Destinations et marques territoriales : créer une cohérence
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Destinations et marques territoriales : créer une cohérence
Mais UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HOTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement» MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Destinations et marques territoriales : créer une cohérence dynamique entre tourisme et territoire. Présenté par : Anaïs LABADENS Année universitaire : 2013-2014 Sous la direction de Paul Pichon 1 2 UNIVERSITÉ DE TOULOUSE II - LE MIRAIL INSTITUT SUPERIEUR DU TOURISME, DE L’HÔTELLERIE ET DE L’ALIMENTATION MASTER TOURISME ET HOTELLERIE Parcours « Tourisme et Développement» MÉMOIRE DE PREMIÈRE ANNÉE Destinations et marques territoriales : créer une cohérence dynamique entre tourisme et territoire. Présenté par : Anaïs LABADENS Année universitaire : 2013-2014 Sous la direction de Paul Pichon 3 L’ISTHIA de l’Université de Toulouse II – Le Mirail n’entend donner aucune approbation, ni improbation dans les projets tutorés et mémoires de recherche. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur(e). 4 5 REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à remercier Paul Pichon, qui m’a apporté soutien et conseils avisés dans l’élaboration de mon mémoire. Il m’a permis d’orienter ma réflexion de façon éclairée et pertinente. Je souhaite également exprimer ma reconnaissance envers l’ensemble du corps enseignant, qui m’a apporté un regard nouveau sur mes acquis, à travers le domaine du tourisme que j’ai appréhendé pour la première fois cette année. Je tiens à remercier plus particulièrement Paul Pichon, Jacinthe Bessière, Bruno Claverie, qui m’ont permis de consolider mes acquis dans le domaine de la sociologie, de la communication, de l’économie et du marketing en y apportant un angle de vue nouveau. Je remercie aussi Pierre Torrente, Sébastien Rayssac et Driss Boumeggouti, qui m’ont apporté à travers leurs cours une meilleure connaissance du développement des territoires à travers le tourisme, ainsi qu’Anne Rostand, Jean-Philippe Sajus et Laurent Barthe qui m’ont permis d’acquérir de réelles compétences en termes d’opérationalisation. De même, je remercie les intervenants extérieurs à la formation qui ont su m’apporter un éclairage professionnel, clair et accessible à travers conférences et séminaires. De même, je salue le soutien et les connaissances que j’ai reçu de l’ensemble des acteurs du tourisme que j’ai pu rencontrer tout au long de mon étude. Je témoigne surtout toute ma reconnaissance à l’ensemble de ma promotion, qui a su créer cette année une atmosphère de travail riche et dynamique, avec une entraide et un soutien permanents dans les défis que nous avons eu à relever ensemble. De même, je remercie mes proches, qui ont su me soutenir à travers les épreuves que j’ai traversé cette année, au niveau de ma formation comme à un niveau plus personnel. Ils m’ont permis d’avancer de façon intelligente, grâce à leurs conseils et leurs encouragements. 6 Enfin, je tiens à remercier Mme Schmit, ma professeur d’allemand, qui m’a apporté à travers ses cours un des défis les plus importants et les plus enrichissants que j’ai eu à relever cette année. Parfois difficile mais jamais décourageant, cet apprentissage a toujours fait figure de bouffée d’air frais dans des semaines parfois éprouvantes par le volume de travail. 7 SOMMAIRE INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………10 10 PARTIE I - « Mise en produit » d’un territoire : construire du 12 contenu sur l'existant, bâtir une offre plurielle…………………………….…..12 1. Du territoire à la marque territoriale………………………………………….…………13 13 2. Une demande en constante évolution…………………………………………..…….…24 24 37 3. A nouveaux besoins………………………………………………………….………………..……37 PARTIE II - L'enjeu de l'appropriation du territoire : entre identité et mise en marché……………………………………………………………….………42 42 1. La marque territoriale comme outil d’adaptation à la clientèle touristique…………………………………………………………………………………43 43 2. La marque territoriale comme outil d’appropriation du territoire……54 54 3. L’enjeu controversé du territoire-produit…………………….…….………………61 62 PARTIE III - Etude de cas : la marque territoriale 69 Grands Sites Midi- Pyrénées …………….………….…………………..…….……………….69 1. Midi-Pyrénées et Grands Sites…………………………………………………………70 70 2. 81 Des objectifs ciblés aux effets réels………………………………………………80 3. Méthodologie d’opérationnalisation……………………………………………….……………………8788 95 CONCLUSION……………………….………………………..………………….………….…………………94 8 9 INTRODUCTION "La tradition sans modernité est stérile, la modernité sans tradition est aveugle."1 La société contemporaine dans laquelle nous vivons aujourd'hui accorde une place de plus en plus importante au loisir et au tourisme. Face à une culture de l'information, de l'immédiateté, où l'efficacité et la productivité demandées à chaque individu sont grandissantes, c'est le temps libéré qui fait figure de phase de repos, de pause physique et psychologique : ce temps libre s'est développé dans les dernières décennies, par le biais des congés payés notamment. Il évolue selon différentes modalités, usages, motivations, et est organisé de différentes façons en fonction des individus et de leur culture : il devient finalement aujourd'hui un élément aussi structurant que le temps de travail dans la société. C'est dans ce contexte que l'on a pu voir apparaitre le phénomène touristique tel qu'on le connait aujourd'hui. Ce phénomène prend aujourd'hui une ampleur nouvelle : on constate d'abord que la demande des touristes, qui évolue de plus en plus rapidemment, intègre de nouvelles attentes et de nouveaux comportements en termes de supports de communication, de mobilité et de pratiques. Cet ensemble de modalités au voyage soulève naturellement de nouvelles problématiques, notamment par rapport aux territoires d'accueil et à leurs acteurs institutionnels. Longtemps cantonnés au simple rôle d’information, ces acteurs institutionnels du tourisme ont vu leur mission évoluer au cours de ces dernières années. Elle s’est enrichie d’une connaissance plus poussée de leur public, de supports dynamiques et de contenu interactif. Une mission plus riche, mais aussi plus complexe : il s’agit de faire bénéficier de ce tourisme aux publics que l’on accueille, mais aussi au territoire et à ses habitants. On le comprend, le rapport entre le territoire et ses habitants est donc ici primordial, car si l'identité valorisée et les ressources mobilisées sont facteurs 1 André Valadier, figure du développement touristique de l’Aubrac. 10 d'attractivité, leur confrontation à l'activité touristique se révèle complexe et parfois problématique. On peut constater par exemple un certain nombre de dérives, notamment dues à la volonté d'adapter à tout prix la destination à une demande touristique. Un des principaux risques est ici celui du décrochage, de la désynchronisation entre développement touristique et développement du territoire (et de ses habitants), qu'il s'agisse de culture (folklorisation, marchandisation), d'économie (développement de l'activité en marge des acteurs locaux), et même de politique et social (accessibilité du patrimoine, déplacement des pôles de décision). Cet ensemble de problématiques que pose le lien entre développement touristique et développement du territoire est donc complexe, mouvant, et génère aujourd'hui de nouveaux défis pour les destinations d'accueil. Un nombre croissant de régions françaises comme Midi-Pyrénées, la Picardie, et des villes comme Toulouse, Lyon ou Bordeaux se sont par exemple lancées dans la construction de marques territoriales, affichant par cette démarche une volonté à la fois de valoriser l'attractivité de leur territoire et de créer une cohérence entre les touristes, la destination, et la population locale qui en est le meilleur prescripteur. Nous nous attacherons ici à étudier, à travers les démarches de ‘’mise en tourisme’’ et de marque territoriale, et les différentes dimensions qu'elles impliquent, comment les acteurs d'un territoire s'attachent à construire de la cohérence entre les attentes et besoins de ces trois parties. Il s'agit ici de comprendre comment ces besoins peuvent s'imbriquer, se compléter, comment ils peuvent ''s'apprivoiser'' dans des situations à priori complexes voire conflictuelles, afin de faire du phénomène touristique un facteur de développement du territoire et de satisfaction des différents acteurs qui y prennent part, de la population locale aux touristes, dans leur multiplicité comme dans ce qui les unit. 11 PARTIE I « Mise en produit » d’un territoire : construire du contenu sur l'existant, bâtir une offre plurielle. 12 Pour interroger cette problématique de cohérence entre tourisme et territoire, entre touristes et acteurs locaux, nous nous attacherons dans cette partie à définir les principales notions qu’elle soulève. Il s’agira de comprendre comment le territoire devient destination touristique, par le biais de la marque notamment, comment les acteurs qui le composent agissent et interagissent, et quel traitement est réservé à son identité propre. Une fois ces notions explorées, nous tenterons ensuite de construire une vue d’ensemble de l’évolution de la demande touristique aujourd’hui : en termes de motivations, d’attentes, mais aussi de supports d’information et de communication. C’est là que nous tenterons de confronter pour la première fois la notion d’identité territoriale avec l’offre touristique, problématique qui nous suivra tout au long de cette étude. 1. Du territoire à la marque territoriale 1.1. Du territoire à la destination Il convient donc de se pencher tout d'abord sur les notions de territoire et de destination, en tant qu'elles sont le ''noyau'' de l'attractivité, et la base d'un échange avec les touristes. Selon l’ouvrage collectif Le marketing touristique des collectivités territoriales, on entend par destination «un territoire qui est commercialisé comme une entité touristique auprès de marchés multiples [...] Le périmètre d'une destination peut correspondre à des frontières administratives (nation, région) si elles traduisent des orientations culturelles fortes mais elle peut également représenter des caractéristiques géographiques spécifiques (les Alpes, les Pyrénées, la Cote d'Azur) ou des particularités géographiques locales (le cirque de gavarnie, le Grand Canyon, etc.) ». Le territoire est donc ici associé à un produit, sur la base duquel se construira une démarche de promotion. 13 Comment alors définir ce territoire? C'est une notion complexe, multidimensionnelle, sans cesse mouvante. Elle fait appel à de nombreuses disciplines comme la géographie (un espace délimité), la sociologie (un ensemble d'individus répondant aux mêmes codes sociaux) ou même la politique (terrain d'action de campagnes publiques). Comme nous l'explique Camille Faure2, c'est un espace à la fois habité et visité, un objet d'appropriation. De même, on compte selon elle différentes dimensions du territoire : il détient une «valeur matérielle, éthique, spirituelle, symbolique et affective». Cet ensemble d'aspects fait donc du territoire un terme complexe recouvrant de nombreuses définitions : ambivalent, il peut parfois être difficile à saisir, mais il permet de s'adapter aussi à des contextes multiples et des logiques très différentes. Tantôt lieu physiquement délimité, lieu d'unité culturelle, lieu d'appartenance, il parait primordial de le comprendre et de le définir avant d'en faire la base d'une attractivité touristique, de lui donner le caractère de «destination». Car si un territoire existe, change, s'adapte au cours de son histoire, la destination, elle, se construit : on entend par destination l'entité créée à partir d'un territoire à travers des acteurs, des représentations, des outils, dans le but de lui offrir une visibilité particulière, une singularité et un attrait certain. En d'autres termes, comme l'expose Sylvie Rebillard, «La démarche volontariste de construction de la destination est née de cette nécessité qu'a tout territoire de sortir du lot pour exister. La destination c'est, en quelque sorte, le beau profil de territoire présenté au monde pour qu'il soit vu, désiré et envié. [...] Le territoire, lieu de vie, s'est doté de son reflet magnifié : la destination.»3 La notion de destination dépasse donc le simple lieu où se rend un touriste, c'est un ensemble d'offres construit, pensé et agencé, qui à terme construit (ou s'efforce de construire) une identité commune reconnue par tous. 2 FAURE Camille.Les marques territoriales : quand le territoire devient « produit ». Mémoire de Master 1 Tourisme et développement. Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2011, 89p. 3 REBILLARD Sylvie. Marque de destination et identité territoriale. Des destins liés. Revue Espaces ''Marques de destinations'', mai 2012, p. 14 On comprend bien évidemment que sous cet ensemble de fastidieuses «constructions» se cachent des réseaux d'acteurs. Qui participe à cette visibilité de la destination, à sa promotion et à la constitution de son offre? Rebillard nous explique que la destination a souvent été en premier lieu «exaltée par (ou sous l'impulsion de) les professionnels du tourisme, Figure 1. Exemple d’image touristique stéréotypée. Tour Eiffel, Paris. Cliché colorisé de Leconte, années 1950. via la promotion touristique, qui s'est longtemps attachée à présenter un florilège de jolies photos sténotypées. Cela en a facilité l'identification, quitte à proposer une représentation réductrice et figée des lieux de vie concernés.» Mais c'est alors que, d'abord terrain de jeu des professionnels et acteurs privés du tourisme, la destination a suscité petit à petit l'intérêt des pouvoirs publics et des collectivités locales. On voit par exemple apparaitre une «communication institutionnelle touristique», des réseaux d'acteurs se former, une démarche marketing se construire, ce que nous verrons tout à l'heure. Le territoire est devenu destination, la destination est devenue produit, et ce (étonnament) sous l'impulsion du secteur public. Comme on l’explique dans Le marketing touristique des collectivités territoriales, «Les destinations se sont appropriés des outils et des approches marketing qui relevaient auparavant d'acteurs privés [...] Par exemple, elles repensent les canaux de distribution par le biais de tour opérateurs dont les retombées économiques territoriales sont limitées.» Cependant, une question se pose quand on manipule les notions de territoire et de destination : celle de l'identité. Elle est le socle de l'attractivité d'un lieu, en tant qu'elle représente à la fois une image de marque et un héritage fort. Elle est partagée à la fois par les touristes, qui la perçoivent à travers des campagnes de communication, l'opinion publique, etc… et par les habitants de ce territoire, qui constituent pleinement cette identité, la font vivre et y sont attachés. 15 1.2. L’identité territoriale Comme l'explique Sylvie Rebillard4, «il faut garder en tête qu'un territoire est beaucoup plus q'une marque, et que le fait d'utiliser les outils de la marque [...] ne signifie pas que le territoire soit un produit, ni que l'on puisse impunément utiliser la marque de façon mercantile. [...] En ce qui concerne la marque destination, parce qu'elle touche à son identité, le réel du territoire doit rester le centre de la réflexion.» L'identité territoriale est une notion complexe, sujette parfois aux tensions. Camillle Faure5 la synthétise pertinemment en trois aspects : elle parle d'abord d'un volet cognitif, en rapport à la connaissance de l'espace et de ses limites, d'un volet affectif à travers le sentiment d'appartenance et d'unité, et enfin un volet instrumental (que nous traiterons plus tard) qui génère une mobilisation collective autour du territoire. Mais qui dit identité territoriale dans laquelle les habitants se reconnaissent, dit aussi image construite et perçue par les touristes venant de l'extérieur : on peut parfois observer des écarts considérables entre ces deux conceptions, pourtant générées par le même endroit. L'identité doit donc selon moi décliner deux autres aspects, qui se placent à côté de celle ci et y sont étroitement liés, parfois complémentaires, parfois contradictoires : l'image et l'imaginaire touristiques. Selon une définition de Crompton6 en 1979, on peut définir l'image comme «la somme agrégée de croyances, idées, impressions et attentes qu'un touriste a à propos d'une destination touristique». Elle représente donc la perception qu'a un touriste d'un lieu, d'une entité géographique, avec toutes les représentations qu'elle implique. Ces représentations sont alimentées, dans une majorité de cas, par un ensemble de codes culturels et traditionnels, d'un héritage (a priori) authentique : comme 4 REBILLARD Sylvie. Marque de destination et identité territoriale. Des destins liés. Revue Espaces ''Marques de destinations'', mai 2012, p. 5 FAURE Camille.Les marques territoriales : quand le territoire devient « produit ». Mémoire de Master 1 Tourisme et développement. Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2011, 89p. 6 CROMPTON John L. Annals of tourism research, vol. 6. Texas A&M University, 1979. 16 l'explique Rachid Amirou, «De par sa nature spécifique et son importance, la culture traditionnelle et populaire fait partie intégrante du patrimoine culturel et de la culture vivante. Peu en disconviennent. Mais mise en tourisme, elle revêt des aspects étonnants. On met en patrimoine beaucoup de phénomènes, notamment des savoir-faire [...] de terroir-expressions qui drainent un imaginaire de l'authenticité fort prisé.» Comment peut-on alors définir l'imaginaire touristique d'un lieu? Ce dernier se différencie de la simple «image», il revêt un aspect plus profond et implicite, il se construit au fil du temps dans l'esprit de chacun. L'imaginaire d'une destination rurale par exemple va contenir (au delà des considérations personnelles de chaque touriste) l'idée d'authenticité, de tradition, de «vie simple et vraie». On parle de vieux outils, de vieux métiers, d'un temps de vie plus lent, de sérennité. C'est un exemple parfait d'un type de destination qui suscite une «réactivation de l'imaginaire du territoire auquel sont sensibles les citadins qui ont, on le sait, majoritairement une origine rurale» (Amirou). La visite d'une telle destination semble donc mêler, pour chaque touriste, un aspect de «découverte» pure et simple à un aspect de mise en conformité avec son propre imaginaire de la destination. Dans ce cas de la destination rurale, «c'est une recherche nostalgique de la vraie vie [...] une recherche de la réalité des choses [...] Visiter signifie ici vérifier la conformité de la copie à l'original : à savoir la fidélité de l'image mentale ou physique avec la réalité de l'objet, là, sous les yeux.» (Amirou) Il sera même possible de parler, dans des cas comme celui ci, d'un tourisme dit «affinitaire», ce que nous développerons par la suite. Ces trois concepts que sont l'identité territoriale, l'image et l'imaginaire touristiques forment donc un ensemble lié, chacun alimentant (dans une certaine mesure) les deux autres. De façon synthétique, on pourrait finalement l'expliquer ainsi : l'identité du territoire est la base de la construction d'une image, cette image alimente l'imaginaire touristique de chacun, cette image et cet imaginaire se confrontent à l'identité du territoire et l'influencent. 17 A partir de là se pose alors la question de la préservation de l'identité : en manipulant à loisir, dans un but touristique et financier, ce qui fait l'héritage et l'unité d'un territoire, on se risque à altérer cette identité, à la rendre incohérente et caricaturée, loin des habitants qui ne se retrouvent plus en elle. En voulant utiliser l'image authentique d'un territoire et sa culture traditionnelle, on prend finalement le risque de dériver progressivement vers une folklorisation marchande : l'identité territoriale devient même «terroircaisse» (Franck Michel). Comment alors pallier ce risque de glissement, de dérive identitaire? 7 Rebillard Sylvie évoque par exemple «quelques principes fondamentaux que le territoire aura à coeur de mettre en oeuvre : l'implication de tous les secteurs de la vie territoriale [...] Pour qu'une marque de territoire-destination soit à la fois pertinente, pérenne et efficace, pour qu'elle parvienne à structurer le territoire et à fédérer les acteurs économiques, institutionnels, politiques et de la société civile, elle doit être partagée et appuyée par tous». Il s'agit donc bien de créer une synergie entre les acteurs du territoire, afin que ce dernier reste au plus proche des préoccupations de chacun. 1.3. Du constat à l’action concertée Selon un article en ligne de L'Expansion.com, «La France va-t-elle perdre son rang de première destination touristique mondiale?», La France reste la première destination touristique mondiale, avec 76.8 millions de touristes étrangers accueillis en 2010 (source : Organisation Mondiale du Tourisme). Cependant, les dépenses de ces touristes semblent très faibles comparées à d'autres destinations (presque le double aux Etats-Unis à la même période) : comment parvenir à attirer des touristes sur nos territoires, les faire rester (et 7 REBILLARD Sylvie. Marque de destination et identité territoriale. Des destins liés. Revue Espaces ''Marques de destinations'', mai 2012, p. 18 de fait consommer), tout en répondant aux besoins fondamentaux de développement de ces dits territoires? C'est ici que les logiques de réseaux d'acteurs et d'action concertée entrent en jeu, d'abord au niveau institutionnel : selon Véronique Brizon8, «Les schémas de développement régionaux et départementaux sont des outils de planification qui engagent à la concertation entre les échelons territoriaux. Ils permettent de définir des objectifs communs, sous réserve qu'ils soient concertés et synchronisés. Les conventions d'objectifs sont également des outils de négociation qui engagent leurs signataires sur des programmes précis, évalués dans le temps». Pour remplir ces objectifs, il est donc nécessaire de fonctionner en communauté, où chacun trouve son rôle, de façon à mutualiser l'ensemble des compétences pour les rendre concrètement efficaces et techniques. Il faut ainsi «élaborer un plan de route, cohérent, où chaque projet se complète au sein d'un même territoire, et chaque compétence est complémentaire aux autres» amenant ainsi à une «agrégation des contenus» générant une forte valeur ajoutée (Karine Feige). C'est dans cette dynamique que s'inscrivent les marques de destinations et plus généralement le marketing territorial, ce que nous verrons tout à l'heure. Ainsi, l'association des acteurs clés d'un territoire sont le «terreau» de son attractivité. On peut par exemple penser, à un premier échelon, aux Offices de tourisme et syndicats d'initiative (OTSI), qui représentent l'élément de contact direct avec les touristes sur un territoire en particulier. Ils informent, organisent, mutualisent. Ils sont en lien avec l'ensemble des acteurs touristiques publics et privés réunis autour d'une destination. A l'échelle nationale, on a vu apparaitre en juin 1996 un des premiers sites rassemblant l'ensemble des OTSI françaises, «France secrète». Comme l'explique Marc Dumoulin, à l’époque élue à la présidence de la FNOT-SO (Fédération nationale des offices de tourisme –syndicats d’initiative), c'est «un des premiers sites touristiques sur internet», qui est «une porte d'entrée du tourisme en 8 BRIZON Véronique. Quel échelon territorial pour quelles marques de destination ? Vers de nouvelles intelligences territoriales , Revue Espaces "Marques de destination (1re partie). Des stratégies de plus en plus partagées", mai 2012, n°303, p.47 19 France» (propos recueillis par Jean-Baptiste Treboul9). Selon lui, c'est une vitrine pour les offices du tourisme, qui peuvent ainsi présenter leurs produits touristiques, selon thématiques et lieux géographiques. Il fallait à l'époque pour commander un séjour envoyer un fax à l'office de tourisme concerné, ce qui nous permet par ailleurs de garder à l'esprit la toute relativité de la modernité. Ce cas de France Secrète est un exemple ancien, presque historique aujourd'hui, de la mobilisation à un moment donné d'un certain nombre d'acteurs sur un territoire, qui a permis la synergie des compétences et la mutualisation des informations à diffuser. On peut le comprendre, le marketing territorial entre donc totalement dans cette démarche d'action concertée. En effet, le marketing territorial ne peut se passer de cette dynamique car, «pour être pleinement efficient, il va s'agir désormais de parvenir à réussir la mobilisation des acteurs-clés du territoire pour toutes les étapes de la démarche : de la conception de la stratégie marketing jusqu'à la conduite de l'action et la gestion de ses suites [...] L'expression 'chasser en meute' devient particulièrement adaptée à ce nouveau contexte, dès lors que l'on se donne de claires règles du jeu!» (Vincent Gollain) L'ensemble que créent tous ces objectifs est donc considérable : il s'agit d'un travail de long-terme, nécessitant la coopération de nombreuses entités. Il se doit de répondre à la fois à un cap fort et durable, et de s'adapter constamment aux besoins du territoire et de la demande touristique. Comme nous l'explique Sébastien Puech10, ici dans le cas du lancement de la marque Pays Cathare dans l'Aude à travers différents sites emblématiques, les buts majeurs sont «d'innover en faisant du patrimoine historique un moteur de développement, structurer les territoires autour d'un programme d'action fédérateur, mettre en synergie les 9 DUMOULIN Marc. Premiers pas des offices de tourisme sur Internet. Cahier Espaces ''Nouvelles technologies'', février 1997, n°50, p.94-97 10 PUECH Sébastien. Les marques territoriales : leviers d'attractivité touristique et de valorisation des patrimoines alimentaires : la coopération d'acteurs un facteur indispensable au développement des territoires. Mémoire de Master 2 Tourisme et développement. Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2010, 168p. 20 acteurs publics, privés, associatifs, citoyens... avec l'ambition de bâtir une véritable gouvernance participative.» Comment alors se repérer dans ce réseau d'acteurs complexe et dans ces multiples caractéristiques et valeurs, propres à chaque endroit? Il parait primordial d'effectuer en amont une analyse du territoire, avant d'entreprendre toute démarche de construction d'attractivité. On peut penser par exemple à l'outil indipensable qu'est l'audit territorial : citons par exemple la méthode «Cerise Revait»(Réussir son marketing territorial en dix leçons, Vincent Gollain). Cette méthode s'attache à analyser point par point «l'existant» d'un territoire et ses différentes ressources. Il s'agit d'observer dans un premier temps : -Capital humain ; -Entreprises et acteurs leaders ; -Réseaux et points nodaux (dont les pôles de compétitivité) ; -Infrastructures, immobilier ; -Services ; -Evénements professionnels. Puis, de façon plus structurante, d'observer : -Recherche et développement ; -Entreprises secondaires ; -Valeurs et identité du territoire ; -Actions collectives ; -Image extérieure ; -Technologies d'information et de communication ; -Ressources naturelles et physiques. C'est ce constat d'ensemble, et notre capacité à le mettre en cohérence dans la conduite d'objectifs précis, qui permettra à terme de mobiliser les différentes entités d'un territoire afin d'entrer dans une logique d'action concertée, durable et profitable à tous. C'est par ce biais que les acteurs vont se reconnaitre, comprendre leurs compétences et apprendre progressivement à les mettre en résonnance avec les compétences des autres. 21 Comme le résume finalement très bien Véronique Brizon, «Au pays des gaulois et des 365 fromages, l'organisation autour de projets est difficile à engager, mais la diversité la rend plus intéressante. Ces collaborations ne réussiront que si la confiance est là [...] C'est à ce prix que la destination France pourra atteindre un niveau de performance et de compétitivité suffisant pour faire face à la concurrence mondiale.» Une question se pose alors à nous naturellement : quel ciment pour ce réseau d'acteurs, comment le fédérer, comment lui conférer une unité incontestable? C'est dans ce contexte qu'apparait la notion de marque territoriale : elle est présente pour lier à la fois les acteurs et les objectifs entre eux, elle permet d'embrasser l'ensemble des entités d'un territoire pour les mettre au service d'un nom, d'une devise, d'une image. 1.4. La notion de marque La marque a donc un rôle primordial à jouer dans cet ensemble d'enjeux. Il convient d'abord de la définir pour pouvoir la saisir clairement et l'appliquer de façon efficiente aux territoires et au tourisme. Selon Didier Arino, «La marque est un des moyens du marketing, discipline qui a pour objectif l'adéquation de l'offre à la demande, dans le but d'assurer une croissance profitable à l'entreprise» (Les marques du tourisme, avec Michel d'Horrer et Jacques Wintrebert). D'un point de vue juridique, «la marque est un signe susceptible de représentation graphique servant à distinguer les produits ou services d'une personne physique ou morale « (Code de la propriété intellectuelle, article L.711-1). «Le physique de la marque est ce qui la caractérise, ce qu'elle fait, le service qu'elle rend [...] Le caractère de la marque traduit l'imaginaire caché et rend perceptibles ses valeurs immatérielles [...] Le style de la marque est ce qui lui permet de se faire remarquer.» (Les marques du tourisme). Pour évoquer cette notion de marque de façon générale et synthétique, on peut 22 tout d'abord citer les différents types de marques qu'il existe : celles-ci peuvent être attachées à un produit, être «ombrelle»(regroupant plusieurs produits et différentes attentes des consommateurs), «gamme» (c'est à dire une gamme de produits), «caution» ou encore «multiforme». On peut constater ces différents types de marques dans des domaines très diversifiés, et ce même dans l'univers du tourisme, de la marque d'une région entière à une marque-gamme d'excursions par exemple. Toujours selon Arino cette marque, pour être efficiente, se devra entre autres d'être repérable (situable dans un espace d'offres), pratique (facile à percevoir), garante d'une qualité stable, personnalisée (bonne connaissance des consommateurs), et même dans un nombre croissant de cas «éthique» (environnement, social, citoyenneté...). Tout cela forme au final une perception globale de la qualité pour le consommateur, qui saura (en principe) repérer la marque et la situer selon ces critères. Enfin, il sera important de se poser un certain nombre de questions pour faire évoluer la marque de façon pertinente : quelles est sa mission? Quelles sont les valeurs véhiculées? Quelle est sa légitimité? A qui s'adresse-t-on et quelle image veut-on donner? Cet ensemble de questionnements auront bien sur des réponses différentes selon qu'elles concernent les consommateurs, les partenaires, les distributeurs... Dans cette démarche, il parait en outre primordial de prendre en considération les moyens humains, logistiques et financiers que nécessitent la marque et sa mission (management, marketing, communication...) . Cette synergie d'acteurs et de moyens est à définir et à penser de façon pertinente sans quoi, comme pour la mise en place de politiques territoriales, il parait difficile voire impossible de créer une cohérence efficace sur le long terme. Cet outil qu'est la marque permet finalement, si sa démarche est conduite intelligemment, de «marquer le consommateur, pour laisser une trace indélébile dans sa mémoire» (Les marques du tourisme). Elle fait appel à 23 l'imaginaire de chacun, elle nourrit nos représentations et notre image de certaines destinations et cultures. C'est donc aussi à la marque de faire appel à l'imaginaire afin d'accompagner le consommateur , à différents niveaux d'intensité, dans ses choix. Toujours selon cet ouvrage, «La consommation touristique fait largement appel à l'évocation et à la part de rêve [...] La plupart du temps, on assiste trop à la mise en avant des aspects matériels et techniques des produits, alors que le consommateur souhaite d'abord être convaincu et conforté par l'optimisation de son voyage [...] sur le rapport entre les valeurs matérielles et immatérielles de la prestation et le prix de la prestation.» 2. Une demande en constante évolution Les notions principales que soulève notre problématique ont donc été ici explicitées : maintenant que nous percevons mieux les modalités et enjeux de ces notions, il s’agit donc de comprendre comment ces termes s’articulent avec le tourisme d’aujourd’hui et notamment les attentes nouvelles des touristes. 2.1. De nouveaux comportements émergent Une des tendances les plus significatives de ces dernières années dans le monde du tourisme est l'apparition de nouveau pays émetteurs de touristes. En effet, on peut constater que «de nombreux marchés émetteurs traditionnels sont parvenus à maturité, et leurs populations sont vieillissantes» (Chantal Neault11), laissant une place de plus en plus grande à de nouveaux touristes. Dans un contexte d'émergence de nouveaux pays sur la scène économique internationale, des pays comme le Brésil, la Chine ou la Russie ont connu un fort développement industriel, économique et social. On parle principalement des «BRIC», ou 11 NEAULT Chantal. Le point sur les marchés émergents. Réseau de veille en tourisme, 2 mai 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://veilletourisme.ca/2012/05/02/le-point-sur-les-marches-emergents/> 24 «TIMBI» regroupant à eux deux le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, la Turquie, le Mexique et l'Indonésie. Les populations de ces pays, bénéficiant d'une croissance économique rapide (47,7% du PIB mondial) et de ce fait d'un récent bond en avant en termes de qualité de vie, se tournent donc naturellement peu à peu vers des activités de loisir et de temps libre, notamment à travers le tourisme. On estime par exemple que «d'ici 2030, plus de 70% de la population chinoise appartiendra à la classe moyenne. Au Brésil, plus de la moitié des habitants du pays appartiennent déjà à cette catégorie»(Chantal Neault). Il s'agit ici de populations plus jeunes que celle des pays émetteurs traditionnels, pleinement ancrées dans la dynamique de mondialisation et ayant un niveau d'études plutôt élevé : «ces jeunes éduqués sont plutôt inexpérimentés et curieux en ce qui concerne les voyages. Ils souhaitent découvrir de nouvelles cultures. Ils voyagent pour augmenter leur prestige et accroitre leurs connaissances. Les destinations traditionnelles de soleil, de sable et de mer ne les alluments pas ; ils préfèrent le magasinage et les circuits touristiques» (Chantal Neault). Ces publics constituent donc une part grandissante de touristes au niveau international, ils sont évidemment à prendre en compte et ils représentent un enjeu majeur dans la façon de penser et de repenser le tourisme aujourd'hui. Cela étant dit, et au delà de l'observation des grandes tendances du tourisme au niveau international, on remarque au sein même du public touristique «traditionnel» des mutations récentes. En effet, on a pu voir apparaitre durant ces dernières années des modifications considérables dans les comportements quotidiens des populations : société de l'information, hypermobilité, course à la technologie... Ces comportements quotidiens ont donc naturellement influencé les comportements de voyage : usage des smartphones, mobilité courte et rapide, résaux sociaux et avis d'utilisateurs... Claudine Chaspoul, dans son Edito de la Revue Espaces Nouvelles mobilités touristiques, constate cette apparition de nouveaux comportements touristiques en 2008. Il s'agit pour elle d'une «rupture» : les logiques d'action se retrouvent 25 bouleversées par l'arrivée de nouveaux supports, de nouveaux mouvements de pensée et de nouvelles façons de se déplacer. En effet, on constate depuis environ une dizaine d'années de nouveaux modes de déplacement, souvent de proximité, ainsi que d'une mobilité douce (Nicolas Mercat12). On pense en termes de proximité, de simplicité, de rupture avec le quotidien, mais aussi d'écologie et de réduction des impacts sur l'écosystème. C'est entre autres le développement des RTT qui a permis le développement de séjours plus courts et de loisirs de proximité : «le budget disponible limite les types de produits achetés mais pas nécessairement la capacité d'un individu à partir en vacances» (Le marketing touristique des collectivités territoriales) Dans cette logique, le format des «courts-séjours» se développe massivement : il s'agit de partir par exemple en week end, notamment par le biais des «city breaks» (quelques jours dans une grande ville ou capitale), escapades courtes et ressourçantes pour le touriste. On constate généralement dans ce public des urbains, aux revenus et au niveau d'études plutôt élevés, vivant dans des espaces confinés et ressentant le besoin de s'évader le temps de quelques jours (Etude TNS Soffres, 2011). On peut donc facilement rapprocher cette démarche des tendances actuelles d'hypermobilité et d'hyperproductivité : là aussi, le besoin d'évasion doit être comblé de façon rapide et efficace. Pour autant, ce format des courts-séjours semble être encore aujourd'hui une option dite «élitiste», en tant qu'elle concerne une part peu élevée de la population et reste un choix de voyage plutôt onéreux et principalement urbain (Le marketing touristique des collectivités territoriales). Ce changement de comportements en termes de mobilité s'accompagne d'une autre «révolution», qu'il est primordial de prendre en compte : l'arrivée des smartphones et du web 2.0 . Selon Pierre Eloy13, ce changement de comportement est arrivé avec le changement d'outil qu'est le smartphone. Il est présent en permanence, même lors du voyage, et efface progressivement 12 MERCAT Nicolas. La mutation des déplacements touristiques, un mouvement à accompagner. Cahier Espaces ''Nouvelles mobilités touristiques'', mars 2009, n°100, p.10-13 13 ELOY Pierre. Un enjeu majeur du e-tourisme institutionnel est l'accès en mobilité. Revue Espaces ''Etourisme institutionnel'', mars 2010, n°279, p.42-43 26 l'avant, le pendant et l'après du séjour en créant un «continuum relationnel», où le touriste est tout le temps connecté et partage ses expériences. «Au premier trimestre 2012, la France comptait plus de 32 millions d'utilisateurs de l'Internet mobile» et on comptait «près de 150 millions de mobinautes dans l'ensemble de l'Union Européenne» (Bernard Benhamou14) : il s'agit d'une rupture totale dans l'usage au quotidien et plus que jamais lors du voyage. L'utilisateur est connecté à un réseau social en permanence, il est guidé dans ses recherches grâce à la géolocalisation, a accès à des informations ciblées, il laisse son avis sur des produits et services et s'informe des recommandations des autres utilisateurs auxquelles il accorde une pleine légitimité. Pour un service touristique type séjour en vacances, au lieu de le préparer à l'avance grâce à une agence et de se laisser guider le jour du départ, l'internaute va pouvoir grâce à son smartphone chercher des informations, les comparer, se construire son propre voyage sur mesure, et même parfois décider de partir à la dernière minute si une offre lui semble intéressante. De même, il pourra consulter les informations qu'il souhaite tout au long du voyage afin d'orienter ses choix touristiques (sites à visiter, hébergements, etc). Selon Pierre Courrieu15, le smartphone est aujourd’hui utilisé par 70% des français au cours de leurs voyages. Le «M-Tourisme» (mobile-tourisme) permet donc de : «-s'informer avant le voyage, dans sa préparation et sa planification, et pendant le voyage, pour obtenir en temps réel une information actuelle, contextualisée et géolocalisée ; -s'organiser et réserver, y compris pour modifier des dispositions déjà prises ou pour faire des réservations de dernière minute ; 14 BENHAMOU Bernard, Enjeux et défis des technologies mobiles pour le tourisme, Revue Espaces ''M Tourisme'', octobre 2012, n°114, p.8-10 15 COURRIEU Pierre. Perspectives du M-Tourisme à l'heure de la généralisation de l'usage des mobiles. Revue Espaces ''M Tourisme'', octobre 2012, n°114, p.19-28 27 -faciliter, fluidifier et accélérer le temps passé au point de départ et d'arrivée, gare ou aéroport, et de rendre plus agréable le temps de trajet ; -rechercher des avis de voyageurs, partager photos et expériences pendant le voyage ou, après, avec ses proches ou son réseau, en laissant des traces géolocalisées de son passage.» L'utilisateur peut ainsi s'informer avant, sur place (mise à disposition de supports comme des applications par le lieu d'accueil), et après le séjour (commentaire, appréciation sur les réseaux sociaux). Le smartphone est donc un véritable couteau-suisse du voyage. Emilie Nanty16 parle même de «doudou numérique, nomade, géolocalisé, intégrant toutes les dimensions personnelles, privées, publiques, professionnelles, culturelles, informatives, sociales ,écologiques, générationnelles, politiques du citoyen.» Nous sommes, par le biais de ce support, à la fois bénéficiaires et acteurs de notre séjour, cherchant toujours plus de personnalisation dans l'offre touristique. Comme le résument finalement Magali Da Silva et Benjamin Leperchey17, «le tourisme sur mobile a bouleversé les attentes des visiteurs et leur mode de consommation des produits touristiques». Le voyageur, hypermobile, conçoit son propre produit touristique de façon nomade, en «zapping», dans une «culture de la mosaïque» (Pierre Chazaud/Idrissa Diallo). Dans ce contexte, difficile pour les territoires d'accueil de proposer une offre cohérente et actualisée : il s'agit là d'un enjeu majeur pour les acteurs publics et privés du tourisme, face à des voyageurs toujours plus informés, mobiles, critiques et autonomes. Dans une société de l'information, il faut ainsi être en capacité de produire un contenu pertinent pour son auditoire, sur des supports 16 NANTY Emilie. Le téléphone mobile, ''couteau suisse'' de la communication touristique. Revue Espaces ''M Tourisme'', octobre 2012, n°114, p.30-33 17 DA SILVA Magali, LEPERCHEY Benjamin. L'enjeu des technologies mobiles dans le tourisme. Revue Espaces ''M Tourisme'', octobre 2012, n°114, p.13-15 28 adaptés et dont l'actualisation est minutieuse. C'est une des missions que se donnent d'ailleurs aujourd'hui beaucoup d'offices de tourismes et marques de destination (Esprit de Picardie, Grands Sites Midi-Pyrénées...), à travers une présence accrue sur les réseaux sociaux et un développement d'applications mobiles. Nous verrons, dans le prochain chapitre, quelles stratégies sont utilisées par ces acteurs pour pallier cette mutation rapide des comportements touristiques. Car si un voyageur satisfait n'hésitera pas, en principe, à revenir sur son lieu de séjour, un visiteur mécontent pourra faire part de ses impressions sur différents sites dédiés aux commentaires d'utilisateurs. Cette source d'information a pris une importance considérable dans les choix et comportements des touristes ces dernières années : avis sur des chambres d'hotels, recommandations de sites à visiter, photos, etc... Des sites comme TripAdvisor ont fait de ce partage de commentaires leur mission première. Ce poids des commentaires est tel que, selon Paul Fabing18, 3 Figure 2. Exemple de la fiche d’un hôtel sur le site internet Trip Advisor. personnes sur 4 en cherchent avant de se décider : «comme pour les spectacles, les films ou les livres, les offres touristiques s'apprécient moins par leurs caractéristiques objectives, soidisant indiscutables, que par le foisonnement des impressions et avis de ceux qui les ont déjà expérimentées». C'est ainsi que l'on voit apparaitre le «bouche à oreille planétaire». Cette démarche permet aux utilisateurs de s'informer 18 FABING Paul. Les organismes de tourisme investissent le web social. Revue Espaces ''E-tourisme institutionnel, web social'', avril 2011, n°291, p.15-17 29 facilement, de trouver des avis similaires aux leurs ou de connaitre les impressions sur un futur lieu de visite, mais elle permet aussi aux professionnels du tourisme d'évaluer la popularité de leur produit ou service. On parle ainsi de communautés virtuelles, de web 2.0, de crowdsourcing, et même parfois de marketing viral lorsque les structures décident (avec plus ou moins de succès) de s'en emparer. On parle alors de relation «C to C» (consumer to consumer), que le marketing réutilise soit en stratégie directe (les sites intègrent des commentaires, souvent modérés donc largement satisfaits) ou indirecte (laisser libre cours aux internautes, avec souvent une plus grande audience car les utilisateurs se sentent plus libres) Cet outil est finalement un formidable moyen de diffuser des informations de façon rapide et ciblée, mais il peut aussi à l'inverse discréditer un service ou une structure de façon incontrolable. Vincent Laebens19 résume le poids considérable de ces commentaires d'utilisateurs : «L'aspect manichéen que le bouche à oreille suscite a de quoi en faire frémir plus d'un, car s'il peut propager un produit, une marque, un territoire à la vitesse de la lumière et gratuitement, il peut aussi les détruire aussi rapidemment par la rumeur». Si les acteurs privés se sont déjà appropriés ces techniques, qu'en est-il des structures publiques du tourisme? Laebens porte un constat en demi-teinte : «On remarque toutes les difficultés du tourisme institutionnel à se saisir de cette tendance du témoignage, car il y a une certaine déontologie et un rôle de neutralité à respecter. Ils se doivent de valoriser toutes les structures touristiques de leur territoire de la même manière, sans jugement.» Enfin, il me parait important dans ce contexte en hypermobilité et en mutation constante d'évoquer la question de la crise économique. A-t-elle eu des impacts (directs ou indirects) sur les structures touristiques? A-t-elle modifié les comportements des consommateurs? 19 LAEBENS Vincent. Du bouche à oreilles au Web participatif, influence des paroles de voyageurs. Mémoire de Master 1 Tourisme et développement. Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2010, 94p. 30 On peut tout d'abord constater que les effets financiers et économiques de la crise ne se ressentent pas partout de la même façon : on peut prendre un premier exemple en Champagne-Ardennes (Séverine Portet20), où «les professionnels du tourisme affirment [...] subir les effets de la crise, avec une perte de chiffre d'affaires à quelque 20%». Ces chiffres se basent sur une enquête par mail réalisée sur 150 professionnels et acteurs du tourisme. Il en ressort que «les professionnels se sentent concernés par la crise, [...] sont inquiets [...], mais ne sont pas fatalistes et veulent prendre les choses en main». Un second exemple me vient des entretiens passés auprès d'acteurs du tourisme dans le secteur public (élus, directeur d'offices du tourisme) : « Les choses fluctuent, euh, certaines années effectivement on a noté une petite pondération, mais de façon générale […] nous n’avons pas été impactés je dirais par la difficulté des temps »21. Malgré un écart entre ces deux perceptions, on peut retenir plus généralement que le tourisme en France n'a pas subi aussi frontalement la crise que d'autres secteurs, et se mobilise pour en atténuer les effets. Malgré le risque d'une économie à deux vitesses (encouragement des structures bien portantes et structures en difficulté laissées de côté), on constate généralement une volonté des acteurs publics et privés de se porter sur l'innovation et la différenciation pour être toujours plus compétitifs. Selon Séverine Portet, «l'investissement, public ou privé, doit continuer de soutenir le tourisme pour créer emploi et croissance». Partant de ce constat, quelles sont alors les principales motivations au voyage des touristes, et comment les acteurs des territoires peuvent-ils y répondre? 20 PORTET Séverine. Images et impacts de la crise sur le tourisme en Champagne-Ardenne. Revue Espaces ''Tourisme et loisirs'', mai-juin 2013, n°312, p.4-7 21 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. 31 2.2. La demande de qualité On constate aujourd'hui une tendance majeure dans la demande touristique : la recherche de qualité. Les voyageurs étant connectés, informés, autonomes, critiques, il devient de plus en plus difficile de proposer une offre massivement standardisée, à bas coût et dont la qualité n'est pas optimale, comme on a pu le voir dans les précédentes décennies. Aujourd'hui, on assiste même à un déclin progressif du «low cost» (services à bas prix) pur et simple, au profit d'offres à prix réduits mais de meilleure qualité. Les touristes sont en recherche de produits et services de qualité, légitimes par le biais de chartes et appellations, répondant à leurs attentes de façon personnalisée. S'ajoute à cela, selon l’ouvrage Les marques du tourisme, un contexte «d'accroissement de la concurrence en termes de produits, de destinations et de tarifs [...] des attentes des consommateurs qui deviennent de plus en plus rapides et complexes ; une impossibilité d'opérer une différence au travers de la politique de prix en raison de contraintes économiques incontournables». Il convient tout d'abord de définir la notion de qualité de façon générale : selon la norme NFEN ISO 8402 : «la qualité est l'ensemble des caractéristiques d'un produit ou d'un service qui lui confèrent l'aptitude à satisfaire les besoins exprimés ou implicites du client.» On peut ajouter à cette définition «l'aptitude à satisfaire, de manière conjuguée, les attentes légitimes des hommes impliqués dans l'entreprise[...] ce qui implique une rétribution matérielle et immatérielle de ces hommes (reconnaissance du mérite)». La notion de qualité se trouve donc à de nombreuses échelles de la production et de la vente touristique, tant en externe (touristes) qu'en interne (acteurs du tourisme). La démarche qualité inclut aussi la notion de long-terme, de constance et de rigueur. Pour être légitime et reconnu, un produit ou un service se devra en effet de conserver un niveau de qualité permanent, uniforme, et stable. Comme 32 Sebastien Debarge et ses co-auteurs nous l’expliquent22, ce qui rejoint la question du web 2.0 évoquée précédemment, «On sait qu'un client mécontent en parlera à onze personnes, alors qu'un client satisfait n'en parlera qu'à cinq personnes». Quels sont alors les moyens pour parvenir à appliquer une démarche qualité optimale? Selon Arino (Les marques du tourisme), il existe plusieurs points d'action : « cerner précisément les besoins et attentes des clients et y apporter les réponses appropriées ; afficher clairement l'engagement de services de l'entreprise et y faire adhérer le personnel ; maitriser avec excellence tout ce qui compose ou contribue à composer la prestation; traduire en termes chiffrés (mesurables, contrôlables et contrôlés) les résultats afin de vérifier en permanence la tenue de l'engagement de services de l'entreprise «. Il s'agit donc d'une démarche qui englobe la totalité du «phénomène touristique», de sa conception à sa réalisation auprès des consommateurs, en interne comme en externe. Nous avons évoqué précédemment des chartes et codes légitimant, par leur respect, la qualité d'un produit ou d'un service. Il existe plusieurs formats remplissant cette misson : les principaux sont la labellisation et la certification. Un label «est apposé ou associé à un produit ou service. Il s'entend de tout signe, officiel ou non, ayant pour objet d'apporter une garantie (d'origine de conformité, de qualité, etc), et auquel est supposé s'attacher un référentiel à ce titre (norme, charte, engagement...)» (Les marques du tourisme). Ce label peut exister seul, ou bien au sein d'un groupement de labels soumis à un cahier des charges précis, comme dans le domaine de l'alimentation et du territoir par exemple. Bien que le label ne soit pas une notion juridique, il remporte un succès important auprès des voyageurs quand celui ci est reconnu et a su faire ses 22 DEBARGE Sébastien, DRUHEN Xavier, EVIN-LECLERC Alexandre, VAN HOUTTE Frédéric. Le marketing touristique des collectivités territoriales. Paris : Editions Territorial, 2009, 68p. 33 preuves : on peut penser par exemple aux labels Tourisme et Handicap ou Vacances pour Tous, dont la notoriété n'est plus à faire aujourd'hui. Les acteurs publics des territoires utilisent de façon importante ces labels, car ils permettent en garantissant la qualité des produits et services de structurer l'offre et de renvoyer une image positive de la destination. La certification, elle, «évalue un service par comparaison avec un standard et est attribuée par un organisme certificateur externe (alors que la labellisation vise plutôt la conformité à un règlement interne)» (Le marketing touristique des collectivités territoriales). On compte de même des certifications très répandues comme les normes ISO, la dénomination Qualicert, etc. En outre, on peut penser à l'échelle SERVQUAL, fondée aux Etats-Unis en 1991, reposant sur 5 dimensions qualitatives : -tangibilité (équipement, apparence du personnel, environnement physique) ; -fiabilité (capacité à fournir le service promis avec fiabilité et exactitude) ; -serviabilité (volonté d'aider les consommateurs et de fournir un service prompt) ; -assurance (connaissance et courtoisie du personnel et son habilité à inspirer de la confiance) ; -empathie (attention personnalisée et bienveillance du personnel à l'égard des consommateurs)» (Le marketing touristique des collectivités territoriales). Si (comme nous l'avons évoqué) ces démarches qualité profitent aux institutionnels du tourisme par leur capacité à créer de la cohérence, de la crédibilité et de la visibilité au sein d'une offre, elles bénéficient finalement aussi à l'ensemble des acteurs du tourisme, notamment dans le secteur privé qui n'est pas en reste : toujours selon l’ouvrage de Debarge, «la qualité de service est un moteur incontesté de la dynamique des entreprises [...] elle permet de renforcer les avantages compétitifs [...] d'améliorer la fidélisation des consommateurs, d'attirer de nouveaux clients et de susciter un bouche-à-oreille positif» . 34 On pourra finalement comprendre, en filigrane de ces différentes définitions et objectifs, la mission finale de cette démarche : il s'agira, à terme, de parvenir à instaurer un climat spontané de confiance entre acteurs privés et publics du tourisme, entre acteurs et touristes, et entre acteurs et territoire. Enfin, un des enjeux majeurs de ces nouveaux comportements touristiques est la question du «retour aux sources» : plus que de la découverte, les touristes sont aujourd'hui à la recherche de redécouverte, celle de leur héritage, de leur appatenance et de leur histoire. 2.3. Le tourisme affinitaire : à la fois locaux et touristes ? En effet, si nous avons évoqué précédemment la part majoritaire d'urbains parmis les touristes, la plupart d'entre eux sont de fait originaires d'espaces ruraux, espaces qu'ils demandent aujourd'hui à redécouvrir à travers le tourisme. Ce constat fait, on peut alors évoquer la notion de «tourisme affinitaire» : il définit entre autres un type de tourisme où le voyageur est attaché à ses racines, où il tente de réactiver cette appartenance (plus ou moins ancienne)à travers le retour sur les lieux qu'il affectionne particulièrement. C'est une définition qui, on peut le comprendre, devient de plus en plus large et difficile à saisir à mesure que les populations se métissent, que les origines se multiplient et se confondent. C'est donc ce besoin de se retrouver soi même et de rencontrer/retrouver ses semblables23, indispensable au voyageur, que semble combler ce nouveau type de tourisme. Philippe Bachimon et Pierre Derioz expliquent dans un article paru dans la revue Teoros en 201224 que ce tourisme affinitaire tend à se développer de plus en plus, à mesure que la confusion et la perte de repères grandissent dans notre 23 Cours de Sociologie du tourisme, Jacinthe Bessière, ISTHIA, octobre 2013 24 BACHUMON Philippe, DERIOZ Pierre. Tourisme affinitaire, entre revitalisation et dénaturation des territoires. Revue Teoros, 2012, n°29, p.8-16 35 société contemporaine. On parle aussi «d'heritage tourism» : il s'agit de créer un effet de «Madeleine de Proust» pour ceux qui reviennent dans le lieu, dans le territoire qu'ils chérissent. A cette perte de repères, on tente donc d'opposer une «quête des origines», de l'appartenance, et même parfois un «retour à la nature» comme l'évoquait Rousseau. Cette quête peut avoir des supports, des symboles, il peut s'agir de «tel village avec son église, ses ruelles, ses vieilles maisons, mais aussi tels 'autochtones', à forte immanence sociologique», c'est à dire liés à une réalité qui leur est propre. Pour prendre un exemple très simple, un trentenaire citadin pourra avoir à coeur de se rendre sur la terre de ses grands-parents et arrières-grands-parents, auquel il est attaché pour sa tradition, sa culture, et où il a passé de nombreuses vacances étant enfant. De même, cette quête peut prendre un sens plus large : il peut s'agir de sites «fondateurs d'identités collectives» (Bachimon, Derioz), représentant une mémoire plus large et une communauté plus générale (lieux de mémoire). On peut par exemple penser à d'anciens combattants, se rendant sur des lieux historiques emblématiques, ou des lieux de commémoration collective d'un certain événement. Ce nouveau type de motivations au voyage est un enjeu important pour le marché du tourisme aujourd'hui, en tant qu'il représente une part croissante de voyageurs et qu'il conserve un lien très fort avec l'identité du territoire visité, avec (comme nous l'avons vu) toutes les problématiques que cela implique. En effet, comme l'expliquent Bachimon et Derioz, «la nostalgie est un facteur de figement des territoires». En sacralisant un lieu ou une partie de son identité, il existe un risque de «fossilisation du paysage». 36 C'est donc une problématique à prendre en compte, au même titre que le respect de la mémoire du lieu. Comme le résume parfaitement Olivier Blaise 25, »cette identité, porteuse d'innovation, ne doit pas être statique car elle doit s'approprier l'héritage historique des spécificités territoriales pour le stransformer et le faire vivre dans un projet d'avenir. C'est à la fois notre mémoire profonde et immédiate qui donne du sens à l'idée de mémoire vivante » 26 . Nous sommes ici au coeur de notre question première, à savoir la cohérence entre touristes, territoire et habitants : cet équilibre si complexe à trouver prend tout son sens avec le tourisme affinitaire, car la population locale (et anciennement locale, devenue aujourd'hui touriste) jouent le rôle de prescripteurs du territoire,ils permettent de lui offrir une visibilité, tout en étant attachés à le protéger et à faire vivre son identité intrinsèque. 3. A nouveaux besoins… 3.1. Nouvelles segmentations La segmentation est au coeur de toutes les démarches marketing, quel que soit son domaine d'application : elle constitue une étape fondatrice, en tant qu'elle permet de mieux connaitre le public auquel on s'adresse. Naturellement, elle s'applique aussi au tourisme. Elle apporte par exemple à un territoire la capacité de mieux structurer son offre et de connaitre les attentes des touristes qu'il accueille. Debarge et ses co-auteurs27 nous apportent une définition générale de la segmentation marketing : 25 GOLLAIN Vincent. Marque territoriale d'une ville, quelques repères. 13 décembre 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.marketing-territorial.org/article-marque-territoriale-de-ville-quelquesreperes-113403976.html>. (Consulté le 09/10/13) 26 http://salers-au-coeur.over-blog.org/article-10948609.html 27 DEBARGE Sébastien, DRUHEN Xavier, EVIN-LECLERC Alexandre, VAN HOUTTE Frédéric. Le marketing touristique des collectivités territoriales. Paris : Editions Territorial, 2009, 68p. 37 «La segmentation marketing répond à un modèle économique et à une logique d'efficacité qui conduit à orienter les efforts de l'organisation en direction d'un ou de plusieurs groupes de clients (segments) présentant des caractéristiques semblables (profil des individus, comportements d'achat)». Pour résumer cette définition simplement, il s'agit de connaitre son public, sa «demande», et de la catégoriser selon des critères précis, d'en faire des groupes d'individus réunis autour de mêmes caractéristiques. En d'autres termes, «une segmentation marketing doit conduire à un découpage efficace des clientèles en apportant la meilleure explication aux variations constatées dans les comportements d'achat» (Le marketing touristique des collectivités territoriales) : il s'agit donc de connaitre son public pour le comprendre dans son comportement et dans ses choix. Naturellement, on est en droit de penser qu'une segmentation n'est jamais parfaite28, car elle nécessite une adaptation constante aux consommateurs qu'elle observe et doit faire obligatoirement un effort de généralisation, de vision réductrice de la réalité. Partant de ce constat, sur quels critères s'appuyer pour réaliser une segmentation marketing pertinente? Une majorité d'acteurs seraient tentés d'effectuer un découpage dit classique, à savoir en termes de professions et catégories socioprofessionnelles (PCS), d'âge ou encore de revenus. Pourtant, et toujours selon Debarge (et co-auteurs), «les études marketing montrent depuis longtemps que les caractéristiques sociodémographiques et économiques ont un pouvoir explicatif du comportement d'achat mais faible. Elles sont [...] parfois insuffisantes lorsqu'il s'agit de définir des segments de consommation homogènes et représentatifs de comportements d'achat spécifiques». Ces critères se révèlent donc pertinents, mais réducteurs si on se limite à leur seule utilisation : avec l'évolution des comportements touristiques, de nouvelles formes d'identification se créent peu à peu, elles complètent ces premiers 28 Cours de marketing de Laurent Barthe, novembre 2013 38 critères et enrichissent toujours un peu plus notre connaissance du public concerné. Quels sont donc ces nouveaux critères, et en quoi permettent-ils d'innover dans notre façon de penser la demande? Comme l'explique Didier Arino, «la communication institutionnelle ne sera jamais vue par l'ensemble des voyageurs» (La communication touristique des territoires) : cette affirmation peut aussi s'appliquer aux acteurs privés du tourisme, et c'est en ce sens qu'il faut toucher un public le plus large possible grâce à une segmentation pertinente et des outils adaptés. On peut d'abord penser simplement à de nouveaux critères, tels que les styles de vie, ou la notion de personnalité. Sebastien Debarge et ses co-auteurs nous disent de ces critères qu'ils sont «riches en information, mais également complexes [...] lors de l'interprétation des données». De même, il évoque quelques exemples de nouvelles segmentations : «segmentation par avantages recherchés, par niveaux de dépenses, par les consommateurs, réguliers, etc.». Ce type de caractéristiques, apportant pour certaines un volet plus qualitatif, permet donc de constituer une image plus complète et dynamique des publics touristiques que l'on étudie. Mais comme nous l'avons évoqué, à l'époque d'une mutation des comportements, d'une hypermobilité et parfois d'une perte de repères, les consommateurs semblent se fédérer autour de nouvelles entités : celles des pratiques et des valeurs. En effet, il sera pertinent d'effectuer un «découpage» des touristes d'un territoire par son âge, sa provenance, sa PCS...mais aussi par ce qui les lie entre eux plus concrêtement. Par valeur, on peut entendre par exemple les notions de respect de l'environnement, de solidarité sociale, ou de recherche de manières alternatives de voyager. En termes de pratiques, il peut s'agir aussi bien du vélo tout terrain en montagne, du shopping, ou même du nudisme. Le rôle des acteurs touristiques d'un territoire sera alors de fédérer ces communautés, notamment en ligne, en véhiculant des valeurs, en mettant en avant un segment de population spécifique (Philippe Fabry). C'est le cas par 39 exemple de Brive-la-Gaillarde, qui a su créer une communauté en ligne autour de son territoire, avec un ensemble de produits dérivés : on peut ainsi voir de nouvelles compétences apparaitre, comme le «management des communautés» (Clémentine Fréchinos, Office du Tourisme de Brive). Mais qu'entend-on réellement par communauté? Pour Michael Dodds et Deborah Le Goff, il peut s'agir de «visiteurs potentiels, selon leurs affinités ; les visiteurs fidèles ; les professionels locaux ; sans oublier la population locale, qui devrait être la première bénéficiaire de nos efforts». Il s'agit donc de faire appel aux univers de représentations et d'images des différents segments de touristes, à leurs pratiques, leurs valeurs, pour les fédérer autour d'une offre ou d'un support. Et comme l’explique Vincent Laebens, la population locale n'est pas en reste : c'est le cas par exemple de la ville de Lyon, qui encourage ses Greeters dans ses différents médias (habitants qui se proposent bénévolement de faire visiter la ville ou leur quartier aux touristes). Les institutionnels du tourisme ont donc compris, bien que tardivement, que les habitants de leur territoire faisaient partie des meilleurs prescripteurs du lieu et de son identité. On peut citer aussi l'exemple de Brive-la-Gaillarde qui, avec ses habitants devenus «acteurs-ambassadeurs», adoptent un ton décalé pour faire découvrir leur ville (Clémentine Fréchinos). Figure 3. Campagne « Brive 100% Gaillarde » du site de l’Office de Tourisme de Brive-la-Gaillarde. 40 3.2. Nouvelle structuration de l’offre Les nouveaux supports que nous avons évoqué comme les réseaux sociaux, les sites ou les applications, jouent donc un rôle primordial dans cette démarche, on peut difficilement le nier. Ces derniers ont pour eux plusieurs avantages, c'est leur faible coût de création (comparé à des campagnes d'affichage par exemple), la rapidité et l'accessibilité de leur information, et l'espace considérable de contenu qu'ils possèdent. En ce sens, il sera possible en ligne de créer autant de thématiques touristiques que souhaité, qui seront autant de niches pour les publics-cibles : c'est ce qui permettra, à terme, de créer pour eux une réelle valeur ajoutée (Guy Raffour29). Cette valeur ajoutée peut avoir des aspects multiples, on pourra par exemple retenir la typologie de Dodds et Le Goff : il existe la valeur d'image (séduction, univers, graphisme), la valeur d'usage (offrir des réponses à un besoin, accessibilité de l'information), et une valeur d'implication (participation du visiteur à la promotion de la destination). Cette nouvelle structuration de l’offre apporte finalement des enjeux nouveaux pour les acteurs du tourisme et leur territoire : elle permet une relation plus personnalisée, de meilleure qualité et plus dynamique avec les touristes qu’auparavant. Mais cette démarche demande un certain nombre de moyens : comment créer de la cohérence la segmentation d’une population et l’offre proposée ? Entre les supports et le contenu d’une offre ? Finalement, comment faire entrer en cohérence les touristes et les acteurs qui les reçoivent ? Ce sera tout l’objet de ce second chapitre qui exposera, à travers différentes hypothèses, les différentes façon de penser et d’observer cet ensemble de relations, pour les faire évoluer et les enrichir. 29 RAFFOUR Guy. Le M-tourisme, prolongement du E-Tourisme. Revue Espaces ''M Tourisme'', octobre 2012, n°114, p.16-18 41 PARTIE II L'enjeu de l'appropriation du territoire : entre identité et mise en marché 42 Une fois cet ensemble de définitions posé, nous nous attacherons dans cette seconde partie à établir des liens entre les différentes notions. Pour répondre à cette problématique de cohérence entre tourisme et territoire, il sera ici intéressant de comprendre les interrelations entre ces notions : c’est en comprenant leur dynamique d’ensemble et en les structurant que nous pourront ainsi dégager trois grandes hypothèses. Ces hypothèses s’articuleront autour d’un élément clé, représentatif de la ‘’mise en marché’’ du territoire : la marque territoriale. Nous verrons tout d’abord en quoi cette marque territoriale peut être facteur d’adaptation à la demande touristique, mais comment elle peut aussi répondre aux besoins du territoire et de ses habitants. Nous évoquerons notamment les notions de démarche qualité, de terroir, mais aussi d’identité et de tourisme affinitaire. Enfin, nous explorerons tout le paradoxe que représente ce processus de ‘’mise en destination’’. Entre territoire, identité et produit, comment construire une relation durable et équitable ? Quel(s) rôle(s) ont à jouer les acteurs du tourisme dans cette mise en cohérence ? 1. La marque territoriale comme outil d’adaptation à la clientèle touristique 1.1. La dynamique de coopération des acteurs du tourisme La marque territoriale est ainsi polymorphe dans ses fonctions et ses objectifs, et nous allons tenter de mieux le comprendre dans ce chapitre. Elle permet tout d'abord, dans son volet marketing, de s'adapter aux touristes que le territoire accueille. Comme l'expliquent les auteurs du Marketing touritstique des collectivités territoriales, la valorisation et la dynamisation d'une marque touristique tient au fait qu'elle doit s'adapter au marché et évoluer, au lieu de se figer et de vieillir. En effet, cette dernière se doit d'être au plus près des attentes de son public, en termes de contenu de l'offre mais 43 aussi de valeurs qu'elle véhicule. Comme nous avons pu le voir dans le premier chapitre, l'évolution de ces données est constante, et même de plus en plus rapide. Par quel biais ces marques peuvent elles alors faire face au changement? Il s'agit tout d'abord d'opérer une coopération dynamique des acteurs du tourisme. En effet, il s'agit de construire un territoire touristique en mobilisant tous les acteurs du territoire. Mais qu'entend on par acteurs du tourisme? Intéressons nous ici plus spécialement aux acteurs institutionnels du tourisme, car nous évoquerons les acteurs privés ultérieurement. A un niveau régional (l'action s'opérant généralement à ce niveau), on compte principalement le Conseil Régional, le Comité Régional du Tourisme (CRT), le Comité Départemental du Tourisme (CDT), et enfin les Offices de Tourisme et Syndicats d'initative (OTSI) qui font figure de relais avec le public. Figure 4. Hiérarchie des acteurs institutionnels du tourisme au niveau régional. Cette coopération entre les différents organismes est consacrée par l’article L1111-4 du Code général des collectivités territoriales, qui stipule que « Les compétences en matière de tourisme, de culture et de sport sont partagées entre les communes, les départements et les régions. » 44 Au niveau midi-pyrénéen, par exemple, un directeur d'office de tourisme a pu m'expliquer brièvement cette chaine d'acteurs : «L'OT s'inscrit dans le schéma de communication départemental et régional [...] on bénéficie notamment d'actions de promotion par le CRT [...] La politique est définie au niveau régional, et elle est reprise au cas par cas selon les départements. [...] Donc globalement on en bénéficie, on en fait le relais.»30 On comprend donc la chaine d'interaction et d'interdépendance qu'il existe entre les différents organes institutionnels du tourisme au niveau régional, de la définition d'une politique commune à un relais et des applications concretes sur le terrain. Dans cette logique, il convient alors de déterminer le rôle de chacun, à savoir sa ou ses missions. En effet, dans le cadre d'une marque territoriale par exemple, chaque organisme aura une fonction bien définie dans le processus de création et d'alimentation de la marque, le tout dans une démarche d'interaction. C'est ce que Didier Arino appelle ''l'acceptabilité interne'31', à savoir la concertation, l'information et l'adhésion en interne de chaque partie prenante , dans une logique de mouvmement d'ensemble. Pour ce faire, il parait donc indipensable de déterminer les moyens nécessaires à cette entreprise : des moyens financiers, matériels, mais aussi techniques et humains. En effet, si les objectifs se veulent réalistes et atteignables, les moyens qui y sont alloués doivent être adaptés. 30 Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site. 31 ARINO Didier. Communication image et communication produit. Comment optimiser les retombées ? Cahier Espaces ''La communication touristique des territoires'', décembre 1999, n°64, p.10-12 45 Figure 5. Cours de Stratégie des Organisations, Laurent barthe, ISTHIA, novembre 2013 On peut par exemple penser au service de communication, qui assure aujourd'hui une présence sur internet et notamment sur les réseaux sociaux. Comme l'explique Ludovic Dublanchet, « Communiquer sur les médias sociaux est essentiel, mais requiert une souplesse et une agilité dont beaucoup de destinations touristiques sont encore trop souvent dépourvues »32. Il s'agit donc ici d'une évolution en termes de supports, de contenus, mais aussi et surtout de formation des acteurs. Les mutations constantes des publics ; de leurs valeurs ; de leurs aspirations ; de leurs modes de communication, auxquelles sont soumis les acteurs du tourisme nécessitent donc de porter une attention toute particulière à la formation. C'est en activant des compétences toujours nouvelles (community management, développement d'application, responsive...) que l'on peut ainsi s'adapter au public ciblé, et se permettre même d'anticiper ses attentes. Comme me le résume parfaitement une directrice d'office de tourisme midipyrénéenne que j'ai rencontrée33, « C'est un travail sans fin, et ça veut dire que nous au niveau du profil de nos salariés c'est aussi des ré-adaptations de postes, soit de la formation continue ou de l’intégration de nouvelles compétences, puisque là avec ce projet web et 32 DUBLANCHET Ludovic. Les médias sociaux, nouvel eldorado du marketing des marques. Revue Espaces ''Marques de destinations'', juin 2012, n°304, p.24-27 33 Annexe C : Entretien avec une directrice d’Office de Tourisme Grand Site Collection. 46 tous ces outils on a une salariée qui a un profil d’agent numérique et de webmaster, avec une formation initiale en tourisme. C’est pas d’un informaticien dont on avait besoin. Et c’est là où on mesure un peu l’évolution de nos métiers, l’évolution de nos structures, les nouvelles missions vers lesquelles on doit aller. » On comprend ainsi que l'efficacité d'un plan d'ensemble au niveau du tourisme régional se fait grâce à un réseau d'acteurs en interaction mais aussi à la qualification et la requalification constante de chacun de ses membres. Car il faut toujours garder à l'esprit la particularité d'un territoire par rapport à une entreprise classique : la nature de son offre. Là où une entreprise propose un produit ou un service tarifé en direction d'un public ciblé, un territoire offre une combinaison de produits payants et gratuits, de services privés et publics, d'initiatives institutionnelles et non-institutionnelles. Comme nous le résume Vincent Gollain34, : « La différence majeure entre l'entreprise et le territoire tient au degré de maitrise de l'offre. Une entreprise contrôle intégralement son offre de produits et services à partir de son outil de production. En revanche, un décideur territorial ne maitrise qu'une partie de son offre […] l'offre territoriale combine des biens tangibles (infrastructures, immobilier, ressources naturelles, etc) et des services qui sont la résultante d'une juxtaposition d'actions passées, présentes et voire futures effectuées par une multitude d'acteurs privés, publics ou associatifs ». Comment alors structurer cette offre territoriale? La marque en est un des moyens, et c'est ce que nous allons tenter de comprendre ici. 34 GOLLAIN Vincent. Marque territoriale d'une ville, quelques repères. 13 décembre 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.marketing-territorial.org/article-marque-territoriale-de-ville-quelquesreperes-113403976.html>. (Consulté le 09/10/13) 47 1.2. La structuration de l’offre Le principal enjeu de cette offre touristique que propose le territoire est d'être adaptée à son public, mais aussi d'être structurée et lisible. En effet, c'est en étant accessible et compréhensible par tous (et surtout par le public qu’elle cible) que l'offre pourra être cohérente et porteuse de sens. Par conséquent, comme nous expliquent Pierre Chazaud et Idrissa Diallo 35, « la ville, la station, le site touristique doivent pouvoir se décliner non seulement come une destination, avec un bouquet de produits [...] et de services [...] mais aussi comme une marque, un élément de référence, une garantie, un lien. » L'idée est donc de répondre à une demande en coordonnant les atouts d'un territoire d'une manière qui lui est propre : on peut par exemple parler de thématiques, de circuits, ou plus généralement d'une marque territoriale qui à la fois caractérise l'offre dans son ensemble et la structure dans le détail. En rassemblant l'ensemble de l'offre sous une même identité, et en l'adaptant de façon plus spécifique aux différents publics ciblés, c'est ainsi qu'une marque peut créer de la cohérence au sein du territoire : cohérence entre les acteurs du tourisme, comme on l'a vu précédemment, mais aussi aux yeux des publics accueillis. C'est ce qui crée selon Philippe Fabry et Jean-Luc Boulin la «valeur ajoutée des services [...] proportionnelle à l'adéquation entre contenus proposés et situation de l'usager»36. On peut citer entre autres l’exemple de l’office de Tourisme de Bordeaux, qui dans son interface en ligne propose différentes thématiques de séjour, répondant à des demandes ciblées. 35 CHAZAUD Pierre, DIALLO Idrissa. La demande touristique de mobilité à la croisée des chemins. Cahier Espaces ''Nouvelles mobilités touristiques'', mars 2009, n°100, p.16-20 36 FABRY Philippe, BOULIN Jean-Luc. M-Tourisme institutionnel. Penser avant tout au client! Revue Espaces ''M Tourisme'', octobre 2012, n°114, p.40-41 48 Figure 6. Page d’accueil de l’Office de Tourisme de Bordeaux, regroupant différentes thématiques. De même, l’office de Tourisme de Toulouse propose une thématisation à travers 4 types de publics, à savoir la famille, les amis, les couples et les jeunes. Pour chaque public, un ensemble d’offres est proposé. Figure 7. En-tête de la page « Famille » du site internet de So Toulouse Le principe à retenir ici est donc celui de la personnalisation, tendance accrue dans l'offre touristique depuis plusieurs années. On peut synthétiser cette évolution simplement : 49 Client standard → Client profilé, unique Produit standard → Offre personnalisée Production en série → Production sur mesure Publicité média → Message individuel Message à sens unique → Message interactif Parts de marché → Part du client Large cible → Niche rentable Figure 8. Le marketing touristique des collectivités territoriales, page 7. Il s'agit donc d'adapter le contenu d'une offre à son public spécifique, afin de suivre cette tendance de morcellement, de ''patchworkisation'' des goûts que nous avons évoqué dans le premier chapitre. Une directrice d'office de tourisme que j'ai rencontrée me l'a bien expliqué, dans le cadre son travail quotidien : «On a la première entrée qui est celle des sites majeurs, une des deuxièmes thématiques qui nous lient est celle de l’itinérance, notamment à travers les étapes du chemin de St Jacques avec des départs et des arrivées importants, et enfin la dernière thématique qui est celle des sensations, et tout ce qui relève des productions locales et de l’événementiel [...] On retrouve également toute la thématique rivière [...] et enfin toute la notion de créateur de sensations à travers toutes les productions locales, notamment la vigne [...] et donc après tout le patrimoine gastronomique.»37 Mais comme on peut le comprendre une offre personnalisée, pour être actuelle et adaptée, doit nécessairement se construire avec le concours, le feedback des publics touristiques. 37 Annexe C : Entretien avec une directrice d’Office de Tourisme Grand Site Collection. 50 Le second principe à retenir est donc celui de l'interactivité. Elle est rendue possible aujourd'hui notamment par le développement des nouvelles formes de communication, très rapidement intégrées par l'ensemble de la société et que les acteurs du tourisme se sont appropriés progreesivement. Dans cette foule polymorphe, le touriste est non seulement récepteur d'informations, mais aussi acteur de plein droit en émettant commentaires, opinions et partages. La tendance est donc aujourd'hui au lien qualitatif entre territoire et touriste, dans le souci d'une communication accessible, instantanée et adaptée. Comme l'explique Ludovic Dublanchet, «On en a fini de la course aux fans! L'enjeu réside dans la qualité des interactions plus que dans leur quantité.»38 Cette évolution va même jusqu'à affecter la nature des produits et services proposés par un territoire, qui seront plutôt qualifiés «d'expériences», et l'on parlera de «communautés» ou «d'affinités» plutôt que de simples catégories de touristes. L'enjeu de cette adaptation constante pour les institutionnels du tourisme est finalement de pouvoir rester compétitifs dans un milieu où les acteurs sont chaque jour plus nombreux, et où la popularité et l'audience de chaque entité ne sont jamais définitifs. C'est tout le paradoxe de ces nouveaux outils de communication que sont internet et les réseaux sociaux, à la fois une «révolution publicitaire bon marché» (Achem Alaoui39) et un support si multiforme et rapide qu'il demande des efforts considérables pour s'y adapter. Il faut ainsi, en tant que territoire, réfléchir à son placement et à sa pertinence sur ces supports. Comme nous l'explique Dublanchet par exemple, «si on ouvre des comptes et profils sans se donner les moyens de les alimenter en contenus efficaces, c'est au mieux inefficace, souvent contre-productif»40. 38 DUBLANCHET Ludovic. Les médias sociaux, nouvel eldorado du marketing des marques. Revue Espaces ''Marques de destinations'', juin 2012, n°304, p.24-27 39 ALAOUI Achem. Une certaine vision de l'informatique du futur. Cahier Espaces ''Nouvelles technologies'', février 1997, n°50, p.114-116 40 DUBLANCHET Ludovic. Les médias sociaux, nouvel eldorado du marketing des marques. Revue Espaces ''Marques de destinations'', juin 2012, n°304, p.24-27 51 C'est dans cette logique que nos allons donc nous pencher sur la question de la qualification de l'offre. 1.3. Qualification et qualité de l’offre Pour que l'offre touristique d'un territoire soit accessible, elle doit premièrement se rendre identifiable. En effet, les consommateurs doivent la connaitre et la reconnaitre, comme un ensemble unique et différencié, et en avoir une image générale. C'est à partir de cette première étape que l'acte de visite pourra ensuite s'effectuer ou non. Par «identifiable», on entend ici que l'évocation de ce territoire peut entrer en résonnance avec une certaine image chez les touristes. La notion d'image est donc ici primordiale. Comme nous l'expliquent les auteurs du Marketing du Tourisme, il existe deux natures d'image chez le consommateur : une image dite organique, qui «résulte de l'exposition des consomateurs à des sources d'informations non touristiques telles que journaux, articles de magazine [...] par conséquent, un individu qui n'aura jamais voyagé dans une destination [...] en aura quand même une image.» Cette image est donc très ancrée dans l'esprit des consommateurs, par le biais des actualités ou de l'opinion commune par exemple. Elle représente un enjeu complexe car comme nous le disent ces auteurs, «l'image organique est celle qui est la plus difficile à changer et, malheureusement, celle sur laquelle les acteurs touristiques ont le moins d'influence.» A l'inverse, ils évoquent une image «induite» quand celle-ci «résulte des communications des acteurs touristiques [...] qui ont pour vocation de vendre la destination et d'informer le consommateurs». Il s'agit donc d'une image construite et maitrisée, dans la logique stratégique de toucher un public particulier. 52 Si les acteurs institutionnels du tourisme n'ont donc que peu de pouvoir sur l'image organique de leur destination, ils peuvent néamoins mettre en oeuvre une démarche de qualification de leur offre afin de la rendre identifiable, lisible et accessible. En effet, dans un contexte d'accroissement constant de la concurrence entre destinations, offres, tarifs, il parait primordial de construire une qualification de l'offre dynamique et adaptée à chaque territoire. Pour cela, il est nécessaire de bien cerner les attentes du public touristique visé, et d'apporter à ses attentes une réponse adéquate. Comme me l'a expliqué par exemple un directeur d'Office de Tourisme gersois41, «pour les individuels [...] on travaille sur la qualification de l’offre, c'est-àdire donner aux visiteurs les moyens de bien identifier l’offre qui correspond à leurs centres d’intérêt. Et donc il y a des marques de qualité tourisme, mais il y a aussi des attentes par exemple de sites avec des enfants, de restaurants qui proposent des plats traditionnels. […] pour un visiteur qui va chercher du gersois il est important qu’il puisse facilement identifier et pour nous c’est aussi important que les professionnels s’engagent à fournir des prestations de qualité, donc on travaille sur des dispositifs de marques, marques territoriales, thématiques, pour valoriser les diverses démarches qui peuvent être engagées par les partenaires professionnels.» Il s'agit donc ici d'une qualification de l'offre par le biais de thématiques, de labels, mais aussi d'une démarche qualité significative. Il s'agit généralement d'un ensemble de normes rigoureuses ou de chartes, auxquelles doivent se conformer les établissements pour être reconnus en tant que tels. En effet, le niveau élevé de qualité des produits et prestations est un atout considérable pour un territoire, car il permet par le biais de marques de rendre l'offre reconnaissable mais aussi digne de confiance. Ce directeur d'office de tourisme m'en a donné quelques exemples : «On a une marque départementale, le petit d’Artagnan, et qui valorise l’offre touristique adaptée aux enfants, que ce soit sur la restauration ou sur des offres de visites et découverte. Et donc on a aussi une marque « Les bons crus de d’Artagnan « pour tout ce qui est oenotourisme [...] on a une 41 Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site. 53 marque « Gers friendly « pour tout ce qui est plus tourisme urbain, lié aux activités culturelles contemporaines, on a une marque Terragers pour tout ce qui est écotourisme, etc». L'objectif est donc pour les touristes d'accéder à une offre identifiable et modulable selon leurs besoins, en même temps qu'elle est crédible par son haut niveau de qualité. Il s'agit d'établir un lien de confiance direct avec le consommateur, et c'est ce qui permettra à terme de le rendre fidèle à la destination, voire prescripteur auprès de son entourage. Comme le résument les auteurs du Marketing Touristique, «une relation durable exige d'assurer de hauts standards de qualité et la volonté constante d'améliorer les prestations, d'offrir de la valeur aux touristes pour les inciter à poursuivre la relation (rester plus longtemps et/ou revenir)». La qualité de l'offre et sa qualification en tant que telle est donc un enjeu primordial pour les territoires et leur promotion touristique. Elle leur permet de rester compétitifs face aux autres destinations, de fidéliser peu à peu leurs différentes clientèles, mais aussi de générer un bouche-à-oreille susceptible d'attirer de nouveaux touristes. 2. La marque territoriale comme outil d’appropriation du territoire 2.1. Images et représentations du territoire Si comme nous l’avons vu les marques permettent de s'adapter au mieux aux publics que le territoire accueille, une des principales fonctions qu’elles revêtent néanmoins est le relais avec les habitants de ce lieu. 54 On peut parler de ''réappropriation'' par la population locale. On parle aussi de ''tourisme affinitaire'' pour des touristes extérieurs qui se rendent sur les terres de leurs origines ou de leurs souvenirs, mais aussi d'habitants ''prescripteurs'' qui se font ambassadeurs de leur destination à l'extérieur. Pour comprendre cet ensemble complexe de démarches, il sera tout d'abord intéressant de se pencher sur les images et les représentations du territoire : comment celles-ci sont elles traitées dans ce contexte? Nous prendrons ici l'exemple des destinations rurales, dont le cas est tout à fait représentatif des enjeux identitaires du territoire. Aujourd'hui, on peut observer un véritable regain d'intérêt pour les destinations rurales en France : longtemps boudées par les touristes, leur préférant la ville, la mer ou la montagne, elles suscitent un engouement particulier depuis une quinzaine d'années. On a ainsi vu apparaitre le tourisme rural, l'agritourisme... Comment expliquer ce phénomène? Il parait primordial de le rattacher en partie au tourisme dit «affinitaire». On entend par ce terme les déplacements de visiteurs vers des destinations de souvenirs ou d'origines. Il ne s'agit donc pas ici des propriétaires de résidences secondaires, qui appartiennent encore à un autre phénomène, mais véritablement de touristes saisonniers. C'est par exemple un jeune citadin qui ira visiter le village de ses grands parents, ou un italien enfant d'émigrés français qui retournera sur le territoire de ses ancêtres, ou tout simplement une famille urbaine qui veut retrouver un paysage plus naturel et authentique. Il existe donc ici deux types de motivations, répondant à des besoins différents : des visites sur un lieu porteur d'histoire personnelle, et des visites dans un lieu à l'imaginaire traditionnel et «terroir». Nous nous intéresserons ici à ce deuxième cas de figure, car il soulève en fait des enjeux importants : Rachid Amirou évoque une «réactivation de l'imaginaire 55 du territoire auquel sont sensibles les citadins qui ont, on le sait, majoritairement une origine rurale»42. En effet, on constate aujourd'hui que les pôles émetteurs de touristes sont à très large majorité urbains. On compte aujourd'hui qu'environ 80% de la population française est urbaine 43 ,mais sachant que la population française n'était pas aussi concentrée dans les villes ne serait-ce que cinquante ou cent ans auparavant, les origines d'une grande partie de la population sont donc logiquement rurales. De plus, et comme nous l'avons évoqué dans le premier chapitre, visiter un espace évocateur d'authenticité est une motivation de plus en plus répandue aujourd'hui, dans un contexte de crise socioéconomique, d'instantanéité et de perte de repères. Ainsi, le tourisme affinitaire en milieu rural, ce besoin de retour à nature et à la tradition, concerne une partie bien plus grande de la population qu'il n'y parait. Cette pratique nouvelle, motivée par des aspirations on ne peut plus actuelles, engendre donc de nombreuses démarches de la part des territoires d'acueil. En effet, on assiste à une mise en patrimoine et en tourisme toujours plus poussée, par le biais de labels ou de programmes de protection : celle des savoir faire, des traditions, de la culture, des spécialités... On protège ainsi l'identité d'un territoire en même temps qu'on le promeut à l'extérieur.Cet ensemble de pratiques et représentations est ainsi ancré dans le territoire et dans son histoire, construisant l'image d'un lieu authentique et fidèle à ses traditions. On peut penser par exemple au patrimoine bâti comme la basilique Saint-Sernin de Toulouse, au patrimoine gastronomique comme l'Armagnac gersois, ou encore au Figure 9. La basilique Saint-Sernin, Toulouse. 42 AMIROU Rachid. Patrimoine, terroir et communication touristique. La relation entre imaginaire et communication. Cahier Espaces ''La communication touristique des territoires'', décembre 1999, n°64, p.4348 43 Cours de Gestion de projets touristiques, Pierre Torrente, ISTHIA, Février 2014 56 patrimoine immatériel comme les contes et légendes des Pyrénées. Mais si ces démarches semblent figer l'identité locale, elles servent aussi de vitrine à la destination touristique : elles constituent en effet l'attrait principal des visiteurs et sont mises en avant par les acteurs institutionnels et professionnels du tourisme. De même, ce patrimoine d'événements, de campagnes de communication, est à l'origine et même d'espaces d'interprétation et de médiation qui se réinventent constamment. En ce sens, l'identité d'un lieu n'est donc jamais figée : pour Olivier Blaise «cette identité, porteuse d'innovation, ne doit pas être statique car elle doit s'approprier l'héritage historique des spécificités territoriales pour le transformer et le faire vivre dans un projet d'avenir. C'est à la fois notre mémoire profonde et immédiate qui donne du sens à l'idée de mémoire vivante.»44 Il s'agit ainsi d'opérer une médiation constante entre la protection et la promotion d'un lieu, entre son passé, son présent et son avenir, entre ceux qui le découvrent et ceux qui le font vivre au quotidien. 2.2. L’industrie du repaysement S'il existe déjà un lien entre territoire et touristes à travers l'imaginaire, ce lien est donc à réinventer et à construire. Même s'il préexiste généralement, il se doit d’être «réactivé». C'est ici que les représentations des touristes et leurs besoins réels entrent alors en confrontation. Il s'agit de protéger et de promouvoir l'identité d'un territoire, tout en l'adaptant aux flux touristiques qu'il peut générer et en optimisant les retombées en terme de développement du territoire. Comment alors concilier ces différentes approches? Phillipe Bachimon 44 GOLLAIN Vincent. Marque territoriale d'une ville, quelques repères. 13 décembre 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.marketing-territorial.org/article-marque-territoriale-de-ville-quelquesreperes-113403976.html>. (Consulté le 09/10/13) 57 et Pierre Derioz évoquent une «industrie du repaysement»45 : tout l'enjeu est d'appréhender ce besoin de retour aux sources, ce tourisme affinitaire (ou ''heritage tourism''), et de s'y adapter sans pour autant figer le territoire dans cet imaginaire. Ces auteurs parlent alors d’un risque de «fossilisation» du paysage, car selon eux «la nostalgie est un facteur de figement des territoires». Cette problématique est primordiale, car elle concerne une grande majorité des destinations touristiques dans le monde : à la fois attractifs par leur patrimoine et leur singularité, ils n'en sont pas moins des territoires vivants qui peuvent être altérés par une folklorisation excessive. Ce constat montre ainsi tout le paradoxe de la construction de l'image d'un territoire, qui doit partager à la fois le regard des touristes et le regard des habitants. On voit alors que cette problématique est primordiale dans la construction des destinations touristiques aujourd'hui, et particulièrement à travers les marques territoriales qui ont pour terreau l'identité de leur région. Pourtant, cette dualité de regards entre des touristes en manque d'authenticité et une population à l'identité «folklorisée» parait réductrice. En effet, ce constat manichéen reviendrait à considérer touristes et population locale comme deux ensembles homogènes et indifférenciés, de même qu'à ignorer les démarches des acteurs du tourisme vers une meilleure mise en cohérence. Bachimon et Derioz, étudient la question sous un autre biais : ils évoquent la notion «d'identités recomposées» et de «formes hybrides» construites au fil du temps46. Il s'agirait donc de parler de syncrétisme plutôt que d'une dualité frontale. En visitant un territoire, chacun bénéficie de son patrimoine et de son histoire tout en y apportant une part d'expérience propre, ce qui alimente progressivement 45 BACHUMON Philippe, DERIOZ Pierre. Tourisme affinitaire, entre revitalisation et dénaturation des territoires. Revue Teoros, 2012, n°29, p.8-16 46 BACHUMON Philippe, DERIOZ Pierre. Tourisme affinitaire, entre revitalisation et dénaturation des territoires. Revue Teoros, 2012, n°29, p.8-16 58 un développement territorial, économique (retombées financières) et social (population locale). Cette démarche permet, semble-t-il, de traiter un territoire et son identité de façon dynamique, de répondre à ses besoins et d'éviter des dérives tel qu'un figement ou une folklorisation de son patrimoine. Tout l'enjeu de l'action institutionnelle est donc d'appréhender cet équilibre et de le maitriser, notamment à travers une veille territoriale permanente, une étude minutieuse des besoins et attentes qu'il genère. Elle sera par exemple fondamentale pour des questions d'implantation d'activités touristiques sur le territoire : il s'agira d'identifier (et même anticiper) les besoins du territoire et la demande touristique, et de déterminer parmi l'ensemble des projets qu'il est possible de réaliser celui qui y répond le mieux. De même, il sera important d'identifier les outils, ressources, compétences et acteurs du territoire pour mener ce projet à bien. Cette démarche préalable permettra ainsi de formuler une réponse cohérente avec l'ensemble des attentes des différents publics.47 2.3. Des habitants prescripteurs On le comprend, les acteurs institutionnels ont donc une fonction primordiale dans la mise en cohérence entre besoins territoriaux et demande touristique. Mais comme nous l'avons évoqué précédemment, les habitants de ce territoire ont aussi un rôle double : en étant touristes et acteurs de leur propre région, ils peuvent ainsi s'approprier ce patrimoine et le promouvoir à l'extérieur. En d'autres termes, en s'impliquant dans la découverte du territoire, ils peuvent devenir prescripteurs de la destination. Et c'est une démarche que les institutionnels ont très tôt saisi et tentent d'impulser à travers leurs campagnes de communication. Un élu de la région Midi-Pyrénées,en charge de la démarche Grands Sites, me l'a expliqué : 47 Cours de Gestion de projets touristiques, Pierre Torrente, ISTHIA, Février 2014 59 «Notre démarche était double à l'origine. D'abord il s'agissait de favoriser l'appropriation par les Midi-Pyrénéens de leur patrimoine. Donc le public de Midi-Pyrénées était déjà un public en soi pour les Grands Sites. Et beaucoup au hasard de ce que nous avons développé en terme de stratégie de communication ont eu envie de découvrir ou de redécouvrir ces espaces là. [...] C'était la première cible que nous visions, à deux titres : d'abord pour leur permettre de ce réapproprier ce patrimoine et puis pour pouvoir en devenir les ambassadeurs en quelque sorte. Parce que qui parle le mieux de la région? Ce sont bien évidemment ses habitants.»48 Cette dynamique de travail tournée vers la population locale est donc bien présente dans la démarche Grands Sites, ce que nous développerons plus en détail dans le chapitre suivant. Mais Grands Sites Midi-Pyrénées n'est pas la seule démarche à s'être intéressée à ce type de promotion : on peut par exemple penser aux Greeters de Lyon ou aux « 100% Gaillards » de Brive, que nous avons déjà évoqué dans le premier chapitre. On peut penser aussi à l'action «Ambassadeur d'Ariège» impulsée par l'Agence de Développement Touristique d'Ariège Pyrénées, statut accessible à la population locale, qui une fois munis d'une «carte Ambassadeur» peuvent découvrir et faire découvrir le patrimoine du département. Cette démarche est promue sous le slogan : «Vous aimez l'Ariège et les sorties en famille ou entre amis ? Devenez Ambassadeurs du département et faites leur découvrir plus de 25 sites et activités touristiques. Avec la carte Ambassadeurs devenez le guide de ceux que vous aimez et bénéficiez de la gratuité ou d'autres avantages sur vos visites.»49 48 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées 49 http://www.ariegepyrenees.com/espace-pro/ambassadeurs.aspx 60 Figure 10. Logotype de la campagne « Ambassadeurs d’Ariège », site internet de l’ADT d’Ariège. De même, on peut penser à la campagne «Be Breizh!» lancée par le Comité Régional du Tourisme de Bretagne. Ce slogan, derrière lequel on trouve une identité et un ensemble de valeurs, invite aussi dans sa stratégie marketing à faire participer les habitants du territoire. En effet, son but est de «mobiliser l’ensemble des prescripteurs touristiques potentiels : population régionale, résidences secondaires, ainsi que la diaspora bretonne en France et à travers le monde »50 Figure 11. Campagne « Be Breizh ! », site internet du CRT de Bretagne. 50 http://acteurs.tourismebretagne.com/presentation/qui-sommes-nous/strategie-marketing/lesaxes 61 3. L’enjeu controversé du territoire-produit 3.1. Le terroir, une entité construite Dès lors qu'un territoire et son patrimoine font l'objet d'une stratégie de promotion touristique, et plus largement de «marketisation», la question de l'identité se pose alors comme un enjeu fondamental. Comme nous l'avons vu, cette dernière est à la fois le socle de l'attractivité du territoire, et un élément à traiter avec précaution en tant qu'elle appartient à l'ensemble du territoire et de ses habitants. En fait, le développement du territoire ne trouve sa réponse ni dans une protection aveugle de son patrimoine, ni dans sa marketisation à outrance. La question est donc de savoir ce que l'on souhaite placer dans cet entre-deux, et à travers quelles démarches. Pour mieux comprendre cette problématique, il parait intéressant d'interroger d'abord la notion de «terroir». Cette notion recouvre de nombreuses entités. Le dictionnaire Larousse en donne les définitions suivantes : «-Ensemble des terres exploitées par les habitants d'un village ; -Ensemble des terres d'une région, considérées du point de vue de leurs aptitudes agricoles et fournissant un ou plusieurs produits caractéristiques, par exemple un vin ; -Province, campagne considérées comme le refuge d'habitudes, de goûts typiquement ruraux ou régionaux.»51 Dans cette définition, l'usage de certains termes est à noter : le terroir est «refuge» pour ses habitants, ce qui renvoie aux notions de quête de repères et 51 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/terroir/77475 62 de besoin d'authenticité que nous avons précédemment évoqué. De même, le terroir appartient à la «province» ou la «campagne», ce qui souligne une fois de plus la présence de cette identité «traditionnelle» dans les territoires ruraux. Nous nous intéresserons ici aux deux dernières définitions du dictionnaire, en considérant le terroir comme un facteur d'unité dans un espace, ce qui regroupe ses habitants autour d'une histoire et de codes communes. Les habitants d'un département, d’une région ou d'un canton trouveront un «ciment», un sentiment d'unité à travers par exemple des spécialités culinaires, des événements à commémorer, des outils traditionnels, ou encore un dialecte local. Le terroir est donc souvent facteur d'unité, mais il est aussi vitrine du territoire pour sa promotion à l'extérieur. Il permet de susciter une attractivité pour les touristes, qui souhaiteraient par la suite visiter la destination pour découvrir sa culture et ses codes. Comment cette «vitrine» est-elle donc portée par le territoire vers l'extérieur? Steve Hagimont nous a expliqué que selon lui, «aucun site n'est naturellement attractif et touristique, tout a été construit, tout est histoire.»52 Si l'histoire et la culture d'un lieu sont donc les véritables socles de la promotion d'un territoire, ils n'en passent pas moins à travers un traitement particulier. L'objectif est donc d'utiliser l'histoire de ce lieu au profit de la «destination», c'est à dire du produit touristique. Il s'agira donc de produits ou services comme des souvenirs, des circuits touristiques, des événements thématiques, dédiés à un événement historique, à une spécialité, à une expression de la région. Si cette démarche peut paraitre à première vue trop «marketée» et éloignée des attentes du territoire, on peut tout de même y apporter une nuance. En effet, on constate qu'elle représente aussi une opportunité pour la population locale. Comme on peut le comprendre au fil de toute cette étude, ces problématiques d'identité et de marketisation du territoire sont donc toujours en demi-teinte et doivent être traitées avec précaution, de même que l'équilibre entre ces deux éléments n'est jamais simple à trouver. C'est ce que nous allons tenter de 52 Intervention de Steve Hagimont à l’ISTHIA le 26 novembre 2013. 63 comprendre ici, en observant le doube impact de la «mise en produit» des territoires. 3.2. Un impact à deux facettes Comme l'explique Camille Faure, «lorsque le tourisme investit dans l'image et joue de l'identité culturelle des peuples, il peut glisser lentement dans de la folklorisation marchande»53. C'est une notion que nous avons explorée tout au long de ce chapitre. Franck Michel, dans son ouvrage Tourisme et identités, parle même de «terroir-caisse» : par ce terme, il explique que le tourisme peut se servir de l'identité des territoires et des hommes qui l'habitent comme un «fond de commerce». L'enjeu réside donc dans le fait que le territoire devient produit, et intègre donc les caractéristiques que revêt un produit habituellement : adaptaté à la demande des consommateurs, rentable, et plus ou moins standardisé. Néanmoins, comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, le territoire ne peut se réduire à un simple «produit» : il est une entité vivante, composée d'une histoire mais aussi d'une actualité et d'un futur, modelé et enrichi en permanence par les habitants qui le composent. De plus, il fait l'objet de politiques publiques, et intègre même des services gratuits ou subventionés. Cantonner une destination au rang de simple produit de consommation serait donc réducteur. C'est ce qu'on peut apercevoir par exemple sur certains très hauts lieux touristiques, comme nous l'explique Rachid Amirou. Des hauts lieux à la notoriété considérable et soumis à des flux touristiques importants peuvent selon lui être progressivement désincarnés «de toute identité et émotion». Le touriste qui se rendra sur place profitera ainsi d'une expérience conforme à l'image qu'il s'en faisait, suivra un circuit établi, déconnecté de la population locale, et passera par les détours obligatoires du lieu comme «la» photo souvenir (tout le monde a en tête les touristes se prenant en photo devant la Tour de 53 FAURE Camille.Les marques territoriales : quand le territoire devient « produit ». Mémoire de Master 1 Tourisme et développement. Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2011, 89p. 64 Pise, mimant de s'appuyer contre le bâtiment), ou «le» souvenir indispensable à ramener chez soi (outil traditionnel, porte-clés, etc...). Ces considérations peuvent paraitre comme relevant de clichés, mais ces clichés sont un exemple représentatif d'une «mise en produit» excessive d'un territoire et de son identité. Comme nous l'explique Sylvie Rebillard, le risque au final est de soumettre le territoire à «une instrumentalisation dangereuse de son identité»54. On le comprend, ce type de mise en tourisme est donc difficilement reliable à un véritable développement du territoire. Mais ce constat n'est pas tout à fait complet, car il n'intègre pas les dynamiques d'acteurs présents sur le territoire, notamment au sein de la population locale. En effet, il parait important de ne pas sous-estimer la capacité des acteurs du territoire à saisir l’occasion de cette activité touristique, dans une logique de développement territorial. Par acteurs du territoire, on entend ici population locale, mais aussi acteurs privés et publics du tourisme. En effet, c'est en impulsant une participation parmi ces acteurs, qui saisissent l'occasion de prendre part à l'attractivité de leur territoire, qu'il parait possible de mettre en cohérence tourisme et développement. Un élu régional m'explique cette démarche dans le cadre de Grands Sites MidiPyrénées : «Il s'agit de faire évoluer en termes de connaissance des choses l'ensemble des publics, notamment les acteurs, les commerçants de ce territoire.[...] Donc aujourd'hui si nous nous sommes lancés avec la FROTSI [Fédération Régionale des Offices de Tourisme et Syndicats d'Initiative, ndlr] dans la formation des acteurs du territoire, et si nous avons choisi de développer de façon forte l'animation du territoire à travers l'organisation de stages, à travers la 54 REBILLARD Sylvie. Marque de destination et identité territoriale. Des destins liés. Revue Espaces ''Marques de destinations'', mai 2012, p. 65 mobilisation de tous les acteurs, c'est parce que nous avons conscience du fait qu'il y a là un enjeu considérable.»55 Il s'agit donc pour les acteurs du territoire de saisir l'opportunité d'une activité touristique afin de s'y associer et d'en tirer tous les bénéfices possibles en terme de développement. Et même, utiliser cette occasion pour compenser des événements négatifs comme la crise économique, comme me l'explique par exemple un élu régional en charge de Grands Sites Midi-Pyrénées : «Les choses fluctuent [...] mais de façon générale les Grands Sites n'ont pas été impactés par la difficulté des temps. On peut le noter au niveau général, il y a parfois ça et là quelques pondérations, mais de façon générale depuis l'origine la démarche a été extrêmement porteuse, elle a permis vraiment à ces Grands Sites d'évoluer en termes de fréquentation et en termes de notoriété.»56 Un directeur d'Office de Tourisme Grand Site me confirme cette tendance : «Ce qui est bizarre c'est que depuis 2008 [début de la crise, ndlr] en gros c'est que notre fréquentation est en croissance tous les ans. [...] 2007 était plutôt le creux de la vague, et depuis on est en croissance.»57 Ce constat nuance donc l'idée de «marchandisation» excessive du territoire, car il permet de mettre en lumière le lien qu'il peut y avoir entre développement et tourisme, à traver les initiatives du territoire et de ses acteurs. Cependant, il faut alors se poser la question de la présence du tourisme sur un territoire en tant que véritable activité économique. Comme nous l'explique Pierre Torrente, le tourisme a aujourd'hui tendance dans certains territoires à devenir le secteur économique principal et la part la plus importante de revenus, laissant parfois de côté les activités complémentaires comme l'agriculture par exemple58. 55 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. 56 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site. Cours de Gestion de projets touristiques, Pierre Torrente, ISTHIA, Février 2014 57 58 66 L'impact qu'il exerce est alors à étudier en détail, car son évolution peut entrainer des conséquences considérables sur la vie du territoire et de ses habitants. C’est ce que nous allons tenter de comprendre. 3.3. Quelles conséquences pour le territoire ? L'activité touristique, nous l'avons vu, peut donc s'inscrire comme un très bon moyen d'impulser du développement sur un territoire : développement social pour la population, développement économique pour les acteurs privés et publics, et même parfois environnemental dans des logiques de protection. Cependant, un élément reste difficile à appréhender : comment savoir exactement quels sont les conséquences de l’activité touristique sur le territoire? Comment les mesurer ? Et qu'est ce qui dans l'activité touristique a une influence? Un directeur d'Office de Tourisme me confirme cette idée : «ce qui est extrêmement difficile [...] c'est de savoir qu'est ce qui a de l'impact». Pour illustrer cette idée, il prend comme exemple le territoire dont il est en charge : «Pourquoi on s'en sort mieux? Parce que la ville a été restaurée? Parce que c'est un département bon marché par rapport à certaines destinations? Parce qu'il y a des difficultés au Maghreb et donc on a plus de touristes qui restent en France? [...] Voilà, on en sait rien, et on est bien incapable de le mesurer!».59 On voit alors émerger de ce constat une nouvelle problématique, à savoir le lien direct et l'impact de l'activité touristique sur le développement des territoires. Les besoins d'un territoire sont multiples et complexes, ne serait ce que par rapport aux différents publics qui le composent. Comme on peut l'imaginer, l'activité touristique ne peut répondre à tous ces besoins de façon exhaustive et simultanée, car son champ d'action, bien que vaste, possède toujours une limite. 59 Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site. 67 Comme l'explique Pierre Torrente, l'erreur serait de considérer le tourisme comme la panacée au développement du territoire, c'est à dire comme la réponse à tous ses besoins.60 Nous avons vu qu'il était primordial dans cette «mise en tourisme» d'étudier les besoins du territoire et les ressources et moyens qui pouvaient y répondre : il parait donc tout aussi important de considérer que l'ensemble des besoins ne peuvent pas être comblés que par le tourisme. C'est cette prise de recul, parfois difficile pour des acteurs plongés au quotidien dans l'activité touristique, qui parait donc nécessaire à la prise en charge du tourisme sur un territoire. De la même façon, chaque territoire détient ses spécificités, auxquelles les acteurs devront s'adapter dans leurs démarches. C'est une entreprise qui demande là aussi des efforts considérables, car l'étude des particularités de chaque région est complexe, tout comme il sera difficile de cerner l'impact des aménagements mis en place. Ceci pose, en outre, la question de la présence des marques territoriales. En effet, elles sont de plus en plus nombreuses sur la scène touristique internationale et plus particulièrement française : chaque territoire crée sa marque, son slogan, sa bannière, et développe une stratégie de communication en conséquence. Comme l'explique très justement Sylvie Rebillard61, que va-t-il se passer une fois que tous les territoires auront leur marque? Ne va-t-on pas assister à la création d'un «hypermarché touristique»? Quelles seront alors les perspectives de nouveauté? Dans un contexte où la marque territoriale est une démarche très largement utilisée par les collectivités aujourd'hui, il parait indispensable de se pencher sur cet ensemble de questions, pour mieux en comprendre les rouages mais peut être aussi pour y apporter un début de réponse. 60 Cours de Gestion de projets touristiques, Pierre Torrente, ISTHIA, Février 2014 61 REBILLARD Sylvie. Marque de destination et identité territoriale. Des destins liés. Revue Espaces ''Marques de destinations'', mai 2012, p. 68 PARTIE III Etude de cas : la marque territoriale Grands Sites Midi-Pyrénées 69 On constate donc que la problématique de la cohérence par la mise en destination soulève de nombreux enjeux. L’ensemble des hypothèses que nous avons abordé nous montre que des notions comme le développement territorial, l’identité ou la demande touristique sont loin d’être antinomiques si elles sont placées dans une dynamique pertinente. Les marques territoriales, les démarches qualité, les labels, sont autant de clés qui permettent de structurer ces différentes entités. Elles organisent l’offre, révèlent l’attractivité du territoire, mais permettent aussi l’implication des différents acteurs. Il s’agit d’impliquer les acteurs institutionnels (collectivités, politiques), privés (hotellerie, restauration…) mais aussi et surtout la population locale qui permettent d’alimenter et de faire vivre le territoire au quotidien. Pour explorer plus en détail ces différentes hypothèses et surtout les conséquences de ces éléments sur le territoire, il sera intéressant de se pencher sur un cas pratique particulier. Nous nous attacherons ici à étudier la démarche Grands Sites Midi Pyrénées : relativement récente (2008/2009), elle est représentative du concept de marque territoriale et des dynamiques d’acteurs qu’elle soulève. Pour cela, nous dresserons tout d’abord un portrait général de la région et de la démarche Grands Sites. Forts de cette connaissance, nous nous pencherons ensuite sur les objectifs de cette marque et sur ses premiers effets sur le tourisme et le territoire. Pour cela, nous nous appuierons sur l’expérience de différents acteurs institutionnels, d’un élu régional à des directeurs d’office de tourisme Grand Site. Enfin, et sur la base de cette analyse, nous tenterons de proposer différents outils pour étudier concrètement les perspectives à longterme de la marque territoriale Grands Sites Midi-Pyrénées. 1. Midi-Pyrénées et Grands Sites 1.1 La région Midi-Pyrénées Avant d'évoquer plus en détail la démarche des Grands Sites, il parait tout d'abord important de mieux connaitre la région Midi-Pyrénées en elle même : 70 c'est une région vaste, aux spécificités marquées, ce qui rend d'autant plus pertitente son étude en tant que destination touristique. Figure 12. Carte admnistrative de la Région Midi-Pyrénées La Région Midi-Pyrénées est composée de huit départements, souvent connus à travers leur chef lieu : l'Ariège (Foix), l’Aveyron (Rodez), la Haute-Garonne (Toulouse), les Hautes Pyrénées (Tarbes), le Gers (Auch), le Lot (Cahors), le Tarn (Albi) et le Tarn et Garonne (Montauban). Elle compte aujourd'hui 2 944 157 habitants62, avec une arrivée d'environ 16 000 personnes chaque année, ce qui la place en terme de croissance au deuxième rang au niveau national. C'est une des régions les plus vastes du pays, mais aussi un espace très rural, où les communes (3021 en tout) sont en moyenne relativement petites (2245 communes de moins de 500 habitants) et souvent regroupées en communautés de communes (202 en tout). 62 http://www.insee.fr/fr/regions/midipyrenees/default.asp?page=faitsetchiffres/presentation/presentatio n.htm 71 Néanmoins, la région se fédère autour d'un pôle démographique, administratif et économique, Toulouse : l'agglomération toulousaine compte à elle seule 25% de la population de Midi-Pyrénées, et 50% de son activité économique.63 De même, elle accueille une filière économique majeure de la région, celle de l'aéronautique. Mais d'autres filières sont aussi présentes, et leur dynamisme et leur essor permettent de contribuer au développement du territoire : l'agriculture, avec 54000 exploitations en tout, mais aussi le tourisme avec un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros et plus de 45 000 emplois sur toute la région64. C'est ce que me confirme un élu de la région : "Midi-Pyrénées est une région qui a pris conscience du fait que l'économie touristique a pris une part significative dans l'économie générale, puisque elle représente 7% du PIB régional [...] pour Midi-Pyrénées, l'économie touristique représente le troisième acteur en terme d'emploi derrière l'agriculture/l'agro-alimentaire et l'aéronautique".65 On peut constater que le patrimoine que détient la région Midi-Pyrénées est riche, à travers des paysages multiples mais aussi des hauts lieux comme Rocamadour, Albi, Auch, St Cirq Lapopie... Ces lieux disposent d'une notoriété déjà importante et génèrent des flux touristiques chaque année. On compte en effet plus de 15 millions de visiteurs dans la région chaque année66, avec un total de 83,2 millions de nuitées, et dont une grande partie passe par ces hauts lieux. 63 64 http://www.tourisme-midi-pyrenees.com/espace-presse/accueil/infos-sur-lactivite-touristique Idem 65 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. 66 http://www.tourisme-midi-pyrenees.com/espace-presse/accueil/infos-sur-lactivite-touristique 72 Figure 13. Rocamadour Figure 14. St Cirq Lapopie Figure 15. La Cathédrale Ste Cécile, Albi 73 Et c'est donc grâce à une volonté de se saisir de l'essor du tourisme que la région, à travers son réseau d'acteurs (Conseil Régional, CRT, CDT, Offices de tourisme...), a pu mettre en place un ensemble d'actions sur le territoire. Une démarche qui s'est avérée complexe, comme me l'a expliqué l'élu régional que j'ai rencontré : " Il va de soi qu'à partir du moment où ce constat a été fait nous nous sommes très fortement mobilisés pour essayer, je dirais, de donner corps à une démarche, de conforter la destination Midi-Pyrénées..euh...c'était une tâche hardue, nous avons une région qui est la plus grande de France, la plus vaste, qui effectivement comporte un certain nombre de paysages de grande qualité, remarquables, mais ceci ne suffisait pas je dirais à mettre en œuvre une politique touristique."67 1.2. Les Grands Sites La démarche Grands Sites a vu le jour en 2008 sous l'impulsion de Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées : ce dernier est parti d'un constat simple, à savoir que "Midi-Pyrénées dispose de nombreux sites ayant une forte notoriété vis à vis des clientèles nationales et internationales, mais pas toujours identifiés à la Région".68 La problématique ici est donc bien d'identifier la région en tant que véritable destination touristique, afin de créer une cohérence d'ensemble entre les différents sites attractifs, et générer du développement touristique et territorial (notamment en espace rural) à partir de ces pôles ‘’locomotives’’. Cela impliquait donc de lier les sites entre eux malgré des thématiques parfois très différentes : « il faut savoir qu'on a admis les sites dès le départ dans leur diversité […] je vous parlais de patrimoine naturel et culturel, euh, entre Gavarnie et Marciac il n'y a pas vraiment de, je dirais, de lien évident! Mais nous avons décidé de tout construire autour de cela. »69 Quels étaient alors les principaux objectifs pour arriver à cette fin? 67 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. http://www.midipyrenees.fr/Grands-Sites-en-Midi-Pyrenees 69 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. 68 74 Il s'agissait tout d'abord : "d'inciter les touristes en situation de séjour en Midi-Pyrénées à découvrir les Grands Sites"70 On le comprend, la priorité est ici à la consolidation de l'attractivité de ces hauts lieux, en tant qu'elle permettrait de conserver un développement sur l’ensemble du territoire (emplois, investissement...) mais aussi sur une période plus longue. En effet, on constate un nombre moyen de 5,3 nuitées71 dans la région, ce qui s'ajoute au fait que la saisonnalité est très marquée en termes de fréquentation. Cette tendance m'est confirmée par les deux directeurs d'office de tourisme Grand Site que j'ai rencontrés, qui m'évoquent une haute saison très marquée de juin à septembre, malgré quelques "soubresauts" au cours de l'année. Il s’agit donc de faire des sites touristiques de Midi-Pyrénées de véritables lieux de séjours, où les visiteurs se ‘’posent’’ et découvrent, plutôt que de simples lieux de ‘’passage’’ comme c’est très souvent le cas. Il s'agit ensuite de : "donner envie aux visiteurs d'un Grand site, d'aller découvrir les autres Grands Sites de Midi-Pyrénées" Cet objectif là est véritablement la trame de la démarche Grand Site, à savoir d'établir un maillage entre les sites touristiques au sein du territoire, afin d'identifier ce réseau et l'attractivité qu'il génère comme appartenant à la région Midi-Pyrénées. En effet, lorsque des visiteurs se rendent sur un site touristique de la région, il n'y a pas forcément par la suite l'effort (ou l'information suffisante) de visiter d'autres lieux de la région dont l'intérêt et la notoriété sont reconnus, même si ce lieu est à quelques dizaines de kilomètres du premier. Le but est donc de créer une cohérence d'ensemble dans l'image de la région et des sites qu'elle propose. Comme me l'explique un élu régional, "Sachez qu'au 70 71 http://www.midipyrenees.fr/Grands-Sites-en-Midi-Pyrenees http://www.tourisme-midi-pyrenees.com/espace-presse/accueil/infos-sur-lactivite-touristique 75 départ, au début de la démarche, on attribuait parfois à Midi-Pyrénées Carcassonne, et que St Cirq Lapopie ou Rocamadour étaient situés en Dordogne ou ailleurs!"72 Il s'agit donc véritablement de repositionner tout ce patrimoine dans un maillage cohérent, visible et attractif. Comment alors construire cette attractivité? Un des objectifs était ensuite de : "promouvoir ces Grands Sites sur les marchés étrangers, français et de proximité". En effet, il faut savoir qu'une grande partie de la démarche Grands Sites a consisté à créer des campagnes de communication pour offrir une visibilité à la région à différents niveaux. A un niveau international, car Midi-Pyrénées est la sixième région française sur ce marché73, à un niveau national car 85% de sa clientèle est française, mais aussi à un niveau local car une grande partie de ses visiteurs sont issus de la région même ou des régions limitrophes. C'est ce que me confirme un directeur d'Office de Tourisme : "notre clientèle est d’origine française, avec les régions phares à proximité c'est-à-dire les agglos avec Bordeaux, Toulouse… On a ensuite toute la zone Lot-et-Garonnaise puisqu’on est limitrophes"74. Il ajoute : "« On a 80% de français, qui sont principalement des gens de midi pyrénées, puisque les premiers touristes d’une région sont toujours les habitants de cette région, on a le bassin toulousain qui a le mérite d’être en forte croissance et d’avoir beaucoup de néo-toulousains qui ne connaissent pas du tout la région midi pyrénées, et donc qui ont vraiment envie de découvrir autour de Toulouse ce qu’il y a à voir. Ca rayonne, donc c’est très intéressant pour nous. » On retrouve donc cette notion de touristes "locaux" et même de "prescripteurs" évoquées précédemment. Nous verrons donc comment a été opérée cette action de communication et de "visibilisation" de la région à travers ses Grands Sites. 72 73 74 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. http://www.tourisme-midi-pyrenees.com/espace-presse/accueil/infos-sur-lactivite-touristique Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site. 76 Un des objectifs était ensuite d’ "éviter lors de l'arrivée des visiteurs dans le site, tout décalage décevant entre les attentes initiales et la réalité de la qualité de l'accueil, des produits, des services". Il y a donc là un réel effort porté sur la démarche qualité des sites touristiques, par le biais d'un cahier des charges et de normes rigoureuses, ce que nous verrons plus en détail tout à l'heure. Car qui dit cohérence entre les sites dit aussi unité en termes de démarches et de moyens : si certains des sites ont une fréquentation déjà très importante, le but est aussi "de faire émerger des projets structurants que la plupart des sites ne peuvent réaliser seuls"75. C'est ce que me confirme un élu régional : "quand on est un petit site rural, à grande notoriété mais sans beaucoup de moyens...Je dirais que notre difficulté à été là, beaucoup de nos Grands Sites sont situés dans des lieux de petite collectivité, si vous allez à Cordes ou à Conques ce sont des lieux remarquables mais les municipalités ou les communautés de communes n'ont pas de moyens suffisamment marqués. Donc l'objet de la politique des Grands Sites est également d'accompagner ces collectivités dans le développement de leur site. "76 Il est donc question ici de construire une image attractive, mais aussi d'allouer des moyens suffisants pour que l'offre y corresponde. A partir de cet ensemble de constats et d’objectifs, un plan d’action a été mis en place, tout d’abord par un cahier des charges qui définit les lieux Grands Sites. Car si de nombreux lieux de la région se révèlent attractifs et à l’intérêt certain, il s’agit ici de déterminer un certain nombre de sites « remarquables », cohérents entre eux et offrant une visibilité à la région comme destination touristique. Un élu régional m’évoque le début de cette démarche : « Donc nous avons commencé par mettre en œuvre...déterminer un certain nombre de critères, 75 76 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. idem 77 critères de fréquentation, critères de qualité, de telle sorte à ce que ces Grands Sites emblématiques puissent être reconnus comme tels sans aucune difficulté et sans aucune contestation. Donc ce sont des Grands Sites naturels et culturels, et donc il s'est agi pour nous de recenser l'ensemble de ces sites sur la base de candidatures des porteurs de projet. Donc nous avons été destinataires d'un nombre important, et à l'examen je dirais des critères que nous avions désignés, nous avons arrêté 25 Grands Sites aujourd'hui, c'est une démarche qui est aujourd'hui bouclée... »77 Un certain nombre de critères a donc été mis en place, comme par exemple le fait que les sites accueillent 200 000 touristes par an au minimum ; qu’ils soient identifiés sur le marché national et international ; qu’ils possèdent un « patrimoine culturel ou naturel remarquable »78 ; et que leur office de tourisme soit considérée d’intérêt régional. A partir de ces critères, 25 sites ont donc été désignés. On compte finalement comme Grands Sites Midi-Pyrénées : -En Ariège : la « collection Ariège », avec entre autres le château de Foix, la grotte du Mas d’Azil, les Forges de Pyrène… ; -En Aveyron : Conques, Rodez, Villefranche de Rouergue et le viaduc de Millau ; -En Haute Garonne : Toulouse, le Canal des Deux Mers, Luchon, Saint Bertrand de Comminges et Revel ; -Dans le Gers : Auch, Marciac et la Ténarèze (Flaran, Baïse, Armagnac) ; -Dans le Lot : La vallée de la Dordogne, Rocamadour, Cahors, Saint Cirq Lapopie, Figeac ; -Dans les Hautes Pyrénées : Lourdes, le Pic du Midi, Cauterets et le Pont d’Espagne, -Dans Gavarnie ; le Tarn : Albi, Cordes sur Ciel, Sorèze ; -Dans le Tarn et Garonne : Moissac et Montauban ; 77 78 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. http://www.midipyrenees.fr/Grands-Sites-en-Midi-Pyrenees 78 Une fois ce « contrat Grand Site » défini en 2009 avec chacun des lieux et communes retenus, il s’est alors agi de les accompagner dans leur développement touristique : grâce au concours de différentes institutions (Unions Européenne, Région, départements), une aide a été apportée en termes de moyens financiers (12 millions d’euros alloués sur 3 années79) et humains (formation). C’est ce que m’explique l’élu régional en charge des Grands Sites que j’ai rencontré : « Nous avons centré notre démarche à la fois sur le cœur emblématique de ces Grands Sites, à la fois pour essayer de les accompagner dans leur développement, notamment en leur permettant de requalifier les espaces emblématiques de ces Grands Sites, leur permettre également d'évoluer dans leurs pratiques et d'être accompagnés financièrement pour le faire»80. Le mot d’ordre est donc à la qualité, reconnaissable et légitime à travers ce sceau Grand Site. On compte entre autres dans cette démarche l’aide au reclassement des offices de tourisme, notamment en termes d’accessibilité. Il s’agit par exemple de doter les offices de tourisme d’un site internet et d’une application, ou bien de leur permettre de bénéficier d’une formation à l’accueil et aux nouvelles technologies. De même, les offices de tourisme sont progressivement équipés d’un ensemble de relais de la démarche Grands Sites, comme des brochures, des bornes interactives permettant de découvrir les sites, et même des « totems » Grand Site à l’entrée de la ville, marque de reconnaissance supplémentaire pour les visiteurs. Figure 16. Le « Totem » Grand Site à l’entrée de Moissac (Tarn et Garonne) Elles ont aussi pu par cette démarche suivre la tendance d’instantanéité et d’hyper connectivité dont nous parlions précédemment, en investissant par exemple dans la création d’applications, de QR Codes, d’équipements de géolocalisation… De même, une démarche de formation s’est opérée auprès du personnel, notamment pour suivre cet ensemble d’évolutions. Comme me l’explique un 79 80 Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées. idem 79 directeur d’office de tourisme Grand Site, « c’est bien d’avoir internet, mais si derrière on a des partenaires professionnels qui savent pas répondre à un mail, qui ont pas de site internet, qui ne savent pas ce qu’est TripAdvisor, on peut avoir un très bel OT mais derrière on a pas la réponse. Donc travailler parallèlement à l’accompagnement de nos partenaires professionnels, sur l’évolution d’internet par rapport à leur métier. Et donc ça passe par de l’information, de la formation, de l’accompagnement personnel, de façon à ce qu’ils s’adaptent eux-mêmes à ces évolutions technologiques. De manière à maintenir le lien avec les visiteurs qui viennent chez nous. »81 Bien évidemment, ces dispositifs n’auraient pas de cohérence sans une image unifiée de l’ensemble des sites et de la région : c’est dans cette perspective que la région s’est donc lancée dans la construction d’une identité commune, reconnaissable par les touristes comme par les habitants, et exportable sur le marché national et international. Il s’agit principalement d’un logo, d’un code couleur, mais donc aussi d’une démarche qualité revendiquée. Cette identité a donc été relayée par les supports évoqués en office de tourisme, mais aussi et surtout à travers une campagne de communication à très Figure 17. Logotype Grands Sites MidiPyrénées large audience : une publicité diffusée à la télévision au niveau national au cours de l’année 2013, un investissement conséquent dans la remise à niveau de chaque site internet d’office de tourisme, ainsi qu’une vidéo de plusieurs minutes pour chaque Grand Site, disponible sur internet et diffusée en continu dans l’office de tourisme concernée des affiches, et des reportages photos. Une démarche globale que me confirme une directrice d’office de tourisme Grand Site : « L’entrée dans les Grands Sites nous a véritablement repositionné sur notre stratégie de communication, on a mis en place un nouveau site internet, une version en responsive, et on travaille sur une application mobile 81 Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site. 80 qui elle permettra de travailler sur ce thème de l’itinérance. On a aussi des QR codes que l’on retrouve devant nos offices de tourisme, et en flashant le visiteur va récupérer la fiche visite du lieu sur lequel il est. On a également les QR codes sur tous nos panneaux identitaires positionnés sur le territoire, et qui là permettent par contre de venir sur le site de l’OT. »82 On voit donc bien ici que la démarche Grands Sites s’est attachée en tant que marque territoriale à requalifier son offre, à savoir la rendre lisible, attractive, mais aussi digne de confiance grâce à une garantie de qualité dans les services et produits. Cette démarche s’est ainsi effectuée à travers des supports de communication et d’interaction (photos, vidéos, sites internet, applications…), à travers la formation du personnel au niveau local, et à travers un ensemble de normes qui garantissent le niveau élevé de qualité dans les prestations. De même, elle privilégie une approche en termes de ‘’hauts lieux’’ touristiques, valorisés par une thématique propre mais aussi par le maillage qu’ils forment entre eux. On retrouve donc en termes d’objectifs la majorité des points évoqués dans le chapitre précédent. Mais comment ces plans d’action se sont appliqués sur le territoire, et quels en ont été les résultats ? 2. Des objectifs ciblés aux effets réels Pour tenter de répondre à ces questions, nous nous appuierons d’une part sur les résultats quantitatifs affichés par l’Observatoire du Comité Régional du Tourisme, d’autre part sur une analyse comparée du point de vue des différents acteurs de la démarche que j’ai pu rencontrer, à savoir deux directeurs d’Office de Tourisme Grand Site et un élu régional en charge de la démarche Grands Sites. Ce second point permettra d’apporter un éclairage partiel mais concret sur la réalité de cette démarche, sur le ‘’terrain’’, à travers le regard de ceux qui l’appliquent. 82 Annexe C : Entretien avec une directrice d’Office de Tourisme Grand Site Collection. 81 2.1. Statistiques régionales En ce qui concerne la fréquentation des Grands Sites, l’Observatoire constate tout d’abord une saison 201383 « stable pour 38% et en hausse pour 38% des répondants par rapport à la même période l’an dernier. Hausse qui se vérifie notamment la deuxième période du mois d’août dans la Vallée de la Dordogne Lotoise, à Auch, Moissac et St Cirq Lapopie ». Cette démarche aura donc permis une hausse significative sur un certain nombre de sites. En outre, il m’a été permis de rencontrer le directeur de l’office de tourisme d’un des sites cités cidessus, et il sera donc d’autant plus intéressant de comparer son point de vue à ces chiffres. A ceci s’ajoute plus généralement une hausse de la clientèle française, ainsi que de la clientèle espagnole et belge, et du flux de pèlerins par le biais des chemins de St Jacques de Compostelle. Ainsi, l’Observatoire explique qu’« une majorité de Grands Sites sont satisfaits (près de 80%) de l'activité globale » : plus de la moitié d’entre eux jugent l’activité « satisfaisante » en termes d’hébergements et se restauration, près des trois quarts sont satisfaits de l’activité des sites de visite, et 71% d’entre eux jugent que les activités sportives et de loisir se sont « bien maintenues sur l’ensemble de la période ». Ce constat parait donc relativement positif, et apporte un éclairage encourageant à la démarche Grands Sites : on observe une fréquentation générale en hausse, des Offices de Tourisme globalement satisfaits et, si l’on se fie à une étude moins récente (2010) sur chacun des Grands Sites, les visiteurs se 83 « L’enquête permettant de publier ce baromètre des grands sites a été menée par téléphone par le CRT Midi-Pyrénées auprès de 36 Offices de Tourisme ou organismes gestionnaires de sites. Les questions ont porté sur l’activité de la période allant du 15 juin au 15 juillet et sur les prévisions de la période à venir. Le taux de réponse a atteint 97%. » Source : http://pro.tourisme-midi-pyrenees.com/accueil/observatoire/faits-et-chiffres/suivi-delactivite-touristique/barometre-des-grands-sites#conclusion 82 disent généralement très satisfaits de leur expérience en attribuant une note moyenne de 8,5 sur 10 (la plus basse étant 8,2 et la plus haute 8,8). 84 Cet ensemble de statistiques montre donc l’effet positif qu’a eu la démarche Grands Sites en termes de fréquentation et de notoriété des sites touristiques de Midi-Pyrénées. De même, il montre un relatif engouement des acteurs locaux tels que les offices du tourisme, ce qui encourage à poursuivre ce processus et à le promouvoir. Dans cette optique, il me parait donc intéressant de confronter ces chiffres généraux à des données plus qualitatives et ciblées, relevant du ressenti des acteurs du ‘’terrain’’ sur cette démarche, afin de compléter ces résultats. 2.2. Enquête qualitative J’ai pu rencontrer au cours de mes recherches cinq personnes en tout, appartenant au Conseil Régional de Midi-Pyrénées, à un Comité Départemental du Tourisme, ainsi qu’à plusieurs offices de tourismes Grand Site. J’ai retenu ici les propos qui m’ont paru les plus révélateurs, mais aussi les plus représentatifs de l’opinion partagée par les autres acteurs rencontrés. Pour plus de clarté, les propos ont été codifiés par couleur suivant leur auteur. Figure 18. Code couleur des verbatims 84 http://pro.tourisme-midi-pyrenees.com/accueil/observatoire/clienteles/les-clienteles-des-grandssites-midi-pyrenees 83 Notoriété et communication « On peut le noter au niveau général, il y a parfois ça et là quelques pondérations, mais de façon générale depuis l'origine la démarche Grands Sites a été extrêmement porteuse, elle a permis vraiment à ces Grands Sites d'évoluer en terme de fréquentation et en terme de notoriété. » « Certains d'entre eux, pendant les premières années de développement de notre démarche, ont vu leur score évoluer à deux chiffres, donc vraiment évoluer de façon importante. Alors ce n'est probablement pas uniquement du à la démarche des Grands Sites, il y a des initiatives qu'ils ont pu prendre, mais de façon générale ce qu'on peut observer c'est que les Grands Sites ont vraiment très bien évolué. » « Les offices de tourisme dans le cadre de la démarche qualité sont invitées je dirais à évoluer dans leur réalité de telle sorte à correspondre parfaitement aux attentes de publics internationaux, qui sont à la recherche de...enfin qui ont une très grande exigence, ce qui est parfaitement naturel. » « Alors depuis l’entrée dans les Grands Sites, en termes de flux touristiques, de fréquentation, elle n’est pas très marquée à l’accueil comptoir. Pour l’instant on est plutôt sur des logiques de stabilité » « L’entrée dans les Grands Sites nous a véritablement repositionné sur notre stratégie de communication » « Je sais pas si ça a vraiment changé quelque chose. Ce qui est extrêmement difficile sur tout ce qui est communication c’est de savoir qu’est ce qui a de l’impact […] on le suit pas de manière précise. Pas à notre échelle. » « L’OT s’inscrit dans le schéma de communication départemental et régional, au titre des Grands Sites on bénéficie notamment d’actions de promotion par le CRT et… enfin il nous en informe, on ne peut pas tellement dire qu’on y soit associés… » Figure 19. Propos recueillis en entretien – Notoriété et communication On constate ici un écart significatif entre le point de vue de l’initiative et le point de vue de l’application. Si tous reconnaissent des efforts considérables en termes de communication, à travers différents supports comme nous l’avons évoqué précédemment, les hausses de fréquentation paraissent globalement plus restreintes du point de vue des offices de tourisme. L’un de ces acteurs 84 évoque justement la difficulté de mesurer les résultats en termes d’impact de la démarche, à une échelle souvent trop restreinte pour pouvoir mener une véritable enquête. Quels sont donc les outils qu’il paraitrait intéressant d’appliquer ? C’est ce que nous tenterons de voir par la suite. Fédérer les acteurs institutionnels et privés « C'est une des politiques régionales qui a permis le mieux de fédérer un certain nombre de directions. » « Si vous consultez les contrats de Grands Sites, vous verrez qu'ils mobilisent l'ensemble des acteurs, et c'est une des premières démarches qui soit aussi structurante et qui permet à chacun des sites je dirais de mettre en avant ses atouts, de s'interroger sur de nouveaux développements, de jeter un regard périphérique sur les territoires environnants… » « Dites vous bien qu'il s'agit également de faire évoluer en terme de connaissance des choses l'ensemble des publics, notamment les acteurs, les commerçants de ce territoire. » « Si aujourd’hui le fond d’action régional sur les grands sites permet d’améliorer l’offre, c’est l’offre publique. Ca ne déteint absolument pas sur les hôtels, les restaurants, etc. » « L’information est relayée au niveau local, voilà, on est grand site, on a mis un totem à l’entrée de la ville, bon ben, voilà. Après y’a pas forcément d’autres actions départementales par rapport à cette mission là parce que les attentes sont différentes » « Toute façon Grands Sites Midi-Pyrénées à la base c’est que de la com’. Disons que c’est une marque, et ils ont commencé par faire de la com’. Après avoir fait de la com’, ils ont fait un diagnostic de la qualité des sites. Donc vraiment dans l’ordre ça s’est passé comme ça : ils se sont donc rendus compte, ils se sont dit ‘’mais en fait le site derrière, qu’est ce qu’il vaut ? On dit que c’est le plus beau, le plus beau, mais bon…’’. » « Ils ont d’abord fait de la com, et ensuite ils sont venus sur les territoires pour dire ‘’bon faudrait peut être améliorer des trucs si on veut être à la hauteur de la marque !’’ Et d’abord c’est une action de communication, parce que d’abord la Région elle a pas forcément de compétences dans la qualification de l’offre. » 85 « C’est des dynamiques de partage d’expérience avec ces directeurs des autres Grands Sites Midi-Pyrénées puisqu’il y a vraiment une logique de réseau et d’habitude de travail en commun. Il y a vraiment un phénomène de réseau qui s’est mis en place, qui permet de s’enrichir et qui tend vers le haut, véritablement. » « Je sais pas si c’est une faiblesse mais dans le cadre de l’audit Grands Sites sont passés en détails tous les éléments de chacune des communes, avec évidemment les points d’amélioration à apporter, de manière claire les communes ne pourront pas tenir l’ensemble des préconisations qui ont été demandées. » Figure 20. Propos recueillis en entretien – Fédérer les acteurs institutionnels et privés Sur ce thème de la structuration des actions, les avis ont été très partagés : un des objectifs, comme me l’a expliqué l’élu régional, a été de fédérer l’ensemble des acteurs du territoire pour entrer dans une logique commune. Dans la pratique c’est en partie le cas, notamment grâce au « partage d’expérience » entre acteurs dont parle une directrice d’office de tourisme, mais dans le cadre strict de la démarche Grands Sites, cet objectif ne parait pas tout à fait atteint pour ceux que j’ai rencontré. Un d’eux évoque par exemple la différence entre offre publique (sites de visite, musées…) et privée (activités, hébergement…), cette dernière ne semblant pas touchée directement par la démarche alors qu’elle représente une part considérable dans l’expérience des touristes. Là où l’élu régional montre donc une relative satisfaction, les acteurs locaux paraissent plus réservés. Appropriation du territoire par la population « Alors notre démarche était double à l'origine. D'abord il s'agissait de favoriser l'appropriation par les Midi-Pyrénéens de leur patrimoine. Donc le public de Midi-Pyrénées était déjà un public en soi pour les Grands Sites. Et beaucoup au hasard de ce que nous avons développé en terme de stratégie de communication ont eu envie de découvrir ou de redécouvrir ces espaces là. » « Il y a une forme d'appropriation, de sentiment de fierté et d'appartenance à un territoire 86 qu'a généré la notion de Grands Sites. Et là, je vous disais, la première démarche qui était orientée vers les Midi-Pyrénéens, vers la réappropriation de leur patrimoine a été un succès. » « Nous on a véritablement ce souci, et notamment hors saison, de travailler en direction de la population locale, notamment à travers l’événementiel, les manifestations. On a vraiment des habitués, qui toutes les semaines ou tous les mois viennent récupérer le calendrier des événements…enfin, voilà, on est devenu un peu un lieu aussi de…et c’est vraiment très important. » Figure 21. Propos recueillis en entretien – Appropriation du territoire par la population Les propos recueillis par rapport à l’appropriation du territoire par la population ont été beaucoup plus rares que pour d’autres thèmes, malgré des entretiens conduits avec presque les mêmes questions sur ce sujet. On constate là aussi un véritable engouement de la part de l’élu régional en charge de la démarche, pour qui cet objectif est une des cibles principales à atteindre par le biais des Grands Sites. On comprend tout l’intérêt de ce type de public, qui peut se révéler être prescripteur de sa région mais aussi touriste luimême, et ce tout au long de l’année. Nous tenterons de comprendre dans cette dernière partie comment mesurer l’impact réel de ces démarches sur la population locale, et par quel biais réussir à mieux l’impliquer dans la dynamique touristique de sa région. Pour cela, différents outils seront proposés, notamment en direction des acteurs touristiques privés du territoire et de la population locale : ce sont deux publics à prendre en compte avec beaucoup de considération dans cette démarche qu’est la marque territoriale. En effet, et comme nous l’avons vu tout au long de cette étude, ils permettent la vie et l’activité du territoire au quotidien. Ils sont prescripteurs du territoire, en même temps qu’ils sont le relais d’accueil des touristes : il s’agit donc d’un socle fondamental, d’une puissante ‘’locomotive’’ de l’attractivité du territoire, ce que les acteurs institutionnels du tourisme doivent prendre en compte. C’est aussi un des moyens qui permettra, à long terme, de contribuer à une meilleure cohérence entre territoire, touristes et population locale. 87 3. Méthodologie d’opérationnalisation 3.1. Un questionnaire en direction de la population Un des premiers outils est donc destiné à la population locale : il s’agit tout d’abord de connaitre la notoriété de la démarche Grands Sites auprès des habitants de la Région Midi-Pyrénées, et plus généralement leur envie de découvrir leur territoire et leur patrimoine. En effet, si des études ont été menées auprès des touristes accueillis dans la région, il parait aussi important de connaitre l’avis des ‘’locaux’’, car comme nous l’avons vu un des objectifs principaux de la démarche leur est destiné. Cette enquête d’opinion se retrouve sous la forme d’un simple questionnaire, un outil quantitatif qui permettra en étant soumis au plus grand nombre de mieux connaitre la population et son rapport au tourisme dans la région. Il s’agit ici d’abord de recueillir des données sociodémographiques : l’âge, le sexe, le département d’origine (au sein de la région Midi-Pyrénées), puis de connaitre sa fréquentation des Grands Sites, sa connaissance de la démarche Grands Sites, et finalement son envie de découvrir sa région. 88 Figure 22. Questionnaire 89 Ceci est donc un exemple d’enquête d’opinion qui peut être administrée auprès des habitants de la région Midi-Pyrénées, qui permettra par un grand nombre de réponses de révéler certaines tendances et sentiments de la population à l’égard de leur région. J’ai eu l’occasion de tester ce questionnaire sur un échantillon de 22 personnes, résidant toutes sur le territoire. Cet échantillon est composé à 36,4 % d’hommes et à 63,6% de femmes. La personne la plus jeune a 20 ans et la plus âgée 49 ans, avec un âge médian de 31 ans. Les interrogés sont à 50% originaires d’Ariège, à 40,9% de Haute-Garonne, et à 4,5% respectivement du Gers et du Lot. A la question « Avez-vous visité un ou plusieurs lieux touristique(s) de la région Midi-Pyrénées il y a moins d’un an ?», les réponses ont été majoritairement positives : Figure 23. Résultats du questionnaire, question 4 On voit donc une réelle mobilité au sein de la région. De plus, les interrogés indiquent en moyenne avoir visité 4 sites au cours de la dernière année, ce qui 90 constitue un résultat relativement encourageant. Mais qui dit mobilité ne dit pas forcément tourisme : pour quels motifs ces personnes se sont-elles déplacées? Figure 24. Résultats du questionnaire, question 6 Une grande partie de l’échantillon, à savoir plus de 59%, s’est donc déplacée grâce à la notoriété du site, dont 40,9% grâce à la publicité. On peut donc constater que, d’après cet échantillon, les publicités initiées par les Grands Sites ont eu un retentissement auprès de la population. On constate ensuite que 18,2% des interrogés ont répondu par un motif « autre » : les principaux motifs avancés ont été la « curiosité », la « découverte », le « loisir », la « motivation entre amis » et la « balade ». En outre, une part importante d’interrogés (13,6%) ont indiqué un déplacement professionnel au sein de la région. La publicité parait donc être un moyen efficace pour inciter la population locale à visiter sa région. Si beaucoup ont été influencés par ces campagnes, combien connaissent réellement la démarche Grands Sites ? On observe qu’environ 80% des interrogés connaissent la démarche Grands Sites, ce qui parait relativement encourageant en termes de notoriété de la démarche auprès de la population. Cependant, la passation à plus grande échelle de ce 91 questionnaire permettra un résultat plus fin et représentatif, car les résultats sur la base de cet échantillon sont pertinents mais difficiles à utiliser. Enfin, peut-on constater au niveau de cette population une envie de découvrir leur région ? Cette question est volontairement très large, car il s’agit de recueillir le sentiment des interrogés, en lien avec l’offre générale de la région. On constate des réponses très différentes. Figure 25. Résultats du questionnaire, question 10 Sur une échelle de 1 à 5, les interrogés se disent à 22,7% très intéressés, à 45,5% intéressés, à 22,7% plutôt intéressés et à 9,1% peu intéressés. Si plus de deux tiers de l’ échantillon se révèlent en demande de découverte de leur région, on constate que presque un tiers d’entre eux n’y portent pas particulièrement d’intérêt, même si ces derniers ont visité des sites au cours de la dernière année. Il s’agit alors de comprendre comment rendre l’offre touristique du territoire attractive pour l’ensemble de sa population, problématique primordiale pour la marque territoriale et notamment pour la démarche Grands Sites. 92 3.2. Un guide d’entretien à destination des acteurs privés On peut d’abord penser au travail de médiation qu’effectuent les acteurs institutionnels en direction du public sur les sites : musées, centres d’interprétation, visites guidées ; mais on peut penser aussi au travail des acteurs privés du tourisme, qui constitue à lui seul une part considérable de l’offre et de l’attractivité du territoire. On peut par exemple penser aux structures d’hébergement, de restauration, de loisir, ou encore d’activité physique et sportive. Il serait donc intéressant d’opérer un audit auprès de ces acteurs au sujet de l’offre de leur territoire, de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées, des points forts et des points à améliorer dans cette démarche. Il s’agit donc ici d’un volet plus qualitatif de l’enquête, qui permettra de recueillir les impressions et le vécu de ces acteurs, mais aussi leurs initiatives et idées pour améliorer cette offre. Cette enquête, administrée sous la forme d’entretiens, pourrait par exemple suivre un guide d’entretien en 5 grands points : -Les acteurs privés et leur rapport à l’offre de leur territoire ; -Leur rapport aux publics qu’ils accueillent : touristes et population locale ; -Leur rapport à la démarche Grands Sites : en quoi ils y sont impliqués, la façon dont ils le perçoivent depuis leur activité ; -Les points forts et points faibles, selon eux, de cette démarche ; -Les exemples d’initiatives ou idées contribuant à améliorer l’offre du territoire et la cohérence entre les publics accueillis. Il sera alors intéressant de confronter les résultats de ces deux enquêtes afin d’obtenir un regard global sur le sentiment exprimé par les acteurs du territoire, qu’ils s’agissent de structures privées ou d’habitants. Ces résultats permettront par exemple, en étant intégrés plus généralement à des politiques touristiques, 93 d’inclure de façon plus importante ces publics dans l’activité touristique de la région et de permettre une meilleure cohérence d’ensemble au sein de l’offre. Bien entendu, il ne s’agit ici que de quelques pistes de réflexion. Cette problématique de cohérence (au sein de l’offre et entre les publics) et les réponses que l’on peut y apporter demandent un travail toujours plus approfondi, tant les enjeux qu’elle soulève sont considérables pour l’activité touristique d’un territoire. En effet, il sera intéressant d’administrer ces enquêtes à plus grande échelle, mais aussi et surtout de se confronter aux résultats qu’elles produisent et d’y apporter une réponse adaptée en termes de politiques touristiques, grâce à une connaissance approfondie du territoire. 94 CONCLUSION La cohérence entre tourisme et territoire est donc une problématique complexe à aborder. A l’heure où l’on constate, comme nous l’avons vu, un changement rapide et multiforme des comportements des touristes ainsi que des supports de communication qu’ils utilisent, cette problématique prend d’autant plus d’importance qu’elle nécessite une réadaptation constante. Les institutionnels tentent donc de se saisir de cette évolution grâce à différents outils (avec plus ou moins de retard), notamment à travers la marque territoriale. Cette mise en tourisme, et plus généralement cette mise en ‘’produit’’ du territoire, implique donc de nombreux défis à relever : il s’agit de s’adapter à cette demande en évolution constante, mais aussi de rester au plus proche des besoins du territoire et de ses acteurs. Comme nous l’avons constaté, l’identité du territoire reste un enjeu primordial. Il est question de la préserver, par le biais de la promotion et de la mise en patrimoine notamment, mais aussi de le faire vivre et de l’alimenter constamment, en tant qu’elle appartient à l’ensemble de la population. Mais il faut garder à l’esprit une notion primordiale : « l’enjeu » de l’identité est propre à chaque territoire. Il n’existe pas, en somme, de modèle absolu. Il s’agit de s’adapter à chaque cas, car chaque territoire trouvera son développement à travers différents leviers. Nous avons ainsi vu que l’outil de la marque territoriale est un début de réponse à ces problématiques d’identité et de cohérence. Grâce à cette démarche, les institutionnels s’investissent de la capacité de créer une dynamique d’ensemble sur le territoire : entre acteurs, entre touristes et acteurs, entre acteurs et habitants, et à terme entre touristes et habitants. On constate évidemment des améliorations à apporter, notamment en termes de structuration de l’offre privée, mais cet ensemble de processus (encore à leurs débuts) montrent un réel potentiel pour le territoire. 95 Enfin il parait primordial, dans cette démarche de mise en tourisme, de garder à l’esprit que le territoire n’est pas et ne sera jamais un « produit » comme les autres. Ce produit ne se déplace pas, il est inhérent au territoire : il dépend entièrement de la gestion qu’en font les acteurs, et ces derniers se doivent d’adopter des dynamiques adaptées pour le faire avancer de façon durable et intelligente. Cet ensemble de problématiques requiert donc un effort de compréhension et d’adaptation constants. Il sera intéressant, notamment à travers une prochaine étude en Master 2, d’en approfondir les notions, les enjeux, au plus près de la demande du tourisme et des besoins de chaque territoire. 96 BIBLIOGRAPHIE 1. Ouvrages scientifiques 1.1 Articles → ALAOUI Achem. 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Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2010, 94p. → PUECH Sébastien. Les marques territoriales : leviers d'attractivité touristique et de valorisation des patrimoines alimentaires : la coopération d'acteurs un facteur indispensable au développement des territoires. Mémoire de Master 2 Tourisme et développement. Foix : Université Toulouse II – Le Mirail, Département CETIA, 2010, 168p. 3. Documents divers 3.1. Ressources internet → APACOM (Association des professionnels aquitains de la communication). Les marques territoriales ont vraiment la côte. Septembre 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.apacom-aquitaine.com/wpcontent/uploads/2012/09/00_209_84.pdf>. (Consulté le 02/10/13) → CNER (Fédération des agences de développement et des comités d'expansion économique). La marque France au détriment des marques territoriales. 11 juillet 2013 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.cnerfrance.com/Actualites/Actualites-generales/La-marque-France-au-detrimentdes-marques-territoriales>. (Consulté le 12/11/13) 100 → GOLLAIN Vincent. Marque territoriale d'une ville, quelques repères. 13 décembre 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://www.marketingterritorial.org/article-marque-territoriale-de-ville-quelques-reperes113403976.html>. (Consulté le 09/10/13) → NEAULT Chantal. Le point sur les marchés émergents. Réseau de veille en tourisme, 2 mai 2012 [en ligne]. Disponible sur : <http://veilletourisme.ca/2012/05/02/le-point-sur-les-marches-emergents/> → Enjeux de l'e-tourisme, L'Echo Touristique, mars 2013, n°3060, p.8-9 → La France va-t-elle perdre son rang de 1ère destination touristique mondiale?. L'expansion.com,12 juin 2012 [en ligne]. Disponible sur : http://lexpansion.lexpress.fr/economie/la-france-mencee-de-perdre-son-rangde-premiere-destination-touristique-mondiale_301809.html 3.2. Législation → Norme NFEN ISO 8402 → Article L1111-4 du Code Général des Collectivités Territoriales 4. Entretiens → Entretien A : Elu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées → Entretien B : Directeur d’Office de Tourisme Grand Site → Entretien C : Directrice d’Office de Tourisme Grand Site Collection 101 TABLE DES FIGURES Figure 1. Exemple d’image touristique stéréotypée. Tour Eiffel, Paris. 15 Cliché colorisé de Leconte, années 1950……………………………………………………………………………. Source : http://business.lesechos.fr/entrepreneurs/success-stories/ 10031424-pme-de-l-ete-leconte-colore-paris-en-cartes-postales-29861.php Figure 2. Exemple de la fiche d’un hôtel sur le site internet Trip Advisor…………………………29 Source : http://www.tripadvisor.fr/Hotel_Review-g187175-d196889-ReviewsPullman_Toulouse_Centre-Toulouse_Haute_Garonne_Midi_Pyrenees.html Figure 3. Campagne « Brive 100% Gaillarde » du site de l’Office de Tourisme de Brive-la-Gaillarde……………………………………………………………………………………….40 Source : https://www.facebook.com/100Gaillard Figure 4. Hiérarchie des acteurs institutionnels du tourisme au niveau régional……………… 44 Figure 5. Cours de Stratégie des Organisations, Laurent Barthe, ISTHIA, novembre 2013……………………………………………………………………………… 46 Figure 6. Page d’accueil de l’Office de Tourisme de Bordeaux, regroupant différentes thématiques……………………………………………………………………………………49 Source : http://www.bordeaux-tourisme.com/ 49 Figure 7. En-tête de la page « Famille » du site internet de So Toulouse…………………………. Source : http://www.toulouse-tourisme.com/Vous-etes-plutot/Famille 50 Figure 8. Le marketing touristique des collectivités territoriales, page 7………………………… Source : cf. Bibliographie 56 Figure 9. La basilique Saint-Sernin, Toulouse……………………………………………………………………… Source : http://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g187175-d230599-ReviewsBasilique_Saint_Sernin-Toulouse_Haute_Garonne_Midi_Pyrenees.html Figure 10. Logotype de la campagne « Ambassadeurs d’Ariège », 61 site internet de l’ADT d’Ariège……………………………………………………………………………………………. Source : http://www.ariegepyrenees.com/espace-pro/ambassadeurs.aspx 102 Figure 11. Campagne « Be Breizh ! », site internet du CRT de Bretagne…………………………61 Source : tourismebretagne.com Figure 12. Carte administrative de la Région Midi-Pyrénées…………………………………………….. 71 Source : INSEE Figure 13. Rocamadour ……………………………………………………………………………………………………..73 Source http://www.amazingplacesonearth.com/rocamadour-france/ Figure 14. St Cirq Lapopie………………………………………………………………………………………………….. 73 Source : http://www.parc-causses-duquercy.fr/index.php/habiter/les_102_communes_du_parc/saint_cirq_lapopie Figure 15. La Cathédrale Ste Cécile, Albi………………………………………………………………………….. 73 Source : http://www.mairie-albi.fr/patrimoine_mondial/patrimoine/patrimoine.html Figure 16. Le « Totem » Grand Site à l’entrée de Moissac (Tarn et Garonne)……………………………………………………………………………………………………………….79 Source : http://www.ladepeche.fr/article/2013/08/03/1683091-moissac-de-nouveauxpanneaux-aux-entrees-de-ville.html Figure 17. Logotype Grands Sites Midi-Pyrénées………………………………………………………………80 Source : http://www.villefranchederouergue.fr/spip.php?article250 Figure 18. Code couleur des verbatims………………………………………………………………………………83 Figure 19. Propos recueillis en entretien – Notoriété et communication…………………………84 Figure 20. Propos recueillis en entretien – Fédérer 85 les acteurs institutionnels et privés……………………………………………………………………………………. Figure 21. Propos recueillis en entretien – Appropriation du territoire par la population……………………………………………………………………………………………. 86 103 Figure 22. Questionnaire……………………………………………………………………………………………………… 89 Figure 23. Résultats du questionnaire, question 4……………………………………………………………… 90 Figure 24. Résultats du questionnaire, question 6……………………………………………………………… 91 Figure 25. Résultats du questionnaire, question 10……………………………………………………………. 92 104 TABLE DES ANNEXES ANNEXE A. Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées (retranscription complète)………………………………………………… 106 ANNEXE B. Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site (extraits)……………………………………………………………………………………………………………… 114 ANNEXE C. Entretien avec une directrice d’Office de Tourisme Grand Site Collection (extraits)……………………………………………………………………………………………. 118 105 1. Annexe A : Entretien avec un élu régional en charge de la démarche Grands Sites Midi-Pyrénées (retranscription complète) -Alors je pensais découper cet entretien en quelques axes principaux, je voulais voir d'abord avec vous l'offre générale de Midi-Pyrénées, les publics qui y sont accueillis, ensuite l'entrée dans les Grands Sites Midi-Pyrénées, comment ça s'est passé, c'est parti de quels constats, etc...ensuite les enjeux actuels des Grands Sites, vers où on va, quels sont les premiers résultats, etc...et enfin parler un peu de Marciac, comment la commune a accueilli la marque Grands Sites. Est-ce que ça vous va? -D'accord, ça me va très bien! -Alors j'aimerais commencer en vous demandant de me parler de l'offre de MidiPyrénées, l'offre touristique générale en quelques mots. Sur quoi on met l'accent, sur quelles valeurs on mise? -Je dirais que Midi-Pyrénées est une région qui a pris conscience du fait que l'économie touristique a pris une part significative dans l'économie générale, puisque elle représente 7% du PIB régional, ce sont plus de 40 000 emplois en ces temps de difficulté, plus de 43 000 emplois, vous imaginez que ce n'est pas une donnée, je dirais, secondaire. Et nous avons pris conscience du fait que pour Midi-Pyrénées, l'économie touristique représente le troisième acteur en terme d'emploi derrière l'agriculture/l'agro-alimentaire et l'aéronautique. Il va de soi qu'à partir du moment où ce constat a été fait nous nous sommes très fortement mobilisés pour essayer, je dirais, de donner corps à une démarche, de conforter la destination MidiPyrénées..euh...c'était une tâche hardue, nous avons une région qui est la plus grande de France, la plus vaste, qui effectivement comporte un certain nombre de paysages de grande qualité, remarquables, mais ceci ne suffisait pas je dirais à mettre en œuvre une politique touristique. Nous avons donc essayé de prioriser les choses, et de nous livrer à une analyse, et nous nous sommes rendus compte que 13 des 15 millions et demi de visiteurs qui passaient en Midi-Pyrénées passaient par nos Grands Sites, c'est à dire visiter un certain nombre de ces lieux emblématiques, et nous nous sommes dits qu'il serait probablement intéressant je dirais d'adosser notre démarche de développement touristique autour de cette notion de Grands Sites de Midi-Pyrénées. Donc nous avons commencé par mettre en œuvre...déterminer un certain nombre de critères, critères de fréquentation, critères de qualité, de telle sorte à ce que ces Grands Sites emblématiques puissent être reconnus comme tels sans aucune difficulté et sans aucune contestation. Donc ce sont des Grands Sites naturels et culturels, et donc il s'est agit pour nous de recenser l'ensemble de ces sites sur la base de candidatures des porteurs de projet. Donc nous avons été destinataires d'un nombre important, et à l'examen je dirais des critères que nous avions désignés, nous avons arrêté 25 Grands Sites aujourd'hui, c'est une démarche qui est aujourd'hui bouclée... -Dans le Gers aussi, vous avez eu beaucoup de candidatures? -Oui oui, y'avait pas mal de sites qui je dirais étaient intéressés...alors qui occupent une place significative sur l'échiquier touristique régional, mais je dirais pas au point d'atteindre le niveau des Grands Sites. Donc...nous avons contractualisé une période avec l'ensemble des collectivités, donc les signataires sont à la fois les départements, qui travaillent en relation étroite avec nous, les titulaires de ces Grands Sites, communes/communautés de communes, les offices de tourisme, puisque parmi les engagements que prennent ces Grands Sites il y a un équipement majeur qui est l'office de tourisme, donc, de niveau 1, d'intérêt régional, il y a bien sur la nécessité de se doter d'un site internet de grande qualité, y'à toute une démarche qui permet d'accompagner le Grand Site dans son développement. -J'imagine que les CDT jouent aussi un rôle là dedans? 106 -Bien sur! Les CDT si vous voulez interviennent au niveau des départements, donc sont nos partenaires naturels également. Il y a la région, avec son CRT, il y a le département avec le CDT, l porteur de projet local qui est commune ou communautés de communes selon l'attribution de la compétence tourisme, il y a l'office de tourisme d'intérêt régional, ce sont les partenaires naturels. Ensuite il arrive que le PNR quand il y en a un puisse s'associer...enfin voilà, les partenaires majeurs sont ceux que je viens de définir. -D'accord. Vous m'avez parlé du coup d'une démarche qualité, vous avez un certain nombre de critères qui sont mis en place... -Exactement. -...pour accompagner... -Pour accompagner dans leur montée en puissance les Sites en terme de qualité de leurs initiatives, qu'il s'agisse de la qualité des offices de tourisme, qu'il s'agisse des hébergements, nous avons initié une démarche de développement durable doublée d'une démarche qualité, et donc toutes ces...tout cet ensemble je dirais est accompagné par le contrat de Grands Sites qui est un contrat qui a été signé donc en 2009 par les différents titulaires de ces Grands Sites. Nous avons décidé devant les résultats enregistrés...bon nous avons accompagné d'abord par une campagne de communication dont vous avez eu écho qui est importante, qui a été mise en place depuis l'origine, que nous allons relancer cette année, suivant des modalités différentes, et nous avons décidé à la fin de l'année dernière donc de proroger de 3 ans la démarche Grands Sites puisque il s'agissait de les accompagner dans leur développement. Donc nous avons centré notre démarche à la fois sur le cœur emblématique de ces Grands Sites, à la fois pour essayer de les accompagner dans leur développement, notamment en leur permettant de requalifier les espaces emblématiques de ces Grands Sites, leur permettre également d'évoluer dans leurs pratiques et d'être accompagnés financièrement pour le faire. -D'accord! Et je ne sais pas si ça a un rapport direct, mais j'ai entendu parler d'une classification des offices de tourisme en...2011 si je ne me trompe pas...avec des critères d'accessibilité, notamment sur internet... -Bien sur oui! -...développement durable, etc. Ca fait partie de ça aussi? -Bien sur ça en fait partie, c'est en lien, c'est une démarche d'ensemble. Donc les offices de tourisme dans le cadre de la démarche qualité sont invitées je dirais à évoluer dans leur réalité de telle sorte à correspondre parfaitement aux attentes de publics internationaux, qui sont à la recherche de...enfin qui ont une très grande exigence, ce qui est parfaitement naturel. -D'accord. Et du coup, en parlant de publics, est-ce que vous pouvez me parler de...quels visiteurs accueille la région en général? Est-ce que vous voyez une cohérence d'ensemble sur ces publics? Ou même sur le Gers? -Alors notre démarche était double à l'origine. D'abord il s'agissait de favoriser l'appropriation par les Midi-Pyrénéens de leur patrimoine. Donc le public de MidiPyrénées était déjà un public en soi pour les Grands Sites. Et beaucoup au hasard de ce que nous avons développé en terme de stratégie de communication ont eu envie de découvrir ou de redécouvrir ces espaces là. Le second segment de public, c'est le segment national et international, puisque ces films ont eu un écho assez considérable, et donc ont permis de requalifier, de repositionner l'offre de Midi-Pyrénées -Les spots publicitaires sont passés ailleurs qu'en France? -Alors oui ils ont été programmés dans des salles de cinéma en Europe, également sur un certain nombre de médias, et puis nous avons à chacune de nos visites à l'extérieur de nos frontières mise en évidence la stratégie des Grands Sites parce qu'elle correspond à la stratégie majeure déclinée par Midi-Pyrénées -Très bien. Alors je me demandais aussi, j'ai eu un entretien il y a peu de temps avec le directeur de l'office du tourisme de ***, Mr ****, qui m'a expliqué très généralement, si 107 on coupe ''gros'', que c'était généralement des familles qui venaient ici, pas mal de couples sans enfants, un petit peu de retraités aussi, mais je me demandais si vous aviez vu un avant et un après par rapport à la labellisation Grands Sites Midi-Pyrénées? -Alors la typologie n'est pas une typologie unique, elle dépend de la qualité de la thématique je dirais des Grands Sites. Si vous analysez par exemple nous qui sommes sur Marciac, on est plutôt sur un développement culturel...donc il est certain que nous avons des typologies de publics différents. Une chose est certaine, donc moi je fais le tour des Grands Sites assez régulièrement avec le comité de pilotage, et nous sommes très attentifs avec l'observatoire économique du CRT à l'évolution des fréquentations. Il y a deux observations : la première c'est que ces Grands Sites ont accru leur notoriété de façon significative ces dernières années, et deuxièmement qu'ils ont évolué dans la fréquentation de leur site. C'est à dire que certains d'entre eux, pendant les premières années de développement de notre démarche, ont vu leur score évoluer à deux chiffres, donc vraiment évoluer de façon importante. Alors ce n'est probablement pas uniquement du à la démarche des Grands Sites, il y a des initiatives qu'ils ont pu prendre, mais de façon générale ce qu'on peut observer c'est que les Grands Sites ont vraiment très bien évolué. Alors aujourd'hui il existe donc une structure qui rassemble les Grands Sites, la collection des Grands Sites, dans ce cadre ils peuvent je dirais mutualiser leurs démarches, ils peuvent progresser je dirais par la relation qui existe entre eux, mais surtout par celle qui existe avec la région qui les accompagne e façon très précise, alors il y a eu un audit qualité qui a été organisé par les services de la région, qui ont parcouru les 25 Grands Sites de Midi-Pyrénées, ce qui a permis donc la rédaction des avenants pour leur montrer les marge de progrès qui existaient tous registres confondus. Donc chacun de ces Grands Sites dans le cadre de la seconde copie que constitue l'avenant pour les 3 années concernées, 2013 2014 2015, sont amenés à prioriser en quelque sorte leurs choix, à dire ce qui est le plus important pour eux, et nous nous efforçons de les accompagner dans cette démarche, donc maintien de la démarche de communication, investissement important sur les espaces publics des Grands Sites sur le cœur emblématique, investissement extrêmement important aussi dans le cadre des centres d'interprétation que nous voulons mettre en évidence, donc la démarche des Grands Sites devrait si tout se passe normalement et par delà les difficultés que nous pouvons connaître hein, d'accompagnement financier...vous savez, qu'il y a une raréfaction des ressources, qui ne permet pas toujours je dirais d'aller aussi vite que nous le souhaiterions, mais la région Midi-Pyrénées elle a décidé de consacrer une somme de 4 millions d'euros sur chacune de ces 3 années, 12 millions d'euros sur les Grands sites, nous devrions voir la différence très rapidement. Donc certains d'entre eux ou la majorité d'entre eux évoluent de façon très favorable, reste évidemment quelques difficultés pour certains d'entre eux, les approches sont parfois des approches quand il y a un patrimoine remarquable, les approches sont parfois un petit peu plus difficiles...mais...nous y parvenons. -D'accord! Du coup je me demandais, et c'est totalement en lien avec ce que vous venez de dire, c'est que...avec la création de cette marque, qui regroupe les différents sites de Midi-Pyrénées qui sont labellisés, je me disais...l'offre touristique de Midi-Pyrénées en général est quand même assez hétérogène, dans l'ensemble, ce n'est pas forcément la même partout. Comment on fait pour créer une cohérence d'ensemble avec tous ces sites en fait?...C'est une grande question! -Oui! Alors il faut savoir qu'on a admis les sites dès le départ dans leur diversité. Tout à l'heure je vous parlais de patrimoine naturel et culturel, euh, entre Gavarnie et Marciac il n'y a pas vraiment de, je dirais, de lien évident! Mais nous avons décidé de tout construire autour de cela. Dire que, quand on considère les chemins de St Jacques de Compostelle par exemple, relier les grands sites relève ici de l'évidence. Quand nous nous travaillons sur les deux routes/voies vertes, nous tendons également à ce que le maillage des Grands Sites domine. Et donc nous nous sommes également dotés d'outils, 108 vous les avez probablement vus dans les offices de tourisme non? -Oui oui, j'ai toute la documentation ici! -En plus de cela, en terme audiovisuel, vous avez une carte avec un écran tactile....C'est à dire que vous entrez dans l'office de tourisme, vous êtes à Marciac, vus cliquez sur un des grands sites de Midi-Pyrénées ,on vous donne la distance, et vous avez la représentation de chacun de ces Grands Sites. Donc vous pouvez faire une prévisite, alors vous pouvez aussi le faire sur internet bien évidemment, mais vous pouvez le faire dans l'office de tourisme, où on vous oriente vers chacun des Grands Sites. Donc c'est vrai qu'ils sont différents, je dirais que d'un site à l'autre il y a une approche culturelle qui est différente, mais on a ce sentiment fort d'appartenance à une même collection. -D'accord. Qui peut du coup attirer potentiellement le même public? -Tout à fait. Voilà, ce qu'il faut retenir si vous voulez c'est la mobilisation qu'a provoqué cette notion de Grands Sites. -Des collectivités vous voulez dire? -Des collectivités et de la population concernée. Il y a une forme d'appropriation, de sentiment de fierté et d'appartenance à un territoire qu'a généré la notion de Grands Sites. Et là, je vous disais, la première démarche qui était orientée vers les MidiPyrénéens, vers la réappropriation de leur patrimoine a été un succès. C'est à dire qu'aujourd'hui encore, je questionnais par exemple certains de mes collaborateurs qui ont été intéressés par la notion de Grands Sites et qui les ont visité pour la première fois, et un certain nombre de flux de publics supplémentaires sont liés à l'intérêt nouveau porté par les Midi-Pyrénéens à propos de leur patrimoine. Et ensuite il y a au national et à l'international le fait d'avoir...vous avez vu les livrets de ces Grands Sites -Oui oui -Donc quand vous allez à l'étranger, ou au plan national quand vous participez à un certain nombre de rencontres et que vous mettez en avant le territoire auquel vous appartenez de cette manière là, je vais dire qu'il y a un écho immédiat, enfin je crois que notre région y est représentée de façon vraiment très positive. -Et du coup en parlant des Midi-Pyrénéens justement...dans ma filière on parle beaucoup de tourisme affinitaire, et je me demandais si justement les habitants de la région portaient un grand intérêt aux Grands Sites Midi-Pyrénées, et c'est ce que Mr Pechcontal me disait aussi, c'est qu'il y a une grosse partie des visiteurs qui viennent en fait de la région, qui veulent la redécouvrir. -Bien sur bien sur, mais c'était la première cible que nous visions, à deux titres : d'abord pour leur permettre de ce réapproprier ce patrimoine et puis pour pouvoir en devenir les ambassadeurs en quelque sorte. Parce que qui parle le mieux de la région, ce sont bien évidemment ses habitants, et quand nous avons fait réaliser par des éditeurs des guides sur les Grands Sites etc., ce qu'ils nous ont dit quand ils nous ont présenté leurs travaux, c'est que vraiment c'était une région extraordinaire par la qualité de l'accueil...qu'ils avaient rarement entendu des gens aussi accueillants dans d'autres régions françaises, le fait qu'on réponde à leurs questions avec plaisir par exemple, c'est quelque chose qui les a marqués. Il y a une sorte d'ouverture d'esprit, de sens de l'accueil inné je dirais chez les Midi-Pyrénéens, qui est une donnée extrêmement intéressante quand on veut communiquer en direction d'un certain nombre de visiteurs. -C'est vrai. Je voulais ensuite vous demander de me parler des outils de communication utilisés pour les Grands Sites, plus précisément. -Alors bon ils sont nombreux. Vous allez en voir en interne dans chacun des Grands Sites, chacun a l'obligation d'avoir son site internet, donc je vous invite à questionner ces Grands Sites, voilà la majorité d'entre eux disposent aujourd'hui d'un outil de grande qualité. Donc ça ça a été l'exigence. Pour mémoire nous avons pris en charge 80% du coût de la mise en œuvre de ces sites, parce que c'était pour nous une donnée majeure, et que certains territoires je dirais, quand on est un petit site rural, à grande 109 notoriété mais sans beaucoup de moyens...Je dirais que notre difficulté à été là, beaucoup de nos Grands Sites sont situés dans des lieux de petite collectivité, si vous allez à Cordes ou à Conques ce sont des lieux remarquables mais les municipalités ou les communautés de communes n'ont pas de moyens suffisamment marqués. Donc l'objet de la politique des Grands Sites est également d'accompagner ces collectivités dans le développement de leur site. Donc, un site internet de grande qualité, une borne au sein de chacun des offices de tourisme, ne communication adaptée c'est à dire des affiches, des reportages photos, un tournage sur chacun des Grands Sites puisqu'il y a un film par Grand Site, un film Collection qui lui retrace l'ensemble, et aujourd'hui nous nous intéressons aux territoires environnants, c'est à dire que les Grands Sites ne sont pas des oasis perdus dans un environnement, mais les territoires environnants je dirais comportement également un certain nombre de joyaux sur lesquels il convient d'attirer l'attention des visiteurs. -C'est un projet ça, du coup? -Oui, donc là ce serait le Grand Site, et son territoire pertinent. Et par ce maillage, nous arrivons à couvrir je dirais l'essentiel du territoire Midi-Pyrénées. -D'accord, et je me demandais aussi en terme de nouvelles, de très nouvelles technologies, c'est à dire les Smartphones, la géolocalisation, etc., ça se fait aussi? -Bien sur. Alors là nous favorisons cela, bon nous invitons les Grands Sites à évoluer dans leur réalité je vous l'ai dit tout à l'heure, en les dotant d'une signalétique adaptée, en leur permettant également de prendre un certain nombre d'initiatives, donc tout ce qui concerne ces nouveaux modes de communication, Smartphones, iphones, etc...donc nous favorisons les visites avec QR Codes avec, euh, voilà. De telle sorte à ce que aux visites guidées qui existaient à l'origine se substituent ou au moins accompagnent voilà donc, par des installations de QR codes un petit peu partout... -J'imagine que c'est aussi un investissement permanent, pour pouvoir rester en permanence à la page... -Bien sur. Il faut que demain dans un office de tourisme si vous n'avez pas d'iphone, que vous puissiez louer une tablette, faire votre visite par vous-même, avoir des éléments je dirais suffisamment intéressants en terme de relations, de ce qu'est le Grand Site, en terme également d'image, de photos, de documents audiovisuels qui permettent d'agrémenter la visite en tout cas de la rendre beaucoup plus ludique et beaucoup plus agréable. -C'est pas évident! -Non mais c'est un travail de fond! C'est la raison pour laquelle nous nous sommes donnés un peu de temps, mais cette veine je dirais des Grands Sites est extrêmement intéressante parce qu'elle offre à chaque fois de nouvelles déclinaisons, de nouveaux développements, et que les territoires progressent très vite. -Oui, c'est vrai qu'il y a de nouvelles opportunités à saisir, à chaque fois. -Dites vous bien qu'il s'agit également de faire évoluer en terme de connaissance des choses l'ensemble des publics, notamment les acteurs, les commerçants de ce territoire. Donc aujourd'hui si nous nous sommes lancés avec la DESI et la FROTSI dans la formation des acteurs du territoire, et si nous avons choisi de développer de façon forte l'animation du territoire à travers l'organisation de stages, à travers la mobilisation de tous les acteurs, c'est parce que nous avons conscience du fait qu'il y a là un enjeu considérable. -Bien sur oui, c'est un des enjeux principaux de la démarche, c'est sur. J'aimerais aussi vous demander, alors c'est une grande question aussi, on parlait de la fréquentation tout à l'heure, avec les publics qui sont accueillis dans la région, est-ce que vous avez vu depuis quelques années une influence de la crise, en général? Crise économique, crise sociale... -Les choses fluctuent, euh, certaines années effectivement on a noté une petite pondération, mais de façon générale les Grands Sites n'ont pas été impacté je dirais par 110 la difficulté des temps. On peut le noter au niveau général, il y a parfois ça et là quelques pondérations, mais de façon générale depuis l'origine la démarche Grands Sites a été extrêmement porteuse, elle a permis vraiment à ces Grands Sites d'évoluer en terme de fréquentation et en terme de notoriété. Certains d'entre eux, vous savez, étaient très connus au niveau régional mais ne disposaient pas d'un rayonnement équivalent. Ce que nous avons favorisé à travers l'inscription du nom Grand Site avec la campagne de communication, c'est l'appropriation géographique. Sachez qu'au départ, au début de la démarche, on attribuait parfois aux Midi-Pyrénées Carcassonne, et que St Cirq Lapopie ou Rocamadour étaient situés en Dordogne ou ailleurs. Donc si vous voulez nous avons permis une forme de réappropriation du périmètre de Midi-Pyrénées, les gens aujourd'hui ont une vision de plus en plus précise de ce qu'est je dirais notre région, ce n'est pas ''quelque part dans les Pyrénées'', c'est vraiment la vision d'une entité, d'une destination géographique. Et ce qui nous intéresse, donc dans le cadre des zones homogènes de destination, c'est justement au sein du territoire de Midi-Pyrénées, de qualifier ces espaces de telle sorte à ce qu'ils fassent l'objet d'une reconnaissance spontanée de la part des publics concernés. -Et c'est peut être justement cette démarche qui a permis de pallier le concept de crise, notamment en terme de fréquentation touristique? -Bien sur, bien sur, il va de soi que plus la période est difficile, plus il faut que nous soyons identifiés de façon forte. Et là la campagne de communication et les outils que vous avez vu sont des outils avec lesquels nous nous sommes adressés par exemple aux voyagistes, aux agences de voyage qui nous ont dit ''avec ce document nous disposons aujourd'hui d'un document équivalent à ceux qui font rêver les gens quand ils entreprennent de voyager... -Oui avec une identité forte...parce que du coup il y a aussi tout un imaginaire qui est attaché à ça! On le voit dans les spots TV, dans la documentation... -Tout à fait, exactement, alors nous allons également dans le cadre des travaux qui nous occupent nous adresser plus spécifiquement aux publics dédiés, notamment aux enfants et aux adolescents qui sont très fortement prescripteurs, nous sommes vraiment dans l'accompagnement je dirais de cette démarche pour lui permettre de s'épanouir et de générer des retombées économiques significatives qui sont, dans les périodes de difficulté que nous traversons, très précieuses, vous vous en doutez. Puisque le tourisme, à la différence des autres grandes filières, lui s'adresse de façon équitable à l'ensemble du territoire, c'est à dire que jusqu'au plus profond des départements vous retrouvez une activité touristique, des acteurs, et il convient de les accompagner fortement. -C'est vrai. Vous m'avez parlé de cibler différents publics comme les enfants et ados, est-ce que vous travaillez aussi avec d'autres labels, d'autres marques à l'intérieur de Midi-Pyrénées pour aller dans ce sens? -Non, là pour l'instant nous sommes essentiellement consacrés à la démarche... -Ou même s'associer avec des labels déjà existants je veux dire, par exemple -Ca c'est tout à fait possible, mais simplement c'est vrai que cette démarche nous a beaucoup occupés...nous n'avions pas conscience au départ quand nous avons initié cette démarche de l'ensemble des besoins. C'est vraiment une démarche qui nous mobilise très très fortement, et quand il s'agit d'accompagner un site comme Montségur, Conques, comme des lieux emblématiques qui sont établis sur de petites collectivités, et bien croyez moi il faut se mobiliser très fortement donc, ceci nous occupe de façon extrêmement importante! -Oui j'imagine... -Alors nous avons décidé parallèlement de nous doter d'un observatoire économique des Grands Sites... -D'accord C'est quelque chose qui est en cours, ça? 111 -C'est en cours oui, aujourd'hui les entreprises sont désignées et nous travaillons actuellement je dirais à la finalisation de notre démarche, et nous disposerons de la sorte d'éléments très précis concernant la vie de ces Grands Sites, concernant leur activité économique, concernant leur développement, leurs besoins également, nous avons au sein de ces Grands Sites questionné les publics qui les visitent, leur donner la possibilité à travers un questionnaire de s'exprimer, de faire connaître leurs attentes, leurs critiques également, de telle sorte à faire évoluer. Donc il y a vraiment un travail de fond, auquel le CRT est adossé... -C'est un investissement ça aussi, humain, financier -Oui tout à fait. -Je voulais aussi vous demander de me parler de la saisonnalité de l'activité dans la Région. Donc on pense forcément aux vacances d'été, aux vacances scolaires, est-ce que le fait d'avoir créé Grands Sites Midi-Pyrénées ça a changé quelque chose de ce côté là? -Et bien l'objet de...enfin j'aurais du vous le dire sans que vous ayez à poser la question, c'était d'améliorer la durée de...de s'étaler dans le temps. Alors c'est le cas aujourd'hui, quand on a une arrière-saison assez clémente comme c'est le cas cette année, on trouve là un prolongement à la saison, l'objet étant vraiment de sortir de l'effet de saisonnalité et de faire vivre ces Grands Sites, alors nous nous pouvons les faire vivre que s'ils disposent en leur sein je dirais d'espaces d'accueil, que nous puissions accueillir les gens à d'autres périodes que l'été, c'est l'objet également de notre démarche. -D'événements aussi, peut être? C'est ce que me disait Mr *** à ***, il y a CIRCA, le festival Indépendances et Créations.. -Oui oui tout à fait...donc l'objet est vraiment à travers la stratégie des Grands Sites, c'est une des politiques régionales qui a permis le mieux de fédérer un certain nombre de directions. Nous travaillons habituellement de façon sectorielle, et là il y a eu une démarche transversale, c'est à dire que la DCAV (direction de la culture et de l'audiovisuel) est intimement associée à nos travaux, de même que la Direction de l'Environnement, parce que nous travaillons sur une même thématique. Les Grands Sites doivent s'imposer non seulement de par leur réalité historique, patrimoniale, culturelle, mais ils doivent également je dirais en terme de développement durable évoluer de façon favorable, pour pouvoir mieux prendre en compte les publics qui les visitent. Donc il y a vraiment toute une démarche de fond dans le cadre de la démarche de Grands Sites qui a permis à chacun de ces Sites de faire feu de tout bois je dirais, non seulement de mettre en évidence leur patrimoine, mais d'animer ce patrimoine par des initiatives culturelles de qualité, c'est toute cette dimension qui est prise en compte dans la démarche, elle fédère l'ensemble des acteurs. -Qui permet peut être aussi de créer de l'attractivité à des endroits qui n'avaient pas adopté cette démarche, qui ne s'étaient pas assez ouverts. -Tout à fait, si vous consultez les contrats de Grands Sites, vous verrez qu'ils mobilisent l'ensemble des acteurs, et c'est une des premières démarches qui soit aussi structurante et qui permet à chacun des sites je dirais de mettre en avant ses atouts, de s'interroger sur de nouveaux développements, de jeter un regard périphérique sur les territoires environnants, tous ceux qui vont constituer je dirais la petite périphérie .. [Téléphone] -...donc voilà c'est une démarche, c'est ce sur quoi je voudrais mettre l'accent, qui fédère l'ensemble des acteurs, qui est extrêmement structurante pour l'ensemble d'un territoire, qui l'amène à se poser les bonnes questions, parce que quand j'ai parlé d'audit qualité, quand on fait un audit qualité des Grands Sites, il y a les acteurs majeurs que sont la Région et le CRT, en compagnie de l'ensemble des acteurs du territoire, ce sont les CDT, les Conseils Généraux, tous les acteurs en terme de formation, la FROTSI, les CAUE (Conseils d'architecture, d'urbanisme et d'environnement), donc tous ces acteurs se livrent à un audit qualité sur l'ensemble du 112 site, c'est à dire qu'ils mesurent à la fois les progrès réalisés dans un certain nombre de registres, fixent les nouveaux objectifs, déterminent entre eux ce qui ne fonctionne pas bien, et donc il y a une clause de revoyure qui permet dans l'intervalle à chacun des acteurs politiques de prioriser ces choix de telle sorte à dire ''à l'échéance 2013, je serais arrivé à tel bilan d'étape, en 2014 ma priorité sera plutôt...'' etc, donc voilà il y a vraiment une stratégie d'ensemble qui set remarquable et qui permet à mes yeux de bien développer des initiatives de qualité, de fédérer l'ensemble des acteurs. -Et du coup cet audit qualité c'est quelque chose qui est en place déjà? C'est en lien avec l'observatoire économique? -Oui oui, si vus voulez la signature de cet avenant est lié à cette démarche d'audit qualité, et permet de préfigurer les priorités qui seront retenues, et les équipes techniques je dirais travaillent dans la plus grande confiance et dans la plus grande transparence, il ne s'agit pas de présenter un tableau idyllique qui masque une réalité qui l'est beaucoup moins, il s'agit tout simplement d'acter les marges de progrès que chacun des Grands Sites peut se fixer. -D'accord. Bon je crois que vous avez répondu à la plupart des grandes questions que je me posais, je voulais simplement vous demander si vous, à votre niveau, vous perceviez déjà de nouvelles attentes des publics qui sont en train d'émerger, des nouvelles possibilités d'adaptation, d'ajustement des Grands Sites? -Bien sur, bien sur, quand je vous parlais des centres d'interprétation...il est important maintenant que les Grands Sites évoluent dans cette réalité là, vous avez évoqué vousmême le recours à toutes les nouvelles formes de communication liées aux nouvelles technologies, ça c'est également une priorité, euh...je dirais aussi l'adaptation des Grands Sites à chacun des publics dédiés, notamment enfants et adolescents, il y a un travail de fond à effectuer là-dessus, et puis il y a tout le lien entre la partie patrimoine, l'animation du patrimoine, culture, il y a tous ces volets qu'il convient je dirais d'explorer aujourd'hui. Mais nous avons vite avancé, les premières années, aujourd'hui nous avons encore en dépit de la difficulté des temps, une ressource satisfaisante pour subvenir aux besoins des territoires, et nous les invitons je dirais fortement à se mobiliser, à faire état de leurs besoins, il faut dans la génération qui vient que nous terminions l'installation des offices de tourisme d'intérêt régional, que ce maillage territorial soit prêt, de telle sorte à ce que cette politique puisse atteindre le niveau d'ambition qui a été le notre à l'origine de sa création. -Ca me fait penser justement à autre chose, ils parlaient il y a quelques jours des nouvelles normes de reclassement des offices de tourisme, en expliquant que peu d'offices de tourisme avaient pu se reclasser, par manque de moyens souvent, enfin dans la France en général. -Et bien la région Midi-Pyrénées donne les moyens à ces acteurs de se reclasser, c'est une des grandes priorités. Vous allez voir dans notre office de tourisme [Marciac, ndlr], nous sommes un petit village de 1350 habitants, vous allez voir la qualité d'installation, et si vous allez dans un certain nombre d'entre eux vous serez je dirais favorablement impressionnée par la qualité des dispositifs. Ici ça va être le cas très prochainement, ils ont fait l'acquisition d'un immeuble remarquable, donc ça fait partie de la démarche, Montségur est en train de réaliser sa mue, c'est à dire d'installer son projet, donc il y a vraiment des choses je dirais extrêmement positives, si vous allez à Cahors, je vous invite vivement à visiter l'office de tourisme dont ils viennent de se doter, c'est également le cas à Rodez... Voilà, il y a vraiment une forme d'appétit que nous ressentons, les offices de tourisme ont bien conscience du fait que cette politique des Grands Sites leur offre l'occasion d'évoluer de façon significative dans leur réalité quotidienne. -C'est une chance aussi de pouvoir bénéficier de ce type d'action, et aussi de votre côté de pouvoir être face à des acteurs qui ont du répondant, qui s'investissent... -Oui oui...mais donner aux acteurs du tourisme les moyens de fonctionner correctement, bien sur nous consacrons beaucoup de notre ressource à l'évolution des 113 produits internet, toutes les nouvelles technologies, mais l'accueil également, parce que l'accueil au sein des offices de tourisme, les gens en ont besoin, ils ont besoin de ce contact... -Oui bien sur, ça ne pourra pas se remplacer, ça. -Oui voilà, un lien qui leur permet je dirais de compléter leur visite ici. -Bien sur. -C'est une récente étude américaine qui le disait d'ailleurs, on remarquait deux mouvements symétriques, qui finalement avaient une importance équivalente, les gens avaient le souci bien évidemment de disposer d'informations par internet de telle sorte à préparer au mieux leur voyage, mas qu'avant de prendre la décision définitive, il fallait qu'ils aient un contact avec un référent local, et qui mieux que l'office de tourisme est en capacité de le faire. 2. Annexe B : Entretien avec un directeur d’Office de Tourisme Grand Site (extraits) « Le Gers ça existe comme destination touristique, c’est pas…enfin au sein du Sud Ouest ça veut dire quelque chose» « Globalement, notre fréquentation c’est plutôt une fréquentation de passage, d’excursionnistes, soit des personnes en vacances dans le Gers et qui passent par la ville, soit des Toulousains ou… enfin voilà, globalement, ce sont les départements limitrophes et principalement Toulouse où les gens viennent pour le week end, à la journée découvrir le Gers. Ce qui nous conforte dans cette fréquentation de passage, c’est que le jour de passage le plus important c’est le jour de marché. Parce que c’est de toute façons la première activité que les gens recherchent en vacances, on voit ça partout, même au bord de la mer ça fonctionne très bien. Et c’est bien ces marchés, parce qu’en vacances le principal objectif c’est pas les visites culturelles, c’est de se reposer, de se promener ensemble, de trouver à manger, donc le marché c’est véritablement important. » « Nous avons une offre patrimoniale et commerciale, c’est aussi un centre d’achats pour les visiteurs en séjour. Donc on est labellisés Grands Sites midi pyrénées et pays d’art e d’histoire depuis 2011, c’est donc vraiment la volonté de valoriser ce patrimoine de manière touristique, par un ensemble d’actions qui sont conduits par mes collègues de pays d’art et d’histoire, qui n’est pas directement intégré à l’ot et qui dépend de la communauté d’agglomération, et donc leurs missions sont l’inventaire du patrimoine, des cartes archéologiques jusqu’au patrimoine contemporain, exhaustif et extrêmement complet, ensuite des actions en lien avec l’éducation l’environnement et la jeunesse. Ils s’occupent principalement des visites scolaires mais aussi des animations à l’année en partenariat avec des écoles. Et ils font aussi des conférences et des colloques sur le patrimoine, liés à ces travaux de recherche. Et puis après il y a tout ce qui est touristique, avec l’organisation de visites guidées avec des guides conférenciers, soit des visites sèches soit dans le cadre de produits qu’on commercialise à l’ot, visite + un déjeuner, visite + un concert d’orgue, etc. « C’est nous qui éditons ces documents avec nos collègues des autres Grands Sites du Gers, donc on a 2 offres de séjours groupes et individuels, sachant qu’on en a pleins d’autres, on a énormément d’offres, et puis beaucoup de choses sur mesure. On a deux ou trois produits clés en main pour les groupes. On a fait le bilan, et sur les 50 groupes qu’on va accueillir cette année il va y avoir 30 produits sur mesure. » 114 « Les gens ils veulent du sur mesure. Alors on fait des produits d’appel, et puis ensuite on retaille sur mesure. » « Donc pendant longtemps les produits touristiques proposés ici tournaient autour de la visite du cœur de ville et de la cathédrale, aujourd’hui on s’élargit, on fait de nouvelles visites par exemple au Musée *** par le biais de promenades notamment, pour découvrir l’architecture de la ville. » « On a 80% de français, qui sont principalement des gens de midi pyrénées, puisque les premiers touristes d’une région sont toujours les habitants de cette région, on a le bassin toulousain qui a le mérite d’être en forte croissance et d’avoir beaucoup de néotoulousains qui ne connaissent pas du tout la région midi pyrénées, et donc qui ont vraiment envie de découvrir autour de Toulouse ce qu’il y a à voir. Ca rayonne, donc c’est très intéressant pour nous. » « Notre clientèle évolue évidemment selon les saisons, c’est plus familial en été, après on a une clientèle de couples, d’adultes sans enfants…finalement les jeunes reviennent aussi, d’environ 30 ans, qui viennent pour visiter la ville, et puis plus généralement voilà ce sont des couples sans enfants, parce que les enfants sont grands, autour de 50 ans environ. » « On a une saisonnalité qui est marquée sur les mois de juin à septembre, avec les soubresauts que génèrent les festivals de cinéma et circa, et qui boostent la fréquentation à l’automne, et au printemps aussi. Mais on a quand même une saisonnalité qui est très marquée sur l’été, évidemment c’est beaucoup moins marqué que par exemple des destinations de bord de mer, qui passent de 0 à 10 entre le 31 juin et le 1er juillet. » « Nous ce qu’on voit c’est que grâce à la labellisation Pays d’art et d’histoire en 2011, donc effective à la saison 2012 par le biais de nouvelles visites guidées, c’est donc la deuxième année que l’on propose ces visites, et la fréquentation sur les sites a été plus que multipliée par deux. Cette offre culturelle commence vraiment à rentrer dans les mœurs et elle correspond aux attentes de nos visiteurs qui sont tout à fait intéressés pour avoir plus qu’un tour de la ville. Et donc en tout cas, si nous ne le valorisions pas beaucoup par le passé, aujourd’hui on nous confirme qu’il y a une vraie attente au niveau de la découverte de ce patrimoine dans le cadre de visites guidées avec des prestations de bonne qualité. » « L’OT s’inscrit dans le schéma de communication départemental et régional, au titre des Grands Sites on bénéficie notamment d’actions de promotion par le CRT et… enfin il nous en informe, on ne peut pas tellement dire qu’on y soit associés… Aujourd’hui notre stratégie de communication on la base principalement sur internet, avec la mise en place d’un nouveau site qui est en cours, avec toute une stratégie web. Donc ce n’est pas qu’un site internet, on base notre stratégie sur la stratégie de la longue traine en référencement, donc on prend le pari que par la création du contenu on sera bien référencés. Et il sera adaptable et modifiera sa structure selon les Smartphones, tablettes, etc.… En parallèle de ça il ya un blog, qui permet la publication de contenus mutualisés entre différents services, le pays d’art et d’histoire, le service communication, le musée, etc., pour valoriser notre patrimoine de manière plus personnalisée. Et donc on sème pleins de petits cailloux qui pourront faire potentiellement du trafic sur notre site internet. Donc un site internet, un blog, présence sur les réseaux sociaux, la newsletter, et de l’animation numérique de territoire, parce que c’est bien d’avoir internet, mais si derrière on a des partenaires professionnels qui savent pas répondre à un mail, qui ont pas de site internet, qui ne savent pas ce qu’est TripAdvisor, on peut avoir un très bel OT mais derrière on a pas la réponse. Donc travailler parallèlement à l’accompagnement de nos partenaires 115 professionnels, sur l’évolution d’internet par rapport à leur métier. Et donc ça passe par de l’information, de la formation, de l’accompagnement personnel, de façon à ce qu’ils s’adaptent eux-mêmes à ces évolutions technologiques. De manière à maintenir le lien avec les visiteurs qui viennent chez nous. » « Parallèlement on travaille à développer des applications relatives à la médiation du patrimoine, puisque sur l’information…Notre site il est responsive, donc on pense qu’en termes d’informations il doit pouvoir rendre les services aux visiteurs, et c’est plutôt parallèlement qu’on va développer ces outils de médiation, de visioguides, d’audioguides, appliqués au patrimoine en général, qui puissent intégrer des visites, de la réalité augmentée, des jeux pour la famille, pour les enfants etc., et surtout de mettre en place un outil mutualisé entre la Cathédrale qui est notre principal point d’entrée et où ils téléchargent l’application qui leur donne toutes les autres visites qu’on propose, potentiellement pour 2015. » « La personnalisation de l’offre ça c’est pour les groupes. Pour les individuels après on travaille sur la qualification de l’offre, c'est-à-dire donner aux visiteurs les moyens de bien identifier l’offre qui correspond à leurs centres d’intérêt. Et donc il y a des marques de qualité tourisme, mais il y a aussi des attentes par exemples de sites avec des enfants, de restaurants qui proposent des plats traditionnels. On est pas obligés de manger gersois dans le Gers, fort heureusement pour les gersois d’ailleurs, mais pour un visiteur qui va chercher du gersois il est important qu’il puisse facilement identifier et pour nous c’est aussi important que les professionnels s’engagent à fournir des prestations de qualité, donc on travaille sur des dispositifs de marques, marques territoriales, thématiques, pour valoriser les diverses démarches qui peuvent être engagées par les partenaires professionnels. Par exemple on a une marque départementale, le petit d’Artagnan, et qui valorise l’offre touristique adaptée aux enfants, que ce soit sur la restauration ou sur des offres de visites et découverte. Et donc on a aussi une marque « Les bons crus de d’Artagnan » pour tout ce qui est oenotourisme, qui est en phase de validation pour la « Destination vignoble » au niveau national, on a une marque « Gers friendly » pour tout ce qui est plus tourisme urbain, lié aux activités culturelles contemporaines, etc., on a une marque Terragers pour tout ce qui est écotourisme, et puis après on valorise aussi les marques nationales reconnus comme Gîtes de France, Clévacances, les TMidi-Pyrénées aussi qui est une déclinaison locale par rapport aux produits du terroir, Bienvenue à la Ferme au niveau national, et donc là on a une démarche de sensibilisation auprès de tous nos partenaires professionnels sur la démarche de qualité… Tourisme et Handicap aussi, évidemment. » « Toute façon Grands Sites midi-pyrénées à la base c’est que de la com’. Disons que c’est une marque, et ils ont commencé par faire de la com’. Après avoir fait de la com’, ils ont fait un diagnostic de la qualité des sites. Donc vraiment dans l’ordre ça s’est passé comme ça : ils se sont donc rendus compte, ils se sont dit ‘’mais en fait le site derrière, qu’est ce qu’il vaut ? On dit que c’est le plus beau, le plus beau, mais bon…’’. » « Ils ont d’abord fait de la com, et ensuite ils sont venus sur les territoires pour dire ‘’bon faudrait peut être améliorer des trucs si on veut être à la hauteur de la marque !’’. Donc c’est un peu catégorique, vous ne direz pas ça comme ça au Conseil Régional, mais pour les Grands Sites ce qui a d’abord été un critère de sélection c’est la fréquentation, et c’est en ça qu’ils ont été définis comme des Grands Sites. Et d’abord c’est une action de communication, parce que d’abord la Région elle a pas forcément de compétences dans la qualification de l’offre, et si aujourd’hui le fond d’action régional sur les grands sites permet d’améliorer l’offre, c’est l’offre publique. Ca ne déteint absolument pas sur les hotels, les restaurants, etc. C’est de l’embellissement de la ville, c’est accompagner la restauration des escaliers, 116 l’amélioration des services des OT comme notre site internet par exemple qui fait l’objet de larges subventions dans le cadre de ce programme. » « Aujourd’hui la politique grands sites elle est définie au niveau régional, et elle est reprise au cas par cas selon les départements. Le département du Gers, qui est un département rural avec peu de moyens n’accompagne pas de manière très…enfin à priori ils ont très peu de moyens financièrement. Nos collègues du CDT sont parmi les seuls à réussir à maintenir leur budget. Donc globalement on en bénéficie, on en fait le relais, le CDT fait la promotion de ce label dans ses différents supports de communication, les sites sont bien identifiés sur les cartes du Gers, mais aujourd’hui…voilà, c’est clairement un outil de promo. » « L’information est relayée au niveau local, voilà, on est grand site, on a mis un totem à l’entrée de la ville, bon ben, voilà. Après y’a pas forcément d’autres actions départementales par rapport à cette mission là parce que les attentes sont différentes, et justement…Si on reprend la répartition des compétences entre les différents échelons locaux, le département a vocation à communiquer au niveau national et la Région à communiquer au niveau international, bon, nous c’est pas vraiment le cas. En fait la politique des sites elle est dabord… Quand on achète plus d’un million d’€ d’espaces pubs sur la télé française, ça se décline au niveau national, pas international. Donc nous, les territoires sont inscrits dans cette logique pour pouvoir capter des sous au niveau régional, au niveau des actions du conseil régional, de bénéficier d’une promotion qui est faite par le CRT, après… C’est une politique de carrotte et de bâton hein, voilà, on court après les moyens puisque c’est ce qui permet de subventionner nos actions et que si on est pas grand site, enfin certains de mes collègues ils ont bien du mal à avoir des subventions de la région. » « (à propos de la fréquentation depuis grands sites). Je sais pas si ça a vraiment changé quelque chose. Ce qui est extrêmement difficile sur tout ce qui est communication c’est de savoir qu’est ce qui a de l’impact. Est-ce que ce qui a de l’impact sur la fréquentation c’est les travaux qui sont faits dans le cœur de ville, ou les publicités des grands sites ? Est-ce que c’est conjoncturel, lié à une difficulté particulière, voilà par exemple ici cette année tout est en croissance, les visites, l’hébergement… alors qu’on est plutôt dans un schéma de baisse au niveau national. Pourquoi on s’en sort mieux ? Parce que la ville a été restaurée ? Parce que c’est un département bon marché par rapport à certaines destinations ? Parce qu’il y a des difficultés au Maghreb et donc on a plus de touristes qui rsetent en France ? Ou estce que c’est la pub des grands sites ? Voilà on n’en sait rien, et on est bien incapable de le mesurer ! On a cette année un super résultat sur les groupes, c’est sans doute parce que parmi les facteurs on a eu Des Racines et des Ailes au mois de janvier sur le Gers, avec de très belles images… On sait que notre site internet il a explosé le jour de la diffusion de l’émission… C’est peut être pour ça, hein. » « On a des questionnaires qualité qui sont fait de manière assez régulière par rapport aux services qu’ils trouvent à l’OT, on leur pose aussi des questions en termes de profil, de type d’hébergement, etc., mais y’a pas d’enquête générale sur la clientèle. Ca se fait de façon ponctuelle, c’est extrêmement lourd et couteux, et c’est dans le cadre de ces études qu’on essaie de déterminer les dépenses moyennes des visiteurs en séjour, etc., mais on le suit pas de manière précise. Pas à notre échelle. » « Dans notre nouvelle OT, dans laquelle on va déménager, donc notre nouvelle office Grand site, il est prévu qu’on fasse la promotion de notre destination au sens large c'est-à-dire dans un rayon d’une heure et demie, et ensuite la promotion de notre 117 territoire touristique de Lourdes à Moissac en passant par Toulouse, et le Gers là dedans, puisque l’intérêt c’est de mettre en réseau les grands sites. » (à propos de la crise) « Ce qui est bizarre c’est que depuis 2008 en gros c’est que notre fréquentation est en croissance tous les ans. Alors on a regardé, cette année c’est la première où on constate une légère baisse, mais on est quand même au dessus des chiffres de 2008. 2007 était plutôt le creux de la vague et donc depuis on est plutôt en croissance. » « Bon les congés, les 35h, ça date pas d’hier, c’est pas une grande nouveauté, mais on a quand même une génération de babyboom qui est en train de partir à la retraite, plutôt une génération qui a des moyens et qui généralement a eu une carrière longue, c’est aussi ceux qui font grimper le marché du campingcar de 10% chaque année, et c’est ceux aussi qui viennent sur des destinations un peu comme ici. Des destinations culturelles, gastronomie et campagne. » « Si on est une famille est qu’on veut faire des activités, ça coute vite cher, et il faut se déplacer, on est pas sur une destination de bord de mer où on peut se déplacer à pied et payer une glace de temps en temps, on est sur une autre clientèle, qui est plus en recherche de patrimoine, c’est pas la majorité des touristes français. D’abord, le premier objectif des vacances, c’est ne rien faire, ne rien faire. On visite pas une cathédrale, un cœur de ville avec 300 marches à monter, etc. ! Ne rien faire, se reposer, être en famille, prendre du bon temps. » « C’est plutôt aujourd’hui que ça semble devenir un peu tendu, et surtout ce qui est en train de se compliquer aujourd’hui c’est que dans les dépenses de l’Etat, lorsqu’il fait des économies aujourd’hui, le budget sur lequel il fait le plus d’économies c’est celui des collectivités territoriales, c'est-à-dire que toutes les communes, départements, régions voient leurs recettes de l’Etat baisser, et voient aussi notamment pour les départements leurs dépenses sociales augmenter. Et ça ça va aller en s’accélérant, donc globalement nous sommes dans une politique d’économies dans le fonctionnement des collectivité territoriales. Et ça a de l’impact sur le tourisme, par exemple le Conseil général du Gers avait dans son schéma d’intervention une politique d’accompagnement aux porteurs de projet qui souhaitaient s’installer et créer des activités comme des hébergements.. La crise a fait que le département ne peut plus aider ces porteurs de projet au niveau financier. Et on arrête de filer des subventions aux gens qui veulent faire des gîtes parce qu’on a plus les moyens. Et sans développer l’offre d’hébergement, on ne fait pas de tourisme. Donc nos moyens se réduisent, et il faut en être très conscients et attentifs à la manière dont on les dépensent » 3. Annexe C : Entretien avec une directrice d’Office de Tourisme Grand Site Collection (extraits) « Donc on a la première entrée qui est celle des sites majeurs, une des deuxièmes thématiques qui nous lient est celle de l’itinérance, notamment à travers les étapes du chemin de St Jacques avec des départs et des arrivées importants, et enfin la dernière thématique qui est celle des sensations, et tout ce qui relève des productions locales et de l’événementiel. Et donc à travers tous ces thèmes là on a écrit le contrat Grands Sites et on a créé cette marque » « Donc c’est aussi cette marque qui permet de structurer l’offre. Après bien évidemment, la logique touristique elle ne s’est pas faite à partir du contrat Grand Site, puisque nous on est sur une logique de développement touristique depuis plus de 118 10 ans, à travers la marque ****, qui est celle de notre territoire. Et donc évidemment il a fallu que nous on combine entre une marque territoriale qui est celle de notre collectivité et cette nouvelle identité Grands Sites, avec notamment un gros travail en stratégie de communication qu’il a fallu mener à travers notre site internet qui est en ligne depuis juillet 2013. » « les valeurs que l’on véhicule, alors on a l’évocation du patrimoine à travers des imageries et une ambiance de temps retrouvé, ce parallèle entre un site qui a traversé les temps et à la fois un mix qu’il faut trouver avec la modernité. Alors le temps retrouvé, on le traite également à travers une frise chronologique sur le site internet où l’on va travailler toutes les périodes que l’on retrouve sur notre territoire et qui sont traitées et ouvertes au grand public à travers des musées, des sites ouverts comme par exemple avec un site paléontologique, donc on remonte très loin dans l’histoire pour arriver jusqu’à l’histoire contemporaine. Donc ce sont ces valeurs ‘’d’à travers le temps’’ que l’on a mis en avant dans notre communication. » « On a également toute l’ambiance et les activités nature qui sont très marquées, puisque une des singularité du territoire est notamment le maillage de 350km de chemins de randonnée, ça a été l’un des enjeux de l’office de tourisme, avec donc l’engagement d’un chemin labellisé PR (promenade et randonnée) sur chacune des communes adhérentes au territoire. Donc on a des chemins labellisés PR, GR avec un mix de toutes ces activités » « On retrouve également toute la thématique rivière ***, puisque c’est la seule rivière naviguable dans le département, donc là de la même manière c’est une des valeurs sur lesquelles on communique, et enfin toute la notion de créateur de sensations à travers toutes les productions locales, notamment la vigne (on a sur notre territoire les communes les plus viticoles du département) avec une soixantaine de producteurs, et donc après tout le patrimoine gastronomique, des productions de canard…et on sent effectivement véritablement une clientèle en demande, c’est la troisième demande qui est formulée au comptoir par nos clientèles, la gastronomie, les recherches de producteurs, et on sait que sur ce thème là on a véritablement notre singularité. » « Ce n’est pas notre initiative mais on a une association qui travaille sur l’art contemporain. L’idée est de pouvoir créer des œuvres, sur des approches qui s’adaptent à un lieu comme du land art, le parti pris de cette association est donc de travailler sur le périmètre des Grands Sites à travers lequel ils font le choix d’un lieu qui n’est parfois par connu par le visiteur, et donc c’est un événement qui a lieu sur un mois à l’avant-saison, pour jouer notamment sur la saisonnalité, donc sur la période de mai à juin, où sont proposés sur une dizaine de lieux des emménagements sur la thématique de l’art contemporain. Donc là c’est une des portes d’entrée possible de découverte des Grands Sites à travers cet événement. » « De la même manière, on a nous lancé un événement avec la communauté de communes *** sur la thématique de l’itinérance, des loisirs, de la nature et de la randonnée, puisque ce sont des points forts de notre territoire, pour pouvoir inviter tous les porteurs d’activités de loisirs, centres équestres, clubs de randonnées, clubs de VTT…et sur un même week end, que chacun organise des portes ouvertes de leur activité, avec différents points de ralliements sur le territoire. » « Donc on essaie d’initier, et au travers de la marque Grands Sites, de créer soit des produtis touristiques ou des événements autour de la cohérence de tout ça. Après, la cohérence elle existait déjà de manière naturelle, mêmes si les marques sont inventées et construites, on peut dire que les logiques de fonctionnements elles existaient déjà, et heureusement, sans ça... Il y avait déjà une empreinte commune, et qui a permis justement de rapidemment de tous se retrouver à travers ces nouvelles marques. » 119 « Le but de cette marque (Ténarèze) a été de renforcer nos partenariats et pouvoir mettre en avant cette complémentarité. On a une entrée patrimoniale très forte, une entrée loisirs à travers la randonnée et la rivière, et enfin la chance d’avoir sur un territoire concentré des produits très singuliers et représentatifs du département. » « Alors déjà 80% de notre clientèle est d’origine française, avec les régions phares à proximité c'est-à-dire les agglos avec Bordeaux, Toulouse… On a ensuite toute la zone Lot-et-Garonnaise puisqu’on est limitrophes, et ensuite des régions phares comme la région PACA, l’Ile de France, où on a une clientèle régulière. Sur nos 20% de clientèles étrangères on a donc en priorité des origines nord-européennes, Allemagne, Grande Bretagne, des Belges, qui sont aussi parfois liés à des équipements touristiques, des hollandais… » « Nos profils de clientèles sont marqués évidemment saison par saison,on a le cœur de saison en juillet aout où là on va avoir des clientèles familiales, on va avoir en basse saison l’impact des clientèles thermales, en session de cure de 3 semaines, donc on a énormément de clientèles thermales qui sont en recherche d’excursion à l’après midi, et qui vont venir visiter les grands classiques comme ***, puisqu’on a sur notre territoire 3 plus beaux villages de France. » « Ensuite on a du mois d’octobre jusqu’en avril des pèlerins, qui sont pour nous une proportion importante de nos visiteurs. En termes de nombres, on les évalue à autour de 15000 par an, et qui donc vont passer par notre territoire. Sur la même période on a aussi l’ouverture à la naviguation de notre rivière, et ensuite on a aussi des troisième age actifs en camping cars, cette tendance des campingcaristes est de plus en plus marquée, indépendamment de la saison. Et après on va retrouver ces ambiances d’amateurs de patrimoine, de culture, de gourmandise, avec un peu tout ce mix d’activités que l’on peut proposer. Et par rapport à la saisonnalité, sur la ériode d’octobre à décembre, on a nos domaines viticoles qui sont en activité forte autour de la distillation et de la fabrication, donc on a beaucoup de visiteurs autour de ça sur cette période de fin d’année. » (saisonnalité) « On est vraiment dans ces logiques différenciées qui nous sont impulsées par le CDT, à travers des outils stratégiques comme les schémas de développement touristique locaux, qui nous permettent de réaliser des états des lieux très fins de l’offre touristique, quasi annuellement, c'est-à-dire un inventaire du patrimoine matériel, immatériel et naturel. Donc à travers ce travail on a identifié des axes de travail comme l’identité de ***, et à travers ceci on a équipé chacune des communes de panneaux identitaires, avec la carte générae du territoire, les principaux lieux incontournables de visites, te les départs de circuits de radonnées labellisés PR. » « C’est quelque chose que l’on avait déjà initié auparavant, mais on travaille actuellement avec mes collaboratrices à la création d’un circuit de randonnnée Grands Sites. » « Un des troisièmes axes sur lequel on travaille est celui de la saisonnalité, que l’on a validé avec le CDT, avec cette logique de dire ‘’on a des activités en juillet aout mais pas seulement.’’, veiller à ce qu’au 1er septembre il se passe encore des choses sur le territoire. Il a donc fallu travailler de concerts avec des assos qui ont voulu monter des événements, les inciter à travailler sur de l’avant ou de l’après saison. » « On a créé des brochures de collections différentes que l’on appelle fiches visites, où on travaille sur les cœurs emblématiques du territoire, avec des circuits avec différents points matérialisés, repris dans ce document là. La thématique randonnée aussi, sur laquelle on va retrouver les différents balisages, et des promenades et radonnées, avec un index et nos PR, les kilométrages, pratiques et difficultés. On a 120 aussi travaillé sur la clientèle famille, avec la création de jeux de pistes pour que les enfants deviennent el fil accompagnateur de la famille, et à travers ce jeu de piste découvre lui aussi le patrimoine, adapté à la lecture d’un enfant. » « Notre spécialité c’est les clientèles groupes. On construit des séjours clés en main, en partenariats avec des agences réceptives qui vont le commercialiser. On sert alors de support local, pour assurer l’accompagnement de la journée et s’assurer au niveau des prestataires. Et ensuite, suivant les envies du groupe, on fait du sur mesure. Pour les individuels, pour l’instant…à moment donné, il faut se demander aussi si ce type d’activité va être rentable pour nous. Faire du sur mesure pour 2 personnes, qui vont rapporter 2€ à l’OT… il faut aussi se recentrer sur ce qui est jouable. » « Le bénéfice des producteurs, ça peut passer par le partage d’outils communs comme une route des vins par exemple, ou d’autres supports, et aussi dans le cadre des grands sites nous avons réalisé une enquête sur les fondamentaux de l’accueil . Donc là l’objectif était véritablement de se mettre en situation d’un visiteur lorsqu’il arrive ici, et voir comment il appréhende la ville et son envie de la visiter. Et là souvent, on constate une déconnexion, un décalage entre l’image qu’il en a et la notre. Le décalage il est inévitable. » « En parallèle de la politique des grands sites, on a aussi répondu à un appel d’offre sur les PER, pays d’excellence rural, avec la thématique vigne et patrimoine en Gascogne, avec un travail sur un espace d’interprétation sur la thématique des paysages, pour donner au touriste les premières clés de lecture pour comprendre le territoire. » « Retrouver des repères, retrouver des valeurs, donc à nous effectivement à travers de ceci de nous adapter, avec des visites, des temps forts de rencontre, on parle aussi de la tendance des greeters, moi je dirais plutôt des raconteurs de pays, ou on peut associer par exemple au départ de l’OT un producteur ou un professionnel avec un savoir faire particulier, et partir avec notre guide à la découverte du territoire, se refamiliariser avec son environnement, pour que les habitants deviennent à leur tour relais auprès d’amis, prescripteurs de la destination. » « L’entrée dans les Grands Sites nous a véritablement repositionné sur notre stratégie de communication, on a mis en place un nouveau site internet, une version en responsive, et on travaille sur une application mobile qui elle permettra de travailler sur ce thème de l’itinérance. On a aussi des QR codes que l’on retrouve devant nos offices de tourisme, et en flashant le visiteur va récupérer la fiche visite du lieu sur lequel il est. On a également les QR codes sur tous nos panneaux identitaires positionnés sur le territoire, et qui là permettent par contre de venir sur le site de l’OT. » « On a également équipé nos OT d’accès Wifi, qui permettent à nos clientèles de pouvoir se poser et de bénéficier gratuitement… C’est quelque chose qui est demandé, voilà, le fait qu’il y ait l’autocollant sur la vitrine, ils viennent se poser, ça se fait assez naturellement. » « C’est un travail sans fin, et ça veut dire que nous au niveau du profil de nos salariés c’est aussi des ré-adaptations de postes, soit de la formation continue ou de l’intégration de nouvelles compétences, puisque là avec ce projet web et tous ces outils on a une salariée qui a un profil d’agent numérique et de webmaster, avec une formation initiale en tourisme. C’est pas d’un informaticien dont on avait besoin. Et c’est là où on mesure un peu l’évolution de nos métiers, l’évolution de nos structures, les nouvelles missions vers lesquelles on doit aller. » 121 « C’est une veille quotidienne sur les réseaux sociaux, on a une page facebook, twitter qui démarre, le site internet, l’appli mobile, sur lesquels c’est une actu permanente, pour pas que le visiteur se lasse… » « Y’a une démarche qualité menée au sein des offices de tourisme, où là on est en préparation de la marque Qualité Tourisme, également les fondamentaux de l’accueil qui ont été repérés dans le cadre de l’audit Grands Sites, et la région qui pointe des aménagements prioritaires come le stationnement, la signalétique, un linéaire de promenade, un centre d’interprétation… » « Alors là les classements vont bientôt tomber, et nous on a comme exigene en tant qu’Ot Grands Sites d’être classés en première catégorie, donc avec des questions d’accessibilité, d’ouverture d’espaces d’accueil, de maitrise des langues évidemment, de supports web, de démarche qualité, d’avoir la marque Qualité tourisme, donc tout s’imbrique et c’est la raison pour laquelle on mène de concert ces deux dossiers. » « Alors depuis l’entrée dans les Grands Sites, en termes de flux touristiques, de fréquentation, elle n’est pas très marquée à l’accueil comptoir. Pour l’instant on est plutôt sur des logiques de stabilité, par contre c’est une très belle ouverture sur une communication régionale, nationale et internationale sur laquelle on aurait jamais eu accès, clairement, après c’est des dynamiques de partage d’expérience avec ces directeurs des autres Grands Sites Midi-Pyrénées puisqu’il y a vraiment une logique de réseau et d’habitude de travail en commun. Il y a vraiment un phénomène de réseau qui s’est mis en place, qui permet de s’enrichir et qui tend vers le haut, véritablement. Et après effectivement c’est l’opportunité d’équipements particuliers, de bornes Grands Sites, d’un nouveau site internet, et on l’espère demain d’un nouvel espace d’accueil. » « Donc on est en train d’écrire le nouvel avenant, avec les dossiers prioritaires sur lesquels on va pouvoir travailler jusqu’à fin 2015, et également en 2014 une nouvelle enquête de satisfaction clientèle qui se met en place et observatoire économique. Donc là on a une nouvelle réunion à la Région le 17 décembre, pour mettre en place avec le bureau d’étude les indicateurs sur lesquels on va travailler, et effectivement nous en tant que territoire Grand Site on va bénéficier de cette observation, et qui pour nous est un élément prioritaire notamment pour nos socio-pros et nos élus qui ont besoin maintenant d’éléments fiables, et vraiment de mesurer quelles sont les retombées économiques de l’activité touristique, et les moyens conséquents qui y sont alloués. » « Alors je sais pas si c’est une faiblesse mais dans le cadre de l’audit Grands Sites sont passés en détails tous les éléments de chacune des communes, avec évidemment les points d’amélioration à apporter, de manière claire les communes ne pourront pas tenir l’ensemble des préconisations qui ont été demandées. Après c’est des questions financières et budgétaires qui vont amener des priorités sur les dossiers. Après des faiblesses non…chaque territoire s’adapte aussi à la politique, enfin je dis pas que ça a été facile, par exemple la mise en place du site internet, c’est juste à devenir fou ! Vous interrogez la directrice de l’OT de ***, elle vous dira que ça a été le pire dossier de sa carrière ! Après c’est pas le pire parce que c’est Grands Sites, c’est surtout en termes de travail à abattre et d’expertise qui sont nouvelles pour nos structures. Après, pour nous, ça nous permet de faire un bond en avant extraordinaire, et ça permet aussi au territoire d’avancer, de rayonner. » (A propos de l’adéquation entre besoins des touristes et du territoire) « Elle serait souhaitable effectivement, puisque une des demandes premières des Grands Sites est que les lieux retenus en tant que Grand Site aient un espace d’accueil ouvert, conséquent, avec un lieu d’interprétation, qui deviennent un lieu d’appropriation 122 autant pour les visiteurs que pour les habitants. Et c’est aussi nous, nous inciter à mettre en place de nouvelles actions, de nouvelles visites, qui profitent aux deux… puisque nous on a véritablement ce souci, et notamment hors saison, de travailler en direction de la population locale, notamment à travers l’événementiel, les manifestations. On a vraiment des habitués, qui toutes les semaines ou tous les mois vienent récupérer le calendrier des événements…enfin, voilà, on est devenu un peu un lieu aussi de…et c’est vraiment très important. » 123 TABLES DES MATIERES INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………10 … PARTIE I - « Mise en produit » d’un territoire : construire du contenu sur l'existant, bâtir une offre plurielle………………………………….12 1. Du territoire à la marque territoriale……………………………………………………….. 13 1.1. 1.2. 1.3. 1.4. Du territoire à la destination……………………………………………………………13 L’identité territoriale……………………………………………………………………….. 16 Du constat à l’action concertée…………………………………………………… 18 La notion de marque……………………………………………………………………….22 2. Une demande en constante évolution………………………………………………………. 24 2.1. De nouveaux comportements émergent…………………………………………… 24 2.2. La demande de qualité………………………………………………………………………. 32 Le tourisme affinitaire : à la fois locaux et touristes ?.................. 35 2.3. 3. A nouveaux besoins……………………………………………………………………………………. 37 3.1. Nouvelles segmentations………………………………………………………………….. 37 3.2. Nouvelle structuration de l’offre……………………………………………………… 41 PARTIE II - L'enjeu de l'appropriation du territoire : entre identité et mise en marché………………………………………………………………………….42 1. La marque territoriale comme outil d’adaptation à la clientèle touristique…………………………………………………………………………………………………43 43 1.1. La dynamique de coopération des acteurs du tourisme…………………. 1.2. 1.3. 48 La structuration de l’offre………………………………………………………………… 52 Qualification et qualité de l’offre……………………………………………………… 124 2. La marque territoriale comme outil d’appropriation du territoire………… 54 2.1. Images et représentations du territoire…………………………………………….54 2.2. L’industrie du repaysement……………………………………………………………… 57 2.3. Des habitants prescripteurs………………………………………………………………. 59 3. L’enjeu controversé du territoire-produit………………………………………………. 62 3.1. Le terroir, une entité construite…………………………………………………………62 3.2. Un impact à deux facettes………………………………………………………………… 64 3.3. Quelles conséquences pour le territoire ?.................................67 PARTIE III - Etude de cas : la marque territoriale Grands Sites Midi Pyrénées........................................................... 69 1. 2. Midi-Pyrénées et Grands Sites………………………………………………………………………..70 1.1. La région Midi-Pyrénées………………………………………………………………..70 1.2. Les Grands Sites ……………………………………………………………………………74 Des objectifs ciblés aux effets réels……………………………………………………………. 81 2.1. Statistiques régionales…………………………………………………………………. 82 2.2. 3. Enquête qualitative……………………………………………………………………… 83 Méthodologie d’opérationnalisation………………………………………………………………………………………88 3.1. Un questionnaire en direction de la population……………………………88 3.2. Un guide d’entretien à destination des acteurs privés…………………93 CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………95 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………………………………………… 97 TABLE DES FIGURES……………………………………………………………………………………………102 TABLE DES ANNEXES………………………………………………………………………………………….105 125 Résumé A l’heure où l’activité touristique prend une place de plus en plus importante dans notre quotidien, on constate qu’elle s’adapte et évolue en même temps que le reste de la société : nouveaux comportements, nouveaux supports de communication, nouvelles aspirations, nombreuses sont les mutations auxquelles les acteurs du tourisme doivent aujourd’hui s’adapter. C’est un effort constant pour eux que de comprendre ces évolutions pour proposer une offre touristique actuelle, dynamique et adaptée. Cependant, cette ‘’mise en marché’’ touristique doit rester proche d’un élément primordial : le territoire. Si ce dernier peut être appréhendé comme « produit » à travers une offre et une demande, il n’en reste pas moins une entité vivante, avec un ensemble d’acteurs qui y appartiennent et le font évoluer au quotidien. Comment alors construire une cohérence entre besoins du territoire et demande du tourisme ? Pouvant être perçues à première vue comme des contraintes antinomiques, elles sont pourtant une formidable opportunité pour les acteurs institutionnels du tourisme qui savent s’en saisir et qui parviennent à les faire évoluer ensemble. Destination, démarche qualité ou encore marque territoriale forment ensemble un début de réponse à cette problématique complexe et en constante évolution. Mots-clés : marque territoriale ; destination ; identité ; nouveaux comportements ; développement du territoire ; acteurs institutionnels. Abstract Today's tourism becomes more and more important in everyday life. We can see that it changes along with the rest of the society. New behaviors, NICT, new aspirations : tourism professionals have to face and to adapt to a lot of evolutions. It actually is a permanent effort for them to understand this evolution and to offer a modern and adapted product. However, this ‘’marketisation’’ process has to keep in mind an essential component : the territory. It is a living and dynamic entity with a variety of actors taking part in its everyday enrichment. There are essential concerns, such as identity and territory developpment. Therefore, how can we build a strong and coherent relationship between the touristic demand and the territorial needs? They might seem to be antinomic ties, but they are a great opportunity for touristic institutions who are able to understand them as a whole. Destination, quality labels or touristic brands start to answer to this complex and moving question. Key words : touristic brand ; destination ; identity ; new behaviors ; territorial development ; touristic institutions. 126