Les Tziganes : une approche trop souvent stéréotypée
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Les Tziganes : une approche trop souvent stéréotypée
ZIGANI DROM - Les Tziganes : une approche trop souvent stéréotypée Les non Tziganes, pour la majorité d’entre eux, ont des Tziganes une première image stéréotypée, les conduisant à pérenniser des jugements péremptoires. Une population marginale ou marginalisée ? Une partie de la population Tzigane est marginale dans la mesure où elle vit suivant des principes qui lui sont propres, habillement, alimentation, déplacements, relations commerciales, … Cependant, c’est surtout en portant sur eux, par méconnaissance, des jugements de valeurs basés sur les préjugés et les stéréotypes que la population les marginalise. De même, l’existence de lois spécifiques (stationnement, réglementation des professions ambulantes, …), met en évidence que les pouvoirs publics les marginalisent aussi. Les rapport entre Tziganes et non Tziganes sont de nature Dominés / dominants Dominant : se sentir marchandage ; … supérieur ; faire référence à la loi ; tutoiement ; Dominé. Subi, parfois accepté et détourné avec mise en place de stratégies adaptées : tentative d’influence par la crainte. Préjugés et stéréotypes Les contacts entre Tziganes et non Tziganes restent faibles, ce qui ne permet pas vraiment d’échanger ni de communiquer. Les regards évoluent donc peu. Préjugés et stéréotypes : définitions et principes « Le préjugé ne consiste pas à ignorer certaines choses mais à s'ignorer soi -même »Montesquieu Le préjugé est une opinion préconçue, favorable ou défavorable, portée par avance et adoptée sans examen et sans raison valable. Le stéréotype constitue une formule banale, dépourvue d’originalité. Ils ont été forgés par divers médias : livres (littérature, romans, contes, BD, …), radio, télévision et rumeur. Les stéréotypes et les préjugés, sont souvent dénigrés et combattus dans une éducation à l'interculturalité car ils sont considérés à l'origine de comportements racistes. Il est cependant nécessaire d'en comprendre les origines, car si les stéréotypes sont dangereux, ils sont aussi nécessaires : ils permettent : De s'orienter : pour ne pas être perdu , le cerveau humain a besoin de classer les informations qu'il reçoit ( haricots et tomates sont des légumes ; une personne noire vient d'Afrique). Ces classements, grossiers, gomment les différences au sein du groupe et les accentuent entre des groupes différents. De rassurer : en face d'un comportement inconnu ou inhabituel, la surprise et l'insécurisation engendrée va conduire à élaborer une explication qui n'aura pour but que de rassurer. De se connaître soi même : les différences, les autres visions du monde nous permettent de révéler notre identité. Tziganes_et_prejuges.odt page 1 / 4 ZIGANI DROM - Et finalement de se sécuriser : le besoin de s'inclure à un groupe conduit généralement les individus à se regrouper autour de critères communs ( la musique, la coiffure,....) et de nier les différences, voire même de les empêcher de s'exprimer. Les stéréotypes constituent un important élément d'intégration des groupes. Les stéréotypes relèvent des attitudes d'identification/inclusion à un groupe, et d'altérisation/exclusion des autres. Le stéréoptye a une fonction de préservation du groupe. Les stéréotypes conduisent ainsi : • À simplifier : le classement se fait selon ses propres critères et représentations. (Les préjugés constituent un savoir a priori) vu dans autre partie, à placer au début. • À juger et dévaloriser : ils posent le système de valeurs de son titulaire comme universel et conduisent à des jugements dévalorisants pour l'autre. • À devenir ethnocentrique : ils dénoncent les différences, nient l'intérêt de l'altérité. Ce qui est différent de moi n’a pas la même valeur • Les préjugés, qui sont des stéréotypes primaires peuvent évoluer dans la rencontre avec d'autres cultures. Cependant, il est nécessaire d'être conscient que de nouveaux stéréotypes, peuvent être engendrés par ces mêmes contacts. Préjugés et stéréotypes à connotation négative Quelques exemples : • Ce sont des voleurs, ils sont sales. • Ils se marginalisent par leur habillement – costume traditionnel, vêtements usés ou au contraire, un luxe déplacé (chemise à jabot). Ils sont asociaux. • Ils ne respectent pas les biens des personnes • Ils sont roublards • Ce sont des mendiants, des parasites • Ils sont cruels Préjugés et stéréotypes à connotation positive Ils bénéficient d’un grand prestige dans le domaine artistique. La danse (Carmen Amaya), la musique (les plus connus Manolo, Manitas de Plata, Django Reinhart, …), le cirque (Bouglione), la corrida (El Gallo). Ils ont des pouvoirs divinatoires, magiques ou maléfiques (surtout les femmes, …). Ils représentent un symbole de liberté (le « fils du vent »), il est mystérieux et porteur de valeurs : fierté, solidarité. Conséquences des préjugés et stéréotypes Les images véhiculées sont utilisées à diverses fins. (Ce qui aura aussi tendance à renforcer les stéréotypes) Pour valoriser des produits : la gitane, cigarette de qualité supérieure à la gauloise ! Christian Dior en 95 donne une « couleur tsigane » à sa collection, … Les tziganes ont inspiré bon nombre de créations • Des auteurs : Aragon, Cendrars, Exbrayat , Zola, Hugo, sans oublier « les bijoux de la Castafiore » de Hergé • Un opéra « Carmen » de Georges Bizet. • Des chansons : Mon pote le gitan de Mouloudji ; Le Gitan de Daniel Guichard • Des films (Tony Gattlif) • Des peintres (Van Gogh) • Etc … Préjugés et stéréotypes conduisent à nier les spécificités des différents groupes Tziganes. Que l’image soit positive ou négative, les préjugés et stéréotypes limitent Tziganes_et_prejuges.odt page 2 / 4 ZIGANI DROM la capacité à analyser une situation (une observation ponctuelle entraîne un jugement de valeur généralisé à l’ensemble des Tziganes). Paroles de Tziganes Ça fait longtemps qu’on est sédentarisé dans le bourg. L’autre jour avec ma mère, on a sonné chez une gadjé qu’on connaît. Elle a regardé et comme elle ne nous a pas reconnues, elle a lâché ses chiens. Ma mère a réagi. Alors, elle s’est excusée : «Je ne vous avais pas reconnues. Si cela avait été quelqu’un d’autre, c’était pareil». Un jour, je parlais avec mes copines. Elles se mettent à dire : «les manouches, ils sont tous sales, etc...» Alors, je leur ai dit : «Moi, j’en suis une, je me lave, je suis propre !» Elles ne savaient plus quoi dire. J’ai senti qu’à partir de ce jour-là, elles ont changé de regard sur moi. Je n’ai quand même pas à cacher qui je suis pour avoir des copines. Le droit à la différence Des organisations internationales (le Conseil de l’Europe, l’UNESCO...) prônent la reconnaissance et la protection des minorités culturelles ainsi que le respect des droits de tout homme. Les groupes ethniques, victimes de la discrimination sous une forme ou une autre, sont parfois acceptés ou tolérés par les groupes dominants à condition de renoncer à leur identité culturelle. Il convient de souligner la nécessité d’encourager ces groupes ethniques à conserver leurs valeurs culturelles, ils seront ainsi mieux en mesure de contribuer à enrichir la culture totale de l’humanité. (Art. 18 des statuts de l’UNESCO) Tuer le nomade c’est tuer la part de rêve où toute société va puiser son besoin de renouveau. (Proverbe Tzigane) Pistes d’actions source : http://www.diocese-poitiers.com.fr/conseils/justice.html ; Gens du voyage et Gadjé 1996 Combattre les clichès «Ils roulent en Mercédès». La vérité est que ce sont souvent des occasions et rarement des voitures de luxe. C’est que la caravane, le camion sont leur seul bien et leur lieu de vie. C’est que ce «patrimoine» se dévalorise avec le temps alors que nos maisons prennent de la valeur, et parmi les gadjé, ne sont-ils pas nombreux ceux qui consacrent beaucoup d’argent, de temps et de soin à leur voiture ? «Ils cassent tout et laissent les emplacements sales». C’est parfois vrai, mais pas toujours. Et quel est le comportement de certains vacanciers sur le bord des routes ou dans les campings ? Beaucoup d’entre nous auraient sombré dans les difficultés quotidiennes que rencontrent les gens qui voyagent. Eux survivent, notamment grâce à la solidarité familiale, et conservent culture et dignité. La mobilité, avoir plusieurs métiers, pouvoir changer de travail et s’adapter aux circonstances économiques, ne sont-elles pas des qualités aujourd’hui recherchées ? Militer pour le respect des droits Dénoncer les expulsions lorsqu’il n’y a pas de terrain aménagé. Exiger des structures d’accueil qui respecte les droits de l’Homme. Vérifier qu’un schéma départemental prévoyant de telles structures et l’accompagnement social indispensable ont été sérieusement mis au point. Exiger l’application de la loi - Loi n°2000-614 du 5 juillet 2000 (dite Loi Besson II) relative à l'accueil et à l'habitat des Gens du Voyage Combattre toute proposition tendant à modifier la loi Besson dans le sens d’une plus grande surveillance policière ou à faciliter les expulsions. Veiller à ce que les Gens du Voyage soient associés aux décisions qui les concernent. Tziganes_et_prejuges.odt page 3 / 4 ZIGANI DROM - Restreindre la part d’exclusion qui nous revient Se désolidariser des associations de riverains qui s’opposent à l’implantation de terrains. Ne pas cautionner les excès des gendarmes et des vigiles de grands magasins par notre silence, nos regards détournés. Prêter ou vendre son terrain. Ouvrir nos écoles Contester les parents ou les directeurs d’établissements qui s’opposent à l’inscription de jeunes voyageurs. Poser la question dans les associations et dans les réunions de parents d’élèves. Rencontrer les inspecteurs départementaux de l’éducation nationale. Attendre des écoles, qu’elles soient des lieux de rencontre entre les cultures et de respect mutuel. Imaginer des pratiques audacieusement innovantes. Oser la rencontre Sans misérabilisme ni angélisme. Sans crainte ou méfiance a priori. Gérer simplement, loyalement et fermement la relation marchande. La «chine» n’est ni de la mendicité, ni de l’escroquerie ; c’est une manière de travailler. S’intéresser au produit ou au service offert, à son prix. Rencontrer plus longuement les personnes est moins facile. Leurs déplacements sont un obstacle. Leur relation au temps est différente de la nôtre. Certains y parviendront ; d’autres pas. Ce qui est important, c’est de créer un réseau entre ceux qui ont des contacts avec les voyageurs Rejoindre les associations ou mouvements qui se solidarisent avec les gens du voyage Chacun sent bien qu’au delà des comportements individuels c’est la démocratie qui est en jeu. Il faut donc agir ensemble, que ce soit au sein des grandes organisations de défense des droits de l’Homme ou dans les associations locales plus spécifiques bibliographie : Tsiganes qui sont-ils ? De Michel Delsouc (Sociologue), CRDP Midi-Pyrénées mai 2005 Tziganes_et_prejuges.odt page 4 / 4