle englobe au
contraire toutes les formes de violences, qu’elles soient morales, psychologiques, socioéconomiques… à laquelle se trouve confrontée la femme au Sénégal. En effet, Si la violence
conjugale, et ceci n’est pas pour la minimiser, peut être sanctionnée par la loi, la violence
psychologique économique et socioculturelle, elle, est pernicieuse. Partant, cette forme de
violence plus cynique et plus arbitraire est plus difficile à localiser, à délimiter et à conceptualiser
car elle est ancrée dans les mœurs, dans la culture voire dans les valeurs mêmes d’une société.
C’est une violence que la société toute entière, l’État et l’économie en faillite infligent aux
femmes. Ainsi, l’échec de l’indépendance (l’incapacité à construire un État moderne, efficace et
développé), le maintien des rites polygames pratiqués avec abus et outrance, l’incapacité de l’État
à éradiquer la pauvreté et à promouvoir les femmes, l’asservissement de ce même État à la
volonté des marabouts - qui maintiennent la société dans une logique féodale, népotiste,
réactionnaire et antiféministe4 - concourent à former un système tentaculaire, assimilable à une
pieuvre5 qui prive les femmes de leur autonomie et les soumet à une violence quotidienne.
3
3
LABICA, Georges. Pour une théorie de la violence, Intervention au séminaire « Marx au XXIe siècle.
L’esprit & la lettre », CHSPM, Université paris 1- Sorbonne, 12 janvier 2008.
4
Les marabouts sont connus pour leur très forte polygamie. Leurs comportements envers les femmes sont
souvent dénoncés par les médias (www.seneweb.com).
5
GEERTZ, Clifford, Bali : Interprétation d'une culture, Paris, Gallimard, 1983, p. 161.
3
Pour étayer l’analyse, je pars du phénomène de la violence conjugale, qui n’est ici à mon
sens, que l’un des actants secondaires6 dans le système tentaculaire qui nous intéresse. Malgré
l’absence de statistiques officielles, la violence faite aux femmes au Sénégal est de plus en plus
évoquée. Les cas relatés quotidiennement par les médias le prouvent7. Les statistiques de la
Banque mondiale établissent que 60% des femmes sénégalaises disent avoir été victimes de
violences conjugales8. Les témoignages que j’ai pu recueillir personnellement auprès de femmes
sénégalaises sont éloquents9. Nonobstant le caractère peu scientifique de l’enquête
(échantillonnage accidentel), celle-ci a eu le mérite de donner la parole à des victimes restées trop
longtemps sans voix et de mettre en évidence un vrai problème de société. Ce qui est encore plus
frappant c’est le silence observé des victimes et de leurs familles. Quand on sait que la plupart
des femmes victimes de violence conjugale n’osent pas se plaindre ou rapporter leur calvaire à
leurs proches et encore moins aux autorités locales, on comprend ici mieux la notion de violence
économique et psychologique. Celle-ci n’est en réalité qu’une manifestation de la dépendance
matérielle et sociale dans laquelle vivent nombre de femmes. En effet, près de la moitié de la
population sénégalaise vit sous le seuil de la pauvreté 10. Les femmes étant la catégorie qui en
souffre le plus11. La peur de perdre une source de revenus dont elles disposent ainsi que leurs
familles, les dissuadent de dénoncer leurs époux.
2-Société patriarcale et poids des traditions
Si la plupart des femmes violentées n’osent pas porter plainte, c’est aussi parce qu’elles
ont peur de perdre leur mariage. Sans doute préfèrent-elles les coups d’un mari qui les fait vivre
et leur procure un statut social que le mécontentement de leurs propres parents si elles osent
provoquer la séparation. Car ne nous leurrons pas, au Sénégal, une fille doit se marier, peu
importe si le prétendant a déjà plusieurs épouses et une abondante progéniture à son actif. Il
existe derrière l’obsession du mariage 3 logiques, à mon sens. La première est purement
économique. Les parents feront tout d’ailleurs pour pousser leurs filles au mariage. Non
seulement, le futur mari les débarrassera d’un fardeau économique, mais en plus, et avec un peu
de chance, ils pourront compter sur lui pour payer les factures d’électricité, les prescriptions
médicales, et même glaner quelques sacs de riz. Le mari est donc plus qu’un simple beau-fils à
qui l’on a confié sa fille. Il devient ici l’espoir de toute la famille et se voit hissé à un statut de
sauveur, selon la théorie de Max Weber12. Et si le sauveur s’acharne de temps en temps
physiquement sur sa femme, il sait que ni elle, encore moins ses parents n’iront se plaindre. Si
6
Les principaux actants, ou actants primaires sont l’État (de par sa faillite), le discours religieux musulman
confrérique et maraboutique (de par son effort de maintenir toujours le statu quo et d’encourager la
polygamie), le système de valeurs sociales (de par la pression qu’il soumet aux femmes en les incitant à
accepter leur sort et à ne point se révolter).
7
Cf. En ligne :<http://www.Seneweb.com> consulté à lété et l’automne 2008.
8
BLACKDEN, Mark. Renforcer l’équité de genre pour réduire la pauvreté, in. Les échos de la Banque
mondiale, numéro 6, décembre 2006. En ligne : < http://www.web.orldbank.org> consulté en janvier 2009.
9
Entretiens personnels avec des femmes sénégalaises de Dakar et des environ, automne 2008.
10
World Bank. En ligne <http://devdata.worldbank.org/AAG/sen_aag.pdf> consulté en janvier 2009.
11
Ibid.
12
WEBER, Max, Essais de sociologie des religions I, Trad. GROSSEIN, (J. P.), Ed. A Die, 1996, pp. 3132.
4
l’envie le prend d’épouser d’autres femmes, selon la même logique, le sauveur ne trouvera que
peu ou prou de résistance de part et d’autre.
Par ailleurs, les violences faites aux femmes et aux fillettes dans certains villages sont
également à souligner. Le journal Le Quotidien révèle que les fillettes du collège de Vélingara
estiment que leurs maisons sont moins sûres que l’école et le collège. 13 Le journal souligne que
ces fillettes avouent être confrontées quotidiennement aux viols, grossesses et mariages précoces,
harcèlement sexuel, le plus souvent de la part de personnes proches (cousins, beau-frère, beaupère, colocataire, etc.). De plus, dans certains cas, les violences restent impunies car les parents
n’osent pas porter plainte contre le proche qui a commis le crime. Encore une fois, les traditions
et les considérations sociales continuent de peser de tout leurs poids sur les filles les obligeant à
supporter leur calvaire en silence.
La seconde logique est socioculturelle. La société sénégalaise est patriarcale et fortement
influencée par un discours religieux, musulman, confrérique, traditionnaliste14. De plus, cette
société a gardé une essence féodale observable entre autres dans le système des castes. Par
conséquent, l’origine et le statut social y acquièrent une importance majeure. Le mariage a cela de
particulier qu’il permet à ces femmes d’accéder à un statut social considéré comme respectable
dans une société restée hermétique à la modernisation. Comme dans toute société patriarcale et
traditionnaliste, le mariage procure à la femme protection et respectabilité. Hissée au stade de
femme mariée, celle-ci accomplit ainsi un objectif suprême longtemps chéri par elle-même et par
sa propre famille. À l’inverse, perdre ce statut, se retrouver dans le banc des épouses
abandonnées, séparées, divorcées, est considéré comme une profonde régression. Ainsi, et dans la
plupart des cas, plusieurs femmes ne se soucient que peu ou prou que le mari soit déjà marié à
d’autres femmes. Le fait qu’il ait une ribambelle d’enfants ne dérange nullement. L’objectif étant
ici le fait de se « caser » afin de pouvoir compter économiquement sur un époux et d’acquérir un
statut social jugé respectable. Et c’est ainsi que le cercle vicieux se referme sur lui-même.
Perpétuant ainsi la tradition des mères et des grands-mères, ces femmes battues préfèrent se faire
violenter au quotidien que retourner chez leurs parents. Elles se complaisent dans un ménage
polygame et douloureux aussi bien physiquement que psychologiquement et entretiennent ainsi
elles-mêmes leur propre souffrance.
II-Dithyrambe et ostentation : le cercle vicieux du paraître
1-Interroger la notion de la femme objet
La troisième logique est une résultante des deux premières : celle du paraître, de
l’ostentation, du matériel, de l’apparence. Le culte du paraître est nourri dans toutes les sphères
de la société sénégalaise. L’habit y faisant ainsi le moine et l’apparence y étant primordiale15. Les
13
« Vélingara. Violences faites aux filles : la maison moins rassurante que les établissements scolaires »,
Le Quotidien, 13 février 2009.
14
90% de la société sont musulmans. Les catholiques ne représentent que 5 ou 6%. En ligne :<
http://www.unhcr.org/refworld/country> consulté en janvier 2009.
15
On ne peut comprendre ce phénomène qu’après avoir longuement observé les mœurs sénégalaises.
5
baptêmes et les cérémonies sont l’occasion privilégiée pour expérimenter ce constat. Se parant de
leurs meilleurs atouts matériels (bijoux, tissus et coiffures diverses), les femmes prennent part à
l’un des phénomènes sociologiques les plus éloquents au Sénégal. Celles qui porteront les bijoux
les plus gros et dont les coiffures attireront le plus l’attention auront remporté la palme de
l’ostentation et se feront gratifier par une jalousie de la part de l’assistance. Mes détracteurs
diront que ces femmes sont simplement coquettes. Cependant, même si la coquetterie est une
dimension à ne pas négliger, une analyse sociologique plus audacieuse établira que la logique du
paraître est au cœur de ce phénomène. D’ailleurs, cette logique est renforcée par un autre
phénomène éloquent : celui des griots. Lieu ultime d’étalage du paraître et de gaspillage d’argent,
les cérémonies et les baptêmes font le bonheur des chanteurs populaires dont le seul gagne pain
consiste à louer la « noble » généalogie des plus offrants. Lors de ces cérémonies, les billets de
CFA circulent à flot, et surtout, tout est mis en place pour que les billets soient vus par toute
l’assistance et longuement filmés dans les cassettes et DVD de la cérémonie. Le moment de
l’offrande des billets s’apparente à un vrai spectacle16. L’argent est brandi d’une façon tapageuse
et voyeuriste, accompagnée par de longs dithyrambes griotiques, le tout dans une frénésie
générale de la part d’une assistance envieuse. L’on objectera peut-être à cette analyse l’idée que
l’argent provient des tontines si populaires auprès des femmes sénégalaises. L’on objectera aussi
en avançant l’argument des largesses dont celles-ci font preuve. En réalité, ce qui choque ici c’est
bien le contraste frappant entre cet étalage de billets et la pauvreté morbide dans laquelle vivent
nombre de ces femmes. Les statistiques de la Banque Mondiale sont, à cet effet, éloquentes : en
2007, 42% de la population sénégalaise vivent sous le seuil de la pauvreté 17. L’analphabétisme
touche près de 39% des personnes ayant plus de 15 ans18. Nos entretiens avec certaines femmes
ont confirmé leur dépendance financière à leurs époux. À cet effet, l’argent qui circule dans les
cérémonies est souvent offert par les maris : certains l’offrent par obligation, d’autres s’en
acquittent à contre cœur, d’autres encore le donnent pour se racheter une conduite.
2-Survivre au système : complaire et se résigner
L’on retiendra de cette analyse que le paraître est au cœur de la complaisance de certaines
femmes sénégalaises dans un ménage violent et polygame. De ce fait, recevoir les louanges des
griots et la jalousie des envieuses représente ici pour certaines d’entre elles une gratification qui
en vaut, selon elles, largement les coups et blessures, le volage et la polygamie du conjoint. Drôle
de logique où la dignité d’une femme et son intégrité sont tronquées contre le dithyrambe d’un
griot et la jalousie de quelques voisines.
Au vu de ces logiques, on s’aperçoit que certains hommes violents et polygames achètent
le silence de leurs femmes et de leurs beaux-parents car, conscients eux-mêmes de la
complaisance de leurs victimes, ils savent rétribuer leur silence. Celui-ci est hypothéqué contre
quelques maigres milles CFA donnés aux beaux-parents ou à la femme pour vivre mais aussi
surtout pour financer le paraître cérémonial. Certains beaux-parents, nullement enclins à perdre
une manne précieuse, ferment les yeux sur le calvaire vécu par leurs filles. Ils sont complices et
16
Visionnage de cassettes et de CD de baptêmes célébrés à Dakar.
World Bank. En ligne http://devdata.worldbank.org/AAG/sen_aag.pdf consulté en janvier 2009.
18
Ibid.
17
6
constituent sans le savoir, une parfaite couverture aux crimes de violences perpétrés par leurs
gendres. Ce système est, comme le précisait Foucault 19 discret et indiscret. Il est discret car il
opère selon un mode connu par tous, et indiscret car il sévit en silence et fait des ravages sans
jamais faire éclater la moindre grogne ni de la part des femmes elles-mêmes ni de la part des
autorités. Par ailleurs, l’on est aussi en droit de nous interroger sur la réaction de l’État face à cet
état de fait. D’ailleurs, son silence face à ces violences est un autre mystère à percer. Il nous
indique combien ce système est tentaculaire comme nous le dit Geertz20. Quand on sait la faillite
de cet État dans la prise en charge de ses populations, son échec cuisant dans l’éradication de la
pauvreté, l’amélioration de la qualité des soins, la mise en place d’un réseau d’électricité fiable, la
garantie de l’eau potable dans tout le territoire, etc. on comprend mieux son silence face au
calvaire des femmes. De ce fait, le système d’achat des consciences et des dignités qui garantit
l’impunité des maris violents sert indirectement l’État sénégalais. Il permet aux familles laissées
pour compte par l’État d’avoir une source de revenus, toute maigre soit-elle, garantie par ce
même mari, tout violent soit-il.
III-Condition de la femme sénégalaise ou comment l’État a lourdement failli
Toutefois, si la pauvreté joue un rôle capital dans le maintien de ce système, la condition
juridique précaire de la femme sénégalaise y joue un autre rôle non moins important. L’absence
de mesures particulières de protection21, le manque de prise en charge, de recours, etc. sont ici des
éléments primordiaux qui affaiblissent cette femme. Par conséquent, l’on peut aussi observer que
la pauvreté et le faible statut dont elle jouit en matière de droit personnel, la maintiennent dans
une posture socio-économique précaire d’abord et dans une structure maritale polygame ensuite.
Malgré le discours officiel, les efforts fournis par le gouvernement Wade depuis 2000
pour améliorer les conditions des femmes restent timides et très peu suffisants. Nonobstant la
promulgation d’une loi fondamentale suite au référendum constitutionnel de 2001 affirmant
l’égalité des droits, des chances et de traitement entre les hommes et les femmes, celles-ci
continuent de souffrir de discriminations diverses. Ces dernières sont visibles dans un moindre
accès à l’enseignement secondaire et universitaire en comparaison aux hommes. Le modèle
patriarcal qui régit la famille et la société prive les femmes du pouvoir de prises de décisions.
Sans oublier la discrimination professionnelle quand il s’agit de postes de décisions et de pouvoir
ainsi que l’archaïsme du système traditionnel de la succession qui les ostracise en matière
d’héritage. De plus, il existe un décalage absolu entre les lois du mariage établis par l’État et les
pratiques sociales qui font de la polygamie et du mariage précoce des filles (surtout en milieu
rural) une règle générale. Il est ainsi inéluctable que les femmes souffrent beaucoup plus que les
hommes de la pauvreté et en restent les premières victimes. Il en va sans dire que la pauvreté des
19
FOUCAULT, Michel, Surveiller et punir : Naissance de la prison, Paris, Gallimard, 1975, p. 179.
GEERTZ, Clifford, Bali : Interprétation d'une culture, Paris, Gallimard, 1983, p. 161
21
Je rappelle ici le code du statut personnel de la femme tunisienne promulgué par Bourguiba en 1956 et
les nombreux avantages qu’il a apporté à la femme tunisienne, dont notamment l’interdiction formelle de la
polygamie (sanctions sévères prévues aux contrevenants), l’abolition des lois de la charia, l’instauration du
mariage civil comme seule forme de mariage reconnu par l’État, l’abolition des mariages religieux
traditionnels (sauf sur preuve de mariage civil), le droit au divorce, les sanctions sévères contre la violence
à l’égard des femmes, etc.
20
7
femmes les fragilisent fortement, les prive de l’accès à l’autonomie économique et par
conséquent sociale, et les maintient dans une posture de soumission aux hommes. Ceci est
d’autant plus vrai lorsque le ménage compte plus de deux femmes ainsi qu’un nombre important
d’enfants comme c’est le cas dans les ménages polygames.
Par ailleurs, si l’on s’arrête aussi sur la pratique de la polygamie, on s’apercevra que le
système tentaculaire qui étouffe les femmes, profite aussi aux tenants de la polygamie. Défendue
par une large part de la société masculine sénégalaise et pratiquée à outrance et encouragée par
les marabouts, la polygamie n’est qu’une autre conséquence de la faillite de l’État sénégalais.
Celui-ci a encore manqué son rôle car maintenir le rite polygame au sein de la société représente
ici un échec cuisant dans la protection des femmes. Cet État ferme les yeux sur une pratique qui
nuit non seulement aux femmes mais aussi eux enfants. Encore ici, il est en flagrant délit de
complicité car non seulement il n’accomplit pas son devoir de protéger les composantes les plus
fragiles de sa population mais en plus il peine à se faire respecter. Il laisse ainsi perpétrer une
pratique dont on voit quotidiennement les dégâts dans la société (épouses délaissés au profit
d’une nouvelle coépouse souvent plus jeune, explosion natale, négligence de la progéniture, etc.).
De Constitution laïque, cet État se laisse également intimider par le pouvoir des marabouts qui se
sont érigés en État dans l’État jouissant de tous les privilèges dont le premier est justement d’être
très polygames en toute impunité. Ce tractatus politico-marabouticus (que Wittgenstein me
pardonne cette incursion) mis en place par Senghor dans les années 60, a été largement maintenu
par les gouvernements qui lui ont succédé. Aujourd’hui encore, M. Wade se targue d’être
Mouride et ses flirts avec la sacro-sainte confrérie n’ont jamais choqué un État qui a appris depuis
sa naïve naissance à subir sans jamais réagir. Par ailleurs, on observe aussi son échec cuisant dans
le contrôle de l’homophobie généralisée22 au sein de la société. L’homosexualité est même
déclarée punissable par l’article 403 du code de procédure pénale dans cet État aux prétentions
laïques23.
IV-De la polygamie et d’autres dégâts du discours maraboutique sénégalais
En effet, n’oublions pas que la polygamie, largement répandue dans ce pays, trouve ses
justifications dans le discours religieux musulman. Les tenants de la polygamie diront que celle-ci
est tolérée par l’islam. Ce qui leur donnerait donc de surcroît le droit de la pratiquer à leur guise,
sans jamais se soucier de ses limites, ni même de l’ambiguïté de son autorisation dans le texte
coranique.
22
Des cas quotidiens d’attaques et d’arrestations d’homosexuels ou de personnes soupçonnées
d’homosexualité son relatés par la presse sénégalaise (de surcroît homophobe vu la prise de position claire
affichée dans les articles). Des défunts soupçonnés d’avoir été homosexuels de leur vivant sont refusés dans
les cimetières (Cf. « Cimetière de Touba : Les autorités mourides s’opposent à l’inhumation de
l’homosexuel Serigne Mbaye. », in. En ligne <http://www.xibar.net>, 24 juillet 2008. Consulté en février
2009).
23
« Le tribunal sans pitié pour les gays de Sicap-Mbao: Les 9 « goorjigeen » récoltent 8 ans ferme,
chacun », L’Office, mercredi 7 janvier 2009.
8
1-Islam et polygamie : ambiguïté du texte et nécessité de réflexion
La polygamie introduite par l’Islam suscite une interprétation complexe et ambiguë 24. Le
texte coranique qui l’introduit (sourate 4, verset 3) autorise le mariage avec une, deux, trois ou
quatre femmes à la condition sine qua non d’être juste avec elles. Si la condition de la justice
n’est pas atteinte, le même verset incite à la monogamie. La notion de justice est considérée par
les analystes (Elhalougi, 2002) comme étant un critère ultime pour pratiquer la polygamie, ce qui
est corroboré dans le verset 129 de la même sourate : «Vous ne pouvez jamais être juste envers
vos femmes, même si vous le désirez ardemment.»25 Les ulémas progressistes (Tunisie, Liban),
ont considéré que la difficulté de satisfaire au critère de la justice rend la polygamie irréalisable.
Ils l’ont donc interdit simplement. Dans les pays arabo-musulmans où la polygamie n’est pas
interdite, sa pratique est devenue caduque et délaissée vu les difficultés économiques qu’elle
exige de la part des hommes (subvenir à plus d’un foyer) et morales (la polygamie reste un
phénomène combattue et fustigée par les femmes et l’intelligentsia masculine arabe). La
modernisation des sociétés arabes depuis les indépendances fait aujourd’hui que le mariage
monogamique est donc devenue quasiment la règle.
La polygamie telle que pratiquée au Sénégal ne se soucie que peu ou prou de la condition
de la justice. L’observation des ménages polygames et les témoignages des femmes nous
apprennent que la première épouse est souvent délaissée au profit d’une nouvelle et jeune
coépouse. Cette pratique entraîne une explosion de la natalité dans un pays qui souffre de
pauvreté, chômage, analphabétisme, etc. Elle empêche non seulement l’épanouissement des
femmes et des enfants, mais freine le développement de la société toute entière. Elle entraîne une
plus grande division des ressources appauvrissant le chef de famille et réduisant par là même le
niveau de vie, la capacité d’achat et le confort du ménage. Elle brise la solidité du couple,
diminue le temps alloué aux enfants et à leur éducation, favorise les querelles et les disputes entre
les femmes, produit un climat de violence et de méfiance entre l’homme et ses épouse, etc.
2-Opportunisme des marabouts et néant intellectuel
L’obsession des tenants de la polygamie nous pousse à nous interroger sur l’attachement
à une pratique qui garantit à ses défenseurs le privilège de couvrir leurs infidélités par un voile
religieux. L’absence de toute réflexion sérieuse sur cette question au sein de la société
sénégalaise, de tout effort d’exégèse progressiste, de toute allusion au caractère ambigu et limité
de l’interprétation du verset coranique en question et des dégâts causés par cette pratique-et ceci
même de la part de l’intelligentsia-nous pousse à nous interroger sur le sérieux des ambitions de
développement et de modernité des intellectuels sénégalais. Une lecture assidue du contenu de la
presse sénégalaise nous a révélé combien la question de la polygamie était absente des débats 26.
Aussi, le manque de réflexion rationnelle sur cette question de la part des journalistes et des
24
Cf. à ce sujet l’analyse de Mustapha El Halougi (professeur à l’université Al Azhar, au Caire), auteur
d’une étude sur l’image de l’islam dans les manuels scolaires en France en classe de cinquième et en
seconde, extraits en ligne : <http://oumma.com/L-islam-autorise-t-il-la-polygamie> consulté en décembre
2008 et janvier 2009.
25
Le Coran, sourate 4, verset 129.
26
Lecture de plusieurs titres de médias sénégalais sur Internet sur une période d’environ 6 mois.
9
politiciens renseigne sur la complaisance dont ceux-ci peuvent faire preuve. Des discussions et
des débats m’ont ainsi opposée à plusieurs participants et journalistes dans de nombreux forums
de Seneweb27. Sans toutefois généraliser, et consciente que ces échanges restent difficilement
représentatifs, ceux-ci ont cela de particulier qu’ils sont formulés sous couvert de l’anonymat
permettant ainsi une plus grande liberté dans l’expression des opinions. Par conséquent, la
critique que j’avançais sur la pratique abusive de la polygamie et la nécessité de réflexion
constructive se heurtait à deux catégories de réactions.
La première émanait de participants et de journalistes tenant un discours de caractère
intégriste. La polygamie étant selon ce discours une prescription religieuse et toute possibilité de
sa remise en cause n’est qu’une pure mécréance. La réflexion se trouve ainsi éliminée d’emblée
au profit d’un discours prônant la pratique d’un islam fortement traditionnaliste. La deuxième
réaction émanait de personnes (très fortement actives sur les forums et les pages de discussions)
affichant une certaine ouverture d’esprit mais refusant, eux aussi, catégoriquement de remettre en
cause la pratique de la polygamie. Quoique se disant ouvert, étudiants ou travailleurs à l’étranger,
plusieurs prônaient le maintien du statu quo et défendaient l’idée selon laquelle la polygamie
serait un droit presque fondamental accordé à l’homme sénégalais. Arguant en cela qu’ils ne
peuvent à eux seuls changer toute une société et qu’ils n’osent s’attaquer aux combiens puissants
marabouts et chefs religieux confrériques, ils nous prouvent donc qu’ils se complaisent dans les
sentiers battus de la polygamie qui leur permet, à eux aussi, peut-être, nombre de privilèges...
Certains d’entre eux avançaient avec une conviction naïve frôlant le ridicule que les femmes
vivant dans des ménages polygames sont «heureuses » car elles se partagent les tâches ménagères
et ne se trouvent donc pas obligées de tout faire toutes seules !
Il est ainsi épatant de réaliser que ce pays, passé maître dans le discours sur la volonté de
développement, d’ouverture et de tolérance, où la misère côtoie quotidiennement les derniers nés
des téléphones cellulaires, des 4X4 et des Hammer, se trouve incapable d’amorcer une réflexion
sérieuse et rationnelle sur la légitimité d’une pratique inscrite dans le Coran dans un contexte
particulier au 7ème siècle. L’analyse de ce contexte nous apprend que la prescription de la
polygamie était à fortiori une nécessité ponctuelle28 établie suite à la mort d’un nombre important
d’hommes musulmans lors de la bataille de Uhud29 dans une petite communauté où un nombre
important de femmes sont devenus veuves avec des enfants. Il s’agissait d’un temps dur pour la
première société du prophète Mahomet où la nécessité de se reproduire était le seul moyen de
survie et de garantie de la pérennité de la communauté musulmane première de Médine. De plus,
quand on sait que la société préislamique était fortement polygame, où les hommes enterraient
vivantes les filles nouveau-nées car considérées comme porteuse de honte sociale30, on s’aperçoit
que le verset 3 de la sourate 4 représente à cet égard une révolution par rapport aux mœurs de
27
Cf. En ligne <http://www.seneweb.com> de septembre à décembre 2008. Les discussions sont anonymes.
Elhalougi, op.cit.
29
Opposant les mecquois et les musulmans de Médine.
30
Le Coran, sourate 8. Cf. aussi à ce propos MIHOUB, Samia, Internet dans le monde arabe, Complexité
d’une adoption, Paris : L’Harmattan, 2005 p.174 et MIHOUB, Samia, Dynamiques de l’appropriation/réappropriation des TIC dans un contexte arabo-islamique : le cas de la Tunisie, Thèse pour le doctorat de
3ème cycle, Université Paris VII Denis Diderot, 2004, pp.152-154 et ARKOUN, Mohammed, L'Islam :
approche critique, Paris : Grancher, 1992.
28
10
l’époque. La chute du même verset de la même sourate s’avère même plus révolutionnaire encore
puisqu’on y incite carrément à la monogamie : « Mais si vous craignez de ne pas être équitable,
prenez une seule femme »31.
Le vide intellectuel entourant la pratique de la polygamie et la complaisance de
l’intelligentsia permettent ainsi la floraison de tous les abus et privent la société et la femme
sénégalaise d’un allié certain contre l’obscurantisme des forces traditionnalistes et la démission
de l’État. Celui-ci, incapable de porter secours aux femmes, permet au discours maraboutique de
pendre le dessus sur une réflexion rationnelle et pragmatique capable d’aider la société
sénégalaise à se débarrasser de ses démons et d’amorcer sa propre modernisation.
Conclusion
Nous sommes partis des difficultés de la femme sénégalaise pour en arriver à la
démission de l’État sénégalais, mort-né en 1960. Ceci nous permet de constater que dans une
société moderne, juste et démocratique, les composantes les plus fragiles (femmes, enfants,
minorités, personnes âgées) doivent pouvoir compter sur un État qui leur garantisse la sécurité et
la vie digne. Le système tentaculaire dans lequel est maintenue aujourd’hui la femme sénégalaise
n’est enfin de compte que la résultante de l’échec de l’État depuis les indépendances à protéger
les femmes. Cette faillite amène ainsi son lot de désastres sociaux et économiques : certaines
femmes vendent leurs dignités et leur intégrité dans une complaisance effroyable, certaines
familles « marchandent » leurs filles aux plus offrants, les marabouts maintiennent la société dans
une structure féodale et réactionnaire et l’intelligentsia tantôt démissionnaire, tantôt opportuniste,
se montre incapable de réformer le système social. Cette intelligentsia composée d’intellectuels et
d’opposants endogènes ou expatriés est plus souvent occupée à décortiquer les intrigues du palais
présidentiel, cherchant à renverser un régime, mais ignorant que ce qu’il faut réformer ce sont les
mentalités, les manières de faire, de réfléchir, de vivre… bref, la société toute entière32.
Le Sénégal, considéré jusqu’en 2000 comme l’exception démocratique de l’Afrique subsaharienne a failli lourdement dans une tâche que d’autres ont d’emblée accomplie avec brio.
Pourtant, la tâche n’est point difficile à réaliser. Ce que la Tunisie a atteint en matière de
protection de la femme depuis les années 50, le Sénégal, avec un peu de volonté, serait à mon
sens capable de l’accomplir aujourd’hui en 2009. Lorsque Bourguiba a mis au point le code du
statut personnel de la femme tunisienne33, considéré unanimement comme le code le plus
progressiste et le plus avantageux pour les femmes de tous les pays arabes et musulmans, la
résistance des islamistes et des forces traditionnalistes était grande. La seule volonté d’un homme
éclairé a suffit pour garantir aujourd’hui à la femme tunisienne une vie digne, une posture
avantagée et une condition juridique privilégiée34.
31
Le Coran, sourate 4, verset 3.
Cf. les médias sénégalais, la plupart sont disponibles sur Internet.
33
Des mesures tacites mises en place par l’État Bourguibien ont permis d’instaurer une Action positive
(Affirmative action) en faveur de la femme tunisienne qui a permis de privilégier et d’encourager l’accès
des femmes à toutes les sphères de l’administration. Ceci a permis de former une intelligentsia féminine dès
les années 70 qui a longuement œuvré (et continue) pour l’émancipation de la femme tunisienne.
34
Cf. à ce propos le code du statut personnel de la femme tunisienne.
32
11
BIBLIOGRAPHIE
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BLACKDEN, Mark. Renforcer l’équité de genre pour réduire la pauvreté, in. Les échos de la
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