Le grand poète Tony Raful, Prix national de littérature

Transcription

Le grand poète Tony Raful, Prix national de littérature
Les Libanais dans le monde
lundi 10 mars 2014
5
Le grand poète Tony Raful, Prix national
de littérature 2014 de Saint-Domingue
Distinction Homme politique, essayiste et poète, Tony Raful appartient à une famille originaire de Miziara.
Fady NOUN
Le Prix national de littérature
2014 de la République de
Saint-Domingue vient d’être
attribué sur décision conjointe de la Fondation Corripio
et du ministère dominicain
de la Culture au grand poète
et écrivain d’origine libanaise,
Tony Raful (Raffoul).
Le prix s’accompagne d’un
don en espèce d’un million
de pesos. Il a été décerné à
Tony Raful à l’unanimité par
un jury composé des recteurs
des six grandes universités de
Saint-Domingue. La remise
du prix a eu lieu au cours
d’une cérémonie officielle
au théâtre national de Santo
Domingo. L’ex-président de
Saint-Domingue, le dirigeant
Luis Abinader, et l’évêque
Mgr Agripino Núñez Collado, ainsi que des membres
de la famille et des amis assistaient à la cérémonie. Aux
premiers rangs de l’assistance,
Elvis Alam, responsable de la
Fondation maronite dans le
monde à Saint-Domingue.
Tony Raful est né le 28 avril
1951 à Saint-Domingue de
parents d’origine libanaise, venus de Miziara (Liban-Nord).
Il est titulaire d’un diplôme de
sciences politiques de l’Université autonome de SaintDomingue, où il a enseigné
quelque temps le droit.
Ministre de la Culture
Poète, Tony Raful est aussi
homme politique et fondateur
de parti (Parti révolutionnaire
dominicain – PRD). Il a été
à trois reprises élu au Congrès
dominicain, avant d’être nommé ministre de la Culture.
Comme
administrateur,
il a dirigé la Radiotélévision
dominicaine de 1978 à 1980
ainsi que la Bibliothèque nationale (1980-1982). Il a en
outré été secrétaire d’État à
la Culture (2000-2004). Avec
Pedro Peix et Andrés L. Mateo, il a produit et dirigé le
programme littéraire télévisé
« Peña de tres » et a écrit des
éditoriaux et analyses pour les
deux journaux, La Noticia et
Listín Diario.
Sa carrière littéraire a commencé sous l’égide de l’Université Mouvement culturel
et de l’Université autonome
de Saint-Domingue, proche
du groupe « Post-War Poets »
(Poètes de l’après-guerre) qui
émergea après la révolution
de 1965. À côté de ses œuvres
poétiques, il a publié des essais politiques et littéraires.
En lui décernant son prix, la
République dominicaine « reconnaît l’authenticité de son
inspiration et la profondeur
de son influence sur la jeune
poésie dominicaine, ainsi que
sa trajectoire nationale politique et culturelle », affirme le
communiqué qui a annoncé la
nouvelle.
« Tony Raful fait partie
d’un groupe très spécial d’intellectuels qui font partie des
valeurs sûres de ce pays (...) Il
a enrichi la culture de SaintDomingue par son travail
d’écriture qui a été unanimement salué », a écrit de son
côté la presse locale.
Le grand poète suit de près
les efforts de la Fondation
maronite dans le monde pour
renouer les liens entre le Liban résident et les Libanais
de la diaspora.
Antoine Tabet, l’oncle du Sénégal
Portrait Il était surnommé le « Lion d’Afrique ». Antoine Tabet s’est illustré dans
le monde de l’entrepreneuriat, mais était aussi un conseiller privilégié de nombreux
hommes politiques.
« Habeas Corpus » pour une suicidée (*)
Ton corps est comme un léopard qui agonise
Une maison qui accourt dans
les rêves au rendez-vous des
vents
Un langage d’enfants à l’heure
libre des écoles.
Alors, quand une fille comme
toi descend quatorze étages
dans le vide,
Quand elle perd ses formes et
ses vêtements;
Les badauds s’attroupent et
commentent :
« Comment est-ce possible ? »
« Comment a-t-elle pu ? »
« Une femme aussi belle ».
Car ils ne savent pas qu’une
femme qui se suicide
En se pendant au crépuscule
Peut être belle encore.
Ton cœur vaincu par le dégoût
ne leur suggère aucun baiser.
Tu as cessé d’être un sujet dans
leurs histoires,
Tu es le pire désormais, le cas
pénible, lamentable,
Un repos de fleurs et de terres
te couvre d’oubli,
Comme s’il était interdit au
papillon d’achever son vol.
Voici venir une rencontre de
coupables,
Nous aurons fait notre possible,
toi en te suicidant,
et nous en enterrant avec des
pierres les gens sains,
Les parfaits, ceux qui ne perdent
jamais la raison
et qui sourient de la caverne de
leur monde
Avec le miroir de leur vie.
Tony RAFUL
(*) Poème paru dans le recueil
« Gestion du jour qui naît »
(1973), repris dans « Poètes
de la République dominicaine,
textes choisis », présentés et
traduits de l’espagnol par
Claude Couffon dans une édition bilingue.
Antoine Menassa : « Le sujet
de l’émigration me passionne
depuis mon enfance »
Interview Antoine Menassa est président de
la « Halfa », association des hommes d’affaires
libanais en France, membre de l’ULCM-France.
Il explique les circonstances de sa candidature au
poste de président de l’ULCM.
Pourquoi
vous
portezvous candidat au poste de
président de l’Union libanaise culturelle mondiale
(ULCM) ?
Je suis candidat à la présidence de l’ULCM étant
donné la situation dans la région et l’état de l’émigration
libanaise. Je suis très sensible
à cette cause pour laquelle je
milite depuis plus de 14 ans à
travers les continents.
Antoine Tabet, un grand entrepreneur libano-sénégalais, décédé
à Beyrouth il y a un an.
Naji FARAH
Son regard bon enfant et
souriant restera gravé dans la
mémoire de nombre de personnes. Originaire de Deir
el-Qamar, « oncle » Antoine
Tabet a côtoyé des hommes
politiques du monde entier,
et son action en faveur du développement de l’Afrique, son
continent de naissance, lui a
valu sa réputation. Le « Lion
de l’Afrique » est décédé à
Beyrouth il y a un an.
« Le boss », comme l’appelaient aussi ses proches, était
né en 1921 au Sénégal, où il
a passé son enfance dans le
village côtier de Mbour, à 80
km de Dakar. Trois ans après
le décès de son père Anis, Antoine décide de quitter l’école
à 14 ans pour aider sa maman
Hélène dans le commerce puis
s’enrôle dans l’armée française
à 20 ans.
En 1945, un corps de l’armée est envoyé au Liban et
Antoine en fait partie. Sa
maman le supplie : « Tu ferais mon bonheur si, de passage au Liban, tu faisais un
saut à Tyr, où vit une partie
de la famille Tabet, ce sont
des parents à nous, je tiens
absolument à ce que tu fasses
leur connaissance. » C’est là
qu’il retournera en 1962 pour
épouser une proche parente,
Nohad Tabet, qui lui donnera
quatre enfants : Anis, Hélène,
Claude et Guy.
La carrière professionnelle
d’Antoine Tabet a commencé
au retour de son premier voyage au Liban, avec l’achat de
camions de transport de marchandises sillonnant tout le
Sénégal. Peu de temps après,
Antoine en compagnie de son épouse Nohad encore tout jeunes mariés.
son ami d’enfance, Léopold
Sédar Senghor, devenu président de la République – puis
plus tard père fondateur de la
francophonie –, lui confie la
construction de la route Dakar-Ziguinchor, ville située en
Casamance au sud du pays.
Bien établi en Afrique de
l’Ouest, le groupe Tabet se
lance dans des opérations
commerciales avec l’Europe
et le Moyen-Orient, et dans
les années 1960, son nom devient associé aux plus grandes
compagnies dans le domaine
des travaux publics, comme
Jean Lefebvre, Colas, Dumez-Chauffour, Bouygues,
Sofratp, Draguages. Au début
des années 1980, le groupe
Tabet, renforcé par sa diversité culturelle, prend comme
nouvelle base la Belgique,
avec la création de la société
d’ingénierie ILPA. Les chantiers vont bon train, comme
au Congo à Brazzaville, avec
le développement de l’infrastructure routière, la construction d’un hôpital et autres bâtiments d’intérêt public.
Antoine Tabet était connu
pour son grand professionnalisme doublé d’une créativité à la libanaise et hors du
commun. Vivant entre Paris,
l’Afrique et le Liban, et proche conseiller des hommes
politiques, il concentrait son
énergie sur la finance et la
construction d’ouvrages d’art
et, à travers ses contacts, a
introduit la compagnie Bouygues au Sénégal.
« Oncle » Antoine, en
compagnie de son grand ami
Michel Eddé, a appuyé de
nombreux jeunes en France,
en Belgique et d’autres pays
dans leurs actions associatives et entrepreneuriales pour
le Liban. L’association RJLiban a été l’une des premières
à bénéficier de son soutien,
l’aidant à s’investir dans le
monde de l’émigration en faveur du Liban. Nos dernières
rencontres ne remontent pas
à loin lorsque, entouré de ses
dix petits-enfants tous fiers,
sur la véranda de leur maison
à Tyr près du port donnant
sur l’une des plus belles plages
du Liban, il se souvenait des
bons moments partagés avec
ses amis de renom.
Ses enfants, qui ont repris
la relève, se sont établis depuis quinze ans au Liban, où
ils continuent de développer
des projets immobiliers, tout
en dirigeant l’entreprise familiale bâtie par leur père en
Afrique.
Racontez-nous votre parcours.
Né au Sénégal de parents
originaires des deux extrêmes
du Liban, Tyr et Tripoli, j’ai
passé mon adolescence au Liban comme pensionnaire au
collège des Apôtres à Jounieh
puis élève des Frères des écoles chrétiennes à Tripoli. J’ai
effectué mes études universitaires à l’Université Saint-Joseph (USJ) puis entamé ma vie
professionnelle dans le secteur
bancaire en voyageant à l’âge
de 23 ans à Paris. Ma position
de directeur général dans une
banque libano-arabe en France et en Angleterre m’a permis
de nouer énormément de relations dans le monde arabe
du temps des pétrodollars, et
je suis actuellement consultant
pour de grands groupes tels
que la SNCF. Quant à mon
fils Antoine-Chekrallah, dont
la mère, Adela Harfouche, est
une émigrée de la 3e généra-
En compagnie du président sénégalais Léopold Sédar Senghor.
Quelle a été votre motivation pour vous engager
auprès des émigrés ?
L’émigration libanaise est
un sujet qui me passionne
depuis mon enfance. J’ai commencé à militer pour cette
cause en 2001, en choisissant
d’adhérer à l’ULCM au Mexique. À cette époque, l’ULCM
était en pleine effervescence
suite aux divisions politiques
dans le pays. Je suis intervenu
afin de jouer un rôle fédérateur
et je continue à le faire jusqu’à
ce jour.
Quels sont vos objectifs
principaux ?
Il faut réserver une plus
grande part aux jeunes, mais
aussi aux femmes, afin qu’elles participent à la direction de l’ULCM. J’œuvrerai
aussi pour la réunification de
cette institution en étudiant
un modèle pour sortir de la
crise, et assurer notre avenir
et celui de nos enfants. La
restructuration de l’Union
doit être fondée sur un nouveau mode de fonctionnement, avec la définition d’un
nouveau mode économique,
essentiel pour garantir son
avenir.
Des noms tirés de l’histoire...
à la télévision
Une nouvelle série d’interviews télévisées d’émigrés a
débuté le 21 février à la LBCI
et la LDC. « Des noms tirés
de l’histoire » (« Asmaa min
al-tarikh ») est présentée par
Karen Boustany et comporte
vingt entrevues réalisées avec
des personnalités brésiliennes
d’origine libanaise à São Paulo et à Rio de Janeiro.
Les deux premiers volets
ont vu Michel Temer, viceprésident de la République
du Brésil, ainsi que Amyr
Klink, grand navigateur et
écrivain, s’exprimer sur leurs
réalisations respectives et leur
attachement à la mère patrie.
Vont suivre : Fernando Haddad, maire de São Paulo ; Roberto Duailibi, publicitaire et
écrivain ; Soraya Smaili, recteure de l’Université fédérale
de São Paulo – Unifesp ; Sergio Buffara, homme d’affaires
et champion en arts martiaux
; Francisco Rezek, juge et
ex-ministre des Relations
extérieures du Brésil ; Gilberto Kassab, ex-maire de São
Rencontre avec le roi Hussein de Jordanie.
tion au Mexique, il est le pur
fruit de l’émigration.
Paulo ; Milton Hatoum, écrivain ; Enesto Zarzur, homme
d’affaires et promoteur immobilier ; Ricardo Izar Junior,
député fédéral et président
du groupe des parlementaires
brésiliens d’origine libanaise
; Wilma Ary, journaliste et
écrivaine ; Naji Naufal, directeur de la chaîne d’hôtels
Sofitel pour l’Amérique latine
; Ricardo Patah, président du
syndicat des commerçants et
de l’Union générale des travailleurs ; Raul Cutait, médecin à l’hôpital Sírio-Libanês ;
Basilio Jafet, président de la
Fiabci ; Paulo Skaff, président de la Fiesp ; Safa Jubran, professeur et écrivaine
; Alfredo Cotait, ex-sénateur
et président de la Chambre
de commerce Brésil-Liban ;
Charbel el-Hachem, médecin
plasticien.
Ce programme, produit en
collaboration avec le Centre des études et cultures de
l’Amérique latine à l’Université Saint-Esprit de Kaslik
(Cecal-USEK), est diffusé
tous les vendredis à 22h30.
Premier dîner RJLiban
à Rio de Janeiro le 27 mars
Après Paris, Beyrouth et
Mexico, l’association RJLiban
organise un premier dîner à
Rio de Janeiro le jeudi 27 mars
2014, à 20h, en vue d’établir
de nouveaux contacts avec les
membres de la communauté
libanaise et leurs amis. Le
dîner aura lieu au restaurant
Cette page est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban.
E-mail : [email protected] – www.rjliban.com
Amir, rue Ronald de Carvalho,
55 – Copacabana.
Pour plus d’informations,
appeler l’un des numéros suivants : +55 21 22 75 55 96
– +55 21 9 81 97 68 82, ou
écrire à l’adresse suivante :
[email protected].