dossier - WK Transport Logistique
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DOSSIER 23 AU SOMMAIRE z INTERVIEW GILLES SAVARY, VICE-PRÉSIDENT DE LA COMMISSION TRAN . . P. 26 z ENCADREMENT DU CABOTAGE LA FRANCE REJOINT L’ESPAGNE ET L’ALLEMAGNE . . . . . . . . . . . . P. 28 z PAYS PÉRIPHÉRIQUES EN ESPAGNE, LA LOI SUR LE CABOTAGE PASSE INAPERÇUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 29 CABOTAGE, CONDITIONS D’EXERCICE ET SANCTIONS L’EUROPE MONTE DES GARDE-FOUS Les eurodéputés et le Conseil sont parvenus à un accord le 23 avril sur les deux principaux règlements du « paquet routier». Le compromis entérine la libéralisation partielle du cabotage et harmonise les conditions d’exercice de la profession de transporteur. Aucune date de libéralisation du cabotage n’a été fixée... RÉALISÉ PAR LOUIS GUARINO AVEC FRANCIS MATÉO L e pronostic du commissaire européen chargé des Transports, Antonio Tajani, était bon. Le 17 décembre, devant les eurodéputés de la commission TRAN à Strasbourg, il avait indiqué que le texte principal du « paquet routier » serait examiné en deuxième lecture au printemps 2009. Les députés et le Conseil sont bel et bien parvenus à un accord le 23 avril sur les deux principaux règlements du « paquet routier » : le cabotage et le contrôle des entreprises de transport. Les principales mesures du compromis adopté reposent sur le rapport de l’eurodéputé belge Mathieu Grosch (PPE) et sur celui de l’eurodéputée roumaine, Sylvia Ticau (PSE). L’adoption du rapport Grosch entérine la libéralisation partielle du cabotage, laquelle se résume à trois opérations consécutives à un trajet international sur une période de sept jours, dans la limite d’une par État membre. Un opérateur transporteur belge par exemple, pourra profiter d’une opération en France pour en réaliser trois autres, en France ou ailleurs, sur le chemin du retour, mais à condition qu’aucune d’entre elles ne dure plus de trois jours, que le camion n’effectue qu’une opération de cabotage par État membre. Et que son trajet de retour n’excède pas une semaine. La philosophie de Mathieu Grosch est environnementale. « Le cabotage vise à éviter les transports à vide, il est important d’un point de vue écologique », souligne-t-il. Le cabotage consécutif ou de transit participe à la rationalisation du transport rouL’Officiel des Transporteurs – N° 2501 du 30 avril 2009 DOSSIER CABOTAGE CABOTAGE DOSSIER connaître que le règlement sur le cabotage doit être mis en perspective avec le second règlement relatif au « paquet routier », qui définit les conditions d’accès à la profession de transporteur. Le débat politique lié à la libéralisation partielle a occulté les grandes lignes du rapport Ticau, lequel stipule que les entreprises devront respecter des conditions strictes pour obtenir le droit d’exercer leur profession. L’objectif de ce dernier étant d’assurer un niveau de qualité de services élevé et uniforme au sein de l’UE. Et de faire en sorte que les entreprises respectent les conditions sociales et administratives du pays dans lequel elles sont établies. D. Delion 24 Depuis le 1 mai, sept nouveaux pays de l’Union européenne sont autorisés à caboter. er tier et donc... à la lutte contre l’effet de serre. A l’évidence, le règlement harmonise les conditions d’acheminement des marchandises dans l’UE. Les eurodéputés ont précisé que les règles seront applicables six mois après la publication du règlement au Journal Officiel. a surtout obtenu la possibilité pour les États membres d’invoquer des clauses de sauvegarde, en cas de perturbations majeures dues au cabotage. Dans ce contexte, pour quelles raisons la libéralisation même partielle continue-t-elle d’attiser ÉVALUATION EN 2013 Dans son rapport, l’eurodéputé belge militait toutefois pour une ouverture totale du cabotage au 1er janvier 2014. La délégation socialiste française n’avait pas voté en première lecture le rapport de Mathieu Grosch en raison de cette date butoir. A l’issue du processus de codécision, c’est finalement la ligne défendue par les socialistes français qui a prévalu au Conseil et en deuxième lecture à travers un compromis introduisant deux de leurs revendications. Conséquence de son le rejet, la date de libéralisation est remplacée par un rapport de la Commission en 2013 sur l’évaluation préalable de l’impact social et économique d’une ouverture supplémentaire du marché. Fait marquant : la délégation socialiste L’Officiel des Transporteurs – N° 2501 du 30 avril 2009 les craintes ? « Le cabotage n’est pas un problème en soi », confesse Florence Berthelot, secrétaire générale de la FNTR. « La question est plutôt de savoir comment la France s’organise pour se mettre au diapason de l’UE ? ». Une manière de re- HARMONISER L’ACCÈS À LA PROFESSION En validant le rapport Ticau, les eurodéputés ont affirmé le 23 avril trois conditions spécifiques à l’harmonisation des conditions d’exercice de la profession. D’une part, des registres électroniques nationaux devront être établis par les États membres. Ils devront notamment contenir des informations sur les finances, le lieu d’établissement, la gestion du personnel et les éventuelles infractions passées de l’entreprise. Ces registres devront être interconnectés avant COMPÉTITIVITÉ DU TRM DANS L’UNION EUROPÉENNE (EN 2005 ET EN K€) Pays CA par salarié Coûts salariaux moyens par employé BELGIQUE 156 40 BULGARIE 30 3 RÉPUBLIQUE TCHÈQUE 42 7 134 38 ALLEMAGNE 93 27 ESTONIE 53 6 ESPAGNE 85 25 FRANCE 104 33 ITALIE 119 32 CHYPRE 35 33 LETTONIE 34 2 LITUANIE 40 5 DANEMARK LUXEMBOURG 129 36 HONGRIE 52 8 PAYS-BAS 139 43 AUTRICHE 131 33 POLOGNE 45 5 PORTUGAL 69 16 ROUMANIE 33 2 SLOVAQUIE 45 6 FINLANDE 120 36 SUÈDE ROYAUME-UNI EU–27 12 38 110 31 93 26 (1) données 2004, source Eurostat la fin 2012 afin de permettre aux autorités compétentes des États membres de consulter des données portant sur une entreprise basée dans n’importe quel autre État membre. Par ailleurs, une entreprise de transport routier devra être physiquement établie dans un État membre (c’est-à-dire y avoir ses bureaux) et être capable de présenter ses documents administratifs aux autorités nationales. De la même manière, elle devra prouver à quel endroit dans l’État membre elle stationne ses véhicules inutilisés. Cette obligation importante devrait mettre un terme à certaines pratiques dites « boîte aux lettres » ou « out flag- ging ». Une entreprise s’enregistre administrativement dans un État membre mais opère en réalité principalement dans un autre pays. Enfin, d’après le compromis, les gestionnaires d’entreprises de transport comme les entreprises elles-mêmes ne doivent pas avoir subi de sanctions criminelles (notamment trafic de stupéfiants et traite d’êtres humains) ou de sanctions graves liées au domaine du transport routier. Un examen écrit obligatoire, organisé par les autorités compétentes des États membres, devra être passé par les gestionnaires afin de prouver leur compétence. LE CABOTAGE CONSÉCUTIF OU DE TRANSIT PARTICIPE À LA LUTTE CONTRE L’EFFET DE SERRE. L’Officiel des Transporteurs – N° 2501 du 30 avril 2009 25 DOSSIER CABOTAGE Libéralisation partielle du cabotage d’un côté, contrôle plus strict des conditions d’accès à la profession de l’autre. L’une ne va pas sans l’autre. Si le compromis européen harmonise le cabotage et l’accès à la profession, règle-t-il pour autant la question des disparités sociales et fiscales entre États membres ? Rien n’est moins sûr. Selon la dernière enquête Eurostat « Compétitivité dans le transport routier de marchandises » (voir ta- bleau), les coûts salariaux moyens sont les plus élevés aux Pays-Bas (43000€ par an) alors qu’ils sont les plus faibles pour la Roumanie comme pour la Lettonie (2000€ par an). À noter que le niveau plancher est observé au Portugal (16000€ par an) et que la France se situe au niveau de 33000€ par an. Tant que ces disparités abyssales ne seront pas réduites, les craintes de distorsion de concurrence resteront fondées. l L.G. LES SEPT “ENTRANTS” Les entreprises de transport de sept pays de l’Est (Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, République tchèque, Hongrie et Pologne), dans l’Union européenne depuis le 1er mai 2004, sont autorisés à caboter depuis le 1er mai 2009. Leur arrivée va-t-elle changer la donne du marché intérieur ? Autrement dit, les écarts de compétitivité vont-ils se creuser davantage ? Le « nerf de la guerre » reste le spectre du dumping social pour les pays les plus cabotés. L'arbre du cabotage cache en réalité la forêt des disparités sociales et fiscales. Gilles Savary, le vice-président de la commission TRAN au Parlement européen revient sur le compromis européen adopté en deuxième lecture au Parlement européen. « L’OUVERTURE AU MARCHÉ UNIQUE EUROPÉEN EST LÉGITIME SI ELLE S’INSCRIT DANS UNE APPROCHE GAGNANT-GAGNANT » L’OT : Quel est l’état des lieux de la réglementation européenne sur le cabotage ? GS : Nous sommes en fin de mandature et comme toute fin, nous avons hâte d’aboutir à une position commune. Un compromis a déjà été trouvé le 24 mars lors d’un trilogue entre la Commission et les deux autorités communautaires législatives (Parlement et Conseil). Le principe du trilogue étant de valider de façon informelle un accord sur les textes afin d’éviter de nouvelles batailles d’amendements en séance plénière. Avec le vote en deuxième lecture au Parlement le 23 avril, l’équation est assez simple. Le compromis du 24 mars est validé par les eurodéputés malgré les amendements déposés par les libéraux (l’eurodéputé Dirk Sterckx), lesquels sont favorables à une ouverture totale du cabotage au 1er janvier 2014. Ces amendements ont été repoussés par une majorité au Parlement. Au final, l’accord a été négocié avec le PPE et le PSE, les deux partis majoritaires qui négocient les compromis. Plus précisément, en quoi consiste cet accord sur le cabotage de transit ? Quelle est votre opinion sur sa définition ? GS : L’accord reprend ce que l’on connaît déjà, c’est à dire la possibilité de caboter dans un délai de sept jours après déchargement d’un transport international. Ce principe correspond à un objectif de nature climatique : éviter les retours à vide. Mais pas plus de trois opérations au total pour le trajet retour. Le texte prévoit également des mesures de sauvegarde qui pourraient être adoptées par les États membres dont le secteur routier serait L; Guarino 26 Gilles Savary, vice-président de la commission TRAN. menacé de façon significative. Fait marquant, nous avons obtenu de la Commission qu’elle réalise un rapport d’évaluation sur la position concurrentielle des États en 2013 avant d’envisager l’ouverture des marchés. J’ai voté ce texte mais je suis toujours un peu circonspect sur cette définition du cabotage. C’est une définition beaucoup plus écologique qu’économique et sociale. Indiscutablement, le point fort de cette thèse, c’est de réaliser des économies de transport. Au plan économique et social, je trouve cette définition du cabotage dangereuse. J’ai toujours été étonné que les transporteurs routiers la soutiennent. Elle consacre le principe du pays d’origine, ce qui veut dire qu’il va y avoir des concurrents sur notre territoire avec des conducteurs aux conditions salariales différentes. Il y aura donc une concurrence déloyale. L’Officiel des Transporteurs – N° 2501 du 30 avril 2009 La FNTR a demandé à Dominique Bussereau, le secrétaire d’État chargé des Transports, la mise en œuvre d’une clause de sauvegarde. Si dans l’absolu Bruxelles validait cette requête, le spectre du protectionnisme ne serait-il pas relancé ? Il faut bien voir que le cabotage existe très peu. Il représente 1,2 % des flux de l’UE. Toute ouverture du marché unique européen est légitime à condition qu’elle s’inscrive dans une approche « gagnant-gagnant ». Si elle répond à une logique « gagnant-perdant », elle devient détestable. Je pense que les avantages et la beauté du projet de marché intérieur européen n’obligent personne au suicide économique et social. Instaurer des mesures de sauvegarde, ce n’est pas récuser la construction du marché intérieur. C’est protéger un secteur lorsque objectivement, il est la proie d’une concurrence irrésistible. Par exemple, des concurrences avec des taux de salaires extrêmement bas ou des concurrences avec des taux de fiscalité bas. Je trouve légitime qu’on puisse caboter les uns chez les autres dans un marché de fret routier. Le secteur routier serait mal venu de refuser l’ouverture parce que c’est lui qui en profite le plus. Ces réflexes protectionnistes seraient délétères. Néanmoins, nul n’est obligé d’accepter une concurrence qui ne se fait pas en toute loyauté. Par exemple, le chauffeur bulgare doit pouvoir venir travailler en France au titre du droit d’établissement dans le pays de déchargement, donc sous loi française. Le projet européen, ce n’est pas déshabiller Paul pour habiller Pierre. l PROPOS RECUEILLIS PAR L.G. DOSSIER CABOTAGE CABOTAGE DOSSIER z ENCADREMENT DU CABOTAGE z PAYS PÉRIPHÉRIQUES LA FRANCE REJOINT L’ESPAGNE ET L’ALLEMAGNE EN ESPAGNE, LA LOI SUR LE CABOTAGE PASSE INAPERÇUE La France a anticipé la réglementation européenne visant à libéraliser partiellement le cabotage. L’amendement gouvernemental adopté en mars au Sénat devrait être examiné au Palais-Bourbon avant l’été. L’impact de la crise est si violent sur le TRM espagnol que la loi sur le cabotage en vigueur depuis l’été 2008 n’est pas prioritaire. T es jours-ci, le tout nouveau ministre de l’Équipement et des Transports espagnol, José Blanco, sillonne la péninsule ibérique pour répandre la bonne parole… et répartir les millions d’euros sous forme de financements directs ou d’aides au crédits destinés aux régions autonomes, dont 5 M€ pour la Communauté de Madrid et 4 M€ pour la Catalogne. Des enveloppes dédiées au développement des infrastructures, tant sur la route, dans les aéroports et les ports. Pour le reste, José Blanco n’a qu’un seul mot d’ordre : « Poursuivre le travail de Magdalena Alvarez », l’ex-ministre des Transports. « On change de ministre, pour ne rien changer », ironise un transporteur espagnol avec des accents d’amertume. Car les professionnels de la route ont appris à ne pas trop espérer dans les mesures d’État, malgré un volontarisme affiché qui s’est traduit notamment par la nouvelle loi sur le cabotage, appliquée depuis le 19 août dernier. Le texte stipule que les transporteurs étrangers ne peuvent pas réaliser plus de trois opérations de transport en Espagne au cours des sept jours suivants une livraison internationale à destination de la Péninsule. Toute infraction étant passible d’une condamnation pouvant aller jusqu’à une amende de 4 601 €. Malgré ces dispositions – qui anticipent en quelque sorte la réglementation européenne sur le cabotage –, la situation n’a guère changé dans les faits, en raison surtout d’un contexte économique tellement morose qu’il occulte toutes les autres problématiques. Il faut dire que depuis l’entrée en vigueur de la loi sur le cabotage, le volume d’activités en Espagne a chuté de 30 à 60 % selon les régions et les secteurs d’activité. De fait, il est impos- Dominique Bussereau a fait voter d’urgence un amendement gouvernemental au Sénat pour encadrer le cabotage. L’Officiel des Transporteurs – N° 2501 du 30 avril 2009 Au delà de l’aspect conjoncturel (encadrer le cabotage), le gouvernement souhaite préserver la compétitivité du transport routier français à moyen et long termes en intervenant au plan fiscal : n La TIPP a été ramenée au minimum autorisé par les directives européennes. Ainsi, le taux appliqué en France s’est-il rapproché de la moyenne européenne. Le secrétariat d’État chargé des Transports souhaite aller plus loin dans l’harmonisation et soutient la révision de la directive « énergie ». n Le niveau de taxe à l’essieu a été ramené à son minimum permis par les textes européens. n En matière de domiciliation française des sociétés, le gouvernement préconise la politique des minima européens. Sans compter que le débat sur la suppression d’une partie de la taxe professionnelle ne fait que commencer avec la réforme de la fiscalité locale. vient le secrétaire national, Gilles MatheliéGuinlet. « Il ne faut pas oublier que les pays de l’Est ont déjà des autorisations CMR. » Depuis lors, l’OTRE milite en faveur du délai de 45 jours de cabotage par an prévu par la loi Perben de 2006 et du principe de coresponsabilité du donneur d’ordre. « L’essentiel étant de compliquer l’organisation des transporteurs étrangers qui circulent sur le territoire français », insiste le secrétaire national. Seule certitude : le vote du 23 avril au Parlement européen va dans le sens de la FNTR. Grâce à la ligne défendue par les socialistes français, le compromis adopté introduit la possibilité pour les États membres d’invoquer et de mettre en œuvre des clauses de sauvegarde, en cas de difficultés ou de perturbations majeures dues au cabotage. « Nul n’est obligé au suicide économique ou au chômage pour la gloire du marché intérieur européen », a scandé le vice-président de la comL. G. mission TRAN, Gilles Savary. l 29 C F. Matéo QUELS GARDE-FOUS ? Le débat ne peut occulter la réalité des chiffres. « Selon les statistiques officielles, le taux de pénétration moyen du marché domestique français est de 2,8 % », rapporte Stéphane Levesque, délégué aux activités routières chez TLF. Est-ce à dire que les statistiques sont sous-estimées ? Difficile à dire. Force est de constater que les organisations professionnelles ont d’autant mieux accueilli l’amendement gouvernemental qu’elles ont travaillé avec le cabinet de Dominique Bussereau. La FNTR pour sa part reconnaît la nécessité d’une telle mesure mais admet que l’encadrement ne réglera pas la question du cabotage illégal. « Les pays membres de l’UE qui n’ont pas le droit de circuler sur notre sol représentent 6 % du cabotage français », constate le délégué général, Jean-Paul Deneuville. Le risque de mettre en concurrence frontale des entreprises qui ont des conditions sociales et fiscales totalement différentes est réel. En conséquence, l’organisation professionnelle a proposé que l’État demande la mise en place de la clause de sauvegarde prévue par le règlement européen. Mais cette clause n’est pas automatiquement acquise et il appartient principalement à la Commission européenne de donner son accord final. En réalité, il faudrait démontrer que l’ouverture du 1er mai perturbera profondément le transport routier français. « Nous étudions la question avec toutes les organisations professionnelles », dit-on dans l’entourage du secrétaire d’État chargé des Transports. L’OTRE, de son côté, accepte l’amendement gouvernemental mais depuis 2008, l’organisation propose que la France s’inspire de l’Italie et adopte le carnet de cabotage afin de simplifier la procédure des contrôles. « La question des contrôles est cruciale dans le cabotage », pré- DES MESURES POUR L’ÉCHÉANCE DU 1ER MAI 2009 sible de mesurer l’impact de la loi sur le cabotage. « Rien n’a changé sur ce plan », estime même Isabelle Salva, dont la société espagnole éponyme est implanté à Gérone (Catalogne) : « On voit toujours autant de camions sur les routes, notamment des transporteurs des pays de l’est de l’Europe, qui acceptent de prendre des trafics à des prix ridiculement bas, parfois à 54 centimes le kilomètre ! Avec en plus des délais de paiement à 90 jours. Il faut dire que, après des mois de septembre et octobre déjà durs, le trafic a plongé spectaculairement en novembre et décembre, pour atteindre des niveaux jamais vus. Le contexte n’est donc pas propice à une quelconque organisation ». Le ralentissement de l’activité, particulièrement sensible pour ce qui concerne les marchandises liées à l’immobi- Le cabotage est théoriquement encadré depuis août 2008 en Espagne. lier et l’industrie automobile, a surtout eu pour effet de limiter brutalement les échanges entre l’Espagne et le reste de l’Europe. Et si le cabotage des opérateurs étrangers a diminué dans la péninsule ibérique, c’est uniquement à cause de la diminution du nombre de camions qui traversent les Pyrénées, comme en témoigne le cas d’Isabelle Salva : « Jusqu’en fin d’année dernière, je descendais une dizaine de citernes chaque semaine depuis la France, contre trois par mois actuellement ». Pour l’heure, et même si la loi sur le cabotage avait été très appréciée en Espagne par la profession, les transporteurs espagnols sont donc surtout occupés à survivre, et mesurer les dégâts d’une crise qui auJosé Blanco, le nouveau mi- rait entraîné la disparition de quelnistre de l’Équipement et des que 7 000 entreprises de transport Transports espagnol. depuis un an. l F. M. F. Matéo L’effectif des contrôleurs (500 personnes au total) peut-il avoir un œil sur le cabotage illégal ? L’encadrement du cabotage est certes nécessaire mais il n’est pas suffisant. L’autorisation de circuler accordée depuis le 1er mai à sept pays de l’Est (dont la Pologne et la Hongrie) ne peut qu’attiser les craintes. ranscrire dans la loi les principes d’une réglementation sans attendre la ratification du Parlement européen, telle est – en susbtance – la philosophie qui préside à la libéralisation partielle du cabotage. À l’instar de l’Allemagne et de l’Espagne (voir ci-après), le secrétaire d’État chargé des Transports, Dominique Bussereau, a donc souhaité reprendre les fondements d’un accord politique entre les ministres des transports européens le 13 juin 2008, pour encadrer le cabotage. Intégré au projet de loi relatif à l’organisation et à la régulation des transports ferroviaires, il a même demandé l’urgence pour l’examen de cet amendement gouvernemental. Adopté au Sénat le 9 mars, le texte doit passer au Palais-Bourbon dans les prochaines semaines, puis en commission mixte paritaire pour aplanir les divergences qui pourraient subsister entre les deux assemblées. Au final, l’examen devrait être achevé avant l’été. « L’objectif est d’encadrer le cabotage de manière plus stricte, plus précise et mieux contrôlable », dit-on au cabinet du secrétaire d’État chargé des Transports. « Nous allons embaucher cette année 50 contrôleurs supplémentaires afin de multiplier les contrôles.» Sans nier la détermination du Gouvernement à faire appliquer la loi, cela est-il suffisant ? D.R. 28 L’Officiel des Transporteurs – N° 2501 du 30 avril 2009