Lire - Présidence de la République du Niger
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1 République du Niger Présidence de la République REPONSE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE AUX VŒUX DE LA PRESSE Vendredi 6 janvier 2012 2 Monsieur le Président de la Maison de la Presse, Mesdames et Messieurs les journalistes, Je suis un démocrate convaincu et je pense l’avoir prouvé depuis plus de vingt (20) ans que je suis dans le combat politique. Très tôt, j’avais pris l’engagement de ne jamais porté plainte contre un journaliste et il me semble avoir tenu, jusqu’ici, parole. Cette promesse m’a été dictée par la nécessité d’entretenir un débat permanent dans toute démocratie digne de ce nom. Elle m’a été dictée par la conviction que « les autres libertés ne peuvent être conquises sans la liberté de la presse ». Elle m’a été dictée par la conviction qu’il n’y a pas de position intermédiaire entre l’indépendance totale de la presse et la licence. Elle m’a été dictée aussi beaucoup plus par les maux qu’empêche la presse que par le bien qu’elle fait. En effet, pour citer un exemple, le programme de renaissance, en cours de mise en œuvre par le Gouvernement, ne peut se réaliser sans assainissement de la gestion des finances publiques et sans moralisation de la vie publique. La presse peut et doit y contribuer en dénonçant les maux que constituent les détournements des deniers publics, la corruption, les trafics d’influence et autres passe-droits. Mesdames et Messieurs, De la Conférence Nationale Souveraine à nos jours, le monde de la communication a beaucoup évolué. Il y a vingt ans il n’existait qu’une radiodiffusion. On compte aujourd’hui une vingtaine de radios privées et plus de 120 radios communautaires. Le secteur de la presse écrite se contentait d’un quotidien et d’un hebdomadaire. Le lecteur a aujourd’hui le choix entre une soixantaine de titres. En matière d’audiovisuel vous pouvez « zapper » entre huit chaines nationales de télévision. C’est assurément là une grande évolution dans le domaine de la presse. La presse nigérienne, comme vous l’affirmiez tout à l’heure, Monsieur le Président, a joué un rôle remarquable chaque fois que la démocratie a été menacée et lors des différents scrutins. Elle a contribué, surtout dans ses émissions en langues nationales, à la formation politique des citoyens. Elle a montré son dynamisme et sa vitalité. Néanmoins elle a 3 beaucoup de progrès à accomplir pour éviter que le nombre impressionnant de médias ne soit ennemi de la qualité. Mesdames et Messieurs, La liberté de la presse se nourrit, en effet, de la rigueur. Le langage et l’écriture doivent non pas diviser mais rassembler. Vous le savez mieux que moi, le manque d’objectivité du journaliste ou une information inexacte peut provoquer des préjudices aux conséquences incalculables. Permettez de vous citer deux exemples. Il y a deux jours de nombreux journaux ont annoncé avec fracas une pénurie ou une rupture de carburant à Niamey. Il n’en était rien. Il s’agissait simplement d’une perturbation d’approvisionnement des stations services qui coïncidait avec un jour férié. Ces annonces ont provoqué l’inquiétude chez beaucoup de consommateurs. L’annonce, qui s’est révélée fausse, de l’abandon de l’exploitation du gisement d’uranium par AREVA, constitue un autre exemple. Mesdames et Messieurs les journalistes, le public a donc besoin d’informations objectives et exactes. Vous avez le devoir de respecter vos lecteurs et vos auditeurs. Votre vocation vise à la divulgation de la vérité. Etre objectif et exact dans vos écrits et propos est une règle d’or de votre métier. Il faut donner aux faits leur importance correcte sans exagération. Mesdames et Messieurs, Le Niger est un des rares pays à avoir adopté une loi sur la dépénalisation des délits en matière de presse. En dépénalisant les délits de presse, notre pays s’illustre dans la consolidation de la liberté de la presse, de l’Etat de droit, de la démocratie. La presse est bel et bien libre au Niger. Mais l’usage de cette liberté est parfois gaspillé par un manque de professionnalisme, un goût démesuré pour le sensationnel et une absence de mesure dans les attaques personnelles et les polémiques stériles. Il faut attaquer les idées pas ceux qui les portent. Du reste, Monsieur le Président de la Maison de la Presse, vous l’avez dit, a aussi ses brebis galeuses. L’ONIMED, votre tribunal des pairs doit veiller au respect de l’éthique et de la déontologie 4 et ramener les journalistes sur le bon chemin chaque fois que cela est nécessaire. Ce tribunal doit leur rappeler en permanence les lourdes responsabilités qui pèsent sur leurs épaules, il doit leur rappeler la discipline qu’impose leur profession et l’influence de la presse sur la conscience des hommes. La dépénalisation du délit de presse doit renforcer le sens de responsabilité, éveiller la vigilance et la rigueur des journalistes dans la collecte et le traitement de l’information. Mesdames et Messieurs Aujourd’hui vous pouvez dire et écrire ce que vous pensez sans être inquiétés. Mais, sachez que le journalisme est un métier et qu’il repose sur des principes de base. La charte que vous vous êtes donnée dit clairement que « le journaliste ne doit pas publier toute information susceptible de jeter le discrédit sur une personne et l’exposer au mépris ou à la haine.» Le public croit en vous. Si vous vous trompez, vous trompez le public. D’où votre grande responsabilité dans la couverture médiatique des événements. Rassurez-vous Messieurs les journalistes, les propos que je tiens ne veulent nullement dire que notre presse n’est que frondeuse. Je voudrais simplement dire que seule la clarté, la pertinence produisent un message efficace. Pour marquer mon engagement à œuvrer pour l’épanouissement de la presse tant publique que privée, j’ai récemment signé la déclaration de la montagne de la table dont l’objectif est d’abolir les lois sur la diffamation et l’injure publique en Afrique, j’ai demandé aussi d’ouvrir grandement les portes de la Présidence afin que les journalistes couvrent les événements qui s’y déroulent. Nous n’avons rien à cacher. Je peux vous assurer que le gouvernement de la 7ème République créera toutes les conditions propices à une presse libre. Monsieur le Président de la Maison de la presse, vous pouvez compter sur mon appui et ma sollicitude pour examiner avec diligence vos différentes doléances. Le Ministre de la Communication est déjà instruit pour l’élaboration des projets de textes sur la réglementation de la publicité et la Convention 5 collective interprofessionnelle en vue de leur adoption. Je donne d’ores et déjà mon accord de principe pour apporter des solutions à vos autres revendications. Le Ministre de tutelle examinera avec vous les conditions de leur concrétisation. Que toute la famille de la presse reçoive mes vœux les meilleurs pour l’année 2012. Je vous remercie.