Le bilan - JDS Experts

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Févrie
2015
Fiche notions financières
bilan Comment comprendre ce que représente le bilan d’une entreprise et pourquoi sa
structure initiale logique a été fortement transformée par la financiarisation qui
touche le monde des entreprises ?
S’il est bien un terme que tout le monde connaît dans la vie économique d’une
entreprise, c’est celui de bilan. Cette notion est souvent au demeurant employée
à tort pour exprimer la notion de « résultat de l’entreprise ». Revenons sur la
définition précise du bilan avant d’analyser pourquoi il est profondément bousculé
par les nouvelles formes de relations financières en jeu dans les entreprises
aujourd’hui.
Le bilan est l’un des documents financiers obligatoirement établi par toute
entreprise en fin d’exercice. Il constitue un des éléments de la liasse fiscale, avec le
compte de résultat et les annexes. Si le compte de résultat retrace la formation d’un
flux de profit (ou de pertes) sur la durée de l’exercice, le bilan n’a pas du tout la même
finalité ni la même temporalité. Il donne une vision au jour précis de la clôture, de ce que
possède l’entreprise et de ce qu’elle doit. C’est une vision à un instant t, alors que le
compte de résultat cumule les éléments contribuant à la formation du résultat sur les 365
jours de durée de l’exercice.
Le bilan est donc patrimonial. Par convention, il est classé en deux parties classiquement
mises en regard, l’actif et le passif.
L’actif représente ce que possède l’entreprise, le passif, ce qu’elle doit. Actif et
passif sont toujours égaux, ce qui surprend en général le profane. Le raisonnement qui
sous-tend cette égalité obligatoire, est que tout ce que l’on possède à une origine de
financement (donc est une forme de dette) et que toute dette trouve nécessairement son
emploi dans la possession de quelque chose.
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Fiche notions financières
bilan 1. La vision conventionnelle du bilan
La représentation graphique conventionnelle d’un bilan se fait de la manière suivante :
Le positionnement des différents postes du bilan, que ce soit à l’actif ou au passif, se fait
dans un ordre conventionnel qui a une logique.
• On place vers le haut les éléments les plus durables, que ce soit d’un côté les
immobilisations qui représentent les installations nécessaires à l’entreprise, ou de l’autre
les capitaux propres représentant les sommes durablement investies.
• Plus on descend dans le classement, plus les éléments sont « liquides » et susceptibles
de varier considérablement d’un jour à l’autre, en se rappelant que ce qui est représenté,
c’est la vision au jour donné de la clôture.
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Fiche notions financières
bilan Cette présentation statique du bilan représente une vision classique qui en ellemême appelle déjà quelques questionnements et commentaires.
Pourquoi a-t-on choisi de classer les capitaux propres au passif, dans un ensemble
qui regroupe les dettes de l’entreprise ? Les capitaux propres ne sont-ils pas des
éléments stables au sein de l’entreprise ?
Ils sont a priori assez stables sauf changement de capital social ou prélèvement
important ou exceptionnel de dividendes. Cependant, l’orthodoxie financière considère
que les capitaux apportés par les actionnaires, sont des sommes mises à disposition
de l’entreprise pour son activité, que ces capitaux doivent être rémunérés par des
dividendes et que donc, d’une certaine manière, il ne s’agit pas d’une propriété réelle de
l’entreprise mais d’une forme de dette auprès de personnes physiques ou morales.
Le niveau de trésorerie a-t-il un réel sens ?
Dans la mesure où l’on fait figurer à l’actif le niveau de trésorerie au jour de la clôture, le
sens de ce chiffre est très relatif. La veille, cela a pu être très différent, le lendemain tout
autant. C’est la raison pour laquelle on analyse davantage des positions de trésorerie
mensuelles pour examiner les cycles et la vraie situation de trésorerie de l’entreprise.
2. Comment et pourquoi les configurations de bilan sont de moins
en moins conventionnelles
À partir de la structure classique, la vie des entreprises et leur inclusion fréquente dans
des périmètres de groupe font que les bilans des entreprises présentent de moins en
moins des équilibres classiques. Beaucoup de postes du bilan sont affectés par ces
nouvelles politiques financières ce qui rend l’analyse bilantielle de plus en plus délicate
Examinons les techniques les plus employées.
La réduction maximale des capitaux propres
Le capital social d’une entreprise est de moins en moins représentatif de sa taille, surtout
au sein d’un groupe. En effet, il y a une certaine rigidité du capital social constitué de
même que pour sa modification. Les groupes préfèrent donc le capital social minimum
pour la crédibilité et le financement d’une filiale par le bas de bilan, via le compte courant
Groupe. Ceci conduit à quasiment casser ou fortement réduire l’orthodoxie qui voudrait
que l’on finance des investissements (durables) par des capitaux stables. Tous les
groupes préfèrent la liquidité maximale des sociétés de manière à permettre la circulation
du financement la plus rapide, pour allouer les ressources nécessaires à l’endroit où il le
faut, au moment où il le faut.
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Fiche notions financières
bilan L’effet induit sur la trésorerie
En contrepartie de cette allocation de ressources rapide, les sociétés liées abandonnent
leur trésorerie propre pour qu’elle soit gérée centralement par une société pivot qui
assure le « cash pooling ». Ceci nuance encore plus la remarque faite sur l’analyse de la
trésorerie ci-dessus.
L’effet induit sur la dette
La société pivot de cash pooling est bien souvent devenue la société qui assure et porte
l’essentiel de la dette bancaire court terme notamment. En massifiant la relation bancaire
elle obtient de meilleures conditions. D’où bien souvent l’absence de lisibilité des outils
financiers court terme dans le bilan d’une société donnée.
De la même manière, les emprunts à long terme ne sont plus nécessairement portés
par les sociétés opérationnelles mais par des holdings de tête ou des holdings
intermédiaires. Ce poste peut devenir illisible au niveau d’une société prise isolément.
Les techniques d’optimisation de bilan
Il est possible de travailler sur les postes de l’actif pour présenter des situations de bilan
où le minimum d’immobilisations est mis en œuvre ainsi que le minimum de stocks ou
de créances clients. Tout ceci représente des postes à financer et leur réduction est donc
recherchée. Le leasing au lieu de l’achat de matériel est un moyen de sortir une machine
ou une usine entière du bilan. Il ne s’agit plus d’une propriété mais d’une location. Les
politiques de « zéro stock », particulièrement en fin d’exercice, visent également à limiter
les fonds employés et à donner une présentation de bilan optimale. Le poste clients,
outre la mise en œuvre d’une politique de recouvrement active peut être totalement
retravaillé par l’affacturage qui est une opération de cession de créances à une société
de crédit. Cela génère du cash et vide ce poste.
Les techniques financières de travail sur le bilan ne cessent de se développer et de se
complexifier. Presque toutes ont le même objectif principal : limiter les capitaux employés
et accélérer la circulation du cash.
Que faut-il en conclure ? Principalement, comme annoncé, que le bilan n’est plus ce
qu’il était. Sa vision patrimoniale correspondait à un âge du capitalisme patrimonial. Il
rend beaucoup plus difficilement compte de la financiarisation des entreprises quand
bien même celles-ci opèrent dans la sphère de l’économie matérielle et productive. La
lisibilité des bilans devient complexe, notamment par la part croissante du hors bilan et
de risques sous-jacent moins lisibles. Qui a vu venir la crise financière de subprimes
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Fiche notions financières
bilan déclenchée par quelques sociétés dont pourtant les bilans étaient audités ? Les produits
toxiques étaient dans ces bilans ou dans le hors bilan. Encore fallait-il arriver à pouvoir
auditer des risques dans des produits répertoriés mais trop complexes pour être
analysés. Dans un groupe de société, l’analyse d’un bilan isolé n’a quasiment plus de
sens, ce qu’il faut analyser aujourd’hui, ce sont des mises en réseau de bilans et des
schémas financiers. Cela est plus complexe et la question de l’accès à une information
large ne cesse d’être plus cruciale.
Leasing : opération par laquelle une entreprise loue un outillage, un parc
informatique ou même une usine complète au lieu d’en faire l’acquisition directe.
Elle ne devient propriétaire qu’au terme du contrat après paiement des loyers.
Affacturage : opération par laquelle on cède des factures non arrivées encore
à échéances de paiement auprès d’une société de crédit. Celle-ci verse
immédiatement du cash et prend une commission.
Cash pooling : mode de gestion de trésorerie centralisée au sein d’un groupe.
Toutes les sociétés versent leur trésorerie au jour le jour à une entité centralisatrice
et tirent inversement ce dont elles ont besoin.
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